Bordeaux : Tapaj, un travail payé à l`heure pour les jeunes sdf

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Bordeaux : Tapaj, un travail payé à l`heure pour les jeunes sdf
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Société | Bordeaux : Tapaj, un travail payé à l'heure
pour les jeunes sdf
Le projet Travail alternatif payé à la journée (Tapaj) expérimenté à Bordeaux
durant l'été 2011 par le Comité étude information drogue (CEID) démarre
officiellement dans quelques jours. Une dizaine de jeunes du foyer Pro Domo
(structure accueillant un public de jeune SDF avec leurs chiens) travailleront
sur des courtes durées dans des entreprises partenaires comme Auchan, la
SNCF, les commerçants de la galerie marchande Mériadeck, mais aussi avec
les Espaces verts de la mairie de Bordeaux. Retour sur une initiative rapportée
du Canada par l’éducateur spécialisé Jean-Hugues Morales du CEID.
« Les jeunes en errance que nous suivons sont très angoissés à l’idée d’intégrer un CDD,
CDI, etc. Bref un contrat qui ne le permet pas d’une part, de suivre un traitement
médical contraignant et d’autre part, d’attendre la fin du mois avant de toucher un
salaire », commence Jean-Hugues Morales, éducateur spécialisé au CEID. « C’est
pourquoi, le projet canadien Tapaj initié en 2000 par l’organisme Spectre avec qui le CEID
échange régulièrement nous a semblé correspondre aux besoins du public que nous
recevons. » Une première fois expérimenté positivement à Bordeaux durant l’été 2011,
Tapaj s’apprête donc à démarrer officiellement dans quelques jours. Le but ? Permettre à
des jeunes en grande précarité de s’intégrer sans stress ni panique dans le monde du
travail à raison de quelques heures par semaine rémunérées immédiatement. Une action
rendue possible grâce à des entreprises comme Auchan, la SNCF, les commerçants de la
galerie marchande Mériadeck et les Espaces verts de la mairie de Bordeaux.
10 500 euros de la fondation Auchan
L’apport de fonds privés dans une
association n’est culturellement pas très français et en irritera plus d’un… Pourtant, force
est de constater que « sans les 10 500 euros accordés en février 2012 par la fondation
Auchan pour les frais de fonctionnement du projet, jamais Tapaj à Bordeaux n’aurait pu
voir le jour », observe Jean-Hugues Morales. Achat de matériel, équipements des
travailleurs, temps de réunion des acteurs sociaux, etc. « Pour la fondation Auchan, ça
n’est pas une action au rabais. On ne fait pas de bric et de broc », remarque JeanCharles Llado, membre de la fondation Auchan et responsable du Comité développement
durable au sein du magasin du centre-ville. « Lors de la présentation de Tapaj à Paris au
jury de la fondation Auchan, il nous a fallu présenter un projet très solide et le défendre
méthodiquement », se souvient l’éducateur spécialisé. « Mais une fois l’idée validée, nous
rencontrons aujourd’hui beaucoup moins de pression en comparaison avec le milieu
institutionnel ». « En effet, précise Sandrine Roumat, également membre du Comité
développement durable et chargée de recrutement dans l’enseigne bordelaise, il est
vraiment question de confiance réciproque, d’un donnant donnant en terme de
visibilité ».
Quels emplois pour ces jeunes ?
Les premières missions pour ces jeunes SDF se
dérouleront dans un premier temps avec les Espaces verts de la mairie de Bordeaux où
ils pourront par exemple mettre à profit leur créativité dans la remise en floraison des
parcs et allées de la ville. Mais aussi en partenariat avec la SNCF qui leur propose de
réparer des machines ou encore d’entretenir les voies. Du côté des commerçants de la
galerie Mériadeck et d’Auchan qui selon Jean-Charles Llado « ne peut se permettre
d’entacher son image ou d’effrayer la clientèle », l’heure est à la réflexion. « Nous
étudions plusieurs pistes pour offrir du travail aux jeunes du CEID comme par exemple le
nettoyage des abords du magasin, la réfection de caddies, des travaux de peinture,
etc. » « L’objectif étant d’intégrer en douceur les bénéficiaires du projet dans un espace
public qu’ils connaissent généralement sous l’angle de la mendicité », clarifie JeanHugues Morales avant de poursuivre : « C’est une population très fragilisée, souvent
victime, rebelle, fréquemment opposée à la société, il faut y aller en douceur ».
En douceur… Et avec réalisme… Car en terme de revenus, ces jeunes reçoivent dans un
premier temps un « équivalent/manche », soit 10 euros net de l’heure à raison de deux
après-midi par semaine puis passent progressivement à un travail hebdomadaire,
rémunéré cette fois-ci au SMIC horaire.
Claire Sémavoine
Crédit Photo : Claire Sémavoine
Publié sur aqui.fr le 27/01/2013