Pas vierge, pas mariée - Journal

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Brève
Pas vierge, pas mariée
lundi 2 juin 2008
En France, un tribunal a annulé un mariage parce que l’épouse n’était pas vierge, alors qu’elle avait
affirmé le contraire à son futur mari. Cette décision de justice fait débat.
En 2006, un jeune Français devenu musulman épouse une jeune Française, elle aussi, de religion
musulmane. Pendant la nuit de noces, le mari constate que sa femme n’est plus vierge.
Et dès le lendemain, le mari demande à la justice française d’annuler son mariage pour "erreur sur les
qualités essentielles" de son épouse. Le code civil et la loi française acceptent d’annuler un contrat de
mariage « s’il y a eu erreur dans la personne ou sur des qualités essentielles de la personne. » Par
exemple, la justice a déjà annulé un mariage parce qu’un époux a découvert après le mariage que sa
femme était une prostituée. Ou encore, une épouse a obtenu l’annulation car elle ne savait pas que son
mari avait été condamné pour des délits.
En avril 2008, le tribunal de Lille a donné raison au jeune Français converti à l’Islam et annulé son
mariage. Le tribunal estime que l’épouse avait été présentée au jeune homme comme une jeune fille «
célibataire et chaste ». Comme la jeune fille ne l’était pas, le tribunal estime que le mariage a commencé
par un mensonge. Un mensonge contraire à la confiance réciproque entre époux. Une confiance
essentielle pour une vie conjugale.
Et le tribunal prononce l’annulation du mariage car la jeune fille avait accepté de répondre à son époux
sur sa virginité. Elle a aussi accepté la demande en annulation faite par son mari.
Pour le tribunal, cela prouve que, pour la jeune fille aussi, la virginité était une qualité essentielle du
mariage et du consentement du mari…
Une telle décision de justice fait débat dans une France républicaine et laïque. Rachida Dati, ministre de
la Justice, a défendu la décision du tribunal de Lille. Mme Dati a estimé que l’annulation du mariage était
un moyen de protéger la jeune fille. Selon la Ministre, la jeune fille voulait se séparer le plus vite possible
de son mari.
Par contre, la secrétaire d’Etat secrétaire d'Etat membre d’un gouvernement moins important qu’un
ministre chargée du droit des femmes, a déclaré que la décision du tribunal est une « régression du statut
de la femme » et une « atteinte à l’intégrité des femmes et une violation des droits fondamentaux de tout
individu ». Pour d’autres opposants à la décision d’annulation du mariage, la sexualité fait partie de la vie
privée et chacun est libre de disposer de son corps comme il l’entend.
Pour la présidente du mouvement Ni putes ni soumises, Sihem Habchi : « Le jugement n’a pris en compte
à aucun moment la pression familiale. Il ne s’est pas demandé pourquoi la jeune fille a été poussée à
mentir. Nous défilons le 7 juin pour rendre hommage hommage geste de respect à une jeune fille qui
s’est défenestrée parce que son père a découvert qu’elle sortait avec un homme. Il faut que la justice
soutienne ces femmes. » Des associations de défense du droit des femmes disent aussi qu’avec cette
décision de plus en plus de jeunes femmes iront dans les hôpitaux pour se faire refaire l’hymen et donc
une virginité. Et puis, posons-nous simplement la question : imaginons, imaginons seulement, la virginité
comme une qualité essentielle, comment vérifier la virginité de l’homme ?