timDépute lJaîk

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timDépute lJaîk
Date : 11/02/2012
Pays : FRANCE
Page(s) : 8-9
Rubrique : TV MAGAZINE *
Périodicité : Hebdomadaire
| m TV MAGAZINE *
ti m Députe lJaîk
Lajeune écrivaine
au cœur de l'affaire
Strauss-Kahn
a reçu TVMagazine
chez elle. Entretien
à cœur ouvert
Samedi
IdBJIiilMtj
L
18 heures
epuis le 14 mai 2011,
date de l'explosion
de l'affaire DSK
à New York, le regard
de Tristane Banon sur
la télévision n'est plus le
même. La jeune femme
y est devenue une « star » malgré elle
lorsque le petit écran s'est souvenu du
récit de son agression sexuelle, lâché
sur un plateau de Thierry Ardisson.
Aujourd'hui, alors qu'elle cherche
à se reconstruire psychologiquement
et professionnellement,
elle explique
les raisons de sa présence à l'écran,
ses goûts télé, sa nouvelle façon de
suivre les programmes, et ce qu'elle
retient d'une expériencedouloureuse
à laquelleil est difficiled'échapper
après des années de combat.
Combien de fois avez-vous été invitée
sur des plateaux télé ?
J'y suis allée très peu, même si l'on y a
souvent parlé de moi. Probablement
moins de dix fois. Dès que je fais une
seule interview, elle est reprise partout,
amplifiée, déformée et interprétée.
Aviez-vous vraiment envie
de travailler dans cet univers ?
Pas du tout. Je suis avant tout une grande
fan de radio. Quand je commentais le
sport chez Saccomano sur LCI, j'avais des
préoccupations nouvelles sur mon phy
sique et cela me dérangeait. Je n'avais
pas envie que mon métier m'oblige à
penser à ça.
Alors, pourquoi acceptez-vous
des chroniques télé aujourd'hui
dans Ça balance à Paris ?
15 mai, personne n'aurait été choqué de
me voir reprendre mon boulot.
D'abord, elles m'ont été proposées, et le
concept de l'émission de Naulleau me
plaît. J'avais aussi besoin de retrouver
mon boulot dans le domaine du jour
nalisme culturel - livres, films, disques,
théâtre... -,de retrouver une équipe après
avoir vécu en vase clos avec mon avocat
et sa compagne pendant longtemps. Pour
moi, c'est une façon de reprendre la vie.
Aujourd'hui, vous ne regardez plus
la télévision de la même manière.
Pourquoi ?
Sans parler des motivations
économiques...
Evidemment. Ceux qui me critiquent me
font doucement rire sachant que, comme
tout le monde, j'ai besoin de gagner ma
vie. Si j'avais été charcutière avant le
Bébé de la télé, j'étais vraiment « télévore » jusqu'en mai dernier, au point de
connaître toutes les pubs et les horaires
de programmes par cœur. Cette frénésie
s'est arrêtée parce que je me suis rendu
compte que j'en étais inconsciemment
esclave. Mon premier choc est survenu
le jour où je suis tombée sur un repor
tage qui parlait de moi. Tout à coup, j'ai
pensé : « Mais ils ne m'ont pas demandé
mon avis ». Alors j'ai éteint tout de suite,
je suis allée sur Internet et j'ai compris
ce qu'était la télévision à la demande.
Tous droits de reproduction réservés
Date : 11/02/2012
Pays : FRANCE
Page(s) : 8-9
Rubrique : TV MAGAZINE *
Périodicité : Hebdomadaire
moi ». Malgré tout, je crois aussi que les
gens n'ont pas voulu entendre ce que j'ai
dit et que l'avantage de cette émission est
d'avoir permis d'expliquer une réalité
commune à toutes les victimes de vio
lence sexuelle. L'autre avantage non né
gligeable de l'émission est d'avoir pris
date. Sans elle, on aurait pu penser que
j'avais inventé cette histoire après celle
de Nafissatou Diallo.
Dans quelle émission française
la femme vous semble-t-elle
le plus valorisée ?
Les Maternelles, sur France 5. C'est l'une
des rares où les expertes sont souvent des
femmes. En économie, par exemple, cha
que fois qu'un expert est invité, c'est un
homme. Comme si les femmes ne sa
vaient pas compter.
Si vous aviez des enfants, comment
géreriez-vous la consommation
télé dans le foyer ?
J'inventerais la chaîne de la maison
parce que je crois que certaines choses
diffusées sont trop violentes. L'excès
d'angoisse, je l'ai beaucoup connu moimême parce que ma mère ne m'a pas
suffisamment protégée de ces images.
tvmag.com Ti
Et les chaînes d'infos ?
Avant le 15 mai, je les regardais, mais,
depuis, j'ai compris ce que c'était que de
devenir de la chair à chaînes d'infos, qui
ont besoin de nourriture en continu. Du
coup, je suis beaucoup plus circons
pecte sur la qualité de leurs sources... Je
n'oublie pas que ce sont ces chaînes qui,
les premières, ont fait courir le bruit
d'une plainte que j'aurais déposée dans
un commissariat du XIe arrondissement
à Paris, selon mon compte Twitter, alors
que je n'avais pas de compte Twitter !
Un minimum de vérifications s'impose,
même quand on travaille en temps réel.
C'est d'ailleurs le principal problème de
ces chaînes qui, parce qu'elles sont en
continu, ne prennent pas toujours le
temps de vérifier.
Vos pire et meilleur souvenirs télé ?
Les anges dela téléréalitésva NRJ 12.Pathé
tique, absolument grotesque ! Pour le
meilleur, je citerai l'émission de France 3
Strip-Tease. Grâce au Net, j'en découvre
de nouveaux.
Avec le recul, ne regrettez- vous pas
d'avoir évoqué pour la première fois
un problème aussi grave que le vôtre
dans une émission de divertissement
comme celle d'Ardisson ?
Aujourd'hui, 332 ans, si Thierry Ardis
son me lançait sur cette question comme
il l'a fait en 2007 dans 93 Faubourg Saint
Honoré,je dirais simplement que ce n'est
ni le lieu ni le moment d'en parler et, en
cas d'insistance, je me lèverais de table
en disant : « Continuez le dîner sans
Quelle vérité sur la télé
aimeriez-vous partager ?
La vérité n'est pas essentielle pour la
télévision. La vérité et la contre-vérité
sont présentées sur une même échelle et
cela est redoutable parce que les téléspec
tateurs n'ont pas conscience de la réalité.
Aujourd'hui, l'information passe très
souvent du ragot à l'écran sans aucun
filtre. Et, lorsque le mal est dit, le mal est
fait.
Et si certains pensent encore
que vous avez fait tout cela
pour passer a la télé ?
Cela illustre simplement les ravages de
la téléréalité. Avant 2000, personne
n'aurait imaginé que j'aurais pu me met
tre dans une histoire aussi violente pour
passer à la télé, mais, dès lors que des
gens sont prêts à faire n'importe quoi
pour y parvenir, tout est permis. Non, la
télévision ne rend pas la vie mer
veilleuse. Elle est un travail comme un
autre, un monde peut-être un peu plus
violent. Parce qu'il n'épargne rien. O
PROPOS
RECUEILLIS
PAR
EMMANUELGAUERO
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