16 jours d`activisme contre la violence sexo-specifique

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16 jours d`activisme contre la violence sexo-specifique
Avant et au delà des
16 JOURS D’ACTIVISME CONTRE LA
VIOLENCE SEXO-SPECIFIQUE
Article de Sylvia Namale et Fatoumata Toure
Depuis longtemps, les militantes de tous les pays du monde participent aux festivités
commémorant les 16 jours d’activisme contre la violence sexo-spécifique. Le thème de la
campagne s'articule autour des droits fondamentaux de la femme sont des droits humains
fondamentaux et la violence sexo-spécifique constituent une violation des droits humainsmessage phare du mouvement féminin. reconnaissant le fait que la violence concerne tous
indépendamment de la race , classes, culture et religion, la Campagne de 16 jours contre la
violence présente l'occasion pour les militantes de se concerter , se solidariser et des tirer des
leçons pendant cette période d’activités intenses sur le plan international pour obtenir l’appui à
leurs démarches locales.
L’histoire nous enseigne
Le règne de terreur en République Dominicaine
La nuit du mardi 30 mai 1961, Rafael Leonidas Trujillo Molina, est mort assassiné par balles le
long du Boulevard San Cristobal à Santo Domingo. Il avait dirigé la République Dominicaine
depuis 1930 jusqu'à son assassinat. Son règne de tyrannie fut connu comme "La Era de Trujillo”
ou l’époque Trujillo, l’une des périodes les plus ensanglantées du 20e siècle.
Ci-dessus les sœurs Patria Mercedes Mirabal (27 février 1924 – 25 novembre 1960), María
Argentina Minerva Mirabal (12 mars 1926 – 25 novembre 1960) et Antonia María Teresa
Mirabal (15 octobre 1935 – 25 novembre 1960) — étaient nées en République Dominicaine, et
elles étaient fortement opposées à la dictature de Rafael Trujillo. Une quatrième sœur, Bélgica
Adela dite "Dedé" Mirabal-Reyes (1mars 1925 – à nos jours) n’était pas tuée mais, rescapée,
elle nous raconte l’histoire de ses sœurs. A l’heure actuelle elle vit à Ojos de Agua, Salcedo en
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République Dominicaine. Elle habite la maison où les sœurs étaient nées et elle s’occupe du
musée en leur mémoire dans la ville ou les femmes on vécu leurs dix derniers mois sur terre.
Doña Dédé vient de publier un ouvrage intitulé “Vivas en el Jardín", (Elles vivent dans le jardin)
paru le 25 aout, 2009.
La maison familiale à Ojos de Agua, aujourd’hui le
musée des sœurs Mirabal
Filles d’un richissime commerçant, les sœurs Mirabal
ont grandi dans un milieu cultivé, propre a la haute
classe moyenne. A l’avènement du régime Trujillo, la
famille a perdu presque toute sa fortune. Minerva était
farouchement déterminée à mettre fin a la dictature de
Trujillo elle s’est impliquée dans le mouvement anti-trujilliste.
Trujillo était épris de la jeune Minerva depuis qu’il avait dansé avec elle lors d’une fête à San
Cristobal en 1949. L’étudiante ayant rejeté Trujillo et ses propositions d’amour, le dictateur a
donné l’ordre qu’elle ne soit pas inscrite au barreau à la fin de ses études malgré son diplôme en
droit. Ses sœurs lui on emboité les pas et elles ont crée un mouvement d’opposants au régime
Trujillo, connu tout simplement comme le Mouvement du 14 juin avec pour mot de passe “las
mariposas” –les papillons.
La persécution politique et le harcèlement sexuel
Minerva Mirabal et sa sœur Antonia María Teresa étaient emprisonnées et torturées à plusieurs
reprises. Les maris de toutes les trois sœurs ont connu le même sort à la tristement célèbre prison
de La Victoria à Santo Domingo. Mais elles ont poursuivi sans relâche, leur lutte contre la
dictature. Au bout de nombreux emprisonnements, Trujillo a décidé de s’en débarrasser une
bonne fois pour toutes.
Il y plusieurs circonstances qui semblent avoir poussé Trujillo à éliminer les sœurs Mirabal. Elles
représentaient une menace à son régime parce qu’elles étaient bien connues et admirées partout
dans le pays. Trujillo les a emprisonnées, détruit ou confisqué leur fortune et leurs avoirs, mais
en dépit de toutes ses manouvres, Minerva, Patria et Maria Teresa se sont acharnées dans la lutte
pour le rétablissement de la démocratie et les droits civiques en République Dominicaine. C’était
un secret de Polichinelle que Trujillo, un homme marié, faisait la cour aux jeunes filles et il
entretenait de nombreuses maitresses dans ses palais partout dans le pays.
Trujillo a fait un recrutement sélectif car il fallait des sbires prêts à commettre un crime aussi
atroce. L’escadron de la mort est venue de la sureté militaire, agence à l’ origine de l’élimination
de plusieurs opposants au régime. Ainsi, l’officier Alicinio Peña Rivera a désigné : Ciriaco de la
Rosa, Ramon Emilio Rojas, Alfonso Cruz Valera, et Emilio Estrada Malleta.
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L’assassinat odieux
Le 25 novembre 1960, trois des quatre sœurs Mirabal — Patria, Minerva, et Maria Teresa —
ont pris la route de Salcedo vers le Nord à Puerto Plata accompagnées de leur chauffeur Rufino
de la Cruz pour rendre visite à leurs maris emprisonnes à La Cuarenta. Il faisait déjà nuit quand
ils ont quitté la prison sous une tempête. Le long de la route Santiago-Puerto Plata, qui relie les
deux grandes villes, leur véhicule a été stoppé par les agents de Trujillo. Il s’avère difficile voire
impossible pour nous qui n’avons pas assisté à ce meurtre d’expliquer ce qui s’est passé avec
exactitude, et pour cette raison nous avons extrait du CD-ROM de l’Encyclopédie dominicaine
de 1997 le fragment suivant du tueur Ciriaco de la Rosa :
Les assassins parlent
“Après avoir stoppé le véhicule, nous les avons emmenés vers un endroit prés du gouffre et j’ai
dit à Rojas de prendre une matraque et l’une des filles, il a obtempéré et il pris celle qui avait
de cheveux longs(Maria Teresa).Alfonso Cruz a pris la plus grande (Minerva) et Malleta le
chauffeur, Rufino de la Cruz. J’ai donné l’ordre à chacun de pénétrer la plantation à canne à
sucre au bord de la route et on les a séparés pour qu’ils ne se rendent pas compte de l’exécution
des autres. J’ai demandé à Perez Terrero de veiller sur la route pour qu’on ne nous surprenne
pas. Voila la vérité de la situation. Je ne veux pas mentir devant la justice ou l’Etat. J’ai essayé
d’éviter la catastrophe mais je ne pouvais pas parce que, si je l’avait fait, Trujillo nous aurait
éliminé tous.”
C’est ainsi que les sœurs Mirabal et Rufino de la Cruz étaient achevés à coup de massue au bord
d’une route dans les montagnes entre Puerto Plata et Santiago. Patria avait 36 ans, Minerva en
avait 34, et Maria Teresa 24. Cet acte ignoble a entrainé des conséquences graves pour Trujillo.
Leur voiture, une Jeep était poussé dans un simulacre d’accident au bout d’un précipice mais tout
le monde savait que Trujillo avait commandité l’assassinat, La meurtre de trois femmes sans
défense, était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase et cela a signalé le début de la fin pour le
régime de Trujillo.
les sœurs Mirabal sont enterrées à Ojos de
Agua dans la propriété où se trouve leur
deuxième maison familiale qu’elles avaient
habitée avant de mourir. La maison a été
transformée en musée public qui porte leur
nom. Manolo Tavares, le mari de Minerva,
est enterré aux côtés des trois sœurs.
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L’héritage des sœurs Mirabal
L’universitaire dominicaine Julia Alvarez a écrit un livre intitulé “En
el tiempo de las Mariposas” (Au temps des papillons) qui a servi de
scénario pour un téléfilm réalisé en 2001 avec Salma Hayek en
vedette. La fille de Minerva (Minerva Tavarez Mirabal) dite Minou,
(à gauche), diplômée de l’Université de la Havane a entamé une
carrière politique et elle a servi comme Vice Ministre des affaires
étrangères de la République Dominicaine. Très dynamique, elle est
actuellement Sénatrice à Santo Domingo. Un neveu des sœurs
Mirabal, Dr. Jaime Fernandez Mirabal, le fils de Doña Dédé a occupé
le poste de Vice-président de la République dominicaine entre 19962000. Le 21 novembre 2007, leur région natale Salcedo a été
rebaptisée et désormais elle porte leur nom -Provincia Hermanas
Mirabal. (Région Sœurs Mirabal)
Le 17 décembre 1999, l’Assemblée générale des Nations Unies a désigné la date du 25 novembre
(date anniversaire de l’assassinat des Sœurs Mirabal) pour commémorer la Journée internationale
pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes en leur mémoire. En cette date on
commence à commémorer les 16 jours d’activisme contre la violence sexo-spécifique jusqu’au
10 décembre, Journée internationale des droits humains.
Cet article est basé sur le site internet
www.learntoquestion.com/seevak/groups/2000/sites/mirabal/Spanish/Asesinato/asesinato3.html
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