Conférence sur l`autisme

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Conférence sur l`autisme
Circonscription ASH de la Marne
Conférence du mercredi 8 décembre 2010
Conférence
Conférence sur l’autisme
Dr Golovkine, coordonnateur au centre de ressources autisme Marne et de Mme Sénézuk, éducatrice
spécialisée à l’IME La Sitelle
Le centre de diagnostic autisme prend en charge l’évaluation diagnostique des troubles et des
comportements de l’enfant mais n’assure pas de suivi de l’enfant autiste. La prise en charge se fait à
l’Hôpital Robert Debré. (service du prof Schmit)
Définition de l’autisme :
Autisme infantile :
Trouble qui touche la possibilité de communiquer avec autrui.
Trouble du développement déviant (fonctionnement perceptif, mental et psychique particulier)
décrit initialement par Léo Kanner en 1943.
Syndrome comportemental d’un grand polymorphisme. (avec ou sans troubles associés)
Signes cardinaux de l’autisme par Kanner
Le retrait autistique :
-
pas de réaction d’anticipation
pas de contact
évitement actif de l’interaction visuelle
refus de contact physique (espace à ne pas dépasser autour d’eux au risque de développer
des comportements agressifs)
pas d’ajustement postural
pas de dialogue tonique. (L’enfant ne va pas ajuster son tonus quand il est porté dans les
bras de sa mère. Il peut par exemple se mettre en arc de cercle.)
L’immuabilité :
-
besoin d’être dans un environnement fixe, immobile
résistance aux changements. Besoin de retrouver chaque jour les mêmes objets à leur place.
Stéréotypies :
- mouvements de grattage, de tapotage ou de doigts devant les yeux
- gestes des mains à type de battement d’aile
- balancements rythmiques du tronc, tournoiement.
Les troubles du langage :
- constants mais variables
- pas de langage ou particularités de l’expression verbale (retard d’acquisition du langage
verbal)
- mémoire excellente.
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Retard d’accès à l’expression orale, inversion pronominale, écholalie, utilisation du oui
souvent retardée.
L’intelligence :
- tous incontestablement doués de bonnes possibilités intellectuelles.
- sur le plan moteur : maladresse motrice mais grande habileté dans la coordination motrice
- sur le plan physique : macrocéphalie, épilepsie..
Définition :
L’autisme associe :
des troubles des capacités de communication à la fois verbale et non verbale
des troubles de la socialisation
des comportements répétitifs : stéréotypies, compulsions, routines
Le jeu symbolique apparait retardé.
Ces troubles doivent être présents avant l’âge de trois ans.
Si ces signes n’apparaissent pas avant trois ans, on parle de TED (troubles du développement
déviants).
Epidémiologie :
-
Taux de prévalence estimé en moyenne à 5/10000
L’autisme touche plus sévèrement les garçons. (4 garçons pour une fille)
Etudes longitudinales :
A l’âge adulte, environ 2/3 des autistes restent sévèrement handicapés et sont incapables
d’autonomie.
5 à 10% travaillent et ont une réelle insertion sociale.
Facteurs pronostiques les plus importants :
Recherche des facteurs de risque
1. Facteurs psychosociaux
2. Agents infectieux : rubéole congénitale, herpès, CMV.
3. Complications pré ou périnatales : la fréquence d’incidents au cours de la période périnatale
et surtout de la grossesse serait plus élevée chez les enfants autistes
Maladies spécifiques :
- phénylcétonurie (déficit d’enzyme > accumulation de substances toxiques qui provoquent
une atteinte neurologique)
- sclérose tubéreuse de Bourneville (apparition de tumeurs sur la peau et au niveau
neurologique)
- syndrome de Rett (maladie qui touche essentiellement les petites filles > vers 18 mois >
stéréotypies particulières > mains dans la bouche > perte de la marche > polyhandicapés)
- syndrome X fragile (cause la plus fréquente de retard mental )
- épilepsie (certains enfants ont d’abord une épilepsie sévère et à la suite développent des
troubles autistiques.
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Les symptômes du syndrome d’autisme touchent les domaines suivants :
- Langage et communication (un certain nombre d’enfants n’acquièrent pas le langage) ; il
faut donc s’assurer de la visée communicative et de la compréhension du langage verbal
chez l’enfant autiste.
- Relation avec les personnes et les objets (objets autistiques, objets insolites, par exemple
baguette froide et dure à la place du doudou…)
- modulation sensorielle et motricité (perceptions sensorielles différentes de l’enfant
ordinaire : ex : il repère par la fenêtre l’avion qui passe avant même que vous ne l’ayez vu)
(excellente mémoire visuelle et auditive)
- sélectivité alimentaire : ces enfants abordent leur environnement alimentaire pas seulement
en termes de goût ou de senteur mais aussi de couleur.
- Difficultés d’intégration de leur schéma corporel.
Les enfants autistes peuvent être calmes ou hyperactifs
Fonctions intellectuelles
- n’acquièrent pas le pointage
- difficulté au niveau de l’attention conjointe
- très rigides dans leur fonctionnement (par exemple écrivent en bâton et refusent d’écrire en
cursive parce que pour eux, écrire c’est écrire comme ils ont appris, c’est-à-dire en bâton ; il
ne faut pas s’obstiner mais les amener à lire dans plusieurs écritures.)
- Défaut d’intention communicative
- Retard sévères des fonctions de communication et/ou acquisition de formes déviantes
- Langage absent, écholalie (repassent en boucle ce qu’ils ont entendu dans un dessin animé
pour se l’approprier et le réinvestissent après)
- Expression faciale et émotionnelle pauvre (ne repèrent pas non plus les émotions des autres)
- Angoisse, colère, agressivité (réponse à une intervention inadéquate qu’on leur adresse,
réponse pour nous dire qu’ils ne sont pas bien).
Relations personnes / objets
- retrait autistique
- incapacité à développer des relations interpersonnelles (il faut donc expliquer aux autres
enfants comment aborder l’enfant autistique, expliquer ses difficultés)
- manque de réactivité aux autres ou d’intérêt pour eux (indifférence
- évitement du contact et du regard
- considère l’adulte comme une partie de lui-même (enfant autiste peut par exemple prendre la
main de l’adulte pour lui faire faire une chose qu’il serait en capacité de faire lui-même)
- objets utilisés de façon détournée (voiture qu’il fait tourner…)
- attachement à des objets inhabituels
- les jeux des enfants autistes sont peu spontanés, imaginatifs (peu de jeux symboliques)
- intérêts stéréotypés et restreints (prendre en compte les intérêts de l’enfant pour le faire
progresser)
- résistance ou réactions catastrophiques à des changements mineurs de l’environnement (il
faut donc réfléchir aux aménagements qu’on peut leur proposer, adapter ce que l’on peut
faire avec eux)
Modulation sensorielle et motrice
- activité motrice spontanée réduite ou augmentée
- hypo ou hyper réactivité aux stimuli sensoriels (stéréotypies)
- indifférence au monde sonore
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sélectivité alimentaire
Fonctions intellectuelles
Performances cognitives très variables
Pour les enfants testables, les QI s’échelonnent ainsi : non verbal < 70 et global <55
Diagnostic
- Etiologie : syndrome de Rett, de X fragile
- Autismes purs
- Autisme associés
- Autres psychoses
- Syndrome d’asperger.
Diagnostic différentiel
- diagnostic initial
- déficits sensoriels, troubles du langage, problèmes psychosociaux graves
- retard global
- déficit neurologique ou sensoriel peut être associé à des signes d’autisme
- dysphasies développementales
- Autres formes cliniques de troubles globaux du développement :
Comportement dépressif
- Variations au cours du développement.
Examens complémentaires
- Pas d’examen pour faire le diagnostic d’autisme
- Choix des examens fonction de l’âge de l’enfant, de la forme clinique : IRM, caryotype,
dosages métaboliques ou immunologiques, PEA, EEG.
Evolution
- 55 % à l’âge adulte vivent en institution
- 15 à 30 % ont une adaptation moyenne avec une autonomie personnelle et une activité
professionnelle.
Facteurs d’évolution
- absence de langage à 5 ans
- QI <50
- apparition d’une épilepsie
- précocité du diagnostic et de la prise en charge
- ressources du milieu (stimulations)
Prise en charge
- dépend du tableau clinique et des compétences de l’enfant
- prise en charge plus ou moins intensive, ambulatoire ou institutionnalisée associée à la
scolarisation avec AVS (certains enfants tirent profit de la scolarisation avec des enfants de
milieu ordinaire en complémentarité avec des prises en charge spécifiques)
- si l’enfant a des capacités d’imitation et peu de troubles du comportement : scolarisation
permet de développer la socialisation et les apprentissages
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il faut adapter les exigences en fonction de l’évitement de la relation et de l’intensité du
repli, il faut chercher une voie d’accès privilégiée (en maternelle par exemple, il faut
chercher comment on peut faire comprendre la consigne à l’enfant, comment on peut lui
faire reformuler s’il n’a pas acquis le langage verbal)
on peut passer par des jeux corporels si l’enfant accepte le contact physique pour établir la
relation et ensuite lui permettre d’entrer dans les apprentissages
Dans tous les cas, il est nécessaire d’associer les parents (par les parents, on apprend un certain
nombre de choses par rapport aux centres d’intérêt des enfants).
Intervention de Mme Sénézuk
Il faut bien connaître l’ enfant autiste que l’on accompagne pour adapter sa manière de parler, ses
gestes.
Un enfant autiste éprouve des difficultés à supporter la frustration et le grand groupe (il est
souhaitable d’aménager un coin dans la classe pour sortir l’enfant du groupe, de mettre l’enfant près
de la maîtresse, de le sortir de la classe grâce à l’AVS, d’accepter qu’à certains moments il puisse
faire des activités motivantes pour lui
Film : (extraits d’évaluations au CDE )
Enfant1 : Elle est extrêmement envahissante par la parole. Elle peut livrer des informations qu’on
n’a pas envie de savoir. Elle n’a pas la notion de ce qui doit se dire ou pas.
Les enfants autistes décrivent ce qu’ils voient (ex : au supermarché un enfant autiste a dit à
une dame qu’elle était grosse et que son chien était moche).
Les autistes Asperger sont souvent vus comme mal élevés. Ils ne le font pas exprès, ne sont pas
capables de mentir, disent des choses de façon spontanée. Ils vont remarquer le moindre détail et ne
pas le supporter : il faut que les enseignants acceptent d’être repris par exemple sur une erreur de
langage.
Marie ne supporte pas que les liquides ou les aliments soient mélangés. Cela est trop difficile à
dépasser pour elle. Dans ce cas, il ne faut pas tout de suite lui donner plusieurs aliments ensemble.
Il faut que cela soit plus progressif.
La sélectivité alimentaire traduit une résistance au changement. Cela est lié aux émotions. Cela se
travaille ailleurs.
Ex d’un enfant qui voulait absolument manger à midi. Il ne supporte pas que cela ne soit pas
prêt à midi pile. Pour aller à l’école, il passe sur tous les plots qui sont sur le chemin. S’il
loupe un plot, il recommence depuis le début.
Egocentrisme de l’enfant autiste : Marie pense que dans la lecture on parle d’elle. Elle se heurte à
des difficultés à partager avec les autres, à établir des relations avec eux.
Enfant 2 : il éprouve une véritable passion pour les cathédrales. En voyant un détail d’une
cathédrale, il est par exemple capable de dire de quelle cathédrale, il s’agit.
Il a peur de l’échec, il préfère ne pas faire. Il a des troubles du comportement dès qu’il rencontre la
moindre difficulté. On est parfois limité dans les apprentissages parce qu’il préfère ne pas faire
plutôt que d’échouer.
Hyppolyte refuse de s’arrêter dans une activité si elle n’est pas terminée. Lorsqu’on le force à
stopper > problèmes de comportement
Enfant 3 :
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Il a l’oreille musicale absolue. Mais il est sensible à tous les bruits. Cette sensibilité auditive est très
dérangeante car il emmagasine tous les bruits. Il a une grande difficulté pour comprendre tout le
langage gestuel. (Lorsqu’on pointe un objet, regarde le doigt plutôt que l’objet pointé).
Un autre enfant a par exemple reproduit la mélodie du piano parce qu’à chaque nouvelle note, une
lumière s’allumai : Il a en fait enregistré les lumières.
Enfant 4: On lui montre des photos d’émotion. Il y a une petite fille qui tire la langue. On lui
demande : « quand on tire la langue ? » Il répond: « Je ne sais pas quel jour on tire la langue. »
> compréhension littérale du langage
Il a eu de grosses difficultés au niveau de l’intégration scolaire alors qu’il a un énorme potentiel.
Il a appris par exemple des expressions familières en regardant les films, mais il ne va pas les
ressortir à bon escient.
Il a une représentation très forte de la loi : en classe, il intervient lorsqu’un élève fait tomber une
règle…le dénonce à la maîtresse si celle-ci demande qui a fait cela ? cette attitude a des
répercussions sur ses rapports avec les autres enfants qui le tiennent pour un « rapporteur »…
Il est impossible pour lui d’apprendre une poésie avec des métaphores…
Si on lui demande : « Tu as de l’argent de poche ? Il répond qu’il en a chez lui mais pas dans sa
poche. Il ne comprend pas les expressions au sens figuré (clouer au lit, donner sa langue au chat). Il
comprend le langage en images.
Pour les enfants autistes qui ont des difficultés motrices, il faut avantager les sports en individuel.
Le sport collectif demande trop d’interactions rapides, de vivacité.
Pour un autre jeune :
« Fumer tue » sur les paquets : phrase prise au premier degré :si on fume on meurt sur le champ .Il a
peur des microbes, …Il compte ses calories en permanence, craint les maladies.
Il faut rester dans le concret. Souvent ils ont des relations individuelles avec d’autres, mais ne
peuvent avoir plusieurs relations en même temps.
Pour certains, le changement de programmes à l’école (pas de piscine par exemple) est très difficile
à supporter. Il faut leur expliquer ce qui va se passer, il faut leur donner un déroulement de la
journée pour les rassurer. On peut utiliser un timer (tu fais ton travail pendant un quart d’heure par
exemple > faire son travail pendant un temps donné. Cela les amène à prendre conscience du temps
qui s’écoule, à adapter leur travail (ne pas le faire à toute vitesse).
On ne peut pas expliquer pourquoi les autistes ont tel ou tel intérêt mais cela peut nous donner des
pistes sur la façon de les aider. C’est un moyen d’avoir accès à leur façon de penser et à d’autres
choses après.
Les enfants autistes ont de sérieuses difficultés lorsqu’ils sont adolescents (par exemple, il
« faut » avoir une petite amie, se marier, avoir des enfants, un métier (schéma social classique)
Ex : Un jeune a jeté son dévolu sur une fille et la présente à tout le monde comme sa petite
amie sans se préoccuper de savoir si elle est d’accord. Il la harcèle. Lorsque sa maman lui
explique pourquoi ce n’est pas possible, il fait une dépression.)
Enfant5 a un vocabulaire riche précis. Il reprend l’éducatrice en permanence. Il parle aux objets,
emploie un ton professoral. Il a un grand souci de bien faire. Il faut que tout soit parfait. Il a appris à
lire en regardant les boites de céréales, a appris l’anglais avec Dora, est en train d’apprendre le
russe.
Enfant 5 réalise un puzzle. Il faut que tout soit parfait, aligné au mm près. Il a des troubles du
comportement important. Il aime bien faire des blagues mais ne supporte pas qu’on lui en fasse.
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Conférence du mercredi 8 décembre 2010
Conférence
Il a une capacité de création extraordinaire. Avec un morceau de pâte à modeler, il réalise par
exemple un mammouth de l’Age de glace sans reposer ses mains avec une dextérité fantastique.
C’est un enfant obsédé par les informations. « J’ai peur de ne pas tout savoir. » Il ne regarde pas son
interlocuteur. Il emploie un ton mondain, son discours est très précis. C’est un « GPS vivant ». Il
emmagasine des informations (jeux de grattage, règles de football). Il n’a pas d’humour. Il n’a de
troubles de comportement.
Adaptation.
- prévenir des changements (leur donner des armes pour pouvoir après affronter des situations
difficiles)
- redonner les consignes de manière à être bien compris.
- aménager l’environnement. Dans une classe ordinaire, beaucoup de stimulis.
- En cas de scolarisation à temps partiel, il faut réévaluer des objectifs atteignables pour eux.
On leur demande beaucoup en terme d’adaptation. Il faut les aider à se repérer.
- Utilisation de supports visuels.
- Mettre des consignes par écrit.
- Adapter en fonction de l’enfant que l’on a en face de soi en prenant en compte la gêne des
stimulis,
Bibliographie : -Peter Vermeulen, éd. Broché, Comment pense une personne autiste.
- Ma vie d’autiste et penser en images de Temple Grandin
- Je suis né un jour bleu de Daniel Tammet
- Moi l’enfant autiste de Sean Baron
Films : Ben X
Snow cake
Mozart and the wales
Le voyage de Maria
L’autisme vu de l’intérieur
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