Le sujet d`invention : QUID ? QUOMODO ? Il requiert les qualités

Transcription

Le sujet d`invention : QUID ? QUOMODO ? Il requiert les qualités
Le sujet d’invention : QUID ? QUOMODO ? *
Un des trois « travaux d’écriture » que l’élève peut prendre au bac de français, à l’écrit,
Il ressemble dans sa formulation et sa rédaction, aux sujets d’écriture imaginative donnés au collège (les
« rédactions »).
Il est noté donc sur 16 pts /20 pour les séries générales au bac, sur 14 pts pour les séries technologiques, et doit
occuper les ¾ du temps de l’élève, c’est-à-dire 3 bonnes heures.
Un principe-clé : 50% de la consigne d’un sujet d’invention est donné de façon implicite, 50%, concernant les critères
d’attente (et donc donnant lieu à l’évaluation) sont implicites. Il faut donc bien analyser les mots du sujet.
Il requiert les qualités suivantes :
-
-
Attention portée aux termes du sujet,
Imaginaire développé,
Bonne culture, permettant d’écrire « à la façon de », en imitant le style d’un auteur (= le pastiche ou la parodie),
ou en repérant bien les codes d’écriture propres à un type de texte (ex. l’argumentation et les codes de
l’argumentation, ses stratégies, ses moyens rhétoriques par exemple), ou à une époque à laquelle il faut se
conformer (on évitera ainsi les anachronismes…),
Bonne maîtrise de la langue : syntaxe, orthographe, vocabulaire riche, capacité à distinguer des niveaux de
langue, capacité à faire vivre un texte (= le rendre expressif, vivant, sens du rythme), distinction oralité/langue
écrite…
Exercice proposé aux 203, après avoir vu le film de GODARD, A bout de souffle :
Vous rédigerez de façon argumentée et étayée, la critique du film « A bout de souffle »,
(réal. JL GODARD), vu dans le cadre de « lycéens au cinéma ».
Analyse du sujet :
-
Distinguer ARGUMENTER = structurer, de façon progressive et hiérarchisée de ETAYER = illustrée (= avec des
exemples, des évocations précises de certaines scènes du film, de certaines de ses techniques).
Critique : terme polysémique.
LA critique désigne le propos qui juge (bien ou mal), LE critique désigne la profession de celui dont le métier est de
critiquer. Exemple : Baudelaire était critique d’art fin 19e siècle.
Au sens strict, étymologique, critiquer = juger, distinguer en grec ancien (« krineïn ») ; dans le sens courant, le
mot se trouve chargé d’une connotation négative et critiquer revient souvent à dévaloriser, blâmer.
-
Qu’est-ce qu’une critique d’art, y compris cinématographique ? -Un discours argumentatif, où il s’agit d’énoncer
une thèse (point de vue global que l’on défend), d’avancer des arguments (= preuves, raisons, justifications), et
d’illustrer à l’aide d’exemples (cas précis et concrets qui permettent de mieux faire comprendre).
1
-
Un discours argumentatif veut agir sur son destinataire, il veut être actif et efficace, il est tourné vers un
interlocuteur que l’on cherche à convaincre et/ou persuader.
La critique de film, quelques points à savoir :
C’est un genre quasi littéraire, parfois illustré par des auteurs littéraires (Pasolini, en Italie fut ainsi à la fois
poète, romancier, cinéaste lui-même et critique reconnu dans les années 1960). Elle peut se présenter de trois
façons.
•
•
•
Critiquer en affirmant clairement : c’est la critique vive, et virulente. C’est la critique –plaidoyer/réquisitoire,
celle qui prend partie, ouvertement, et veut nous faire adhérer à une opinion tranchée. C’est souvent ce que
faisait Pasolini qui choisissait de valoriser ou dévaloriser un film (il avait vigoureusement défendu « le désert
rouge », film de son compatriote Antonioni à sa sortie).
Critiquer en présenter le pour et le contre. C’est la critique délibérative. On trouve cela dans les chroniques
cinéma de l’hebdomadaire culturel Télérama, avec pour un même film, un parti pris mais aussi des nuances, des
réserves exprimées sur un même film, la critique se voulant équitable.
Critiquer en parlant moins du film en particulier, qu’en présentant un problème cinématographique et en créant
à son tour une critique artistique, littéraire voire poétique, qui s’éloigne du film pour parler plus largement de
cinéma, c’est la critique constructive & didactique, qui veut moins convaincre ou persuader qu’enseigner
quelque chose, apporter un plus explicatif au lecteur. Truffaut faisait beaucoup cela en établissant des portraits
souvent très bien écrits de ses acteurs (Julie Andrews, Jeanne Moreau, JP Léaud dont il réalisa des portraits
célèbres) ; le propos ne porte plus sur le film mais plutôt sur une certaine définition du cinéma, le film n’est plus
qu’un prétexte à une réflexion plus large.
Quel format pour une critique de film ?
Il faut que la critique prenne le temps d’exposer son propos (une critique d’un paragraphe, trop rapide, paraîtra
bâclée et ne fera nullement impression sur son lecteur qui la considérera comme anecdotique), mais une critique de
10 pages n’est plus une critique, cela devient déjà un article spécialisé voire un chapitre de livre !
Le format habituel de la critique est d’une à deux pages A4, digeste et efficace.
Le niveau de langue, l’énonciation, la structure, le ton, l’angle d’attaque d’une critique ?
Tout dépend de l’aspect que l’on veut donner à sa critique et du type de lien que l’on veut établir avec son lecteur.
La façon de structurer, les thèmes abordés, les appuis techniques sur le film (jeu des acteurs, décors, bande
sonore…) sont ou pas évoqués par LE critique qui choisit de faire SA critique.
S’agissant par exemple de l’énonciation, l’usage est de ne pas dire « je » (1e personne toujours peu compatible avec
un discours se voulant convaincant et ayant la force d’une prétendue objectivité), mais cela peut parfois se trouver,
avec un effet voulu de la part du locuteur.
La critique de film est au fond très libre, pourvu que l’on ne lasse pas le lecteur qui chaque mercredi, jour de sortie
ciné en France, voit fleurir les critiques dans les revues, les quotidiens, les hebdomadaires ou mensuels consacrés au
cinéma, dans les blogs de mordus du 7e art. le lecteur, habitué à lire et confronter diverses critiques entre elles, ne
manquera pas de juger les critiques comme de véritables petites œuvres en elles-mêmes. On pourra ainsi parler du
« bon papier de X sur tel film », du style de Y, grand critique, de sa « plume » etc.
2
Certains critiques ont marqué l’histoire du cinéma et notre connaissance du patrimoine cinématographique : les
cinéastes de la NOUVELLE VAGUE (à laquelle Godard a été associé) comme Chabrol ou Truffaut ont changé notre
regard sur Hitchcock par exemple, qu’ils ont popularisé et expliqué en France. Olivier Assayas en France aujourd’hui,
ancienne plume des cahiers du cinéma (temple de la critique ciné « intello » en France) a été reconnu comme un des
propagateurs décisifs du cinéma asiatique en France dont il était le spécialiste dans les années 80/90.
Où trouver des critiques ?
On pourra consulter les pages web de ces revues spécialisées ou ces quotidiens qui font la part belle à la culture,
cinéma compris :
Www.telerama.fr
www.lemonde.fr, pages culturelles /cinéma
www.lesinrocks.com, rubrique « à la Une ciné », onglet « à l’affiche »
www.cahiersducinema.com
www.lefigaro.fr, pages « culture, arts, cinéma »
Les 2 revues mensuelles concurrentes du cinéma en France, connues pour leurs critiques élaborées sont les
suivantes:
LES CAHIERS DU CINEMA (groupe Le Monde S.A., tourné vers les cinémas français et asiatiques),
POSITIF, revue de cinéma : dirigée par Michel Ciment (« le masque et la plume », France Inter),
tourné vers les cinémas américain, italien.
Comment construire une critique de film ? Sur quels documents s’appuyer ?
*
Aller dans les kiosques à journaux, rubrique « cinéma »,
Au CDI qui reçoit Télérama chaque semaine (chaque mercredi),
Sur le web, consulter les versions en ligne.
Quoi ? Comment ?
3