Le vieux qui lisait des romans d`amour, un

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Le vieux qui lisait des romans d`amour, un
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Le vieux qui lisait des romans d’amour, un
parcours de lecture
mercredi 2 février 2011, par la rédaction
Dans le cadre de l’année internationale des forêts, la classe de 4e 5 découvre
le roman de Sepúlveda et ses enjeux économiques et humains.
Sur les traces de José Antonio
♦ Le docteur Loachamín, le gouvernement, les Blancs et les Indiens
♦ Les Apaches, les Jivaros et les Shuars
♦ La première victime
♦ la résistance de la forêt et de la lecture♦ La lecture
♦ Les lois de la chasse
♦ Le rêve au bord du fleuve
♦ La mort de l’ocelote
♦ Le retour aux romans d’amour
Le ciel était comme une panse d’âne gonflée qui pendait très bas, menaçante, au-dessus des têtes.
Le docteur Loachamín, le gouvernement, les Blancs et les Indiens
" Le docteur Loachamín haïssait le gouvernement. N’importe quel gouvernement. Tous les gouvernements. Fil
Il vociférait contre les gouvernements successifs de la même manière que contre les gringos qui venaient p
C’est la faute au gouvernement si tu as les dents pourries et si tu as mal.
A El Idilio, il n’y a pas les Blancs et les Indiens. Il y a ceux qui connaissent et respectent la forêt, la vie et ses origines et les autres.Les gringo
Les Apaches, les Jivaros et les Shuars
La différence était immense entre un Shuar hautain et orgueilleux, qui connaissait les régions secrètes de l’Amazonie, et un Jivaro tel que c
Par son passé et ses connaissances, José Antonio est un homme entre deux mondes. Il vit en marge, dans une maison construite sur une ter
Les Blancs ont le pouvoir. Ils ont décidé que la terre appartient à l’Etat. Mais ils dégradent tout ce qu’ils touchent.
José Antonio respecte les Shuars qui ont su préserver leur fierté et leurs traditions. Mais il reste un Blanc. Et c’est armé d’un fusil qu’il affr
La première victime
Pauvre gringo. Sa mort a dû être horrible. Regardez la blessure. Une griffe lui a déchiqueté la jugulaire.
Mais le vieux examine le corps et raconte la scène de chasse et le comportement de l’animal.
L’homme que les Shuars ont ramené est un chasseur. Il a tué des bébés ocelots pour prendre leur peau. La mère s’est vengée.
Le vieux lit à livre ouvert dans les indices qui viennent de la forêt et comprend le danger qui menace désormais le village.
La résistance des livres et de la forêt
"Il lisait lentement en épelant les syllabes, les murmurant à mi-voix comme s’il les dégustait, et quand i
Quand un passage lui plaisait particulièrement, il le répétait autant de fois qu’il l’estimait nécessaire
lu par Sébastien et Nicolas C. (en préparation)
En travaillant de l’aube à la nuit ils arrivaient à arracher un arbre, quelques lianes, qu
Antonio et le maire ne s’aiment pas. Personne n’aime le maire qui est violent, orgueilleux et lâche. Cepen
Mais il est maladroit dès qu’il s’aventure dans la forêt. Antonio avance lentement dans sa lecture, pas à
Antonio n’a pas une connaissance suffisante du monde pour comprendre ce qu’il lit. Venise, pour lui, est u
La lecture
" Le Rosaire de Florence Barclay contenait de l’amour, encore de l’amour, toujours de l’am
L’institutrice, qui ne partageait pas ses goûts, lui permit de prendre le livre pour retou
Le pouvoir de maîtriser les fils de ses souvenirs et de ne pas tomber dans les pièges que
Ce que la lecture apporte à Antonio ? Pourquoi aime-t-il les histoires d’amour très tristes qu’il lit les yeux remplis de la
José Antonio n’aime peut-être pas se souvenir de sa propre vie.
Il trouve dans ses lectures des souvenirs d’emprunt qui remplacent les siens. Elles lui offrent une mémoire de substitu
Au plus profond de sa mémoire se trouvent des souvenirs enfouis etdouloureux qu’il ne faut pas déranger, de même q
forêt il ne fallait pas déranger l’ocelot.
Au fond de la forêt, l’ocelot. Au fond de la mémoire, des souvenirs cruels. Chasser l’ocelot pour revenir
Les lois de la chasse
Et les ocelots non plus ne te sont pas
étrangers, sauf que tu n’as jamais tué
un petit, pas plus celui d’un ocelot
que celui d’une autre espèce. Seulement
des animaux adultes, comme le veut la
loi shuar. Tu sais que les ocelots sont
des animaux étranges, au comportement
imprévisible. Ils n’ont pas la force
des jaguars, mais ils font preuve d’une
intelligence raffinée.
"Si la piste est trop facile et que tu
crois tenir l’ocelot, c’est qu’il est
derrière toi, les yeux fixés sur ta
nuque", disent les Shuars, et c’est
vrai.
lu par Théo et Alexandre N. (en préparation)
Antonio connaît mieux la forêt que les Blancs. Il connaît les ruses des Shuars et sait prendre les singes
et les oiseaux sans tirer un coup de fusil. Sans brutalité ni compassion. Il les capture vivants pour les
échanger contre des livres. Ils sont utilitaires.
Mais avec l’ocelote, c’est différent.
Ils ont un peu la même histoire. Ils sont deux êtres solitaires. Chacun avec sa douleur.
Chacun avec son deuil. Deux chasseurs qui s’affrontent d’égal à égal et qui se respectent.
Pour José Antonio, l’ocelote est une personne animée de sentiments plus humains que beaucoup
de Blancs qu’il connaît.
Le rêve au bord du fleuve
En face de lui quelque chose se mouvait
dans l’air, dans le fleuve, à la
surface des eaux tranquilles, au fond
même du fleuve. Une chose qui semblait
avoir toutes les formes et se nourrir
en même temps d’elles. Elle changeait
constamment sans laisser aux yeux
hallucinés le temps de
s’accoutumer.Elle prenait brusquement
l’apparence d’un ara, puis passait à
celle d’un silure-perroquet qui sautait
la gueule ouverte, avalait la lune et
retombait dans l’eau avec la violence
d’un gypaète fondant sur un homme.
Cette chose n’avait aucune forme
définie, précise, mais touours, quelles
que soient les apparences qu’elle
prenait, demeuraient les yeux jaunes et
brillants.
C’est ta propre mort qui s’est déguisée pour te surprendre. Si
elle l’a fait, c’est parce que l’heure n’est pas encore venue de
partir.
Chasse-la, ordonnait le sorcier Shuar, en massant son corps
las avec de la cendre froide.
José Antonio connaît la peur. Il se laisse envahir par un rêve de mort dans lequel il est la proie et non le
chasseur.Le prédateur quile guette est partout à la fois, dans toute la forêt, toute la nature. A l’extérieur
et à l’intérieur de lui.
Mais le vieux a déjà frôlé la mort et les rêves l’ont aidé. A travers eux il a trouvé le secours des sorciers
Shuars et c’est encore eux qui vont le remettre d’accord avec la nature et la vie.
Toute l’immensité de l’Amazonie se réduit maintenant à ce petit espace clos et fragile, le canoë retourné
sous lequel il s’est réfugié. C’est là qu’il a dormi et rêvé sa mort.
C’est de là qu’il va se relèver pour affronter la mort et renaître à la vie.
De la sagesse des Shuars José Antonio garde l’accord avec la nature. Et cette chasse était
aussi une initiation. Il a vaincu sa peur. Maintenant capable d’affronter sa propre mort, il
n’a plus peur de vieillir et de mourir.
La mort de l’ocelote
" Ce fauve, le gringo lui a assassiné ses
petits et peut-être aussi son mâle. D’un autre
côté, sa conduite laissait penser qu’en
s’approchant dangereusement des hommes comme
elle l’avait fait depuis la nuit précédente et,
avant, pour tuer Placencio et Miranda, elle
cherchait la mort.
Une volonté inconnue lui dictait que la tuer
était un acte de pitié inéluctable mais qui
n’avait rien à voir ave la pitié de ceux qui
pardonnent comme on fait une aumône. La femelle
cherchait une occasion de mourir dans un combat
à découvert, dans un duel que ni le maire ni
aucun de ses hommes ne pouvaient comprendre.
...lu par Ihssène (en préparation)
José Antonio a tué l’ocelote avec le
fusil, comme il avait tué le chasseur
blanc.
Le pouvoir de maîtriser les fils de ses
souvenirs et de ne pas tomber dans les
pièges que lui tendait parfois sa
mémoire.
" Le vieux la caressa, oubliant la douleur de son pied blessé, et il pleura de
honte, se sentant indigne, avili, et en aucun cas vainqueur dans cette bataille.
Les yeux brouillés de larmes et de pluie, il poussa le corps de l’animal
jusqu’au bord de la rivière et les eaux l’emportèrent dans les profondeurs de la
forêt, vers les territoires jamais profanés par l’homme blanc, vers le confluent
de l’Amazone, vers les rapides où des poignards de pierre se chargeraient de lel
lacérer, à tout jamais hors d’atteinte des misérables nuisibles."
A nouveau il n’est pas digne des Shuars. A nouveau il n’est pas digne de la forêt.
L’eau du fleuve engloutit le fusil et emporte l’ocelote. L’un est avalé et sombre dans l’oubli. L’autre
revient à la nature, se disperse et revient à la forêt en échappant aux fourmis, à la vermine et à la
pourriture comme les hommes tués par l’ocelote.
L’Amazone rend l’animal à la nature et tout rentre dans l’ordre, revenant à un monde bien
antérieur à l’apparition des blancs.
Le retour aux romans d’amour
Antonio José Bolivar ôta son dentier, le rangea dans son mouchoir et sans cesser de maudire le
gringo, responsable de la tragédie, le maire, les chercheurs d’or, tous ceux qui souillaient
la virginité de son Amazonie, il coupa une grosse branche d’un coup de machette, s’y appuya et
prit la direction d’El Idilio, de sa cabane et de ses romans qui parlaient d’amour avec des
mots si beaux que, parfois, ils lui faisaient oublier la barbarie des hommes.
lu par Emma (en préparation)
Le vieux revient à son paradis, à ses histoires d’amours tristes et à sa cabane précaire. Il a reconquis le
temps de rêver.
Mais il retourne aussi à la solitude et à l’oubli.
Il a fait sa part, complète et insuffisante pour que le dernier mot ne revienne pas à la barbarie. Il laisse
derrière lui l’ordre de la nature que seuls les Shuars ont compris.
Combien de José Antonio faudrait-il pour sauver l’Amazonie ?
Sur les traces de José Antonio,
est un parcours de lecture des élèves de
4e 2, 6, 9 de 2004 - 2005.
Il est repris et enrechi en 2010 - 2011
par les élèves de 4e 5 :
Exposés multimédias avec
mises en voix de quelques extraits significatifs.