Un enfant différent dans la classe

Transcription

Un enfant différent dans la classe
LUNDI 11 NOVEMBRE 2013 LE NOUVELLISTE
SION
VALAIS
LE NOUVELLISTE
Joyeux drilles
en vieille ville
Week-end en fanfare pour
la capitale qui a accueilli les
délégués du carnaval suisse.
Une première. PAGE 12
MONTHEY | MARTIGNY | SION | SIERRE
5
jpr - ar
VALAIS
INTÉGRATION Une classe de Saxon accueille une fillette handicapée chaque vendredi. Reportage.
Le spot qui énervait
la police a été primé
Un enfant différent dans la classe
Le spot promotionnel de Valais
tourisme mettant en scène un
chasse-neige qui double, à près
de 100 km/h, une voiture sur une
route valaisanne au péril de sa
vie, a été récompensé la semaine
dernière au Prix suisse Edi.13.
Réalisée par une boîte de
production zurichoise, cette vidéo
de décembre 2012 avait pour
objectif de vanter les belles
conditions d’enneigement du
canton. «Ce film génère une
attention à 100% et communique
clairement les messages
importants grâce à l’humour
authentique des protagonistes (...)
que nous n’allons donc pas
oublier de sitôt. C’est une
performance qui mérite un Edi.
d’or», a estimé le jury du prix
suisse Edi.13.
A noter que ce spot avait
fortement irrité la police
cantonale valaisanne à l’époque.
«Il cumule une série d’infractions
contre lesquelles nous essayons
de faire de la prévention», avait
expliqué Jean-Marie Bornet,
porte-parole de la police
cantonale. CSA
CHRISTINE SAVIOZ
14 h 45. L’heure de la récréation. A l’école enfantine et primaire de Saxon règne un parfum
de fête. Les enfants se réjouissent d’avoir quelques minutes
pour se défouler. Une cour de récré comme toutes les autres.
Dans le bâtiment, les classes se
ressemblent. Sur chaque porte
figure le nom de l’enseignant. Au
troisième étage, un rollator est
posé devant l’une des portes,
seul indice qui distingue cette
classe de 4e primaire des autres.
C’est là que se rend Manon, une
fillette handicapée de 10 ans,
tous les vendredis après-midi
pour suivre les cours dans une
classe «normale».
«Un rayon de soleil»
Soudain, Manon apparaît dans
le couloir au bras de Katia Santos
Figueiras, l’éducatrice spécialisée de l’institut Notre-Dame de
Lourdes qui suit la fillette depuis
cinq ans. «Je l’amène tous les vendredis après-midi ici et l’accompagne pendant les cours», explique
la professionnelle. L’enseignante
de la classe, Suzanne Fink
Canossa s’approche du duo.
«Alors Manon, prête à rejoindre
les autres à la récré?» La fillette
s’installe derrière le guidon de
son rollator avec enthousiasme
et se précipite dans la cour.
Pour l’enseignante, comme
pour ses élèves, le vendredi
après-midi a une autre couleur
que le reste de la semaine, grâce
à la présence de Manon. «C’est
Manon (à droite) se rend dans une classe «normale» de l’école primaire de Saxon chaque vendredi. L’exemple d’une intégration réussie. LE NOUVELLISTE
notre rayon de soleil ce jour-là. Je
vois d’ailleurs les enfants heureux
lorsque Manon est là.» La récréation à peine achevée, les premiers enfants de la classe arrivent en courant pour la prochaine étape de la journée: passer un moment quasiment en
tête à tête avec Manon. Pour faciliter la vie de la classe, des ateliers de 4 élèves sont organisés
avec Manon et son éducatrice
dans une petite salle. «Tous font
des petits jeux de socialisation et
apprennent des nouveaux signes
pour communiquer avec Manon.»
Soutien gestuel
Le premier groupe de quatre
élèves se rend alors dans la petite
salle pour jouer avec Manon.
Commence ensuite le rituel des
salutations de bienvenue. «Bonjour-je-m’a-ppelle-A-na», énonce
= L’AVIS DE...
«Avant, j’avais peur des gens comme Manon»
«Je suis avec Manon depuis la première enfantine. Je la connais bien maintenant. Je la
comprends et on peut communiquer avec les
gestes», raconte Sacha, nullement impresSACHA
ÉLÈVE DE LA 4P
sionné par les cris lancés parfois par Manon.
«Je me bouche les oreilles! Avant de connaître Manon, j’avais peur des personnes
comme elle. Je me cachais derrière ma maman quand on en rencontrait dans la rue.
Aujourd’hui, je n’ai plus du tout peur.» CSA
«Manon est heureuse de venir ici»
KATIA SANTOS
FIGUEIRAS
ÉDUCATRICE
SPÉCIALISÉE À
NOTRE-DAMES DE
LOURDES
«Chaque fois que l’on arrive vers l’école de
Saxon, Manon affiche le sourire. Elle est très
motivée à sortir de la voiture pour retrouver
ses copains», raconte Katia Santos Figueiras.
C’est simplement une enfant différente.»
La fillette de 10 ans souffre d’un handicap
dont le diagnostic n’est pas défini. Elle a cependant des difficultés pour marcher et pour
s’exprimer. «Elle arrive à dire quelques mots
plein de nouveaux mots et progresse beaucoup, car elle se bat pour faire ce que les autres font. Ici, pour elle, c’est aussi un moment
de plaisir. L’expérience est superbe pour Manon et ses camarades de classe qui peuvent
apprivoiser la différence.» CSA
et comprend quand on scande bien les syllabes en appuyant nos propos par les gestes.
Manon suit des cours à Notre-Dame de Lourdes la semaine et passe les vendredis aprèsmidi dans la classe de Saxon. «Elle apprend
une fillette en accompagnant
chaque syllabe d’une tapette sur
sa poitrine. «Ce soutien gestuel est
le moyen qu’on a trouvé pour que
Manon comprenne ce qu’on dit. Si
on prononce la phrase sans scander les syllabes, elle est perdue»,
explique Katia Santos Figueiras.
Manon parvient, elle aussi, à
saluer ses camarades et donner
son prénom, par la même méthode. Au fil des mois, les élèves
ont appris plusieurs mots par signe et font des phrases pour
communiquer avec Manon.
«Avec les gestes, on arrive à rigoler
ensemble, c’est trop bien cette année», souligne Nathan.
Créer le lien par des jeux
Au cours de l’atelier, qui dure
une vingtaine de minutes pour
chaque groupe, l’éducatrice spécialisée fait le lien entre tous, par
des jeux et des lectures. «Votre
groupe avait-il déjà fini le livre du
Docteur Rêve?», demande-t-elle.
«Non, on avait juste commencé»,
répond Nyssa. Katia Santos
Figueiras sort alors le petit livre
et commence la lecture pour
tous. «Oui, tu pourras prendre le
bouquin dès que j’ai fini», rassuret-elle Manon, impatiente de toucher le livre.
Au bout du quatrième et dernier atelier de l’après-midi,
Manon ne cache pas sa fatigue.
Elle se lève souvent et peine à se
concentrer sur l’activité proposée par l’éducatrice. Soudain,
agacée, elle crie à pleins poumons. Katia Santos Figueiras la
calme immédiatement en parlant avec elle. «Cela arrive en fin
de journée, mais comme je la connais bien, j’arrive à l’apaiser.»
Devant la petite crise de Manon,
les autres élèves ne semblent
guère effrayés. «Quand elle crie
trop fort, je me bouche les oreilles
et ça passe», raconte Gilian.
16 h 15. Tous les élèves se retrouvent dans la salle de classe
pour le traditionnel bilan.
Chaque enfant lève la main pour
dire s’il a passé une bonne journée ou pas. Sur les dix-neuf élèves, seul l’un d’entre eux est peu
satisfait de son vendredi. «C’est
juste parce que j’aime pas l’école»,
justifie-t-il. Tous les autres sont
heureux de cette dernière journée de la semaine grâce à la présence de Manon, affirment-ils.
«J’aime bien quand elle est là»,
conclut simplement Nyssa. +
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CONFÉRENCE À SION
Des solutions
naturelles pour des
problèmes féminins
50 à 70% des femmes souffrent
de bouffées de chaleur en
période de ménopause, précise
Brigitte de Quay.
Docteur en pharmacie,
homéopathe et phytothérapeute,
elle donnera une conférence sur
les solutions naturelles pour les
problèmes féminins ce mercredi
à l’aula François-Xavier
Bagnoud à Sion, à 20 heures.
Si certaines femmes prennent
des hormones pour atténuer les
désagréments dus à leur âge,
d’autres préfèrent choisir la
méthode naturelle. «Certaines
plantes sont vraiment efficaces,
comme le gatillier ou le soja. On
remarque d’ailleurs que dans les
pays asiatiques où les habitants
consomment beaucoup de soja,
les femmes ne connaissent
quasiment pas de problèmes de
ménopause», ajoute Brigitte de
Quay qui évoquera aussi les
soucis d’acné, de menstruations
avec les maux de tête, les
tensions mammaires, voire
même une mini dépression, bref
de tous les désagréments que
connaît la femme au long de sa
vie, de son adolescence à la
ménopause. CSA
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«C’est une ouverture à la différence»
C’est la première année que Suzanne Fink
Canossa accueille une élève handicapée
dans sa classe. «C’est un choix. La directrice
SUZANNE FINK
CANOSSA
ENSEIGNANTE DE
4E PRIMAIRE DE
SAXON
a demandé aux trois enseignants de 4e primaire qui voulait accueillir Manon et j’ai décidé de tenter l’aventure.»
Pour l’enseignante, l’intégration est réussie
grâce au comportement de Manon – qui
parvient à se socialiser – et aussi au soutien
de l’éducatrice spécialisée toujours présente
aux côtés de la fillette. «Sans elle, ce serait
impossible de réussir. Cela se passe bien aus-
si parce que c’est un après-midi par semaine,
cela ne serait pas possible sur une semaine,
car cela demande beaucoup d’énergie, mais
de l’énergie positive!»
les menus du jour en un clic
Suzanne Fink Canossa ajoute que ses dixneuf élèves sont très attachés à Manon. «Si
elle ne peut pas venir un des vendredis, ils
sont tout de suite tristes. Ils la soutiennent et
la défendent dans la cour de récréation si nécessaire… C’est clair que c’est une véritable
ouverture à la différence. Je suis à 100%
pour!» CSA
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