savoir-agir » des professeurs des écoles
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savoir-agir » des professeurs des écoles
Les « savoir-agir » des professeurs des écoles : des «instruments» construits par et pour l’activité d’enseignement. Carole Carré LES « SAVOIR-AGIR » DES PROFESSEURS DES ÉCOLES : DES « INSTRUMENTS » CONSTRUITS PAR ET POUR L’ACTIVITÉ D’ENSEIGNEMENT Carole CARRÉ PIUFM, Docteur en sciences de l’éducation Résumé : Cet article propose un point de vue sur la professionnalisation des enseignants débutants au travers de la présentation d’une recherche effectuée sur les premiers pas dans l’activité d’enseignement de neufs professeurs des écoles. Ces professeurs novices ont été filmés, observés et confrontés à leurs pratiques au cours de leur année de formation initiale en tant que professeurs stagiaires (PE2) et au cours de leur première année en tant que titulaires. La recherche présentée a permis de mettre au jour des « instruments professionnels » complexes que ces jeunes professeurs ont construits pendant les deux premières années au cours desquelles ils ont progressivement pris la responsabilité d’une classe d’école primaire. Quelques propositions succinctes concernant les modalités de formation sont également présentées. Mots clés : enseignement primaire, développement professionnel, enseignant débutant, activité, didactique professionnelle. Introduction écoles débutants. Au regard des résultats obtenus dans cette recherche, nous préciserons son Comment permettre à des enseignants intérêt pour les dispositifs d’analyse de pratiques débutants de se « professionnaliser » ? Cette fréquemment utilisés en formation initiale des problématique qui préoccupe de nombreux for- enseignants. mateurs d’enseignants, est loin d’être résolue. Elle est une nouvelle fois au cœur de la réforme Un éclairage historique succinct actuelle qui aboutira à la disparition des IUFM au profit de la création des ESPE. L’objet de cet ar- Depuis la fin du XXe siècle, en raison des ticle est de présenter un point de vue concernant bouleversements techniques et économiques, cette question si complexe. les travailleurs sont confrontés à une mutation importante des identités professionnelles. Dans Une présentation de la notion de « profes- le monde enseignant, cette mutation prend no- sionnalisation » sera effectuée dans un premier tamment la forme d’une professionnalisation du temps. Puis nous présenterons le cadre théo- métier dont l’un des buts est la rationalisation rique qui est le nôtre ce qui nous permettra en- de l’activité professionnelle. Or, selon l’équipe suite de décrire succinctement une recherche québécoise dirigée par Maubant1, l’activité menée récemment sur la construction des compétences professionnelles des professeurs des 1 IRPÉ : Institut de recherche sur les pratiques éduca- tives. Université de Sherbrooke. Québec. Canada. 9 Les « savoir-agir » des professeurs des écoles : des «instruments» construits par et pour l’activité d’enseignement. Carole Carré enseignante comporte, comme c’est le cas pour Les travaux de Wittorski et Briquet- la plupart des métiers de l’intervention humaine Duhazé (2008, 11-12) montrent que « ... le dé- des « zones d’ombre » (Maubant, Clenet, Roger, veloppement professionnel des enseignants Mercier, Casselles-Desjardins & Gravel, 2011) relève d’une tension entre le projet de l’institu- qu’il convient d’explorer. La rationalisation de tion et les vécus des enseignants en formation l’activité professionnelle des enseignants semble et au travail ». Deux logiques seraient à l’œuvre en effet assez problématique dans la mesure où lorsqu’il est question de professionnalisation : il s’agit d’une activité d’humains sur et avec des « côté organisation la logique compétences [...] humains. Et dans l’espace scolaire l’humanité et côté acteur, la logique de qualification ». Ces exprime toute sa complexité tant du point de vue auteurs précisent que « la professionnalisation des connaissances acquises ou à acquérir que du est donc à la fois et dans le même temps action point de vue des compétences cognitives ou et dynamique identitaire (les deux paraissant in- sociales. Comment introduire un ordre rationnel séparables) » (ibid., 28). Il s’agit donc de penser dans cette multiplicité de savoirs, de points de le développement des compétences profession- vue, de valeurs, de modalités de pensées, dans nelles en prenant en compte toute la complexité ce panel d’identités toutes singulières ? de la situation scolaire et du sujet-enseignant. Et comprendre ce qui s’y joue du point de vue du Avant le début des recherches en Sciences développement de l’activité d’enseignement, de l’éducation et jusqu’à la dernière partie du suppose d’intégrer « des apprentissages réalisés XXe siècle, le compagnonnage était la règle « au fil » de l’action reposant sur une transaction concernant sujet environnement. » (ibid., 29). la formation des instituteurs. En effet, selon Raymond Bourdoncle (1990, 59), elle reposait sur une éducation charismatique De son côté, l’équipe canadienne souligne qui incorporait un exemple de maItrise représen- la complexité des processus de professionna- té par un « tuteur ou un maitre d’apprentissage ». lisation qui exigent, si l’on veut introduire de Depuis les années 90, le terme « professionnali- l’intelligibilité dans les démarches de forma- sation » est présent dans de nombreux textes ins- tion professionnalisante, d’éclaircir un certain titutionnels. Néanmoins, la professionnalisation nombre de termes. Il s’agit notamment : « d’iden- du métier d’enseignant semble difficile à mettre tifier précisément les mots de la professionna- en œuvre en raison d’enjeux institutionnels et lisation [au sein de ces métiers] et en premier politiques qui ne seront pas développés dans lieu ceux caractérisant l’agir professionnel » cet article. Nous nous intéresserons ici essen- (Maubant, Roger, Caselles-Desjardins, Mercier & tiellement à la troisième acception donnée par alii, 2010, 122-123). Il s’agit également de situer Wittorski (2010, 8-9) au mot « professionnalisa- du point de vue scientifique certains concepts tion », c’est-à-dire au processus de développe- tels que les concepts de situation, d’activité et ment d’un professionnel. d’apprentissage. Ces auteurs en déduisent la nécessité d’interroger les processus de professionnalisation sous différents angles : « l’angle des 10 Les « savoir-agir » des professeurs des écoles : des «instruments» construits par et pour l’activité d’enseignement. Carole Carré situations professionnalisantes, l’angle de l’acti- hiérarchisée (Léontiev, op. cit.) qui mobilise vité, [...] l’angle de l’apprentissage, [...] l’angle des et développe dans un même mouvement des acteurs ». Notons qu’ils militent également pour compétences cognitives et des compétences une approche qui prenne en compte toute la opératoires. complexité de la notion de professionnalisation. De ce point de vue, la séparation entre En accord avec ce point de vue, le cadre théorique théorie et pratique, qui a constitué depuis l’an- qui va être présenté ci-dessous, cherche donc à tiquité, le mode de pensée légitime (Schwartz, prendre en compte les complexités internes aux 2007) pour décrire la réalité, doit être réinterro- processus de professionnalisation. gée. Car dans ce cadre, deux registres d’apprentissage sont mis à contribution : un registre pragmatique qui permet de construire des savoirs La didactique professionnelle, une approche heuristique et herméneutique pour étudier et mettre en œuvre la « professionnalisation » des enseignants. opératoires et un registre épistémique qui est à la source de savoirs prédicatifs (Pastré, 2011). Ces deux catégories de savoirs se développent en s’articulant étroitement dans le cadre des « genèses instrumentales » décrites par Rabardel La recherche présentée dans cet article (op. cit.). En effet, pour cet auteur « notre sujet s’ancre dans le cadre théorique de la psycholo- est un sujet qui agit, qui transforme le réel et qui gie historique et culturelle et de la didactique se transforme lui-même et qui va utiliser toutes professionnelle. Le modèle de développement ses ressources pour mieux fonder et ajuster son sur lequel elle repose, renvoie aux travaux de activité. Si on entend par activité constructive Vygotski (1934/1997) et de Bruner (1983), et à l’activité pour laquelle le sujet se construit comme la théorie de l’activité de Léontiev (1984). Les sujet capable, il faut bien voir que cette activité notions d’« invariants opératoires » (Vergnaud, ne consiste pas d’abord pour lui à construire 2002), de « genèse instrumentale » (Rabardel, des connaissances, mais à se transformer lui- 2005), de « modèle opératif » et de « concepts même dans un processus de développement » pragmatiques » (Pastré, Mayen, Vergnaud, 2006), (Rabardel, op. cit., 3). 2 de « savoir-agir » et de « matrice cognitivo-prag- Ainsi la didactique professionnelle, in- matique » (Piot, 2006) sont également mises à carnée notamment dans les travaux de Pastré, contribution. Piot, Rabardel et Vergnaud, offre un cadre d’intelligibilité du développement professionnel qui Pour bien comprendre le point de vue repose sur l’articulation, soulignée par Schön adopté, il est nécessaire d’admettre que l’activité (1994), entre pratique et réflexivité. Elle propose humaine psychique un renversement épistémologique à partir du- JOFFRAY- CARRÉ. C. (2012). Genèse du savoir-agir quel les savoirs prédicatifs abandonnent leur rôle professionnel. Le cas des professeurs des écoles débu- prescriptif et les savoirs opératoires intègrent tants. Thèse de doctorat de l’Université de Caen Basse- une dimension conceptuelle. Le modèle de déve- Normandie. loppement spiralaire élaboré par Bruner (1983) 2 constitue une entité 11 Les « savoir-agir » des professeurs des écoles : des «instruments» construits par et pour l’activité d’enseignement. Carole Carré dans le cadre d’observations du développement se développer dans la sphère du conscient et du des enfants3 permet, par ailleurs, de décrire les volontaire et poursuivent leur développement processus à l’œuvre. En effet, selon cet auteur, en germant vers le bas dans la sphère de l’expé- le sujet-acteur « modularise » son activité grâce à rience personnelle et du concret. Les concepts l’information qui lui parvient en retour à la suite spontanés commencent à se développer dans la d’actions élémentaires initialement mal maitri- sphère du concret et de l’empirique et évoluent sées. Il aboutit ainsi à un meilleur niveau d’organi- vers les propriétés supérieures des concepts : le sation et de coordination de son activité. caractère conscient et volontaire. » (Vygotski, op. cit., 373). Partant de là, nous pouvons en déduire Si nous transposons ce modèle à l’activité que les «concepts scientifiques », qui modélisent d’enseignement, nous pouvons en déduire que l’activité d’enseignement sont incorporés peu à lorsque le professeur débutant se livre à des peu à l’activité et en favorisent la distanciation. « actions » d’enseignement, il réussit parfois Ils prennent forme et sens au travers de « l’acti- à atteindre le but de son activité d’enseigne- vité productive » mise en œuvre en situation et ment : « produire » des apprentissages chez ses sont progressivement « pragmatisés » (Pastré, élèves, mais il échoue également quelquefois. Il 2011, 168) en situation d’activité profession- construit alors, à partir de ses réussites et de ses nelle. Inversement, les « concepts pragmatiques » échecs de nouveaux « savoir-agir » (Piot, op. cit., construits dans, par et pour l’activité adoptent 134) notamment grâce à l’articulation étroite qui peu à peu une forme prédicative qui favorise existe entre les registres pragmatique et épisté- leur mobilisation dans des situations proches de mique de développement. Car la réflexion qu’il celles où ils ont pu se développer. Ils ont pour déploie en cours d’action mais également à dis- fonction d’orienter l’activité du sujet-enseignant tance de l’action, les échanges avec ses pairs en en fonction du déroulé réel des situations et de milieu scolaire ou à l’institut de formation, lui mobiliser ainsi au moment opportun les « savoir- permettent peu à peu d’identifier et d’utiliser les agir » nécessaires. Notons également que les « savoir-agir » et les « concepts pragmatiques » « savoir-agir » et les « concepts pragmatiques » (Pastré, op. cit.) reconnus au sein de la commu- incorporent les conceptions et les dynamiques nauté professionnelle enseignante. identitaires personnelles et professionnelles des enseignants débutants. Nous avons pu constater, à partir de la notion de « genèse instrumentale » que le déve- Pour totalement comprendre comment loppement se nourrit de connaissances multiples l’activité peut dans un même mouvement s’exer- et hétérogènes. Les travaux de Vygotski (op. cit.) cer et se développer, il reste à préciser que selon vont nous permettre de décrire plus précisément Piot (2006, 269-270) les « savoir-agir » s’articu- les processus à l’œuvre. En effet, selon cet au- lent avec les « concepts pragmatiques » au sein teur : « Les concepts scientifiques commencent à de « matrices cognitivo-pragmatiques » organi- Cet auteur a précisé (1983, 106) que ces résultats sées en réseaux. Le caractère dynamique et im- 3 étaient transposables chez les adultes. 12 prévisible de toute situation d’enseignement- Les « savoir-agir » des professeurs des écoles : des «instruments» construits par et pour l’activité d’enseignement. Carole Carré apprentissage peut ainsi être progressivement maitrisé grâce à la construction d’un répertoire Une démarche compréhensive et empirique pour analyser l’activité de « matrices », dont nous donnerons un aperçu ci-dessous. Celles-ci sont activées en fonction Neuf professeurs des écoles débutants4 des événements imprévus et fortuits qui se pro- ont été filmés à quatre reprises, au cours de deux duisent au cours des situations. Ainsi, peu à peu, années consécutives, dans des classes d’école les professeurs novices se familiarisent à la part primaire situées dans des contextes sociaux et d’invariance propre à toute situation car « dans géographiques variés et de niveaux scolaires di- beaucoup de situations, l’activité est assujettie à versifiés. Chacune des situations filmées a donné des règles univoques » (Vergnaud, 2007, 19). Ils lieu à une observation directe des actions langa- apprennent également à prendre progressive- gières et non langagières des sujets et de leurs ment en compte les variables contingentes des élèves5. Ces observations ont été transcrites situations. La souplesse du système réside dans dans le but de repérer les « savoir-agir » mobilisés l’articulation d’un nombre important de « savoir- par les enseignants novices en situation. agir » avec un nombre plus limité de « concepts pragmatiques ». Puis, un encodage des « savoir-agir » a été effectué en cherchant à prendre en compte : Les formateurs d’enseignants disposent 1. le déroulé de la situation filmée ; actuellement de connaissances relativement 2. les buts d’apprentissage visés chez les importantes sur les situations d’enseignement- élèves. Il s’agissait, par ce biais, de préser- apprentissage, les démarches d’enseignement ver les liens existant entre activité, action et les démarches d’apprentissage mais les et opération, activité et motifs de l’activité recherches sur les « invariants opératoires » (Léontiev, op. cit.) au cours du recueil et de (Vergnaud, 2002) intégrés à l’activité d’enseigne- l’analyse des données. Une liste de descrip- ment sont encore peu nombreuses. C’est pour- teurs de l’activité des enseignants novices a quoi il est important de chercher à identifier les ainsi été élaborée. « savoir-agir » et les « concepts pragmatiques » mobilisés par les professeurs en situation d’enseignement-apprentissage. La recherche qui sera 4 présentée de manière succincte dans le prochain les sujets étaient en formation professionnelle initiale paragraphe poursuivait ce but. (PE2) à l’IUFM de Basse-Normandie, les films ont été Lors de la première année d’enquête (2008-2009), tournés dans les classes où ils effectuaient leur stage en responsabilité filé. La seconde année, ils étaient titulaires première année (T1) dans des classes du département du Calvados. Les professeurs des écoles communiquaient les do- 5 cuments de préparation des situations d’enseignement-apprentissage qui étaient filmées. 13 Les « savoir-agir » des professeurs des écoles : des «instruments» construits par et pour l’activité d’enseignement. Carole Carré Deux types de « savoir-agir » ont été mis au jour : tout d’abord de permettre aux professeurs des écoles débutants de confirmer ou d’infirmer le 3. des « savoir-agir » dédiés à la saisie et au « repérage » des « savoir-agir » qui avaient été re- traitement de l’information en situation qui pérés lors des observations. Il s’agissait ensuite ont été nommés indicateurs-observables en de mettre au jour le sens de leur activité en re- référence aux travaux de G. Vergnaud ; pérant dans leur discours les « concepts pragma- 4. des « savoir-agir » génériques dédiés à la tiques » mobilisés. En effet, le concept d’ « intri- conduite de la situation et de l’activité des gue » développé par P. Ricœur (1985, t. III, 219), élèves. Selon le moment où ils étaient obser- montre que le récit participe de la mise au jour vés, ces « savoir-agir » pouvaient prendre dif- de la sémantique de l’action et permet d’en iden- férentes formes en fonction du déroulé de la tifier les motifs. Des fragments sémantiques ont situation d’enseignement-apprentissage et de ainsi été « extraits » des discours des sujets. Leur la subjectivité des acteurs. En effet, lorsque mise en relation a permis de repérer, outre la l’enseignant effectue par exemple un rappel construction de « savoir-agir », l’émergence d’un à l’ordre verbal ou produit un signal ritualisé, certain nombre de « concepts organisateurs » de il indique dans les deux cas aux élèves la né- leur activité à un niveau plus ou moins élaboré de cessité d’être attentifs. Et, la mobilisation de développement. 6 l’une ou de l’autre « opération » (Léontiev, op. cit.) peut se révéler pertinente ou non perti- Le triple statut de professeur des écoles, nente en fonction des nombreuses variables de formatrice en IUFM et de chercheur qui est (le contexte socio-éducatif, l’âge des élèves, le le nôtre, a constitué un atout précieux du point moment de la journée, le type de situation, de vue méthodologique. Car notre connaissance etc.) intégrées à la situation. La pertinence du approfondie de l’école primaire nous offrait des choix de l’enseignant novice témoigne donc clés de compréhension du terrain d’enquête et d’un niveau de maitrise du « savoir-agir ». facilitait l’identification des « invariants opératoires » du professeur des écoles. Nos fonctions Les transcriptions des observations ont en- de formatrice nous permettaient un contact suite permis de construire des guides d’entretien facilité avec les sujets et une expérience non utilisés au cours des « autoconfrontations » (Clot, négligeable des interactions sociales et langa- Faita, Fernandez &Scheller, 2001) des sujets à leur gières avec les enseignants débutants7. Cepen- propre activité d’enseignement. Les techniques dant, les écueils d’une telle proximité avec l’ob- de « l’entretien d’explicitation » de P. Vermersch jet de recherche sont aujourd’hui bien connus. (2003) ont été adaptées pour cette recherche de Le chercheur doit donc rester constamment en manière à favoriser l’articulation dans le discours éveil vis-à-vis de sa propre subjectivité. Un cer- des sujets entre les dimensions « procédurale » tain nombre d’événements d’ordre personnel et « intentionnelle » de l’activité. Il s’agissait 7 6 Deux exemples d’ « indicateurs observables » seront apportés plus loin. 14 Nous avions également expérimenté la technique des entretiens d’explicitations au cours de deux recherches précédentes. Les « savoir-agir » des professeurs des écoles : des «instruments» construits par et pour l’activité d’enseignement. Carole Carré (reprise d’étude) et professionnel (changements nement articulés. Ces résultats remettent donc successifs de fonctions) ont facilité cette veille. en cause l’hypothèse d’un parcours de forma- Car ils nous avaient permis d’acquérir un point de tion professionnelle linéaire et identique pour vue plus « armé » et plus distancié, sur l’activité tous les professeurs des écoles débutants. Ils ne d’enseignement, indispensable à la conduite de pourraient certainement pas non plus se satis- cette recherche. faire d’un modèle de développement totalement Ceci nous a permis d’obtenir quatre « pho- standardisé n’autorisant pas des cheminements tographies » du niveau de développement des le plus souvent spécifiques dans le but d’être professeurs des écoles débutants réparties sur aussi constructifs que possible. les deux années d’enquête. Une analyse diachronique et une analyse comparative de ces don- Il convient cependant de relativiser la nées ont permis d’obtenir les résultats qui vont singularité des parcours observés car, l’ana- être présentés maintenant. lyse comparative a montré, que si le processus de développement semble sous l’influence de paramètres propres à chaque individu, celui-ci D’un développement singulier à la construction d’instruments professionnels communs révèle également des éléments au service d’une certaine généricité. En effet, l’analyse diachronique du développement de chacun des sujets a permis de repérer des facteurs d’influence L’analyse diachronique du développement communs à tous les professeurs des écoles dé- professionnel des sujets a abouti à un constat butants qui semblent pouvoir constituer, selon d’hétérogénéité en début et en fin d’enquête ce les cas, des « freins » ou des « accélérateurs » de qui, de prime abord, semble simplement confir- développement professionnel. mer les résultats de travaux conduits précédem- Il s’agit : ment dans le champ des Sciences de l’éducation -- des conceptions, valeurs, connaissances, (Perrenoud, 1996 ; Tardif & Lessard, 1999). En savoir-agir, etc. de chaque enseignant débu- effet, qui dit hétérogénéité en début et en fin tant qui sont parfois proches, parfois éloi- d’enquête peut conduire à l’hypothèse de par- gnées de la réalité de l’activité enseignante, cours de développement similaires. Néanmoins, -- de la capacité des débutants à entrer dans les propos tenus par les professeurs débutants une démarche d’analyse réaliste de sa propre lors des différents entretiens ont révélé au activité d’enseignement qui est plus ou moins contraire des processus de développement sin- développée, guliers, propres à chacun, placés sous l’influence -- des « dynamiques identitaires » (Bourgeois, de contextes d’enseignement, de dynamiques 2006) à l’œuvre lors des débuts dans l’activité identitaires, de conceptions, valeurs, connais- enseignante qui peuvent constituer des obs- sances du sujet, de capacités réflexives, etc. Bref tacles ou des éléments favorables à l’implica- des sources ou des obstacles au développement tion en formation. eux-mêmes complexes, hétérogènes et certai- 15 Les « savoir-agir » des professeurs des écoles : des «instruments» construits par et pour l’activité d’enseignement. Carole Carré L’analyse comparative a permis, quant tions non appropriées des élèves, leurs erreurs, à elle, de repérer l’existence de matrices etc.]10 ; [Maintenir l’attention et la concentration cognitivo-pragmatiques » communes à plus de des élèves au moyen de différentes procédures] ; la moitié des sujets. Ces matrices, dynamiques [Obtenir l’attention des élèves au moment du et évolutives, composées d’un « concept orga- passage des consignes] ; [Interagir dans une nisateur » et de plusieurs « savoir-agir »8 qui se forme énonciative adaptée aux élèves] ; [Être développent dans des temps proches, semblent attentif au comportement déviant d’un ou de constituer de véritables centres organisateurs plusieurs élèves] ; [Être attentif à l’élève en tant de l’activité d’enseignement. En effet, dès lors que personne : rassurer les élèves, les mettre en que leur développement est suffisamment éla- confiance, s’intéresser à leurs préoccupations] ; boré, elles permettent au sujet de faire face ef- [Communiquer avec les élèves sur leurs réus- ficacement à la pluralité et à la complexité des sites]. Précisons que ces « savoir-agir », articulés situations d’enseignement-apprentissage. Les aux « concepts pragmatiques » cités en exemple, exemples présentés ci-dessous permettront de pouvaient également être mobilisés lorsque mieux comprendre quels sont ces « instruments » d’autres « concepts pragmatiques », non présen- professionnels développés par les enseignants. tés dans cet article, étaient énoncés. Par contre, dans l’exemple qui nous intéresse, d’autres Les « concepts pragmatiques » [Chercher à « savoir-agir » tels que [Repérer si le niveau so- susciter chez les élèves un engagement dans les nore global est en adéquation avec la situation activités d’apprentissage] et [Chercher à prendre d’enseignement-apprentissage en cours]11 et en compte l’hétérogénéité des élèves du point de [Prendre en compte les difficultés ponctuelles vue de leurs compétences cognitives, de leur per- élèves : repérage dans le temps et dans l’es- sonnalité et/ou de leur contexte de vie person- pace ; compréhension des consignes ; manque de nelle] par exemple, étaient énoncés de manière concentration ; etc.] ont été observés seulement diffuse par l’ensemble des sujets. Mais seule- en présence du second « concept pragmatique » ment cinq sujets, parmi les neuf qui ont participé cité ci-dessus. à cette recherche, les énonçaient de manière explicite9. Des « savoir-agir » communs à ces Ces résultats permettent donc d’expliquer, cinq professeurs des écoles débutants ont, par en partie, la singularité du développement des ailleurs, été repérés lors de l’observation de leur professeurs des écoles débutants. Car le déve- activité d’enseignement : [Repérer les interven- loppement des « instruments » mis au jour au Dix « concepts pragmatiques » et soixante-dix-neuf cours de cette recherche parait dépendre des 8 « savoir-agir » ont été identifiés dans cette recherche. 9 rations que le sujet a mises en œuvre, des ana- matiques » était évalué sur une échelle de 1 à 5. Au ni- 10 veau 1, ils étaient quasiment absents du discours des il relève du prélèvement et du traitement de l’informa- sujets, au niveau 5, ils étaient énoncés explicitement tion en situation. et argumentés. 11 Le niveau de conceptualisation des « concepts prag- 16 situations rencontrées, des actions et des opé Ce « savoir-agir » est un « indicateur-observable » car Un second « indicateur-observable ». Les « savoir-agir » des professeurs des écoles : des «instruments» construits par et pour l’activité d’enseignement. Carole Carré lyses de pratiques, des échanges informels entre constitue simplement l’établissement d’une liste pairs, des dynamiques identitaires ainsi que de d’« instruments » professionnels plus ou moins l’intégration des savoirs prédicatifs. utilisés par les professeurs des écoles dans leur pratique quotidienne. Mais l’originalité de ce tra- En fonction des niveaux d’enseignement vail réside, nous semble-t-il, dans la mise en lien pratiqués, des contextes socioculturels rencon- issue de la didactique professionnelle, de ces « sa- trés, des interactions sociales avec les élèves, les voir-agir » avec des « concepts pragmatiques » qui pairs, les enseignants de terrain, les formateurs, organisent et qui orientent l’activité d’enseigne- les responsables institutionnels, les professeurs ment. Ces résultats, qui restent encore à confir- débutants semblent construire plutôt tel ou tel mer par d’autres études, permettent d’obtenir « savoir-agir », conceptualiser tel ou tel « concept une première représentation des « instruments » pragmatique » plutôt que tel autre. Et c’est ce cognitifs et opératoires construits très progressi- processus singulier qui va les amener à dévelop- vement par les professeurs des écoles débutants per des structures opératives et cognitives spé- dans le but d’orienter et d’organiser efficace- cifiques, plus ou moins adaptées aux situations ment leur activité d’enseignement. Ils restituent rencontrées. Chaque situation d’enseignement- à l’« activité productive » des enseignants débu- apprentissage est unique et semble potentielle- tants, une dimension « constructive » (Rabardel, ment pouvoir permettre le développement des 2005), à la pratique son « intelligence », aux ac- compétences professionnelles dès lors que le tions d’enseignement leur dimension concep- sujet-enseignant aura acquis des « savoir-agir » tuelle. De ce point de vue, la problématique de dans le domaine de la réflexivité et à la condition la professionnalisation doit nécessairement être qu’il ne soit pas empêché d’évoluer en raison de réinterrogée. C’est ce que nous allons faire à tensions identitaires trop importantes. Chaque présent. situation de formation est unique et peut également permettre aux professeurs des écoles débutants de construire leur professionnalité dès lors que les savoirs qui leur sont proposés La « professionnalisation » des enseignants, une problématique en « tension » peuvent prendre sens au regard du « modèle opératif » qu’ils ont commencé à construire. La tension entre deux logiques, deux projets, deux réalités soulignée par R. Wittorski et Il n’est pas possible d’affirmer que tous les S. Briquet-Duhazé nous amène à penser que le « savoir-agir » d’un professeur des écoles débu- développement professionnel des enseignants tant ont été repérés au cours de cette recherche. débutants renvoie également à deux formes de Certifier la validité de chacun de ces indicateurs complexités qui se confrontent et qui dès lors de professionnalité serait également présomp- sont en tension : tueux. D’autres recherches seront nécessaires -- la complexité et le caractère aléatoire de pour confirmer ou infirmer et approfondir ces la situation d’enseignement-apprentissage résultats. D’un certain point de vue, ce repérage qui intègre la spécificité du contexte social, 17 Les « savoir-agir » des professeurs des écoles : des «instruments» construits par et pour l’activité d’enseignement. Carole Carré historique, politique et la subjectivité de ses -- de conceptions, de valeurs auxquelles il acteurs, élèves et enseignants, voire la subjec- adhère, qui constituent pour lui des « concepts tivité des décideurs/évaluateurs institution- pragmatiques » rudimentaires, nels locaux ; -- de « savoir-agir » construits parfois dans -- la complexité subjective de chaque profes- d’autres lieux que l’école, dans d’autres temps seur d’école débutant, de chaque enseignant que celui de la formation au fil d’une histoire novice ou expérimenté qui intègre à la fois personnelle ou professionnelle antérieure, des savoirs, des « savoir-agir », des valeurs, des -- d’une identité personnelle qui va s’articuler « concepts pragmatiques », des dynamiques avec une identité professionnelle à construire identitaires dans le cadre d’un développe- peu à peu. ment propre à chaque sujet. Ces différents éléments qui, nous en faiAinsi, il parait essentiel que ces deux formes sons l’hypothèse, intègrent et structurent le de réalités complexes puissent être prises en « modèle opératif » d’un enseignant débutant compte au sein de la formation professionnelle au moment de son entrée en formation nous des enseignants à la fois dans leur confronta- paraissent étroitement articulés et ne nous sem- tion et dans leur articulation. Or, si la complexité blent pas pouvoir être totalement dissociés en interne à la situation d’enseignement-apprentis- formation. Car c’est précisément ce qui, selon sage semble avoir gagné ses lettres de noblesse nous, provoque les tensions. Tensions internes au sein des instituts de formation des maitres en raison de connaissances acquises concernant suite aux travaux de recherche conduits sur ce l’activité d’enseignement mais néanmoins diffici- sujet depuis une quarantaine d’années, cela ne lement assimilées car à l’origine de dilemmes et nous semble pas être le cas concernant la com- de contradictions d’un point de vue identitaire. plexité de l’activité du sujet-enseignant. Tensions externes, provoquées pas l’obligation Suite aux résultats obtenus dans cette de se soumettre à des injonctions appartenant recherche, il nous semble pourtant nécessaire au « genre » professionnel (Clot & Faïta, 2000) ou d’admettre qu’à l’aube de leur formation initiale, à des injonctions institutionnelles dont le sens les enseignants débutants ont déjà développé sera progressivement construit. Ces éléments, un « modèle opératif » rudimentaire qui leur per- spécifiques à chaque sujet, pourraient égale- met d’orienter et d’organiser leurs débuts d’ac- ment expliquer que le « modèle opératif » du teurs-enseignants. Et ce modèle, plus ou moins débutant puisse sembler parfois très rudimen- élaboré selon l’expérience acquise au cours taire, très peu élaboré et donc très peu efficace de d’enseignement-apprentissage en début de formation. Tandis que dans d’autres vécues ou observées avant l’entrée en formation, cas, il pourra paraitre déjà élaboré et suffisam- qui devra se développer de manière à devenir de ment efficace. situations plus en plus efficace, semble porteur : -- des savoirs du débutant l’activité d’enseignement, 18 concernant Les « savoir-agir » des professeurs des écoles : des «instruments» construits par et pour l’activité d’enseignement. Carole Carré Des « invariants opératoires » à mettre au jour en situation d’analyse de l’activité nières années dans le domaine de la recherche en éducation. Cependant, le renversement de perspective n’est pas sans risque, ni pour l’institu- La difficulté pour une structure de for- tion, ni pour les formateurs eux-mêmes car « Par mation telle que les instituts universitaires de contraste avec la bureaucratie habituelle qui formation des maitres aujourd’hui, les écoles donne la première place à la science appliquée, supérieures du professorat et de l’éducation une institution réflexive doit trouver le temps de demain, réside précisément dans la prise en porter attention aux valeurs et aux buts qui sont compte de cette hétérogénéité des étudiants en conflit. » (Schön, 1994, 397) qui souhaitent devenir enseignants ou des professeurs débutants. Car, pour former efficace- Les temps d’analyse de pratique réflexive ment, il faudrait pouvoir proposer un « menu » développés depuis un certain nombre d’an- personnalisé à chaque enseignant débutant qui nées dans les instituts de formation produisent prenne en compte son « modèle opératif » initial. de vrais échanges entre débutants ou entre Or, cela semble extrêmement difficile dans le débutants et formateurs et sont, nous semble- cadre de l’université dont l’objectif était, jusqu’à t-il, susceptibles de faire évoluer les « concepts une période relativement récente, de trans- organisateurs » et les « savoir-agir » des ensei- mettre des savoirs complexes mais formalisés gnants novices. Car ainsi que le précise Vinatier à un petit nombre d’étudiants sélectionnés en (2009,157), la réflexion a posteriori et la confron- raison de leur capacité intellectuelle à les inté- tation des points vue permet à chacun de donner grer. Car concernant la « professionnalisation », du sens à sa propre expérience et de générer des la problématique est tout autre. Permettre à de « …potentialités nouvelles. La personne peut futurs professionnels d’intégrer non seulement éprouver un sentiment d’appartenance au collec- des savoirs prédicatifs mais également des tif dans lequel elle se reconnait alors. Lorsque ce « savoir-agir », non seulement des « concepts dernier est rassurant pour chacun des membres scientifiques » mais également des « concepts alors il peut donner à chaque sujet l’ambition pragmatiques » exige une approche sensible- de s’en dégager. Ce processus facilite la mise en ment différente du cours magistral. Il ne s’agit mots de la singularité de l’action ». pas ici de nier le rôle des discours formalisés et des concepts scientifiques dans la construction C’est ici que les résultats de cette recher- des compétences professionnelles des ensei- che pourraient être utiles et pourraient facili- gnants. Mais il semble nécessaire de renverser la ter, pour les formateurs, la construction d’outils problématique de l’apprentissage, de partir de d’analyses de l’activité et d’évaluation formative ce que savent les débutants, du pouvoir d’agir ou encore des outils d’auto-positionnement pour qui est le leur plutôt que de chercher à déver- les étudiants. Car, à l’instar de Grandaty (2011,5), ser sur leur « modèle opératif » tous les « savoirs « Notre hypothèse de travail, dans un processus sur la pratique » (Altet, 1994) construits ces der- de formation, est qu’il faut inventorier en amont des organisateurs de la pratique enseignante ». 19 Les « savoir-agir » des professeurs des écoles : des «instruments» construits par et pour l’activité d’enseignement. Carole Carré En effet, lorsque ces « organisateurs » sont iden- s’individualisent autant qu’ils se professionna- tifiés, les dispositifs de confrontation à son acti- lisent. La formation devient plus souple, au sens vité propre ou à l’activité d’autres débutants, au où elle s’adapte aux besoins de chacun pour que travers de vidéoscopie (Ria, Leblanc, 2011), sont chacun s’adapte aux besoins de son ou de ses em- facilités. ployeurs potentiels. » (Champy-Remoussenard, 2008, p. 56). Outre les dispositifs d’analyse de praLes conceptions développées ci-dessus tique, nous pensons donc également aux temps de concernant la prise en compte de l’hétérogénéité formation qui reposent sur le même type d’articu- des débutants ne doit pas nous conduire pour au- lation tout en constituant des apports magistraux. tant à faire table rase de dispositifs de formation Cela suppose bien évidemment de la part des collectifs ayant fait la preuve de leur efficacité. formateurs qu’ils veillent à illustrer les « concepts En effet, l’intégration du « genre » professionnel scientifiques » abordés par des exemples concrets nécessite également des modes de socialisation issus de situations d’enseignement-apprentissage collectifs conduisant tout autant à la construc- réellement observées par eux-mêmes ou par les tion du « style » (Clot & Faïta, op. cit.) individuel enseignants novices. Par voie de conséquence, de chaque enseignant qu’à l’évolution globale cela exige également des formateurs bien formés du collectif professionnel. Faute de quoi des ef- et la constitution d’équipes pluri-catégorielles de fets pervers ne sont pas exclus. Car, « Le collectif formateurs ayant le temps de construire collégia- s’estompant, c’est l’isolement de l’individu qui lement des dispositifs de formation adaptés, voire pointe son nez tout autant que son possible épa- dans l’idéal, de former des collaborations étroites. nouissement personnel. La formation devient accompagnement, tutorat, coaching. Les dispositifs Conclusion Les modalités de professionnalisation des enseignants relèvent de dispositifs pluriels qui ont évolués au cours du temps. Les analyses de pratiques et les analyses de l’activité qui se sont développées ces dernières années dans les instituts de formation ne présentent pas toujours l’efficacité attendue en termes de formation. En effet, la note de synthèse, élaborée par J.-F. Marcel, P. Olry, E. Rothier-Bautzer et M. Sonntag (2002, 135-170) souligne une certaine confusion dans les termes, dans les finalités et dans les paradigmes de références des analyses de pratiques mise en œuvre au sein des formations professionnelles. Ces auteurs précisent également que l’objet de l’analyse varie en se centrant selon les cas sur « l’activité du sujet », « le statut des situations », « les communications », « l’action ». Nous émettons l’hypothèse qu’en s’appuyant sur ces résultats et sur les cadrages théorique et méthodologique présentés dans cet article les formateurs d’enseignants pourront plus facilement guider les analyses de l’activité en aidant les sujets à produire un discours sur leur activité d’enseignement, à se questionner sur les stratégies qu’ils développent et sur leurs intentions, à mettre en lien les différents types de savoir qu’ils rencontrent et qu’il construisent. 20 Les « savoir-agir » des professeurs des écoles : des «instruments» construits par et pour l’activité d’enseignement. Carole Carré Bibliographie Bourdoncle, R. (1990). « De l’instituteur à l’expert. Les IUFM et l’évolution des institutions de formation. », Recherche et Formation, n° 8, p. 57-72. Bourgeois, E. (2006). « Tensions identitaires et engagement en formation. », InJ-M. Barbier, E. Bourgeois, G. Villers & M. Kaddourri. Constructions identitaires et mobilisation des sujets en formation. 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