Montréal, 26 septembre 2013 Madame, Monsieur

Montréal, 26 septembre 2013
Madame, Monsieur,
Lors de la prochaine réunion du Conseil d’arrondissement, vous serez appelé à prendre une
décision importante sur les changements de règlements autorisant la création d’une vignette
universelle (vignette 403) afin de favoriser l’introduction de la voiture en libre-service sans
réservation à Montréal.
Avant de prendre cette décision, Communauto tient à partager avec vous ses préoccupations
quant au développement optimal de ce service à Montréal.
Les chercheurs dans le domaine du transport s’entendent pour dire que le libre-service intégral
(partage d’autos sans réservation et avec la possibilité d’effectuer des trajets en aller seulement)
n’a pas encore fait ses preuves quant à sa capacité de ne pas augmenter le nombre de véhicules
en circulation et de ne pas cannibaliser l’offre du transport collectif et actif. Cela à la différence de
l’autopartage avec réservation ou « en boucle » pour lequel beaucoup de recherches ont été
conduites, celles-ci en démontrant les bénéfices sociaux et environnementaux.
Pour cette raison, plusieurs intervenants, dont la STM, Stationnement de Montréal, le Conseil
régional de l’environnement de Montréal, l’industrie du Taxi et, évidemment Communauto, ont
souligné, lors de la consultation publique sur ce sujet organisée par la Ville de Montréal, au
printemps, l’importance de fixer des conditions au développement de ce service afin de minimiser
ses impacts potentiellement négatifs avant que des évidences scientifiques ne viennent étayer ce
sujet.
Ce sont ces préoccupations qui ont amené Communauto à organiser, avec l’accord de la Ville de
Montréal, un projet pilote de voitures 100 % électriques en libre-service sur le territoire du
Plateau-Mont-Royal en collaboration avec certains opérateurs de taxi afin d’en étudier les
impacts et la faisabilité avec des véhicules électriques : le projet Auto-mobile.
Les résultats préliminaires que l’opération de ce service nous a permis de recueillir sont très
clairs à l’effet que le volet Auto-mobile de notre offre remplace un certain nombre de trajets qui
auraient autrement été effectués par d’autres moyens de transport (transport en commun, taxi,
marche, etc.) par des trajets en auto. Est-ce que ces résultats doivent nous amener à conclure
que ce service n’a pas sa place à Montréal ? Loin de là. Nous mentionnerons aujourd’hui, dans le
cadre d’une présentation publique qui aura lieu à la Maison du développement durable, qu’il
s’agit d’une offre de mobilité qui pourrait, malgré tout, potentiellement, avoir pour résultat net une
consolidation des offres concurrentes à la propriété individuelle de l’automobile et permettre une
réduction de la motorisation des ménages. Un autre constat découlant de ce projet pilote est que
l’utilisation de véhicules électriques semble une avenue potentiellement viable économiquement,
pour ce service, et constituerait une voie prometteuse pour en minimiser les impacts.
On voit là qu’il s’agit, pour le moment, uniquement de « bénéfices potentiels ». La prudence
s’impose, donc, et l’approche par étape adoptée à l’origine par la Ville de Montréal pour mieux
comprendre ce service et favoriser une discussion transparente reposant sur des faits, dans le
but d’encadrer son déploiement, nous apparaît toujours comme étant la meilleure pour permettre
aux Montréalais de se voir offrir, ultimement, ce qu’il y aura de mieux.
Pour ces raisons, Communauto croit que la permission d’accéder à une vignette dite
universelle pour des véhicules offerts en libre-service sans réservation devrait, à cette
étape, être conditionnée par les mêmes conditions que celles auxquelles Communauto
s’est astreint dans le cas du Plateau Mont-Royal :

l’utilisation de véhicules électriques

la transparence dans le partage des données afin de permettre d’avancer les
recherches dans ce domaine

la transparence dans le partage des données relatives au coût de ce service pour
permettre à la Ville de disposer de toutes les informations utiles pour en retirer le
meilleur
Au-delà du fait que votre arrondissement s’apprête à prendre une décision qui viendrait modifier
de manière importante les règles du jeu alors même que les principaux intervenants, dont nousmêmes, n’en avaient pas été informés (nous ne vous en tenons pas rigueur personnellement),
l’objet de la présente est surtout de vous inviter à bien peser les impacts que pourraient avoir le
fait de prendre la mauvaise décision sur cette question.
Le premier impact serait de priver Montréal d’un projet structurant basé sur la technologie
électrique.
Si l’accès aux vignettes 403 n’était pas conditionné par les éléments indiqués plus haut, même
Communauto pourrait être obligée, à cause de la compétition du véhicule à essence, à renoncer
à exploiter un parc électrique, éloignant Montréal de la possibilité de se voir implanter un tel
système sur son territoire.
Le second impact serait de priver la Ville de Montréal (ville centre et arrondissements) du rôle de
leadership qu’elle se devrait de jouer dans l’encadrement d’un tel service. La population semble
être enthousiaste à l’idée d’un tel service, des opérateurs sont disposés à le livrer sans frais et
clé en main. La ville centre et les arrondissements disposent de tous les pouvoirs pour encadrer
l’utilisation qui est faite de l’espace public qui s’avère être un ingrédient essentiel pour le succès
d’un tel service. Pourquoi abdiquer déjà dans l’utilisation de ce pouvoir et renoncer à tenter
d’obtenir ce qu’il pourrait y avoir de mieux pour les Montréalais ?
Quoi que vous décidiez, Communauto se rangera à votre décision et vous pourrez toujours
compter sur nous pour tenter d’offrir aux Montréalais ce qu’il y a de mieux pour améliorer leur
qualité de vie. Cela dit, si votre arrondissement supporte, à cette étape, l’émission de vignette
403 sans avoir bien défini les critères liés à leur obtention au préalable, nous resterons avec le
sentiment d’un rendez-vous manqué.
Je reste disponible pour répondre à vos questions, s’il y a lieu. De plus, nous vous ferons
parvenir toutes les informations qui seront rendues publiques ce matin.
Veuillez agréer nos meilleures salutations.
Benoît Robert
Président fondateur de Communauto