Chapeaux Molons et guêtres de cuir

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Chapeaux Molons et guêtres de cuir
T309418int
9/10/03
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événement
CHAPEAUX
MOLONS
et
GUÊTRES
de
CUIR
Sous leurs allures de mousquetaires de carnaval, ce sont les rois
de la galéjade, les spécialistes de la contrevérité, les inconditionnels de la farce. Bref, les Molons sont des fieffés menteurs.
Et fiers de l’être !
F
Durant les Fêtes de Wallonie,
les Molons animeront la réception
de l’Hôtel de Ville
le samedi 20 septembre (12h)
et se produiront les 20 et 21 septembre
(rue de Bruxelles).
Concert de gala le 25 octobre à l’église
Saint-Loup de Namur avec une chorale
wallonne et Robert Delieu
en diseur de poèmes.
Société royale Moncrabeau
35 rue du Collège à Namur
Président : Daniel L’Hoir
tél : 081 72 98 11 (journée)
et 081 24 39 51 (soirée).
aut dire, cela fait 160 ans qu’ils badinent.
Entre deux sornettes ou chansonnettes, ils en
profitent pour faire la quête au profit des plus
démunis. Car les Molons, s’ils aiment s’en
payer une bonne tranche, ont aussi le cœur
sur la main, comme en témoigne leur devise « Plaisir
et charité ». Depuis sa création, la plus ancienne société folklorique de Wallonie revendique ainsi son caractère philanthropique.
Retour aux origines. Nous sommes au 19e siècle. Une
bande de gais lurons a pris l’habitude de se réunir
dans un bistrot à la Plante, histoire de pousser la chansonnette et s’en raconter des biens bonnes. A cette
époque, Namur est encore ceinturée de remparts et
pour retourner en ville, le soir tombé, nos joyeux lascars doivent franchir la porte de La Plante et s’acquitter d’une taxe. Las de devoir délier les cordons de la
bourse, certains décident de quitter les berges de
Meuse pour s’établir rue du Collège à Namur. Ils donnent naissance, le 27 septembre 1943, à la société
Moncrabeau, clin d’œil à cette petite ville de Gascogne
célèbre par ses habitants blagueurs et son Académie
des menteurs.
A l’instar des hommes verts de l’Académie française, la
Moncrabeau fixe le nombre des participants à quarante. Elle se choisit le nom de Molon qui signifie « larve
du hanneton » (la Moncrabeau accueille quelques
pécheurs !) mais décrit aussi un homme à l’esprit
joyeux et sociable (« il a un hanneton dans la tête » à
ne pas confondre avec « une araignée dans le
plafond » !).
Pour le déguisement, les Molons s’inspirent du costume des mousquetaires auquel ils ajoutent un brin de
fantaisie : cape bleue, guêtres de cuir rouge ornées
d’arabesques d’or, culottes de cavalier noires et justau-
corps de cuir orné du blason de la société, chapeau
noir d’astronome tronqué au sommet, garni du chiffre
" 40 " et du sigle " M ".
Figure légendaire des Moncrabeau, le musicien
aveugle Nicolas Bosret prend la direction de l’orchestre.
On lui doit plus de 80 chansons dont le célèbre " Bia
Bouquet ", agréé comme chant officiel des Namurois
par le Conseil communal en 1856. C’est Bosret qui aura
l’idée d’un char en forme de trapèze sur lequel s’étagent les quarante musiciens. D’autres Namurois prendront la baguette, dont Ernest Montellier, directeur
musical pendant plus de 50 ans, Jean Denison qui a
eu la lourde tâche de succéder au Ness et Léonce
André, désormais, le plus vieux Molon.
La fantaisie des Molons se manifeste dans le costume
mais aussi dans le choix des instruments aux sonorités
cocasses et aux formes bizarroïdes : serpents, vielles,
flageolets, tête de vache, mirlitons agrémentés d’un
pied de table ou d’une passoire.
Quand ils ne chantent pas et ne jouent pas de la
musique, les Molons, on l’a dit, racontent des cracks.
Leur traditionnel « Concours des Minteries » vient de se
dérouler autour de la chaise de Vérité, en face du
Théâtre royal. Destiné, à l’origine, aux seuls Molons, il
est ouvert depuis 1972 à tous les Namurois, pourvu
qu'ils aient de l’humour, le manient à bon escient (pas
question de nuire à son prochain ou de transformer le
concours en tribune politique) et petit plus, sachent
causer wallon. Paraît que certaines professions, telles
que médecins, avocats, politiciens, journalistes, n’ont
pas besoin de passer l’examen d’entrée. Elles reçoivent
leur diplôme d’office, habituées qu’elles sont à raconter des mintes. Mais ça, c’est un Molon qui le dit. Et
avec les Molons, allez savoir …
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sept 2003 namur magazine