« Comment les messagers de RESO progressent avec le GTF »

Transcription

« Comment les messagers de RESO progressent avec le GTF »
« Comment les messagers de RESO progressent avec le GTF »
Le réseau de transporteurs indépendants RESO optimise ses plates-formes de transit grâce à des
communications standardisées avec les messages du GTF. Enlèvements de marchandises, ecommerce et livraisons aux particuliers… Les nouveaux processus de transport demandent une
continuelle évolution des informations échangées par voie électronique.
Voici les témoignages de Norbert Berthelot, Directeur de RESO, et de Steven Lefrançois, Directeur
Général de Translocauto et adhérent de RESO.
RESO, ce sont aujourd'hui 81 sociétés de
transports indépendantes, unies par
des
engagements de traçabilité et de qualité
spécifiques. En tant que remettants et
distributeurs, ces membres actifs s'appuient sur
5 hubs situés à Tours, Brive, Dijon, Reims et
Saint Priest. Le principe de la structure est
simple : décharger et recharger des camions de
messagerie qui, pour respecter les temps de
conduite des chauffeurs et optimiser les
opérations, doivent s'organiser en relais en
s'appuyant sur des plates-formes de transit. Le
transfert de charges s'effectue le plus souvent
pendant la nuit, afin que les camions repartent
au petit matin livrer les marchandises en zone
urbaine.
Mais derrière ce principe limpide se cache une
organisation des plus complexes. En effet, les
mouvements de marchandises s’accompagnent
d’une profusion d’informations qu'il faut
transmettre et donc standardiser pour bien se
comprendre entre partenaires transporteurs.
Les adhérents transporteurs étant aussi des
actionnaires du réseau, chacun travaille au bien
commun. « Nos clients sont nos patrons ! lance
Norbert Berthelot, Directeur de RESO. Tout le
monde a intérêt à fiabiliser les flux de
marchandises ».
Des messages compréhensibles par tous
Norbert Berthelot souligne le rôle central du
GTF (Groupement de Transporteurs Français), à
l’origine des messages de communication
INOVERT (INternational OVERland Transport)
utilisés dans les échanges de données
informatisées (EDI). « Pour simplifier les
transferts d'information ainsi que les aspects
administratifs de notre métier, il a fallu
s'entendre sur des messages compréhensibles
par tous. Les standards du GTF se sont imposés
dès le début, en 1991, rappelle ce membre
historique du GTF. En 1994, nous avons
commencé à scanner les colis sur les platesformes. À l’époque, il s'agissait uniquement
d'identifier les contenants unitairement. A
partir de 2005, nous avons introduit l’échange
d’informations avec nos remettants via des
messages devenus plus complexes. En 2008,
nous avons acquis un logiciel TMS (système de
gestion du transport) conçu par l’éditeur Teliae,
qui est devenu l’une des briques centrales de
notre organisation. En effet, si tous les
transporteurs effectuent des opérations de
transit, une plate-forme de messagerie se
distingue par des volumes importants, des
délais courts et des exigences de traçabilité
hors normes ».
« Ces plates-formes d’échanges de flux
matériels et immatériels sont indispensables à
notre activité, analyse également Steven
Lefrançois, Directeur Général de Translocauto
et membre de RESO, à la tête d’une flotte de 98
cartes grises basées à Dreux. Translocauto
génère l'essentiel de son activité dans la
messagerie et utilise 4 des 5 plates-formes du
réseau. La société propose également des
prestations logistiques et de transport de lots,
notamment de matières dangereuses. « L’idée
est de disposer de notre propre dispositif de
contrôle et de traçabilité des flux entrants et
sortants, afin que chacun soit équipé et
responsable de son propre outil », poursuit
l’entrepreneur, qui détaille les spécificités
opérationnelles de son métier. « Lorsque je
décharge un semi-remorque sur la plate-forme
de Tours, par exemple, je dépose des
marchandises à livrer dans 10 à 15
départements de la région. Les palettes sont
dégroupées et regroupées selon leur
destination. Les transferts de charges sont
effectués à partir de minuit, en l'espace de 2
heures. La rapidité d'exécution est essentielle à
notre activité ».
évoluer les codes selon nos besoins. En
particulier, nous avons obtenu des messages
spécifiques aux pointages sur des plates-formes
de messagerie, qui sont différents des scans
réalisés dans les entrepôts des transporteurs.
Ces codes sont communs à toutes les platesformes, qu'elles soient ultra automatisées ou
essentiellement manuelles comme la nôtre ».
Peu à peu, les transporteurs indépendants ont
acquis leur propre TMS. Ils ont appris à
travailler selon des processus de plus en plus
informatisés. Les PME ont adopté les standards
INOVERT et ont suivi l’évolution des normes,
jusqu’à la dernière version 4.0 sortie en janvier
2015. Les nouveaux messages apportent de
plus en plus de fonctions. Ils contiennent de
nouvelles données correspondantes aux
besoins exprimés par les transporteurs.
Parallèlement, l’enrichissement des codes et
des logiciels s'accompagne de l'évolution des
traducteurs permettant de transmettre des
informations entre deux entreprises exploitant
une version différente d’INOVERT. Par exemple,
un transporteur travaillant avec la version 4.0
peut envoyer des messages à un autre qui
travaille en 3.2 — même si une partie des
données ne peut être lue par ce dernier.
Répondre à l'industrialisation du métier
Dans ce contexte productif intense, il est donc
primordial d'utiliser des processus optimisés et
des standards de communication communs
établis par le GTF. « C'est pour répondre à
l'industrialisation du métier que nous avons
adhéré au GTF en 2008, souligne Steven
Lefrançois. Nous avons été amenés à participer
aux réunions du groupe technique et à faire
L'essor du e-commerce
En particulier, INOVERT 4.0 intègre des
processus concernant les livraisons aux
particuliers. L'essor du e-commerce induit une
généralisation des livraisons directes aux
consommateurs, qui n'existait pas il y a 10 ans.
« Un transporteur indépendant peut
difficilement se passer du e-commerce, estime
Steven Lefrançois. En tant qu'émetteur mais
aussi récepteur de flux, nous livrons des colis à
domicile pour le compte de nos confrères.
Nous travaillons également pour Cdiscount et
Rue du Commerce, des spécialistes de la vente
via Internet. Distribuer un particulier induit des
contraintes très différentes du B2B. Cela
demande souvent plus de temps, car les
destinataires sont moins biens organisés que
les industriels pour recevoir des produits
encombrants. L'accès au domicile est parfois
difficile. Bref, il y a plus d'imprévus que nous
devons anticiper en amont, lors de la
préparation des chargements ».
Le transporteur livreur du dernier kilomètre
doit pouvoir distinguer immédiatement les
colis devant être livrés chez les particuliers.
D'où la nécessité d'identifier par des messages
INOVERT spécifiques les flux de commerce
électronique, et de les différencier des flux à
destination des professionnels (qui sont de
surcroît soumis à une taxation différente). «
Nous voulons mettre en place des solutions de
prise de rendez-vous modernes permettant de
certifier
l'accord
avec un particulier,
moyennant
un
échange de SMS
avec
le
destinataire, ajoute
Norbert Berthelot.
Cela dit, le SMS
n'est
pas
une
réponse idéale ou unique. Car le « texto »
impose un créneau de livraison mais ne garantit
pas la bonne réception du particulier. Il faudra
donc s’adapter aux différents modes de
communication en présence, notamment chez
les jeunes, qui utilisent de moins en moins leur
boîte mail ou les SMS mais préfèrent
communiquer via des réseaux sociaux. En
conséquence, le comité technique du GTF nous
a conseillé d'anticiper l'évolution des moyens
de communication. Il nous a proposé un
message portant l'information du mode d'envoi
: SMS, mail, ou tout autre moyen qui sera
demain employé. Chaque mode est identifié
par un qualifiant spécifique ».
Des ordinateurs mobiles pour le dernier
kilomètre
Ce métier devenu hybride entre le B2C et le
B2B est soumis à des contraintes de qualité de
service et de réduction des coûts a priori
incompatibles. La rentabilité de la messagerie
dépend en effet de la mutualisation des flux. A
contrario, livrer aux particuliers suppose une
capillarité des acheminements beaucoup plus
onéreuse. Les créneaux sont serrés, les
produits sont disparates, et les accès parfois
difficiles. Cela génère des surcoûts. « Lorsque
vous commandez un produit par Internet, le
site marchand ne vous demande pas si votre
domicile est accessible en poids-lourds,
souligne Steven Lefrançois. En arrivant, les
livreurs ont parfois des surprises : une rue trop
étroite, un trottoir à surmonter, du sol en
gravier difficile à gérer avec un transpalette, et
maintes autres difficultés pour transporter des
objets lourds et encombrants. Pour parer à
cela, tout est question d'anticipation. C'est
pourquoi les messages INOVERT ont vocation à
intégrer autant d'informations opérationnelles
que possible pour faciliter le travail des
professionnels du transport ».
Autre changement induit par l’économie
numérique, un prestataire de transport est
amené à s’équiper d'outils de traçabilité, c'està-dire d’ordinateur mobiles de capture et de
transmission des informations. En effet,
l’enregistrement d’une preuve de livraison en
temps réel devient un standard du métier. Le
livreur la fournit à son remettant, pour in fine,
valider la bonne marche de l’acheminement
auprès du donneur d’ordre.
« La traçabilité jusqu'au point de livraison,
validée par un récépissé et une signature
électronique, est devenue indispensable,
constate Norbert Berthelot. Une partie de nos
adhérents sont déjà équipés d'ordinateurs
mobiles, et la plupart envisagent de franchir le
pas rapidement », prévoit Norbert Berthelot. «
Tout va se mettre en place dans les prochains
mois, confirme Steven Lefrançois. Aujourd'hui
les solutions mobiles sont fiables et accessibles
avec un coût acceptable. Les technologies
évoluent vite, et nous voyons arriver des
applications pouvant fonctionner sur des
téléphones ou des PDA durcis. Cela simplifie
l'acquisition du matériel, qui constitue
l'essentiel de l'investissement d'une solution de
traçabilité. En ce qui concerne Translocauto,
nous sommes en phase finale d’acquisition.
Nous nous orientons sur du matériel robuste,
pour une question de productivité. En effet,
dans l'objectif de lire des codes barres afin de
valider les livraisons devant le domicile des
particuliers, dans des conditions lumineuses
parfois difficiles, et sans y passer trop de temps
sous peine de retarder toute une tournée, il
nous faut un lecteur performant. Ce n'est pas
encore le cas des appareils photos des
smartphones ».
Dans son choix matériel, le transporteur
considère les performances les ordinateurs
mais
aussi l'adéquation des briques
informatiques employées avec les standards
INOVERT. « En général, les fournisseurs
technologiques du transport et de la logistique
sont aussi des adhérents du GTF. La plupart des
éditeurs de logiciels intègrent déjà INOVERT.
Dans une démarche de traçabilité, il faut donc
s’assurer que l'informatique embarquée ou
mobile dialogue avec le logiciel de transport,
c'est via le TMS qu’elle communique avec les
remettants et les destinataires. Cela dit, il est
tout de même plus simple que la solution
mobile soit aussi compatible avec INOVERT
pour éviter une traduction ».
Construire ensemble l’avenir du transport
Comme on le voit dans ces réflexions métier
très pratiques et actuelles, les transporteurs
dialoguent de manière constructive au sein de
RESO comme du GTF. Ils échangent des retours
d'expérience, des conseils opérationnels sur
l'utilisation de tel ou tel TMS et des outils
mobiles de traçabilité. Ils rapportent leurs
besoins et font avancer les standards. Ils
avancent ainsi conjointement pour améliorer
l'efficacité de l'ensemble de la chaîne. « Le GTF
se nourrit des acteurs du terrain tel que nous,
note Steven Lefrançois. Nous apportons notre
vision d'indépendants, de PME, dont les règles
de fonctionnement sont différentes des grands
groupes de transports qui disposent de réseaux
intégrés. Les indépendants n'ont pas les mêmes
méthodes de travail, ni les mêmes tarifs, ni les
mêmes contraintes, notamment en termes de
concurrence avec d'autres acteurs locaux. Il est
donc plus complexe de se coordonner. Dans ce
cadre, les standards du GTF doivent permettre
de rationaliser l'ensemble des flux ».
Le patron de transport illustre son propos par
un exemple récent : « J'ai participé en début
d’année à une réunion du GTF traitant de la
reverse logistique (gestion et traitement des
déchets). Nous nous efforçons de définir des
schémas de travail, des processus communs à
standardiser, afin de que le GTF puisse
concevoir des messages adaptés. L'objectif est
d'améliorer les processus et donc la qualité de
service à nos clients sur ce marché très
concurrentiel. Les clients souhaitent en effet
bénéficier du même délai de transport au
retour (emballages vides, etc.) qu'à l'aller, avec
un transit de deux heures maximum. Cela nous
oblige à optimiser la chaîne logistique « reverse
» de la même manière. Il nous faut donc
dialoguer de manière automatique, avec des
messages standardisé par le GTF. C'est
aujourd'hui l'un des besoins les plus sensibles
de notre métier ».