– Céline, la marque

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– Céline, la marque
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Décryptage
Texte & photo Romain Cole
Ma vie de
Courgette
Sortie le
19 octobre.
remplir la salle de projection cannoise (Sciamma
est une habituée des lieux) et a déclenché pléthore d’articles, dont celui-ci. Le danger est que
son nom prenne le pas sur celui du réalisateur,
Claude Barras, comme celui de Tim Burton avait
cannibalisé celui d’Henry Selick, réalisateur de
L’Étrange Noël de Mr Jack.
Quand on évoque l’idée avec Sciamma, elle
rectifie : « Dans le cas de Burton c’est quand même
toute sa direction artistique, ses croquis, bref tout
ce qui appartient pour le coup à Claude Barras sur
Courgette (le petit nom du film, ndlr), qui préexistait à l’écriture du scénario et qui était à l’origine de mon envie d’écrire pour ses personnages.
Je me suis vraiment mise au service de son univers.
Mais par contre j’y songe… je songe beaucoup à
faire attention à bien conserver ma place. Je me
méfie un peu d’une certaine dérive qu’il pourrait y
avoir, parce que c’est vraiment son film et que je ne
suis pas Tim Burton ! » Il faut dire que le naturalisme tendre de Courgette, sorte de Ken Loach
en pâte à modeler, rafle tous les prix (Angoulême
et Annecy), et est en passe de devenir l’une des
sensations de l’automne.
– Céline, la marque
Sensation cannoise inattendue, le premier film réalisé en stop-motion
de Claude Barras et scénarisé par Céline Sciamma sur la vie
et les tribulations d’une bande de gamins dans un foyer est aussi
un cas d’école en termes de marketing.
A
u lieu de compter sur un casting de voix
star pour assurer la promo, celle-ci repose essentiellement sur la plus connue
de toute la cordée, Céline Sciamma qui officie
d’habitude dans le cinéma d’auteur français
(La Naissance des pieuvres, Tomboy, Bande
de filles). Ici, la réalisatrice est juste scénariste,
un job qu’elle a fait pour Téchiné (Quand on a
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Il s’agit maintenant de déterminer à quel
point le marketing, en mettant en vedette cette
scénariste à la notoriété envahissante n’a pas
blessé l’ego de Claude Barras. Le réalisateur
suisse rit gentiment dans le téléphone : « Ce sont
mes producteurs suisses qui m’ont proposé de travailler avec Céline, je venais de découvrir Tomboy
que j’avais adoré. Sans qu’on ait passé beaucoup de
temps à discuter, on au eu une complicité naturelle.
Au-delà de son travail artistique qui a été un gros
apport pour le film, pour des enjeux stratégiques et
de renommée, son nom a clairement joué un rôle et
je l’en remercie. Mais maintenant, le film fait sa vie
au-delà de moi et au-delà d’elle. Plus on a affaire à
du public réel, plus il s’émancipe de tous ses créateurs. » Courgette est peut-être le symptôme
d’un cinéma où le rayonnement des uns profite
aux autres, un cinéma de l’huile de coude et de la
ruse, qui revendique ses stratégies autant que son
labeur. Le succès du film et la fin d’un discours
marketing policé signeraient, en tout cas, un vrai
changement d’époque.
ants. Forcé17 ans) ou la série télé Les Revenants.
ment inattendu de la retrouver à cee générique,
mais du coup, forcément excitant. Comme une
te de son orfaçon de sortir Ma vie de Courgette
lacer straténière de film pour enfants et de le placer
giquement sur l’échiquier du cinémaafrançais.
français. Le
nom de Céline Sciamma a ce pouvoir.. Il a favorisé
te permis de
le financement du film, lui a sans doute
22/09/2016 19:32

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