le fort demalonneen 1940 - Les Amis de la Citadelle de Namur

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le fort demalonneen 1940 - Les Amis de la Citadelle de Namur
_ - 5
AMIS
D t LA Cil
ADELLE
DE NAMUR
3 000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000
Parait tous Jes deux mois
novembre décembre 1985 numéro 33
Secrétariat : Marc LAMOTTE allée des Mésanges n° 6 bte 13 5101 Erpent
Editeur responsable Arthur CHERDON rue St Donat 51 5002 St Servais
OOODOOOOO000000000OOOOOOOOOOOOQOOOOOOOOOOOQOOOOOOOOOQ0000000000000000000000000000000000000000000000000000000
Dans ce numéro:
Editorial
Philippe LEBACQ
Petite restauration
Vincent BRUCH
Par le petit bout de la lorgnette
Arthur CHERDON
Le fort de Malonne en 1940 (suite)
Christian FAQUE
En guise de conclusion (suite)
Quelques rappels historiques
Christian FAQUE Arthur CHERDON
0 0000000000000000000OOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOaOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOQOOOOOOOOOOOOOOOOOOOQOOO
Si notre glorieuse C i t a d e l l e a connu de nombreuses d é m o l i t i o n s l o r s des grands s i è g e s
et l o r s des deux démantellements p a r t i e l s commandés par Joseph I I et Bonaparte,elle
a heureusement connu-de nombreuses restaurations et transformations.
La d e r n i è r e reconstruction remonte à la p é r i o d e hollandaise de 1815 à 1830 et la
C i t a d e l l e que nous pouvons admirer a u j o u r d ' h u i date de cette époque.Depuis l o r s ,
aucun s i è g e n'est venu é b r a n l e r les murs de notre C i t a d e l l e .
Mais c'est sans compter sur l ' a c t i o n du temps et de d i f f é r e n t s facteurs t e l s que l'eau
le gel et l a v é g é t a t i o n . L e n t e m e n t mais s û r e m e n t , c e s éléments naturels minent les murs
imposants et les galeries souterraines.
Aussi depuis 1 ' a p r è s guerre,on s ' a c t i v e à l a r e s t a u r a t i o n de l a C i t a d e l l e . " On " , c ' e s t
d'abord l ' a r m é e B e l g e , p r o p r i é t a i r e du domaine,qui a recours aux services d'entreprises
privées."ON" c ' e s t ensuite et actuellement encore,les services communaux,On peut penser
que l a m o i t i é des murs de l a C i t a d e l l e ont é t é r e s t a u r é s depuis 1950.
Monsieur VIERLET est responsable sur l e t e r r a i n des restaurations depuis 10 ans.
Ouvrier maçon,il d i r i g e une équipe de deux hommes.Il prend a u j o u r d ' h u i une r e t r a i t e
p a i s i b l e a p r è s avoir e f f e c t u é de nombreuses restaurations à la Citadelle.Citons entre
autres la r e s t a u r a t i o n des f o s s é s de Terranova,de l a l e r caponnière du f o s s é , d e Poter
ne,de la tour des Guetteurs,du chemin de ronde c ô t é Meuse,de l a terrasse d ' a r t i l l e r i e
c ô t é Sambre et de nombreux souterrains . . . .
Les mêmes techniques de restauration et de construction sont u t i l i s é e s . L a seule d i f f é
rence r é s i d e dans l ' u t i l i s a t i o n du ciment au l i e u de l a " P a i l l e de grains" ou de la
chaux.La restauration des murs est un t r a v a i l l e n t et sans doute monotone s i on consi
dère que les mètres c a r r é se suivent et se ressemblent.Par j o u r , 2 à 3 m sont restau
r é s . E n v o i c i les d i f f é r e n t e s é t a p e s :
2
1 Montage des échafaudages et é l a b o r a t i o n d'un plan s i n é c e s s a i r e .
2 Démolition des murs sur une profondeur de 1,50 m
3 T r i des d i f f é r e n t e s pierres
4 Remontage du mur e x t é r i e u r
5 Remplissage i n t é r i e u r à l ' a i d e de pierres et de mortier
6 Rejointoyage
L ' h i v e r 84-85 f u t p a r t i c u l i è r e m e n t d é s a s t r e u x pour les f o r t i f i c a t i o n s . L ' a c t i o n du Gel
a l l i é e à la présence de racines dans les murs a provoqué l'éboulement de plusieurs
mètres c a r r é . L a seule action p r é v e n t i v e reste l a destruction des végétaux et surtout
de leurs racines par l ' i n j e c t i o n d'un produit
Gageons qu'un e f f o r t puisse ê t r e r é a l i s é en ce sens a f i n de p r é s e r v e r au mieux ce monu
ment de l ' h i s t o i r e qui appartient aux Namurois .
Vincent BRUCH
La nuh du 12. au 13. on ouvrit la tranchée aux deux rives de
la bafîè Meufe & fur les hauteurs du Coquelet: AU CENTRE* onfît
une paraîîelîe devant le front de Sf. Nicolas, avec fa communication cortflfhnt en deux grands zigzags. A LA DROITE, on tira une
parallelle devant le fort Coquelet à laquelle on communiqua de
droite & de gauche ; on établît fur cette hauteur une batterie de
canon* 8c une de mortier. A LA GAUCHE, on fît une grande paralïellç longeant la Meufe, devant le petit ouvrage fîtué fur cette rivière';' on communiqua à la droite de cette parallelle par quatre
zigzags; ÔC on établît à cette droite une batterie de canon & une
de mortier. Dans le jour.j M. de Colïar Gouverneur de ïa place,
v û fon grand âge 8c fes infirmités demanda à en fortir, ce qui lui
fut accordé; il fut remplacé par M . de Crommelin.
L a tranchée fut commandée au centre- par un Maréchal de
Camp, qui avoit fous lui un Brigadier à ïa gauche > & un autre
à la droite.
dc
La 2 . nuk->
du 13. au 14. AU CENTRE, on fît une féconde
parallelle à peu de diftance de la première, pour couvrir deux batteries de canon & une de mortier que l'on établît le long de celle
ci. A LA DROITE on déboucha de îa paraîîelîe : à droite, par une
fappe de fîx zigzags dirigée fur le faillant du fort Coquelet; & à
gauche,par une ligne oui embrafîbit Je fort Balard, A LA.GAUCHE,
on fît une demi parallelle qui pincoit îe faillant de la lunette- Ôc y
appuioit fa droite,
La 3 . nuit) du 14. au 15*. AU CENTRE, on ne fît rien, pour
laifTer à l'artillerie le jeu de fes batteries, A LA DROITE, on fît une
nouvelle communication tout à fait à îa gauche pour arriver à la
ligne qui embraffoit le fort Balard; à l'extrémité de cette ligne on
établit une batterie de mortier; à coté de cette batterie on commença une fappe debout avec des rxaverfes tournantes fur le
e
faillant du fort Balard ; & on prolongea de trois zîgzâgs îa fappe
fur le faillant du fort Coquelet, A LA GAUCHE , on emporta la lunette d'outre-Meufe où l'on prit m . hommes & 4. Officiers; on
couronna la branche droite du chemin couvert de cet ouvrage, &
à l'extrémité de ce logement on établît une batterie pour Lattre
en brèche ï'envelope de la porte S . Nicolas.
La4 . nuit, dwiç. au 16. AU CENTRE, on fît la troifîéme parallelle & fa communication avec ïa féconde. A LA DROITE, on
coiffa de deux cavaliers ïe faillant du fort Coquelet, & on fît
une marche de dix-neuf petits zigzags vers l'épaule de ce fort. A
LA GAUCHE, on couronna la branche gauche du chemin couvert
de la lunette; & dans l'intérieur de cet ouvrage on établît une batterie de mortier; du couronnement on fît à la première parallelle
une nouvelle communication confifrant en huit zigzags.
La 5 . nuit, du 16. au 17. AU CENTRE, on couronna le faillant
de l'avant chemin couvert que l'on coiffa de deux cavaliers; & on
pouflà du centre de la féconde parallelle un boiau remontant vers
la gorge du fort Balard. - A LA DROITE, on emporta ce Fort là
avec aucz de facilité & on y prit 50. hommes ; on prolongea 1a
fappe du centre, pour embraffer ïa gorge du fort Coquelet, A
LA GAUCHE, on établit trois batteries de canon, Fune pour battre
en brèche le corps de la place, îa féconde pour ruiner îçs deffenfes du front attaqué 8c îa troifîéme pour tirer fur ïe fort de
Jambe.
r
e
e
e
La 4 . nuit, du 27. au 28. A LA GAUCHE, on déboucha de îa
dcmi-paralîelle de la droite par une mar.che de quatre zigzags dirigée fur le faillant de la lunette en avant du Dafb'on droit d u
fort d'Orange ; on attacha le mineur à la tête de îa fappe d u
centre; on déboucha de la demi-paraîlelle de la gauche par une
fappe debout avec des traverfes tournantes dirigées vers le retranchement entre le fort d'Orange & laTerra nova. A LA DROITE,
on porta la gauche de îa parallelle jusqu'à ïa demi paraîîelîe de
l'autre attaque ; & on prolongea la fappe de la droite de trois
zigzags.
La 5 . nuit, du 28. au 29. A LA GAUCHE , on ajouta fept zigzags au débouché partant de la demi-parallelle de la droite.
A LA DROITE , le chemin couvert du fort Camus fut attaqué â 9.
heures du foir par quatre compagnies de grenadiers & cent v o lontaires à ïa droite & quatre compagnies à la gauche 5 la refïftance ne fut vive dans aucun endroit, la Redoute feule de îa
gauche fe foutint quelques moments > mais elle fut obligée de
céder à Timpemofité de nos grenadiers q u i pour monter fe pretoient les épaules îes uns aux autres, êc nous y primes 3 a
hommes; immédiatement après cette opération, on referra le Fort
par deux lignes partans de la tête de nos deux fappes. Celle de
la droite fut pounee jusqu'à peu de difrance du chemin couvert
au delà du F o r t , & celle de la gauche embrafToit la gorge de la
Redoute & îongeoit ïe retranchement appuie à cette Redoute.
La
nuit, du 29. au 30. A LA GAUCHE , on attaqua l'avant
chemin couvert du baflion gauche du fort d'Orange, & après en
avoir deîogé l'ennemi, on en couronna la partie gauche ; de la
fappe debout partant de la demî-paralîelîe de la gauche , on tira
vers la Sambre une ligne qui renerroit l'ouvrage de Terra nova
e
(
s
& interceptoit fa communication avec le fort d'Orange, A LA
DROITE, le fort Camusaiant été abandonné, on fit une communication de fà gorge aux zigzags fur la branche droite du fort
d'Orange.
Le matin,M. DE CROMMELIN, Commandant, fît arborer le dra*
peau blanc furîa brèche faite à la branché gauche du-fort d'Orange;
h capitulation fut (Ignée le même «jour; 'la garnifon* fe. rendit
prifonniere de guerre.
Suivant quelques buletins nous n'eûmes au lîege de la ville
que 206. hommes, tant tués que bleues; & à celui des châteaux
que 397. hommes.
LE
FORT
DE M A L O N N E
EN
1940
A Malonne, neufs officiers et deux cent dix sous officiers et soldats, veillent depuis des mois
entourés de leurs nombreux compagnons. Chacun s'est installé dans la routine fastidieuse de
cette étrange époque, baptisée "Drôle de Guerre " faute de qualificatif adéquat,attendant sans
hâte la suite des événements
Voici grâce à l'aimable autorisation de la fraternelle des anciens du fort de Malonne, le récit
de leur épopée.
19 4 0
L A D E F_E N_S E D_U F 0_R _T__D_E__M A L_ Q_N_N E_
Au 10 mai 1940 , la garnison est placée sous le commandement du Capitaine - Commandant Edgard DEMARET.
îl est assisté des officiers ci-après: Le Lieutenant GODEFROID (active) - Le Lieute
nant LANGOUCHE - le S/Lieutenant LANTREMANGE - le S/Lieutenant ROSAR - le
S/Lieutenant FAQUE - le S/Lieutenant MICHAUX . Le corps médical se compose des
médecins HANS et VRINS . C'est M. l'aumônier BLONDEAU qui est chargé des âmes
des combattants.
C'est le planton de bureau,le soldat milicien 1939 Marcel FOURNAUX qui , vers l h l 5
reçoit la communication téléphonique de l'Etat Major , relative à l'invasion alleman
de . Il la passe à l'officier de garde et toutes les dispositions sont immédiatement
prises pour l'occupation de tous les organes du fort et des abris.Les barrières Cointet
qui forment une chaîne défensive anti-tanks autour de la ville et qui laissent libre
passage dans les rues seront complètement fermées dès le lever du jour.
Dès le matin le fort et le village de Fiawinne où sont situées les salles de canton
nement ,sont survolés par les avions ennemis;nos garants français et anglais sont
absents du ciel.
Les parachutistes allemands sont signalés le 11 mai vers 13 h. Le fort avertit Saint
Héribert qu'un avion a libéré ses occupants dans le bois de Marlagne et à proximité
du château d'eau de Bois de Villers.
Le dimanche 12 ,1'ennemi survole Fiawinne et Ronet,bombarde et mitraille.C'est la
fête de la Pentecôte et les communiants ainsi que leurs famiiies sont acceuillis par
le feu ennemi au sortir de la grand messe.
La c o u p o l e o b u s i e r de 75 mm n°4 q u i f u t a t t e i n t e
de S t u k a e t m i s e h o r s s e r v i c e l e 14 m a i 1940
p a r une bombe
Des habitants du village et plus particulièrement,les parents du soldat milicien
Fernand LEFEVRE avertissent le commandement que l'attaque est prévue pour le
lendemain.Dans l'après midi, le fort tire à obus à balles sur l'abri n°4 investi par
l'ennemi.Le 21 vers 4 h du matin, des ombres sont signalées par les défenseurs de la
poterne.Il faut savoir que la région est couverte par le brouillard et la visibilité
mauvaise.Dans leurs rapports, les troupes d'assauts signalentque l'ordre d'attaque a
été donné à 6 h 30 ,heure allemande.
Tirs de défense par boîtes à balles et par les lances grenades.La coupole G.P. effec
tue un tir sur le saillant ïï/lll de St Héribert C 6 h 10 heure allemande ). Ce fort
subit son second assaut protégé par fumigènes.
Les attaquants débouchent de la ferme de Laquisse sur laquelle nos pièces vont
déverser une centaine d'obus.
L'attaque de Malonne se poursuit.La tour d'air est l'objet de tirs précis e f f e c t u é s
par des pièces de 3,7 de la Pak- Panzer Abwher Kanonen ( pièces anti-tanks ) ,qui ont
pris pface sur la petite plaine d'exercice entre les deux baraquements détruits et qui
ne peuvent être contrebattues par nos pièces,la coupole n°4 étant hors combat.
C'est le fort de Dave qui sera sollicité pour leur destruction.L'une des pièces a pris
position au sommet de la rampe d'accès et sera repérée par le P.O. cuirassé.Un seul
coup tiré par la coupole n°l et ie soldat Maurice ANCIAU qui a averti de la présen
ce de l'ennemi à cet endroit dira " Je n'ai plus rien vu,ni soldats,ni canon,uniquement
de la poussière.
St Héribert et Andoy tout comme Dave ( i l faut savoir que suarlée s'est rendu le 19 )
vont participer activement à la défense de Malonne par tirs fusants.Mais St Héribert
violement attaqué voit ses coupoles détruites les unes après les autres.Les machines
sont fatiguées et l'aération déficiente.
Son aide ennotre faveur va se terminer.Seule une coupole de Mi servie par le 1 er
Chef WILLEMART, un ancien de Malonne, cause encore des ravages dans les rangs
ennemis.
Vers 10 h (9 h 50 heure allemande) , les rapports allemands signalent l'ennemi s'est
infiltré sur le massif central.Les allemands écrivent : "le fort après s'être tu quel
ques moments, tire à nouveau
Les boftes à bailes sont tirées en permanence par les trois coupoles obusiers et les
G.P. crachent des obus débouchés à zéro et qui éclatent donc au sortir des pièces.
Le Mdlis Camille HENNUY qui commande la coupole n°l déclare qu'il a aperçu des
soldats allemands, téméraires à l'excès, qui se dirigeaient vers sa coupole, baïonnette
au canon.Une boîte à balles mit f i n à leur exploit. C'est dans cette coupole qui bien
tôt ne pourra plus s'éclipser que le soldat COLLET va trouver la mort brûlé par un
jet de lance flamme dirigé dansTembrasure du canon.Les attaquants trouvent ia situa
tion favorable à la poursuite de l'attaque et le signalent dans leur rapport. L'attaque
va donc se poursuivre tout comme la défense.
La c o u p o l e o b u s i e r de 75 mm n°3. démolie p a r un obus a n t i c h a r
où les
s o l d a t s CLOSSET.DUBOIS,GROLET,et PAQUAY f u r e n t tués l e 21 m a i 1940
La tour d'air est de pius en plus bombardée: Die bis an das Kehltor vorgedrungenen
drei Pakgeschutze der 14/365 richtelen ihr Feuer gegen das Tor, écrivent les allemands.Les sous-lieutenants FAQUE et LANTREMANGE accompagnés de l'équipage
l'évacuent sous une avalange de gravats et rejoignent l'intérieur du fort équipés •
de leurs masques à gaz.L'air est irrespirable et la défense du fort est devenue impos
sible.La reddition a lieu un peu avant 14 heures.
Le Cmdt DEMARET sera autorisé à conserver son arme. A l'officier allemand qui
lui reprochait de s'être défendu et d'avoir causé de fortes pertes dans ses troupes,
il répondra : Qu'auriez vous fait à ma place ?
Nous signalons que l'artillerie de la 211 è division qui a participé aux combats
contre Malonne et St Héribert comprenait:
22 canons de 20 mm
8 canons de 8,8
16 canons de 105
6 canons de 150
et un nombre Indéterminé de canons PAK de 3,7
Mr Awouse Maurice,instituteur r e t r a i t é à Malonne, nous a conté avoir assisté avec
le bourgmestre et les fossoyeurs à l'exhumation d'un feldwebel enterré à proximité
de l'abri 3
Dans son ouvrage sur l'histoire de Malonne,il écrit que plusieurs centaines d'allemands
furent tués sur les glacis du fort.Ils furent ensevelis et placés sur des camions en vue
de leur évacuation par des namurois réquisitionnés par l'autorité allemande.
Une anecdote m'a é t é ' c o n t é e par mon père,l'ex ss-Lt. FAQUE qui redonne vie
à l'ambiance qui régnait à l'intérieur de l'ouvrage pendant les combats.
Le 21 mai t ô t le matinées pionniers de la Wehrmacht assaillent le fort et tentent
d'en paralyser les oeuvres vives à l'aide de charges explosives et de lance flammes.
L'alerte est chaude,toutes les armes disponibles se déchaînent et crachent frénétique
ment leur mitraille.
Al'étage supérieur de la tour d'air,arrosée de t i r demitraillettes partant des buissons
des alentours,les Ss.Lt LANTREMANGE et FAQUE dirigent le t i r de leurs fusils
mitrailleurs vers le fort.Us vident chargeurs sur chargeurs dans la direction de l'ouvr
âge en éruption,où les silhouettes verdâtres à demi e f f a c é e s derrière les lambeaux de
brume et les nappes de fumée percées d'éclairs rageurs,courent et bondissent en tous
sens.
Au moment où i l entreprend de remplacer le magasin vide de son arme,mon père
ressent un choc et le piaulement aigu d'un projectile qui le frôle, rebondit à l'inté
rieur de la galerie circulaire et achève sa course balafrant la joue de son compagnon
et ami,le Ss.Lt. LANTREMANGE.
Retirant son fusil mitrailleur de son embrasure , i l constate que l'extrémité de son
canon a é t é transformée en embout de clarinette,par la balle qui a pénétré à
l'intérieur.Une seule cartouche tirée après cet incident aurait suffit à provoquer
l'éclatement de l'arme.
Christian FAQUE
Les c r o q u i s s o n t réalisés à p a r t i r de p h o t o s d'époque e x t r a i t e s
" 1940 - Le F o r t de Malonne " p a r l e Commandant Ed. DEMARET
de l ' o u v r a g e
1- E
F O R T
DE
M A L O N N E
EN
1 8 8 7
O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O O
COFFRE FLANQUANT DU SAILLANT I I
REZ DE CHAUSSEE ET ETAGE
122
123
124
126
127
128
130
Escalier
Magasin à
125 Caves
Logement
Magasin à
129 Caves
Logement
munitions
à canon
munitions
à canon
Le
l e n d e m a i n , dimanche 23, l e bombardement c o n t i n u a a Cognelée.
Vers 5 heures,
après a v o i r reçu l ' o r d r e de c e s s e r l e f e u v e r s 4 h e u r e s , au F o r t d'Emines arrivèr e n t l e L i e u t e n a n t I p r i m o n t de Cognelée a v e c q u e l q u e s hommes q u i nous f i r e n t l e
récit s u i v a n t
: au c o u r s du bombardement
( c e c i s e p a s s a i t à Cognelée), un obus*
v i n t j u s t e m e n t tomber dans l a bouche du canon de 21 cm e t tomba s u r l e p l a n c h e r
de
l a c o u p o l e où i l m i t l e f e u aux p o u d r e s q u i s ' y t r o u v a i e n t .
Les servants f u -
r e n t tués e t l ' e x p l o s i o n s e communiquant aux p o u d r e s e t p r o j e c t i l e s q u i étaient
préparés là, l e même a c c i d e n t qu'à M a r c h o v e l e t t e s e p r o d u i s i t ; une p a r t i e du c o u l o i r c e n t r a l s a u t a e t de nombreux hommes f u r e n t tués e t brûlés.
Après c e t a c c i -
d e n t , un bon nombre de s o l d a t s accompagnés du L i e u t e n a n t I p r i m o n t s ' e n f u i r e n t du
f o r t e t v i n r e n t à Emines.
Parmi eux s e t r o u v a i t un malheureux q u i a v a i t l a f i g u r e
t o u t e brûlée; e l l e était complètement n o i r c i e p a r l a fumée.
I l r e s t a à Emines où
il
f u t soigné.
et
l e s engagèrent à r e t o u r n e r à Cognelée, c e q u ' i l s f i r e n t t o u j o u r s
du
Lieutenant Iprimont.
fait prisonnier.
Nos o f f i c i e r s réconfortèrent l e mieux p o s s i b l e c e s p a u v r e s
soldats
accompagnés
Rentrés à Cognelée, l e f o r t s e r e n d i t e t s o n p e r s o n n e l
I l était a l o r s v e r s 8 h e u r e s du s o i r ,
l e dimanche donc.
A v a n t de r e p r e n d r e l e récit de c e q u i s e p a s s a au F o r t d'Emines, j e d o i s s i g n a l e r qu'au début de l a m o b i l i s a t i o n s o n t arrivés c h e z nous q u a t r e
de
l a C r o i x - R o u g e accompagnés du R. P. V i t a l ,
- t i o n s d'aumôniers du f o r t .
infirmiers
capucin qui venait remplir l e s fonc-
L e s i n f i r m i e r s étaient d e s i n s t i t u t e u r s dispensés du
s e r v i c e en temps de p a i x e t q u i a v a i e n t du r e j o i n d r e l'armée.
I l s n'eurent pas
l ' o c c a s i o n de s e dévouer beaucoup c a r , heureusement, nous n'avons p a s eu de b l e s sés a u f o r t , à p a r t s e p t hommes q u i v e n a i e n t du d e h o r s e t que nous a v i o n s
lis
recueil-
à Emines.
Quant au R. P. V i t a l ,
i l nous a p p o r t a l e s c o n s o l a t i o n s de l a r e l i g i o n
l i q u e e t célébra l a messe q u a t r e ou c i n q f o i s au f o r t .
catho-
J e f u s h e u r e u x de p a r t i -
c i p e r à t r o i s d ' e n t r e e l l e s a y a n t été empêché d ' e n t e n d r e l e s a u t r e s p a r mon s e r vice.
Ce b r a v e Père, t o u j o u r s s i g a i e t s a n s p e u r , nous réconforta pendant l e s
moments de c r i s e que j e v a i s vous r a c o n t e r .
Le
ainsi
dimanche 23 v e r s 4 h e u r e s du s o i r on a v a i t donc c e s s e
l e feu.
Vers 5 heures
que j e l ' a i raconté, l e s hommes de Cognelée v i n r e n t c h e z nous e t nous f i r e n t
l e récit qu'on v i e n t de l i r e .
Aussitôt, c e s t r i s t e s n o u v e l l e s s e répandirent p a r -
mi l e s hommes e t , ajoutées à c e l l e s de M a r c h o v e l e t t e que nous d e v i o n s b i e n
m a i n t e n a n t , démoralisèrent complètement l e s hommes.
g r a n d s e t f o r t s hommes q u i en temps o r d i n a i r e
courageux, a b a t t u s e t complètement découragés.
croire
C'était pitié de v o i r de
étaient l e s p l u s f r a n c s e t l e s p l u s
I l y en a même q u i p l e u r a i e n t com-
me d e s e n f a n t s , d i s a n t que l e u r f i n était venue, q u ' i l n'y a v a i t p l u s qu'à s e r e n dre
ou à s e l a i s s e r e n s e v e l i r s o u s l e s débris du f o r t .
dans l a bonté de D i e u e t de l a S a i n t V i e r g e , j e tâchai
P o u r ma p a r t ,
confiant
de r e m o n t e r l e moral de
wecaves
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Le d i m a n c h e 2 0 o c t o b r e , n o u s a v o n s é t é n o m b r e u x l o r s d ' u n e p r o m e n a d e
guidée s u r l e s i t e
des b a s t i o n s Saint A n t o i n e , P i e d N o i r , S a i n t
Fiacre
C o q u e l e t e t 8 a 1 a r t,à v i s i t e r q u e l q u e s v e s t i g e s d e c e s f o r t i f i c a t i o n s .
QUELQUES
RAPPELS
HISTORIQUES
POUR
CONCLURE
!!!!!!!!
Après l e siège de 1 6 9 2 , L o u i s XIV o r d o n n e e n t r e a u t r e d ' a m é l i o r e r
l e système de d é f e n s e de l a v i l l e . C e f u t V a u b a n q u i f u t c h a r g é de c e
t r a v a i l . N o u s ne p a r l e r o n s p a s d a n s l e présent a r t i c l e d e s a m é l i o r a t i o n s apportées t a n t à l ' e n c e i n t e bastionnée qu'à l a c i t a d e l l e .
Les
français réalisèrent l e sp r o j e t s que l e sE s p a g n o l s a v a i e n t
conçus
dans l e b u t de défendre l ' a p p r o c h e d e s p o r t e s de f e r e t de S t N i c o l a s .
I l s élevèrent q u a t r e b a s t i o n s ou l u n e t t e s que l ' o n ne p o u v a i t
voir
que
du côté de l a v i l l e .
/
En a v a n t du f o r t 5 t A n t o i n e j b n c o n s t r u i s i t i e B a s t i o n d e s C a r r i è r e s
o u v r a g e c a s e m a t é q u i c o m m a n d a i t l e F o n d d ' A r q u e t e t d e v a i t empêcher
l ' e n n e m i de se g l i s s e r e n t r e l e s l u n e t t e s de S t . A n t o i n e e t de P i e d
N o i r . U n e r e d o u t e f u t a u s s i placée d a n s l e s e n v i r o n s .
Deux r e t r a n c h e m e n t s
s e r v i r e n t à défendre l e s a p p r o c h e s d e s f o r t s
de P i e d N o i r e t de S t F i a c r e . C e s o n t l e b a s t i o n D o m i n a n t e t l e
b a s t i o n de l a R o c q .
Sur l e p l a n en r e l i e f de 1 7 5 0 , 1 e b a s t i o n de l a Rocq e s t figuré à
g a u c h e de l a chaussée de L o u v a i n ( à l a h a u t e u r de S a r d a n s o n )
c o u v r a n t a i n s i l e f o r t de P i e d N o i r . '
1
I l n ' e x i s t e p l u s a u c u n e t r a c e de c e s o u v r a g e s , l o r s q u i l s f u r e n t
a b a n d o n n é s , l e s l u n e t t e s de P i e d N o i r de S a i n t F i a c r e de C o q u e l e t
étaient e n c o r e o c c u p é e s . O n du d o n c l e s démolir c o m p l è t e m e n t a f i n
d'éviter que l ' e n n e m i ne s ' e n s e r v i t p o u r a t t a q u e r c e s l u n e t t e s .
Au d e s s u s du f o r t de B a l a r t C o e h o r n établit u n n o u v e a u f o r t taillé
en p a r t i e d a n s l e r o c , l e f o r t C o q u e l e t . L e c h e m i n c o u v e r t q u i
l ' e n t o u r a i t s e c o m p o s a i t , à p a r t i r de l a d r o i t e du f o r t , d ' u n mur
non cimenté s e d i r i g e a n t s u r l e f o r t de B a l a r t .
En a v a n t de c e f o r t C o q u e l e t à p e u près s u r l e s a n c i e n s
retran
c h e m e n t s de l a Censé de C o q u e l e t o n éleva un s e c o n d c h e m i n c o u v e r t
m u n i de 3 o u v r a g e s dirigés v e r s l e v i l l a g e de B o u g e , e t c o n s i s t a n t
en une l u n e t t e appelée B a s t i o n R e n v e r s é , u n e s e c o n d e l u n e t t e à l a
d r o i t e e t une t e n a i l l e à l a g a u c h e .
ECHBLLE
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