Click aici pentru a descărca varianta completă a revistei Psihologia
Transcription
Click aici pentru a descărca varianta completă a revistei Psihologia
PSIHOLOGIA SOCIAL| Buletinul Laboratorului Psihologia câmpului social Universitatea Al.I. Cuza, Ia[i Nr. 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale POLIROM 2005 Editura POLIROM, B-dul Carol I nr. 4 P.O. BOX 266, 700506, Ia[i, ROMÂNIA B-dul I.C. Br\tianu nr. 6, et. 7, ap. 33, O.P. 37 ; P.O. BOX 1-728, 030174, Bucure[ti Copyright © 2005 by Editura POLIROM ISSN: 1454-5667 Printed in ROMANIA Psihologia Social\ Nr. 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale Sumar I. STUDII Catherine Garnier, Lynn Marinacci, Martine Quesnel Représentations sociales, pratiques diagnostiques et de prescription liées aux psychotropes ....................................................................................... 7 Roberto Fasanelli, Ida Galli Relaþiile dintre acþiunile de asistenþã ºi reprezentãrile sociale: o contribuþie empiricã .......................................................................................... 24 Luminiþa Mihaela Iacob, Loredana Gherasim, Mona Huceanu Genul sau genurile reprezentãrii sociale a puterii? .................................... 49 Anne-Marie Mamontoff Effets des représentations sociales sur les pratiques nouvelles: les Tsiganes et lécole ......................................................................... 69 Sylvain Delouvée Dune guerre à lautre: deux illustrations historiques des nexus .................... 93 Andreea Gruev-Vintilã Efectele implicãrii asupra reprezentãrilor sociale ale unui risc colectiv: cazul riscului seismic. O comparaþie între Franþa ºi România .................................................... 103 María Estela Ortega Rubí Social Representations of Poverty in the Mexican groups. The importance of social thinking ......................................................... 125 II. SINTEZE TEORETICE Adrian Neculau Contexte social, idéologie et pratiques sociales. Etude de cas ..................... 151 Cãtãlin Dîrþu Simþul psihologic comun ºi reprezentãrile sociale ...................................... 172 III. METODOLOGIE Andreea Gruev-Vintilã Despre analiza structuralã a reprezentãrilor sociale. Modelul Schemelor Cognitive de Bazã (SCB) ........................................... 185 IV. INTERVIU Interview avec Michel-Louis Rouquette, réalisée par Sylvain Delouvée ........... 197 V. EVENIMENT María Estela Ortega Rubí A VII-a Conferinþã Internaþionalã asupra reprezentãrilor sociale (Guadalajara, Jalisco, Mexic, septembrie 2004) ....................................... 205 Stéphanie Baggio, Andreea Gruev-Vintilã Al V-lea Congres Internaþional de Psihologie în limba francezã (Lausanne, 1-4 septembrie 2004) .......................................................... 209 VI. RECENZII Florin Botoºineanu Jean-Claude Abric (coord.), Méthodes détude des représentations sociales ..... 217 Andreea Gruev-Vintilã Ivana Marková, Dialogistica ºi reprezentãrile sociale ................................. 219 Octavian Onici Pascal Moliner, Patrick Rateau, Valérie Cohen-Scali, Les représentations sociales: Pratique des études de terrain ....................... 221 I. STUDII Catherine Garnier1, Lynn Marinacci2, Martine Quesnel3 Représentations sociales, pratiques diagnostiques et de prescription liées aux psychotropes4 Résumé: La multiplicité et la complexité des facteurs impliqués dans la problématique de la prescription exigent une réflexion globale qui intègre les dimensions psychosociales. La démarche choisie dans cette recherche (subventions CQRS et CRSH), en utilisant le cadre théorique des représentations sociales, permet de comprendre comment les pratiques de prescription sintègrent dans un faisceau dinfluences diverses au cur même des interactions qui les suscitent. Lanalyse de 20 entrevues de médecins et les analyses factorielles des correspondances multiples des 320 questionnaires de médecins ont permis de mettre à jour une structure représentationnelle plutôt homogène de lensemble des médecins, structure marquée par les contingences du contexte de la pratique professionnelle, entre autres par la souffrance. 1. Surconsommation médicamenteuse et pratiques de prescription La forte évolution des dépenses de santé dans les sociétés occidentales (Lichtenberg, 2000) alliés aux enjeux économiques importants (MEDCOST, 2001) conduisent à des remises en question des systèmes de santé et avec elles, une chasse aux coupables (Cotnoir, 1995). Les travaux réalisés en pharmacologie sociale sinterrogent entre autres sur linégalité sociale de son usage (18% de la population mondiale consomme 81% des médicaments), le déséquilibre entre les investissements de recherche pharmaceutique et limportance médico-sociale dune maladie, le rôle des industries pharmaceutiques dans le choix de linnovation médicamenteuse ainsi que la croissance de la consommation de 1. Université du Québec à Montréal, directrice du Groupe détude sur linterdisciplinarité et les représentations sociales (GEIRSO), Canada. 2. Université du Québec à Montréal, membre du Groupe détude sur linterdisciplinarité et les représentations sociales (GEIRSO), Canada. 3. Université du Québec à Montréal, membre du Groupe détude sur linterdisciplinarité et les représentations sociales (GEIRSO), Canada. 4. Cet article a été rédigé à partir des résultats de deux recherches financées par le CQRS (maintenant FQRSC) et le CRSH (programme IDR: Initiative de Développement de la Recherche). PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale 8 CATHERINE GARNIER, LYNN MARINACCI, MARTINE QUESNEL médicaments devenus «socialement désirables» (Fainzang, 2001; Montastruc, 2000; Knipe, 1999; Nichter [i Vuckovic, 1994; Laplantine, 1986; Meyer, 1984; Van der Geest et Van der Veen, 1982). Malgré les remaniements des systèmes de santé à travers le monde, les problèmes liés à la prescription et à la surconsommation des médicaments demeurent (Von der Schulenburg, 1992; Van der Geest et al., 1987, Chaudhury, 1986). Les pratiques de prescription qui mènent à la surconsommation sont évidemment questionnées au premier chef en raison entre autres des effets pervers du médicament (FRM, 2000), du phénomène de pharmacorésistance (Bjerrum, Dessau ºi Hallas, 2002; Frangou ºi Lewis, 2000), réactions adverses (De Brouwere et al., 1996), quil sagisse de réactions idiosyncrasiques ou allergiques, phénomènes dinteractions médicamenteuses non souhaitables ou dintoxications iatrogènes (CCRA, 2001) et de pharmacodépendance (Douki et al., 1999) qui ont des conséquences sérieuses sur la santé (Stephens et Johnson, 2000). Les problèmes de santé liés aux effets indésirables des médicaments naffectent pas toutes les populations de la même façon, certaines dentre elles étant davantage touchées que dautres telles les femmes et les personnes âgées, ces dernières pouvant consommer jusquà 16 médicaments différents par jour (Cormier et Trudel, 1990; Bernardez et al., 1997). En ce qui concerne les personnes âgées, sajoute aussi la médicalisation grandissante des processus naturels (comme la ménopause ou le vieillissement) qui sont perçus comme des phénomènes pathologiques (Aballea, 1987) ainsi quune chronicité des problèmes de santé (Bernardez et al., 1997) justifiant tout autant des prises de plus en plus nombreuses de médicaments. La pratique des soins à domicile contribuerait au phénomène de surconsommation médicamenteuse (Kuhn, 1998). À cette variabilité de lusage selon les populations, sajoute celle qui tient au type de médicament considéré. En effet, la consommation inappropriée de médicaments ne semble pas concerner également tous les médicaments mais principalement certains types de médicaments comme les psychotropes (Ankri et al., 2002; Tamblyn et al., 1994), les antidépresseurs, les antibiotiques, les anti-inflammatoires (Finch, 1993; Montamat et Cusack, 1992; Davis, Baum et Graham, 1991) et le méthylphénidate (Ritalin) chez les enfants (Doré et Cohen, 1997; Diller, 1996). La préscription dantibiotiques serait plus élevée pour les jeunes femmes et les femmes dâge moyen que pour les hommes des mêmes catégories dâge (Majeed et Moser, 1999). Les femmes âgées de 20 à 40 ans seraient les plus grandes consommatrices danti-inflammatoires (Menard, 1993) et les psychotropes seraient davantage consommés par les personnes âgées (Tamblyn et al., 1994). Dans ce dernier cas, le non-respect des règles concernant la posologie, la durée et la reconduction dune ordonnance sans suivi ni évaluation est défini comme une prescription abusive (Douki et al., 1999). Par ailleurs, le processus de prise de décision aboutissant à une ordonnance est un phénomène complexe (Jennett et Hunter, 1996) qui a été étudié sous plusieurs angles. Eisenberg (1986) relève plusieurs catégories de facteurs qui interviennent dans le phénomène de prescription telle les valeurs personnelles des médecins (motivation, style et type de pratique, caractéristiques démographiques), les facteurs socio-économiques, (coût du traitement) et les facteurs socioculturels (perception de son rôle par le praticien, demandes des patients, caractéristiques du malade, etc.). Therrien (1997) décrit une typologie établie en fonction des déterminants de la pratique clinique, soit des facteurs «prédisposant» (Tamblyn et Battista 1993), des facteurs facilitant et des facteurs de REPRÉSENTATIONS SOCIALES, PRATIQUES DIAGNOSTIQUES ET DE PRESCRIPTION... 9 renforcement. Ces stratégies dépendent autant de facteurs sociaux économiques externes (nouvelles technologies, économie, médias, statut social) que de linfluence du patient. Il replace donc le médecin dans un processus de négociation et au centre dun faisceau dinfluences. Raisch (1990a,b) propose un modèle relatif aux facteurs et aux méthodes qui influencent la prescription de médicaments, ces derniers étant cristallisés autour du diagnostic. De plus, lanalyse des prescriptions destinées à des enfants a révélé que la moitié dentre elles nétaient pas appropriées et que plusieurs pratiques de prescription offraient les mêmes caractéristiques que lautomédication (Van der Geest et al., 1997) et linadéquation des pratiques de formation se répercuteraient sur les pratiques de prescription (Dziegielewski, 1998; Sleath et Collins, 1996). Mangione et Smith (2003) et al., dans lanalyse des commentaires échangés entre médecins et parents sur un site web réservé aux soins de jeunes enfants, ont conclu que lorsque les parents sattendaient à la prescription dun antibiotique, celui-ci était prescrit dans 91% des cas. Dans les cas problématiques de prescription, les facteurs liés à la santé mentale ainsi que les facteurs économiques seraient particulièrement impliqués (Mitchel et al., 2001) ainsi que les déterminants sociaux et culturels de la prescription tel que lont montré Ankri et al. (2002) dans une comparaison France/Québec des prescriptions de psychotropes. Toutefois, selon Monsonego (1994), les prescriptions de psychotropes se distinguent des autres types de médicaments dordonnance parce quils impliquent une communication interactive qui na pas été observée dans les prescriptions de dautres médicaments dordonnance tels que les antibiotiques, les antiinflammatoires et les anticancéreux. Selon Sleath, Svarstad, Roter (1998), les patients ayant un revenu élevé serait plus enclin que leur médecin à initier une médication de psychotropes. Blackwell et Cooperstock (1983) ajoutent cependant que les médecins seraient eux-mêmes de forts consommateurs de psychotropes. Cormier et Trudel (1990) soutiennent que lorsque le patient ou le médecin fait face à une situation difficile, le médicament serait davantage perçu comme une potion magique, perception qui serait aussi partagée par certains groupes dintervenants en santé. Huttin et Bosanquet (1992) déclarent que cette image de potion magique serait soutenue par lindustrie pharmaceutique et elle serait perceptible dans ses messages publicitaires. Sleath et Shih (2003) établissent quant à eux que la prescription est autant fonction des caractéristiques des patients que celles de médecins mais aussi de linteraction médecin/système de santé et de linteraction patient/médecin. La multiplicité et la complexité des facteurs impliqués dans la problématique de la prescription exigent donc une réflexion globale dont les dimensions psychosociales doivent être prises en compte. La démarche qui a été choisie par notre équipe de recherche a été construite de façon à éviter la mesure des facteurs isolés et à permettre plutôt den étudier linterdépendance et larticulation afin de pouvoir comprendre comment les pratiques de prescription sintègrent dans un faisceau dinfluences diverses au cur même des interactions multiples qui les suscitent. Parmi ces facteurs, les croyances et les représentations du médicament jouent un rôle majeur comme en témoignent les innombrables études sur leffet placebo. Lempathie, lintérêt, lattitude positive envers le patient, le prestige du médecin (spécialiste/généraliste et prestige de la spécialité), le caractère spectaculaire du traitement, le rituel du traitement, les croyances et les attentes du patient, sa culture, la forme et la couleur du médicament sont des facteurs qui ont été reconnus dans la littérature scientifique comme ayant un impact 10 CATHERINE GARNIER, LYNN MARINACCI, MARTINE QUESNEL sur les traitements (Hrobjartsson, 2002; Eccles, 2002, Hrobjartsson et Gotzsche, 2001; Hart, 1999; Layani, 1998; Backonja et Brown, 1998; Weijer, Dickens et Meslin, 1997; Ernst et Resch, 1995). La construction dune pensée commune du médicament, lancrage réel de ce type de pensée sur la relation thérapeutique ou le rôle des croyances dans le processus de construction et de déconstruction de la maladie et de lintervention médicale, et en particulier de lintervention de prescription, constituent des questionnements qui peuvent être plus aisément étudiés à laide du cadre théorique des représentations sociales car celles-ci permettent daborder dans leur ensemble les différents facteurs indiqués précédemment dans leur univers symbolique (Garnier, 2003). Le cadre théorique des représentations sociales a donc servi à structurer les travaux sur létude du médicament. 2. Le cadre théorique des représentations sociales Les représentations sociales ont été définies à lorigine par Moscovici (1961, p. XIII) comme «des systèmes de valeurs, des idées et des pratiques» qui ont une double fonction: « en premier lieu, établir un ordre qui permette aux individus de sorienter et de maîtriser leur environnement matériel, ensuite, faciliter la communication entre les membres dune communauté en leur procurant un code pour désigner et classifier les différents aspects de leur monde et de leur histoire individuelle et de groupe» (Moscovici, 1961, p. XIII). De nature sociale, elles naissent au sein de linteraction sociale et fournissent un code commun à la communication en distinguant les groupes sociaux les uns des autres (Moscovici, 1992). On les a décrites également comme des ensembles organisés de cognitions relatives à un objet et partagés par les membres dun groupe (Flament, 1994). En somme, les représentations sociales se présentent donc sous forme de contenus cognitifs, sorte de réseau singulier constitué de symboles, de concepts et dimages construites par des groupes et qui permettent dune part de communiquer et, dautre part, dévaluer les objets, les personnes et les entités dans le but dagir sur eux. Elles constituent un fond commun de connaissances et de croyances où les individus et les groupes puiseraient des éléments pour interpréter leur environnement social et physique. Ainsi, dans la construction commune de la signification sociale de la maladie, le développement dune vision commune de la maladie par les patients et les médecins serait un facteur de succès dans le traitement de la maladie (Peebles et Moore, 1996). Or, cette construction commune est une caractéristique centrale du concept de représentations sociales. Cest le thème général de la maladie qui a fait lobjet du plus grand nombre détudes sur les représentations sociales (Herzlich, 1969, 1970; Galli et Fasanelli, 1995; Flick, 1995) suivi de la maladie mentale (Jodelet, 1991; De Rosa, 1987; Bellini, 1987; Morant, 1995), de la psychanalyse (Moscovici, 1961), de la douleur (Paume et Deconchy, 1995) et du SIDA (Joffe, 1995; Morin, 1994; Morin et al., 1996). Ces études confirment la variété de représentations du concept «maladie», comme lavaient montré aussi Laplantine (1986, 1989) et Fabrega (1977, 1978, 1979) qui en avait reconnu trois aspects: laspect objectif de la maladie comme objet scientifique pour le médecin, laspect subjectif lié à lexpérience vécue par le malade et laspect socioculturel par REPRÉSENTATIONS SOCIALES, PRATIQUES DIAGNOSTIQUES ET DE PRESCRIPTION... 11 lequel elle sinsère à la fois dans lépisode de soin et dans lunivers socioculturel, qui peut ou non être commun entre le médecin et le patient (Mechanic, 1991; Dufour, 1992-1993). Moscovici avait montré que les différents contenus des représentations sociales sont producteurs de systèmes de communication profondément différents et qui orientent laction différemment, ce qui rejoint lhypothèse sur laquelle reposent les travaux de Flament (1981), dAbric (1987), de Guimelli et Rouquette (1992) selon laquelle les représentations que se font les individus de la situation dinteraction ont une incidence sur leurs actions et sur leurs pratiques. Pratiques, discours et représentations sont indissociables, «les représentations et les pratiques sengendrent mutuellement» (Abric, 1994, p. 230). Les liens entre représentations et pratiques ont été particulièrement étudiés par Garnier (1999, 2000, 2001) et ceux-ci lont amenée à développer progressivement la notion de «systèmes représentationnels» dans laquelle plusieurs objets de représentations sont liés en vertu du cadre référentiel auquel ils appartiennent et en loccurrence dans le cadre du médicament selon le contexte de la pratique professionnelle des médecins. Lidée de systèmes de représentations sest développée au cours des travaux antérieurs qui ont permis den montrer la complexité et en reprenant cette idée, nous parvenons à établir un large système qui comporte une organisation en sous-systèmes dont nous ne présenterons ici quune unité, cest-à-dire celle des pratiques diagnostiques et de prescription. 3. Les objectifs et le devis de recherche Les travaux de recherche qui ont été menés visaient à comprendre les articulations entre les dimensions scientifiques et psychosociales impliquées dans la prise de décision liée à la prescription de médicaments. Plus spécifiquement, ces travaux visaient à: 1. Repérer les déterminants psychosociaux qui contribuent à la prescription de médicaments par les médecins. 2. Mettre en évidence les liens qui sétablissent entre leurs profils de pratiques de prescription et leurs profils de représentations sociales. 3. Cerner les effets potentiels de la mise en uvre de stratégies dinterventions en comparant le profil de représentations de groupes de grands prescripteurs soumis ou non à ce type dinterventions. Pour réaliser ces objectifs, un devis de recherche séquentiel mixte a été adopté (Tashakkori et Teddlie, 1998; Anderson, 1998), soit un devis qui comporte deux étapes successives de cueillette de données. La première étape vise à obtenir, à laide dentrevues semi-dirigées, des données qualitatives qui servent à explorer le panorama complet du champ représentationnel et à sélectionner des cibles plus précises qui seront soumises à un examen plus détaillé qui fera lobjet dune deuxième étape. De nature plus quantitative, cette seconde étape se réalise à laide dun questionnaire. Ce devis a été soumis à nos partenaires du Collège des Médecins du Québec, afin de sassurer que le type de médicament choisi et la procédure déchantillonnage envisagée savéraient les plus efficients et les plus aptes à réaliser les objectifs de létude. La catégorie des benzodiazépines a dont été choisie car elle représente dune part, le prototype du 12 CATHERINE GARNIER, LYNN MARINACCI, MARTINE QUESNEL médicament qui fait lobjet du plus grand nombre de prescriptions et dautre part, parce quà titre de solution pharmaceutique, elle reflète davantage le modèle biochimique de la santé. Il faut aussi ajouter que la Régie de lAssurance Maladie du Québec (RAMQ) produit des relevés statistiques spécifiques à ce type de médicament car ils sont plus fréquemment prescrits aux personnes âgées. Ces relevés statistiques ont rendu possible la catégorisation de la population des médecins à partir des critères suivants: Critère obligatoire: médecin ayant atteint lun ou lautre des critères suivants avec plus de 12 patients âgés de plus de 65 ans au cours de lannée. Critères de sélection des médecins: 1. Prescription de deux benzodiazépines différentes à un même patient. 2. Prescription dune benzodiazépine dune durée de plus de 11 mois au même patient. 3. Prescription dune benzodiazépine à une dose supérieure à celle recommandée pour les personnes âgées. Un total de vingt entrevues ont été effectuées à la première étape des travaux. La sélection des médecins qui ont participé aux entrevues a été réalisée de concert avec le Collège des Médecins du Québec à partir des données relatives à leurs interventions de formation auprès de membres identifiés comme étant des grands prescripteurs de benzodiazépines. Cette sélection a été effectuée de façon à inclure un premier groupe de médecins omnipraticiens surprescripteurs et un deuxième groupe de médecins omnipraticiens non surprescripteurs mais ayant des caractéristiques similaires aux groupes de surprescripteurs en termes du type de pratique, du nombre dannées dexpérience et du genre (hommes/femmes). Ces entrevues visaient à décrire des profils de représentations en relation avec les profils de pratiques et à comparer les profils des deux populations de médecins en fonction des profils de prescription et dintervention du Collège. Les thèmes, abordées lors des entrevues couvraient les dimensions suivantes: les limites et le rôle du médecin, la pratique communicationnelle, les contraintes temporelles, la relation médecin/patient, la pratique diagnostique, la pratique de prescription, le traitement, la médication et lobservance. Le canevas dentrevue a été validé par un groupe de deux médecins expert du Collège des Médecins du Québec et trois médecins omnipraticiens. Les données recueillies dans les corpus dentrevues ont fait lobjet danalyses de contenus à laide de deux logiciels, ATLAS-TI et NUDIST, qui ont permis de réaliser des classements et des analyses de fréquences des unités de sens (ATLAS-TI) et de construire des systèmes de catégories hiérarchisées (NUDIST). Plusieurs explorations successives ont permis de valider les constructions hiérarchiques, les associations, les concepts fondamentaux, les particularismes des discours et les ancrages cognitifs. Les données dentrevues ont aussi présidé à la construction de linstrument de mesure de la seconde étape, soit un questionnaire qui comportait des questions à choix multiples, des questions ouvertes, des mises en situation critiques, des cas simulés (Morin et al., 1996), des épreuves dassociation de mots. Parmi les principales thématiques abordées, on retrouve la relation médecin-patient, la professionnalisation, les pratiques diagnostiques et de traitement, la médication, les benzodiazépines et les antidépresseurs. Le processus de validation du questionnaire a nécessité la production de 12 versions successives dont les trois dernières ont été validées par un comité dexperts du Collège des Médecins du Québec. Ce questionnaire a été posé à 697 médecins REPRÉSENTATIONS SOCIALES, PRATIQUES DIAGNOSTIQUES ET DE PRESCRIPTION... 13 omnipraticiens qui ont été sélectionnés à partir de la base de données fournie par la Régie de lAssurance Maladie du Québec (RAMQ) en fonction des critères du type de pratique et du profil de prescription de benzodiazépines décrits antérieurement de façon à former deux groupes de médecins, un groupe de médecins surprescripteurs de benzodiazépines et un groupe non surprescripteurs. Avec un taux de réponse de 46%, cest donc 320 médecins omnipraticiens qui ont répondu au questionnaire. Les données issues du questionnaire ont fait lobjet danalyses factorielles des correspondances multiples à laide du logiciel SPAD. Il sagit dune technique de traitement de matrices de données sous forme de tableaux de contingences fondée sur lhypothèse dindépendance entre les données matricielles. La «métrie» du chi-carré est utilisée pour le calcul de lécart à lindépendance des données de la matrice, cest-à-dire des lignes et des colonnes. Cette analyse fournit la contribution relative de chacun des facteurs à chaque modalité (catégories de réponses à chacune des questions) ainsi que la contribution absolue, soit la «contribution de chaque modalité au taux de variance expliquée par (chacun) des facteurs» (Doise et Clemence, 1992, pp. 71-72). En y appliquant le cadre théorique des représentations sociales, ces analyses permettent de «différencier des groupes dindividus sur le fond des représentations partagées» (Doise et Clemence, 1992, p. 185). Les associations de mots ont fait lobjet dune analyse multidimensionnelle à laide du logiciel SPSS. Il sagit dune technique statistique qui vise à «mettre en évidence une structure de contenus partagés sur fond de différences ou point de vue individuels» par la «description des variations entre matrices de distances différentes» (Doise et Clemence, 1992, pp. 143-144). Les principaux résultats relatifs aux pratiques de prescription et aux pratiques diagnostiques sont présentés aux prochaines sections. 4. Les résultats des analyses de contenus des entrevues des médecins à propos des pratiques diagnostiques et de prescription Les résultats des entrevues réalisées avec les médecins sur les pratiques diagnostiques permettent de constater quelles représentent un des éléments centraux du discours des médecins avec une insistance particulière sur le «questionnaire médical». Celui-ci constitue en quelque sorte un outil standardisé utilisé par les médecins pour questionner le patient afin dinvestiguer diverses «pistes diagnostiques». Les symptômes déclarés par les patients constituent le matériau de base à partir duquel sélaborera la stratégie diagnostique. Par ailleurs, le rôle de lintuition dans la pratique diagnostique est décrit par certains comme le versant non codifié et il est mentionné plus ou moins explicitement par les médecins interrogés. À lopposé, lexamen physique occupe une place réduite pour ne pas dire négligeable dans le discours sur les pratiques diagnostiques, car les rares fois où il en est question, il nest mentionné quaccessoirement. Il en va de même des examens complémentaires. En ce qui concerne la prescription, lanalyse permet de relever une problématique complexe marquée par les contextes de pratique telles les demandes du patient, les types de clientèle, la nature de la pathologie, lurgence dune intervention, etc. En effet, la demande de médication savère très fréquente et origine surtout des problèmes liés à 14 CATHERINE GARNIER, LYNN MARINACCI, MARTINE QUESNEL linsomnie et à des maladies physiques. La demande de médication est cependant peu fréquente dans les cas de dépression ou danxiété. Les médecins apparaissent soumis à des fortes pressions exercées par le patient pour prescrire. La décision de prescrire des médecins est fonction de plusieurs facteurs: le type de clientèle (avec ou sans rendez-vous, patient connu ou non), la surcharge de travail (nombreux sans rendez-vous qui réduit le temps à consacrer à lentretien avec le patient), le nombre et lintensité des symptômes associés à la maladie, lhistorique du patient incluant lévaluation des risques de dépendance (alcoolisme, toxicomanie), lâge du patient (pratiques différentes de prescription en pédopsychiatrie), lurgence dune situation (prescription à court terme dans les états de crise), lefficacité des arguments utilisés par le patient (arguments liés à la violence conjugale, etc.) et les facteurs culturels. La majorité des médecins interrogés jugent que la population leur attribue un rôle de prescripteur. Quant à la perception du médicament par les patients, les médecins considèrent que le médicament revêt pour les patients un caractère magique et miraculeux. Il représenterait une «solution rapide qui nexige pas defforts» ce qui concorderait avec les valeurs les plus prisées. «Cest beaucoup plus facile de recevoir une pilule que de se remettre en question puis de mettre en question ses comportements, ses attitudes, ses points de vue» (Garnier et al., 2000, p. 106). Lensemble des médecins interrogés prescrivent des antidépresseurs pour le traitement de la dépression, des troubles de panique et danxiété en tenant compte de la forme et de la gravité de ces différents états et ils envisagent lutilisation des traitements médicamenteux et non médicamenteux (thérapie) dans les cas moins sévères. Les nouvelles classes dantidépresseurs sont préférées à tout autre type de médicament en raison de leur plus grande rapidité daction, de la réduction des effets secondaires et dune plus grande tolérance des patients. Dans certaines formes de dépression graves, dautres types de médication tels les neuroleptiques peuvent être aussi retenus. La question des anxiolytiques dans le traitement des formes danxiété et de dépression est peu mentionnée dans les entrevues sauf pour son principal désavantage (risques de dépendance et dabus). Bien que les benzodiazépines demeurent peu prescrites chez les médecins interrogés (problèmes de dépendance et dinteraction médicamenteuse dans le cas de personnes âgées), ceux-ci les prescrivent à court terme dans les cas sévères au début dun traitement contre la dépression ou lanxiété, en raison de leur rapidité daction ce qui fait défaut aux antidépresseurs. 5. Les résultats de lanalyse multidimensionnelle sur la profession de médecin Lanalyse multidimensionnelle effectuée sur les mots associés (les induits) à la profession de médecin (mot inducteur) révèle que dans la première dimension, pour les non surprescripteurs, ce sont les concepts de relation thérapeutique et de patient qui apparaissent les plus marqués (deux distances euclidiennes négatives les plus élevées 2,8455 et 0,1854) ainsi que les concepts de corps et de dépression (deux distances euclidiennes positives les plus élevées: +1,2325 et +1,0561). REPRÉSENTATIONS SOCIALES, PRATIQUES DIAGNOSTIQUES ET DE PRESCRIPTION... 15 Tableau 1. Non surprescripteurs. Mots associés à la profession de médecin Mots soumis aux médecins pour la qualification de leur profession Maladie Relation thérapeutique Diagnostic Souffrance Patient Anxiété Corps Douleur Dépression Traitement Santé Prescription Dimension 1 Rang 0,7072 2,8455 0,6672 0,5587 0,1854 0,8444 1,2325 0,7556 1,0561 0,6910 1,4496 0,6841 Rang + 5 1 5 7 2 3 1 4 2 4 3 6 Dimension 2 0,1806 1,7593 0,0325 0,3517 0,7123 0,5877 0,1419 0,1042 0,3273 0,0509 1,8392 0,1311 Rang Rang + 3 1 6 3 2 2 4 6 4 5 1 5 Schème 1. Analyse multidimensionnelle fondée sur la distance euclidienne Pour les surprescripteurs, on retrouve également le concept de relation thérapeutique en première position mais celui de santé en seconde place pour ce qui est des distances négatives (2,7065 et 1,5589) et les concepts de corps et de prescription pour ce qui est des distances positives (1,3341 et 1,1404). Les deux groupes se distinguent donc dans la 16 CATHERINE GARNIER, LYNN MARINACCI, MARTINE QUESNEL conception de la pratique professionnelle sur les notions de patient, de santé et de prescription. Tableau 2. Surprescripteurs. Mots associés à la profession de médecin Mots soumis aux médecins pour la qualification de leur profession Maladie Relation thérapeutique Diagnostic Souffrance Patient Anxiété Dimension 1 Rang 0,5046 2,7065 Corps Douleur 1,0443 9,782 0,0123 0,4688 1,3341 1,0007 Dépression Traitement 1,1013 1,2071 Santé Prescription 1,5589 1,1404 Rang + Dimension 2 Rang 6 1,0668 1,1246 0,3069 0,3689 0,0107 0,7630 0,6764 0,1646 0,2030 0,2029 1,0629 0,1286 1 1 4 5 5 7 2 4 3 3 2 1 Rang + 1 4 3 6 2 3 5 5 4 2 6 Schéme 2. Analyse multidimensionnelle fondée sur le modèle de la distance euclidienne calculée en fonction de la difference du poids des individus REPRÉSENTATIONS SOCIALES, PRATIQUES DIAGNOSTIQUES ET DE PRESCRIPTION... 17 6. Les résultats des analyses factorielles des correspondances multiples Les résultats des analyses factorielles des correspondances multiples (AFCM) réalisées sur les variables du questionnaire liées au diagnostic sont représentées au schéma 2 qui permet de visualiser les modalités dont la contribution à linertie est supérieure à 6,25 (seuil de signification). Ces pratiques diagnostiques se caractérisent sur laxe 1 par une pratique qui oppose lexamen physique en deuxième choix pour appuyer un diagnostic (portion négative de laxe 1) à lensemble des autres choix (portion positive de laxe 1). Sur laxe 2, lopposition est plus marquée sur lanamnèse (portion négative de laxe 2) et les examens complémentaires (portion positive de laxe 2), deux modalités de lexamen physique sopposant sur cet axe. Pour ce qui est des deux modalités illustratives surprescripteurs/non surprescripteurs, elles sont projetées à proximité du croisement des axes factoriels et on ne peut relever de distinction significative entre les pratiques diagnostiques des surprescripteurs et celles des non surprescripteurs. Schéma 3. Analyse factorielle des correspondances multiples (AFC). Pratiques diagnostiques 1. Anamnèse 2e choix pour appuyer un diagnostic. 2. Anamnèse 3e choix pour appuyer un diagnostic. 5. Modalités dont la contribution à linertie est supérieure à 6,25 (seuil de signification). 18 3. 4. 5. 6. 7. CATHERINE GARNIER, LYNN MARINACCI, MARTINE QUESNEL Examen physique 1er choix pour appuyer un diagnostic. Examen physique 2e choix pour appuyer un diagnostic. Examen physique 3e choix pour appuyer un diagnostic. Examens complémentaires 1er choix pour appuyer un diagnostic. Examens complémentaires 2e choix pour appuyer un diagnostic. Lanalyse factorielle des correspondances multiples a été réalisée sur les modalités du questionnaire relatives aux pratiques de prescription et en fonction de la variable illustrative surprescripteurs/non surprescripteurs afin de réaliser un portrait densemble de la pratique prescriptive. Les résultats de cette analyse sont représentés au schéma 3 qui permet de visualiser les modalités actives qui se sont révélées significatives, cest-à-dire dont la contribution à linertie est supérieure à 1,89. Schéma 4. Analyse factorielle des correspondances multiples (AFC). Pratiques de prescription 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. Le Le Le Le Le Le Le médicament médicament médicament médicament médicament médicament médicament concrétise le contrat entre patient et médecin (accord). concrétise le contrat entre patient et médecin (désaccord). est porteur de compassion (accord). est porteur de compassion (désaccord). joue le rôle dune potion magique (accord). joue le rôle dune potion magique (désaccord). comme support psychologique (accord). 6. Modalités dont la contribution à linertie est supérieure à 1,89 (seuil de signification). REPRÉSENTATIONS SOCIALES, PRATIQUES DIAGNOSTIQUES ET DE PRESCRIPTION... 19 8. Le médicament comme support psychologique (désaccord). 9. Le médicament, source despoir pour le patient (accord). 10. Le médicament, source despoir pour le patient (désaccord). 11. Le médicament permet dapaiser la souffrance (désaccord). 12. Le médicament, source de dépendance psychologique (désaccord). 13. Le médicament, lavenir de la pratique médicale (accord). 14. Le médicament, lavenir de la pratique médicale (désaccord). 15. Médecins ayant de 35% à 65% de la clientèle traitée à laide dun psychotrope. 16. Cas danxiété: traitement avec médication. 17. Cas danxiété: médication et psychothérapie. 18. Cas danxiété: psychothérapie. 19. Cas danxiété: autre traitement. 20. Cas danxiété type de médicament prescrit: inhibiteurs à la sérotonine. 21. Cas danxiété type de médicament prescrit: ne sapplique pas. 22. Prescription influencée par les informations précises des compagnies pharmaceutiques. 23. Prescription influencée par le manque de temps pour approfondir lentrevue. 24. Tout diagnostic de maladie conduit à un médicament. 25. Importance dans le traitement de lanxiété et de la dépression de lalimentation des patients: aucune. 26. Importance dans le traitement de lanxiété et de la dépression de lalimentation des patients: généralement peu. 27. Importance dans le traitement de lanxiété et de la dépression de lalimentation des patients: recommandations sur lalimentation autant que possible. 28. Importance dans le traitement de lanxiété et de la dépression des suppléments vitaminiques: aucune. Deux modalités peuvent être associées plus étroitement aux surprescripteurs: le peu dimportance accordé à lalimentation des patients dans le traitement des cas danxiété et labsence dimportance accordée aux suppléments vitaminiques. Toutefois, les résultats sur lensemble des modalités actives liées aux pratiques de prescription ne permettent pas dopérer une distinction marquée entre les surprescripteurs et les non surprescripteurs du point de vue de la prescription. Tout au plus, la conception centrée sur le médicament comme moyen dintervention (impliquant un aspect contractuel de compassion, un rôle de potion magique, de support psychologique, despoir pour le patient et davenir pour la pratique médicale) apparaît très modérément associée aux surprescripteurs. 7. Discussion: la diversité des pratiques liées à la diversité des contextes Lensemble des résultats analysés dans les vingt entrevues de médecins et lanalyse des 320 questionnaires ont permis de conclure à une population relativement homogène sur le plan représentationnel car on ne retrouve aucune distinction majeure en fonction du groupe (surprescripteurs et non surprescripteurs) ou de dautres variables telles que le sexe, lexpérience ou la clientèle. En effet, concernant les pratiques déclarées, aucune distinction nest observée entre surprescripteurs et non surprescripteurs pour ce qui est des pratiques diagnostiques et les deux groupes se distinguent très légèrement sur les pratiques de prescription. Les résultats obtenus contredisent donc ceux des études qui décrivent des stéréotypes de médecins tels les surprescripteurs qui privilégieraient le médicament au détriment de toute autre intervention. 20 CATHERINE GARNIER, LYNN MARINACCI, MARTINE QUESNEL Le plan factoriel des pratiques de prescription se structure en fonction du traitement et de la vision du médicament, celui des pratiques diagnostiques en fonction de la dimension temporelle et technique des examens. Lorsquon relie le champ représentationnel aux pratiques, on obtient daprès le modèle théorique des représentations sociales, une structure représentationnelle plutôt homogène de lensemble des médecins, structure marquée par les contingences du contexte de la pratique professionnelle laquelle est conditionnée principalement par la souffrance. Les médecins performants en matière de prescription générale deviennent probablement surprescripteurs non pas en raison de représentations sociales ou de pratiques diagnostiques, prescriptives ou relationnelles différentes de leurs collègues mais bien parce que les contingences de leur pratique professionnelle semblent les exposer davantage à la souffrance humaine. Les contextes particuliers de pratique (plus grand nombre de patients avec rendez-vous, durée moindre de consultation, pratique en milieu rural, clientèle composée majoritairement de personnes âgées) sont des facteurs favorables à une augmentation de la prescription. Compte tenu du nombre insuffisant de médecins et particulièrement dans le milieu rural, la charge de travail augmente, le nombre de patients avec rendez-vous augmente, ce qui crée une pression supplémentaire sur le médecin qui loblige à réduire le temps de consultation et empêche dapprofondir lentrevue. Si on ajoute à cela une clientèle composée majoritairement de personnes âgées dont les dossiers plus volumineux sont plus longs à parcourir, une compréhension plus limitée des savoirs médicaux et une culture du médicament qui nécessitent une pratique éducative plus importante que les autres types de clientèle, on obtient une conjugaison de facteurs qui exercent une pression considérable sur le médecin. En conclusion, lensemble des médecins interrogés apparaissent plutôt comme un fort groupe cohésif dont la diversité des pratiques sexpliquerait davantage par les contextes de pratique. Abstract: Multiple and complex factors involved in prescription problematic demand a global reflection that integrate psychosocial dimensions. The choice of theoretical framework, social representation theory, allows for the understanding of prescription practice and how it is integrated into multiples influences at the centre of the same interactions that it provokes. The analysis of 20 interviews with doctors and the factorial analysis of 320 questionnaires completed by physicians allowed the identification of a quasi homogeneous representational structure for the totality of physicians, and the structure revealed context specificities pertaining to medical practice, particularly in regards to suffering. Rezumat: Multiplicitatea ºi complexitatea factorilor implicaþi în problematica prescripþiei medicale necesitã o reflecþie globalã care integreazã dimensiuni psihosociale. Demersul ales pentru aceastã cercetare (subvenþionatã de CQRS ºi CRSH), care se sprijinã pe cadrele teoretice furnizate de teoria reprezentãrilor sociale, permite înþelegerea modului în care practicile de prescripþie medicalã se integreazã într-un ansamblu de influenþe diverse, chiar în centrul interacþiunilor suscitate de aceastã activitate. Analiza a 20 de interviuri ºi analiza factorialã de corespondenþã multiplã a 320 de chestionare ale unei populaþii de medici au permis descrierea unei structuri reprezentaþionale relativ omogene pe ansamblul corpului medical, structurã marcatã de influenþa contextului practicilor profesionale, iar printre altele ºi de suferinþa pacienþilor. Références Aballea, F. (1987), Le besoin de santé. Les déterminants de la consommation, Presses Universitaires de France. Publication CTNERHI, Paris. REPRÉSENTATIONS SOCIALES, PRATIQUES DIAGNOSTIQUES ET DE PRESCRIPTION... 21 Abric, J.C. (ed.) (1987), Coopération, compétition et représentations sociales, Delval, Fribourgh, Suisse. Abric, J.C. (1994), Pratiques sociales et représentations, Presses Universitaires de France, Paris. Anderson, N. (1998), Levels of Analysis in Health Science, A Framework for Integrating Sociobehavioral and Biomedical Research, Annals of the New York Academy of Sciences, 840 (3), pp. 563-576. Ankri, J.; Collin, J.; Perodeau, G.; Beaufils, B. (2002), Médicaments psychotropes et sujets agés, une problématique commune France-Québec? (Synthese de la littérature), Science Sociales et Santé, 20(1), pp. 35-61. Backonja, M.; Brown, W.A. (1998), Haressing the Placebo Effect, Hospital Practice, The Placebo Effect, 7, pp. 1-14. Bernardez, M.; Puche, E.; Martinez, B.; Garcia Morillas, M.; Luna, J.D. (1997), Estudio farmacoepidemiologico a largo plazo sobre dispensacion de farmacos por la oficina de farmacia en AP rural. Influencia de edad y sexo (A Long-Term Pharmacoepidemiological Study on Drug Dispensing by the Pharmacy Office in Rural Primary Care. The Influence of Age and Sex), Aten Primaria, 19 (1), pp. 7-11. Bjerrum, L.; Dessau, R.B.; Hallas J. (2002), Treatment Failures after Antibiotic Therapy of Uncomplicated Urinary Tract Infections. A Prescription Database Study, Scandinavian Journal of Primary Health Care, 20 (2), pp. 97-101. Blackwell, B.; Cooperstock, R. (1983), Benzodiazepine Use and the Biopsychosocial Model, J. Family Practice, 17, pp. 451-57. CCRA, 2001, Épidémiologie de la pharmacorésistance, site web, Comité canadien sur la résistance aux antibiotiques, 17 août 2001. Chaudhury, R.R. (1986), A Rational Drugs Programme for India, Man and Development, 8 (2), pp. 78-85. Clark, Peter A. (2000), The Ethics of Alternative Medicine Therapies, Journal of Public Health Policy, 21(4), pp. 447-470. *** Clinical Trials Comparing Placebo with No Treatment, The New England Journal of Medicine, 344 (21), pp. 1594-1602. Cormier, D.; Trudel, J. (1990), Médicaments, la surconsommation chez les personnes âgées, Éditions Méridien, Montréal. Cotnoir, M. (1995), La mise en marché du médicament en droit pharmaceutique canadien, Thémis, Montréal. Davis, H.; Baum, C.; Graham, G.J. (1991), Indices of Drug Misuse Foo Prescription drugs, Int J. Addictions, 26, pp. 77-95. De Brouwere, V.; Van Lerberghe, W.; Criel, B.; Van Dormael, M. (1996), Between Scientific Management and Research-action: The Problem of Overconsumption of Drugs in Kasongo (Zaire), Cahiers de sociologie et de démographie médicales, 36 (2), pp. 141-170. Doise, W.; Clemence, A. (1992), Représentations sociales et analyses de données, Presses Universitaires de Grenoble, Grenoble. Eisenberg, J.M. (1986), Doctors Decisions and the Cost of Medical Care, Health Administration Press, Ann Arbor. Ernst, E.; Resch, K.L. (1995), Concept of True and Perceived Placebo Effects, British Medical Journal, 311(3), pp. 551-553. Fainzang, S. (2001), Lanthropologie médicale dans les sociétés occidentales. Récents développements et nouvelles problématiques, Sciences Sociales et Santé, 19 (2), pp. 5-27. Finch, J. (1993), Prescription Drug Abuse, Primary Care, 20 (1), pp. 231-239. Flament, C. (1981), Lanalyse de similitude, une technique pour les recherches sur les représentations sociales, Cahier de Psychologie cognitive, 1 (4), pp. 375-395. Flament, C. (1994), Structure, dynamique et transformation des représentations sociales, J.C. Abric (ed.), Pratiques sociales et représentations, Presses Universitaires de France, Paris, pp. 37-58. 22 CATHERINE GARNIER, LYNN MARINACCI, MARTINE QUESNEL Flick, U. (1995), Social Representations of Health and Illness, Papers on Social Representations, vol. 4, no 1, pp. 1-2. Frost, C.E; Forster, D.P. (1985), Prescription Frequency, Iatrogenesis and Economic Evaluation, Reviews on Environmental Health, 5 (2), pp. 135-149. Frangou, S.; Lewis, M. (2000), Atypical Antipsychotics in Ordinary Clinical Practice, a Pharmaco-epidemiologic Survey in a South London Service, European Psychiatry, The Journal of the Association of European Psychiatrists, 15 (3), pp. 220-226. FRM (Fondation pour la recherche médicale) (2000), La résistance aux antibiotiques, site web. Frost, C.E.; Forster, D.P. (1985), Prescription Frequency, Iatrogenesis and Economic Evaluation, Reviews in Environmental Health, 5 (2), pp. 135-149. Galli, I.; Fasanelli R. (1995), Health and Illness, a Contribution to the Research in the Field of Social Representation, Papers on Social Representation, 4, pp. 15-28. Garnier, C. (2001), Explorer et favoriser le développement interdisciplinaire autour des pratiques liées à la médication, Subvention CRSH 2000-2003 Initiatives de développement de la recherche. Garnier, C. (1999), La genèse des représentations sociales dans une perspective développementale, in M.L. Rouquette; C. Garnier, La genèse des représentations sociales, Éditions Nouvelles, Montréal. Garnier, C.; Marinacci, L.; Grandtner, A.M.; Quesnel, M.; Richard, M.; Giroux, L.; Lambert, I.; Ouellet, C.; Hall, V.; Gigling, M. (2000), Analyse des représentations sociales dans la prescription des médicaments psychotropes, GEIRSO (Groupe dÉtude sur lInterdisciplinarité et les Représentations Sociales), Montréal. Guimelli, C.; Rouquette, M.L. (1992), Contribution du modèle associatif des schèmes cognitifs de base à lanalyse structurale des représentations sociales, Bulletin de psychologie, 45 (no. Spécial, Nouvelles voies en psychologie sociale) (XLV), pp. 196-202. Hart, C. (1999), The Mysterious Placebo Effect, Understanding it Can Help Avoid Flawed Study Designs, Modern Drug Discovery, 2 (4), pp. 30-40. Herzlich, C. (1969), Santé et maladie, analyse dune représentation, Mouton, Paris. Herzlich, C. (1970), Médecine, maladie et société, Mouton et La Haye, Paris. Hrobjartsson, A.; Gotzsche, P. (2001), Is the Placebo Powerless? An Analysis of Clinical Trials Comparing Placebo with no Treatment, The New England Journal of Medicine, 344(21), pp. 1594-1602. Hrobjartsson, A. (2002), What are the Main Methodological Problems in Estimation of Placebo Effects?, Journal of clinical epidemiology, 55 (5), pp. 430-435. Huttin, C.; Bosanquet, N. (1992), The Prescription Drug Marquet, International Perspectives and Challenges for the Future, North Holland, Amsterdam. Jennett, P.A.; Hunter, AH. (1996), Using Multiple Instruments to Understand Clinical Management Choices in the Office, Annals of the Royal College of Physicians and Surgeons of Canada, 29 (3), pp. 156-160. Knipe, E. (1999), Medical Anthropology and the World System, A critical perspective, American Journal of Human Biology, 11 (3), pp. 420-421. Kuhn, Daniel R. (1998), Is Homecare Always the Best Care?, Generations, 22 (3), pp. 99-101. Laplantine, F. (1986), Anthropologie de la maladie, étude ethnologique des systèmes de représentations étiologiques et thérapeutiques dans la société occidentale contemporaine, Payot, Paris. Layani, G. (1998), Le paradoxe du placebo, site web, Medcost, 2001. Lichtenberg, F.R. (2000), The Benefits and Costs of Newer Drugs, Evidence From the 1996 Medical Expenditure Panel Survey, CESifo Working Paper Series No. 404. Majeed, A.; Moser, K. (1999), Age and Sex-specific Antibiotic Prescribing Patterns in General Practice in England and Whales in 1996, British Journal of General Practice, 49 (446), pp. 735-736. Mangione Smith, R.; Stivers, T.; Elliott, M.; McDonald, L.; Heritage, K. (2003), Online Commentary during the Physical Examination, A Communication Tool for Avoiding Inappropriate Antibiotic Prescribing?, Social Science and Medicine, 56 (2), pp. 313-320. REPRÉSENTATIONS SOCIALES, PRATIQUES DIAGNOSTIQUES ET DE PRESCRIPTION... 23 MEDCOST, 2001, Afrique du Sud, le bout du tunnel, site web http//www.medcost.fr/html/ pharmacies_ph/mag_2001/mag17_competitivite.htm. Meyer, P. (1984), La révolution des médicaments. Mythes et réalités, Arthème Fayard, Paris. Meynard, F. (1990), Dire, faire et faire dire, Vie Pédagogique, 68, pp. 35-37. Mitchell, J.; Mathews, H.F.; Hunt, L.-M.; Cobb, K.H.; Watson, R.W. (2001), Mismanaging Prescription Medications Among Rural Elders, The Effects of Socioeconomic Status, Health Status, and Medication Profile Indicators, Gerontologist, 41 (3), pp. 348-356. Montamat, S.C.; Cusack, B. (1992), Overcoming Problems with Polypharmacy and Drug Misuse in the Elderly, Clinics in Geriatric Medicine, 8, pp. 143-158. Moscovici, S. (1961), La psychanalyse, son image et son public. Étude sur la représentation sociale de la psychanalyse, 1ére éd., Presses Universitaires de France, Paris. Moscovici, S. (1992), La nouvelle pensée magique, Bulletin de psychologie, XLV (405), pp. 301-324. Nichter, M.; Vuckovic, N. (1994), Agenda for an Anthropology of Pharmaceutical Practice, Social Sciences and Medicine, 39 (11), pp. 1509-1525. Peebles, J.E.; Moore, R. (1996), Illness Schemata in Patients with Chronic Pain, Prediction of Rehabilitation, Abstracts of the XXVI International Congress of Psychology, p. 389. Raisch, D.W. (1990a), A Model of Methods for Influencing Prescribing. Part 11, A Review of Educational Methods, Theories of Human Inference, and Delineation of the Model, DICP, The Annals of Pharmacotherapy, 24, pp. 537-542. Raisch, D.W. (1990b), A Model of Methods for Influencing Prescribing. Part 1, A Review of Prescribing Models, Persuasion Theories and Administrative and Educational Methods, DICP, The Annals of Pharmacotherapy, 24, pp. 417-421. Sleath, B.; Shih, Y.C.T. (2003), Sociological Influences on Antidepressant Prescribing, Social Science and Medicine, 56 (6), pp. 1335-1344. Stephens, Eric C.; Johnson, Mitzi, M.S. (2000), Dr. Mom and Other Influences on Younger and Older Adults OTC Medication Purchases, Journal of Applied Gerontology, 19 (4), pp. 441-459. Tamblyn, R.; Battista, R. (1993), Changing Clinical Practice, With Interventions Work?, The Journal of Continuing Education in the Health Professions, 13, pp. 273-288. Tamblyn, R. et al. (1994), Questionable Prescribing for the Elderly Patients in Quebec, Canadian Medical Association Journal, 150 (11), pp. 1801-1809. Douki, S.; Taktak, M.J.; Ben Zineb, S.; Cheour, M. (1999), Therapeutic Strategies in the First Psychotic Episode, LEncéphale, 25 (3), pp. 44-51. Tashakkori, A.; Teddlie, C. (1998), Introduction to Mixed Method and Mixed Model Studies in the Social and Behavioral Sciences, in A. Tashakkori; C. Teddlie, Mixed Methodology. Combining Qualitative and Quantitative Approaches, Sage Publications, Thousand Oaks, London, New Dehli. Therrien, L. (1997), Étude sur les facteurs dinfluence de la prescription de médicaments aux aînés-es demeurant à domicile et sur les cibles daction visant à rendre optimale cette pratique, Maîtrise en Santé communautaire, Université Laval, Québec. Van der Geest, S.; Van der Veen, K. (1982), In Search of Health. Essays in Medical Anthropology, Social Science and Medicine, 16 (13), pp. 1311-1312. Van der Geest, S.; Hardon, A.P.; Greenhalgh, T.; Wolffers, I. (1987), Pharmaceuticals in the Third World, The Local Perspective, Social Science and Medicine, 25 (3), pp. 273-321 Von der Schulenburg, J.M.G. (1992), Germany, Solidarity at a Price, Journal of Health Politics, Policy and Law, 17 (4), pp. 715-738. Weijer, C.; Dickens, Bernard; Meslin, Eric M. (1997), Bioethics for Clinicians,10, Research Ethics. Canadian Medical Association, 156 (8), pp. 1153-1157. Roberto Fasanelli1, Ida Galli2 Relaþiile dintre acþiunile de asistenþã ºi reprezentãrile sociale: o contribuþie empiricã Rezumat: Studiul relaþiilor dintre practicile sociale ºi reprezentãrile aferente, puþin abordate pânã acum, constituie astãzi una dintre problemele centrale ale evoluþiei teoriei reprezentãrilor sociale. Scopul cercetãrii noastre este de a identifica mecanismele prin care o reprezentare socialã este activatã în cadrul unui context dat, în cazul nostru de luare în grijã ºi de terapie a pacienþilor. În concordanþã cu premisele epistemologice ale teoriei de referinþã, eºantionul este compus din subiecþi pentru care boala Alzheimer reprezintã un obiect al interacþiunilor simbolice cotidiene, realizate prin intermediul limbajului. Ca structurã, eºantionul a fost divizat în urmãtoarele subeºantioane: (1) îngrijitori formali (medici sau personal paramedical) ºi (2) îngrijitori informali (rude ale bolnavilor). Pentru a studia reprezentãrile sociale ale bolii Alzheimer pe subeºantioane, am abordat pentru început câmpul lexical. Componenta informaþie a fost studiatã supunând datele culese prin asociaþia liberã la o analizã frecvenþialã de tip lexical. În abordarea celei de-a doua componente, câmpul reprezentãrii, am recurs la o analizã statisticã descriptivã. De asemenea, în scopul identificãrii nucleului central al reprezentãrii, ca ºi a sistemului sãu periferic, am analizat termenii liber asociaþi prin intermediul tehnicii evocãrilor ierarhizate, propusã de Vergès. Aceiaºi subiecþi au participat apoi la o serie de interviuri semidirective utile în cunoaºterea mai detaliatã a reprezentãrii sociale în discuþie. Datele au fost prelucrate printr-o analizã de conþinut categorial-frecvenþialã. Rezultatele furnizeazã, printre altele, o serie de elemente de reflecþie foarte interesante asupra reprezentãrilor sociale ale sãnãtãþii ºi ale bolii, elaborate de cãtre un public direct sau indirect implicat în interacþiuni cu persoane în stãri alterate sau patologice. Introducere ºi scopul cercetãrii Obiectul cercetãrii prezente constã în studierea relaþiilor existente între acþiunile de asistenþã ºi reprezentãrile sociale ale bolii Alzheimer, realizate de douã tipuri de caregivers (îngrijitori, asistenþi): cei formali ºi cei informali. Interesul pentru o astfel de cercetare are la bazã faptul cã boala Alzheimer aparþine unui tip de patologie cãreia cunoºtinþele medicale actuale n-au reuºit încã sã-i gãseascã un remediu. Pe lângã faptul cã este incurabilã, ea presupune ºi o deteriorare fizicã ºi 1. Universitatea din Calabria. 2. Universitatea de Studii Federico II din Napoli. PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale RELAÞIILE DINTRE ACÞIUNILE DE ASISTENÞà ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE... 25 psihicã progresivã ce duce bolnavul la o distrugere totalã în urma pierderii graduale a autonomiei ºi a identitãþii. În mod inevitabil, toate acestea se repercuteazã asupra familiei, care trebuie sã-ºi asume, aproape în exclusivitate, o sarcinã asistenþialã, ce devine tot mai dificilã, atât pe plan fizic, cât ºi psihologic, pe mãsurã ce boala avanseazã. Membrii familiei trebuie deci, pe lângã faptul de a asista neputincioºi la deteriorarea produsã de boalã, sã facã faþã ºi unei situaþii deosebit de dificile ºi stresante. Importanþa pe care o dobândeºte asistentul informal este determinatã în acelaºi timp de rolul sãu fundamental în asistenþa pacientului, cât ºi de rolul pe care îl joacã în relaþia cu personalul medical (asistenþii formali). Într-adevãr, în timpul perioadei de tratament al maladiei Alzheimer sau mai bine zis de înfruntare ºi reducere a suferinþei produse de boalã este profund alterat tradiþionalul raport medic-pacient, bazat dintotdeauna pe o importantã relaþie de comunicare bipolarã. Pe de o parte se aflã pacientul, care se adreseazã medicului pentru a comunica o suferinþã, o neplãcere, ºi de cealaltã parte medicul, care îºi bazeazã diagnosticul, înainte chiar de a primi rezultatele analizelor mai mult sau mai puþin complexe, pe capacitatea sa de a înþelege ºi interpreta mesajele verbale ºi nonverbale ale pacientului. Incapacitatea progresivã a bolnavului de Alzheimer de a-ºi descrie propriile simptome, ca ºi imposibilitatea sa de a se îngriji în mod autonom fac din asistentul informal interlocutorul central în raportul cu medicul ºi cu serviciile medicale. Înainte de toate, persoanele care se aflã în jurul pacientului sunt cele care îºi dau seama cã ceva nu mai merge, cã pacientul nu mai este el însuºi ºi se adreseazã medicului. În afarã de asta, asistenþii informali reprezintã niºte importanþi parteneri critici în efortul de a furniza o asistenþã de calitate bolnavului de Alzheimer. Pentru persoanele afectate de aceastã maladie este foarte important sã se bucure de o asistenþã caracterizatã de afecþiune ºi înþelegere, fãrã a mai þine cont de nepreþuita posibilitate de a putea rãmâne în propriul mediu familial. Faptul de a rãmâne în casa lui îi asigurã pacientului o mai bunã calitate a vieþii ºi poate contribui la încetinirea apariþiei ºi a avansãrii deficienþelor funcþionale. De altfel, legãturile ce unesc o persoanã de propriul sãu mediu de viaþã sunt extrem de subtile (Roussiau, Bonardi, 2001). Aºadar, raportul dintre asistenþii formali ºi cei informali este de o importanþã deosebitã, nu numai pentru cã sprijinul informativ, instrumental ºi afectiv din partea profesioniºtilor poate uºura munca de asistenþã, apãrând bunãstarea bolnavului, dar ºi pentru cã doar prin intermediul colaborãrii lor se poate garanta sprijinul pentru activitãþile terapeutico-recuperatoare acordate pacientului. Astfel, asistentul informal are ºi un important rol de mediator între medic ºi pacient, ocupându-se personal de punerea în practicã a indicaþiilor terapeutice. Aºa cum aratã numeroase studii din domeniul psihologiei sãnãtãþii, centrate asupra raportului medic-pacient, perspectivele celor douã pãrþi ce interacþioneazã sunt adesea divergente ºi se focalizeazã asupra unor tipuri de probleme diferite. Practica sanitarã cotidianã poate fi consideratã ca locul de întâlnire/ciocnire între douã domenii de cunoºtinþe: cel al medicului, legitimat în a se pronunþa asupra diagnosticului, asupra prognosticului ºi a tratamentului, ºi cel al bolnavului ºi al familiei sale, care trãiesc experienþa suferinþei cu bagajul ei iraþional de angoase ºi speranþe ce pot sã nu urmeze ritmul ºi prescrierile medicinei. În lucrarea de faþã am încercat sã focalizãm atenþia ºi pe întâlnirea ºi relaþia dintre diferitele tipuri de asistenþi, nu numai pe producþiile simbolice la care aceºti subiecþi recurg în activitatea lor, în cazul bolii Alzheimer. 26 ROBERTO FASANELLI, IDA GALLI Ancheta a fost proiectatã ºi condusã în scopul identificãrii modurilor diferite de a înþelege boala de cãtre medici ºi de membrii familiei. Aceastã diferenþã a fost presupusã luând în consideraþie cele douã sisteme de cunoºtinþe despre bolnav cãrora le aparþin subiecþii implicaþi: cel reificat, al medicilor, ce conduce la punctul de vedere geriatric, cu consolidata sa matrice medicalã, ºi cel consensual, al membrilor familiei, dictat de necesitatea ºi experienþa zilnicã. De asemenea, este oportun sã precizãm cã în relevarea datelor au fost implicaþi ºi asistenþii informali ce se folosesc regulat de serviciile oferite de unicul Centru Diurn (de zi) al oraºului Napoli. Spre deosebire de Unitatea de Evaluare Alzheimer, aceastã structurã instituþionalã prevede, pe lângã o serie de activitãþi de recuperare ºi recreative pentru pacienþi, ºi un sprijin durabil pentru membrii familiei care, între altele, sunt instruiþi asupra maladiei ºi ajutaþi sã o înfrunte în mod cât mai eficient. Am ales sã investigãm ºi reprezentarea pe care aceºti subiecþi o au despre boalã, plecând de la ideea cã membrii familiei ce se folosesc de serviciile Centrului Diurn au un nivel superior de conºtientizare ºi o mai bunã cunoaºtere a problematicii cu privire la boalã decât cei ce se adreseazã Unitãþii de Evaluare Alzheimer ºi cã acest lucru influenþeazã construcþia socialã a raportului lor cu partenerul de viaþã, cu deficienþele acestuia ºi cu boala însãºi, ºi diferenþiazã acþiunile lor de ajutor. Strategii ºi tehnici de relevare ºi analizã a datelor Eºantionul ºi contextul producerii datelor O datã stabilitã natura ºi specificitatea obiectului analizei, s-a hotãrât sã se foloseascã un eºantion nonprobabilistic de 40 de subiecþi, compus atât din personalul medical ce funcþioneazã pe lângã diversele Unitãþi de Evaluare Alzheimer din oraº, cât ºi din cei ce se ocupã zilnic de asistenþa bolnavilor de Alzheimer, membrii familiei. Mai precis, subiecþii intervievaþi au fost împãrþiþi în urmãtoarele subeºantioane: a) Subeºantionul personalului medical/caregivers formali (asistenþi formali) constituit din 14 specialiºti în geriatrie recrutaþi de la patru Unitãþi de Evaluare Alzheimer diferite din ASL (asistenþa socialã localã) NA (Napoli) 1 (circumscripþiile 45, 47, 51 ºi 53). b) Subeºantionul membrilor familiilor bolnavilor de Alzheimer, constituit în total din 26 de subiecþi subîmpãrþiþi în diferite categorii: un prim grup compus din 18 asistenþi care se folosesc de serviciile uneia din cele patru Unitãþi de Evaluare Alzheimer la care au fost realizate interviurile personalului medical; un al doilea grup format din 8 asistenþi (totalul celor prezenþi în momentul anchetei), ce se folosesc periodic de serviciile Centrului Diurn. Criteriul de selecþie a asistenþilor prevedea sã fie incluse în acelaºi subeºantion situaþiile comparabile în ceea ce priveºte caracteristicile pacientului care trebuia sã prezinte o evoluþie a bolii situabilã în aceeaºi fazã intermediarã. Ipoteza ce a inspirat aceastã alegere se bazeazã pe faptul cã toþi asistenþii selecþionaþi trebuiau sã se confrunte cu o sarcinã asistenþialã asemãnãtoare. Întâlnirea cu medicii ºi cu asistenþii informali a avut loc la cele patru Unitãþi de Evaluare Alzheimer (UEA) ºi la sediul Centrului de Zi (CZ). RELAÞIILE DINTRE ACÞIUNILE DE ASISTENÞà ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE... 27 Metoda Pentru a studia reprezentãrile sociale ale bolii Alzheimer elaborate de cele trei subeºantioane implicate în cercetare (asistenþi formali, asistenþi informali UEA ºi asistenþi informali CZ) am ales sã plecãm de la universurile lor semantice. Prima componentã studiatã, informaþia, a fost reconstruitã supunând analizei lexicale, de tip frecvenþial, materialele adunate printr-o probã de asociaþii libere. Datele adunate prin utilizarea acestei tehnici au fost utilizate succesiv ca un mijloc de acces la a doua componentã investigatã, cea pe care Moscovici (1961) o numeºte unitate ierarhicã de elemente, cu alte cuvinte câmpul domeniului reprezentãrii, identificat printr-o analizã statisticã monovariatã. În scopul identificãrii nucleului central ºi a elementelor periferice ale reprezentãrii sociale, termenii liber asociaþi de cãtre subiecþii intervievaþi au fost analizaþi în maniera lui Vergès (1992), încruciºând între ele douã criterii posibile de realizare a prototipurilor: cel al frecvenþei de apariþie ºi cel al rangului de apariþie, prin utilizarea software-ului Evoc 2000. Dupã Vergès, doar o strânsã corelaþie între frecvenþã ºi rangul mediu de apariþie poate furniza indicaþiile necesare pentru a stabili cât de central ºi relevant este într-adevãr un element în structura internã a unei reprezentãri sociale. În fine, aceiaºi subiecþi care au luat parte la proba asocierilor libere au fost supuºi unui interviu semidirectiv, instrumentul cel mai potrivit dupã Breakwell ºi Canter (1993) pentru a cunoaºte sentimentele, modelele de explicare, teoriile naïve (naive) ale asistenþilor ºi, în acelaºi timp, opiniile ºi aºteptãrile lor în privinþa evoluþiei bolii ºi a practicilor de tratament. Altfel spus, cu ajutorul acestui instrument a fost posibil sã accedem la conþinutul reprezentãrii studiate. Datele obþinute în aceastã fazã a cercetãrii au fost supuse analizei, fie prin cumul adicã prin clasificarea analogicã ºi progresivã a elementelor, fie prin unitãþi tematice adicã reperându-le pe cele pe care Bardin (1977) le defineºte ca nuclee de sens, prin descompunerea ansamblului convorbirilor, pe baza unei grile de categorii proiectate plecând de la conþinuturile considerate semnificative pentru studiu. Trebuie sã adãugãm la cele spuse pânã acum cã, în cadrul diferitelor reprezentãri ale bolii furnizate de membrii familiei ºi de personalul medical, a fost dedicatã o atenþie deosebitã importanþei atribuite de cãtre douã subeºantioane diferitelor tulburãri din demenþa Alzheimer (cognitive, comportamentale, funcþionale). Într-adevãr, numeroase studii au demonstrat cã alterãrile comportamentale reprezintã principala sursã de inconfort pentru asistenþii informali, constituind elementul emoþional cel mai greu de gestionat (Maslow, 1994; Trabucchi, 2000). Degradarea cognitivã ºi pierderea autonomiei funcþionale, care determinã în aceeaºi mãsurã cantitatea de muncã asistenþialã, par sã greveze într-o mãsurã mai puternicã asupra inconfortului asistenþilor. În analiza propusã în continuare, s-a încercat sã se verifice ºi ponderea diferitã pe care medicii ºi membrii familiei o atribuie tulburãrilor ce caracterizeazã în mod major maladia în discuþie. Într-adevãr, inspirându-ne ºi din întinsa literaturã de specialitate privitoare la temã, am presupus cã tulburãrile comportamentale ar trebui sã fie cele mai discriminatorii pentru membrii familiei, în timp ce tulburãrile cognitive ar trebui sã þinã de stricta competenþã a medicilor specialiºti (Grossi ºi Trojano, 1997; Cassano ºi Pancheri, 1999; Bayley, 2000). 28 ROBERTO FASANELLI, IDA GALLI Conþinutul explicit ºi organizarea sa În cea mai recentã carte a sa, dedicatã în întregime metodologiilor de studiu ale reprezentãrilor sociale, Jean-Claude Abric propune una dintre definiþiile cele mai sintetice ale acestei complexe construcþii teoretice. El susþine cã reprezentãrile sociale (RS) trebuie sã fie considerate ( ) ansambluri organizate de informaþii, opinii, atitudini ºi credinþe în legãturã cu un obiect dat. Produse sociale, ele sunt influenþate puternic de valorile corespunzãtoare sistemului socioideologic ºi istoriei grupului care le-a vehiculat, pentru care constituie un element esenþial al viziunii asupra lumii (Abric, 2003, p. 50). ªi mai interesantã decât definiþia este implicaþia metodologicã pe care autorul o deduce din ea: Fiind ansambluri organizate, toate reprezentãrile au deci douã componente: un conþinut ºi o structurã (Abric, 2003, p. 50). A studia o reprezentare socialã, în aceastã opticã, înseamnã înainte de toate a depista elementele constitutive ale acestei structuri; cunoaºterea conþinutului nu este suficientã, organizarea acestui conþinut este cea care dã sens (Abric, 2003, p. 60) întregii reprezentãri: douã conþinuturi identice pot corespunde unor universuri simbolice total diferite ºi, în consecinþã, sã cuprindã douã reprezentãri sociale distincte (Galli, Fasanelli; 2001). Argumentul de fond este cã nu toate elementele unei reprezentãri sociale au aceeaºi importanþã. Unele sunt esenþiale, altele mai puþin, altele sunt chiar irelevante. Ceea ce este important, dacã vrem sã cunoaºtem, sã înþelegem ºi sã modificãm o reprezentare, este sã-i identificãm modul de organizare, adicã ierarhia elementelor constitutive ºi relaþiile dintre ele (Abric, 1976). În cadrul abordãrii structurale, din care se inspirã direct aceastã secþiune a investigaþiei empirice, au fost puse la punct douã instrumente gândite intenþionat pentru a analiza conþinutul unei RS, punându-i în evidenþã ierarhia internã. Aceste instrumente, considerate în mod absolut cele mai performante faþã de obiectivul pe care ºi-l propun, sunt tehnica evocãrii ierarhizate ºi chestionarul de caracterizare. Componentele informaþie ºi câmp ale reprezentãrilor sociale, ca ºi nucleele centrale cãrora le corespund elementele periferice au fost studiate recurgându-se la prima dintre cele douã strategii menþionate mai sus. Interviul În scopul de a elimina dificultãþile interpretative legate de eventuala descoperire a unor materiale asociative profund polisemice, proba asocierilor libere a fost integratã ºi completatã de un interviu semistructurat. Întrebãrile-stimul, pe baza cãrora a fost structurat interviul folosit în investigarea în profunzime a reprezentãrilor sociale ale bolii Alzheimer care circulã în instituþiile citadine rãspunzãtoare de asistenþa subiecþilor afectaþi de aceastã maladie, au fost în numãr de zece pentru fiecare dintre subeºantioanele de asistenþi. Una dintre întrebãri (toate fiind deschise) se diferenþiazã de celelalte, prevãzând administrarea unei checklist (listã de control) a tulburãrilor, în cadrul cãreia se cerea sã se identifice simptomul considerat cel mai reprezentativ pentru patologie. Cum s-a mai spus deja, chestionarul utilizat pentru membrii familiei este în esenþã identic cu cel de mai sus. Unica diferenþã constã în faptul cã unele întrebãri nu prezintã RELAÞIILE DINTRE ACÞIUNILE DE ASISTENÞà ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE... 29 o formulare identicã deoarece s-a considerat oportun sã fie adaptate la tipologia subiecþilor intervievaþi. În întregime înregistrate pe bandã audio ºi transcrise, interviurile au fost supuse unei analize a conþinutului de tip clasic (Krippendorff, 1983; Losito, 1993). Analiza datelor Informaþia Dupã cum se ºtie (Erzlich, 1972), componenta informativã a unei reprezentãri sociale trimite la suma cunoºtinþelor pe care subiecþii le posedã despre un anumit obiect social, ca ºi la cantitatea ºi calitatea cunoºtinþelor respective. În cazul nostru, informaþia este constituitã din ansamblul cuvintelor/expresiilor pe care subiecþii celor douã subeºantioane le-au asociat cu inductorul. În acest sens, este legitim sã afirmãm cã informaþia pe care o posedã subiecþii intervievaþi despre boala Alzheimer coincide cu universul lor semantic ºi deci este necesar sã ºtim cum au fost alcãtuite pentru a putea descrie aceastã componentã importantã a reprezentãrii în obiect. Pânã ºi simpla operaþie de pregãtire a corpus-ului ce urmeazã a fi supus la procedurile analitice alese furnizeazã indicaþii interesante ºi în aceasta rezidã, poate, unul dintre punctele de atracþie ale metodelor calitative asupra diferenþelor privitoare la natura ºi, mai ales, la articularea raþionamentului subiecþilor implicaþi în studiu, referitor la obiectul de analizã. Deºi sarcina de lucru ºi cerinþele au fost identice, cantitatea de termeni diferiþi (ºi/ sau scurte expresii), asociatã de cãtre cei intervievaþi din subeºantioane distincte, s-a dovedit a fi profund diferitã. Mai ales subeºantionul asistenþilor formali (care va fi numit de acum înainte A-F), format din 14 medici specialiºti, a furnizat 49 de substantive diferite din 70 asociate, adicã 70% ºi o medie de 3,5 termeni diferiþi pentru fiecare subiect. Subeºantionul asistenþilor informali ce frecventau UEA (ce va fi numit C-I/UEA), format din 18 rude aflate atunci în spital, a furnizat 78,8% producþii diverse, 71 cuvinte/judecãþi din 90 (3,94 de subiect). În sfârºit, subeºantionul (C-I/CZ) al asistenþilor informali ce frecventau Centrul de Zi (n = 8) a furnizat 34 de teme (titluri, propoziþii) diferite din 40 (85%), în medie 4,25 de subiect. Din punct de vedere pur descriptiv ºi proto-lexicografic, este posibil sã afirmãm cã ratele de interacþiune a universurilor semantice, în subeºantioanele considerate, sunt semnificativ joase, urcând la 30% pentru subeºantionul C-F, la 21,2% la subeºantionul C-I/UEA ºi la 15% la subeºantionul C-I/CZ. Aceastã informaþie necesitã o aprofundare calitativã pentru a fi înþeleasã mai bine. Din acest motiv ºi în scopul de a face comparabile universurile semantice ale diferitelor subeºantioane, materialele adunate prin proba asocierilor libere au fost supuse unei analize categoriale de tip tematic care, aºa cum aminteºte Bardin, poate fi definitã drept o procedurã cognitivã ce ne permite sã operãm clasificãri ale obiectelor plecând de la proprietãþi comune, a cãror finalitate constã în construirea unor ansambluri distincte (Bardin, 2003, p. 251). Plecând de la acest criteriu de categorizare de tip semantic, au fost identificate unele arii tematice în care au fost apoi reaºezaþi termenii asociaþi de cãtre subiecþii fiecãrui subeºantion. 30 ROBERTO FASANELLI, IDA GALLI Ariile tematice identificate sunt urmãtoarele: aria sentimentelor ºi a emoþiilor, ce cuprinde toate acele substantive referitoare la stãri sufleteºti evocate de maladia Alzheimer (tristeþe, singurãtate, fricã, neputinþã, deprimare, stãpânire de sine, agitaþie, speranþã etc.); aria caracteristicilor maladiei, ce cuprinde simptomele specifice ale patologiei desemnate în mod natural, ca ºi substantivele referitoare la caracteristicile mai generale ale acestei forme de demenþã (uitare, tulburare de comportament, dezorientare, care provoacã invaliditate, devastator etc.); aria posibilitãþilor de sprijin ºi asistenþã (tratamente, asistenþi, Cronos, a îngriji etc.); aria termenilor ce exprimã diferitele forme de inconfort resimþit de asistenþi din cauza bolii (problemã, situaþie neplãcutã, limitare gravã, probleme economice, imposibilitatea tratamentului etc.). Confruntând nivelurile de saturaþie ale categoriilor descrise în diferitele subeºantioane, s-a relevat cã 70% dintre substantivele furnizate de asistenþii Centrului de Zi intrã în aria de sentimente ºi emoþii, lucru dovedit de folosirea unor termeni ca: neputinþã, singurãtate, disperare, obositor, tristeþe, angoasant, teama de viitor. În ceea ce-i priveºte pe subiecþii aparþinând subeºantionului de asistenþi UEA, aceºtia au furnizat ºi ei un procent ridicat de termeni referitori la emoþii (45%), asociind inductorului boala Alzheimer expresiile rãbdare, descurajare, resentiment, stãpânire de sine, agitaþie, speranþã, îngrijorare, mare suferinþã, teamã de viitor. În fine, personalul medical a produs doar 35,7% dintre termenii privitori la aceastã arie tematicã, folosind cuvinte ca: tristeþe, singurãtate, fricã, neputinþã, stres. În ansamblu, expresiile care fac referire la o stare emoþionalã par sã fie cel mai frecvent asociate de membrii familiilor, impactul emoþional al maladiei Alzheimer asupra sistemului relaþional al bolnavului fiind în mod indiscutabil ridicat. În cadrul ariei caracteristicilor maladiei, regãsim o proporþie de 35,7% de termeni furnizaþi de medici care asociazã cu boala fie expresii mai generice, precum invaliditate ºi demenþã, fie expresii mai tehnice, cu privire la tulburãrile codificate ale maladiei, precum: memorie, tulburare comportamentalã, dezorientare. Este interesant, ºi în unele privinþe chiar surprinzãtor, cã personalul medical furnizeazã un numãr identic de substantive (35,7% dintre asocieri) referitoare la sentimente ºi la caracteristicile bolii. Sensibilitatea demonstratã chiar ºi faþã de aspectele cele mai emoþionale corelate cu boala, pe lângã faptul cã ar putea fi consideratã un posibil teren de întâlnire între medici ºi membrii familiei, confirmã puterea coercitivã (de constrângere) a practicilor sociale asupra reprezentãrilor. Cantitatea de termeni produºi de asistenþii informali cu privire la caracteristicile bolii este net inferioarã celei a termenilor referitori la aria sentimentelor: doar 15% dintre asistenþii UEA ºi 10% dintre asistenþii Centrului de Zi asociazã inductorului termeni privitori la caracteristicile simptomatice ale maladiei (a uita, dificultatea dialogului, pierderea memoriei etc.) Termenii care fac referire la posibilitãþile de sprijin ºi de asistenþã au fost produºi de 21,4% dintre medici (tratamente, asistenþi ºi Cronos), în timp ce membrii familiei din ambele subeºantioane de asistenþi informali au furnizat doar 10% dintre referirile la aceastã arie, servindu-se de termeni ca a îngriji ºi tratamente. Referirea la Proiectul Cronos este fãcutã doar de personalul medical; aceastã referire nu reiese probabil din producþiile membrilor familiilor, deoarece aceºtia îºi raporteazã reprezentãrile la un tip RELAÞIILE DINTRE ACÞIUNILE DE ASISTENÞà ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE... 31 de asistenþã de naturã mai individualã ºi mai puþin specializatã, datã fiind sarcina de lucru la care sunt constrânºi sã se angajeze zilnic. În sfârºit, aria de inconfort (de neplãceri) este caracterizatã de o diferenþã interesantã între producþiile înregistrate în cele trei subeºantioane. Dintre cuvintele furnizate de medici, cele care se referã la aceastã arie reprezintã procentajul cel mai mic, 7,1%, ºi trimit la conceptul generic de problemã. Membrii familiilor de la UEA, în schimb, enunþã 30% dintre termenii referitori la o situaþie de inconfort, verbalizând-o ca situaþie neplãcutã, distrugerea familiei, limitare severã, mare suferinþã, cerere de ajutor. Asistenþii Centrului Diurn (de Zi), în fine, se referã la o situaþie de inconfort prin intermediul conceptului de bulversare a familiei, ce atinge 10% dintre preferinþele exprimate de aceºti subiecþi. Procentul scãzut de termeni din aceastã arie în cazul personalului medical este uºor explicabil prin faptul cã din experienþa sa lipsesc aspectele legate de dificultãþile de îngrijire zilnicã ºi adesea împovãrãtoare a bolnavului. Dintre membrii familiilor, asistenþii UEA asociazã cel mai des termenul de boala lui Alzheimer unor cuvinte ce exprimã suferinþa. Inconfortul mai redus exprimat de membrii familiilor Centrului Diurn este legatã probabil de faptul cã aceºtia frecventeazã o instituþie ce le dã posibilitatea sã primeascã fie ajutor temporar în sarcina lor asistenþialã, fie un sprijin psihologic care le uºureazã suferinþa. Componenta câmpul reprezentãrii Termenii obþinuþi prin asocierea liberã au fost supuºi unei prime prelucrãri ºi reuniþi pe baza criteriului de sinonimie, pânã la obþinerea unor grupuri de cuvinte care coincid în mod substanþial datoritã sensului lor manifest. Din grupurile astfel obþinute, au fost excluse, în scopul unor elaborãri succesive, cele cu frecvenþã micã (o singurã apariþie). În sfârºit, pentru fiecare grup de termeni, a fost ales un cuvânt-etichetã, mai apropiat de lexemã decât de categorie, capabil sã reprezinte întregul ansamblu de sinonime/derivate unite. Astfel de cuvinte-etichetã au fost identificate pe baza a douã criterii de selecþie: o apropiere lexicalã ridicatã faþã de celelalte ºi o mai mare frecvenþã întâmplãtoare în interiorul fiecãrui grup în parte. Conþinutul general al fiecãrui purtãtor de etichetã a fost identificat, deplasând axa criteriului de selecþie cãtre apropierea semanticã. În acest mod, aºa cum se vede ºi din tabelul urmãtor, au fost obþinute 11 agregate (grupuri) pentru personalul medical, 14 pentru asistenþii ce frecventeazã UEA ºi 8 pentru asistenþii de pe lângã Centrul Diurn; aceste ansambluri permit identificarea câmpurilor reprezentative ale fiecãrui subeºantion în parte. Tabelul 1. Cadrul sinoptic al componentelor câmpul de reprezentare Asistenþi formali Tristeþe 78,6% Stres 64,3% Tulburare de 57,1% comportament Demenþã 57,1% Asistenþi informali UEA Rãbdare 94,4% Descurajare 55,6% Tãcere 38,9% Asistenþi informali C.D. Singurãtate 100% Disperare 100% Devastare 100% Pierderea memoriei Grijã pentru viitor 38,9% 62,5% 32 Asistenþi formali Boalã în agravare 50,2% Singurãtate 35,7% Problemã 35,7% Asistenþi 35,7% Neputinþã 21,4% Tratamente 21,4% Cronos 21,4% ROBERTO FASANELLI, IDA GALLI Asistenþi informali UEA Lipsã de liniºte 38,9% Probleme economice 27,8% Cronicitatea bolii 27,8% Limitare severã 27,8% Mânie 22,2% Tragedie 16,7% Teama de viitor 16,7% Situaþie neplãcutã 16,7% Cerere de ajutor 11,1% Lamentaþii 11,1% Asistenþi informali C.D. Dificultate de expresie 37,5% Tratamente 37,5% Bulversarea familiei 25% Ignoranþã 25% Dupã cum se observã, datele prezentate în tabel confirmã ipoteza existenþei a trei reprezentãri diferite ale bolii Alzheimer, corespunzãtoare celor trei subeºantioane distincte supuse studiului. Nu este posibil, într-adevãr, sã fie depistate suprapuneri sau intersecþii semnificative între câmpurile semantice identificate, din cauza nivelului scãzut de elemente constitutive ale reprezentãrii prezente în mai multe grupuri. Datele obþinute dupã împãrþirea în categorii semantice permit oricum o foarte interesantã îmbogãþire a precedentei analize lexicale, furnizând un cadru mai clar al interacþiunii (suprapunerii) intergrup a dimensiunilor cognitive ale reprezentãrii. De exemplu, în ceea ce priveºte personalul medical, 5 elemente dintre cele 11 ce constituie câmpul semantic (adicã 45%) adunã mai mult de 50% dintre preferinþele exprimate de cei intervievaþi. Mai precis, cuvântul tristeþe, care include în sine termenii depresie, depresia membrilor familiei ºi melancolie, este folosit cu o frecvenþã de 78,6%; cuvântul stres, asociat cu agitaþie, angoasã etc., ajunge la procentajul considerabil de 64,3; sintagma tulburare comportamentalã, ce cuprinde, printre altele, termeni ca tulburare de personalitate, alterare funcþionalã etc., se prezintã, în conformitate cu natura locutorilor, cu acelaºi procentaj (57,1%) ca ºi cuvântul demenþã, care asimileazã în schimb termenii legaþi mai degrabã de ideea de declin cognitiv; în sfârºit, expresia boalã în agravare (50,2%) cuprinde în sine o serie de evaluãri exprimate de medici faþã de boalã, precum costisitoare, devastatoare, dezastru etc. Trecând la câmpul reprezentãrilor asistenþilor UEA, apare evidentã enorma diferenþiere/dispersie a cunoºtinþelor membrilor acestui eºantion. Numãrului mai mare de categorii depistate în materialele asociate liber îi corespunde un numãr mai mic de dimensiuni împãrtãºite de mai mulþi subiecþi. Doar douã grupuri de termeni din 14 (14,3%) depãºesc pragul jumãtãþii de eºantion: cel etichetat ca rãbdare, ce cuprinde expresii idiomatice precum a-ºi purta crucea sau termeni înrudiþi, ca toleranþã, a sprijini etc. Ca într-o oglindã se prezintã situaþia în subeºantionul membrilor familiei ce frecventeazã Centrul de Zi, care, în acest caz, este extrem de semnificativã din punctul de vedere al concentraþiei elementelor ce constituie câmpul reprezentativ. Celui mai mic numãr de categorii depistate în materialele liber asociate îi corespunde un numãr mai mare de dimensiuni împãrtãºite de mai mulþi subiecþi ºi, înainte de toate, cu procentajele cele mai înalte din întregul eºantion. Într-adevãr, grupurile de termeni ce depãºesc pragul jumãtãþii de eºantion urcã de la 4 la 8 (50%). Cu deosebire, termenii ca singurãtate, disperare ºi devastare, ce se prezintã cu 100% din coeventualitãþi, indicã faptul cã toþi subiecþii RELAÞIILE DINTRE ACÞIUNILE DE ASISTENÞà ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE... 33 aparþinând acestui subeºantion au furnizat întotdeauna mãcar unul dintre termenii ce conduc la ei. Mai puþin frecventã (62,5%), dar tot atât de semnificativã, este ºi trimiterea asistenþilor Centrului de Zi la teama de a nu se descurca ºi la teme precum înfrângerea ºi inevitabilitatea, ce au fost rezumaþi prin expresia preocupare (teama) de viitor. Structurile reprezentãrilor În scopul identificãrii elementelor structurante ale nucleului central ºi pe cele de la periferia reprezentãrii sociale a morbului lui Alzheimer, la fiecare dintre cele trei subeºantioane, am ales, cum s-a specificat mai înainte, sã analizãm produsul asociaþiilor libere dupã modelul lui Vergès (supra), încruciºând douã criterii posibile de prototipicalitate: cel al frecvenþei de apariþie ºi cel al rangului de importanþã. Aºa cum aratã tabelul 2, în partea din stânga sus, caracterizat de o mare frecvenþã de apariþie, se situeazã conceptul care pentru subiecþii aparþinând subeºantionului Asistenþi formali (A-F) identificã nucleul central al reprezentãrii, adicã singurãtatea. În partea din dreapta sus, caracterizatã de o puternicã frecvenþã, dar ºi de o mai micã prezenþã a termenilor de importanþã semnificativã, apar termeni ca: asistenþi, depresie ºi tristeþe. Acest conglomerat, ce constituie de fapt periferia cea mai apropiatã de nucleul central, ne face sã presupunem o viziune profund negativã a fenomenului în cauzã. La fel de interesantã se prezintã configuraþia elementelor din interiorul celei de-a treia cãsuþe a tabelului care, în loc sã fie în contrast cu informaþiile furnizate de prima periferie, pare aºa cum se întâmplã foarte des sã le completeze pe acestea. Într-adevãr, datoritã Proiectului Cronos, aceºti subiecþi relaþioneazã cu asistenþii informali, ºi de aici probabil neputinþa pe care o resimt în faþa unei boli ce provoacã invaliditate, tristeþe ºi depresie chiar ºi celor ce sunt chemaþi sã o trateze. Mai ales atunci când tratamentul care sã o vindece nu existã încã. În mod sigur paradoxalã apare aºezarea în cea de-a patra cãsuþã cea în care se situeazã, cum se ºtie, a doua periferie a nucleului reprezentaþional a unor termeni caracteristici pentru natura reificatã a cunoºtinþelor acestor subiecþi în privinþa bolii Alzheimer. Declinul cognitiv, demenþa, dezorientarea ºi tulburarea comportamentalã, într-adevãr, ajung toate în zona de jos dreapta, caracterizatã de o frecvenþã mai micã ºi de o poziþie mai joasã în ordinea apariþiei. Tabelul 2. Structura internã a RS ale asistenþilor formali Rangul de importanþã > 2,5 Asistenþi Depresie Tristeþe Cronos Declin cognitiv Declinul memoriei Demenþã Neputinþã Dezorientare Invaliditate Tulburare de comportament Teamã ³3 <3 Frecvenþã de apariþie £ 2,5 Singurãtate 34 ROBERTO FASANELLI, IDA GALLI În ceea ce priveºte subeºantionul membrilor familiilor ce frecventeazã Unitãþile de Evaluare Alzheimer orãºeneºti, tabelul 3 aratã cã nucleul reprezentãrii lor se învârte în jurul conceptului de pierdere de memorie. O idee de naturã cu siguranþã instituþionalã ca ºi parcursul tratamentului pe care aceste persoane l-au ales pentru cei dragi. Mai puþin complexã, faþã de cea a eºantionului precedent, apare periferia mai apropiatã de nucleu, formatã doar din elemente corelate cu situaþia de disconfort (suferinþã, dificultate) pe care aceºti asistenþi o trãiesc zilnic: situaþia neplãcutã ºi rãbdarea sunt într-adevãr singurele date ce se regãsesc în acest sector. ªi în acest caz, prima periferie a nucleului reprezentãrii este marcatã de sentimente negative. La fel cum se întâmplã în cazul subeºantionului de medici, ºi în subeºantionul Asistenþi informali UEA situarea elementelor strãine la periferia reprezentãrii (pãtratul de jos stânga) este determinatã de rolul primar acoperit de acþiunile sociale ºi de experienþa cotidianã a bolii care, pentru aceºti subiecþi, poate fi rezumatã de sugestiva expresie idiomaticã asociatã de ei adesea cu inductorul: a-ºi purta crucea. A doua periferie a nucleului central (central core) al reprezentãrii acestor subiecþi prezintã, în cadrul complexei sale articulaþii (conform celei de-a patra cãsuþe din tabel), un element care nu-ºi gãseºte replici în celelalte subeºantioane: problemele economice. Este cunoscut, într-adevãr, impactul direct ºi indirect al acestei boli asupra bugetului unei familii, dar de acest lucru s-a discutat deja pe larg. ³3 Rang de importanþã > 2,3 £ 2,3 Pierderea memoriei Situaþie neplãcutã Rãbdare <3 Frecvenþã de apariþie Tabelul 3. Structura internã a RS ale asistenþilor informali UEA A-ºi duce crucea A se îngriji Tratamente Distrugerea familiei Nevoie de ajutor Descurajare Stãpânire de sine Limitare severã Lipsa amintirilor Probleme economice Toleranþã Trecem deci la analiza datelor referitoare la al treilea ºi ultimul subeºantion, cel al membrilor familiilor ce au ales serviciile oferite de unicul Centru Diurn al oraºului, pentru a obþine sprijinul necesar în înfruntarea bolii tovarãºului lor de viaþã (tabelul 4). Dupã cum se poate observa, nucleul central al reprezentãrii asistenþilor CZ, diferit de cele analizate anterior, se construieºte plecând de la un element ce nu poate fi conotat imediat în sens negativ. Cuvântul tratamente este cel care genereazã reprezentarea socialã a acestor subiecþi, în legãturã cu modelul participativ de luare în grijã (întreþinere) ce caracterizeazã rãspunsul pe care Centrul de Zi a hotãrât sã-l dea la cererea de ajutor adresatã de asistenþi. RELAÞIILE DINTRE ACÞIUNILE DE ASISTENÞà ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE... 35 Întregul conþinut al schemelor periferice este cel care realiniazã poziþiile subiecþilor ce aparþin acestui subeºantion la cele ale celorlalþi. Într-adevãr, ºi Asistenþii informali CZ par sã încerce sentimente puternic negative ca disperarea ºi senzaþia de singurãtate (prima periferie) ce însoþesc angoasa ºi neputinþa, legate de certitudinea înfrângerii (a doua periferie). O discuþie aparte meritã prezenþa termenului ignoranþã printre cei ce aparþin periferiei mai îndepãrtate de nucleul reprezentãrilor subiecþilor în chestiune. Reamintim faptul cã una dintre acþiunile principale prin care se încheie intervenþia realizatã pe lângã Centrul de Zi constã într-o activitate de tip formativ. Dacã este adevãrat cã doar devenind conºtient de propriile competenþe, oricât de mici ar fi acestea, poþi sã devii conºtient ºi de propriile limite, este uºor de imaginat cã prezenþa termenului ignoranþã printre elementele ce structureazã reprezentarea acestor asistenþi derivã, mai mult decât în celelalte cazuri, chiar din faptul cã unii au luat parte la întâlnirile formative pe aceastã temã, iar alþii nu. Tabelul 4. Structura internã a RS ale asistenþilor informali CZ ³3 Tratamente Rang de importanþã > 2,5 Disperare Singurãtate Devastator Preocuparea (teama) pentru viitor <3 Frecvenþã de apariþie £ 2,5 Angoasã Ignoranþã Neputinþã Înfrângere Reconstrucþia teoriilor naive ale asistenþilor Pentru a înþelege mai bine osatura care, dincolo de cuvinte ºi de unitãþile de sens de suprafaþã (superficiale), guverneazã sensul principal al ansamblului de date generale adunate ºi având obiectivul de a descrie ºi condensa informaþia conþinutã în datele verbale complexe ºi numeroase, cu o rigoare mai mare decât prima impresie pe care o poate lãsa simpla lecturã a sensului comun, materialele provenite din interviuri au fost supuse analizei de conþinut categoriale. Regula de enumerare aleasã este cea a frecvenþei întâmplãtoare (Bardin, 2003, p. 254). Categoriile tematice ce prezintã cel mai mare procentaj diferã la cele trei subeºantioane. Pentru personalul medical, principalele motive ce stau la baza consultãrii unei structuri de asistenþã trebuie puse pe seama nevoilor pacienþilor de a se folosi de un sprijin tehnic de specialitate (50%) sau pe seama necesitãþii pe care o au membrii familiilor de a fi sprijiniþi în sarcina lor zilnicã (42,9%). Pentru asistenþii UEA, în schimb, motivaþiile cele mai evidente (33,3%) rezidã fie în necesitatea de a obþine medicamente gratuite, fie în incapacitatea de a înfrunta transformarea asistatului ºi apariþia tulburãrilor sale comportamentale. În ceea ce-i priveºte pe asistenþii CZ, aceºtia 36 ROBERTO FASANELLI, IDA GALLI rãspund la prima întrebare servindu-se în mod prevalent de expresii rezumate în categoria in vivo: Nu ºtiam ce sã fac (50%). Unul dintre aspectele cele mai interesante cuprinse în rãspunsurile date la aceastã întrebare îl reprezintã importanþa diferitã pe care subiecþii aparþinând unor subeºantioane diferite o atribuie tulburãrilor comportamentale. În timp ce asistenþii formali fac puþine referiri la aceastã manifestare a bolii Alzheimer (14,3%), membrii familiilor o amintesc, chiar dacã nu direct. 33,3% dintre asistenþii UEA ºi 25% dintre cei CZ vorbesc într-adevãr de incidenþa mai mare pe care astfel de tulburãri o au asupra stresului membrilor familiei, faþã de tulburãrile cognitive ce apar cu o frecvenþã mai micã. (Asistenþi informali UEA 22%; Asistenþi informali CZ 12,5%). Ultimul aspect asupra cãruia meritã sã ne oprim se referã la subeºantionul asistenþilor CZ ai cãrui membri nu fac referire la necesitatea de a obþine medicamente gratuite. Probabil cã acest aspect îºi gãseºte explicaþia în faptul cã sprijinul oferit de Centrul de Zi aspirã la ambiþiosul obiectiv al recuperãrii ocupaþionale mai degrabã decât la simpla întreþinere paliativã. Chiar dacã în realitate, foarte des ºi în cazuri specifice, acesta din urmã rãmâne unicul obiectiv posibil. Referitor la informaþiile pe care subiecþii intervievaþi le au despre boalã, rezultatele aratã cã, pe de o parte, personalul medical declarã (50%) cã furnizeazã fie informaþii tehnice referitoare la aspectele generale ale maladiei (dãm informaþii asupra evoluþiei bolii), fie sfaturi practice pentru gestiunea (îngrijirea) zilnicã a bolnavului (dãm sfaturi pentru a reduce insomnia, pentru a-l ajuta sã se îmbrace etc.). Pe de altã parte, asistenþii confirmã cã au primit realmente acest tip de informaþii (AI/UEA 33,3%; AI /CZ 37,5%). Aspectul cel mai uimitor este legat de asistenþii Centrului de Zi ºi este reprezentat de numãrul mare de declaraþii pe care aceºti subiecþi le-au furnizat, de a se fi informat singuri în privinþa bolii (75%). Acest fapt pare a fi mãrturia cea mai evidentã a rolului mai activ (în comparaþie cu AI/UEA) jucat de aceºti membri ai familiilor implicaþi ºi în activitãþile propuse de Centrul de Zi. Rãspunsurile la întrebãrile capabile sã facã sã aparã ceea ce Moodie, Marková ºi Plichtova (1995, pp. 423-453) ar numi lay representations (reprezentãri naive, de amatori) despre boala Alzheimer3, din cauza culegerii de informaþii cu privire la aspectele acesteia, ce-i preocupã în principal pe asistenþii intervievaþi, aratã cã aspectul cel mai îngrijorãtor pentru personalul medical este fãrã îndoialã apariþia tulburãrilor cognitive (64,3%), aºa cum dovedesc expresiile pierdere de memorie, absenþa dialogului etc., ce confirmã încã o datã importanþa atribuitã de medici acestui aspect al bolii. O importanþã majorã capãtã ºi preocuparea privitoare la caracterul progresiv al patologiei (51,1%), doveditã în mod diferit de expresii ca se înrãutãþeºte pe zi ce trece, e o boalã degenerativã de neoprit ºi altele. De altfel, e o teamã ce caracterizeazã ºi rãspunsurile membrilor familiilor, aceasta fiind cel mai reprezentativ dintre rãspunsurile la aceastã întrebare furnizate de ambele subeºantioane de asistenþi informali (AI/UEA 66,7%; AI/CZ 75%). Grila de categorii generatã de rãspunsuri nu scoate în evidenþã numeroase diferenþe între cele douã grupe de asistenþi mai sus-citaþi; totuºi, cele observabile sunt foarte 3. Reprezentarea socialã propriu-zisã poate fi reconstruitã doar prin intermediul recompunerii fiecãrei componente ºi dimensiuni investigate în parte. Cf. Moscovici (1961); Breackwell ºi Canter (1993). RELAÞIILE DINTRE ACÞIUNILE DE ASISTENÞà ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE... 37 interesante. De exemplu, prima priveºte subeºantionul de membri ai familiilor intervievaþi pe lângã Unitãþile de Evaluare Alzheimer: 38,9% dintre aceºti subiecþi folosesc expresii precum: Va trebui sã existe o persoanã care sã-i stea în permanenþã alãturi, este necesar sã gãsim pe cineva care sã-l îngrijeascã sau vom fi constrânºi sã-l dãm cuiva în grijã, care scot în evidenþã o clarã preocupare ce caracterizeazã doar acest subeºantion. Membrii familiilor de pe lângã Centrul de Zi care, datoritã serviciilor ce le sunt puse la dispoziþie nu-ºi pun astfel de probleme, par mai tulburaþi (50%) de decãderea fizicã a persoanei îndrãgite (ºtiu cã va paraliza, va deveni o legumã), demonstrând o conºtiinþã clarã a inevitabilitãþii degradãrii. În sfârºit, trãirea mai angoasatã a asistenþilor UEA este ulterior doveditã de teama pentru acþiunile periculoase înfãptuite de bolnav (16,7%) ºi de conºtientizarea lipsei de perspectivã (11,1%) ce sunt încã o datã exprimate doar de aceºti subiecþi. În încheiere, observãm cã nici între categoriile ce se regãsesc în ambele grupuri de membri de familie nu se semnaleazã diferenþe semnificative, cu excepþia importanþei mai mari atribuite de AI/CZ dificultãþilor determinate de nevoia de îngrijire continuã (37,5%, faþã de 27,8% exprimate de AI/UEA) ºi tulburãrilor cognitive (37,5%, faþã de 22,2% ale AI/UEA). Anumite întrebãri fuseserã formulate cu scopul declarat de a evidenþia problemele principale cu care membrii familiilor se confruntã în raport cu bolnavul, dar ºi cu scopul mai puþin evident, dar mai ambiþios de a releva reprezentarea pe care intervievaþii o au în legãturã cu sarcina de îngrijire, considerând aceasta drept un predictor al practicilor (acþiunilor) efectiv realizate (Abric, 1994). Pentru personalul medical, aspectul cel mai problematic al relaþiei pacient-familie coincide cu dificultatea de a accepta schimbarea bolnavului ºi deci boala însãºi (64,3%). Acest raport, dupã poziþiile exprimate de medici, este problematic ºi din cauza stresului ºi a inconfortului psihofizic ale asistenþilor (57,1%) ce sunt exprimate prin recurgerea la sintagme ca: asistenþii sunt obosiþi, se lasã pradã disconfortului ºi depresiei etc. Aceeaºi frecvenþã (57,1%) o au tulburãrile cognitive care, ca de obicei, dovedesc importanþa atribuitã de medici degradãrii cunoaºterii. În acest caz, este oricum clarificatã conºtientizarea cã ºi alte tipuri de tulburãri, mai ales cele funcþionale, determinã probleme considerabile membrilor familiilor celor bolnavi de Alzheimer (50%). În schimb, pentru ambele subeºantioane de asistenþi informali, mai ales pentru cei din UEA, categoria cea mai frecventã de preocupãri este cea privitoare la tulburãrile comportamentale (AI/ UEA 61,1%; AI/CZ 75%), chiar dacã tulburãrile cognitive ocupã ºi ele o poziþie importantã printre principalele probleme relaþionale ale membrilor familiei bolnavului (AI/UEA 50%; AI/C.Z 75%). O diferenþã de interes deosebit o constituie procentajul mai mare de rãspunsuri referitoare la sentimente conflictuale ºi de neacceptare a situaþiei. În special 38,9% dintre membrii familiei din UEA rãspund servindu-se de expresii ca: uneori ne certãm sau nu vreau sã accept boala, în timp ce doar 12,5% dintre membrii familiilor Centrului de Zi recurg la ele. Aceastã diferenþã ar putea sã indice o mai mare conºtientizare a bolii din partea membrilor familiilor ce frecventeazã Centrul de Zi, deoarece aceºtia fac obiectul unor intervenþii specifice de sprijin ºi informare în cadrul structurii respective. Aceºti membri ai familiei, chiar dacã semnaleazã diferite dificultãþi ºi obosealã, dau dovadã de o mai mare toleranþã ºi, în acelaºi timp, de un nivel inferior de stres. 38 ROBERTO FASANELLI, IDA GALLI Deplasând atenþia de la dificultãþile întâlnite de asistenþi la nevoile ºi necesitãþile bolnavului, este posibil sã depistãm printre rãspunsurile furnizate de medici trei tipologii predominante de reprezentãri ale nevoilor pacienþilor, ce se prezintã cu aceeaºi frecvenþã (42,8%): asistenþã, care indicã necesitatea de a fi îngrijiþi în orice moment al vieþii cotidiene; climat de acceptare, ce rezumã expresii ca e important sã fii primit într-un climat de acceptare, bolnavul are nevoie sã fie înþeles; a încuraja, care face referire la necesitatea unei stimulãri continue ºi în aspectele cele mai elementare ale vieþii: a-l încuraja sã se îmbrace, sã se spele ºi sã se hrãneascã singur, cum aminteºte intervievatul AF/08. Este interesant sã observãm cã aceste trei tipuri de nevoi sunt considerate de cãtre medici mai importante decât suportul medicamentos (28,6%). Motivaþia acestui fapt poate avea originea în imposibilitatea de a administra, la stadiul actual al cunoºtinþelor, un medicament care sã permitã vindecarea. Rãspunsurile cel mai des oferite la aceeaºi întrebare de cãtre asistenþii UEA sunt în esenþã asemãnãtoare cu cele date de personalul medical: nevoia de a fi îngrijiþi cât mai bine (55,6%) se suprapune precedentei categorii, asistenþa, în timp ce necesitatea ca cineva sã te înþeleagã (38,9%) coincide cu climatul de acceptare indicat de asistenþii formali. Se presupune deci existenþa unei relaþii de influenþã între aceste douã categorii de asistenþi care, în termeni vectoriali, pleacã de la medici ºi merge spre membrii familiei, cel puþin cum a reieºit din date pânã acum. Ca o parþialã confirmare a acestei teze, este de ajuns sã privim categoriile referitoare la subiecþii ce aparþin subeºantionului AI/CZ, care recurg ºi ei foarte des la expresii ce trãdeazã nevoia ca rudele bolnave sã fie înþelese de cineva (50%) ºi sã fie îngrijite cât mai bine (37,5%). Principala nevoie a bolnavului pare sã fie, pentru membrii familiilor Centrului de Zi, aceea de a continua sã aibã relaþii interpersonale familiale ºi extrafamiliale (62,5%), ceea ce confirmã ipoteza cã aceºti subiecþi sunt purtãtorii unei reprezentãri a bolii total sui-generis (originale) ºi puternic modelate de acþiunile conjugate ºi participative, experimentate în structura instituþionalã la care fac referire. În legãturã cu cele de mai sus, semnalãm inexistenþa, printre nevoile bolnavilor menþionate de aceºti subiecþi, a tratamentelor medicamentoase care totuºi au adunat o bunã parte dintre preferinþele asistenþilor UEA (27,8%) ºi ale medicilor (28,6%). Întrebarea urmãtoare prevedea selectarea, dintr-o listã de tulburãri proprii bolii Alzheimer, a simptomului considerat cel mai reprezentativ pentru patologie. În lista de control (checklist) prezentatã intervievaþilor au fost incluse tulburãrile aparþinând unor trei tipuri de alterãri ce caracterizeazã boala Alzheimer: cognitive, comportamentale ºi funcþionale. Consecvenþi cu poziþiile exprimate în rãspunsurile precedente, 50% dintre asistenþii formali susþin cã tulburarea memoriei este manifestarea cea mai reprezentativã a morbului lui Alzheimer. În poziþia imediat succesivã în ipotetica clasificare redactatã de medici gãsim tulburãrile de personalitate, care ating 21,5% dintre indicaþii. În coada listei, în sfârºit, se situeazã dezorientarea spaþialã ºi temporalã, cu 14,3% dintre frecvenþe. Bardin (2003) considerã fundamentalã, în analiza conþinutului, ºi cercetarea implicitului ºi a ceea ce nu este spus. Împãrtãºind aceastã indicaþie, semnalãm totala excludere, din alegerile geriatrilor, a tulburãrilor precum alterãrile de dispoziþie (stare sufleteascã), a tulburãrilor activitãþii motrice, dificultãþile în dezvoltarea activitãþilor zilnice, dificultãþile de limbaj ºi cele de înfãptuire a unor sarcini uzuale, RELAÞIILE DINTRE ACÞIUNILE DE ASISTENÞà ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE... 39 precum ºi tulburãrile de somn ºi de alimentaþie. Este evident cã e vorba de tulburãri ale rutinei cotidiene a pacienþilor pe care medicii le trãiesc doar prin intermediul altora. În ambele subeºantioane de asistenþi informali, din contra, preferinþele se distribuie pe aproape toate posibilitãþile propuse. În consecinþã, nu iese în evidenþã în mod clar un anumit tip de simptom. Totuºi, dezorientarea spaþialã ºi temporalã (tulburare de naturã cognitivã) pare sã fie manifestarea cea mai evidentã pentru membrii familiilor UEA (22,2%), în timp ce dificultatea de a desfãºura activitãþi cotidiene, ca ºi alterarea stãrii sufleteºti (amândouã tulburãri de naturã comportamentalã) sunt cele indicate de cea mai mare parte (25% ambele) dintre membrii familiilor Centrului de Zi. În privinþa obiectivelor terapeutice capabile sã garanteze o mai bunã calitate a vieþii bolnavului, 50% dintre medici, în perfectã legãturã cu rãspunsurile precedente, susþin cã terapia medicamentoasã reprezintã un obiectiv terapeutic fundamental ºi are un rol important pentru calitatea vieþii pacientului (AF/11) ºi pentru ameliorarea performanþelor sale cognitive (AF/02). Totuºi, este interesant de observat cã existã un procentaj însemnat de asistenþi formali care îºi pun speranþele în rãspândirea Centrelor de Zi (28,6%) ºi în sprijinul psihologic (14,3%) sau, ºi mai mulþi, care pun problema sprijinului familiei (35,7%). Asistenþii UEA prezintã, încã o datã, o poziþie asemãnãtoare cu cea a personalului medical. Cei care considerã importantã intervenþia medicamentoasã reprezintã procentajul cel mai ridicat (38,9%). Analiza comparativã a obiectivelor terapeutice indicate de cãtre subiecþii celor douã subeºantioane de asistenþi informali furnizeazã interesante prilejuri de reflecþie. Înainte de toate, este evidentã absenþa termenilor în cãsuþa de intersectare dintre categoriile referitoare la medicamente ºi la asistenþã cu procentajele privitoare la asistenþii CZ. Aceºtia din urmã, într-adevãr, nu folosesc niciodatã expresii referitoare la aceste categorii. În afarã de asta, în ceea ce priveºte aspectele specifice asupra cãrora trebuie intervenit, se observã cã aproape toþi membrii familiilor din Centrul de Zi (87,5%) subliniazã importanþa implicãrii bolnavului în diferite activitãþi, acesta fiind considerat un obiectiv terapeutic primar, dupã cum aratã expresiile-tip: Trebuie sã-i zgâlþâi, sã-i trezeºti, sã-i implici, prin activitãþi le poþi trezi interesul. ªi categoriile ar trebui sã stea în mijlocul altor persoane ºi nu cred în terapia farmacologicã, ce adunã amândouã 37,5% dintre rãspunsurile date la aceastã întrebare, par sã confirme particularitatea reprezentãrii acestor subiecþi. Rãspunsurile la întrebãri cu privire la atenþia acordatã unor aspecte ale bolii ce ar trebui sã fie înfruntate cu seriozitate furnizeazã indicaþii importante în ceea ce priveºte confirmarea/infirmarea unor elemente constitutive ale reprezentãrilor despre boala Alzheimer care circulã printre subiecþii intervievaþi. În acest caz, personalul medical identificã în tulburãrile comportamentale, mai mult decât în cele cognitive sau funcþionale, principala sursã de inconfort pentru familie (50%). În aceastã categorie intrã expresii ca: Trebuie sã atenuãm agresivitatea, agitaþia, apatia sau trebuie sã ne oprim asupra comportamentelor. O contribuþie ulterioarã la ameliorarea condiþiei asistenþilor este identificatã de geriatri în oportunitatea de a furniza date corecte despre boalã ºi sprijin afectiv ºi psihologic (35,7%) membrilor familiei, în scopul de a reduce dificultãþile lor de a accepta boala (28,6%). Încã o datã, asistenþii formali sperã în implementarea Centrelor de Zi (21,4%) pentru a-i uºura pe îngrijitori de sarcina asistenþialã (14,3%), care este definitã ca oneroasã ºi epuizantã. 40 ROBERTO FASANELLI, IDA GALLI 50% dintre asistenþii UEA relateazã cã se simt anulaþi ca personalitate din cauza faptului de a trãi lângã un bolnav. Chiar dacã aceasta nu este o indicaþie strict pertinentã pentru întrebare, ea ne oferã elemente evaluative despre importanþa inconfortului la aceste persoane. Din aceastã cauzã, ei se opresc ºi asupra necesitãþii de a primi ajutor din partea cuiva care sã se ocupe de bolnav, fie numai supraveghindu-l (11,1%). Cãutarea unui ajutor extern se întâlneºte ºi la asistenþii Centrului de Zi, chiar dacã este de naturã diferitã. Aceºti membri de familie afirmã (62,5%) cã este nevoie de o structurã în care, la orice orã din zi, sã existe personal calificat care sã desfãºoare diferite activitãþi cu bolnavul, permiþând astfel membrilor familiei câteva momente de libertate. În sfârºit, este util sã subliniem cã ambele subeºantioane de asistenþi sunt de acord, în esenþã, asupra necesitãþii de a acorda atenþie tulburãrilor comportamentale (AI/UEA 22,2%; AI/CZ 25%), considerate manifestãrile cel mai greu de gestionat ale bolii. Prin penultima întrebare s-a încercat sã se evalueze, în termeni descriptivi generali, dacã are loc ºi în ce condiþii, întâlnirea dintre cererea ºi oferta de servicii adresate acestei boli. Alãturi de obiectivul distribuirii de medicamente gratuite, prevãzut de Proiectul Cronos, medicii considerã cã ajutorul cel mai important furnizat de structura cãreia îi aparþin bolnavii de Alzheimer este cel medicamentos (50%). Este interesant de observat cã, încã o datã, medicii sperã în crearea unor structuri diferite prin intermediul cãrora sã îngrijeascã bolnavul ºi sã se ocupe de membrii familiei în termeni globali. Aceasta denotã cã 35,7% din personalul medical este conºtient de actuala carenþã a unei reþele de servicii adecvate complexitãþii acestei patologii. Unii dintre medicii intervievaþi simt nevoia sã înfrunte boala sub toate aspectele sale ºi nu numai din punct de vedere tehnico-instrumental, acela de administrare de medicamente. Într-adevãr, ei dau sfaturi pentru a gestiona boala (28,6%) ºi se aratã interesaþi sã-i ajute pe bolnavi ºi pe membrii familiilor acestora din punct de vedere practic-organizatoric. UEA nu este definitã din întâmplare un punct de referinþã pentru bolnavi ºi membrii familiei (14,3%). Asistenþii UEA, informaþi asupra obiectivelor pe care ºi le propune instituþia cãreia i se adreseazã, afirmã cã ajutorul pe care bolnavul îl primeºte este mai ales cel medicamentos (66,7%). Apropiaþii lor obþin totuºi ºi asistenþa medicilor (38,9%) ºi sunt ajutaþi ca starea lor sã se amelioreze (38,9%). 16,7% dintre membrii acestui subeºantion aratã cã au avut aºteptãri superioare în privinþa posibilitãþilor concrete ale structurii de referinþã, aºa cum demonstreazã categoria nu am obþinut asistenþã la domiciliu. Pe de altã parte, asistenþii Centrului de Zi considerã cã ajutorul cel mai important furnizat de centru constã în prezenþa unor operatori competenþi care sã-i stimuleze, sã-i supravegheze ºi sã vorbeascã cu rudele lor bolnave (75%), ajutându-i astfel sã-ºi amelioreze starea (75%); ei declarã cã, într-adevãr, ruda lor are o dispoziþie mai bunã, devine mai vorbãreaþã etc., ºi de aceea, poate, în cadrul acestui subeºantion aspectul medicamentos oferit nu este luat absolut deloc în consideraþie. În fine, ultima întrebare þintea ºi ea sã verifice corespondenþa dintre cererea ºi oferta de servicii, dar de data aceasta referitor la relaþia asistent formal asistent informal. Categoria cea mai reprezentativã a rãspunsurilor oferite de medici la aceastã întrebare este cea cu privire la informaþiile despre dificultãþile cu care membrii familiei trebuie sã se confrunte în perspectivã (35,7%). Acestei categorii îi aparþin atât informaþiile privitoare la diferite aspecte ale bolii, cât ºi eventualele indicaþii pentru a înfrunta dificultãþile birocratice. RELAÞIILE DINTRE ACÞIUNILE DE ASISTENÞà ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE... 41 Este interesant de observat cã, deºi medicii considerã cã pot oferi puþin ajutor practic (28,6%) membrilor familiei, în ceea ce priveºte asistenþa materialã ei apreciazã totuºi cã pot furniza un sprijin valid asistenþilor atât printr-o asistenþã medicalã calificatã acordatã bolnavului, cât ºi printr-un ajutor de naturã psihologicã membrilor familiei (28,6%), sau învãþându-i pe aceºtia cum sã relaþioneze cu pacientul (14,3%). Membrii familiilor intervievaþi pe lângã UEA din oraº, în schimb, considerã cã ajutorul fundamental pe care li-l oferã instituþia este cel medicamentos (38,9%), fie întrucât constituie un real ajutor economic, fie pentru cã ei considerã cã medicamentele au puterea de a opri boala. Sprijinul psihologic ºi sfaturile pe care medicii au declarat cã le oferã sunt percepute ca un ajutor concret de 22,2% dintre asistenþii UEA, chiar dacã un procentaj identic de membri ai familiilor au declarat cã nu au primit nici un ajutor personal din partea instituþiei. Ar pãrea deci cã aceºti asistenþi au aºteptãri reduse în privinþa posibilitãþii instituþiei de a le satisface propriile nevoi. Cea mai mare parte dintre asistenþii Centrului de Zi (62,5%) afirmã, din contra, cã obþin un sprijin important în munca lor de asistenþã. ªi pentru aceºti asistenþi sfaturile ºi ajutorul psihologic ºi moral primite în cadrul structurii (instituþiei) de referinþã constituie o susþinere importantã (37,5%). De asemenea, este interesantã o datã referitoare la o absenþã mai degrabã decât la o necesitate. Într-adevãr, în grila de categorii alcãtuitã pentru materialele obþinute de la asistenþii informali nu apare tipul de rãspuns cel mai frecvent folosit de medici la aceeaºi întrebare. Am putea presupune cã absenþa din discuþiile membrilor familiilor a referirilor la informaþiile asupra bolii pe care le primesc de la medici se explicã prin importanþa mai mare pe care o are pentru asistenþii informali sprijinul afectiv faþã de cel cognitiv. Din pãcate, datele pe care le avem la dispoziþie, oricât de complexe, nu permit sã se dea o explicaþie sigurã asupra acestei divergenþe de percepþie. Concluzii Ce diferenþe existã între reprezentãrile sociale ale bolii Alzheimer produse de asistenþii formali ºi cele furnizate de asistenþii informali? Existã diferenþe între construcþiile simbolice asupra bolii Alzheimer elaborate de asistenþii intervievaþi pe lângã UEA ºi cele oferite de asistenþii implicaþi în Centrul Diurn (de Zi)? Existã pentru membrii familiilor o relaþie între modelele de intervenþie alese pentru tratamentul tovarãºului de viaþã ºi sentimentele de refuzare a condiþiei sale de boalã sau de asistenþã proprie (autonomie)? În schema conceptualã propusã de Bude (1995), aceste întrebãri care au condus întregul proces de cercetare s-ar situa fie între cele despre stare, fie între cele despre proces. Parafrazându-l pe Flick, care, câþiva ani dupã aceea, îmbogãþeºte aceastã taxonomie, se poate afirma cã aceste întrebãri descriu fie cum un given state (o stare datã), o anumitã reprezentare, has come about (causes, strategies) and how this state is maintained (structure), fie how something aceeaºi reprezentare develops or changes (causes, processes, consequences, strategies) (Flick, 1998a, p. 51). Se ºtie totuºi, plecând de la teoretizãrile lui Strauss (1987), cã un plan de cercetare se poate baza ºi pe o ulterioarã tipologie de întrebãri: generative questions, sau acele întrebãri ce dirijeazã investigaþia în direcþii profitabile, furnizând comparaþii utile 42 ROBERTO FASANELLI, IDA GALLI diferitelor ipoteze, culegerea unor clase de date determinate, ca ºi liniile generale pentru a înfrunta, chiar ºi doar potenþial, probleme importante (Strauss, 1987, p. 22). Din acest motiv, precedentele întrebãri de cercetare au fost completate cu un grup urmãtor de întrebãri: tehnica evocãrilor ierarhizate adaugã elemente descriptive, de altfel de nedepistat, unei analize circumscrise teoriei reprezentãrilor sociale? Care este utilitatea recurgerii la construirea de reprezentãri sociale în studiile de psihologie a sãnãtãþii? În fine, ce elemente euristice pot furniza rezultatele obþinute definiþiei unor posibile intervenþii de politicã socialã? Dacã întrebãrile anchetei sunt ca o poartã de acces în câmpul de cercetare la aceste chestiuni, vom încerca sã rãspundem tocmai prin intermediul rezultatelor obþinute. Privitor la prima componentã studiatã a reprezentãrii, informaþia, confruntarea dintre diferitele subeºantioane a arãtat, în universurile semantice ale asistenþilor informali de la Centrul de Zi ºi, chiar dacã cu o pondere inferioarã, ºi în cele ale asistenþilor de la UEA, o preponderenþã a locuþiunilor ce fac referire la o condiþie afectivã; de altfel, impactul emoþional al bolii Alzheimer asupra sistemului relaþional al bolnavului este foarte violent. Contrar la ceea ce ne aºteptam, asistenþii formali par sã atribuie în expresiile folosite aceeaºi importanþã sentimentelor/emoþiilor ºi caracteristicilor tehnice ale bolii. Aceastã demonstraþie de sensibilitate faþã de aspectele emoþionale corelate cu boala a pus în evidenþã un posibil teren de întâlnire între medici ºi membrii familiilor ºi, mai ales, confirmã puterea de constrângere pe care anumite practici sociale o exercitã asupra reprezentãrilor. În general, este posibil sã afirmãm cã reprezentarea socialã a bolii Alzheimer, proprie celor douã tipologii de asistenþi (formali ºi informali), la o analizã a conþinutului manifest, relevat prin studiul componentelor informaþie ºi câmp al reprezentãrii, prezintã puternice similitudini: ea apare pãtrunsã de sentimente de tristeþe, rãbdare ºi singurãtate, corelate cu descurajare, disperare ºi stres. O clarã valenþã negativã deci, indisolubil legatã de sarcina de îngrijire familialã ºi instituþionalã ºi de impactul pe care boala îl are asupra întregului nucleu familial. Din analiza structurii interne a reprezentãrii sociale în obiect, se desprind însã unele diferenþe de o certã importanþã, utile pentru a da un rãspuns preliminar la a doua problemã a cercetãrii. Nucleului central de asistenþi UEA, de o naturã mai reificatã, fixat pe pierderea de memorie, i se opune cel al asistenþilor CZ, caracterizat de elemente consensuale, de naturã afectiv-relaþionalã, ce se învârt în jurul practicii tratamentului. Elementul cel mai interesant, pus în evidenþã prin tehnica evocãrilor ierarhizate, rãmâne totuºi cel privitor la nucleul reprezentãrilor asistenþilor formali. Medicii implicaþi în cercetare ne propun un fel de paradox contraintuitiv. Mai ales dacã þinem cont de premisele epistemologice ale teoriei preferate pentru cercetare: în loc sã-ºi construiascã reprezentarea plecând de la elementele mai ºtiinþifice, tehnice ºi profesionale, asistenþii formali îºi centreazã construcþiile simbolice în jurul unor elemente ca singurãtate, asistenþi 4, depresie ºi tristeþe. Aceastã inversiune, cum s-a argumentat deja pe larg, îºi gãseºte explicaþia în alterarea relaþiei medic-pacient pe care o provoacã boala Alzheimer, transformând-o într-o relaþie medic-rudã. 4. Amintim cã termenul caregivers (asistenþi) este cel folosit de medicii intervievaþi pentru a se referi la membrii familiilor pacienþilor. RELAÞIILE DINTRE ACÞIUNILE DE ASISTENÞà ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE... 43 În general, dificultãþile întâlnite cel mai des în interacþiunea ºi comunicarea medic-pacient (Frederikson, 1992), dupã cum s-a evidenþiat ºi din cele spuse pânã acum, s-ar putea regãsi în diversitatea structurilor ºi a conþinuturilor reprezentãrilor pe care pãrþile în cauzã le au asupra bolii, a bolnavului ºi a statutului sãu social. Bolnavul ºi asistentul familial, care în boala Alzheimer devine interlocutorul principal în raport cu medicul, utilizeazã o logicã definitã printr-o coerenþã a sa, specificã, ce înglobeazã contradicþia ºi incoerenþa. Un astfel de tip de gândire este cea definitã drept consensualã, în contradicþie cu logica irefutabilã ºi reificatã a ºtiinþei, al cãrei exponent este medicul. De fapt, adeseori, în aceastã gândire ºtiinþificã regãsim o mare parte de gândire comunã, mai ales când se ia pe ea însãºi în discuþie, adicã atunci când este vorba de un om de ºtiinþã, o gândire implicatã în relaþii/situaþii sociale determinate ºi finalizatã în practica profesionalã (Bellelli, 1994). Este important deci sã observãm cã operatorii ºi membrii familiilor au în comun unele pãrþi din aceeaºi structurã reprezentaþionalã a bolii Alzheimer ºi cã o asemenea potrivire (concordanþã) poate fi supoziþia unei corecte asistenþe centrate pe nevoile reale ale nucleului familial implicat în acest tip de demenþã. Rezultatele obþinute dupã analiza protocoalelor de interviu ne permit sã dãm un rãspuns celei de-a treia întrebãri ºi, mai ales, sã le îmbogãþim, în termeni de confirmare/ dezminþire, pe cele schiþate anterior. Înainte de toate, meritã sã amintim cã membrii familiilor de la Centrul de Zi prezintã niveluri mai semnificative de interacþiune intergrup a elementelor ce compun reprezentãrile lor asupra bolii Alzheimer. Acest lucru depinde de numãrul mai mare de interacþiuni simbolico-lingvistice (grupuri formative, discuþii informale etc.) ce au loc între aceºti subiecþi la Centru, faþã de cele în care sunt implicaþi asistenþii UEA, ale cãror schimburi de vederi pe tema datã se rezumã doar la efectul de caz. Influenþa pe care tipul (modelul) de intervenþie, ales pentru tovarãºul de viaþã, a exercitat-o în construirea reprezentãrilor celor douã grupuri de asistenþi informali este doveditã de numeroase elemente. Prin recurgerea la o instituþie în cadrul cãreia existã posibilitatea sã primeºti fie un ajutor temporar în sarcina de asistenþã zilnicã, fie un sprijin psihologic capabil sã uºureze suferinþa ºi stresul, membrii familiilor ce frecventeazã Centrul de Zi, de exemplu, exprimã un mai mic inconfort vizavi de condiþia trãitã. Spre deosebire de ceilalþi, aceºti asistenþi nu leagã nevoile bolnavului de obþinerea de medicamente, ci colaboreazã activ la acþiunile de reabilitare realizate de operatorii sociosanitari cãrora li se adreseazã. Pe lângã rolul lor activ, aceºti subiecþi sunt singurii care au întreprins, în mod autonom, cãutarea de informaþii despre boalã. Implicarea mai puþin activã ºi mai timidã a celor intervievaþi la UEA se reverbereazã în expresii legate mai ales de aspectele marginale ale bolii ºi ale situaþiei pe care aceasta o genereazã, în timp ce membrii familiilor de la Centrul de Zi, utilizând expresii legate mai mult de degradarea funcþionalã progresivã a rudei lor, demonstreazã o competenþã ºi o conºtientizare superioare a problemei. Este oportun sã precizãm, în acest sens, cã asistenþii de la Centrul de Zi formeazã obiectul unor intervenþii specifice de susþinere ºi de informaþie/formare în cadrul instituþiei alese. În afarã de aceasta, Centrul este ºi sediul unor activitãþi asociative ºi participative. Tocmai acestea din urmã par sã fi stimulat reprezentãrile asistenþilor informali de la Centrul de Zi, încât ele se diferenþiazã total de cele ale altor asistenþi: în timp ce acestea din urmã, de exemplu, încadreazã între obiectivele terapeutice primare 44 ROBERTO FASANELLI, IDA GALLI suportul medicamentos, primele preferã implicarea bolnavului în raporturile interpersonale, familiale ºi extrafamiliale, ca ºi în activitãþile recuperatorii. În afarã de diferenþele de poziþie dintre asistenþii de la Centrul de Zi ºi asistenþii UEA, rezultatele obþinute au evidenþiat anumite intersectãri între reprezentarea bolii Alzheimer a celor din urmã ºi cea a medicilor. În producþiile simbolice ale acestor subiecþi, într-adevãr, capãtã mare importanþã fie preocuparea referitoare la tulburãrile cognitive, fie cea atribuitã suportului medicamentos în ameliorarea calitãþii vieþii în cazul bolnavilor de Alzheimer. Cum s-a mai întâmplat ºi în alte cercetãri empirice efectuate pe eºantioane structurate în mod analog (Galli, 2003), subiecþii, ce sunt obiect al asistenþei, sfârºesc prin a-ºi construi propriile reprezentãri asupra condiþiei în care se gãsesc, transferând elemente simbolice din reprezentãrile celor ce le furnizeazã asistenþa. În realitate, acest proces intereseazã mai mult structura ºi ierarhia internã a elementelor constitutive decât geneza acestora, deoarece mult mai des ºi acesta pare a fi ºi cazul nostru relaþia de influenþã este biunivocã, iar construirea realitãþii este socialã (Berger ºi Luckmann, 1966; Flick, 1998b). Totuºi, existã o mare influenþã asupra modului de a gândi boala Alzheimer al acestor subiecþi, din moment ce preocuparea este inexistentã în reprezentarea asistenþilor de la Centrul de Zi. Ar trebui sã ne întrebãm, în acest moment, care este originea ataºamentului rigid al medicilor faþã de terapia medicamentoasã. Datele generale obþinute, discuþiile informale avute în cursul relevãrii datelor ºi, nu în ultimul rând, trãirea personalã a bolii au arãtat cã existã ºi circulã printre asistenþii formali o reprezentare profesionalã, hegemonicã cum o numeºte Moscovici (1998, p. 221)5 care, în ciuda indicaþiilor OMS, dominã încã producþiile simbolice ale multor medici. Aceastã reprezentare asimileazã maladia unei stãri excepþionale de proastã funcþionare a corpului sau de incapacitate de a face faþã atacului extern, o stare posibil de evitat datoritã cunoaºterii tot mai profunde a funcþionãrii fiziologiei ºi biochimiei corpului uman, a punerii la punct a unor instrumente ºi tehnici de diagnosticare ºi terapie avansate, dar, mai ales, datoritã folosirii unor substanþe farmaceutice tot mai eficiente. În deplinã concordanþã cu aceastã idee, o mare parte a geriatrilor intervievaþi susþin cã terapia farmacologicã reprezintã un obiectiv fundamental, mai ales pentru ameliorarea performanþelor cognitive ale pacienþilor. De asemenea, mulþi dintre medicii implicaþi în cercetare simt nevoia sã înfrunte boala în toate aspectele sale, nu numai în cel tehnico-instrumental de administrare a medicamentelor, care, dupã pãrerea lor, continuã sã domine din cauza lipsei actuale a unei reþele de servicii adecvate complexitãþii acestei patologii. Reprezentarea socialã a bolii Alzheimer, evidenþiatã de analiza prezentatã în aceste pagini, pare deci sã se conceptualizeze mai mult în sens emancipat decât hegemonic (Moscovici, 1988). O reprezentare capabilã sã se elibereze de cunoºtinþele strict tehnico5. Moscovici face diferenþa între reprezentãrile hegemonice, emancipate ºi polemice ca subtipuri de reprezentãri sociale. Cele hegemonice sunt reprezentãri împãrtãºite de membrii unui grup social foarte structurat (de exemplu, de profesioniºti), nu neapãrat produse de ei ºi foarte aproape de modelul durkheimian. Cele emancipate sunt reprezentãrile generate în cursul schimburilor ºi al participãrii la un anumit mod de a vedea lucrurile, dar care ºi-au pierdut strânsa relaþie cu un grup specific (de exemplu, de experþi), virând cãtre cunoaºterea comunã. În sfârºit, reprezentãrile polemice sunt cele ce devin relevante în cursul conflictelor sociale ºi politice. RELAÞIILE DINTRE ACÞIUNILE DE ASISTENÞà ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE... 45 -profesionale ce au generat-o ºi care gãseºte în altã parte raþiunea ultimã a existenþei sale: în cazul nostru, în acþiunile (practicile) asistenþiale. Uwe Flick (1998b, p. 50) evidenþiazã ceva asemãnãtor despre reprezentãrile emancipate ale bolii mintale, susþinând cã everyday knowledge of mental illness is influenced by both special medical knowledge and lay peoples practical experience with the phenomenon, as well as public opinion about it. De altfel, tocmai în acþiunea (practica) cotidianã de uºurare a angoasei ºi a stresului membrilor familiilor se naturalizeazã obiectivarea reprezentãrii asistenþilor informali, tot aºa cum în acþiunea de a frecventa o instituþie spitaliceascã se genereazã cea a asistenþilor UEA. Repercutarea acþiunilor de asistenþã asupra proceselor reprezentaþionale gãseºte totuºi în subeºantionul asistenþilor CZ exemplul cel mai clar oferit de acest studiu. Cea mai puternicã interacþiune internã ºi coerenþã, ca ºi claritatea relaþiilor existente între diversele dimensiuni ale reprezentãrilor sociale ale bolii Alzheimer produse de aceºti subiecþi se datoreazã probabil acelui proces sociocognitiv special pe care Moscovici ºi Doise (1992) îl considerã consecinþa nevoii de a participa, care se manifestã plecând de la ºi în legãturã cu anumiþi factori sociali. Hegel susþinea cã dacã oamenii trebuie sã se intereseze de un lucru, este necesar ca ei sã poatã participa activ la înfãptuirea lui (Hegel, 1965, p. 105). Pentru Moscovici ºi Doise, necesitatea de a participa identificã o adevãratã nevoie fundamentalã a oamenilor ºi defineºte o relaþie internã a oamenilor ce gândesc, iau decizii, acþioneazã în comunitate ºi sunt impulsionaþi de aceasta, dar ºi pentru ea ºi în numele sãu; scos în afara comunitãþii, omul îºi pierde identitatea (Moscovici ºi Doise, 1992, p. 75). Reflecþiile asupra bolii, realizate în cadrul întâlnirilor de grup, implicarea bolnavului ºi a rudelor în activitãþile de recuperare ºi toate celelalte elemente distinctive descrise mai sus, pe lângã faptul cã readuc în centrul atenþiei problema tratamentelor informale, întãresc importanþa abordãrii participative la intervenþia socioasistenþialã. Bogãþia rezultatelor obþinute pare sã încurajeze un rãspuns afirmativ la întrebarea privitoare la utilitatea reprezentãrilor sociale pentru psihologia sãnãtãþii, dar mai ales permite sã se ajungã la unele consideraþii cu un caracter mai general ce pot evidenþia posibilele recãderi practice ale muncii de cercetare. Tipul de participare pe care modelul Centrului de Zi îl contureazã, dar mai ales cel pe care ne încurajeazã sã-l anticipãm, sã ni-l imaginãm pentru viitor, este un model nou de intervenþie directã a cetãþenilor, foarte apropiat de autogestiune. Acesta, într-adevãr, se deosebeºte de simpla participare de tip consensual, pentru cã prevede implicarea utilizatorilor nu numai în faza de alegere, dar ºi în cea de decizie, de administrare ºi de control al spaþiului ºi al serviciilor. De fapt, boala nu este doar un eveniment biologic care-l loveºte pe individ ºi mobilizeazã ºtiinþa medicilor. Ea este înainte de toate un fapt social ce antreneazã raporturile de putere. Desfiinþarea inegalitãþilor, puterea de a vindeca ºi stãpânirea propriei vieþi constituie cele trei dimensiuni a ceea ce Didier Fassin (1996) numeºte spaþiul politic al sãnãtãþii. Din aceste motive, boala Alzheimer solicitã o mare cerere de transformare a perspectivei asistenþiale. A asista un pacient cu o astfel de boalã înseamnã a construi în timp ºi în situaþii concrete, legate de contextul familial, o adevãratã relaþie de ajutor îndreptatã cãtre întregul sistem relaþional. Este clar cã o asemenea perspectivã determinã medicii ºi pe cei ce îi sprijinã sã gestioneze într-o manierã nouã aceastã boalã, finalizându-ºi 46 ROBERTO FASANELLI, IDA GALLI intervenþia nu o datã cu vindecarea, ci cu luarea în îngrijire globalã, cu a avea în grijã calitatea vieþii nu numai a bolnavului, ci ºi pe cea a asistenþilor informali. Dincolo de toate, trebuie sã þinem cont de faptul cã, date fiind proiecþiile demografice, generaþia viitoare de persoane în vârstã va avea la dispoziþie mai puþini fii, nepoþi ºi rude, ºi deci un numãr mai mic de îngrijitori (asistenþi). Pe lângã aceasta, proceselor de transformare socialã le-au corespuns întotdeauna schimbãri în cultura serviciilor, în sensul unei mai mari dorinþe de a le folosi, a unei mai mari conºtientizãri a propriilor drepturi ºi a propriilor nevoi. De aceea va fi nevoie sã punem în practicã politici sociale dotate cu creativitate, inventivitate ºi inteligenþã care sã þinã cont de faptul cã familia ar putea sã nu mai fie pe viitor un izvor de resurse ca în prezent, cã a fi asistent va fi o alegere, ºi nu o obligaþie ºi cã respectul drepturilor omului trebuie sã se manifeste ºi în caz de boalã pentru a fi respectat în orice alt moment al vieþii. Traducere de Angela Pintilie Abstract: The study of the relationship between social practice and social representation emerges as one of the key issues within the history of social representation theory. Nevertheless, these relationships are still today misunderstood and, paradoxically, rarely investigated. The following study is aimed at identifying the mechanisms through which social representations are used within a given context, specifically in the context of taking responsibility for and taking care of the patient. The sample used for the study is made up of subjects for whom Alzheimers disease is the object of symbolic daily interactions made through language, in accordance with the epistemological premises of the Theory of reference. From the internal structure point of view, the same sample was divided into the following subsamples: (1) formal caregivers (medical and paramedical personnel in health centers); (2) informal caregivers (relatives of the patient). In order to study the social representations of Alzheimers disease as shown in the various subsamples involved in the research, we start from the semantic-lexical field. The first component studied, Information, was constructed through a lexical frequency statistical analysis using material collected through free-association test. The data collected was later used as a means of accessing the second component of the research, the Field of representation, identified through a descriptive statistical analysis. To identify the central nucleus and the peripheral elements of this type of social representation, the free-associated terms used by the subjects interviewed were analyzed by using the Vergès Evocation hiérarchisée technique. Finally, the same subjects that had participated in the free-association test were given a semidirective interview, through which it was possible to have access to the content of the social representation studied. The data from this phase of the research was analyzed for its categorical-frequential content. The results obtained provide interesting observations on the social representations of health and illness as shown by the people involved, directly or indirectly, with the altered or pathological states of the organism. Résumé: Létude des relations entre les pratiques sociales et les représentations constitue une des questions nodales dans le processus évolutif de la Théorie des représentations sociales. Telles relations sont encore méconnues et peu étudiées. Le but de notre recherche est didentifier les mécanismes au moyen desquels une représentation sociale est mis en uvre à lintérieur dun contexte donné, dans notre cas spécifique, dans un contexte de prise en charge et de cure. Conformément aux prémisses épistémologiques de notre Théorie de référence, léchantillon est composé par des sujets pour lesquels la maladie dAlzheimer constitue lobjet dinteractions symboliques quotidiennes, réalisées par lintermédiaire du langage. Du point de vue de la structure, léchantillon a été subdivisé selon les sous-échantillons suivants: (1) caregivers formels (médicins ou personnel paramédical); (2) caregivers informels (parents des malades). Pour étudier les représentations sociales de lAlzheimer des différents sous-échantillons, nous avons décidé de RELAÞIILE DINTRE ACÞIUNILE DE ASISTENÞà ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE... 47 commencer par le champ lexical. La composante information a été étudiée en soumettant les matériaux recueillis par les associations libres à une analyse fréquentielle de type lexical. Les données recueillies ont été utilisées pour étudier la deuxième composante, le champ de la représentation, identifié par une analyse statistique descriptive. Pour identifier le noyau central, aussi bien que les éléments périphériques de la représentation sociale, on a analysé les termes librement associés par les interviewés à travers la technique des «Évocations hiérarchisées» de Vergès. Les mêmes sujets ont été soumis à un entretien semidirective, utile pour connaître le contenu de la représentation sociale étudiée. Les données ont été traitées par une analyse de contenu de type catégoriel-fréquentiel. Les résultats fournissent, entre autres, des éléments de réflexion très intéressants sur les représentations sociales de la santé et de la maladie élaboré par des «publiques» directement ou indirectement impliqués dans les états altérés ou pathologiques de lorganisme. Bibliografie Abric, J.-C. (1976), Jeux, conflits et représentations sociales, tezã de doctorat, Universitatea din Aix-en-Provence. Abric, J.C. (1994), Pratiques sociales et représentations, PUF, Paris. Abric, J.-C. (2003a), La recherche du noyau central et de la zone muette des representations socials, `n J.-C. Abric (ed.), Méthodes détude des représentations sociales, Érès, Ramonville Saint-Agne, pp. 59-80. Amaturo, E. (1993), Messaggio, simbolo, comunicazione. Introduzione allanalisi del contenuto, NIS, Roma. Bardin, L. (1997), Lanalyse de contenu, PUF, Paris. Bardin, L. (2003), Lanalyse de contenu et de la forme des communications, `n Moscovici S. ºi Bayley, J. (2000), Elegia per Iris, Rizzoli, Milano. Bellelli, G. (ed.) (1994), Laltra malattia. Come la società pensa la malattia mentale, Liguori, Napoli. Berger, P.L.; Luckmann, T. (1966), The social construction of reality, Doubleday, Garden City. Breackwell, G.; Canter, D. (1993), Empirical Approaches to Social Representations, Clarendon Press, Oxford. Bude, H. (1995), Verallgemeinerung und Darstellung. Workshop des Projektes Q1b, Berliner Forschungsverbund Public Health, MIMEO. Cassano, G.; Pancheri, P. (eds.) (1999), Trattato Italiano di Psichiatria, Masson, Milano. Fassin, D. (1996), Santé et societé. Lespace politique de la santé. Essai de genealogie, PUF, Paris. Flick, U. (1998a), An Introduction to Qualitative Research, Sage, Londra. Flick, U. (1998b), The Psychology of the Social, Cambridge University Press, Cambridge. Frederikson, L.G. (1992), Development of an Integrative Model for Medical Communication, Health Communication, 5, 3, pp. 225-237. Galli, I.; Fasanelli, R. (2001), Stato e Democrazia: i saperi consensuali, în I. Galli (ed.), Dalla prima alla seconda repubblica: studio dellevoluzione delle rappresentazioni sociali dello Stato italiano e della Democrazia, Edizioni Scientifiche Italiane, Napoli, pp. 59-185. Grossi, D.; Trojano, L. (1997), La demenza di Alzheimer. Storia di una perdita, Massimo Marrapese Editore, Roma. Hegel, G.W.F (1965), La raison dans lhistoire, Plon, Paris. Herzlich, C. (1972), La représentation sociale, `n S. Moscovici (ed.), Introduction à la psychologie sociale, vol. 1, Larousse, Paris. Krippendorff, K. (1983), Analisi del contenuto. Introduzione metodologica, Boria, Roma. Losito, G. (1993), Lanalisi del contenuto nella ricerca sociale, Angeli, Milano. Maslow, K. (1994), Special Care Units for Persons with Dementia: Expected and Observed Effects on Behavioral Symptoms, Alzheimer Disease and Associated Disorders, 8, 3, pp. 322-337. Moodie E.; Marková I.; Plichtova J. (1995); Lay Representations of Democracy: A Study in Two Cultures, Culture and Psychology, 1, pp. 423-453. 48 ROBERTO FASANELLI, IDA GALLI Moscovici, S.; Doise, W. (1992), Dissensi e consensi. Una teoria generale delle decisioni collettive, Il Mulino, Bologna. Moscovici, S. (1961), La psychanalyse son image et son public, PUF, Paris. Moscovici, S. (1988), La machine a faire des dieux, Fayard, Paris. Roussiau, N.; Bonardi, C. (2001), Géographie humaine et psychologie sociale dans létude des représentations, `n N. Roussiau, C. Bonardi, Les représentations sociales. État de lieux et perspectives, Mardaga, Hayen, pp. 73-94. Strauss, A.L. (1987), Qualitative Analysis for Social Scientist, Cambridge University Press, Cambridge. Trabucchi, M. (2000), Le Demenze, Utet, Milano. Vergès, P. (1992), Lévocation de largent. Une méthode pour la définition du noyau central dune représentation, Bulletin de psychologie, XLV, 405, pp. 203-209. Luminiþa Mihaela Iacob1, Loredana Gherasim2, Mona Huceanu3 Genul sau genurile reprezentãrii sociale a puterii? Rezumat: Intersectarea problematicii puterii cu cea a categoriilor de sex este un loc comun pentru literatura psihanaliticã, antropologicã sau sociologicã. Ne-a interesat în ce mãsurã analiza reprezentãrii sociale a puterii în cheia categoriilor de gen poate rãspunde întrebãrii din titlu. Printr-o metodologie de tip asociativ, s-au cules date pentru conþinutul ºi structura a trei entitãþi: reprezentarea socialã a puterii (RSP), constructul puteri masculine (CPM), constructul puteri feminine (CPF). Compararea acestora din patru perspective lexicalã, tematicã, semanticã ºi pragmaticã a evidenþiat existenþa, în cazul RSP, a unei dinamici a genului: de la o structurã de gen pluralã la androginie, iar în plan pragmatic, la masculinitate. Sub rezerva validãrii rezultatelor ºi pe alte categorii de subiecþi (cercetarea s-a bazat pe un lot de 120 de studenþi), problematica puterii, în cheia reprezentãrii ei sociale, pare sã scape, parþial, de caracteristica androcentrismului. Puterea în psihologia socialã obiect de cercetare rãsfãþat ºi sexuat În câmpul psihologiei sociale, într-un interval de câteva decenii, problematica puterii a fãcut saltul de la o variabilã neglijatã (Cartwrigt, 1959) la o temã rãsfãþatã. S. Moscovici este una dintre primele voci ale psihologiei sociale care a semnalat decalajul frapant dintre statutul ontologic al puterii ºi reflectarea sa gnoseologicã (1961). Sintetizându-i argumentaþia pe aceastã temã, prezentã în cartea de pionierat a teoriei reprezentãrilor sociale La psychanalyse, son image et son public, Ida Galli (1994) conchide: Puterea reprezenta în acea epocã un totem pentru societate ºi un tabu pentru psihologia socialã. În ciuda acestui statut ºi start special, explicabile în bunã parte prin cecitatea psihologiei sociale americane a primei jumãtãþi a secolului XX faþã de problematica raporturilor de dominare de orice fel (Apfelbaum, 1997), recuperarea s-a fãcut relativ rapid. O prezentare sinteticã în dublã cheie contribuþii ale psihologiei (generale ºi 1. Universitatea Alexandru Ioan Cuza, Iaºi. 2. Universitatea Alexandru Ioan Cuza, Iaºi. 3. Absolventã a modulului de masterat Relaþii umane ºi comunicare din cadrul Facultãþii de Psihologie ºi ªtiinþe ale Educaþiei, Universitatea Alexandru Ioan Cuza, Iaºi. PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale 50 LUMINIÞA MIHAELA IACOB, LOREDANA GHERASIM, MONA HUCEANU sociale), raportate la cele ale filosofiei, antropologiei, sociologiei ne permite urmãrirea traseului de asumare a tematicii puterii (Galli, 1983). Inevitabil, prin intermediul unor direcþii prioritare ale psihologiei sociale influenþa socialã, raporturile interpersonale sau intergrupuri, status-roluri sociale, compararea socialã, construirea identitãþii individuale ºi colective etc. , problematica puterii a interferat major cu cea a diferenþelor dintre sexe. De aici ºi pânã la a pune analiza puterii în cheia acestei variabile naturale nu a mai fost decât un pas. Psihologia socialã clinicã, specialitate a ºcolii franceze de psihologie, edificatã pe baze psihanalitice, a pregãtit terenul construind în acest spaþiu comun. Câteva titluri sunt grãitoare: N. Aubert et al., Le sexe du pouvoir (1986); E. Enriquez, Le pouvoir et son ombre sexuelle (1986); M. Pages, Organisation et sexualité imaginaire (1986); J. Barus-Michel, Pouvoir réel et sexe mythique ou le statut sexuel du pouvoir (1991); J. Barus-Michel, Le mythe ddipe, le sexe et le pouvoir (1991). Nu este de mirare cã, ºi în afara psihologiei sociale clinice, tema apare ca incitantã, încât un numãr special al Revistei Internaþionale de Psihologie Socialã abordeazã subiectul: Sex, Gender, and Power (1997). De ce variabila sex sau corolarul sãu, stereotipurile de sex, par a fi în legãturã naturalã cu fenomenologia puterii? Argumentele diverºilor autori þin de statutul puternic prescriptiv al acþiunii acestei variabile sau al stereotipului asociat ei în raport cu alte variabile sociale. Raporturile de putere sunt între oameni reali, clar diferenþiaþi ca femei sau bãrbaþi. Lecþia aceasta se învaþã de timpuriu ºi din experienþe directe, pe care alte variabile nu le oferã totdeauna ºi la orice pas. Sexul este singura variabilã naturalã dihotomicã ºi, prin aceasta, puternic salientã. Faþã de alte stereotipuri, cele de sex sunt foarte apropiate de realitatea pe care o rezumã ºi, în acelaºi timp, larg împãrtãºite. Organizarea socialã tradiþionalã, în toate segmentele ei, este marcatã de dihotomia de sex: de la activitãþi ºi pânã la vestimentaþie. Breºa modernitãþii este încã nesemnificativã, dacã o judecãm istoric ºi/sau geopolitic. Reflectarea simbolicã a acestei practici o oferã genul gramatical, o prezenþã frecventã în limbile lumii4. Pe linia acestor argumente, care pot continua, este fireascã poziþia celor care vãd în raporturile dintre sexe raporturi implicite de poziþionare faþã de putere (Amancio, 1997). Cercetãrile intersectate putere-sex impun o serie de concluzii. Dintre acestea le reþinem pe cele sintetizate de conceptele: asimetrie funcþionalã, androcentrism ºi egalitate inegalã. Asimetria funcþionalã sau structuralã (Durand-Delvigne, 1997) este o transpunere în planul judecãþii sociale a inegalitãþii dintre grupele de sex. Planul cognitiv tinde sã reacþioneze izomorf cu cel social, valorizând diferenþiat atributele masculinitãþii (preferate) ºi pe cele ale feminitãþii (devalorizate). Astfel, în ciuda afirmãrii egalitãþii celor douã categorii, practica utilizãrii lor în compararea socialã le vãdeºte inegalitatea funcþionalã ºi statutul asimetric din punct de vedere axiologic. Puse pe talerul balanþei judecãþii sociale, cele douã trag diferit! Discutarea problematicii sexelor în cheia raporturilor de putere face ºi mai relevant conceptul de asimetrie funcþionalã. Forma în care îl regãsim este androcentrismul 4. În acest punct se cuvine sã subliniem concordanþa sau neconcordanþa dintre practica puterii ºi genul ei sociologic, cu genul sãu psihologic (al perceperii fenomenului) ºi cu cel gramatical. În italianã ºi francezã nu par a fi probleme: toate trei sunt masculine. În alte limbi însã, diferenþa poate frapa. GENUL SAU GENURILE REPREZENTÃRII SOCIALE A PUTERII? 51 (Lorenzi-Cioldi, 1997). Judecãþile de valoare au un singur referent, o normã consideratã general valabilã: masculinitatea. Doar prin raportare la ea feminitatea îºi defineºte specificul. Un lider femeie este mãsurat prin raportare la caracteristicile unui lider bãrbat. Niciodatã ºi invers, chiar acolo unde practica democraticã ºi egalitatea juridicã a sexelor este un bun cu tradiþie. Maniera în care androcentrismul, ca simptom al asimetriei funcþionale, este engramat cultural face obiectul analizei Marisei Zavalloni. Dimensiunea sexualã a identitãþii, a fi femeie sau bãrbat, este fundamentalã, nu numai pentru cã are o premisã geneticã primarã, ci, mai ales, pentru cã în cultura patriarhalã ea înglobeazã tradiþional toate celelalte determinãri. Actorii istoriei, eroi naþionali, religioºi, morali, chiar ºi Dumnezeu, se prezintã, înaintea oricãrei alte specificãri, ca prototipuri ale masculinitãþii. (Zavalloni, 1986, p. 367) Cele douã, asimetria funcþionalã ºi androcentrismul, conduc firesc la egalitatea inegalã (Masson-Maret, 1997; Kirchler, 1997). În esenþã, conceptul surprinde contradicþia dintre planul social ºi cel psihologic. Dacã reglementarea juridicã a poziþiei sexelor statueazã egalitatea, psihologic, aceasta devine o egalitate inegalã. În situaþiile de autoevaluare în contexte ce interfereazã cu poziþiile de putere, favorizarea instrumentalitãþii (caracteristicã masculinã) în detrimentul expresivitãþii (caracteristicã femininã) apare atât la bãrbaþi, cât ºi la femei. Pornind de la astfel de premise evidenþiate de cercetarea intersectãrii problematicii puterii cu cea a variabilei de sex, ne-a interesat o dublã translare; pe de o parte, de la fenomenologia puterii la cea a reprezentãrii ei sociale ºi, pe de altã parte, de la tematica categoriilor de sex la dimensiunea ei psihologicã, cea a genului. Astfel, întreaga problematicã discutatã pânã acum intrã în sfera construcþiilor simbolice ºi a raporturilor pe care acestea le stabilesc. Ideea nu este nouã, sunt de menþionat deja explorãri ale intersecþiei gen-stereotipuri naþionale (Eagly, et al., 1987; Lungu, 2001), gen-stereotipuri profesionale (Lorenzi-Cioldi, et al., 1988) ºi chiar gen-putere (Dumézil, 1984; Bourhis et al., 1992; Neculau ºi Iacob, 2002). Se cuvine sã subliniem cã ºi în aceste studii, ºi în demersul nostru intersecþia gen-reprezentare socialã nu se face în maniera curentã: genul ca variabilã independentã, categorie de analizã corelaþionalã. Aici genul apare în posturã de variabilã dependentã. Altfel spus, nu ne intereseazã categoria de gen a subiecþilor ca variabilã de structurare a reprezentãrii lor sociale despre putere. Suntem interesaþi sã aflãm cum percep subiecþii noºtri genul puterii atunci când aceasta devine obiect social de referinþã. Concret, am urmãrit dacã în reprezentarea socialã a puterii, ca obiect social puternic valorizat ºi în cheie polarã (M-F), dimensiunea de gen este o reflectare a asimetriei funcþionale ºi a androcentrismului sau are o manifestare mai complexã. De la masculinitate la androginie ºi retur Formularea din titlu surprinde concluzia cercetãrii noastre, menitã sã identifice genul reprezentãrii sociale a puterii ºi formele sale de expresie. 52 LUMINIÞA MIHAELA IACOB, LOREDANA GHERASIM, MONA HUCEANU 1. Obiectiv ºi ipoteze Þinta demersului investigativ a constituit-o tentativa de a vedea dacã ceea ce reclamã psihanaliºtii, sociologii, antropologii androcentrismul puterii are acoperire semnificativã ºi în plan psihologic. Este masculinitatea trãsãtura semnificativã a reprezentãrii sociale a puterii? Vorbim de genul acestei reprezentãri sau de genurile ei? Feminitatea, androginia, nediferenþierea sunt oare categorii operaþionale pentru genul reprezentãrii sociale a puterii? Ce resorturi intervin în dinamica genului acestei reprezentãri? Ipotezele de lucru ale cercetãrii au fost: estimãm cã androcentrismul este foarte posibil sã se reflecte atât în raportarea directã, cât ºi în cea indirectã a subiecþilor la obiectul reprezentãrii vizate; schimbarea planurilor analizei lexical, tematic, semantic ºi pragmatic sã nuanþeze problematica genului reprezentãrii sociale a puterii; datã fiind polarizarea stereotipurilor de gen, apreciem cã atributele puterilor masculine vor prezenta diferenþe nete faþã de cele ale puterilor feminine5. 2. Variabila ºi operaþionalizarea ei Ne-a interesat genul RSP indicat de natura ºi gradul interferenþei a trei entitãþi: reprezentarea socialã a puterii, constructul puteri masculine (CPM), constructul puteri feminine (CPF). Operaþionalizarea variabilei s-a concretizat prin cele patru posibilitãþi: androginie interferenþe puternice ºi relativ egale cu ambele constructe (PM, PF); masculinitate interferenþe dominante cu CPM; feminitate interferenþe dominante cu CPF; nediferenþiere absenþa interferenþelor sau valori scãzute ºi relativ egale ale acestora cu cele douã constructe. Este evident cã, prin natura acestei operaþionalizãri, studiul de faþã utilizeazã categoriile de gen într-o manierã principal asemãnãtoare cu esenþa fiecãreia, teoretizatã de S. Bem (1987). În cercetarea de faþã, de pildã, sintagma prototip a androginiei ºi M ºi F nu va fi operaþionalizatã în cheia intensitãþilor ridicate ºi la atributele masculine ºi la cele feminine ale profilului de gen. Pentru noi, ºi M ºi F consemneazã doar prezenþa lor concomitentã, relativ asemãnãtoare ca pondere. Este clar cã, sub aspectul metodologiei de identificare a categoriilor de gen, nu existã nici o legãturã a cercetãrii noastre cu procedurile încetãþenite. Analiza variabilei a urmãrit mai multe planuri: (a) lexical numãr de cuvinte comune vs. diferite; (b) tematic teme identice vs. teme diferite; (c) semantic sensuri ºi tonalitãþi comune vs. diferite; (d) pragmatic structuri funcþionale comune vs. diferite. 3. Subiecþi Populaþia-þintã a fost constituit\ din studenþii secþiilor cu profil economic ºi sociouman (filosofie, istorie, sociologie, asistenþã socialã, psihologie, pedagogie, psihopedagogie, politologie) din cadrul Universitãþii Alexandru Ioan Cuza, Iaºi. Alegerea acestora a 5. În cazul lor vorbim de o caracterizare prin atribute, ºi nu de o reprezentare socialã, deoarece constructele experimentale cu care am operat puteri masculine, puteri feminine nu întrunesc condiþiile unui obiect social, singura realitate generatoare de reprezentãri sociale (Neculau, 1996, 1997; Curelaru, 2001, 2003). 53 GENUL SAU GENURILE REPREZENTÃRII SOCIALE A PUTERII? vizat valorificarea ºi contactul lor teoretic, nu doar experienþial, cu problematica puterii. În funcþie de etapele cercetãrii, cei implicaþi au fost distribuiþi astfel (vezi tabelul 1): Tabelul 1. Distribuþia celor implicaþi în funcþie de etapele cercetãrii Etape ºi faze Ü Etapa preliminarã: a) faza 1 b) faza 2 Ü Etapa propriu-zisã: a) faza 1 (directã) b) faza 2 (indirectã6) TOTAL Numãr subiecþi Numãr bãieþi fete 39 76 17 34 22 42 231 120 466 104 60 215 127 60 251 4. Metodologie Consideraþii principale. Diversele tehnici de contextualizare situaþionalã consemnul de substituþie, contextul de substituþie, contextul hibrid, contextul mimetic ºi cel natural (Curelaru, 2003) au ca menire sã dezvãluie cât mai mult din zona mutã (Abric ºi Guimelli, 2002) a unei reprezentãri. Miza metodologicã pe care ne-am asumat-o a fost tentativa de a lãrgi câmpul prizei de conºtiinþã a subiecþilor faþã de obiectul cercetãrii: genul reprezentãrii sociale a puterii. A apãrut astfel ideea utilizãrii unei manipulãri reprezentaþionale (Zavalloni ºi Louis-Guerin, 1984), fãrã a schimba însã contextul situaþional. Am avut în vedere faptul cã zona mutã a unei reprezentãri îºi poate avea sorgintea nu doar în ceea ce este dificil de exprimat, ci ºi în ceea ce este mai puþin vizibil dintr-un punct de vedere autoasumat sau indus de cercetãtor. Concret, în cazul puterii, obiect social extrem de complex, era foarte posibil ca perspectiva genericã, saturatã de multe ori de raportarea la puterea politicã sau economicã, sã oculteze, pentru moment, diversitatea considerabilã a fenomenologiei puterii. Consecinþa ar fi fost recoltarea de date ce þineau de o reprezentare socialã flash, neacoperitoare pentru realitatea reprezentaþionalã cu care subiecþii opereazã în mod curent în cazul puterii. Pe de o parte, pentru a diminua urmãrile acestui fenomen inevitabil ºi, pe de altã parte, pentru a ne oferi materialul comparativ impus de operaþionalizarea variabilei gen am recurs, în etapa culegerii datelor prin tehnica asociativã, la o adaptare metodologicã7. Aceasta a vizat lãrgirea prizei de conºtiinþã a subiecþilor asupra fenomenologiei puterii prin contextualizãri discursive succesive direct-indirect þin de sensibilizarea, prin consemn, a subiecþilor faþã de 6. Caracteristicile problematica genului puterii. 7. În asumarea riscului de a nu alege doar securitatea unei metodologii standard, deja verificate, am fost încurajaþi de repetatele luãri de poziþie ale lui S. Moscovici (1986, p. 3) în care pledeazã convingãtor pentru permanenta înnoire a cãilor cercetãrii: În psihologia socialã nu este posibil sã avem o metodã, ci un continuum metodologic. 54 LUMINIÞA MIHAELA IACOB, LOREDANA GHERASIM, MONA HUCEANU (Abric, 1994; Iacob, 2003), focalizate asupra unor categorii de putere cele considerate masculine sau feminine8. Etape, faze ºi proceduri. Metodologic, cercetarea noastrã a avut douã etape de culegere a datelor preliminarã (a) ºi propriu-zisã (b) ºi una de stabilire a strategiei de prelucrare a datelor (c). a) Miza etapei preliminare a fost identificarea la populaþia-þintã a repertoriului referenþial al formelor puterii ºi categorizarea acestuia pe criteriul genului. Concret, într-o primã fazã, pornind de la sintagme frecvente în vocabularul cotidian, 39 de studenþi de la toate secþiile menþionate au avut ca sarcinã sã alcãtuiascã un inventar al puterilor, luând în calcul o diversitate de criterii: domenii de exercitare (politic, economic, juridic etc.), mijloace de exprimare (cuvânt, acþiune etc.), planul exprimãrii (personal, social etc.), stilul (democratic, autoritar, laissez-faire etc.), forma (fizicã, simbolicã, individualã, de grup, societalã etc.), sursa (natura, societatea, individul etc.). Dintre cele 49 de puteri rezultate, primele 20, în ordinea frecvenþei, au fost supuse fazei a doua: evaluarea ºi categorizarea de gen. 76 de studenþi din populaþia vizatã au avut drept consemn sã indice genul9 fiecãrei puteri ºi sã evalueze gradul de relevanþã al acestuia pentru puterea în cauzã. S-a utilizat o scalã cu 10 trepte, iar în fiºele de evaluare poziþionarea celor 20 de puteri a fost diferitã, pentru a contracara consecinþele efectului ordine. În baza diferenþelor semnificative dintre valorile masculinitãþii ºi feminitãþii fiecãrei puteri (anexa I, tabelul 1) au putut fi stabilite ºi ierarhizate puterile masculine (PM 12), puterile feminine (PF 16), cele nediferenþiate (PN 2) (anexa I, tabelul 2). Androginia (scoruri mari, dar fãrã diferenþe statistice semnificative între ele, ºi la masculinitate, ºi la feminitate) nu s-a dovedit o categorie operaþionalã pentru evaluãrile subiecþilor noºtri. Primele cinci puteri masculine (puterea bãrbatului, cea militarã, a mafiei, cea totalitarã ºi politicã) ºi feminine (puterea mamei, a frumuseþii, a femeii, a seducþiei, a binelui) au fost selectate ca material inductor pentru etapa propriu-zisã a culegerii datelor. b) În etapa de culegere a datelor s-au creat douã faze, diferenþiate prin maniera de raportare a subiecþilor la obiectivul cercetãrii. În faza directã, celor 231 de studenþi li s-au cerut: (1) sã poziþioneze cele ºase valori ale tipologiilor psihosociologice (Spranger, Dilthey, Allport, Vernon apud P. Popescu-Neveanu, 1978) cunoaºterea, credinþa, economicul, frumosul, puterea, socialul pe axa masculin-feminin, ºi (2) sã estimeze procentual apropierea fiecãreia de cel mai apropiat pol al axei. Datele au fost prelucrate ca medii ale poziþionãrii (M vs. F) ºi evaluãrilor procentuale. Faza indirectã a avut ca mizã culegerea, prin procedee asociative succesive, a datelor pentru identificarea reprezentãrii sociale a puterii ºi a atributelor definitorii pentru cele zece puteri selectate în faza preliminarã. Faþã de cuvântul inductor putere, cei 120 de subiecþi au avut 8. Cele douã conceptualizãri cu care se opereazã în interiorul teoriei reprezentãrilor sociale contextualizãri reprezentaþionale, contextualizãri discursive se referã la aceeaºi practicã: repoziþionarea subiecþilor faþã de obiectul social supus atenþiei. Deosebirea de denumire este datã de accentuarea unor dimensiuni diferite: reprezentarea cerinþei ºi activarea prin discurs a acestei reprezentãri. 9. În prealabil, studenþii au fost familiarizaþi cu accepþiunile celor patru categorii de gen masculinitate, feminitate, androginie, nediferenþiere din tipologia Sandrei Bem (1987). GENUL SAU GENURILE REPREZENTÃRII SOCIALE A PUTERII? 55 urmãtoarele sarcini: (1) sã transcrie pe foile de rãspuns primele cinci cuvinte pe care le asociazã puterii; (2) sã explice prezenþa fiecãrui cuvânt; (3) sã aleagã, dupã importanþã, primele trei cuvinte ºi sã împartã între acestea un numãr de 10 puncte. În sarcinile asociative ulterioare, menite sã lãrgeascã priza de conºtiinþã asupra complexitãþii fenomenologiei puterii ºi sã activeze zona mutã a reprezentãrii, jumãtate dintre subiecþi au îndeplinit aceiaºi paºi ca ºi cei de sus pentru cele cinci puteri masculine, iar cealaltã jumãtate, pentru cele cinci puteri feminine. Deºi indispensabilã, am considerat-o o fazã indirectã în raport cu obiectivul cercetãrii deoarece poziþionarea subiecþilor faþã de genul reprezentãrii sociale a fost doar implicitã. Ei au fãcut asociaþii pornind de la puteri estimate ca feminine sau masculine, dar verbalizarea acestor categorii de gen nu a existat în consemn. c) Prelucrarea datelor. Tratamentul informaþiilor obþinute a fost complex. Pe de o parte s-a oprit la nivelul lexicului, dar ºi al categoriilor tematice. Totodatã, analiza materialului discursiv s-a fãcut atât în planul conþinutului semantic (dicþionarul puterii în general versus dicþionarele puterilor considerate masculine sau feminine), cât ºi pragmatic, sub aspectul organizãrii sale funcþionale. Din acest punct de vedere, identificarea principiilor interne de structurare ºi depistarea reperelor-cheie10 au avut la bazã o strategie clasicã, cea a corelaþiei celor douã criterii: frecvenþa itemilor ºi rangul lor dupã importanþa atribuitã de subiecþi. Dacã în planul lexical al analizei ne-au interesat prezenþa sau absenþa unui cuvânt sau teme în cele trei dicþionare ºi felul în care este alimentat dicþionarul reprezentãri sociale ale puterii de cãtre dicþionarele puterilor masculine ºi feminine, alta a fost miza evaluãrii pragmatice a materialului. Comparaþia la nivelul structurilor de bazã ale materialului discursiv a urmãrit sã vadã cât de asemãnãtoare este maniera utilizãrii celor trei dicþionare. Aceasta deoarece se ºtie cã un fond lexical, în bunã parte comun, poate avea valenþe semantice deosebite, iar pragmatic, sã fie semnificativ diferenþiat. În stabilirea temelor ºi analizarea semanticã a întregului material discursiv evaluat 11 s-a lucrat cu un juriu expert format din cinci persoane. Pentru analiza calitativã, din repertoriul statisticilor descriptive s-a operat cu media frecvenþelor ºi cea a importanþei, iar în cea cantitativã s-au utilizat tehnici statistice inferenþiale: testul t pentru eºantioane perechi ºi testul t pentru eºantioane independente. 10. Deoarece metodologia noastrã nu acoperã decât douã dintre cerinþele analizei unei reprezentãri sociale reperarea conþinutului reprezentãrii ºi studiul relaþiilor dintre elemente, a ierarhiei ºi importanþei lor relative (Abric, apud Curelaru, 2001) , lipsindu-i procedeele de determinare ºi control al centralitãþii, nu utilizãm conceptul de nucleu central, chiar dacã elementele depistate au ºanse mari sã-l reprezinte. 11. Volumul lexical obþinut a fost impresionant, 3.600 de cuvinte. În prelucrarea datelor au intrat însã cele 2.160 de cuvinte alese ºi evaluate de subiecþi dupã importanþã. 56 LUMINIÞA MIHAELA IACOB, LOREDANA GHERASIM, MONA HUCEANU 5. Rezultate. Discuþie ºi interpretãri a) Perspectiva lexicalã. O prezentare a principalelor date se regãse[te în tabelul 2 ºi anexa II. 600 360 209 CPM 1500 900 213 CPF 1500 900 175 48 (23%) 99 (47%) 62 (30%) 138 (65%) 101 (58%) 138 (66%) 109 (62%) 101 (48%) 109 (51%) 59 (28%) 58 (33%) Nr. cuvinte diferite de CPF RSP Nr. cuvinte diferite de CPM Nr. cuvinte analizate Cuvinte unice dupã reducerea semanticã Aportul specific la RSP Nr. cuvinte comune cu RSP Nr. cuvinte comune cu CPM Nr. cuvinte comune cu CPF Nr. cuvinte diferite de RSP Nr. cuvinte produse Entitãþi Tabelul 2. Perspectiva lexical\. Interferen]e `ntre cele trei entit\]i comparate 71 (34%) 108 (51%) 66 (31%) 66 (38%) O primã precizare este cã lexicul analizat a fost de douã ori filtrat. O datã cantitativ (doar cuvintele alese ºi ierarhizate de subiecþi din totalul generat: 2.160 din 3.600), a doua oarã calitativ, dupã reducerile semantice (sinonime, plural-singular, adjectiv-substantiv etc.). Este de remarcat cã, deºi s-a plecat de la un volum lexical net diferit, de trei ori mai mare în cazul constructelor PM, PF, totuºi, semantic, materialul rezultat a fost comparabil: 209, 213, 175 de cuvinte. Faptul pare sã indice cã dimensiunea lexicalã în sine nu poate oferi repere prognostice asupra bogãþiei sale semantice. Ne putem gândi cã, indiferent de volumul lexical recoltat ºi de manipulãrile menite a-l îmbogãþi, dicþionarul unei reprezentãri sociale are, semantic, o dimensiune fluctuantã nesemnificativã. Analiza cuvintelor comune celor trei entitãþi ºi a celor prin care interfereazã luate pe perechi (RSP-CPM, RSP-CPF, CPM-CPF) , corelate cu ponderile diferenþelor, permit câteva sublinieri: fondul lexical comun al celor trei dicþionare este apreciabil. El reprezintã mai mult de o treime din reprezentarea socialã a puterii ºi din repertoriul constructului PM ºi aproape jumãtate din CPF; la o comparaþie în perechi, lexicul celor douã constructe vãdeºte o ºi mai mare interferenþã cu dicþionarul RSP: 65% pentru PM ºi 58% pentru PF (anexa II, figura 1). Aceasta înseamnã cã materialul discursiv al RPS este alimentat major (77%) de atributele celor douã ºi doar în micã mãsurã (23%) el rezervã loc celei de-a patra categorii de gen: nediferenþierea. Faptul are semnificaþia sa specialã. Este o bunã probã a interferenþei reprezentãrii puterii cu problematica genului. Dacã raportul identificat ar fi arãtat invers 77% nediferenþiere, 23% masculinitate ºi/sau feminitate , obiectul cercetãrii noastre nu s-ar fi justificat. La nivel lexical, formula de gen a RSP se dovedeºte complexã, fiind ilustrate toate cele patru categorii: androginie (37%); masculinitate (29%); nediferenþiere (23%) ºi 57 GENUL SAU GENURILE REPREZENTÃRII SOCIALE A PUTERII? feminitate (11%). Acest prim rezultat contravine tezei larg încetãþenite care diagnosticheazã fenomenologia ºi reprezentarea puterii ca fiind androcentrice. O explicaþie posibilã este cã subiecþii noºtri, ºi prin natura orientãrii lor vocaþionale specializãri economice ºi socioumane , s-au orientat permanent ambivalent: puterea ca atribut individual, o caracteristicã a personalitãþii ºi, în acelaºi timp, puterea ca fenomen social. O bunã dovadã a plauzibilitãþii acestei explicaþii este chiar structura tipurilor de putere oferitã de populaþia-þintã (anexa I, tabelul 2). În fiecare dintre cele trei categorii, amestecul putere individualã putere socialã este prezent. În absenþa unei contextualizãri anume, subiecþii în cauzã au oferit o reprezentare socialã care, în plan lexical, nu prezintã o singurã dominantã de gen, chiar dacã androginia ºi masculinitatea, prin ponderea lor, sunt reperele primare. b) Perspectiva tematicã. Juriul expert a operat o categorizare tematicã a celor trei dicþionare. Operaþia a condus la identificarea a 23 de teme12. Interferenþele acestora sunt prezentate în tabelul 3 ºi anexa II (figura 2). Nr. teme diferite de CPF 18 Nr. teme diferite de CPM CPF Nr. teme diferite de RSP 21 Nr. teme comune cu CPF CPM 2 (9%) 3 (14%) 0 (0%) Nr. teme comune cu CPM 22 Nr. teme comune cu RSP Nr. teme RSP Aportul special la RSP Entitãþi Tabelul 3. Perspectiva tematicã. Interferenþe între cele trei entitãþi comparate / 20 (91%) 17 (77%) 2 (9%) 20 (95%) 18 (86%) 1 (5%) 2 (9%) 3 (14%) 17 (94%) 18 (100%) 1 (5%) 0 (0%) Analiza datelor ne permite sã observãm cã ceea ce apãrea în planul lexical ca tendinþã se manifestã acum cu relevanþã: ponderea temelor comune celor trei entitãþi este norma materialului discursiv (17); interferenþele între perechi RSP-CPM (95%); RSP-CPF (94%) sunt aproape identice, ceea ce indicã coincidenþã tematicã a RPS cu cele douã constructe; apare o mare asemãnare ºi între CPM ºi CPF (18 teme). Practic, sub aspect tematic, CPF este inclus în CPM. În consecinþã, chiar dacã analiza tematicã duce ºi ea la identificarea unei formule de gen complexe androginie (77%), masculinitate (14%), nediferenþiere (9%) , de data aceasta dominanta RSP este clarã: androginia. Câmpul discursiv este ocupat hotãrâtor 12. Deºi temele t20, t21, t22 sunt categorii cu un singur element, ele au rãmas în analizã deoarece, în materialul discursiv primar (provenit de la cele cinci cuvinte), acestea sunt comparabile altor teme. Ele au 4, 9 ºi 6 elemente diferite. Singura temã cu un singur element, t 23, îºi compenseazã sãrãcia repertoriului prin frecvenþa ºi intensitatea evocãrii acelui element. 58 LUMINIÞA MIHAELA IACOB, LOREDANA GHERASIM, MONA HUCEANU de teme care sunt, concomitent, ale repertoriului puterilor masculine, dar, cu aceleaºi grade înalte de cuprindere, ºi ale celor feminine. Din acest punct de vedere, manipularea prin cele douã serii de stimuli nu a adus un spor categorial. Dar, tocmai prin aceasta, ea a oferit certitudinea cã, tematic, RSP este suficient de cuprinzãtoare. În cazul sãu, zona mutã patru teme în plus aduse de CPM ºi CPF nu este hotãrâtoare pentru inventarul tematic. c) Perspectiva semanticã. Androginia planului tematic de RSP este totuºi o concluzie de etapã. În absenþa analizei conþinuturilor fiecãrei teme ºi a tonalitãþii acestora (pozitivã, negativã, neutrã sau mixtã), discuþia rãmâne incompletã. Este util sã vedem interferenþele din interiorul fiecãrei teme. Sunt aceleaºi cuvinte, sunt ele diferite? Ce predominã în experimentarea unei categorii tematice, asemãnãrile sau deosebirile? Sunt temele identice susþinute semantic diferit? Tonalitatea de ansamblu a celor trei entitãþi este asemãnãtoare sau diferitã? Principalele rãspunsuri la acest gen de interogaþii se regãsesc în datele din tabelele 4 ºi 5. Tabelul 4. Perspectiva semanticã. Teme comune cuvinte comune vs. cuvinte diferite Nr. crt. TEME 1. Premise ale P 2. Mijloace ale P 3. Consecinþe ale P 4. Condiþii ale P 5. Caract. generale ale P 6. Avantaje ale P 7. Simboluri ale P 8. Instituþii ale P 9. Primejdii ale P 10. Deþinãtori ai P 11. Tipuri ale P 12. Profesioniºti ai P 13. Roluri ale P 14. Personaje-etalon 15. Obiectul P 16. Diverse 17. Însemne ale P 18. Elemente corelate P 19. Activitãþi 20. Statute de P 21. Organizaþii 22. Forme ale P 23. Funcþii ale P TOTAL cuvinte Numãr de cuvinte în RPS CPM CPF 32 25 23 22 13 12 11 10 10 7 7 6 6 5 4 4 3 3 3 1 1 1 0 209 29 26 22 19 15 7 12 11 21 6 3 2 4 8 6 9 5 1 3 3 1 213 31 23 18 17 13 6 6 16 8 1 1 2 4 8 12 6 2 1 175 Numãrul de cuvinte comune în RSP, CPM, RSPRSPCPF CPM CPF 20 26 25 10 19 15 10 17 13 11 16 14 12 13 12 3 5 3 1 3 1 8 5 10 6 3 4 3 1 1 1 4 1 2 1 2 1 2 2 2 2 2 2 1 1 1 78 138 101 GENUL SAU GENURILE REPREZENTÃRII SOCIALE A PUTERII? 59 Câteva observaþii se impun: este frapantã relativa asemãnare dintre cele trei entitãþi sub aspectul numãrului de cuvinte circumscrise fiecãrei teme; doar trei teme fac excepþie: primejdii care pândesc puterea (9), elemente corelate puterii (18), activitãþi ce implicã puterea (19). Lor le este comun faptul cã, în cazul lor, dicþionarele CPM ºi CPF sunt mult mai bogate decât cel al RSP. Pentru primele douã teme menþionate, diferenþa este notabilã: 10-21(!)-16; 3-9-12(!); regula care pare sã opereze la 16 dintre cele 23 de teme este cã se gãsesc mai mulþi termeni în constructul masculin decât în cel feminin pentru a exprima aceeaºi categorie; în ºase cazuri însã temele 1, 10, 15, 18, 19 ºi 20 , constructul puterilor feminine inverseazã raportul, distanþându-se mai mult decât CPM de acoperirea temei respective în RSP; sunt de semnalat situaþiile de excepþie: o temã fãrã reprezentare în CPF instituþii ale puterii (8); douã teme fãrã acoperire în cele douã constructe, dar prezente în RSP însemne ale puterii (17), aspecte diverse (16); ºi o temã propusã de cele douã constructe funcþii ale puterii (23), dar neprezentã în RSP. Mai semnificative pentru concluziile acestui plan de analizã sunt interferenþele semantice la nivelul temelor. Analiza datelor din coloanele 6, 7 ºi 8 ale tabelului 4 indicã: 1. Primele teme, cele care adunã cea mai mare parte a materialului lexical general, prezintã ºi o interferenþã semanticã ridicatã. Cu procente foarte mari 92% (t 5) ºi mari 63% (t1); 50% (t4); 45% (t3); 40% (t2) de exprimare a acestor teme prin aceleaºi cuvinte, indiferent de natura dicþionarului putere în general, puteri masculine, puteri feminine se poate acredita ideea cã androginia RSP are ºi temei semantic. Altfel spus, în cazul temelor principale, aceiaºi termeni pot fi regãsiþi în cele trei dicþionare, chiar dacã lor li se adaugã ºi alþii specifici. Ipoteza androginiei semantice a RSP este susþinutã suplimentar ºi de ponderea mare a aceloraºi cuvinte ºi în interferenþele pe perechi: RSP-CPM (66%); RSP-CPF (48%). Pentru a ilustra cu cazul temei 1 premise ale puterii este semnificativ cã în dicþionarul RSP se vor gãsi doar 6 cuvinte noi faþã de dicþionarul puterilor masculine, în rest, celelalte 26 fiind aceleaºi. Dacã se va pleca de la dicþionarul puterilor feminine, la cele 25 de cuvinte care desemneazã premise ale puterii (t1) se vor adãuga, prin consultarea dicþionarului RSP, doar alte ºapte cuvinte. 2. La nivelul temelor secundare ca diversitate semanticã, se disting mai multe situaþii: teme în care, la fel ca în temele principale, regula interferenþei puternice (cuvintele comune dominã) este clarã: t18, t19, t22; altele în care exprimarea aceleiaºi teme prin cuvinte diferite în cele trei dicþionare este norma: t12, t14, t15; teme ambivalente; caracteristica acestora este cã prezintã o puternicã interferenþã doar cu unul dintre celelalte douã dicþionare. Este cazul temei 13 roluri ale puterii în care, în dicþionarul RSP ºi în cel al CPM, se regãsesc cinci cuvinte comune din ºase. Prin contrast, dicþionarul RSP are un singur cuvânt comun cu CPF; 60 LUMINIÞA MIHAELA IACOB, LOREDANA GHERASIM, MONA HUCEANU teme în care orice urmã a androginiei se pierde ºi transpare doar interferenþa în registrul masculinitãþii. Sunt ilustrative temele t8, t21 ºi t22, inexistente în dicþionarul CPF. 3. O informaþie interesantã o poate oferi analizei categoria specialã a cuvintelor pluritematice. Pornind de la sensurile conferite cuvintelor respective de subiecþi, acestea au fost încadrate, de echipa expert, în diverse teme. Ne-a interesat sã vedem dacã în cele trei dicþionare, jurizate separat, astfel de cuvinte ocupã poziþii asemãnãtoare sau diferite. În cazul cuvântului bani, subiecþii au probat un maxim de funcþionalitate. Nu mai puþin de ºase teme îl încorporeazã: t1 banul ca premisã a puterii; t2 banul ca mijloc al puterii; t3 banul drept consecinþã a exercitãrii puterii; t4 banul, o condiþie a puterii; t6 banul, un avantaj ºi chiar t15 banul ca obiect al puterii. Încadrarea în schema de sus se regãseºte în toate cele trei dicþionare. Aceeaºi situaþie ºi pentru sensurile multiple conferite cuvântului independenþã: t3 consecinþã a puterii; t4 condiþie a puterii; t6 avantaj al puterii. Similaritatea încadrãrii tematice se verificã ºi pentru celelalte cuvinte pluritematice: popularitate, forþã, dinamism, dominare, fricã, relaþie, prestigiu, frumuseþe etc. Faptul este un argument suplimentar în favoarea menþinerii încadrãrii de gen deja identificate. Tendinþa androginã ca dominantã a planului semantic al RSP poate fi verificatã ºi prin rezultatele obþinute în registrul tonalitãþii conþinuturilor celor trei dicþionare. Una dintre cele mai delicate sarcini ale juriului expert a fost sã evalueze conþinutul celor trei entitãþi analizate ºi comparate sub aspectul tonalitãþii fiecãrui cuvânt inclus în dicþionare. Orientându-se dupã explicaþiile furnizate de subiecþi pentru asociaþiile produse, s-a estimat semnificaþia pozitivã, negativã, neutrã sau mixtã a materialului discursiv al fiecãrui dicþionar (tabelul 5). Tabelul 5. Tonalitãþile celor trei entitãþi Entitãþi RSP CPM CPF Pozitivã 64% 57% 63% Negativã 17% 26% 21% Neutrã 9% 4% 5% Mixtã 10% 11% 11% ªi sub acest aspect asemãnãrile sunt frapante. Dominarea netã a tonalitãþii pozitive în materialul asociativ produs de subiecþi se explicã prin ambivalenþa raportãrii lor la putere resursã individualã, fenomen social. Supralicitarea tentei pozitive în cazul celei dintâi a compensat tonalitatea negativã mai accentuatã a temelor vizând fenomenologia socialã a puterii. Din totalul celor 23 de teme, doar una singurã t4 primejdii care pândesc puterea are o tonalitate exclusiv negativã în toate cele trei dicþionare. Cu un statut ambivalent în dicþionarul RSP sunt t2 mijloace ale puterii ºi t3 consecinþe ale puterii. Raportate la celelalte douã dicþionare, se remarcã deosebiri în statutul lor. Tema t2 rãmâne ambivalentã în ambele registre CPM, CPF, în timp ce tema consecinþele puterii (t3) are o tonalitate preponderent pozitivã în dicþionarul CPF ºi preponderent negativã în cel al CPM. Se poate conchide cã ºi sub aspectul interferenþelor de tonalitate, androginia semanticã a RSP se menþine. GENUL SAU GENURILE REPREZENTÃRII SOCIALE A PUTERII? 61 d) Perspectiva pragmaticã. Dacã cele trei analize anterioare lexicalã, tematicã, semanticã au permis compararea celor trei dicþionare sub aspectul conþinutului ºi al structurii lor, perspectiva pragmaticã ne poate indica maniera în care acest material discursiv este utilizat. Sunt, ºi în acest plan, mai prezente asemãnãrile decât deosebirile? Compararea funcþionalitãþii celor trei dicþionare va confirma tendinþa androginã identificatã pânã acum? Douã serii de date ne oferã rãspunsuri: configuraþiile structurilor tematice ale celor trei dicþionare (figura 1) ºi ierarhia primelor zece cuvinte (reperele-cheie) ale fiecãrui dicþionar (tabelul 6). Ambele serii de date au la bazã valorile corelate ale frecvenþelor ºi intensitãþilor temelor/cuvintelor, ceea ce a condus la identificarea rangurilor ºi la poziþionarea acestora dupã semnificaþia lor statisticã. Figura 1. Perspectiva pragmaticã. Structura tematicã a entitãþilor comparate dupã palierele de semnificaþie 62 LUMINIÞA MIHAELA IACOB, LOREDANA GHERASIM, MONA HUCEANU Analiza datelor din cele trei grafice impune câteva observaþii: La nivelul palierelor de semnificaþie ale ierarhiei tematice, comparaþia în perechi ne aratã o identitate în structurã funcþionalã a RSP ºi CPM (5 paliere) ºi neasemãnare între RSP ºi CPF (5 vs. 3 paliere). Faptul indicã o utilizare mai nuanþatã a primelor douã dicþionare ºi mai nediferenþiatã în cazul celui de-al treilea. Dacã am încerca sã vizualizãm aceastã constatare, am putea spune cã, dupã frecvenþa apelului la temele din dicþionare, primele douã pot fi tipãrite în cinci culori, în timp ce al treilea admite doar trei. În cazul acestuia, din cauza pasului mare dintre primul palier ºi celelalte douã, ne putem aºtepta ca paginile celui dintâi sã fie deja extrem de uzate faþã de restul dicþionarului. Situaþia nu se regãseºte decât în repertoriul CPF. Dacã primul palier al celor trei dicþionare este pus sub semnul asemãnãrii (CPM-RSP 67%; CPF-RSP 50%), diferenþe majore caracterizeazã restul acestor structuri funcþionale. Cele trei teme aflate la vârful ierarhiei funcþionale (cel mai des citate, dar ºi puternic valorizate) t1 premise personale ale puterii, t2 avantaje ale puterii; t5 condiþii ale puterii ilustreazã perfect ambivalenþa raportãrii subiecþilor la stimulul inductor: puterea ca atribut personal, puterea ca fenomen social. Apelul la reperele-cheie ale fiecãrui dicþionar ne poate fi util pentru a tranºa tendinþa de gen manifestatã în planul pragmatic. Deci, se impune compararea primelor zece cuvinte, cel mai frecvent ºi cel mai intens asociate de subiecþii noºtri celor trei entitãþi putere, puteri masculine, puteri feminine (tabelul 5). Tabelul 6. Perspectiva pragmaticã. Repere-cheie în entitãþile comparate RSP Bani Autoritate Forþã Inteligenþã Influenþã Preºedinte Curaj Siguranþã Perseverenþã Corupþie Rg. 1 2,5 2,5 4,5 4,5 8 8 8 8 8 CPM Forþã Bani Autoritate Corupþie Apãrare Influenþã Ierarhie Distrugere Nedreptate Siguranþã Rg. 1 2 3,5 3,5 7 7 7 7 7 7 CPF Dragoste Atracþie Frumuseþe Inteligenþã Bunãtate Înþelegere Grijã Carismã Femeie Manipulare Rg. 1 3 3 3 6 6 6 9 9 9 Acest punct al analizei vine cu accente foarte clare: 1. Ocuparea neuniformã a primelor zece poziþii este norma funcþionalã a celor trei entitãþi. Se remarcã pasul mare (douã intervale) între primul ºi urmãtoarele elemente din CPF. Situaþia ne aminteºte de cea identificatã anterior la teme. 2. Cu doar 10% elemente comune cu RSP, constructul PF face notã distinctã. Constatarea este întãritã de comparaþia între primele trei ranguri. La acest nivel de vârf, cele douã nu au nimic în comun! 3. Asemãnarea RSP-CPM rãmâne ridicatã (60%). Dacã plasãm comparaþia la primele trei poziþii, putem vorbi chiar de identitate de conþinut ºi de ranguri înrudite. GENUL SAU GENURILE REPREZENTÃRII SOCIALE A PUTERII? 63 4. Este extrem de clarã disjuncþia funcþionalã dintre constructe. CPM ºi CPF nu au nici un reper-cheie comun. Mai mult chiar, cele 20 de cuvinte pot fi aranjate [i în perechi polare: forþ\ vs. dragoste; autoritate vs. atracþie; apãrare vs. înþelegere; distrugere vs. grijã etc. Constatarea este o bunã ilustrare a categoriilor de gen M ºi F din modelul ortogonal al Sandrei Bem13. Dacã am transforma primele ranguri în materialul de construcþie a trei definiþii funcþionale, rezultatul analizei noastre devine evident: putere = bani, autoritate, forþã; puteri masculine = forþã, bani, autoritate, corupþie; puteri feminine = dragoste, atracþie, frumuseþe, inteligenþã. Astfel, analiza RSP din perspectivã pragmaticã ne duce spre o concluzie certã: masculinitatea este norma de gen a acestei reprezentãri. Argumentarea titlului ales pentru a surprinde dinamica genului RSP de la masculinitate la androginie ºi retur s-a fãcut gradual: planul lexical a dat câºtig de cauzã unei orientãri de gen plurale, cea tematicã ºi semanticã au identificat ca dominantã androginia, iar cea pragmaticã, masculinitatea. De ce totuºi punctul de pornire l-am conferit masculinitãþii? Titlul a avut în vedere ºi surprinderea poziþiei subiecþilor la sarcina de evaluare directã a genului puterii. Astfel, pe axa masculinitate-feminitate, faþã de celelalte cinci valori evaluate, puterea a fost apreciatã de 94% dintre cei 231 de subiecþi ca fiind o chestiune ce þine de jumãtatea masculinã a axei. ªi cea de-a doua estimare, cea a gradului intensitãþii masculinitãþii sale, este convingãtoare: 78%. Dacã prin evaluare directã, subiecþii nu par a avea dubii privind genul RSP, evaluarea indirectã, supusã celor patru analize succesive operate, este mai nuanþatã ºi ne-a permis sã identificãm temeiul acestei evaluãri: masculinitatea RSP are o bazã funcþionalã. Concluzii Sub rezerva unei operaþionalizãri sui-generis în raport cu practica curentã a variabilei gen ºi a unei metodologii cu adaptãri personale, concluziile cercetãrii noastre confirmã, dar ºi completeazã formularea ipotezelor de start. Identificarea variabilei urmãrite prin compararea RSP cu douã constructe puteri masculine, puteri feminine obþinute prin manipularea câmpului discursiv al subiecþilor ne-a permis sã constatãm complexitatea poziþionãrii RSP în raport cu problematica genului. Dacã în evaluarea directã androcentrismul se regãseºte în afirmarea categoricã a masculinitãþii puterii (78%) ca intensitate, fiind cea mai puternicã dintre valorile plasate de subiecþi în jumãtatea masculinã a axei M-F de cãtre majoritatea zdrobitoare a subiecþilor (94%), raportarea indirectã a populaþiei-þintã la variabila gen este mult mai nuanþatã. 13. În modelul citat, cele patru genuri sunt reprezentate de cadranele delimitate de intersecþia axelor masculinitate ºi feminitate, axe cu valori crescãtoare. Astfel, formulele celor patru sunt: masculinitate (M+, F-); feminitate (M-, F+); androginie (M+, F+); nediferenþiere (M-, F-). 64 LUMINIÞA MIHAELA IACOB, LOREDANA GHERASIM, MONA HUCEANU Judecat sub aspect lexical, dicþionarul RSP face proba existenþei tuturor celor patru categorii de gen în ordinea: androginie (37%), masculinitate (29%), nediferenþiere (23%), feminitate (11%). Din acest punct de vedere, suntem mai degrabã în faþa unei combinaþii de genuri decât în prezenþa unei dominante de gen. Analiza tematicã impune o altã concluzie: androginie. Dintre cele 22 de teme care supraordoneazã materialul lexical al dicþionarului RSP (209 cuvinte), 17 sunt comune cu dicþionarele celor douã constructe PM, PF ºi alte trei comune cu tematica definitorie a PM. Din perspectivã semanticã, teza androginiei RSP gãseºte susþinere mai ales în planul tonalitãþii cuvintelor ºi în maniera de exprimare a temelor dominante: apelul preponderent la aceleaºi cuvinte în cele trei dicþionare. Analiza pragmaticã a materialului discursiv readuce încadrarea de gen a RSP în câmpul masculinitãþii. Identitatea de structurã funcþionalã cu CPM, interferenþa mare (60%) cu primele zece repere-cheie ale acestuia, diferenþa vizibilã faþã de structura funcþionalã a CPF ºi interferenþa extrem de micã la nivelul primelor zece repere-cheie ale acestuia (10%) ne readuc în faþã formula caracteristicã masculinitãþii: M+, F-. Aceastã dinamicã a genului RSP, evidenþiatã pe mãsura schimbãrii planurilor analizei, confirmã cea de-a doua ipotezã a studiului. Diferenþa netã dintre atributele celor douã constructe utilizate ca material comparativ cu RSP se verificã doar în plan pragmatic. Lexical, tematic ºi semantic, atributele celor douã dicþionare prezintã în mai mare mãsurã asemãnãri decât deosebiri. Astfel, cea de a treia ipotezã este contrazisã de analiza tematicã ºi prea puþin susþinutã de perspectivele lexicalã ºi semanticã. În esenþã, demersul nostru a sugerat calea prin care androcentrismul puterii se reflectã în masculinitatea RSP: funcþionalitatea dicþionarului puterii, maniera de a-l utiliza. Nu cuvintele dicþionarului RSP, nu sensurile asociate acestora ºi nici temele care le supraordoneazã sunt mai asemãnãtoare cu similarele lor din dicþionarul PM. Aceste elemente se regãsesc în mare mãsurã ºi în dicþionarul PF. Dicþionarul RSP ºi cel al CPM au în comun paginile la care se deschid cel mai frecvent. În fapt, spunând putere, subiecþii noºtri spun bani, autoritate ºi forþã tocmai reperele-cheie ale puterii masculine. În fapt, dacã prin conþinut ºi structurã RSP cocheteazã cu androginia, pragmatic ea devine o realitate simbolicã dominatã de mustaþã ºi pantaloni. Abstract: The crossing between power issues and gender issues is a common place for the psychoanalytical, anthropological or sociological literature. We were interested in answering the question in the title by analyzing the social representation of power through gender categories. We have used an associative method to gather data regarding the content and the structure of three entities: the social representation of power (SRP), the masculine power construct (MPC) and the feminine power construct (FPC). Their comparison was made from four different perspectives: lexical, thematic, semantic and pragmatic. The analysis showed for the SRP the existence of gender dynamics: from a multiple structure of gender to androgyny, and for the pragmatic dimension from a multiple structure of gender to masculinity. Although we should consider the results with some caution as being representative for other categories of subjects (the subjects were 120 students), we can assert that the power issue, seen through its social representation, seems to partially lack the androcentrism. 65 GENUL SAU GENURILE REPREZENTÃRII SOCIALE A PUTERII? Résumé: Le croisement entre le sujet du pouvoir et celui du genre est un lieu commun pour la littérature psychanalytique, anthropologique ou sociologique. Nous sommes intéressés à répondre à la question suggérée dans le titre par lanalyse de la représentation sociale du pouvoir à travers les catégories de genre. Nous avons employé une méthode associative pour recueillir des données concernant le contenu et la structure des trois entités: la représentation sociale du pouvoir (RSP), le construit de «pouvoir masculin» (CPM) et le construit de «pouvoir féminin» (CPF). Leur comparaison a été faite des quatre perspectives: lexicale, thématique, sémantique et pragmatique. Lanalyse montre pour le RSP la présence dune dynamique du genre: dune structure multiple du genre vers landrogynie, et pour la dimension pragmatique, dune structure multiple du genre vers la masculinité. Bien quil faille regarder les résultats comme relatives sur laspect de leur représentativité pour autres catégories des sujets (nos sujets sont 120 étudiants), nous pouvons conclure que le sujet du pouvoir, vu par sa représentation sociale, manque partiellement «landrocentrism». Anexa I Tabelul 1. Valori ale masculinitãþii ºi feminitãþii. Masculinitatea-feminitatea puterilor Tipuri de puteri Puterea totalitarã Puterea frumuseþii Puterea individualã Puterea mafiei Puterea opiniei publice Puterea justiþiei Puterea mass media Puterea femeii Puterea militarã Puterea politicã Puterea economicã Puterea mamei/maternã Puterea cuvântului Puterea conducãtorului Puterea civilizaþiei Puterea religiei Puterea bãrbatului Puterea seducþiei Puterea binelui Puterea democraþiei Media fem. 0,09 9,04 2,82 0,15 1,79 1,38 2,07 8,76 0,00 0,12 0,57 9,52 4,72 0,53 2,75 4,12 0,00 8,27 6,29 1,53 Media masc. t p Categorii 7,69 0,00 4,14 8,34 5,07 5,87 4,50 0,00 8,78 7,63 6,67 0,00 2,65 7,05 4,34 3,53 8,78 0,45 1,38 5,57 29,25 78,10 1,75 27,88 4,96 7,81 3,60 45,00 57,4 27,04 13,37 97,2 2,67 14,40 2,09 0,73 54,64 19,52 7,51 6,27 0,000 0,000 0,082 0,000 0,000 0,000 0,001 0,000 0,000 0,000 0,000 0,000 0,009 0,000 0,039 0,048 0,000 0,000 0,000 0,000 % & &% % % % % & % % % & & % % &% % & & % 66 LUMINIÞA MIHAELA IACOB, LOREDANA GHERASIM, MONA HUCEANU Tabelul 2. Categorii de putere. Categorii de putere dupã gen Puteri masculine Puterea bãrbatului Puterea militarã Puterea mafiei Puterea totalitarã Puterea politicã Puterea conducãtorului Puterea economicã Puterea justiþiei Puterea democraþiei Puterea opiniei publice Puterea mass-media Puterea civilizaþiei Puteri feminine Puterea mamei Puterea frumuseþii Puterea femeii Puterea seducþiei Puterea binelui Puterea cuvântului Nediferenþiate Puterea religiei Puterea individualã Anexa II Figura 1. Interferenþele ºi volumul lexical al entitãþilor comparate GENUL SAU GENURILE REPREZENTÃRII SOCIALE A PUTERII? 67 Figura 2. Interferenþele tematice ale entitãþilor comparate Bibliografie Abric, J.C. (1994), Les représentations sociales: aspects théoriques, în J.C. Abric (coord.), Pratiques sociale set représentations, PUF, Paris. Abric, J.C.; Guimelli, C. (1998), Représentations sociale et effets de contexte, Connexions, 72, pp. 23-27. Abric, J.C.; Guimelli, C. (2002), La zone muette des représentations sociales: approche theorique et méthodologique, 6thInternational Conference on Social Representations Thinking Societies: Common Sense and Communications, Stirling, 27 aug.-1 sept. 2002. Amancio, L. (1997), The Importance of Being Male: Ideology and Context in Gender Identities, Sex, Gender and Power, numãr tematic Revue Internationale de Psychologie Sociale, 2, pp. 153-169. Apfelbaum, E. (1997), Contrepoints et Débats, Sexe, Gender and Power, numãr tematic Revue Internationale de Psychologie Sociale, 2, pp. 153-169. Aubert, N.; Enriquez, E.; De Gaulejac, V. (1986), Le sexe du pouvoir, EPI, Paris. Barus-Michel, J. (1991), Pouvoir: mythe et réalité, Éditions Klincksieck, Paris. Bem, S.L. (1987), Gender Schema Theory and the Romantic Tradition, în P. Shaver ºi C. Hendrick (eds.), Sex and Gender, Sage, Londra. Bourhis, R.Y.; Cole, R.; Gagnon, A. (1992), Power, Gender, and Discrimination: Some Minimal Group Experiments, în M. Zanna ºi J. Olson (eds.), The Psychology of Prejudice, Erlbaum, New Jersey. Cartwrigt, D. (1959), Power: A Neglected Variable in Social Psychology, în D. Cartwright (ed.), Studies in Social Power, Michigan Press, Ann Arbor. Curelaru, M. (2001), Precizãri conceptuale în teoria reprezentãrilor sociale, în M. Curelaru (ed.), Reprezentãrile sociale. Teorie ºi metode (texte alese), Editura Erota, Iaºi. Curelaru, M. (2001), Reprezentãrile sociale. Teorie ºi metodã. Texte alese, Editura Erota, Iaºi. Curelaru, M. (2003), Reprezentãri sociale, practici ºi context, tezã de doctorat, Universitatea Alexandru Ioan Cuza, Iaºi. 68 LUMINIÞA MIHAELA IACOB, LOREDANA GHERASIM, MONA HUCEANU Dilthey, W. (1942), Introduction à létude des sciences humaines: essai sur le fondement quon pourrait donner à létude de la société et de lhistoire, PUF, Paris. Dumézil, G. (1984), Mme Mitterande? Mme Fabia?, Le Nouvel Observateur, 7 septembrie, pp. 54-56. Durand-Delvigne, A. (1997), Positions hiérarchiques, contextes professionnels et expressions du genre, Sex, Gender, and Power, numãr tematic Revue Internationale de Psychologie Sociale, 2, pp. 31-47. Enriquez, E. (1986), Le pouvoir et son ombre sexuelle, în N. Aubert et al. (eds.), Le sexe du pouvoir, EPI, Paris. Galli, I. (1983), Le strategie individuali di esercizio del potere, Annali della Facoltà di Lettere e Filosofia dellUniversità di Napoli, XII, pp. 523-535. Galli, I. (1994), Potere e influenza: due concetti a confronto, Rassegna di Psicologia, pp. 2, 111, 121. Iacob, L. (2003), «Românii ca », «Românii în », «Români la » sau despre contextualizarea reprezentãrii, în L. Iacob, Etnopsihologie ºi Imagologie. Sinteze ºi cercetãri, Editura Polirom, Iaºi. Kirchler, E. (1997), The Unequal Equality: Social Stereotypes About Female and Male Entrepreneurs, Sex, Gender, and Power, numãr tematic Revue Internationale de Psychologie Sociale, 2, pp. 63-77. Lorenzi-Cioldi, F. (1997), Professions au masculin et au féminin: un moyen terme entre le masculin et feminin?, Sex, Gender, and Power, numãr tematic Revue Internationale de Psychologie Sociale, 2, pp. 135-151. Lorenzi-Cioldi, F.; Joye, D. (1988), Réprésentations sociales de catégories socioprofessionnelles: Aspects méthodologiques, Bulletin de Psychologie, 40, pp. 377-390. Lungu, O. (2001), Efectele perverse ale stereotipurilor de gen, Revista de Psihologie Socialã, 8, pp. 56-68. Masson-Maret, H. (1997), Évaluation sociale et différence des sexes: une étude socio-normative au sein dune organisation administrative, Sex, Gender, and Power, numãr tematic Revue Internationale de Psychologie Sociale, 2, pp. 49-61. Moscovici, S. (1961), La psychanalyse, son image et son public, PUF, Paris. Moscovici, S. (1986), Editorial, Psicologia e società Revista di psicologia sociale, I, pp. 3-4. Neculau, A. (1996), Reprezentãrile sociale dezvoltãri actuale, în A. Neculau (coord.), Psihologie socialã, Editura Polirom, Iaºi. Neculau, A. (coord.) (1997), Reprezentãrile sociale, Editura Polirom, Iaºi. Neculau, A.; Iacob, L. (2002), La représentation du pouvoir et son «genre» chez les étudiants roumains, Thinking Societies: Common Sense and Communication, Proceedings of the 6th International Conference on Social Representation, University Press, Stirling. Pages, M. (1986), Organisation et sexualité imaginaire, în N. Aubert et al. (eds.), Le sexe du pouvoir, EPI, Paris. Popescu-Neveanu, P. (1978), Dicþionar de psihologie, Editura Albatros, Bucureºti. Zavalloni, M.; Louis-Guérin, C. (1984), Identité sociale et conscience: introduction à lego-écologie, PUM, Montréal. Anne-Marie Mamontoff1 Effets des représentations sociales sur les pratiques nouvelles: les Tsiganes et lécole Résumé: La structure et la dynamique de la représentation sociale de lécole des Tsiganes constituent une explication de léchec scolaire récurrent de ces populations. Ce travail met en évidence que dans le cadre dune rencontre interculturelle entre Tsiganes et non-Tsiganes, la représentation en tant que signifiant culturel a un effet prépondérant sur les pratiques sociales imposées par le milieu, notamment les pratiques scolaires. En effet, la dynamique cognitive mise en uvre par le groupe lui permet de préserver une identité culturelle menacée au travers de pratiques sociales contradictoires avec son système de valeurs. Les résultats font apparaître une représentation sociale de lécole non autonome, gérée par deux principes organisateurs antagonistes la tradition et la modernité de sorte que la dynamique représentationnelle sorganise à partir dune sous-structuration périphérique. Celle-ci est activée dune part par les pratiques et les discours environnants (imposés), et dautre part par les valeurs anciennes qui réinterprètent certains aspects de la nouveauté. Ceci fait que la pratique nouvelle existe mais démunie du sens véhiculé par linstitution scolaire car dominée par lattribution du sens traditionnel et de ce fait, sous la gestion de lancienneté. Ainsi les pratiques scolaires malgré leur récurrence nont pas induit une évolution dans la manière de penser lécole. Elles ont au contraire généré une dynamique cognitive qui préserve lidéologie traditionnelle et qui semble sêtre cristallisée sous la forme dun système de défense pérenne. La sédentarisation des Tsiganes est maintenant un fait historique qui sest traduit en France entre autres par lobligation légale de scolariser les enfants jusquà lâge de 16 ans, un fort taux dabsentéisme pouvant entraîner la suppression des allocations familiales. Pourtant, les Tsiganes, pour la plupart, se comportent vis-à-vis de lécole dune manière incompréhensible pour ceux qui ne font pas partie de leur univers culturel. Malgré les multiples initiatives pédagogiques mises en uvre pour réussir lintégration scolaire tsigane, le constat reste celui de léchec. Léchec scolaire est encore une de nos représentations que les Tsiganes ne partagent pas puisque pour eux la réussite scolaire est synonyme de rupture avec les liens communautaires. «La notion déchec scolaire, bien évidemment, est tout aussi relative que celle de réussite. Pour les Tsiganes, léchec scolaire est un échec de lécole qui na pas su les accueillir, ni les retenir, ni leur fournir les éléments dune adaptation au monde moderne. Il y a même 1. Université de Perpignan, France. PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale 70 ANNE-MARIE MAMONTOFF une fierté (compensatoire?) à souligner que sans lécole (donc sans laide des non-Tsiganes) les Tsiganes se sont bien débrouillés.» (Liégeois, 1997, p. 191) Cest un fait que les Tsiganes résistent à toute tentative dinsertion scolaire au sens dune véritable acquisition de la pratique et de lidéologie quelle véhicule. «Les élèves de lethnie gitane se singularisent par un échec scolaire massif, des taux élevés de retard scolaire, dabsentéisme et dabandon précoce de lécole. Le retour à lillettrisme est fréquent, les sorties sans qualification nombreuses et les intégrations à un niveau élevé rares. Force nous est dadmettre que cest lécole qui est ici en échec, non le groupe considéré.» (Fieu, 2001, p. 4) Cette longue sédentarisation, concomitante dune récurrence des pratiques nouvelles, aurait dû entraîner une évolution des mentalités allant vers lacceptation du système et vers une progressive réussite scolaire. Or le constat déchec est constamment renouvelé chez la majorité. On fait alors lhypothèse que la raison de cet échec est à placer dans la nature même de la représentation de lécole quont les Tsiganes. On se trouve ici dans le cadre dune rencontre de cultures antagonistes en termes didéologies et de pratiques. Les conditions individuelles sur lesquelles lécole travaille sont incompatibles avec les conditions de lapprentissage tsigane, qui sinscrivent dans une idéologie étrangère à toute forme dindividualisme, voire de liberté individuelle. Notre société met au sommet de la hiérarchie des valeurs la liberté individuelle où le sens de la responsabilité et lautonomie sont alors les constituants dune identité personnelle singulière et fortement individualiste (Beauvois, 1994). Cette conception est totalement opposée à léducation tsigane qui développe très largement lidentité sociale. Si dans nos sociétés lidentité personnelle et lidentité sociale peuvent être vécues simultanément, cependant, dans certaines cultures et/ou sociétés ne nest pas toujours le cas (Deschamps et Devos, 1999). Dans ce contexte, on est en droit de sinterroger sur la structure et la dynamique dune représentation qui porte sur un objet social ayant le statut de valeur dans notre société et qui est perçu comme objet déstructurant de lidentité dans la société tsigane. Culture, représentations et pratiques Notre approche de la culture se situe dans la perspective dune anthropologie psychologique qui met laccent sur le caractère singulier des référents culturels et qui mène à la notion de pattern ou modèle, qui permet de rendre compte de ce quelque chose qui singularise les cultures (Camilleri et Vinsonneau, 2002). Dans cette optique, la culture est un ensemble cohérent de manières dagir, de penser et de sentir, apprises et partagées par une pluralité dindividus permettant de caractériser lensemble social (Albouy, 1990). Les différents comportements sont organisés à partir dun ensemble modelé qui a des effets sur les états psychologiques, ainsi sur les attitudes, les systèmes de valeurs et la connaissance (Linton, 1986). La culture est une programmation collective de lesprit humain: cette programmation mentale est constituée par des éléments fondamentaux qui sont les valeurs (Bollinger et Hofstede, 1987). Les valeurs traduisent des idéaux hiérarchisés que les sociétés se donnent nécessairement et qui constituent leur ordre moral, esthétique, intellectuel. Cest en fonction dun système de valeurs que les individus portent des jugements sur la ÉFFETS DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES SUR LES PRATIQUES NOUVELLES... 71 réalité sociale (Albouy, 1990). Cette programmation de lesprit intervient très tôt. Lenfant au cours de sa socialisation apprend le code commun des significations de son système de valeurs. Celui-ci guide ses manières de penser et de se conduire. On dira alors que les pratiques sociales sont des systèmes dactions socialement structurés, porteuses de significations inhérentes à la culture dans laquelle elles sinscrivent. Ceci revient à dire que les pratiques sociales mises en uvre par les sujets ne peuvent être indépendantes des normes et des valeurs auxquelles elles se rattachent (Abric, 1994). Pour Hofstede (1991), dans la rencontre interculturelle, les pratiques constituent lentité de contact entre les deux groupes. Celles-ci mènent au noyau dur qui va traduire les valeurs. «Il ne suffit pas que lindividu soit engagé dans une pratique pour quil la reconnaisse sienne et se lapproprie. Encore faut-il quelle lui apparaisse comme acceptable par rapport au système de valeurs qui est le sien.» (Abric, 1994, p. 220) Chaque culture détermine les prescriptions et les interdits, apprend à percevoir les stimuli selon les règles spécifiques et à leur donner un sens particulier. «À lintérieur dun univers culturel donné, on ne peut pas percevoir le monde nimporte comment: la perception opère dans cet univers selon des conventions bien précises, la culture désignant les stimuli à percevoir, tout en y associant symboles et valeurs (positives et négatives) ( )» (Vinsonneau, 1997, p. 80) En effet, la culture nous apprend le sens à attribuer aux objets sociaux dans une échelle de valeurs ce qui suppose une opération cognitive de maniement du réel. «On pense que le modèle, en tant que forme intériorisé par le sujet, amène celui-ci à privilégier la configuration des significations qui sont en conformité avec elle, ce qui lincline à appréhender les choses dune façon déterminée.» (Camilleri et Vinsonneau, 2002, p. 14) La culture permet lenracinement dans les mémoires collectives des significations les plus persistantes et les plus partagées dun groupe social relativement à un stimulus. Les sujets élaborent alors des attitudes, des représentations et des comportements consensuellement valorisés et constamment reproduits (Camilleri, 1985). La notion de représentation sociale à laquelle nous faisons référence ici se situe dans la perspective de Moscovici (1961) qui pose que toute réalité est représentée. Les représentations sociales sont définies comme des ensembles de croyances, dopinions, dattitudes, dinformations partagées par un groupe. Ces représentations renvoient à des modes de constructions socio-cognitifs qui traduisent une activité mentale de réappropriation du réel dans un univers cognitif familier. Nous avons vu que cette reconstruction mentale suppose une attribution de sens aux objets sociaux à partir dun modèle culturel. Les représentations sociales sinscrivent dans des «matrices culturelles dinterprétation» (Grize, Vergès et Silem, 1987). Elles sont des modes de pensée qui se fabriquent au fur et à mesure à partir de réserves de savoirs, de traditions, didéologies (Seca, 2001). Elles se construisent, se sédimentent et évoluent dans lhistoire. «La phase démergence se situe entre lapparition dun objet nouveau et problématique et lapparition de savoirs stables et consensuels directement rattachés à cet objet.» (Moliner, 2001, p. 248) La culture prescrit alors limportance à donner aux objets sociaux, engendre des idéologies, des croyances, des valeurs et des pratiques partagées, ancrées dans les mémoires collectives à travers des représentations sociales «fortes», autonomes. Ceci signifie que dune culture à une autre limportance attribuée à un objet social varie: ce qui constituera un objet social important dans une culture (générant une représentation «forte», autonome) peut ne pas se voir attribuer la même signification 72 ANNE-MARIE MAMONTOFF dans une autre culture. Ainsi, quand un élément nouveau vient altérer lenvironnement dun groupe et quil remet en cause des mentalités traditionnelles, de nouvelles représentations peuvent naître. Cependant, selon les cas, la représentation émergente aura des caractéristiques différentes en raison de limportance de lobjet social pour le groupe. Cest ainsi que lon parle de représentations «fortes» et de représentations «faibles». «Il existerait, dune part, des représentations fortes, structurées, captatrices et pourvoyeuses de sens, rassembleuses denchaînements de cognitions, de symboles et croyances, et, dautre part, des RS faibles, peu organisées, assez labiles, englobées ou encastrées dans les précédentes, plus stables, enveloppantes. Tout objet (social, physique ou autre) de lenvironnement ne donne pas systématiquement lieu à une RS forte ou autonome, impliquant un système socio-cognitif avec une structure unique (noyau central) ( )» (Seca, 2001, p. 43) Enfin, parler de culture renvoie obligatoirement au problème posé par le lien entre idéologie et représentation. Nous ne rentrerons pas dans la question des différents modèles et concepts de lidéologie. Ici, elle nous intéresse en tant que «matrice de représentations compatibles» (Rouquette, 1997, p. 125), dans lunivers dun groupe social. Lidéologie permet dexpliquer le lien entre les valorisations dune catégorie dobjets et les normes partagées par un groupe, opposées à dautres (Gaffié et Marchand, 2001). Selon ces auteurs, si les groupes sociaux déchiffrent la réalité selon des logiques différenciatrices cest aussi parce quils estiment ne pas devoir penser comme les autres; il y a une correspondance entre les contenus et les processus de traitement de linformation et les différenciations sociales car lune des composantes essentielles de lidéologie cest son ancrage dans les conflits intergroupes, «( ) la représentation sélabore au travers des rapports tissés dans la division sociale ( ), elle porte aussi lexpression de lidentité du groupe ( )» (Gaffié et Marchand, 2001, p. 208). Représentation autonome Abric (1994) pose que toute représentation sociale est organisée en un système central et en système périphérique. Cette organisation est celle que lon retrouve dans la notion de représentation sociale autonome ou représentation forte, ce qui signifie que la représentation possède un principe organisateur interne unique, le noyau central ou noyau structurant. Les éléments ou cognitions du noyau central sont indispensables à la connaissance de lobjet, ce qui se traduit à ce niveau par un consensus. «En effet, cest le noyau qui permet aux individus de sentendre sur une définition commune de lobjet.» (Moliner, 2001, p. 28) Le système central est lié aux conditions historiques, sociologiques et idéologiques; directement associé aux valeurs et aux normes, il constitue la base commune, proprement sociale et collective du groupe (Abric, 1994). Cest la zone de stabilité des représentations où se cristallisent les contenus des mémoires collectives, marquées par les spécificités culturelles et idéologiques. Sous la dépendance du système central se trouve le système périphérique, composé de cognitions opérationnelles car permettant la concrétisation du noyau en termes de pratiques et de prises de position. Ces cognitions élémentaires qui composent la périphérie sont des traductions concrètes des notions abstraites du noyau (Moliner, 2001). Elles sont de ce fait liées au contexte immédiat dans lequel évolue la représentation. Lun des rôles essentiel du système périphérique est de défendre et de protéger le noyau. ÉFFETS DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES SUR LES PRATIQUES NOUVELLES... 73 Si celui-ci subi une attaque en raison par exemple de pratiques explicitement contradictoires , cest la périphérie qui va plus ou moins évoluer et tenter de préserver les schèmes centraux. Ceci fait que les cognitions périphériques admettent les contradictions et les conflits. Enfin, ces cognitions nont pas toutes la même importance ou si lon préfère, elles sont hiérarchisées en fonction de leur proximité (connexité) du noyau central. Certaines dentre elles peuvent avoir une très forte saillance, proche ou égale à une cognition centrale. «( ) un élément périphérique saillant, tire sa saillance dun lien direct avec le noyau central ( )» (Flament, 1994a, p. 88) On peut envisager le système périphérique comme un espace sémantique ouvert, qui sert «décorce» au système central et qui prépare, soit de manière isolée, soit sous forme dagrégats aux combinaisons multiples, à intégrer le système central (Roussiau et Bonardi, 2001). Représentation non autonome Quand on parle de représentations non autonomes, on se réfère aux représentations «faibles». «Une représentation peut ne pas être véritablement autonome, cest en particulier le cas des objets sociaux nouveaux qui ne peuvent se construire que par référence à des objets anciens. Dans ce cas ils dépendent dune ou de plusieurs autres représentations.» (Vergès, 2001, p. 553) La représentation non autonome sorganise à partir de plusieurs thèmes extérieurs, à la différence de la représentation autonome qui se structure à partir dun seul principe organisateur, le noyau central. Les principes organisateurs dune représentation non autonome sont diversifiés; «( ) en quelque sorte, une représentation sociale non autonome est multiple. Notamment en ce qui concerne les divers systèmes conditionnels associés respectivement à ces divers principes organisateurs. Dans cette perspective, on peut sattendre à quelques conflits cognitifs à lintérieur de cette représentation sociale multiple ( )» (Flament, 1994b, p. 44) Selon cet auteur, lautonomisation de la représentation sociale serait lune des formes de résolution de ces conflits. Certaines études mettent en évidence lémergence de représentations sociales non autonomes. Cest le cas de la représentation sociale du SIDA (Morin, Vergès, 1992), (Morin, 1994); la représentation sociale de la relation éducative chez les instituteurs (Katerelos, 1993) et la représentation sociale du médicament (Browarski, 2001). Lidée générale qui ressort de ces travaux est celle dune représentation où la perception de lobjet sociale est différente selon le principe organisateur utilisé. Dans la perspective qui est la nôtre, nous retiendrons plus particulièrement les travaux de Katerelos (1993). Ceux-ci mettent en lumière une représentation sociale structurée à partir de deux principes antagonistes. Lauteur étudie la représentation de la relation éducative des instituteurs travaillant dans des écoles situées en zone «difficile» (ZEP), et des instituteurs intervenant dans des écoles situées en zone «normale». Katerelos propose la notion de sous-structuration périphérique (SSP) pour expliquer la dynamique de la représentation. Celle-ci serait structurée, mais possèderait également une SSP assez autonome. Le système central de la représentation serait axé sur un mode de relation pédagogique libérale et la SSP serait axée sur un mode de relation traditionnelle, autoritaire. Dans certains cas, quand les circonstances lexigent, cest la SSP qui serait activée, venant substituer le noyau central, de sorte que celui-ci ne soit pas remis 74 ANNE-MARIE MAMONTOFF en cause, doù le terme de SSP autonome qui révèle une dynamique économique dun point de vue cognitif; «( ) la subordination dune sous-structuration périphérique à un système central constituerait, dans tous les cas, un mode de gestion économique de la réalité puisquil y a activation rapide dune grille de lecture adaptée aux situations rencontrées» (Roussiau et Bonardi, 2001, p. 166). La sous-structuration périphérique rend le système économique, permettant de préserver le noyau central face à des pratiques quotidiennes qui le remettent en cause. «Les deux systèmes coexistent, sans contradiction, car cest lun ou bien lautre qui est activé.» (Flament, 1994b, p. 102) Procédure Elle est organisée en deux phases: une phase exploratoire et létude de la représentation proprement dite. La phase exploratoire sappuie sur des entretiens en profondeur dont lobjectif est de dégager des informations sur lapprentissage traditionnel et sur lécole. Léchantillon ici est composé de 80 sujets tziganes sédentaires, semi-sédentaires, Gitans et Manouches, hommes et femmes, âgés de plus de 45 ans. Dun point de vue technique, le dépouillement des entretiens a été effectué sur la base dun repérage des discours similaires dans lensemble des entretiens. Puis nous avons effectué un classement des réponses dans des catégories exprimant divers aspects de lapprentissage. Pour létude de la représentation sociale de lécole on a utilisé deux questionnaires: un questionnaire dévocation (Vergès, 1994) et un questionnaire de mise en cause (Moliner, 1994). Pour le premier, la population est composée de 175 sujets sédentaires et semi-sédentaires, Gitans et Manouches, garçons et filles scolarisés entre 7 et 16 ans, hommes et femmes âgés entre 17 et 70 ans. Pour le second, léchantillon se compose de 180 sujets, dâge compris entre 7 et 20 ans, garçons et filles, Gitans sédentaires, semi-sédentaires et Manouches voyageurs. Le questionnaire dévocation Il permet de repérer les éléments appartenant à la représentation à partir de productions verbales. On présente au sujet un mot inducteur et on lui demande décrire les termes qui lui viennent à lesprit. Cette méthode permet de cerner la dimension collective de la représentation, son caractère «majoritaire». Ce consensus sobtient à partir du calcul des fréquences de chaque terme évoqué. Normalement on calcule également le rang moyen qui donne un résumé des classements individuels. Dans ce cas on tient compte de lordre dévocation en demandant aux sujets de souligner les deux termes les plus importants pour eux. Létude conjointe de la fréquence et du rang moyen donne des indices de la centralité. Cependant, dans notre cas, nous nous sommes limités au calcul de la fréquence étant donné que lévocation se fait oralement (la plupart ne savent ni lire ni écrire), ce qui fait que les sujets ne peuvent souligner les deux termes les plus importants. Il faut donc leur lire la liste quils ont donnée et leur demander de préciser les deux termes les plus importants. La majorité retient les deux derniers ou bien elle considère tous les termes importants. Seule une minorité prête attention et fait un choix réfléchi. ÉFFETS DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES SUR LES PRATIQUES NOUVELLES... 75 Le questionnaire de mise en cause Celui-ci nous permet de vérifier la centralité des éléments saillants du questionnaire dévocation. La technique de ce questionnaire consiste à mettre en cause des caractéristiques qui paraissent essentielles, indispensables à la définition de lobjet. Par exemple, si lon pense que lire, écrire et compter semblent être lune des caractéristiques fondamentales de lécole, on demande alors au sujet sil reconnaît lobjet sans ces caractéristiques. Si ce nest pas le cas (quil ne reconnaît plus lobjet), alors on conclut que cet aspect est central. Dans notre cas, la formule utilisée est la suivante: David va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas à lire, écrire et compter. Daprès toi, est-ce quil va à lécole? Nous avons effectué cette mise en cause pour lensemble des aspects évoqués, car comme nous le verrons, ils ont en général un taux de fréquence élevée au questionnaire dévocation. Résultats Analyse des protocoles dentretien: caractéristiques de lapprentissage traditionnel Les réponses sont classées en cinq catégories: 1. 2. 3. 4. 5. Objectifs de lapprentissage traditionnel. Ses contenus. Ses modalités. Les bénéfices attendus. Lécole 1. Objectifs Les objectifs de lapprentissage sarticulent essentiellement autour de deux axes: un apprentissage que lon peut qualifier de «professionnel» et un apprentissage qui est réservé à léducation de lenfant. Le premier concerne lensemble des stratégies pour survivre qui se traduit par lacquisition et la maîtrise de pratiques professionnelles spécifiques. Le second est orienté vers lapprentissage de léducation proprement dite au sens de lacquisition des valeurs et des normes du groupe. Les deux axes supposent des contenus particuliers. 2. Contenus Concernant lapprentissage des pratiques professionnelles, les contenus sarticulent sur trois volets: lapprentissage de savoir-faire concernant des métiers très variés2 (toujours effectués pour le compte de non-Tsiganes); lapprentissage dun discours adapté à la culture daccueil et lapprentissage des codes culturels qui constituent les piliers de léducation tsigane. 2. La liste des métiers traditionnels exercés par les Tsiganes est très vaste et concerne des secteurs économiques extrêmement différents qui ne feront pas lobjet dun développement ici. 76 ANNE-MARIE MAMONTOFF Concernant le premier volet, les enfants sont formés à des pratiques professionnelles polyvalentes, de sorte quils sont capables dexercer une pluralité de métiers et quils apprennent à développer des habilités manuelles et cognitives très diversifiées. Par exemple, le Tsigane peut utiliser ses compétences artistiques en jouant un instrument de musique ou en chantant dans un orchestre ambulant lété, puis lhiver faire du commerce ou travailler sur les marchés. On peut parler dune plurispécialisation où lapprentissage ne soriente pas vers lacquisition de connaissances ou de pratiques concernant un métier spécifique comme cest le cas chez les non-Tsiganes , mais bien vers la maîtrise dune somme dhabilités cognitives, artistiques et/ou manuelles qui concerne une pluralité de métiers. Cette polyvalence permet de sadapter aux différents contextes économiques en fonction des déplacements, et par-delà, préserver une liberté qui bannit le salariat et la dépendance vis-à-vis des non-Tsiganes. Pour le second volet, il sagit dun apprentissage de la culture daccueil: sa langue, ses coutumes, ses attentes, ses normes, ses croyances, sa législation Il sagit de lapprentissage du code culturel de la société environnante, de la «psychologie» du non-Tsigane. En effet, pour parvenir à négocier des prestations de services avec les non-Tsiganes, pour les convaincre du bien-fondé de lacquisition dobjets divers, il faut utiliser un discours adapté à leur culture, à leur mode de penser. Ceci ne se fera pas au hasard; il faudra préalablement simprégner des pratiques normatives et sociétales des «clients» potentiels. Il faudra connaître et maîtriser le discours normatif. Le contenu de lapprentissage porte également sur un volet que lon peut dénommer «éducatif». Celui-ci concerne les prescriptions culturelles, voire le code des bonnes conduites. Il sagit de transmettre à lenfant le contenu idéologique qui fonde le corpus des valeurs et qui détermine le sens des pratiques sociales. Le sens attribué aux pratiques sociales tsiganes diffère considérablement du sens attribué dans les pratiques de la culture daccueil. Par exemple, dans notre éducation, la discipline est un aspect fondamental qui concerne les pratiques scolaires et professionnelles; elle nest pas conçue de la sorte chez les Tsiganes. Très rapidement, lenfant apprend quil doit respecter des critères normatifs qui ne concernent pas une sphère matérielle liée au respect des horaires, à une obligation de présence, à un rendement scolaire mais une sphère symbolique qui permet la sauvegarde de lidentité et de lhonneur du groupe. En dautres termes, la discipline na de sens que par rapport à un code moral. Lensemble des pratiques sociales sinscrit alors dans un registre de liberté relativement à des contraintes matérielles. Ainsi, les comportements tsiganes apparaissent comme déviants par rapport à notre société. Puis, si lon se penche sur la notion de sanction, celle-ci sapplique seulement quand lun dentre eux a enfreint une loi sacrée et non quand il a manqué, par exemple, de discipline. 3. Modalités On se réfère ici à la «pédagogie» de lapprentissage. La source première et unique de lapprentissage et de léducation se situe au sein de la famille, véritable institution chez les Tsiganes. Celle-ci assure à elle seule un rôle éducatif qui nest relégué ni partagé avec aucune autre institution, à la différence de nos sociétés où léducation revient aux parents mais aussi à linstitution scolaire. La famille tsigane se charge également de la fonction pédagogique au sens de la transmission des savoirs. Ceux-ci sont véhiculés à ÉFFETS DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES SUR LES PRATIQUES NOUVELLES... 77 travers des pratiques discursives et manuelles au fil des générations. Le Tsigane ne reconnaît aucune autre source denseignement ni dans sa forme, ni dans son contenu, ni dans son idéologie. Lapprentissage est effectué dans un cadre collectif communautaire où lenfant se forme en faisant comme les autres, en participant à la tâche, sous la surveillance discrète du groupe. La notion de distance hiérarchique entre les individus si prégnante dans notre société est inexistante dans la leur. Lapprentissage (comme le travail puisque lenfant apprend en travaillant) se fait dans un espace collectif qui laisse pour compte toute notion de supérieur hiérarchique et de subordonné, denseignant et délève. La différenciation des tâches se fait sur la base de lâge et du sexe et non en raison de la légitimité des statuts. Enfin, les horaires de travail varient autant que la durée et le lieu. 4. Bénéfices attendus Sagissant dune pratique du/ou des métiers, lapprentissage est immédiatement opérationnel car lenfant est déjà un élément productif du groupe. Il sagit dun apprentissage qui donne un savoir-faire pratique permettant de contribuer très tôt au maintien de la famille. Gagner de largent nest pas une fin en soi, mais bien le moyen de survivre et de maintenir un mode de vie libre de contraintes matérielles. Les gains sont répartis au sein de la famille et servent à vivre au jour le jour. Lambition personnelle ayant pour but lenrichissement, les prévisions en termes de retraite et déconomie, nexistent pas dans lunivers tsigane. Largent na pas de valeur en soi; il nest pas considéré comme un élément de pouvoir, de domination; il doit seulement permettre de faire vivre une idéologie fondée sur la liberté daller et de venir. Les bénéfices que retirent les Tsiganes de leurs activités professionnelles sont beaucoup plus à situer dans uns sphère idéologique que dans une sphère matérialiste, celle-ci se limitant à des bénéfices rudimentaires. 5. Lécole Les points saillants qui apparaissent dans le discours se situent autour de: a) linadaptation et linutilité de lécole; b) sa rigidité, voire son racisme; c) lidéologie quelle véhicule. a) Linadaptation concerne autant les contenus que la pédagogie ou les modalités denseignement. Pour ce qui concerne les contenus, ils apparaissent totalement inadaptés aux besoins et aux caractéristiques intellectuelles des Tsiganes. Les besoins se traduisent par la nécessité immédiate de travailler, mais dans leur domaine de compétence: des métiers manuels. De plus, ces contenus mettent en uvre des activités qui relèvent du champ cognitif, comme lattention, la mémoire, le raisonnement abstrait pour lesquelles ils ne se considèrent pas doués Cette inadaptation conduit inévitablement au constat dinutilité de lécole. b) Le second point se réfère à la rigidité et au racisme. Lécole est considérée comme un système rigide, cloisonné où lenfant se retrouve enfermé dans un espace clos et contraint de subir une discipline contraire à léducation quil reçoit. Lenfant tsigane est élevé dans une sphère de liberté autant spatiale que corporelle. Il évolue dans un espace ouvert dans lequel il a toute liberté pour émettre des conduites non admises à lécole et étrangères à toute discipline. «Chez nous les enfants peuvent jouer, courir, crier, manger ce quils veulent quant ils veulent. On ne peut pas leur refuser. À lécole, ils sont 78 ANNE-MARIE MAMONTOFF malheureux, il faut quils attendent la récréation. Les maîtres ne les comprennent pas, ils nont pas de patience, nous, on la.»3 Au fur et à mesure de lanalyse discursive, on découvre que la notion de discipline abrite finalement un sentiment de racisme et de rejet de la part des maîtres vis-à-vis des enfants tsiganes: ils ne les comprennent pas, ils ne font pas deffort pour les connaître; ils les punissent; ils ne respectent pas leur culture, etc Paradoxalement, ils évoquent les efforts qui sont réalisés par certains établissements scolaires où il existe des classes spécifiques gitanes avec des horaires aménagés, des enseignements moins lourds et plus proches de leurs attentes, la suppression de la contrainte des devoirs, des achats de livres plus restreints Cependant, là encore les enseignants sont racistes car ségrégationnistes: les enfants tsiganes doivent être traités comme les autres. c) Enfin, les valeurs que transmet lécole correspondent à une idéologie individualiste et libérale qui défend la réussite personnelle4, lindépendance par rapport à la famille et la liberté individuelle. Cette réussite passe obligatoirement par un bon cursus scolaire qui prépare lavenir (le collège, le lycée, parfois lenseignement supérieur), paliers indispensables pour atteindre des ambitions personnelles et la reconnaissance dautrui. Les valeurs de la société tsigane se fondent sur une idéologie collective où le terme même de réussite ne paraît pas convenir dans lunivers sémantique tsigane. Il serait plus juste de parler dune forme dépanouissement qui repose sur des critères étrangers à la réussite individuelle et matérielle. Chez les Tsiganes, la «réussite» est uniquement sociale et passe par la connaissance, lintégration et le respect de ce qui fonde la spécificité du groupe: vivre au quotidien et en permanence le lien dattachement avec les siens (par opposition à lindépendance), ce qui permet de construire un lien social, voire une solidarité sans fracture, pour vivre en communauté; sauvegarder une identité qui se bâtit du «dedans» par le rejet du hors-groupe ou culture environnante ; et puis, la réussite est certainement et avant tout rester nomade. Pour conclure Chez les Tsiganes, lapprentissage et le travail font lobjet dune seule perception, voire dune représentation unique. Léducation et lenseignement sont réservés à la famille, seule et véritable institution reconnue par les Tsiganes. Ils transmettent très tôt à leurs enfants des valeurs, des pratiques professionnelles qui leur sont totalement spécifiques. «Les parents sont fiers et convaincus de la qualité de leur éducation, surtout quand ils la comparent à léducation donnée par leur entourage non-tsigane, et à ses résultats.» (Liégeois, 1997, p. 195) Lenfant est socialisé dans un système où il intègre à la fois lidée dindépendance par lexercice précoce et nomade de divers métiers (ce qui le rend libre par rapport aux non-Tsiganes) et lidée de dépendance vis-à-vis de son groupe duquel il ne peut se détacher ni se démarquer par lapprentissage et lintégration des valeurs qui seraient 3. Extrait dun entretien avec un père de famille. 4. Il nous semble que parler de «réussite personnelle» est un pléonasme dans nos sociétés pour lesquelles celle-ci ne peut se comprendre que par rapport à lindividu, à ce quil possède au sens intellectuel et matériel. ÉFFETS DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES SUR LES PRATIQUES NOUVELLES... 79 celles de lécole, ce qui crée un très fort lien dattachement intragroupe. Le fait dêtre scolarisé est vécu la plupart du temps comme un handicap, une perte de savoir-faire (savoir négocier), une rupture du lien, voire une perte didentité. Lécole est une institution menaçante pour lidentité et les valeurs; elle ne sera jamais un référentiel pour la réussite socioprofessionnelle, mais bien le contraire. Résultats au questionnaire dévocation Les tableaux 1, 2 et 3 donnent la liste des évocations et leurs fréquences en ordre décroissant. Elles ont été classées en trois catégories: (1) Réponses qui évoquent lécole dans son aspect utilitaire; (2) Réponses qui désignent lécole comme un lieu dapprentissage; (3) Réponses qui traduisent des prises de position. En annexe, on trouvera la liste des évocations denfants non-Tsiganes5 classées en deux catégories: les matières et enseignements de lécole et les aspects concomitants de lécole. Tableau 1. Reponses qui évoquent lécole dans son aspect utilitaire Lécole est utile pour: 1. Avoir un métier 2. Toucher les allocations familiales 3. Remplir les papiers administratifs 4. Passer le permis de conduire 5. Que les parents se reposent 6. Rencontrer les non-Gitans 7. Samuser 8. Gagner de largent 9. Avoir un diplôme (brevet) 10. Faire des études plus poussées 11. Devenir plus intelligent 12. Devenir indépendant Fréquences 99% 99% 97% 96% 96% 87% 85% 80% 80% 50% 29% 23% Tableau 2. Réponses qui désignent lécole commune un lieu dapprentissage Lécole apprend: 13. À lire, écrire et compter 14. La discipline 15. La propreté Fréquences 100% 100% 98% 5. Dans de nombreux cas, le questionnaire a été passé dans des collèges permettant ainsi de lappliquer aux non-Tsiganes. Ce travail na pas pour objet létude de la représentation de lécole des enfants non-Tsiganes (raison pour laquelle nous navons pas calculé les fréquences dévocation) mais leurs réponses fournissant un cadre de référence intéressant pour lanalyse de contenu de la représentation des non-Tsiganes. Léchantillon des enfants non-tsiganes se compose de 140 sujets, garçons et filles. 80 ANNE-MARIE MAMONTOFF Lécole apprend: 16. Lobéissance 17. La politesse 18. La musique 19. Lhonneteté 20. Le bien et le mal 21. Le français Fréquences 98% 98% 97% 95% 32% 19% Tableau 3. Réponses qui traduisent des prises de position Prises de position: 22. Lécole ne sert à rien 23. Lécole cest lavenir 24. Lécole est comme une prison 25. Lécole est raciste Fréquences 92% 46% 35% 29% On voit se dessiner une représentation de lécole extrêmement pauvre quantitativement et qualitativement. En effet, on compte 25 termes évoqués par les Tsiganes pour 61 termes évoqués par les non-Tsiganes. La représentation sorganise essentiellement autour de trois axes: des aspects jugés utiles, qui procurent un bénéfice immédiat; des aspects pédagogiques car concernant des enseignements dispensés par lécole et des prises de position. Le premier axe (tableau 1) regroupe des aspects qui ne correspondent pas à des enseignements dispensés à lécole; ils expriment une réalité pratique en terme de bénéfice immédiat ou dutilité. Le classement des réponses sous une rubrique «utilité de lécole» se justifie par le choix de la forme sémantique adoptée par les sujets; autrement dit, quand il leur est demandé de dire ce quévoque lécole, dans la plupart des cas ils répondent «lécole sert à », à la différence des non-Tsiganes qui répondent «lécole apprend à». Cest le cas pour les items suivants qui présentent une fréquence très élevée entre (80% et 100%), pour les neuf premiers items: (1) «lécole sert à avoir un métier»; (2) «lécole sert à toucher les allocations familiales»; (3) «lécole sert à remplir les papiers administratifs»; (4) «lécole sert à passer le permis de conduire»; (5) «lécole sert à ce que les parents se reposent»; (6 ) «lécole sert à rencontrer les non-Tsiganes»; (7) «lécole sert à samuser»; (8) «lécole sert à gagner de largent»; (9) «lécole sert à avoir un diplôme». Les items ayant les fréquences les plus faibles (entre 23% et 50%) concernent des aspects qui ne présentent pas dintérêt pour les Tsiganes: (10) «lécole sert à faire des études plus poussées»; (11) «lécole sert à devenir indépendant»; (12) «lécole sert à devenir plus intelligent». Le deuxième axe (tableau 2) regroupe les termes qui évoquent un apprentissage. Pour ce qui concerne les enseignements véritablement délivrés par lécole (matières ou disciplines), les évocations sont très pauvres, elles se réduisent aux items: (13) «lécole apprend à lire, à écrire et à compter», avec une fréquence très élevée à 100%; (18) «lécole apprend la musique», avec une fréquence de 97% et (21) «lécole apprend le français», avec une très faible fréquence, 19%. ÉFFETS DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES SUR LES PRATIQUES NOUVELLES... 81 Les autres évocations ayant un très fort consensus (entre 98% et 100%) reflètent des aspects concernant lapprentissage de contraintes liées à lécole: (14) «lécole apprend la discipline»; (15) «lécole apprend à être propre»; (16) «lécole apprend lobéissance»; (17) «lécole apprend la politesse». Les Tsiganes évoquent également lapprentissage de valeurs morales: item (19) «lécole apprend à être honnête»; item (20) «lécole apprend le bien et le mal», avec des pourcentages de 95% et 32%. Enfin, on trouve des prises de position essentiellement défavorables: (22) «lécole ne sert à rien», avec un consensus très élevé, 92%; (24) «lécole cest comme une prison», 35%; (25) «lécole est raciste», 29%; pour une prise de position favorable mais ayant un consensus moyen: (23) «lécole cest lavenir», 46%. Par ailleurs, les évocations faites par les non-Tsiganes mettent en lumière un large éventail denseignements scolaires portant sur des disciplines fondamentales: les mathématiques, la physique, la biologie, la géographie, la grammaire, lhistoire, etc. (25 au total, voir annexe). Corrélativement, ils fournissent une gamme de réponses qui révèle des fonctions cognitives concomitantes des enseignements scolaires: étudier, mémoriser, sinstruire, comprendre, réfléchir, apprécier. Et puis, il y a également des réponses faisant référence aux contraintes et sanctions: les horaires, les devoirs, surveillants, avertissements , puis aux récompenses: bonnes notes ; également aux outils de lécole: cartable, trousse et enfin aux loisirs: récréation, sorties, amis (36 termes au total). À lévidence, lécole évoque des contenus biens différents dune population à lautre. La plupart des aspects évoqués par les non-Tsiganes napparaissent pas dans le discours des Tsiganes, et inversement. Concernant les contenus pédagogiques, on ne trouve en commun que les items lire, écrire, compter, la musique et le français. Qui plus est, pour les Tsiganes lécole apparaît très contraignante, comme si les aspects concomitants de la discipline6 en représentaient lessentiel sans refléter pour autant ses véritables contraintes: étudier, faire les devoirs, etc. Il faut noter également labsence des termes évoquant toute fonction cognitive (à lexception de devenir plus intelligent) associée à lécole comme apprendre, mémoriser, réfléchir ainsi que labsence des termes évoquant des récompenses ou des aspects appréciables de lécole: bonnes notes, récréation, amis, ambiance, sport À lévidence, les Tsiganes sont imperméables à lensemble des contenus pédagogiques. Ils se représentent lécole à partir dune vision utilitariste, qui se décline en petits profits immédiats, à partir de ce quils souhaiteraient quelle soit. Ceci est flagrant dans des items comme «lécole sert à avoir un métier». Tout ce passe comme sils déchiffraient lécole à partir dune grille de lecture emprunte des marques de leur culture. Enfin, on notera que les évocations du tableau 1 ont un caractère plutôt évaluatif (utilité, voire attentes) à connotation positive. Les évocations du tableau 2 ont un caractère plutôt descriptif non évaluatif, et les évocations du tableau 3 correspondent à des aspects souhaités (lécole cest lavenir) ou redoutés (lécole cest comme une prison). Tenant compte du modèle bi-dimensionnel de Moliner (1996) 7, ces carac6. Au sens où lentendent les Tsiganes, cest-à-dire la rigidité du système: horaires, obligation de présence 7. Ce modèle propose quatre zones selon le statut central ou périphérique des cognitions et selon le caractère plus ou moins évaluatif. 82 ANNE-MARIE MAMONTOFF téristiques semblent correspondrent à des spécificités de la zone périphérique. À la lecture de ce fort consensus exprimé dans une grande majorité ditems qui parait plutôt avoir des caractéristiques périphériques, quen est-il du noyau central ? Resultats du questionnaire de mise en cause Le tableau 4 donne la fréquence des réponses (le consensus) pour chaque item. On a ordonné les items par ordre décroissant des pourcentages concernant la catégorie de réponses «plutôt non». Un degré de consensus égal ou supérieur à 90% concernant les réfutations signifie que laspect concerné appartient au noyau central de la représentation. Tableau 4. La fréquence des réponses pour chaque item 1. Antoine va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas à lire, écrire et compter. Daprès toi, est-ce quil va à lécole? Plutôt oui Je ne sais pas Plutôt non: 100% 2. Tony va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas un métier. Daprès toi, est-ce quil va à lécole? Plutôt oui: 1% Je ne sais pas Plutôt non: 99% 3. Mathias va tous les jours dans un endroit qui ne lui permet pas de toucher les allocations familiales. Daprès toi, est-ce quil va à lécole? Plutôt oui Je ne sais pas: 1% Plutôt non: 99% 4. André va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas la discipline (respecter les heures pour se lever, manger, dormir). Daprès toi, est-ce quil va à lécole? Plutôt oui: 1% Je ne sais pas: 1% Plutôt non: 98% 5. Pierre va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas à être propre. Daprès toi, est-ce quil va à lécole? Plutôt oui Je ne sais pas: 2% Plutôt non: 98% 6. Raoul va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas à passer le permis de conduire. Daprès toi, est-ce quil va à lécole? Plutôt oui: 1% Je ne sais pas: 2% Plutôt non: 97% 7. Luc va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas à bien parler le français. Daprès toi, est-ce quil va à lécole ? Plutôt oui: Je ne sais pas 3% Plutôt non: 97% 8. Marcel va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas à obéir (à être sage). Daprès toi, est-ce quil va à lécole? Plutôt oui Je ne sais pas: 4% Plutôt non: 96% 9. Henri va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas à gagner de largent. Daprès toi, est-ce quil va à lécole? Plutôt oui: 4% Je ne sais pas Plutôt non: 96% 10. Pascal va tous les jours dans un endroit qui ne lui permet pas de rencontrer les «payos». Daprès toi, est-ce quil va à lécole? Plutôt oui: 3% Je ne sais pas: 2% Plutôt non: 95% ÉFFETS DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES SUR LES PRATIQUES NOUVELLES... 83 11. Bertrand va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend rien dutile (qui ne sert à rien). Daprès toi, est-ce quil va à lécole? Plutôt oui: 1% Je ne sais pas: 4% Plutôt non: 95% 12. David va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas à devenir plus intelligent. Daprès toi, est-ce quil va à lécole? Plutôt oui: 2,5% Je ne sais pas: 2,5% Plutôt non: 95% 13. Nicolas va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas à être poli, à avoir de léducation. Daprès toi, est-ce quil va à lécole? Plutôt oui: 3% Je ne sais pas: 2% Plutôt non: 95% 14. Lazare va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas à être honnête. Daprès toi, est-ce quil va à lécole? Plutôt oui: 2,5% Je ne sais pas: 3,5% Plutôt non: 94% 15. Michel va tous les jours dans un endroit qui ne lui donne pas un diplôme. Daprès toi, est-ce quil va à lécole? Plutôt oui:1% Je ne sais pas: 6% Plutôt non: 93% 16. Jean-Baptiste va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas à remplir les papiers administratifs. Daprès toi, est-ce quil va à lécole? Plutôt oui: 2% Je ne sais pas: 5% Plutôt non: 93% 17. Arnaud va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas le bien et le mal. Daprès toi, est-ce quil va à lécole? Plutôt oui: 3% Je ne sais pas: 4% Plutôt non: 93% 18. Eric va tous les jours dans un endroit qui ne permet pas que ses parents se reposent. Daprès toi, est-ce quil va à lécole? Plutôt oui Je ne sais pas: 9% Plutôt non: 91% 19. Fernand va tous les jours dans un endroit qui ne le prépare pas à lavenir. Daprès toi, est-ce quil va à lécole? Plutôt oui: 6% Je ne sais pas: 3% Plutôt non: 91% 20. Christophe va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas la musique. Daprès toi, est-ce quil va à lécole? Plutôt oui: 7% Je ne sais pas: 3% Plutôt non: 90% 21. Patrice va tous les jours dans un endroit qui ne lui permet pas de samuser. Daprès toi, est-ce quil va à lécole? Plutôt oui: 8,5% Je ne sais pas: 6,5% Plutôt non: 85% 22. Bruno va tous les jours dans un endroit qui ne lui permet pas ensuite daller au collège, puis au lycée. Daprès toi, est-ce quil va à lécole? Plutôt oui: 7% Je ne sais pas: 8% Plutôt non: 85% 23. Simon va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas à devenir indépendant. Daprès toi, est-ce quil va à lécole? Plutôt oui: 26% Je ne sais pas: 45% Plutôt non: 29% 24. Jean-Pierre va tous les jours dans un endroit qui nest pas comme une prison. Daprès toi, est-ce quil va à lécole? Plutôt oui: 52% Je ne sais pas: 27% Plutôt non: 21% 25. Baptiste va tous les jours dans un endroit ou les gens ne sont pas racistes. Daprès toi, est-ce quil va à lécole? Plutôt oui: 58% Je ne sais pas: 23% Plutôt non: 19% 84 ANNE-MARIE MAMONTOFF Discussion On observe en premier lieu que certains aspects du questionnaire dévocation présentent une faible fréquence alors que confrontés à la mise en cause, ils ont un fort taux de réfutation. Il sagit des items suivants: Tableau 5. Aspects du questionaire dévocation qui presentent une faible fréquence Apprendre à bien parler le français Devenir plus intelligent Apprendre le bien et le mal Se préparer à lavenir Faire des études plus poussées Devenir indépendant Fréquences dévocation 19% 29% 32% 46% 50% 23% Réfutations 97% 95% 93% 91% 85% 85% Cette contradiction se justifie à notre sens du fait que, lorsque il est demandé aux sujets ce quévoque lécole, une minorité donne les réponses du tableau 5, très contradictoires avec lunivers de valeurs tsiganes. Mais quand on leur présente le questionnaire de mise en cause, qui verbalise explicitement ces aspects, alors ils les reconnaissent comme définitoires de lécole car ils correspondent au discours normatif. Et puis, au vu des résultats du questionnaire de mise en cause, il apparaît que sur 25 items il y en a 20 dont le taux de réfutation se situe entre 90% et 100%. En effet, on a 13 items dont le consensus se place entre 95% et 100%, (de litem 1 à litem 13). Puis 7 items dont ce taux se situe entre 90% et 95% (de litem 14 à litem 20). Il reste 2 items (21 et 22) dont le consensus se place entre 85% et 90% et les items 23, 24 et 25 qui ont un faible taux de réfutation, entre 29% et 19%. Ces taux de réfutation, voisins de 100% qui concernent 20 items, signifieraient que la représentation sociale de lécole aurait un système central composé au moins de 20 éléments. À lévidence, ce ne peut être le cas. Nous déduisons quil sagit dune représentation sociale non autonome. Nous faisons lhypothèse quil sagit dune sous-structuration périphérique (SSP) constituée de cognitions fortement saillantes, qui fait office de représentation, et qui serait imbriquée dans un ensemble plus vaste structuré, autonome, à savoir la représentation de lidentité. En effet, Mamontoff (1998) met en évidence que laspect «école» est fortement connexe avec le noyau central de la représentation de lidentité, présentant une valeur darête dans lanalyse de similitude de .18. On peut faire lhypothèse que cette SSP serait organisée en trois zones A, B, et C comme le montre le tableau suivant. 8. Nous déduisons que la méthode de mise en cause savère également pertinente pour déceler des sous-ensembles de cognitions fortement saillants, car proche du système central. ÉFFETS DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES SUR LES PRATIQUES NOUVELLES... 85 Tableau 6. Lorganisation de SSP A Lapprentissage traditionnel doit permettre: · Dexercer des métiers pour rester indépendant des nonGitans · De gagner de largent · De savoir compter · Dêtre musicien __________________________ · Lécole ne sert à rien · Lécole sert à samuser · Lécole sert à ce que les parents se reposent C Lécole sert: B Lécole apprend: · À passer le permis · À savoir remplir les papiers administratifs · À toucher les allocations familiales · À avoir un diplôme · À rencontrer les non-Gitans · Lécole cest lavenir · À lire · À écrire · À bien parler le français · La discipline · La propreté · Lobéissance · La politesse · Lhonnêteté · Le bien/le mal ________________________ · À devenir plus intelligent · À faire des études plus poussées · À devenir indépendant · Lécole cest comme une prison · Lécole est raciste Dun point de vue structural la zone A contiendrait les conceptions anciennes de lapprentissage. Celui-ci avait pour objectif premier dacquérir des compétences pratiques afin de pouvoir exercer divers métiers. Cet apprentissage précoce permettait déjà de gagner de largent et dapprendre à compter. Puis, être musicien a toujours fait partie des métiers privilégiés dans limaginaire tsigane. Notons que les aspects «apprendre un métier», «gagner de largent», «savoir compter» et «être musicien» obtiennent simultanément des taux de fréquence et de réfutation très élevés. Par ailleurs, la zone A contiendrait également des prises de positions dérivées de la tradition et qui ont aussi des taux de fréquence et de réfutation très élevés: «lécole ne sert à rien», «lécole sert à samuser», «lécole sert à ce que les parents se reposent». La zone B serait liée au contexte immédiat (lécole) et abriterait: (1) des aspects pédagogiques (lire, écrire, bien parler le français); (2) des aspects contraignants (la discipline, lobéissance, la politesse, etc.); (3) des aspects valorisés dans la société daccueil (devenir plus intelligent, devenir indépendant, etc.); puis (4) des prises de positions immédiatement associées à lécole, celle-ci vécue comme une prison et comme étant raciste. Dans tous les cas, il sagit de critères liés à la nouveauté, au cadre institutionnel scolaire, plus ou moins contradictoires avec les critères traditionnels. La zone C serait un espace dintersection entre A et B. Elle contiendrait des aspects ou schèmes associés à lécole, jugés pratiques et utiles, étant ainsi compatibles avec les schèmes de la zone A. Cet espace intermédiaire ou zone de compatibilité constituerait une frontière ne laissant passer que des informations qui ne seraient pas en contradiction avec la zone A. Elle contiendrait des aspects comme «lécole sert à passer le permis», «lécole sert à toucher les allocations familiales», etc. Notons que ces aspects présentent 86 ANNE-MARIE MAMONTOFF des taux de fréquence et de réfutation très élevés, à lexception de litem «lécole cest lavenir» qui a un taux de fréquence moyen. Cette organisation de la représentation explique les discours contradictoires tenus par les Tsiganes où, selon le cas, ils revendiquent la nécessité de pousser les enfants à aller à lécole, la nécessité de faire des efforts, sils pensent que ce discours peut leur être bénéfique. Ou alors ils tiennent un discours activé par des schèmes traditionnels et font état de manière explicite de linutilité de lécole, de son contresens, etc. Enfin, on retrouve un discours intermédiaire qui fait état de conditionnalité concernant des aspects «clés» de lécole9. Dun point de vue dynamique, la zone A serait la seule à reconnaître lobjet en lui attribuant le sens traditionnel. Les schèmes de cette zone feraient un travail de reconstruction de lobjet, voire de remodelage cognitif, de manière à rendre le sens de la nouveauté compatible avec le sens de lancienneté. La zone B ferait une lecture adaptée au discours normatif lié à lécole. Le discours et les pratiques seraient activés selon la nécessité du moment et des circonstances afin de paraître en phase avec les attentes de lenvironnement. Pour des raisons déconomie cognitive, cette zone ninscrit pas des aspects véritablement liés à lécole en terme denseignement. En effet, la zone B sélectionnerait linformation selon trois modalités: (1) sélection dinformation destinée à une adaptation discursive, pouvant être en contradiction explicite avec la tradition; (2) sélection dinformation pouvant intégrer la zone de compatibilité (zone C), car non antagoniste avec la zone A et (3) sélection dinformation en contradiction explicite avec les schèmes anciens, mais pouvant faire lobjet dune reconversion de sens. Lapprentissage des contenus pédagogiques nest pas une condition indispensable pour garder les bénéfices associés à lécole. Qui plus est, dans de nombreux établissements, il y a des classes aménagées où ces contenus sont moins lourds et les exigences concernant lapprentissage et les devoirs sont minimes. Ils ne risquent pas de sanctions. Ceci explique que, dun point de vue cognitif, le système B en fait léconomie. Enfin, la zone C aurait un rôle de filtre sélectif de linformation. Elle effectuerait une sélection des schèmes de la zone B compatibles avec les schèmes de la zone A, selon trois modalités: (1) sélection de schèmes pouvant être reliés directement à la zone A; (2) sélection de schèmes pouvant être reliés à la tradition mais au travers dun aspect contradictoire enseigné à lécole et (3) sélection de schèmes pouvant faire lobjet dun remodelage cognitif pour sancrer dans un univers culturel familier. En synthèse, linformation externe peut rester dans la zone B, passer à la zone C ou suivre un circuit complet pour sancrer dans la zone A. Nous allons donner des exemples pour chacun de ces cas. 1. Sélection de linformation destinée à une adaptation discursive et explicitement contradictoire avec lancienneté, ne pouvant faire lobjet dune reconversion de sens. Cest le cas de litem «lécole apprend la discipline». La notion de discipline est prégnante dans la culture daccueil et se trouve à larrière-plan de toutes les pratiques sociales. Cette conception se heurte à la notion de liberté, valeur qui gouverne lensemble des 9. À lheure actuelle, une enquête en cours met en évidence un type de canevas de raisonnement qui donne des pistes à suivre concernant certains critères scolaires sur lesquels il serait possible de réfléchir dans la perspective dune insertion. ÉFFETS DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES SUR LES PRATIQUES NOUVELLES... 87 pratiques sociales du monde tsigane. Malgré lantagonisme, les Tsiganes doivent peu ou prou intégrer une certaine discipline pour survivre dans le système. En effet, pour toucher les allocations familiales, ils sont obligés de maintenir une certaine présence à lécole avec des contraintes horaires. De plus, ils ont lobligation du respect des normes scolaires (tenue pendant les cours, interdiction de crier, de jouer, de manger, etc.) Tant au niveau de la pratique scolaire comme au niveau du discours, la discipline et ses aspects concomitants (la politesse, léducation ) restent étrangers aux conceptions tsiganes. Ce schème reste dans la zone B. 2. Pour le deuxième exemple passage à la zone C , nous avons deux cas de figure: a) Sélection dinformation pouvant être reliée à lancienneté à partir de la zone de compatibilité. Ici nous avons lexemple de litem «lécole sert à toucher les allocations familiales» qui constitue un aspect nouveau lié à une obligation de présence. Au départ, ce schème sinscrit obligatoirement dans la zone B, il fait lobjet dun tri sélectif par le système C car il peut être directement relié aux conceptions anciennes. Ce schème est au moins compatible avec lobjectif de travail: la survie. b) Sélection dinformation pouvant être reliée à la tradition, mais par le biais dun aspect contradictoire enseigné à lécole (en loccurrence lire et écrire). Nous avons dans ce cas «lécole sert à passer le permis de conduire». Cet aspect est compatible avec la tradition car les Tsiganes se sont toujours déplacés dune manière ou dune autre. Cependant, il ne sagit pas dun enseignement scolaire. Cet aspect est associé à litem «apprendre à lire» qui permet la connaissance du code de la route10. Ainsi, lapprentissage de la lecture est un aspect de lécole «capté» par la zone B, car pouvant servir de support à une pratique utile et adaptée à la tradition. Cest le même cas pour litem «lécole sert à remplir les papiers administratifs». Ici le lien est fait avec la lecture et lécriture. 3. Sélection dinformation en contradiction explicite avec la tradition, mais ayant été réinterprétée; le premier exemple est donné par «lécole sert à devenir indépendant». Cet aspect sinscrit dabord dans la nouveauté avec son sens dorigine: lécole nous prépare à lémancipation, à lindividualisme, à la compétitivité, à la singularisation. Ces critères sont totalement incompatibles avec les critères tsiganes qui sinscrivent dans une culture collectiviste où lindividu nexiste quau travers de son groupe dappartenance. Pour les Tsiganes, lécole doit permettre de devenir indépendant des non-Tsiganes, ce qui permet de renforcer le lien social et la dépendance au groupe dappartenance. Dans la mesure où ce schème sinscrit dans la zone C, il est remodelé selon la tradition: lécole devient alors un lieu qui na de sens que sil enseigne des métiers permettant de rester libre, mais proche des siens. Là encore, on retrouve cette contradiction au niveau du discours. Un autre exemple peut être donné pour litem «lécole sert à avoir un diplôme», le circuit est le même et puis, en fin de parcours, le terme diplôme, dans le langage tsigane, doit se comprendre comme une sorte de «passeport» pour lemploi, attestant de compétences et de qualifications immédiatement utilisables. Enfin, nous 10. Lors des entretiens, la majorité des Tsiganes répond que la lecture est utile essentiellement pour passer le permis de conduire. 88 ANNE-MARIE MAMONTOFF avons litem «lécole cest lavenir». Dans lanalyse discursive, la conjonction école-avenir est une conception moderne; mais lécole représente tout de même un espoir pour les Tsiganes quant à lincertitude de leur devenir. À notre sens, ce schème na pas (encore?) été réinterprété. Conclusions Malgré la récurrence des pratiques sociales nouvelles, force est de constater que celles-ci nont pas eu deffet sur la manière de penser lapprentissage traditionnel. Les Tsiganes se sont retrouvés face à un objet social nouveau au sens culturel du terme. Lécole fait partie dune sédentarisation imposée et elle est à placer dans une échelle de valeurs de la société daccueil qui contredit explicitement lidéologie des Tsiganes. Cet objet social nacquiert dans leur univers quun statut dobjet problématique car lié à la survie du groupe. Lécole semble avoir généré une représentation «faible» qui est en réalité un sous-ensemble (une SSP) dune représentation sociale autonome extrêmement stable: lidentité tsigane. Cette SSP sest construite par référence dune part, à des objets anciens en loccurrence des objets investis de lidéologie culturelle traditionnelle, et dautre part, à des objets nouveaux, venant contredire les valeurs anciennes. On peut parler dune représentation interculturelle où les valeurs signifiées dans la zone gouvernée par la tradition servent de grille de lecture de lobjet. En conséquence, les pratiques scolaires ne peuvent être efficaces, au sens dune évolution de la représentation vers la nouveauté. Les signifiants de lobjet social ne pénètrent pas dans le système de valeurs. Ils sont continuellement décodés et reconstruits par le système ancien. Lécole ne peut être représentée comme objet social important car porteuse dune idéologie contre-identitaire qui ne peut être comprise et assimilée dans lunivers cognitif tsigane. Elle est représentée comme objet problématique nécessaire à la survie du groupe. Dès lors, il doit parvenir à négocier certaines pratiques, mais de manière à ce que celles-ci ne remettent pas en cause le système idéologique et quelles puissent satisfaire un minimum dexigences du système extérieur. Le refus de lécole persiste en tant quobjet déstructurant de lidentité et les pratiques scolaires sont émises afin de ne pas perdre les bénéfices qui lui sont associés. Sil sagit bien de pratiques nouvelles, elles sont des coquilles vides du sens nouveau, adaptées superficiellement au milieu à laide dun discours normatif. Nous faisons lhypothèse que cette SSP est un système de défense bien établi, visant à protéger lidentité du groupe, son système de valeurs, qui sest pérennisée et rigidifiée en structure permanente. Cette dynamique défensive trouverait son origine précisément dans la fragilisation du noyau central de la représentation de lidentité (ou représentation mère) (Mamontoff, 2001). Si nous avons retenu le terme de sous-structuration périphérique de Katerelos en tant que système saillant dans une représentation, en revanche, dans notre cas, nous ne pensons pas que cette SSP fonctionne de manière quasi-autonome par rapport au noyau central. Au contraire, nous pensons quelle est extrêmement dépendante des valeurs anciennes (centrales ou pas). Si on peut dire quelle est activée à partir de deux principes organisateurs antagonistes, la perception de lobjet social en tant que réalité intériorisée ne se fait quà partir de la tradition. Lautre principe organisateur nest activé que pour paraître en phase avec lenvironnement. ÉFFETS DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES SUR LES PRATIQUES NOUVELLES... 89 Il sagit dune SSP très saillante dans le champ représentationnel de lidentité tsigane. Cette saillance peut être attribuée à la forte contrainte scolaire de notre société, mais aussi aux avantages matériels que procure lécole. Dans la perspective dune économie cognitive, il est plus facile de conserver cette structure hybride car elle permet de faire face à la réalité et de la simplifier. Elle explique le double discours contradictoire, lun normatif et adapté, qui consiste à faire croire à une volonté de changement et dintégration pour obtenir des avantages; lautre qui met en lumière la saillance de la mémoire collective quant à lidéologie. Les Tsiganes ont ainsi intégré des schèmes contradictoires sans que leurs valeurs en soient affectées et en ayant fourni des comportements nouveaux. On peut dire que, dans le cas des rencontres interculturelles, les représentations sociales ont un effet prépondérant sur les pratiques nouvelles; le groupe garde son mode originel de lecture de la réalité. Enfin, nous déduisons que la méthode de mise en cause est précieuse pour identifier des SSP gérées par des valeurs anciennes (voire centrales) qui se construisent dans les rencontres interculturelles. Que peut-on dire sur lavenir de cette SSP? Va-t-on vers une autonomisation au sens dune représentation nouvelle dans lunivers tsigane ou vers le maintien dune représentation interculturelle non autonome? Il nous semble que cest le second cas le plus plausible, en raison de ce que lon observe sur le terrain, la récurrence de léchec scolaire. En effet, derrière un discours adapté et demandeur daide, de soutien scolaire, dalphabétisation, etc., se cachent des pratiques scolaires qui servent en réalité à maintenir et à renforcer lidéologie ancienne. Cette SSP fonctionne en vase clos, en circuit fermé, malgré louverture sur lextérieur qui capte la nouveauté. Les éléments nouveaux gardent leur caractère «détrangeté» et ne pénètrent véritablement le système quaprès conversion au sens primitif. Le système est ainsi constamment «alimenté» de lintérieur. Il y a des pratiques nouvelles, récurrentes, mais ces pratiques sont émises afin de préserver les valeurs anciennes. Il paraît alors difficile denvisager à terme une autonomisation construite sur des bases nouvelles. Nous faisons lhypothèse que sil y avait une autonomisation, celle-ci se ferait dans le sens de la tradition, dans le sens dune représentation interculturelle dominée par la hiérarchie ancienne. Annexe Evocations des enfants non-Tsiganes 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Enseignements de lécole Les mathématiques La physique Les sciences La biologie La géographie La grammaire Langlais Linformatique Lespagnol 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Aspects concomitants de lécole Etudier Mémoire Réfléchir Bien parler Sinstruire Comprendre Apprécier Intelligence Soccuper 90 ANNE-MARIE MAMONTOFF Enseignements de lécole 10 Le français 11 Les civilisations anciennes 12 Les langues vivantes 13 Lhistoire 14 La technologie 15 Le dessin 16 Compter 17 Lire 18 Écrire 19 Lart plastique 20 Les jeux 21 La vie sociale 22 Les contes 23 Le CDI 24 La musique 25 Chanter Aspects concomitants de lécole 10 Jouer 11 Culture 12 Devoirs 13 Cartable 14 Bonnes notes 15 La chorale 16 Football 17 Trousse 18 Surveillants 19 Bagarres 20 Amis 21 Avertissements 22 Éducation 23 Ambiance 24 Récréation 25 Travail 26 Graffitis 27 Racket 28 Responsabilité 29 Orientation 30 Sorties 31 Recherche 32 Avenir 33 Sport 34 Horaires 35 Profession 36 Obéissance Abstract: The Gypsys school under-achievements are related to the structure and the dynamics of their social representation of school. The present study aimes demonstrating the fact that during an intercultural encounter between gypsies and non-gypsies social representations have an impact on social practices, especially in the case of school-related practices. Indeed, the groups cognitive dynamics allow preserving the cultural identity threatened by social practices contrary to the groups system of values. The results reveal a social representation of school structured along two contradictory organizing principles tradition and modernity. Therefore the representational dynamics are structured holding the departure point in the periphery substructure. It is activated both by the imposed discourses and practices and by ancestral values that reinterpret some aspects of modernity. This allows interpreting school practices placed within traditional values, apart from their institutional meanings. As a consequence recurrent school practices failed to change the traditional conception of school. Instead, they even generate cognitive dynamics that preserve the traditional ideology transforming it into a powerful defence system. Rezumat: Structura ºi dinamica reprezentãrii sociale la þigani constituie o explicaþie a eºecului ºcolar recurent la aceste populaþii. Acest studiu pune în evidenþã faptul cã în cadrul unei întâlniri interculturale între þigani ºi non-þigani, reprezentarea în calitate de semnificant cultural are un efect preponderent asupra practicilor sociale, în special ºcolare. Într-adevãr, dinamica cognitivã a grupului permite prezervarea unei identitãþi culturale ameninþate de practici contradictorii cu sistemul sãu de valori. Rezultatele aratã o reprezentare socialã a ºcolii, nonautonomã, structuratã ÉFFETS DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES SUR LES PRATIQUES NOUVELLES... 91 de douã principii organizatoare antagoniste tradiþie ºi modernitate , astfel încât dinamica reprezentaþionalã se organizeazã plecând de la o substructurã perifericã. Aceasta este activatã, pe de o parte, de practici ºi discursuri impuse ºi, pe de altã parte, de valori strãvechi care reinterpreteazã anumite aspecte ale modernitãþii. Acest fapt face ca practica socialã sã se pãstreze fãrã sensul vehiculat de instituþia ºcolarã, ci dominatã de sensul tradiþional. În ciuda recurenþei lor, practicile ºcolare nu au determinat o evoluþie în modul de concepere a ºcolii. Dimpotrivã, ele au generat o dinamicã cognitivã ce pãstreazã ideologia tradiþionalã ºi pare a se fi cristalizat sub forma unui sistem peren de apãrare. Bibliographie Abric, J.C. (1994), Pratiques sociales, représentations sociales, in J.C. Abric (ed.), Pratiques sociales et représentations, Presses Universitaires de France, Paris, pp. 217-238. Albouy, S. (1990), Eléments de sociologie et de psychologie sociale, Privat, Toulouse. Beauvois, J.L. (1994), Traité de la servitude libérale, Dunod, Paris. Bollinger, D. et Hofstede, G. (1987), Les différences culturelles dans le management, Les Éditions dOrganisation, Paris. Browarski, K. (2001), Représentation sociale du médicament. Effet des pratiques de consommation et de limplication, thèse de doctorat de LUniversité de Provence, Aix-en-Provence. Camilleri, C. (1985), Anthropologie culturelle et éducation, U.N.E.S.C.O., Delachaux et Niestlé, Lausanne. Camilleri, C. et Vinsonneau, G. (2002), Psychologie et culture: concepts et méthodes, Armand Colin, Paris. Deschamps, J.C. et Devos, T. (1999), Les relations entre identités individuelle et collective ou comment la similitude et la différence peuvent covarier, in J.C. Deschamps, J.F. Morales, D. Paez et S. Worchel (eds.), Lidentité sociale, la construction de lindividu dans les relations entre groupes, Presses de Grenoble, Grenoble, pp. 149-167. Fieu, A. (2001), Actes de la journée détude. Scolarisation des enfants de la communauté gitane, Colloque Jean Moulin, Perpignan. Flament, C. (1994a), Aspects périphériques des représentations sociales, in E. Guimelli (ed.), Structures et transformations des représentations sociales, Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, pp. 85-118. Flament, C. (1994b), Structures, dynamiques et troubles des représentations sociales, in J.C. Abric (ed.), Pratiques sociales et représentations, Presses Universitaires de France, Paris, pp. 37-57. Gaffié, B. et Marchand, P. (2001), Dynamique représentationelle et idéologie, in P. Moliner (ed.), La dynamique des représentations sociales, Presses Universitaires de Grenoble, Grenoble, pp. 195-244. Grize, J.B.; Vergès, P. et Silem, A. (1987), Salariés face aux nouvelles technologies, Ed. Items du CNRS, Paris. Hofstede, G. (1991), Allemaal anders denkenden. Omgaan met cultuur verschillen, Contact, Amsterdam. Katerelos, I. (1993), Pratiques, conditionnalité et sous-structuration au sein des représentations sociales, thèse de doctorat de lUniversité de Provence, Aix-en Provence. Liégeois, J.P. (1997), Minorités et scolarité: le parcours tsigane, CRDP Midi-Pyrénées, Toulouse. Linton, R. (1986), Le fondement culturel de la personnalité, Dunod, Paris. Mamontoff, A.M. (1998), La transformacion de la representacion de la identidad: el caso de los gitanos nomadas y sedentarios, Boletin de psicologia, numero monografico 6, pp. 11-30. Mamontoff, A.M. (2001), Etude diachronique dune représentation sociale. Transformation et renforcement de lidentité gitane, Cahiers internationaux de psychologie sociale, pp. 46-56. 92 ANNE-MARIE MAMONTOFF Moliner, P. (1994), Les méthodes de repérage et didentification du noyau des représentations sociales, in C. Guimelli (ed.), Structures et transformations des représentations sociales, Delachaux et Niestlé, Lausanne, pp. 199-255. Moliner, P. (1996), Images et représentations sociales. De la théorie des représentations à létude des images sociales, Presses Universitaires de Grenoble, Grenoble. Moliner, P. (2001), La dynamique des représentations sociales, Presses Universitaires de Grenoble, Grenoble. Morin, M. (1994), Entre représentations et pratiques: le SIDA, la prévention et les jeunes, in J.C. Abric (ed.), Pratiques sociales et représentations, Presses Universitaires de France, Paris, pp. 109-144, Morin, M. et Vergès P. (1992), Enquête sur une représentation en voie démancipation: le SIDA pour les jeunes, Cahiers internationaux de psychologie sociale, 15, pp. 46-75. Moscovici, S. (1961), La psychanalyse, son image et son public, Presses Universitaires de France, Paris. Rouquette, M.L. (1997), La chasse à limmigré. Violence, mémoire et représentation, Mardaga, Liège. Roussiau, N. et Bonardi, E. (2001), Les représentations sociales, état des lieux et perspectives, Mardaga, Liège. Seca, J.M. (2001), Les représentations sociales, Armand Colin, Paris. Vergès, P. (1994), Approche du noyau central: propriétés quantitatives et structurales, in C. Guimelli (ed.), Structures et transformations des représentations sociales, Delachaux et Niestlé, Lausanne. Vergès, P. (2001), Lanalyse des représentations sociales par questionnaire, Revue française de sociologie, 42-3, pp. 537-561. Vinsonneau, G. (1997), Culture et comportement, Armand Colin, Paris. Sylvain Delouvée1 Dune guerre à lautre: deux illustrations historiques des nexus Résumé: Les nexus (Rouquette, 1988, 1994) correspondent à des nuds affectifs prélogiques communs à un grand nombre dindividus dans une société particulière. Après avoir rapidement défini cette notion, il sagira pour nous de mettre en lumière la réalité de tels «nuds» au travers de deux illustrations historiques. Deux situations de guerre serviront en effet dexemples comme contexte socio-historique de manifestation mobilisatrice de représentations collectives. Introduction: une forme spécifique de connaissance sociale Le 19ème siècle est notamment marqué par une littérature fascinée par les passions collectives. Le peuple devient un personnage à part entière. Il est présenté comme souffrant ou héroïque pensons aux Misérables de Victor Hugo ou encore aux Mystères de Paris dEugène Sue. Il peut même être porteur dune vérité historique si lon en croit Marx. Cet objet de fascination devient source de peur lorsquil est fait référence aux foules. La littérature va semparer de ce thème foules criminelles, hordes révolutionnaires, massacres collectifs, passions incontrôlées du peuple, violence collective et créer un imaginaire angoissé à partir de la réalité sociale. Une véritable psychose de la foule va se mettre en place. Ces passions collectives deviendront source de fascination et dangoisse. Introduite par Rouquette (1988, 1994) la notion de nexus servirait à expliquer certains comportements de mobilisation collective. Sans les restreindre à cet aspect de mobilisation nous le verrons par la suite , les nexus peuvent être définis comme «des noyaux de sens irraisonnés qui ont valeur de référentiels pour une communauté donnée à une époque donnée» (Rouquette, 1994, pp. 67-68). La devise «Liberté, Égalité, Fraternité» à lépoque de la Révolution française ou encore le couple «Capitalisme/ Communisme» pendant la guerre froide en sont de bons exemples. Comme lécrit 1. Laboratoire de psychologie environnementale, Centre National de la Recherche Scientifique (UMR 8069), Université René Descartes (Paris 5), France. Courrier électronique <Sylvain. [email protected]>. PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale 94 SYLVAIN DELOUVÉE Rouquette (1994, p. 68): «Ces termes, assez peu nombreux dans une période historique particulière, ne constituent pas de simples éventualités du lexique; leur réalité cognitive et collective pèse sur les conduites des individus et des foules au point de les pousser parfois jusquau sacrifice ou au meurtre. Ils recouvrent des monceaux de cadavres et des milliers de rêves». De nombreuses recherches ont porté sur létude de la structure des représentations sociales2 pour tenter de rendre compte de lorganisation interne de celles-ci (Abric, 1976). Ces travaux, malheureusement, se focalisent sur la composante cognitive des représentations. Ils négligent par-là même la composante affective3 même si celle-ci se trouve étroitement liée à la précédente dans les nombreuses études publiées. Force est pourtant de constater que, dans certaines situations, laspect affectif de la représentation semble prendre le pas sur la composante cognitive: pensons, par exemple, à une déclaration de guerre. 1914: la France est en danger, la Patrie est menacée. Que ce soit lobjet «Patrie» ou «France», en tant que représentation sociale, dans les deux cas les éléments affectifs comme les soldats! devraient être fortement mobilisés. Il semble donc que dans certaines situations, comme lécrivait Ribot (cité par Le Bon, 1911, p. 87), «la place des influences affectives dans la vie psychique est la première. La connaissance apparaît non comme une maîtresse, mais comme une servante». Mobilisant les foules, les nexus apparaissent en situation de crise, de conflit ou de menace que celle-ci soit réelle ou supposée. La Patrie ou la République, en effet, noffrent pas de réalité plus prégnante que lorsquelles sont «en danger». Pensons, par exemple, à ce soir du 21 avril 2002 en France et aux jours qui suivirent. La République fut mobilisatrice des foules lorsque à loccasion du deuxième tour de lélection présidentielle française de 2002 un candidat dun parti dextrême-droite sest retrouvé en position déligibilité. Le Pen, puisque cest de lui dont il sagit, était un «danger pour la République» (Le Monde, 24 avril 2002) et, une fois le choc passé, il fallait le repousser «pour défendre la République» (Libération, 22 avril 2002). Spontanément des milliers de personnes se mobilisèrent et défilèrent, quelle que soit leur appartenance, pour sauver la République (Castano, 2004). On pouvait y entendre, entre autres, ces paroles dune chanson écrite par Damien Saez et enregistrée après les résultats du premier tour de lélection: «Jai vu, les larmes aux yeux, et les nouvelles ce matin/ 20% pour lhorreur, 20% pour la peur./ Ivres dinconscience, tous Fils de France./ Au pays des lumières, amnésie suicidaire./ Non Non Non Non.// Nous sommes, nous sommes/ La Nation des Droits de lHomme./ Nous sommes, nous sommes/ La Nation de la Tolérance./ Nous sommes, nous sommes/ La Nation des Lumières./ Nous sommes, nous sommes/ À lheure de la Résistance» (Fils de France, Damien Saez, 2002). Une autre manière de définir les nexus est de les comparer à «des nuds affectifs prélogiques communs à un grand nombre dindividus dans une société particulière» (Rouquette, 1994, p. 68). Nuds est à comprendre dans un sens métaphorique dans la mesure où «ils lient entre elles plusieurs attitudes et les rendent convergentes ou au moins interdépendantes» (Rouquette, 1994, p. 68). Laspect affectif est le cur du nexus: de fortes réactions affectives dadhésion ou de rejet sont provoquées et entraînent 2. Citons comme objet détude la banque, largent, la chasse, lartisan, la fonction dinfirmière, le travail, le chômage, lintelligence, lentreprise et, bien évidemment, le «groupe idéal». 3. Le travail de Roque (1998) est lune des quelques exceptions dans cette approche structurale. DUNE GUERRE À LAUTRE: DEUX ILLUSTRATIONS HISTORIQUES DES NEXUS 95 une mobilisation collective. On peut par exemple évoquer ce 20 octobre 1996, en Belgique, où plus de 300 000 personnes vêtues de blanc ont défilé silencieusement dans les rues de Bruxelles lors de la «Marche Blanche» en réaction à «laffaire Dutroux». Enfin, laspect «prélogique» peut sentendre dans ce contexte comme signifiant «anté-dialogique». Les nexus se forment et sactivent en amont de la rationalité. On discute par exemple de la psychanalyse (cf. Moscovici, 1961), on argumente ses jugements sur elle, etc., ce qui nest pas le cas des nexus, véritables blocs de sens qui nont pas besoin dêtre déployés, dialogisés ou argumentés. Cela pourrait être résumé de la manière suivante: on ne discute pas parce quon ne peut pas on agit. Taine (1904, tome III, p. 54), pour qui les révolutions ne sont que la manifestation dexplosions dirrationnel réprimé, raconte cet épisode de la Révolution française: «Chaque jour, dans les rues et aux portes de lAssemblée, le peuple de Versailles vient insulter ceux quon appelle aristocrates. Le lundi 22 juin dEsprémenil manque dêtre assommé; labbé Maury ne doit son salut quà la vigueur dun curé qui le prend par le corps, et le jette dans le carrosse de larchevêque dArles. Le 23, larchevêque de Paris, le garde des sceaux sont hués, honnis, conspués, bafoués, à périr de honte et de rage, et la tempête des vociférations qui les accueille est si formidable, que Paporet, secrétaire du roi, qui accompagnait le ministre, en meurt de saisissement le jour même. Le 24, lévêque de Beauvais est presque assommé dune pierre à la tête. Le 25, larchevêque de Paris nest sauvé que par la vitesse de ses chevaux; la multitude le suit en le lapidant; son hôtel est assiégé, toutes ses fenêtres sont brisées et, malgré lintervention des gardes françaises, son péril est si grand, quil est contraint de promettre quil se réunira aux députés du Tiers. Voilà de quelle façon la rude main populaire opère la réunion des ordres». Ces situations, évidemment assez peu nombreuses, provoquent de fortes réactions affectives dadhésion ou de rejet, des prises de position fortement marquées. Les nexus ne résultent alors pas dune analyse réfléchie et rationnelle à la différence dune représentation sociale. Près de nous, le «11 septembre» est devenu lun de ces symboles (cf. entretien de Michel-Louis Rouquette dans ce numéro). «La logique affective4 ignorant la logique rationnelle impose le plus souvent une résolution avant que cette dernière ait fini de délibérer. La première ne tient compte ni des raisons, ni des contradictions, ni des principes.» (Le Bon, 1911, p. 88) Les nexus échappent dès lors à la critique et, bien évidemment, sont impénétrables au doute. Les nexus présenteraient notamment les six propriétés suivantes: 1. Un caractère collectif. Ils sont partagés par une population, une société donnée. Rapporté par Le Bon (1912), ce fragment dune lettre dÉlisabeth femme de lempereur Alexandre Ier illustre ce caractère collectif et la diffusion possible dun nexus: «Du moment que Napoléon eut passé nos frontières, cétait comme une étincelle électrique qui sétendit dans toute la Russie, et si limmensité de son étendue avait permis que dans le même moment on en fût instruit dans tous les coins de lempire, il se serait élevé un cri dindignation si terrible quil aurait, je crois, retenti au bout de lunivers. À mesure que Napoléon avance, ce sentiment sélève davantage. Des 4. Le Bon distingue différentes formes de logique et oppose notamment la logique affective (individuelle) à la logique collective (lorsque lhomme est en foule). Dans le cas des nexus ces deux logiques de laction seraient entremêlées. 96 2. 3. 4. 5. 6. SYLVAIN DELOUVÉE vieillards qui ont perdu tous leurs biens ou à peu près disent Nous trouverons moyen de vivre. Tout est préférable à une paix honteuse. Des femmes qui ont tous les leurs à larmée ne regardent les dangers quils courent que comme secondaires et ne craignent que la paix. Cette paix qui serait larrêt de mort de la Russie ne peut pas se faire, heureusement». Un masquage des différences intra- et inter-groupales habituellement opérées seffectue, au moins de manière temporaire, lorsque le nexus est activé. Lors des manifestations qui suivirent le 21 avril 2002 et le choc dun candidat dextrême-droite au second tour de lélection présidentielle française militants ou sympathisants de «gauche» comme de «droite» se retrouvaient unis, ensemble pour défendre la République. Une apparition en situation de conflit et une disparition lorsque la menace ou le conflit disparaissent. Insistons ici sur le caractère temporaire et historiquement situé des nexus. Si le terme «Révolution» pouvait en 1917 embraser la Russie (Sherif, 1937) et mobiliser les foules il est peu probable quil ait un tel effet aujourdhui. Des sociologues anglo-saxons (Cohen, 1972; Goode et Ben-Yehuda, 1994, ou encore McRobbie et Thornton, 1995) parlent, eux, de «paniques morales» lors des périodes dintense émotion populaire face à des situations considérées comme menaçantes pour la société. Une élaboration qui vise à la construction du réel. Le concept imaginaire prend naissance: la chose nommée existe. Comme lécrit Guimelli (1999, p. 101) «cest une élaboration de limaginaire social qui ne peut être réduit à un contenu particulier». Ils sont indexés par un terme unique nayant pas dautres équivalents. Le «fou» nest pas le «malade mental» pas plus que «nazi» ne semble correspondre à «national-socialiste»5 (Rouquette, 1994). Enfin, lemphase est la forme dexpression discursive privilégiée. Le Bon (1905, p. 37) reconnaissait que «la foule nétant impressionnée que par des sentiments excessifs, lorateur qui veut séduire doit abuser des affirmations violentes [ ] Connaître lart dimpressionner limagination des foules cest connaître lart de les gouverner». La majorité des discours parlementaires de la Troisième République (de Victor Hugo à Clémenceau en passant par Léon Blum) synthétisés par Garrigues (2004) illustre parfaitement cette utilisation de lemphase lorsquil est question de nuds affectifs. Cest la «matière historique» (Rouquette, 2003), si utile au chercheur, qui va nous servir de base pour esquisser deux illustrations de la notion de nexus. Quel meilleur exemple de contexte socio-historique de manifestation mobilisatrice de représentations collectives quune situation de guerre? La première illustration portera sur lexplosion de haine populaire après la défaite de larmée Napoléonienne à Sedan en 1870. Dune guerre à lautre, lélan patriotique de la Première Guerre mondiale nous servira, à travers un excellent outil de propagande, de seconde illustration. 5. Bien que les deux expressions soit objectivement équivalentes. DUNE GUERRE À LAUTRE: DEUX ILLUSTRATIONS HISTORIQUES DES NEXUS 97 Les monnaies satiriques de 1870 Le 15 juillet 1870 le gouvernement français demande des crédits pour la guerre. Le Président du Conseil en exercice, Émile Ollivier, déclare devant le Corps législatif accepter la guerre «dun cur léger». Paris est en effervescence. La presse et lopinion sont déchaînées. Le 17 juillet, lors dun rassemblement populaire à la Bastille, Émile Ollivier poussé par lopinion publique, déclare la guerre à la Prusse mais ce nest que deux jours plus tard, le 19 juillet 1870, que la France déclarera officiellement cette guerre. Cette décision provoque un rassemblement enthousiaste des Parisiens devant le Palais des Tuileries où la foule scande des slogans patriotiques et des cris «À Berlin !». Comme Carrère (1972) le note, il sagit à la fois dune guerre ancienne, telles ces «guerres de prince» du 18ème siècle, et de lun des tous premiers conflits modernes. Malheureusement, après seulement quelques semaines de combats, face à une armée deux fois plus nombreuse et un armement plus efficace, la capitulation de Sedan, le 2 septembre 1870, livre au roi de Prusse lempereur des Français Napoléon III , un maréchal de France, une quarantaine de généraux et près de 85 000 hommes6. Trois jours plus tard, la Troisième République est proclamée à Paris ainsi que la déchéance de lempereur. Un gouvernement républicain, dit de défense nationale, est mis en place. Dans un sursaut patriotique, ce nouveau régime décide de poursuivre la lutte armée contre linvasion ennemie. Mais la chute de Napoléon III ne changera rien à la volonté de Bismarck de poursuivre la guerre et dannexer les territoires. La paix est signée à Francfort-sur-Main le 10 mai 1871. La France abandonne lAlsace et la partie nord de la Lorraine sauf Belfort. Ces deux régions sont intégrées à lEmpire allemand et reçoivent le statut de «territoires dempire». Elles ne redeviendront françaises quaprès la défaite de lAllemagne en 1918 ce dont nous reparlerons dans la partie suivante. La France doit également verser à la Prusse 5 milliards de francs-or. Loccupation dura jusquau 16 septembre 1873, date à laquelle lindemnité fut payée complètement. Cet épisode de lhistoire de France entraîna une explosion de haine populaire. Une des traductions de cette haine prendra comme support inédit les pièces de monnaie qui seront regravées par des particuliers: «SEDAN» sétalait en toutes lettres sur le métal des pièces. Mais pourquoi les pièces? Certainement pour trois raisons: en premier lieu, les pièces représentaient, au sens propre, Napoléon et lempire. Napoléon III était, aux yeux du peuple français, à lorigine de cette guerre et, surtout, la cause de la défaite. La situation était en réalité plus complexe mais le nom de Sedan agissait comme un nexus: charge émotionnelle intense, rejet fort. En second lieu, la monnaie représentait, au sens figuré cette fois, la France. Tel un animal marqué au fer rouge apparaissait sur des milliers de pièces la marque du déshonneur: «SEDAN». Enfin, et cest essentiel, ces pièces avaient toujours cours et continuaient de circuler. Elles rappelaient sans cesse et entretenaient le souvenir de cette humiliante défaite. Cette guerre des symboles prendra une autre dimension dans les préludes de la Seconde Guerre mondiale. Tchakhotine (1952) décrira cette «guerilla des symboles» avec la déformation de la Croix gammée ou celle des Trois flèches du Front dairain par 6. Cela sans compter les 25 000 prisonniers faits dans les combats antérieurs. 98 SYLVAIN DELOUVÉE les hitlériens. Il raconte également cet épisode du début des années 30 en Allemagne où la réaction affective dun individu prend tout son sens: «Cinq jours plus tard, en traversant un carrefour à Heidelberg, je fus tout à coup comme frappé par la foudre. Au coin dun mur était peinte une croix gammée, rayée par un gros trait de craie blanche. [ ] un ouvrier impulsif, excité par laffaire de Boxheim, ne pouvant plus contenir son émotion, poussé à agir violemment, avait pris un morceau de craie ou un caillou et barré linsigne odieux de la croix gammée; en la détruisant ainsi il donnait libre cours à sa haine accumulée» (Tchakhotine, 1952, p. 266). Revenons à la création de ces pièces de monnaie dites satiriques. Elles rivalisaient dexpressions injurieuses ou ironiques sur Napoléon III et sur lEmpire. Dans un premier temps ce furent les particuliers qui regravèrent les pièces. Un simple «SEDAN» ciselé sur la face de Napoléon était le plus courant. Facile à réaliser ce type de pièces se multipliait. Dautres étaient luvre de véritables artistes. Les pièces étaient finement retravaillées, Napoléon héritait dun casque à pointe prussien ou encore de cornes du diable, et diverses inscriptions prenaient place. Mais ces initiatives de particuliers ne suffisaient pas à satisfaire le désir de vengeance de lopinion publique. Notons ici le caractère affectif marqué: il ne pouvait sagir dun élément de propagande à lencontre de Napoléon III ou de lempire puisque la guerre était terminée, lempereur déchu et lempire remplacé par une république. On était dans la dérision et surtout dans linsulte. Les pièces de monnaie devenaient le support dune réaction affective et navaient pas la prétention, comme tout objet de propagande, dêtre mobilisateur de comportements effectifs. Laspect «nud» des nexus est également particulièrement typique dans cette situation si lon en juge par laccumulation des motifs injurieux utilisés alors contre lempereur sur les monnaies. Le terme «motifs» est ici dans ses deux sens: comme renvoyant aux différents thèmes visuels de dégradation ou dinsulte (le casque de lennemi, la calotte papale, le képi du petit fantassin de base, le groin du porc, etc.) et comme renvoyant aux «raisons», motivations, de la dégradation et de linsulte (lincompétence, la trahison, la bondieuserie, la sensualité, le luxe, etc.). Pour satisfaire ce désir de vengeance exacerbé on fit alors appel à lindustrie qui frappa en très grandes quantités des jetons ou des médailles satiriques (sur la base, le plus souvent, dune pièce de 10 centimes). Ces jetons étaient presque tous calqués sur le même modèle: à lavers, leffigie de Napoléon coiffé du casque à pointe prussien, et au revers, remplaçant laigle impérial, figure une chouette ou un autre oiseau de nuit. La légende «Empire Français» se transforme en «Vampire Français». Les graveurs de ces jetons sont restés anonymes. Cet épisode de lhistoire de France a été depuis occulté, oublié. Les célébrations sont là pour rappeler les moments héroïques et non les défaites cinglantes. Sedan, aujourdhui, a retrouvé son calme et le nom névoque plus quune ville française. Il y a un peu plus dune centaine dannées, pourtant, des milliers de pièces ont été regravées, des jetons créés. Nous étions bien face à un noyau de sens irraisonné qui avait valeur de référentiel. Lexplication sur la défaite de cette guerre était seconde. Primait une charge affective intense à lévocation de Sedan. Cette guerre empoisonna les relations franco-allemandes durant les décennies suivantes contribuant aux rivalités européennes et au désir de revanche qui devaient déboucher sur la Première Guerre mondiale. DUNE GUERRE À LAUTRE: DEUX ILLUSTRATIONS HISTORIQUES DES NEXUS 99 Les vignettes patriotiques de la Première Guerre mondiale Dimanche, 18 octobre 1914. Larmée belge, commandée par le roi Albert 1er, doit faire face à de très violentes attaques menées par larmée allemande à quelques kilomètres de la frontière franco-belge. La bataille de lYser débute. Mercredi, 25 novembre 1914. Après dintenses combats, lartillerie allemande lance loffensive sur Ypres et détruit totalement la ville. Il faudra plus de 40 années pour reconstruire celle-ci. 500 000 personnes seront enterrées dans les 170 cimetières dYpres et de sa région. 1915. Deux vignettes commémoratives sans valeur postale paraissent. En noir et rouge sur fond blanc on y voit Ypres dévastée avec son hôtel de ville en flammes. Sur lune de ces vignettes est écrit: «Ypres 1914 Souvenez-vous». Il sagit de lune des 1 400 vignettes regroupées par Michel Bonneau et Daniel Van Treeck (1983) dans un des rares catalogues existant7. De 1914 à 1920 sont répertoriées les vignettes patriotiques françaises de la Première Guerre mondiale mises en circulation. Ayant souvent lapparence dun timbre, celles-ci nont pourtant aucun pouvoir daffranchissement. Elles feront leur apparition en Angleterre, vers 1850, en même temps que la publicité avec laquelle elles seront étroitement liées. Lerinnophilie est la collection de ces timbres sans valeur postale. Terme mystérieux qui doit son origine au Dr. Cazin (1912) à partir du verbe allemand erinnein qui signifie «se souvenir». La Première Guerre mondiale va éclater et la vignette va être, elle aussi, mobilisée. Presque tous les pays belligérants vont en émettre: vignettes de la Croix-Rouge, vignettes militaires, vignettes patriotiques, vignettes commerciales. Cest à la France sur le territoire de laquelle se livrent les plus durs affrontements de cette guerre quil va appartenir den émettre le plus. Ces vignettes, merveilleux outils de propagande, peuvent être classées en trois grandes catégories: les vignettes patriotiques (vignettes militaires, timbres de guerre), les vignettes de la Croix-Rouge et les vignettes publicitaires. Comme le note Auclert (1981, p. 107) ces vignettes vont avoir « valeur de document historique. Petites images de la Grande guerre, jamais on ne sut évoquer autant dhéroïsme et de bêtise humaine en si peu despace». Grâce aux Éditions Delandre8 plusieurs milliers de vignettes patriotiques différentes seront imprimées en France pendant la Première Guerre mondiale. Elles étaient conçues pour être diffusées à grande échelle: nous sommes là dans la communication de masse. Le Petit Parisien du 13 décembre 1916 indiquait que «ces timbres font connaître les actions déclat du régiment, les glorieuses inscriptions au drapeau, tout un passé et tout un présent également glorieux, et sont ainsi un motif dorgueil patriotique aussi bien 7. Charles Kiddle (1998) proposera une centaine de vignettes militaires françaises inédites. 8. De son vrai nom Gaston Fontanille. Personne, dans aucun pays, na créé une production aussi massive et aussi variée. Il se décernera même le titre de «Directeur Général de lAdministration des Timbres de Guerre». Il sentourera des plus grands dessinateurs de lépoque pour réaliser ses vignettes tels Charles Brun, Léandre, de Neumont, Jonas, Scott, Hansi, de la Nézière, Benjamin Rabier Il deviendra le grand spécialiste de cette forme de propagande. Il sera cependant condamné (pour copie de vignettes italiennes et défaut de versement des pourcentages à la Croix-Rouge) et moura en prison avant la fin de sa peine. 100 SYLVAIN DELOUVÉE pour ceux qui les reçoivent que pour ceux qui les envoient; ils constituent en outre une excellente propagande, en rappelant à tous, dune façon tangible, que lhéroïsme fut de tous les temps en France». Dans leur catalogue, Bonneau et Van Treeck (1983) proposent un regroupement des vignettes selon les thèmes suivantes: Vignettes commémoratives Vignettes réclame de Delandre Les Drapeaux Vignettes rondes Les Médailles Reproductions daffiches et tracts Devises et slogans Pro Patria Slogans Delandre a fond gris-noir Ad usum Bochorum Trois séries Delandre Dieu et la Patrie LEspionnage Solidarité LOr, lemprunt Vignettes diverses Joffre Nos chefs, nos alliés La France, le plus beau pays du monde Les Engagements, les Actes Villes martyres, la Somme dévastée Les Atrocités allemandes Souvenez-vous! Noubliez jamais! Porte-timbres Propagande commerciale et industrielle Vignettes commerciales privées Papillons Vignettes postérieures à 1920 Ces vignettes étaient faites pour être achetées et, par-delà, pour être collées. On écrivait à sa famille, à sa femme, à sa fiancée, à ses amis pour leur montrer ça aussi, pour leur rappeler également ça. Ce «ça» pourrait être départagé en deux types: les vignettes qui nous valorisent par rapport à lennemi (vignettes commémoratives, drapeaux, médailles, devises et slogans, Pro Patria, etc.) et celles qui dévalorisent directement lennemi et, en conséquence, nous valorisent (les atrocités allemandes, souvenez-vous! noubliez jamais!, villes martyres, la Somme dévastée, etc.). Il sagit dune distinction classique de toute propagande. Ces vignettes étaient donc créées pour être collées autrement dit pour circuler, pour se montrer au regard de tous et pour témoigner. Pensons, après les événements du 11 septembre 2001, à tous ses drapeaux américains qui fleurirent aux États-Unis dAmérique. Il sagissait de marquer son appartenance. On retrouve là une des propriétés des nexus: les différences intra-groupales seffacent, tout le monde se retrouve uni. Comme pour les pièces de monnaie, les vignettes patriotiques nétaient pas le nexus mais servaient de support à celui-ci. Sagissant dun nud affectif prélogique, son identification est toujours délicate. Il semble que dans le cas de la Première Guerre mondiale le terme «PATRIE» était capable de mobiliser les foules ce qui peut être un critère dauthentification. La patrie est un thème qui est présent dans toutes les vignettes patriotiques: que ce soit pour glorifier la patrie ou pour montrer les attaques quelle subit. Le Bon (1915, p. 211) notait en 1915 que «Cest lui [le patriotisme] qui, le jour même où la guerre fut déclarée, détermina les hommes appartenant aux partis en apparence les plus rebelles à son influence pacifistes, syndicalistes, socialistes, etc., à se DUNE GUERRE À LAUTRE: DEUX ILLUSTRATIONS HISTORIQUES DES NEXUS 101 ranger immédiatement sous les drapeaux. Cette unanimité eût été impossible si le patriotisme navait pas constitué une force inconsciente dont les impulsions balaient tous les raisonnements». Comme nous lécrivions précédemment, la Patrie noffre pas de réalité plus prégnante que lorsquelle est «en danger». Aujourdhui, en France, ce terme serait-il si mobilisateur? De Sedan à Ypres Ces deux exemples illustrent selon nous parfaitement lexistence de tels nuds affectifs. LHistoire est loin dêtre avare en exemples de ce type: en 44 av. J.C., les funérailles de Jules César déchaînèrent troubles et passions dans un sommet dhystérie collective romaine. Suetone (1931, LXXXV) écrit: «Cette foule tumultueuse rencontra Helvius Cinna, et, par suite dune erreur de nom, le prenant pour Cornélius, à qui elle en voulait pour avoir prononcé la veille, un discours véhément contre César, elle le tua, et promena sa tête au bout dune pique». Comme lécrivait Rouquette (1994, p. 68) «leur réalité cognitive et collective pèse sur les conduites des individus et des foules au point de les pousser parfois jusquau sacrifice ou au meurtre». Malgré tout, lidentification dun nexus est paradoxale comme le notent Campos et Rouquette (2000). Son caractère «prélogique» implique une authentification délicate dès lors que lévénement est en cours. On peut malheureusement difficilement expérimenter sur le passé et les cas historiques présentés ne servent, au mieux, que dillustration. Seule une méthodologie expérimentale permettrait de valider les propriétés listées par Rouquette (1994). Un tel travail est en cours. Abstract: The term nexus was suggested by Rouquette (1988, 1994) to designate a pre-logical affective core shared by a large number of individuals in a given society. This article defines and offers two illustrations of nexus revealed during the history of France. In both cases, war is the social and historical context in which the nexus mobilizes collective representations. Rezumat: Termenul nexus a fost propus de Rouquette (1988, 1994) pentru a desemna nucleele (nodurile) afective prelogice împãrtãºite de un numãr mare de indivizi într-o societate datã. Articolul de faþã încearcã sã defineascã ºi sã ofere ilustrãri ale acestor noduri prin intermediul a douã aspecte din istoria Franþei. În ambele cazuri, rãzboiul este contextul social ºi istoric de manifestare mobilizatoare a reprezentãrilor colective. Bibliographie Abric, J.-C. (1976), Jeux, conflits et représentations sociales, Thèse de Doctorat de Lettres, Université de Provence. Auclert, J.-P. (1981), La Grande Guerre des crayons. Les noirs dessins de la propagande en 1914-1918, Robert Laffont, Paris. Bonneau, M. et Van Treeck, D. (1983), Les vignettes patriotiques françaises de 14-18, Réservé aux membres de lArc-en-Ciel, n°10. Campos, P.H.F. et Rouquette, M.-L. (2000), La dimension affective des représentations sociales: deux recherches exploratoires, Bulletin de psychologie, 53 (4), pp. 435-441. Carrère, R. (1972), 1870-1871: guerre ancienne ou guerre moderne?, Études polémologiques, 5, pp. 22-34. 102 SYLVAIN DELOUVÉE Castano, C. (2004), The Affective Dimension of Social Representation: A Study about the French Presidential Elections 2002, 10th International Summer School on Social Representations and Communication, Rome, 26 avril 1 er mai 2004. Cohen, S. (1972), Folk Devils and Moral Panics: The Creation of the Mods and the Rockers, MacGibbon & Kee, London. Garrigues, J. (2004), Les grands discours parlementaires de la Troisième République, Armand Colin, Paris. Goode, E. et Ben-Yehuda, N. (1994), Moral Panics: Culture, Politics and Social Construction, Annual Review of Sociology, 20, pp. 149-171. Guimelli, Cl. (1999), La pensée sociale, PUF, Paris. Kiddle, C. (1998), Editions Delandre Vignette. New Military Vignettes, Rarity and Prices, French Military Vignettes, Italian Military Re-Impressions, World Poster Stamps, Hants. Le Bon, G. (1905), Psychologie des foules, Éditions Félix Alcon, Paris, 1905. Le Bon, G. (1911), Les opinions et les croyances, Flammarion, Paris. Le Bon, G. (1912), La Révolution française et la psychologie des Révolutions, Flammarion, Paris. Le Bon, G. (1915), Enseignements psychologiques de la guerre européenne, Flammarion, Paris. McRobbie, A. et Thornton, S.L. (1995), Rethinking «Moral Panic» for Multi-Mediated Social Worlds, British Journal of Sociology, 46, p. 4. Moscovici, S. (1961), La psychanalyse, son image, son public, Presses Universitaires de France, Paris. Roque, J. (1998), Pratique professionnelle, charge émotionnelle et représentation sociale: policiers C.R.S. et situations de foule, Thèse de Doctorat de Psychologie, Université de Provence, Aix-Marseille I. Rouquette, M.-L. (1988), La psychologie politique, Presses Universitaires de France, Paris. Rouquette, M.-L. (1994), Sur la connaissance des masses, Presses Universitaires de Grenoble, Grenoble, trad. en roumain, Despre cunoa[terea maselor. Eseu de psihologie politic\, Editura Polirom, Ia[i, 2002. Rouquette, M.-L. (2003), La matière historique, in Serge Moscovici et Fabrice Buschini (eds.), Les méthodes des sciences humaines, Presses Universitaires de France, Paris. Sherif, M. (1937), The Psychology of Slogans, Journal of Abnormal and Social Psychology, 32, pp. 450-461. Suetone, C. (1931), Vies des douze Césares, 3 tomes, texte établi et traduit par H. Ailloud, Les Belles Lettres, Paris. Taine, H. (1901-1904), Les origines de la France contemporaine, Hachette, Paris. Tchakhotine, S. (1952), Le viol des foules par la propagande politique, première édition française (censurée), Gallimard, Paris, 1939. Andreea Gruev-Vintilã1 Efectele implicãrii asupra reprezentãrilor sociale ale unui risc colectiv: cazul riscului seismic. O comparaþie între Franþa ºi România Of the wonders wrought by the great earthquake, these were all that came under my eye; but the tricks it did, elsewhere, and far and wide over the town, made toothsome gossip for nine days. Mark Twain Rezumat: Acest studiu se înscrie în perspectiva structuralã asupra reprezentãrilor sociale. Ne intereseazã efectele implicãrii asupra reprezentãrilor sociale ale riscului seismic elaborate de o populaþie care are o experienþã colectivã privitoare la cutremure (eºantion românesc) ºi de o populaþie care nu are aceastã experienþã (eºantion francez). Rezultatele aratã cã reprezentarea elaboratã de eºantionul românesc este în mod semnificativ mai structuratã decât cea elaboratã de eºantionul francez. Rezultatul este valabil atât pentru componenta normativã a reprezentãrilor (unde se aflã elementele utile pentru evaluare), cât ºi pentru componenta lor funcþionalã (care conþine elementele utile pentru acþiune), chiar dacã participanþii nu au trãit un seism ei înºiºi. În al doilea rând, rezultatele aratã cã implicarea ridicatã a indivizilor, tradusã prin percepþia cã riscul seismic este o chestiune de importanþã majorã, structureazã semnificativ ºi prioritar componenta normativã a reprezentãrii, însã nu are efect asupra componentei ei funcþionale. Sunt evocate câteva consecinþe practice ºi teoretice ale acestor rezultate, precum ºi necesitatea unor perspective complementare pentru studiul comportamentelor legate de riscurile colective în general ºi de riscul seismic în special (e.g. teoria angajamentului)2. 1. Université de Paris 5 (Laboratoire de Psychologie Sociale et Environnementale) ºi Université de Bourgogne), lector ºi cercetãtor asociat la Laboratoire de Psychologie Clinique et Sociale, Groupe Psychologie Sociale des Discours), e-mail: [email protected]. 2. Autoarea mulþumeºte domnilor Adrian Neculau ºi Nicolae Mitrofan pentru ajutorul preþios oferit la colectarea datelor. PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale 104 ANDREEA GRUEV-VINTILà I. Riscurile colective ºi psihologia socialã Când nu li se întâmplã numai altora, riscurile colective stârnesc îngrijorarea. Azbestul cancerigen, cutremurele, encefalopatia spongiformã bovinã (boala vacii nebune), inundaþiile, încãlzirea planetei, organismele transgenice, poluarea, reziduurile nucleare, stratul de ozon, salmonella, terorismul, tornadele, toxinele alimentare etc. sunt câteva exemple de riscuri colective care declanºeazã dezbateri sociale larg mediatizate. Riscurile colective suscitã interesul la mai multe niveluri ale societãþii: politic, legislativ, administrativ, ºtiinþific, medical ºi, nu în ultimul rând, al societãþii civile. Pânã nu de mult, ºtiinþele sociale s-au aplecat asupra riscurilor colective graþie mai ales sociologilor. Psihosociologii ºi-au manifestat interesul recent. De ce indivizii adoptã atât de greu comportamente legate de reducerea riscurilor colective, deºi ºtiu bine ce pagube produc acestea? Cum evalueazã oamenii riscurile colective ºi riscurile legate de fenomene naturale? Cum putem creºte acceptabilitatea mãsurilor de prevenire ºi reducere a riscurilor? Cum se pot oamenii simþi mai responsabili? Cum se pot evalua programele în curs? Cum se poate ameliora comunicarea despre riscurile colective? Cum, în fond, putem preveni ºi limita efectele catastrofelor? Dacã vrem sã înþelegem cum gândesc oamenii riscurile ºi cum se situeazã faþã de ele, înseamnã cã trebuie sã înþelegem gândirea socialã care subîntinde percepþia riscurilor. Acest demers este indispensabil pentru a furniza elemente de rãspuns la întrebãrile actorilor sociali implicaþi. Gândirea socialã care subîntinde percepþia riscurilor colective Studiile ce subliniazã idiosincraziile spiritului uman sunt numeroase (Slovic, 1986; De Vanssay, 1998; Deneufbourg ºi De Vanssay, 2000). Majoritatea cercetãrilor, fie cã este vorba de analize sociologice, organizaþionale sau economice, recunosc astfel rolul constitutiv al componentei sociale în percepþia ºi evaluarea riscurilor colective. Altfel spus, percepþia ºi evaluarea riscurilor colective fac parte din cunoaºterea socialã ºi contrasteazã cu percepþia ºi evaluarea ºtiinþificã a acestor riscuri. Percepþia hazardurilor (hazards) este astãzi multidimensionalã (Vlachos, 1995), în sensul cã þine cont atât de informaþiile obiective legate de probabilitatea unui fenomen ºi de regiunea în care se produce, cât ºi de datele sociale, istorice, psihologice individuale ºi colective ale populaþiei afectate. Rezultatele studiilor de pânã acum asupra riscurilor colective converg asupra urmãtoarelor puncte: 1. Deciziile individuale ºi colective pe termen scurt ºi lung se sprijinã în mod exclusiv pe percepþia riscului (Slaymaker, 1999; Smith, 2001), adicã pe o percepþie subiectivã. 2. Percepþia individualã ºi socialã a riscurilor colective este o componentã importantã a managementului lor (Heijmans, 2001; Kirschenbaum, 2002; Slovic [i Weber, 2002), mai ales înaintea producerii evenimentului riscant. Mai mult, implicarea colectivitãþii pare sã condiþioneze reuºita aplicãrii mãsurilor adoptate în favoarea reducerii riscurilor cel puþin în aceeaºi mãsurã ca studiile preliminare, deciziile politice ºi managementul adecvat (Cheval, 2003). 3. Se presupune cã implicarea colectivitãþii depinde de percepþia riscului. În acest caz, variabila în discuþie ar avea un statut important în procesul de reducere ºi transfer al riscului (Wilde, 1994). Modelul implicãrii folosit în studiul nostru înþelege implicarea EFECTELE IMPLICÃRII ASUPRA REPREZENTÃRILOR SOCIALE ALE UNUI RISC... 105 tocmai ca variabilã care mediazã elaborarea reprezentãrilor sociale (Rouquette, 1987; Flament ºi Rouquette, 2003). Psihosociologii sugereazã ca, în loc sã deplângã distorsiunile induse de percepþia socialã a riscurilor, instituþiile sociale sã le ia în consideraþie ºi sã le accepte pe cele pe care o informare mai exactã sau suplimentarã nu le poate schimba. Nu este vorba de o opoziþie între «riscuri reale» ºi «riscuri percepute». Este vorba despre douã ansambluri de percepþii, ºi ambele au o anumitã validitate care poate fi argumentatã (Fischoff, citat de New York Times în 1994). Psihologia socialã dispune, dupã cercetãrile din ultimii ani, de instrumente teoretice ºi metodologice deosebit de pertinente pentru surprinderea ºi studierea gândirii sociale. Acestea ne permit sã înþelegem rezultatele potrivit cãrora percepþia riscurilor de cãtre public nu este iraþionalã faþã de cea a experþilor (Slovic, 1986). ªtim astãzi cã gândirea socialã contrasteazã cu gândirea ºtiinþificã datoritã proprietãþii celei dint^i de a fi determinatã de contextul social în care se înscrie. Însã psihosociologii subliniazã cã, în ciuda contrastului sãu cu gândirea ºtiinþificã, gândirea socialã rãmâne o logicã validã în contextul social ºi indivizilor le este folositoare (Guimelli, 1999; Rouquette, 1992). Cercetarea noastrã se apleacã asupra gândirii sociale care intervine în percepþia riscului seismic folosind paradigma reprezentãrilor sociale. II. Câteva elemente despre seisme În medie, seismele fac aproximativ 10 000 de victime pe an în întreaga lume. Riscul seismic este vizat de rezoluþia E/1999/L44 din 30 iulie 1999 a Consiliului Economic ºi Social al ONU care inaugureazã programul UNISDR (United Nations International Strategy for Disaster Reduction). În cele ce urmeazã, adoptãm distincþia seismologilor între hazard ºi risc seismic (Tudor, 2003). Astfel, hazardul seismic este probabilitatea ca un seism cu o anumitã magnitudine ºi un anumit potenþial distructiv sã se producã într-o regiune ºi la un moment dat. Spre deosebire de hazard, riscul seismic reprezintã probabilitatea ca un seism sã aibã efecte distructive (victime ºi pagube materiale). Prin urmare: riscul seismic este strict legat de seismele care afecteazã regiunile locuite sau cele în care existã construcþii; orice hazard seismic nu este neapãrat un risc seismic. Pot fi prevãzute seismele? Seismele par sã fie precedate de semnale electromagnetice în ionosferã, însã caracterul sistematic al acestor fenomene este încã investigat. Geofizicienii avertizeazã totuºi cã aceastã tehnologie nu permite prevederea seismelor (cf. Ultré-Guérard, 2004). Aplicarea unui sistem operaþional de anticipare a seismelor rãmâne încã o perspectivã îndepãrtatã. În schimb, evaluarea riscului de producere a unui seism distructiv este posibilã ºi ea þine de domeniul prevenirii riscului seismic. Aceastã prevenire este legatã pe termen lung de protejarea unei regiuni datoritã construcþiilor adaptate, ºi, mai ales, de educarea populaþiei. 106 ANDREEA GRUEV-VINTILà Ce este un seism? Puþini sunt românii care nu au trãit un cutremur. Potrivit definiþiei, seismul este un fenomen natural manifestat prin miºcãri bruºte ale scoarþei terestre. Teoria plãcilor tectonice (Wegener, 1915) ne spune cã ele se sprijinã pe astenosferã (situatã sub litosferã ºi compusã din roci topite). Curenþii termici de convecþie generaþi de temperaturile ºi presiunile ridicate din astenosferã determinã deplasarea plãcilor. Acest proces este însã frânat de forþele de frecare ce apar la suprafeþele de contact dintre plãci. Deplasarea relativã a plãcilor unele faþã de altele (apropiere, îndepãrtare sau alunecare) duce la deformarea elasticã a rocilor superficiale (ceea ce genereazã o cantitate imensã de energie de deformare) pânã la un punct în care se rup brusc de-a lungul uneia sau mai multor falii. Aceastã rupturã brutalã a rocilor în punctul numit focar sau hipocentru constituie cauza seismului. Proiecþia epicentrului la suprafaþa pãmântului se numeºte epicentrul seismului. Unda de ºoc consecutivã rupturii se propagã cu mare vitezã ºi este însoþitã de eliberare de energie: efectul ei este vibraþia scoarþei terestre. Intensitatea unui seism caracterizeazã efectele lui la suprafaþa pãmântului. Intensitatea se mãsoarã cel mai adesea pe scara MSK (o scalã Mercalli modificatã), care nu este o scalã matematicã, ci una în 12 puncte ce descrie efectele seismului, observate pe teren, de la cele mai uºoare la cele mai devastatoare (veselã spartã, mobilã deplasatã, pereþi cãzuþi, clãdiri distruse, cãi ferate deformate sau chiar modificãri de relief). Intensitatea unui seism depinde de locul de observaþie ºi de mãrturiile populaþiei asupra efectelor constatate. Magnitudinea, mãsuratã pe scara Richter, evalueazã energia eliberatã în focarul seismului sub formã de unde seismice. Magnitudinea maximã constatatã pânã `n prezent este de 8,8. Un seism cu magnitudinea de peste 7 grade pe scara Richter este catalogat drept major. Magnitudinea unui seism este independentã de locul de observaþie ºi de mãrturiile populaþiei cu privire la efectele constatate. De notat cã între magnitudine ºi intensitate nu existã o relaþie veritabilã. Astfel, douã seisme cu aceeaºi magnitudine pot avea la suprafaþã intensitãþi diferite. De asemenea, douã seisme care au aceeaºi intensitate într-un punct pot avea magnitudini diferite. III. Câteva elemente despre seismicitatea þãrilor în care s-a desfãºurat cercetarea Seismicitatea Franþei continentale este moderatã. Seismele sunt de regulã superficiale, adicã focarul lor se situeazã în scoarþa terestrã. Ultimul seism important s-a produs la Annecy, în 15 iulie 1996 (magnitudine 5,2 pe scara Richter). România este în schimb una dintre þãrile europene cele mai active din punct de vedere seismic. Zeci de seisme au loc în fiecare an ºi sunt, în general, mai grave în sudul ºi sud-vestul þãrii. Banca Mondialã numãrã România printre þãrile cu risc seismic ridicat ºi evalueazã la 1,5 miliarde de dolari pagubele pe care le-ar putea produce un posibil seism major viitor. Agenþiile de rating, care realizeazã evaluãri ale riscului de þarã destinate investitorilor, þin cont, în cazul României, de riscul seismic (ca ºi în cazul unor þãri ca Japonia, de exemplu, dar nu ºi în cel al Franþei). Bucureºtiul ocupã locul 10 în clasamentul EFECTELE IMPLICÃRII ASUPRA REPREZENTÃRILOR SOCIALE ALE UNUI RISC... 107 mondial al metropolelor expuse riscului seismic ºi este capitala europeanã cea mai vulnerabilã la acest risc. Seismele majore, de mare intensitate, care dãrâmã clãdiri ºi produc sute sau mii de victime, se succed în România cu o frecvenþã aproximativã de 30-50 de ani. Astfel, secolul XX a fost marcat de patru seisme majore (magnitudine de peste 7 pe scara Richter), dintre care douã devastatoare (intensitate ridicatã): cel din 10 noiembrie 1940 (magnitudine 7,4) ºi cel din 4 martie 1977 (magnitudine 7,2). Ultimul seism devastator, survenit în 4 martie 1977, a fãcut 1 600 de morþi ºi 11 000 de rãniþi. La Bucureºti s-au dãrâmat mai multe clãdiri, iar pe ansamblul teritoriului naþional au fost distruse aproximativ 33 000 de locuinþe. Pagubele materiale produse de acest seism au fost evaluate la 2 miliarde de dolari. Cutremurul din 4 martie a marcat memoria colectivã a generaþiilor de români care l-au trãit ºi a descendenþilor lor. Românii îl citeazã drept cel mai teribil dezastru natural care a lovit vreodatã România. Institutul Naþional de Fizica Pãmântului nu se aºteaptã la un seism major înainte de 2006. În schimb, probabilitatea ca un seism major se sã se producã în intervalul 2006-2008 este de 75%, iar pentru intervalul 2006-2011 tinde cãtre 100% (Rãileanu, Enescu ºi Rizescu, 1996). Intensitatea la Bucureºti ar putea fi de 8 grade pe scara MSK. Percepþia riscului seismic în România: douã studii Din câte ºtim, singurul studiu românesc asupra percepþiei sociale a riscurilor colective a fost condus de Sorin Cheval (2003). Rezultatele lui, calitative, aratã cã seismele sunt hazardul natural cel mai temut de români. Acest rezultat este valabil atât pentru respondenþii care locuiesc într-un oraº seismic (Bucureºti), cât ºi pentru cei din oraºe cu risc seismic scãzut (Braºov, Oradea). Sorin Cheval explicã consistenþa acestui rezultat prin urmãtorii factori: (a) experienþa relativ recentã ºi tragicã a cutremurului din 4 martie 1977, (b) perspectiva unui seism major în viitorul apropiat ºi (c) frecvenþa subiectului în mass-media. Emil-Sever Georgescu et al. (2004) a chestionat locuitorii imobilelor din Bucureºti care prezintã un risc seismic ridicat ºi un pericol public. Din punct de vedere psihosociologic, ei constituie o populaþie specialã în sensul cã, de câþiva ani ºi în mod periodic, sunt expuºi informãrii din partea autoritãþilor în ceea ce priveºte consolidarea antiseismicã a locuinþelor lor. Pe de altã parte, 96% dintre respondenþi spun cã au trãit un seism puternic (pentru cei mai mulþi este vorba de cutremurul din 1977). Acest studiu aratã cã marea majoritate a participanþilor este conºtientã de riscul seismic, cunoaºte cauzele cutremurelor ºi pericolul pe care îl reprezintã. Douã treimi dintre respondenþi declarã cã sunt îngrijoraþi ºi cã vor sã facã ceva în legãturã cu riscul seismic. Însã ancheta pune în evidenþã ºi existenþa unor factori care limiteazã angajarea lucrãrilor de consolidare: faptul cã o persoanã trãieºte singurã, reticenþa în a contracta creditele necesare lucrãrilor, percepþia cã sprijinul din partea autoritãþilor ºi a asociaþiilor este insuficient, durata lucrãrilor apreciatã ca fiind prea lungã etc. 108 ANDREEA GRUEV-VINTILà Mãsuri de prevenire ºi protecþie împotriva riscului seismic în România În ultimii ani, autoritãþile române au promulgat, în afara normelor tehnice, mai multe acte normative referitoare la riscul seismic, ce privesc populaþia, dintre care citãm: Legea 106 din 3 octombrie 1996 însãrcineazã protecþia civilã, componentã a Apãrãrii Naþionale, cu prevenirea, protecþia populaþiei ºi participarea la limitarea pagubelor în caz de dezastru; Ordonanþa 20/1994 (republicatã în 2001) prevede mãsurile de reducere a riscului seismic care privesc clãdirile existente; programul aprobat prin Hotãrârea de Guvern nr. 791/2001 priveºte consolidarea antiseismicã a blocurilor de locuinþe multietajate construite înainte de 1940 ºi care prezintã un risc seismic ridicat ºi pericol public; Ordonanþa 54 din 16 august 2002 autorizeazã înfiinþarea Centrului Naþional pentru Reducerea Riscului Seismic (CNRRS). Dintre atribuþiile CNRRS citãm elaborarea noilor tehnici de consolidare antiseismicã a clãdirilor (în vara 2004, a fost finalizatã consolidarea a patru dintre cele 122 de clãdiri vizate în Bucureºti), editarea documentelor destinate educãrii paraseismice a populaþiei, formarea experþilor ºi promovarea cooperãrii internaþionale în domeniu; `n sfârºit, Ministerul Lucrãrilor Publice a lansat în mai 2003 un Ghid practic privind prevenirea ºi atenuarea efectelor seismelor ºi organizeazã în mod periodic conferinþe publice pe tema riscului seismic, cu participare româneascã ºi internaþionalã (în special japonezã). Ghidul practic propune publicului informaþii ºtiinþifice despre cutremure ºi comportamentul uman, însã Ministerul Lucrãrilor Publice deplânge distribuirea lui redusã prin intermediul primãriilor. Pe de altã parte, publicul larg frecventeazã rar conferinþele, al cãror auditoriu este compus în majoritate din specialiºti. Probabil cã aici atingem din nou chestiunea contrastului dintre gândirea ºtiinþificã ºi gândirea socialã ºi pe aceea a consecinþelor acestui contrast pentru percepþia socialã a riscului ºi educaþia paraseismicã a populaþiei. IV. Cadrul teoretic Abordãm gândirea socialã care intervine în percepþia riscului seismic cu ajutorul paradigmei reprezentãrilor sociale. În studiul nostru, obiectul reprezentãrilor sociale este deci riscul (ºi nu hazardul) seismic. Vom vedea în ce fel experienþa colectivã a cutremurelor (România vs. Franþa) influenþeazã reprezentãrile riscului seismic. Vom vedea apoi care sunt efectele variabilei psihosociale numite implicare asupra acestor reprezentãri. Potrivit formulãrii lui Moscovici (1961), prin reprezentare socialã înþelegem un corpus organizat de cunoºtinþe ºi o activitate psihicã ce permite ( ) indivizilor sã facã inteligibilã realitatea fizicã ºi socialã. Din perspectiva structuralã (pentru detalii, cf. Analiza structuralã a reprezentãrilor sociale. Modelul Schemelor Cognitive de Bazã din secþiunea metodologicã a acestei reviste), o reprezentare socialã este compusã din elemente ºi din relaþiile care se stabilesc între acestea. Operaþional, fiecare element al reprezentãrii poate fi indexat prin cuvinte EFECTELE IMPLICÃRII ASUPRA REPREZENTÃRILOR SOCIALE ALE UNUI RISC... 109 sau sintagme produse de indivizi, de exemplu prin asociere liberã. Studiul nostru s-a aplecat asupra structurii reprezentãrilor sociale ale riscului seismic folosind tehnica asociativã în cadrul chestionarului ataºat modelului Schemelor Cognitive de Bazã. Astfel, fiecare individ a dat trei rãspunsuri (elemente ale reprezentãrii) induse de cuvântul inductor (obiectul reprezentãrii). Modelul Schemelor Cognitive de Bazã (SCB) Modelul Schemelor Cognitive de Bazã sau SCB (Rouquette, 1990, 1994; Guimelli ºi Rouquette, 1992) analizeazã relaþiile între elementele reprezentãrii (de exemplu, douã elemente ale unei reprezentãri pot fi legate prin relaþii de echivalenþã, de opoziþie, de atribuire normativã etc.). Modelul SCB grupeazã aceste relaþii între elemente în Scheme Cognitive de Bazã. Prin urmare, acest model permite analiza finã a structurii unei reprezentãri ºi faciliteazã comparaþiile între diferite reprezentãri. Componentele normativã ºi funcþionalã ale reprezentãrii sociale În perspectiva structuralã, o reprezentare socialã se organizeazã în jurul unui nucleu central. El este cel care determinã semnificaþia reprezentãrii ºi, prin urmare, interpretarea realitãþii sociale. În funcþie de natura obiectului reprezentat ºi a situaþiei, nucleul central poate avea douã componente: una normativã, unde se aflã elementele utile pentru evaluare, care sunt mobilizate în situaþiile de tip socioafectiv, social sau ideologic; o componentã funcþionalã, constituitã din elementele utile pentru acþiune, adicã cele mobilizate în situaþiile cu finalitate operatorie. Modelul Schemelor Cognitive de Bazã (SCB) defineºte componentele normativã ºi funcþionalã ale reprezentãrii cu ajutorul urmãtoarelor scheme cognitive de bazã: schema atribuire, ce grupeazã relaþiile între obiectul unei reprezentãri ºi atributele lui evaluative ºi defineºte componenta normativã a reprezentãrii; schema praxis, ce descrie acþiunea ºi defineºte dimensiunea funcþionalã a reprezentãrii. Chestionarul asociat modelului SCB mãsoarã activarea unei reprezentãri sociale cu ajutorul indicelui de valenþã (Guimelli, 1993; Rouquette, 1994b; pentru detalii, cf. Analiza structuralã a reprezentãrilor sociale. Modelul Schemelor Cognitive de Bazã din secþiunea metodologicã a acestei reviste). Se definesc astfel: (a) valenþa atributivã (Va), ce mãsoarã activarea componentei normative; (b) valenþa praxis (V p), ce mãsoarã activarea componentei funcþionale; ºi (c) valenþa totalã a reprezentãrii. Valenþa totalã variazã de la 0 la 1; cu cât valenþa tinde cãtre 1, cu atât reprezentarea este mai structuratã (mai activatã). Când o reprezentare socialã este în echilibru, valenþa atributivã ºi valenþa praxis au valori apropiate de 0,5. 110 ANDREEA GRUEV-VINTILà Implicarea Pentru Rouquette (1997; Flament ºi Rouquette, 2003), în elaborarea reprezentãrilor sociale intervine o variabilã psihosocialã mediatoare numitã implicare. Implicarea rezultã din combinarea a trei componente: valorizarea obiectului reprezentat (VO), care este o estimare a importanþei obiectului reprezentat ºi este legatã de contextul social global al unui grup social: obiectul reprezentat este o chestiune de viaþã ºi de moarte (VO+) vs. o chestiune fãrã importanþã (VO-); identificarea personalã (IP), care este proximitatea estimatã faþã de obiectul reprezentat: este o chestiune care mã priveºte personal ºi în mod specific (IP+) vs. este o chestiune care priveºte pe toatã lumea, iar pe mine nu mai mult decât pe ceilalþi (IP-); capacitatea perceputã de acþiune (CPA), care este o gradaþie ce merge de la sentimentul de control total pânã la cel de neputinþã: þine numai de mine (CPA+) vs. n-am nici o putere (CPA-). Prin urmare, un model de schimbare în favoarea reducerii riscurilor, sugerat de teoria reprezentãrilor sociale, poate fi urmãtorul: Percepþia riscului ® implicarea ® noile practici ® + Context perceput ca ireversibil ® Noua reprezentare socialã ® ® Transformarea reprezentãrii sociale ® Prescrie noile practici Astfel, dacã percep riscul seismic ca fiind important (valorizarea ridicatã a obiectului, VO+) ºi dacã în acelaºi timp consider cã mã priveºte pe mine personal (ºi nu numai pe alþii , identificare personalã ridicatã, IP+) ºi cã am într-adevãr posibilitatea sã acþionez, în sensul cã pot preveni sau limita pagubele lui: în caz de cutremur, faptul cã mi-am fixat mobila de perete (comportament de prevenire) ºi mi-am învãþat familia sã se protejeze sub o masã (comportament de protecþie) ne poate salva viaþa (capacitatea perceputã de acþiune ridicatã, CPA+), atunci implicarea mea este ridicatã ºi prin urmare este probabil cã îmi voi schimba comportamentul legat de riscul seismic. Totuºi, adoptarea noilor practici nu antreneazã automat transformarea reprezentãrii sociale a riscului seismic: de exemplu, caracterul inevitabil al cutremurului face parte din aceste reprezentãri, despre care ºtim cã au o mare capacitate de rezistenþã ºi adaptare (cf. Rouquette ºi Rateau, 1998). În schimb, dacã indivizii percep ca imposibilã revenirea la practicile anterioare (de exemplu, dacã noile practici devin obligatorii prin lege), atunci noile practici pot deveni recurente în sânul populaþiei ºi se pot diversifica, ºi aceasta cu atât mai mult cu cât sunt valorizante (adicã dacã permit cel puþin menþinerea valorii, cf. Rouquette ºi Rateau, 1998). Cu alte cuvinte, când sub presiunea unui context perceput ca fiind ireversibil (aceastã ireversibilitate este o condiþie sine qua non) indivizii implicaþi, ºi ulterior o populaþie mai numeroasã, îºi modificã practicile, atunci condiþiile sunt întrunite pentru ca echilibrul vechii reprezentãri (care prescria vechile practici) sã fie rupt: reprezentarea trece atunci printr-un proces de transformare pentru EFECTELE IMPLICÃRII ASUPRA REPREZENTÃRILOR SOCIALE ALE UNUI RISC... 111 a se reajusta la noile practici. Ulterior, cea care va condiþiona, va constrânge (Rouquette, 2000) noile conduite relative la obiectul reprezentat va fi noua reprezentare. Aºadar, în ceea ce priveºte adoptarea conduitelor legate de riscul seismic, nu ne-ar rãmâne decât sã favorizãm implicarea populaþiei în condiþiile în care a fost instalat caracterul ireversibil al contextului social... (sunã cunoscut?...). Aceastã chestiune va fi însã abordatã într-un studiu ulterior. În cel de faþã, dintre componentele implicãrii expunem efectele uneia singure asupra reprezentãrilor sociale ale riscului seismic: este vorba despre importanþa ataºatã acestui risc (valorizarea obiectului reprezentat). V. Procedura Variabile Ne intereseazã aici în ce fel experienþa colectivã a seismelor (România vs. Franþa) influenþeazã reprezentãrile riscului seismic în absenþa experienþei individuale directe. În al doilea rând, ne intereseazã efectele variabilei psihosociale numite implicare asupra reprezentãrilor riscului seismic. Variabilele independente: a) Experienþa colectivã a riscului seismic: absentã (pentru participanþii francezi) vs. prezentã (pentru participanþii români). b) Componenta implicãrii numitã valorizarea obiectului reprezentat, adicã importanþa ataºatã riscului seismic: mare vs. redusã. Aceastã variabilã a fost operaþionalizatã experimental printr-un paragraf în care participanþilor li se spunea fie cã un seism este o chestiune de viaþã ºi de moarte care îi poate surprinde pe ei sau familia lor (valorizare puternicã a riscului seismic, VO+), fie cã el poate atinge þara (România, respectiv Franþa) fãrã a produce victime sau pagube materiale notabile (valorizare redusã, VO-). Variabila dependentã este reprezentarea socialã a riscului seismic. Variabilele dependente operaþionale sunt componentele normativã ºi funcþionalã ale reprezentãrii sociale. Am mãsurat aceste douã componente prin intermediul indicilor de valenþã calculaþi cu ajutorul procedurii asociate modelului Schemelor Cognitive de Bazã (SCB), limitat la SCB Atribuire ºi Praxis (modelul SCB 19/2). Participanþii au trebuit sã asocieze trei rãspunsuri inductorului cutremur. Concret, am mãsurat valenþa atributivã (V a), valenþa praxis (Vp), ºi valenþa totalã (Vt, un indice compus din precedenþii). Reamintim cã valenþele ridicate traduc activarea importantã a reprezentãrii (sau a componentelor ei normativã sau funcþionalã). Participanþi Chestionarul a fost distribuit unui eºantion francez (N = 114) ºi unui eºantion românesc (N = 210). Nici unul dintre participanþi nu a trãit un seism major. Vârsta medie în ambele eºantioane este de 21 de ani. 112 ANDREEA GRUEV-VINTILà Ipoteze 1. Presupunem cã experienþa colectivã a seismelor determinã structurarea mai puternicã a reprezentãrii riscului seismic. În virtutea acestei ipoteze, ne aºteptãm ca valenþa totalã a reprezentãrii sã fie mai ridicatã la participanþii români decât la cei francezi. Ne aºteptãm, de asemenea, ca valenþele atributive ºi praxis sã fie mai ridicate la participanþii români decât la cei francezi. 2. Presupunem cã valorizarea ridicatã a riscului seismic (adicã importanþa mare ataºatã acestui risc) determinã structurarea mai puternicã a reprezentãrii lui. În virtutea acestei ipoteze, ne aºteptãm ca valenþa totalã a reprezentãrii sã fie mai ridicatã la participanþii aflaþi în condiþia experimentalã valorizare ridicatã a riscului seismic (riscul seismic are o importanþã ridicatã) decât la cei din condiþia valorizare redusã (riscul seismic are o importanþã redusã). Ne aºteptãm, de asemenea, ca valenþa atributivã sã fie mai ridicatã la participanþii din condiþia valorizare ridicatã a riscului seismic decât la cei din condiþia valorizare redusã a riscului seismic. În schimb, nu ne aºteptãm la un efect al variabilei valorizarea riscului seismic asupra valenþelor praxis, întrucât aceastã variabilã, legatã de contextul global al grupului care a elaborat reprezentarea, este prin urmare legatã de componenta normativã a reprezentãrii, ºi nu de cea funcþionalã. VI. Rezultate ºi interpretare Atât conþinutul, cât ºi structura reprezentãrilor sociale ale riscului seismic elaborate de cele douã populaþii diferã. 1. Conþinutul celor douã reprezentãri sociale ale riscului seismic Din considerente de concizie, tabelul 1 prezintã rãspunsurile asociate inductorului cutremur dupã eliminarea hapax-urilor (cuvintele citate o singurã datã); aceasta explicã de ce suma procentelor diferã de 100. Se pot însã constata pattern-urile diferite ale rãspunsurilor asociate oferite de cele douã eºantioane (Chi 2 = 205.64, gdl = 128, semnificativ la p < .001, test realizat asupra totalitãþii rãspunsurilor). De notat cã elementele cu conotaþie afectivã (fricã, panicã, suferinþã, durere, teroare, tristeþe, disperare, nefericire, neliniºte, insecuritate, oroare, speranþã, milã) constituie peste un sfert dintre rãspunsurile eºantionului românesc (26,21%), faþã de sub o zecime (7,17%) dintre rãspunsurile eºantionului francez. Aceasta sugereazã cã ponderea componentei normative (afective?) în reprezentarea riscului seismic elaboratã de participanþii români este importantã. Cu toate acestea, ponderea ridicatã a elementelor afective (componenta normativã a reprezentãrii) la participanþii români nu ne permite sã presupunem nimic în legãturã cu ponderea elementelor utile acþiunii (componenta funcþionalã). Aceastã chestiune va fi reluatã din perspectiva structuralã a analizei reprezentãrilor sociale ale riscului seismic. EFECTELE IMPLICÃRII ASUPRA REPREZENTÃRILOR SOCIALE ALE UNUI RISC... Tabelul 1. Procentajele rãspunsurilor asociate inductorului cutremur în fiecare eºantion (clasament în ordinea descrescãtoare a procentajelor rãspunsurilor asociate oferite de eºantionul românesc) Rãspunsul asociat Fricã + panicã Victime Pagube Dezastru Moarte Catastrofã naturalã Secusã Haos Suferinþã Distrugãtor Rãniþi Dãrâmãturi Familie Teroare Durere Pericol Demolare Inevitabil Ruinã Alertã Imobile prãbuºite Tristeþe Disperare Nefericire Ajutoare Zgomot Epicentru Neliniºte Insecuritate A ajuta Cataclism ªoc psihic Cãdere Copii Oroare Acasã Sinistraþi Adãpost Procent din rãspunsurile eºantionului francez 4,66 13,98 13,98 0 9,94 7,76 4,04 0 0 7,76 0,93 0 0 0 0 0 0,93 2,48 1,04 0 0,62 0,93 0 0 0,62 0 0 0 0 0 0,31 0 0 0 0 0 0 0 Procent din rãspunsurile eºantionului românesc 14,83 10,53 8,77 6,54 6,22 5,26 2,55 2,23 2,07 1,75 1,59 1,44 1,44 1,44 1,28 1,12 1,12 1,12 1,12 0,96 0,96 0,96 0,80 0,80 0,80 0,64 0,64 0,64 0,64 0,48 0,48 0,48 0,48 0,48 0,48 0,48 0,48 0,32 113 114 ANDREEA GRUEV-VINTILà Rãspunsul asociat Agitaþie Câine Curiozitate Destin Scara Richter Speranþã Fisurã Fugã Isterie, Psihozã Imprevizibil Incendiu Inundaþie Lipsa de siguranþã a clãdirilor Plãci Replicã Risc Fãrã adãpost Protecþia civilã Cutremurul din 1977 Stres Pãmânt Tragic Dezechilibru Detaºare Devastat Blocuri care se clatinã Milã faþã de suferinþã Procent din rãspunsurile eºantionului francez 0 0 0 0,62 2,80 0 0,62 0 0 0,93 0 0 0 2,79 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 Procent din rãspunsurile eºantionului românesc 0,32 0,32 0,32 0,32 0,32 0,32 0,32 0,32 0,32 0,32 0,32 0,32 0,32 0,32 0,32 0,32 0,32 0,32 0,32 0,32 0,32 0,32 0,16 0,16 0,16 0,16 0,16 Elementele victime ºi pagube materiale sunt comune ambelor reprezentãri sociale (ºi sunt poate candidate la nucleul lor central). Totuºi, în afara acestor elemente comune, remarcãm contrastul între reprezentarea eºantionului francez, compusã în special din elemente descriptive ºi de origine ºtiinþificã (secusã, distructiv, scara Richter, plãci etc.) ºi cea a eºantionului românesc, mult mai diversificatã mai ales în ceea ce priveºte elementele factuale ºi explicative legate în special de efectele riscului seismic (fricã-panicã, dezastru, haos, familie etc.). Aceste rezultate converg cu cele publicate recent de Moliner ºi Gutermann (2004), care sugereazã cã pentru grupurile ce au un contact redus cu un obiect social, reprezentarea lui socialã îndeplineºte mai degrabã un rol descriptiv. Prin contrast, pentru grupurile cu un contact intens cu acel obiect social, reprezentarea lui îndeplineºte mai degrabã un rol explicativ. Rezultatele lor sugereazã o posibilã relaþie între orientarea descriptivã/explicativã a unei reprezentãri sociale ºi distanþa/proximitatea între membrii grupului ºi obiectul reprezentãrii. EFECTELE IMPLICÃRII ASUPRA REPREZENTÃRILOR SOCIALE ALE UNUI RISC... 115 Potrivit acestor autori, intensificarea contactului cu obiectul unei reprezentãri sociale îi determinã pe indivizi sã reorganizeze reprezentarea introducând în nucleul ei central elementele cu rol explicativ. Altfel spus, autorii sugereazã cã implicarea în practicile legate de obiectul reprezentãrii îi determinã pe indivizi sã foloseascã mai puþin elementele cu rol descriptiv. Întrebarea rãmâne însã urm\toarea: este vorba de implicare în sensul definit mai sus de Michel-Louis Rouquette sau de exercitarea acestor practici, adicã de experienþa cu privire la obiectul reprezentat? Orientarea descriptivã a reprezentãrii sociale este cu atât mai pregnantã cu cât indivizii sunt mai îndepãrtaþi de obiect, în timp ce orientarea ei explicativ\ se afirmã pe mãsurã ce distanþa lor faþã de obiect se reduce. În fond însã, ceea ce numim aici distanþã faþã de obiect se poate înþelege ca implicarea indivizilor faþã de obiectul reprezentãrii. (Moliner ºi Gutermann, 2004) Vom vedea acum care sunt efectele experienþei colective referitoare la obiectul reprezentãrii ºi cele ale importanþei ataºate acestuia (altfel spus, ale valorizãrii obiectului reprezentat, componentã a implicãrii) asupra structurii reprezentãrii. 2. Structura reprezentãrii riscului seismic 2.1. Efectele experienþei colective a seismelor asupra reprezentãrii riscului seismic (efectul de sit) Tabelul 2. Valenþele totale ale itemului inductor cutremur în funcþie de experienþa colectivã a seismelor Structurarea reprezentãrii Valenþa totalã V t Experienþ\ colectivã inexistentã (Franþa) Vt = 0,29 Experienþ\ colectivã existentã (România) Vt = 0,36 Rezultatele aratã diferenþe semnificative între valenþele totale ale reprezentãrilor elaborate respectiv de grupurile francez ºi român (F = 11,74 la p = .0006). Astfel, structurarea reprezentãrii sociale a riscului seismic la participanþii români este semnificativ superioarã celei a participanþilor francezi. Putem trage concluzia cã experienþa colectivã a seismelor determinã într-adevãr structurarea reprezentãrii sociale a riscului seismic. Acest rezultat confirmã prima ipotezã a studiului nostru. Îl numim aici efect de sit. Sã descompunem efectul de sit dupã componentele normativã ºi funcþionalã ale reprezentãrii. Tabelul 3. Valenþele atributive ale itemului inductor cutremur în funcþie de experienþa colectivã a seismelor Structurarea reprezentãrii Componenta normativã (valenþa atributivã Va) Experienþ\ colectivã inexistentã (Franþa) Experienþ\ colectivã existentã (România) Va = 0,46 Va = 0,54 116 ANDREEA GRUEV-VINTILà Rezultatele aratã diferenþe semnificative între valenþele atributive ale reprezentãrilor elaborate de grupurile francez ºi român (F = 13,54 la p = .0002). Putem trage concluzia cã experienþa colectivã a seismelor determinã structurarea masivã componentei normative a reprezentãrii sociale a riscului seimic (valoarea observatã a Va depãºeºte 0,5, valoare la care ne aºteptãm într-o reprezentare în echilibru). Acest rezultat este coerent cu ponderea importantã a elementelor conotate afectiv observate mai devreme în conþinutul reprezentãrilor. Tabelul 4. Valenþele praxis ale itemului inductor cutremur în funcþie de experienþa colectivã a seismelor Structurarea reprezentãrii Componenta funcþionalã (valenþa praxis Vp) Experienþ\ colectivã inexistentã (Franþa) Experienþ\ colectivã existentã (România) Vp = 0,19 Vp = 0,25 Rezultatele aratã diferenþe semnificative între valenþele praxis ale reprezentãrilor elaborate de grupurile francez ºi român (F = 4,88 la p = .02). Putem trage concluzia cã experienþa colectivã a seismelor determinã structurarea componentei funcþionale a reprezentãrii sociale a riscului seismic, elaborat\ de participanþii români. Este interesant de remarcat cã ºi în absenþa unei experienþe personale directe a seismelor (reamintim cã nici unul dintre participanþii români nu a trãit un seism major), componenta funcþionalã a reprezentãrii elaborate de acest grup este semnificativ mai activatã (mai structuratã) decât cea a grupului francez. Presupunem cã acest rezultat se datoreazã fie memoriei colective, fie unei forme de transmitere a practicilor legate de acest risc (în familie, la ºcoalã ). 2.2. Efectele implicãrii asupra reprezentãrilor: importanþa ataºatã riscului seismic (valorizarea obiectului reprezentat) Tabelul 5. Valenþele totale ale itemului inductor cutremur în funcþie de importanþa ataºatã riscului seismic (valorizarea obiectului reprezentat) Structurarea reprezentãrii Vt a reprezentãrii elaborate de populaþia fãrã experienþã colectivã (Franþa) Vt a reprezentãrii elaborate de populaþia care are experienþã colectivã (România) Importanþa ataºatã riscului seismic:mare (VO+) Importanþa ataºatã riscului seismic: redusã (VO-) 0,28 0,30 0,40 0,31 Rezultatele aratã un efect tendenþial al importanþei ataºate riscului seismic asupra valenþei totale (F = 3,00 a p = .08). Este posibil ca absenþa efectului semnificativ a EFECTELE IMPLICÃRII ASUPRA REPREZENTÃRILOR SOCIALE ALE UNUI RISC... 117 acestui factor asupra structurãrii reprezentãrii sã fie imputabilã unui efect secundar sau unei interacþiuni între importanþa ataºatã riscului seismic ºi distanþa la care se aflã membrii grupului de obiectul reprezentãrii (Zonabend, 1989). Absenþa efectului semnificativ se mai poate explica prin insensibilitatea componentei funcþionale a reprezentãrii (ºi deci a valenþei praxis, de care calculul valenþei totale þine cont) la factorul importanþa ataºatã riscului seismic. Vom vedea mai departe dacã aceastã a doua explicaþie, care trimite la a doua ipotezã testatã în studiul nostru, poate fi acceptatã; însã precizãri ulterioare sunt fãrã îndoialã necesare asupra acestui punct. Tabelul 6. Valenþele atributive ale itemului inductor cutremur în funcþie de importanþa ataºatã riscului seismic (valorizarea obiectului reprezentat) Structurarea reprezentãrii. Componenta normativã Va a reprezentãrii elaborate de populaþia fãrã experienþã colectivã (Franþa) Va a reprezentãrii elaborate de populaþia care are experienþã colectivã (România) Importanþa ataºatã riscului seismic:mare (VO+) Importanþa ataºatã riscului seismic: redusã (VO) 0,46 0,45 0,61 0,47 Efectul importanþei ataºate riscului seismic (valorizarea obiectului reprezentat) asupra valenþei atributive este semnificativ (F = 10,04 la p = .001). Aceasta sugereazã cã valorizarea puternicã a obiectului reprezentat structureazã componenta normativã a reprezentãrii. Rezultatul confirmã a doua ipotezã a acestui studiu. Este de notat ºi efectul semnificativ al interacþiunii între factorii experienþa colectivã legatã de riscul seismic ºi importanþa ataºatã acestuia asupra componentei normative a reprezentãrii (pentru valenþele atributive Va, F = 6,37 la p = .01): efectele acestor douã variabile independente nu sunt aditive, cel puþin în aceastã experienþã. Prin contrast, rezultatele sugereazã cã importanþa ataºatã riscului seismic nu are efect asupra dimensiunii funcþionale a reprezentãrii (efectul acestui factor asupra valenþei praxis este nesemnificativ). Aceste rezultate valideazã a doua explicaþie propusã pentru absenþa efectului semnificativ al importanþei ataºate riscului seismic asupra valenþei totale a reprezentãrii (cf. supra). Pe de altã parte, ele sunt coerente cu predicþia teoriei potrivit cãreia dimensiunea normativã a reprezentãrii se exprimã în situaþiile de tip socioafectiv, adicã în cele în care miza obiectului reprezentat este importantã pentru indivizi. 118 ANDREEA GRUEV-VINTILà Tabelul 7. Valenþele praxis ale itemului inductor cutremur în funcþie de importanþa ataºatã riscului seismic (valorizarea obiectului reprezentat) Structurarea reprezentãrii. Componenta funcþionalã Vp a reprezentãrii elaborate de populaþia fãrã experienþã colectivã (Franþa) Vp a reprezentãrii elaborate de populaþia care are experienþã colectivã (România) Importanþa ataºatã riscului seismic: mare (VO+) Importanþa ataºatã riscului seismic: redusã (VO-) 0,18 0,20 0,27 0,22 În sfârºit, modelul SCB sugereazã cã în starea staþionarã a reprezentãrii (la echilibru) valenþa atributivã ºi valenþa praxis tind cãtre 0,5. Ar trebuie sã fie cazul reprezentãrii riscului seismic elaborate de participanþii români. Or, deºi valenþa praxis a reprezentãrii este în orice caz superioarã în eºantionul românesc (sã reamintim cã participanþii francezi nu au experienþa seismelor, nici colectivã, nici personalã), ea rãmâne departe de valoarea de 0,5 la care ne aºteptam. Presupunem cã aceasta se datoreazã seismicitãþii din România: seismele majore, adicã cele cu magnitudinea de peste 7 pe scara Richter ºi intensitãþi mari, care jaloneazã memoria colectivã, survin cu frecvenþa de 30 pânã la 50 de ani (Georgescu ºi Sandi, 2000). Aceasta presupune cã transmiterea experienþei ºi a practicilor legate de seisme sare o generaþie. Este tocmai cazul participanþilor români la aceastã experienþã: ei nu au trãit un seism ºi, deºi beneficiazã de efectul practicilor colective, nu putem spune cã au ei înºiºi experienþa directã a seismelor; aceastã stare de fapt poate explica valorile reduse ale valenþei praxis. În schimb, componenta funcþionalã ºi saturaþia în elemente normative a reprezentãrii lor rãmân superioare celor ale participanþilor francezi, probabil din cauza experienþei indirecte de care beneficiazã participanþii români graþie efectului memoriei colective. Cercetarea continuã. VII. Concluzie Rezultatele confirmã ipotezele. Efectul de sit asupra structurãrii reprezentãrii riscului seismic este semnificativ. Astfel, structurarea reprezentãrii este semnificativ superioarã atât pe componenta normativã (mãsuratã de valenþa atributivã Va), cât ºi pe componenta funcþionalã (mãsuratã de valenþa praxis Vp) la beneficiarii experienþei colective a seismelor (participanþii români). În al doilea rând, rezultatele aratã cã implicarea ridicatã a indivizilor, tradusã prin percepþia cã riscul seismic este o chestiune de importanþã majorã, structureazã semnificativ ºi prioritar componenta normativã a reprezentãrii. În schimb, implicarea ridicatã a indivizilor nu are efect asupra componentei funcþionale a reprezentãrii. Cu alte cuvinte, de[i avem aici un rezultat cu aplicabilitate imediatã, faptul cã oamenii se simt ameninþaþi (ºi, mai mult, cunosc cauzele, manifestãrile ºi efectele seismelor ) nu înseamnã neapãrat cã vor ºi adopta conduite de prevenire sau protecþie. De unde necesitatea perspectivelor complementare pentru studiul conduitelor legate de riscurile colective în general ºi de riscul seismic în special (de exemplu, teoria angajamentului etc.). EFECTELE IMPLICÃRII ASUPRA REPREZENTÃRILOR SOCIALE ALE UNUI RISC... 119 În sfârºit, rezultatele acestei experienþe confirmã predicþia fãcutã de teorie potrivit cãreia componenta normativã a reprezentãrii se exprimã în situaþiile de tip socioafectiv, adicã în cele care au pentru indivizi o mizã puternicã. Aceste situaþii nu fac apel la componenta funcþionalã: aºadar, pânã la proba contrarie, aceste douã componente ale reprezentãrii par sã funcþioneze quasi-independent. Abstract: This study uses the structural perspective on the social representations. We test the effects of implication on the social representations of the seismic risk built by a population that has a collective experience of earthquakes (Romanian sample) vs. those who has no such experience (French sample). The results show that the representation built by the Romanians is significantly more structured than the one built by the French. This is true for both the normative component of the social representations (which gathers the elements used for evaluation) and for its functional component (which gathers the elements used for action), and even when the participants have not gone through a major earthquake themselves. The individuals implication was then manipulated according to Rouquettes model (1987). The results show that if the seismic risk is perceived as being an ultimately important matter, i.e., the individuals implication with this risk is high, then the normative component of the social representation is significantly structured. Instead, consistently with the theory, no effect of the implication was found as far as the functional component of the social representation was concerned. As a conclusion, some practical and theoretical consequences of these results are discussed, as well as the need to use complementary approaches when studying the behaviors related to collective risks (e.g., the theory of commitment). Résumé: Cette recherche sinscrit dans lapproche structurale des représentations sociales. Nous étudions les effets de limplication sur les représentations sociales du risque sismique élaborées par une population qui a une expérience collective des séismes (échantillon roumain) et une population qui nen a pas (échantillon français). Les résultats montrent que la représentation de léchantillon roumain est significativement plus structurée que celle de léchantillon français. Ce résultat est vrai autant pour la composante normative de la représentation (où on trouve les éléments utiles à lévaluation) que pour sa composante fonctionnelle (où on trouve les éléments utiles à laction), et cela même en labsence de lexpérience personnelle dun séisme. Par ailleurs, la perception du risque sismique qui en fait un enjeu important et définit un implication élevée structure significativement et avant tout la composante normative de la représentation, mais na aucun effet sur sa composante fonctionnelle. Quelques visées pratiques et théoriques de ces résultats sont évoquées, ainsi que la nécessité dapproches complémentaires dans létude des conduites liées aux risques collectifs en général et au risque sismique en particulier (e.g., théorie de lengagement). Annexe Questionnaire expérimental associé au modèle des SCB Donnez le plus rapidement possible les trois mots (ou expressions) qui vous viennent à lesprit à propos du tremblement de terre: Votre réponse 1: ............................................................................................. Votre réponse 2: ............................................................................................. Votre réponse 3: ............................................................................................. 120 ANDREEA GRUEV-VINTILà Vous allez maintenant justifier vos réponses. Jai répondu ........................................................................... (votre réponse 1) parce que ...................................................................................................... Jai répondu .......................................................................... (votre réponse 2) parce que ...................................................................................................... Jai répondu .......................................................................... (votre réponse 3) parce que ...................................................................................................... Inscrivez à nouveau votre réponse 1: .................................................................. Expressions des relations Un tremblement de terre est toujours caractérisé par votre réponse 1. Un tremblement de terre est souvent caractérisé par votre réponse 1. Un tremblement de terre est parfois, éventuellement caractérisé par votre réponse 1. Un tremblement de terre doit avoir la qualité de votre réponse 1. Votre réponse 1 évalue un tremblement de terre. Un tremblement de terre a pour effet (conséquence ou but), entraîné votre réponse 1. Un tremblement de terre a pour cause, dépend de, est entraîné par votre réponse 1. Un tremblement de terre fait votre réponse 1. Un tremblement de terre a une action sur votre réponse 1. Un tremblement de terre utilise votre réponse 1. Cest votre réponse 1 qui fait tremblement de terre. Un tremblement de terre est une action qui a pour objet, porte sur, sapplique à votre réponse 1. Pour faire un tremblement de terre on utilise votre réponse 1. Votre réponse 1 est quelquun (une personne, une institution ) qui agit sur le tremblement de terre. Votre réponse 1 désigne une action que lon peur faire sur (à propos du, en cas de, à légard du) tremblement de terre. Votre réponse 1 est un outil que lon utilise sur (à propos du, en cas de, à légard du) tremblement de terre. Un tremblement de terre est utilisé par votre réponse 1. On utilise un tremblement de terre pour faire votre réponse 1. Un tremblement de terre est un outil que lon peut utiliser pour votre réponse 1. Oui Non ? EFECTELE IMPLICÃRII ASUPRA REPREZENTÃRILOR SOCIALE ALE UNUI RISC... 121 Inscrivez à nouveau votre réponse 2: .................................................................. Expressions des relations Un tremblement de terre est toujours caractérisé par votre réponse 2. Un tremblement de terre est souvent caractérisé par votre réponse 2. Un tremblement de terre est parfois, éventuellement caractérisé par votre réponse 2. Un tremblement de terre doit avoir la qualité de votre réponse 2. Votre réponse 2 évalue un tremblement de terre. Un tremblement de terre a pour effet (conséquence ou but), entraîné votre réponse 2. Un tremblement de terre a pour cause, dépend de, est entraîné par votre réponse 2. Un tremblement de terre fait votre réponse 2. Un tremblement de terre a une action sur votre réponse 2. Un tremblement de terre utilise votre réponse 2. Cest votre réponse 2 qui fait tremblement de terre. Un tremblement de terre est une action qui a pour objet, porte sur, sapplique à votre réponse 2. Pour faire un tremblement de terre on utilise votre réponse 2. Votre réponse 2 est quelquun (une personne, une institution ) qui agit sur le tremblement de terre. Votre réponse 2 désigne une action que lon peur faire sur (à propos du, en cas de, à légard du) tremblement de terre. Votre réponse 2 un outil que lon utilise sur (à propos du, en cas de, à légard du) tremblement de terre. Un tremblement de terre est utilisé par votre réponse 2. On utilise un tremblement de terre pour faire votre réponse 2. Un tremblement de terre est un outil que lon peut utiliser pour votre réponse 2. Oui Non ? Inscrivez à nouveau votre réponse 3: .................................................................. Expressions des relations Un tremblement de terre est toujours caractérisé par votre réponse 3. Un tremblement de terre est souvent caractérisé par votre réponse 3. Un tremblement de terre est parfois, éventuellement caractérisé par votre réponse 3. Oui Non ? 122 ANDREEA GRUEV-VINTILà Expressions des relations Un tremblement de terre doit avoir la qualité de votre réponse 3. Votre réponse 3 évalue un tremblement de terre. Un tremblement de terre a pour effet (conséquence ou but), entraîné votre réponse 3. Un tremblement de terre a pour cause, dépend de, est entraîné par votre réponse 3. Un tremblement de terre fait votre réponse 3. Un tremblement de terre a une action sur votre réponse 3. Un tremblement de terre utilise votre réponse 3. Cest votre réponse 3 qui fait tremblement de terre. Un tremblement de terre est une action qui a pour objet, porte sur, sapplique à votre réponse 3. Pour faire un tremblement de terre on utilise votre réponse 3. Votre réponse 3 est quelquun (une personne, une institution ) qui agit sur le tremblement de terre. Votre réponse 3 désigne une action que lon peur faire sur (à propos du, en cas de, à légard du) tremblement de terre. Votre réponse 3 est un outil que lon utilise sur (à propos du, en cas de, à légard du) tremblement de terre. Un tremblement de terre est utilisé par votre réponse 3. On utilise un tremblement de terre pour faire votre réponse 3. Un tremblement de terre est un outil que lon peut utiliser pour votre réponse 3. Oui Non ? Bibliografie Abric, J.-C. ºi Guimelli, C. (1998), Représentations sociales et effets de contexte, Connexions, Logiques sociales de la connaissance, 72-1998/2, pp. 23-37. Bourrelier, P.-H.; Deneufbourg, G.; De Vanssay, B. (2000), Les Catastrophes naturelles: le grand cafouillage, Éditions Eyrolles (OEM), Paris. Cheval, S. (2002), Semnificaþia actualã a studiului hazardurilor naturale, Riscul în economia contemporanã, Editura Academica, Galaþi, pp. 118-121. Cheval, S. (2003), Percepþia hazardurilor naturale. Rezultatele unui sondaj de opinie desfãºurat în România în perioada octombrie 2001-decembrie 2002, în V. Sorocovschi (coord.), Riscuri ºi catastrofe, vol. II, Editura Casa Cãrþii de ªtiinþã, Cluj-Napoca, pp. 49-60. De Vanssay, B. (1998), Culture du risc, CEPR. Fischoff, B. (1994), The New York Times (1 februarie 1994), Goleman, D., Hidden Rules Often Distort Ideas of Risk. Flament, C. ºi Rouquette, M.-L. (2003), Anatomie des idées ordinaires. Comment étudier les représentations sociales, Armand Colin, Paris. Guimelli, C. (1993), Locating the Central Core of Social Representations: Towards a Method, European Journal of Social Psychology, 23, pp. 555-559. EFECTELE IMPLICÃRII ASUPRA REPREZENTÃRILOR SOCIALE ALE UNUI RISC... 123 Guimelli, C. (1995), Valenþa ºi structura reprezentãrilor sociale, Bulletin de psychologie, XLIX, nr. 422, pp. 58-72. Guimelli, C. (1999), La pensée sociale, PUF, Paris. Guimelli, C. [i Rouquette, M.-L. (1992), Contributions du modèle associatif des schemes cognitive de base à lanalyse structurale des represéntations sociales, Bulletin de psychologie, num\r special «Nouvelles voies en psychologie sociales, XLV, 405, pp. 196-202. Georgescu, E.-S.; Tojo, I.; Stamatiade, C.; Iftimescu, R.; Vl\descu, C.; Negulescu, C.; R\doi, R. (2004), Japan-Romania Knowledge Transfer for Earthquake Disaster Prevention Prepredness of Citizens in Bucharest, 13th World Conference on Earthquake Engineering, Vancouver, Canada, august 2004 (lucrarea nr. 2023). Georgescu, E.-S. [i Sandi, H.M.I. (2000), Towards Earthquake Scenarios under the Conditions of Romania, Proceedings of the 12 th World Conference on Earthquake Engineering, Auckland, New Zealand, ianuarie-februarie, lucrarea nr. 1699. Heijmans, A. (2001), Vulnerability: A matter of perception, Disaster Management Working Paper 4/2001 Benfield Greig Hazard Research Centre. Kirschenbaum, A. (2002), A Conceptual and Empirical Reevaluation, International Journal of Mass Emergencies and Disasters, 20 (1), pp. 5-20. Moliner, P. (1988), Validation expérimentale de lhypothèse du noyau central des represéntations sociale, Bulletin de psychologie, XLI, pp. 759-762. Moliner, P. (1993), Linduction par scénario ambigu: une méthode pour létude des represéntations sociales, Revue Internationale de Psychologie Sociale, 6, pp. 2, 7-21. Moliner, P. (1994), Les méthodes de repérage ºi didentification du noyau des represéntations sociales, în C. Guimelli (ed.), Structures et transformations des represéntations sociales, Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, pp. 199-232. Moliner, P. ºi Gutermann, M. (2004), Dynamiques des descriptions et des explications dans une represéntation sociale, Papers on Social Representations/Textes sur les represéntations sociales, 13, 2.1.-2.12. Rãileanu, V.; Enescu, D.; Rizescu, M. (1996), Shear Wave Polarizations of Low Magnitudine Earthquakes from Vrancea Region, Revue Roumaine de Geophysique, 40, pp. 45-56. Rouquette, M.-L. (1990), Sur la compositions des schèmes, Nouvelles études psychologiques (Université de Bordeaux), 4, nr. 1, pp. 17-25. Rouquette, M.-L. (1987), La chasse à limmigré. Violence, mémoire ºi représentations, Mardaga, Bruxelles. Rouquette, M.-L. (1994), Une classe de modèles pour lanalyse des relations entre cognèmes, în C. Guimelli (coord.), Structures et transformations des represéntations sociales, Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, pp. 153-170. Rouquette, M.-L. (1992), La rumeur et le meurtre. Laffaire Fualdès, Presses Universitaires de France, Paris. Rouquette, M.-L. (2000), Représentations et pratiques sociales: une analyse théorique, în C. Garnier [i M.-L. Rouquette (coord.), Représentations sociales et éducation, Éditions Nouvelles, Montréal. Slovic, P. (1986), Informing and Educating the Public About Risk, Risk Analysis, 6, nr. 4, pp. 403-415. Slovic, P.; Weber, E.U. (2002), Perception of Risk Posed by Extreme Events, lucrare prezentatã la conferinþa Risk Management in an Uncertain World, Palisades, New York, 12-13 aprilie 2002, <http://www.ldeo.columbia.edu/CHRR/RoundTabelul/slovic wp.pdf>. Slymaker, O. (1999), Natural Disasters in British Columbia and Inter-institutional Challenge, International Journal of Earth Sciences, 88, pp. 317-324. Smith, K. (2001), Environmental Hazards. Assessing Risk and Reducing Disaster, Routledge, Londra ºi New York. 124 ANDREEA GRUEV-VINTILà Tudor, B. (2003), Cutremurul, risc asigurabil (Le séisme, un risque contre lequel on peut sassurer), Editura Niculescu, Bucureºti. Twain, M. (1872), Roughing it, American Pub. Co., Hartford, Conn. Ultré-Guérard, P. (2004), citat din http://www.notre-planete.info/actualites/actu_316.php, Le satellite demeter, premier pas vers la prévision des seisme? Vlachos, E. (1995), Socio-economic Impacts and Consequences of Extreme Floods, U.S.-Italy research. Workshop on Hydrometeorology, Impacts and Management of Extreme Floods, Perugia (Italy), noiembrie 1995, http://www.iranrivers.com/TrainandResearch/PdF/ Rivers/35vlachos.pdf. Wegener, A. (1915), Die Entstehung der Kontinente und Ozeane. Vieweg, Braunschweig (reeditatã ºi revizuitã 1920, 1922, 1929; trad. în englezã de J.G.A. Skerl (1924), The Origin of Continents and Oceans, Methuen, Londra, trad. în francezã de M.F. Reichel (1925), La genèse des continents et des océans, Paris). Wilde, G.J.S. (1994), Target Risk. Dealing With the Danger of Death, Disease and Damage in Everyday Decisions, PDE Publications, Toronto. Zonabend, F. (1989), La Presquîle au nucléaire, Odile Jacob, Paris. *** (2002), Riscuri [i catastrofe (Risques et catastrophes) vol. I, ed. V. Sorocovschi, Editura Casa Cãrþii de ªtiinþã, Cluj-Napoca. *** (2003), Riscuri ºi catastrofe (Risques et catastrophes) vol. II, ed. V. Sorocovschi, Editura Casa Cãrþii de ªtiinþã, Cluj-Napoca. María Estela Ortega Rubí1 Social Representations of Poverty in the Mexican Groups. The Importance of Social Thinking Abstract: Due to the increasing social inequalities, poverty is at the core of social debates. However, the analyses of poverty remain in an epistemologically constrained realm, indicating a predilection for economical explanations, in the detriment of an apprehension of the social dimension. The classic studies have neglected a major aspect of the poverty problem, that of its social representation, fundamental in understanding the real stakes. Poverty is detached from its social and cultural context, from its everyday signification. What is poverty? Who are the poor? Compared to whom? What type of poverty are they subjected to? These questions have not ceased to preoccupy experts. This psycho-social study has the goal of analyzing the social representations of poverty in terms of the way in which the subjects think, perceive and experience poverty, acting as systems of appropriation and interpretation of reality, allowing individuals to guide their own behavior and practices. This study is divided into two parts. A qualitative method was applied, using semidirective interviews, content analysis, and a semantic approach through free association. Our population is composed of different groups of the Mexican society: the middle class; a population involved in fighting poverty in the context of non-governmental organizations; and those considered as poor. Results reveal a duality of social representations of poverty. In effect, we found a social-structural representation of poverty and a cultural-religious-moral one, two manners of thinking and experiencing poverty, two social representations that together are combined in a complex society, characterized by a historical and cultural syncretism. Introduction The emphasis on the social inequalities in the contemporary societies and the impressive consequences in the quality of peoples lives, appearing mainly with high indices in the poor countries, allowed in the last twenty years the phenomenon of the poverty monopolize a great part of the social debate appearing as one of the main objectives within the worldwide and national proposals such as Sustainable Development, the United Nations, the national plans of development in the case of Mexico, where the statistics show a high 1. Universidad Autónoma de Nuevo León, Monterrey, Nuevo León, México, e-mail: estela_ort_ [email protected]. PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale 126 MARÍA ESTELA ORTEGA RUBÍ percentage of the index of poverty and marginalization in different segments of the population which live in conditions of social vulnerability, instability and exclusion. This shows the imbalance of the progress, the contradictions between the social and the cultural realities that the population and the economic and technological changes display and that impose the rate of development. To be poor at this moment means not to have the essential resources to live; nevertheless, the consequences of this instability are much more serious, among which is the fact that the poor remain at the margin of mass media and information, which affects their civic participation. In Mexico, the 86,7% of the population lives in poverty (45,5% in indigences), those that fulfill the requirements of the norm or the three dimensions below with the minimum in each one of them: 1. Current income of the home. 2. The combination of the conditions of space and quality of the house, hygienic conditions. 3. The time poverty. (Measures in the Method of Measurement Integrated of Poverty or MMIP and 41,3% in non-indigent poverty) (Boltvinik, 1995/1999/2000) The investigations made on the phenomenon of poverty have approached important aspects of this problem, e.g. space, politicians contributing with essential data that allowed us to acquire further information on the problem. The different themes of the investigation range from the study or the lines of poverty, the unsatisfied basic necessities, going from the simplest studies of the phenomenon to the most complex, like the Index of Foster-Geer-Thorbecke or the Index of Sen, among others. These are the indices more frequently used when speaking of the measures and the concepts of poverty, the indicators that reveal the present state of the problem of poverty. Nevertheless, most of these models or indices of poverty conclude in data that turn around the accounting of the poor men, of the typology of poverty, of the degree of poverty that is lived and of the comparisons with respect to other populations. The studies on poverty based on these models have caused a theoretical-methodological controversy, because a a quantification criterion is adopted to define poverty. Different comparative analyses on the application of these indices have demonstrated that the definition of poverty depends on its results and their conclusions, that is to say, it depends on the methodology of each of the models. These investigations widely spread in this area have not proposed other alternatives of investigation that allow deepening in the problematic of the phenomenon. The economic or material approach taken to the different models of measurement of poverty although it is a fundamental source for the understanding of poverty, in our opinion it neglects the importance that the social dimension has in the reproduction of poverty; the traditional investigation on poverty separates the poverty from its social and cultural context, from its daily meaning, frame or context through which poverty becomes more dynamic and reproduces, without leaving aside the aspect of the economic situation. The investigation that we present in this text, within the frame of social psychology, proposes the study of poverty problem deepening in the social thought, which means to approach it from its meaning and social dimension, through the knowledge of the social SOCIAL REPRESENTATIONS OF POVERTY IN THE MEXICAN GROUPS... 127 representation of poverty (Moscovici, 1961), a fundamental aspect that allows the approach of the phenomenon from an exhaustive and insightful qualitative perspective in the social investigation of this complex and multidimensional problem that is poverty. The Importance of the Social Thought, Its Implication in the Social Reality For a long time the social psychology has had the custom to oppose the formal logic that the mathematical demonstration does not depend either on the subjects that produce it or on the circumstances of their production to the natural logic, the social thought widely determined in its social context (Grize, 1993). Apparently, this opposition seems simple, on the one hand favors the scientific knowledge with its logical and technical procedures, as well as with their inescapable principles of rationality that allow to treat the available information more objectively possible. On the other hand it would favor the common or popular knowledge, better known as common sense, a part of the social thought we see filtered in the beliefs, the rumors, the rituals, the magical practices, the religions and other important aspects of the social interactions, giving us the impression that this social thought includes us and circulates among us. The common social thought explains reality based on different premises in which rules and conventions seem evident, using them freely according to the moment, participating endlessly at the important activities of the social life and groups: social, political, economic activities, social movements, among others. Nevertheless, these examples through which we tried to present the manifestations of the social thought urge us to give a definition of this notion. In the first place, the social thought could be a kind of underlying sociocognitive process regarding the observable conducts, a process that comes from the individuals interactions and founds the way of operation of the society. A system of thoughts, visions of the world or a epistemology of the common sense (Garnier, 2002), the social thought expresses in the physical construction what the subject does of its environmental. These are two types of knowledge or knowledge acquisition that we have just described one standardized that looks for the truth, rational, logical, articulated, attached to rigorous rules, which means that it controls and formulates criteria to invalidate or to confirm its reasoning with universal objectives, and the other, not standardized, a natural thought that is innate, without any particular formation, socially shared and elaborated, aiming at immediate solutions; only individuals know what they know, articulating its meaning by themselves in their life, and not in view of an objective. These kinds of knowledge have been studied by the social science, adopting different labels and reviving debates on the ideas of: logic and myth, domestic thought and wild thought (Lévi-Strauss, 1962), logical mentality and pre-logic mentality (Lévy-Bruhl, 1922/1951), critical thought and automatic thought (Moscovici, 1981). In social psychology it has been considered the importance of the social thought and the impact of the old debate in opposition with these types of knowledge; authors like Moscovici and Hewstone (1984), Doise Clémence, Lorenzi-Cioldi (1992) have 128 MARÍA ESTELA ORTEGA RUBÍ distinguished these two types of knowledge, retaking the idea of scientific knowing and knowing of common sense. The advances made in this debate have permitted to conciliate these two types of knowledge in a process or circular relation, since they share diverse aspects, which means that there is the possibility for these kinds of knowledge to maintain a continuity, allowing to establish a process of influence between them. The impact or the importance of the social thought in understanding and constructing the social reality is that it projects on two essential ways of understanding the formation and the dynamics of the social reality, that is to say, the logic of the processes and the impact of the social thought on the action or behavior (Windish, 1989). Moscovici (1992) indicated that the study on knowledge of knowledge, referring to the scientist and the common sense, has stressed thought and not action and behavior. Here it comes the relevance of the study of the social practice and its relation with the social representations, judgments of value, attributions, attitudes, etc. The phenomenological opening and the great conceptual diversity that unfortunately correspond to the social thought determined the social psychologists to try and discern the great lines that structure it. Rouquette (1996) establishes that the structure of the social thought can be approached through these principles: to go from the most unstable or fluctuating elements to the more stable ones; and from the particular to the globalizing. See figure 1. Variability intra- and Inter-individual + Ideological level (beliefs, values, norms, + themata) Social representations Level of integration Attitudes Opinions Figure 1. Rouquette (2003): the global architecture of the social thought, double inverse scale of variability (inter-individual and of the integration level) It is important to remark three essential aspects in analyzing and understanding the social thought. The first corresponds to its functionality, the second to the necessary type of approach and the third to the diversity of the fields in which it is expressed. This way, the social thought has a role in the social relations between or inter-group and in the relations that groups and individuals establish with reality. Rouquette (2003) indicates that the common or general thought that belongs to any group of people is social, and this is not either by chance, or by hazard, but by nature. Then, it becomes implicit that what the subject thinks, how it thinks, transmits and what is the position displayed by it complete relations in such a way that these aspects turn out to be un-dissociable. This way, we tried to explain how individuals think about their everyday life. How do they understand their world? How do they use the information transmitted by science or the common experience? Why do individuals think that way about their everyday life? How do they imagine the objects? Considering the difference between the ideal of thought according to science and reason, and the reality of the thought in the social world, we made an effort to mainly SOCIAL REPRESENTATIONS OF POVERTY IN THE MEXICAN GROUPS... 129 explain this bifurcation and its impact in the everyday life on the understanding of the social reality through the study of the social representations. The Poverty in Mexico, Its Social Representation The comparison between the conditions of life of other populations, in this case the French, and the conditions of life that the Mexican population lives revealed important differences in the essential aspects of a quality of life like: the universal social security, the public security, the right to employment, familiar benefits, the subsidies to unemployment, the benefits for the house, among many other implemented social policies in the developed countries. The existence of these citizen rights, but in complementariness with the existence of citizen duties, as the regime of taxes in the French society, faced with the urgency to better understand this complex and multidimensional phenomenon that is the poverty, confirming the shortage of investigations that consider the social dimensions relevant, shows that it is essential to develop another way of complementary study besides those lines of investigation already known in this field. This would motivate me to investigate the problem of poverty in Mexico, starting from a review of poverty based on its economic analyses, trying to understand the social thought of the people who undergo this problem. I tried to show in this investigation that the everyday reality of the people who are in critical condition is constructed by other dimensions that exceed the material dimensions. The psycho-social approach of this investigation allows to better understand poverty, considering its social representations like analysis object. In effect, the social representation whereas knowledge of the common sense allows to approach the way to imagine poverty in everyday life and the way in which the social representation, being a type knowledge elaborated and shared by a social group, can structure the social reality and give meaning to behaviors (Jodelet, 1989; Moscovici, 1961/1976). The investigation contributes to a multidimensional analysis, revealing that representation is constructed from meanings created in the relation that settles down in the interaction with the other in the course of the inherent interchanges of the everyday life, communication being one of the high-priority means of the existence, and transmitted through language. This investigation on the social representation of poverty has among its primary targets: to know the common meaning of poverty, that is to say, its social representation. In other words, how people construct their vision of the world, of the social reality in relation to this object, to know which is the social representation of poverty, how think, perceive and suffer poverty in their everyday life? (Ortega, 1999/2000/2003). The objective that we set out of disarticulation of the object to organize its reconstruction through the study of the social thought, from the social representation, is essential to indicate the incoherence of speeches and the social practices implanted and to insist on the importance of the social aspects, such as the cultural context and the partner-affective dimension, in order to give up the absolute ideas and slight knowledge on poverty and to consider the social mechanisms, the importance of the everyday life and the common sense. The French sociologist Serge Paugam (1991a, 1991b, 1993, 1996a, 130 MARÍA ESTELA ORTEGA RUBÍ 1996b, 1996c, 1996d, 1997, 1998, 1998b), a specialist on the poverty and social exclusion, indicates that it is indispensable that the social science and the investigators in this field integrate this task as a guide for analysis and an alternative to their own development. This investigation shows this process of disarticulation and reconstruction of poverty, the results allowing us to speak of the duality of the social representation, two ways of thinking and suffering poverty, two representations that go together, mixed in a complex society marked by a historical and cultural syncretism. Another primary target of this investigation is to provide a place for the qualitative investigation in the analysis of the frequently quantitatively analyzed social problems, as it is the case of poverty. To give importance to the psycho-social investigation regarding poverty, moving us away of the consecrated works on this subject, took us to consider within our theoretical frame, the investigations within the historical field, supporting us in some datum points near our investigation. These investigations were privileged, we notice that in Europe there are more social investigations on poverty that in Latin America. In these works, poverty is approached from a historical-graphic perspective, which would be revealed near our objective, by approaching its social meaning. In our investigation this historical aspect is important, since it allowed us to compare and to differentiate the social treatments of poverty in both countries (France-Mexico) and to notice the process of rationalization of poverty in Europe. It is in this comparative context that we located the result of the investigation and the importance of its results in the organization of the social policies in Mexico. See index 1. Method As for the methodology used in this investigation, it is essentially a qualitative method, implying discovery. The empirical work was carried out in Mexico City, the Center zone and colonies of the metropolitan area and the environments of the Mexico City, pertaining to the State of Mexico. The sample is composed by the following groups: an implied population fighting poverty pertaining to the nongovernmental organizations (NGO) (assets organizers and collaborators: assistants, social workers, specialized educators, volunteers); a middle class population divided into superior and inferior (professionals: engineers, dentists, doctors, lawyers, computer scientists, administrators, sociologists, artists, journalists, etc. and technical workers, independent workers, housewives, merchants); a population defined as poor with two types of identification: a physical objective-identification (unemployed, farmers, workers, homeless children, natives, indigents); and a subjective indentification based on the emotive-affective aspect (people who dont want to work, with no values, no ambitions, etc.). Our interest in the speech of the poor men during the investigation is based on three aspects: theoretical, methodological and ethical. We considered that the subjects identified as poor have their own knowledge which is to recognize its autonomy. Two sociological criteria for the selection of the population have been considered, evaluating SOCIAL REPRESENTATIONS OF POVERTY IN THE MEXICAN GROUPS... 131 them as significant in relation to the problem of poverty and to the existing relation between the social representations and the social practices: the socioeconomic position and the implication of the people in the struggle against poverty. Considering that in the present societies the poor men do not form a real group with clear limits, since an objective ground of poverty does not exist, all theoretical and methodological approach of the notion of poverty and the identification of the poor men are forced to fix and to validate categories that in reality are always irregular and inevitably fluctuating. An epistemological and practical confrontation appeared when identifying this group and in order to solve this difficulty we decided not define a priori this group, but to accept the reference of the descriptive criteria on the poor men who would appear in the identification provided by the other groups of the sample and that the description would be part of the social representation as well. See figure 2. Middle class Superior Inferior Implied Poor men 30 30 20 20 Total 100 Figure 2. Sample The instruments used for collecting the data were determined by two aspects that condition the validity of the results: the empirical aspect, that is to say the nature of the investigation object, the type of population and the context in which the survey would be developed. The second aspect, using the theory of the social representations, is the theoretical one (Moscovici, 1961/1976). The study of the social representations implies two methodological procedures, considering both components of a representation: the content and its organization (Abric, 1994). Two instruments for collecting data were considered to approach these two characteristics of representation, the free association technique and the semi-directive interview. The free association technique allowed us to approach the semantic field of the social representation, the meaning and the organization of the linguistic structures. For the treatment and the analysis of the data were used the analysis of thematic-categorical content (Bardin, 1991; Ghiglione and Beauvois, 1980) and the analysis of the significant coefficient (the frequency and the average rank) respectively (Silvana de Rosa, 1988; Vergès, 1989/1992). The analysis of the registry focused on the following subjects: the meaning of poverty in everyday life, the discourse on the poor men, the relation established with them, the causal explanations of poverty, the relation established between the representations and the social practices; among the most significant for the social representation, these subjects allowed us to form the interview guide. The approach of these subjects and their analysis allowed us to conclude our results of the investigation: the existence of a duality of the social representation of poverty in Mexico. 132 MARÍA ESTELA ORTEGA RUBÍ Results The data analysis allowed us to conclude that there are two social representations of poverty in the groups that integrate the sample: a structural-social one; a cultural-religious-moral one. These two social representations are structured by different contents and elements that take them to their specificity and have relevance with respect to the object of the social representation, poverty. See figure 3. Structure and organization of the content Structuring elements Structuring elements Job Values Religion Believes Education Moral Knowledge Prejudice Implication Stereotypes social problem inner problem to the individual Figure 3. The duality of the social representation of poverty From the results of the analysis one can recognize the sociocognitive structure of poverty, its social representation (figure 3). In the Mexican population, the deep structure of poverty can be learned from the two relatively different social representations, which are not opposed, in spite of the difference of their contents, these appear complementary. When dealing with the problem of poverty, this investigation shows that there are not evident to give either an objective definition, or a general characterization of poverty SOCIAL REPRESENTATIONS OF POVERTY IN THE MEXICAN GROUPS... 133 and of the poor men in Mexico; the results allow us to identify the functioning mechanisms of the social thought in respect to this phenomenon. In each social representation there have been identified the dimensions and the elements that their contents characterize, with significant elements that they structure more or less, the social representation. Certain elements reveal the clearer way of the specific nature of representations, how they articulate and which are the links established by subjects at cognitive level with the elements of each one of the representations and of the positions in which the subjects are located. The different dimensions summarize and condense, simultaneously, the way in which the subjects learn and reconstruct the represented object. What does this object means for them? How are they positioning themselves in relation to this object? Which is the importance given by the subjects to the different dimensions and elements? The Structural-Social Social Representation of Poverty The content and the structures of this representation have been revealed by a descriptive speech denoting knowledge of the phenomenon, as well as a cognitive process where the structure of the reasoning and its argumentation are more elaborated. The speech of this representation is frequently marked by the attempt to understand and to analyze the problem of poverty. The population having this representation is the superior middle class and the implied population, which means that a high sociocultural level and a privileged profession, as well as the direct implication in the problem of poverty, are related to the decentralization, which has been habitual in a speech where the object turns to a cognitive work, to a speech in which explanatory and critical factors are looked for. Moscovici would describe this as a critical thought. In this social representation, poverty is considered a structural problem, constantly attributed to the organization and political operation, to the problems of corruption and to the economic decisions, implying a social problem that needs the collective action to find solutions. The structural and organizational dimensions of this speech are constituted mainly by the relation with work and the development of the acquired knowledge through education. These two elements are considered the main means to avoid the condition of poverty. Also, these two basic elements extend their meaning and provide some of the diverse forms to make a typology of poverty: poverty of knowledge, poverty of opportunities, cultural poverty, political poverty, poverty and dependency. As for the relation between the structural-social representation and the important social practices, being able to describe the possibilities of a change through its interaction with the social representations, we concluded that the implied subjects express a clear objective and precise speech. This shows a deeper knowledge of the problematic of poverty and poor men, based on his related experiences, the same that are bound to their system of values and a knowledge integrated in their practices, in the interaction established with the poor men. This group manifested in its speech that the most advisable way to help the poor men is satisfying its basic necessities in relation to work and education. Within this social representation help is considered a social responsibility, 134 MARÍA ESTELA ORTEGA RUBÍ from the exposition of this representation in which the poverty is a structural problem. This confirms the principle referring to representations and social practices according to Abric, One cannot dissociate representation, speech and practice. These form a whole (Abric, 1994). The relation that settles down with the poverty on the part of the groups non implied, present more frequently in the groups of the middle class, in most cases it is a relation or moved away interaction, poverty is placed outside their everyday life. We cannot forget that the daily aspect is a principle of organization of society; nevertheless, in this case poverty is nonexistent for most of the subjects in these groups. That means that the outer world is opposed to the consciousness, which implies the existence of a psychic activity, the thought and the reflection. In this case, the subjects make contact with poverty in the outer world outside their routine character; this indicates that the object does not exist in thought in this case poverty , this way not existing a critical and deep reflection. Most of the interviewed people from this group said that they have contact with poverty on their way from work to home. This phenomenon appears in a way to think about poverty, which is located far from the subjects surroundings, if we consider the mobility terms, and the passage appears as the space to cross repetitively, that is to say, allowing to cross from one side to another without having a deep cognitive activity about the object, in other words without reflecting, therefore the problem of poverty is an external one, the daily aspect is not expressed or noticed, since it is experienced without theory, nor distance. In comparison with the previous aspect, for the implied, the relation established with poverty exceeds the superficiality of the visual contact that the group of the middle class displays. The subjects implied in contact with poverty have a social representation in congruence with the type of interaction that stays with it and with the poor men. The way to speak about the poor men allows us to differentiate two speeches in these two social representations, which emphasize the duality of the social representation. Although in this structural-social representation poverty is considered to be a political, economic and social problem, there also are, within a smaller percentage of the population, prejudices that relate poverty to a conformist attitude, a lack of capacity, and a low self-esteem, which Moscovici (2002) would recognize as the stigmatic thought associated to desire, everything that motivates and directs our thought. Moscovici indicates the existence of two types of desire, one related to comparison: distinguishing characteristics like prejudices and stereotypes, being marks of the thought equivalent to the corporal marks in the system of discrimination, and the other related to the social recognition: this would correspond to the symbolic thought. Tajfel (1978, 1981) would make reference to the discrimination between the in-group and the out-group. An identity process appears in the way they categorize and speak about the poor men. One states the difference of the judgments made referring to the category of the poor men. The implied group uses less the categories of property to identify and to speak about the poor men, that is to say, this group emphasizes the similarities between the elements that characterize the poor men. The opposite happens in the non implied group that uses more categories or elements when speaking about the poor men, accentuating the differences between the elements that characterize them, passing from the economic aspect to the affective one, going through stereotypes, prejudices. The identity is restored SOCIAL REPRESENTATIONS OF POVERTY IN THE MEXICAN GROUPS... 135 from organizations of the same one and its groups of property whereas its cognitive structures related to the representational thought (Baugnet, 1998). Remembering studies made by Tajfel (1978/1981) on the accentuation of differences or of similarities in judgments between people inside and outside the group, and also the ones made by Sherif (1961) on experiences called techniques of the personal categories, who concluded that when the commitment of a person is intense in the studied field, he/she will use less categories to classify or to identify, the opposite happens to the individuals that are less jeopardized in the studied field who will use more categories for the same task of classification or identification; in the case of this investigation, we can confirm the existing difference between the numbers of used categories used to recognize and to speak about the poor men, between the implied and the not implied group. The first one, including subjects more involved in the problem of poverty and the poor men by their professional activities, uses fewer categories to identify this social group; the opposite happens to the non implied population. This relation also appears in the processes that accompany the social comparison and the social identity. This concept articulates the cognitive process of categorization and of the social property. The social identity is the psychological structure that makes the relation between the individual and the group, in the sense of being able to produce categorical processes and behaviors. The speech of the not implied superior social class is a sample of the operation of this relation, for in this group the poor man is never represented as a close person. In this way, this group maintains its identity through the strategies that allow it to maintain the similarities and the differences between persons from their group and those they consider poor men. This process of identity allows the subject to compare himself with the others, expressing the similarities, their positive identity and maintaining differences. Social positions that can be understood as asymmetrical (unequal status) or symmetrical (same status). The theory of the social comparison asserts that it is not only useful for finding similarities between the groups, but also for discovering the differences (Festinger, 1954). With respect to the causal explanations of poverty, this problem has been approached by one of the questions of the semidirective interview. Why do you believe that a poor man is poor? The interest of this subject related to the causal attribution is to know the information that the subject uses to explain poverty and the way in which it organizes his causal attributions, briefly. What do they know about poverty? It has been noticed in the analysis of the data that most of the subjects of the non implied groups explain poverty on the basis of the action of the people, their behavior. That is to say, the causes of poverty are attributed to the people and not to the external conditions. The opposite happens to the implied subjects that attribute the causes of poverty to external factors. In the investigations made on the social causality (Heider, 1958; Hewstone, 1989; Moscovici, 1996) there have been stated the existing differences between the attributions made by the observer and by the actor, which is simply in a different treatment from the information, explaining social reality in a different way, the actors, in this case, the implied group and a minority of subjects of the superior middle class, prefer the external factors to the internal factors preferred by the observers. From these results we can conclude that the implication in the problem is of great importance the direct bonding and the interaction with the poor men to establish a 136 MARÍA ESTELA ORTEGA RUBÍ social change with respect to the problem of poverty. As the case of the implied group appears, than by its implication and its role of observer attributes the problem of poverty to external factors, to policy, to corruption, to economy. The opposite happens to the not implied, who display judgments in which the causes of poverty are attributed to the behavior and the attitude of the poor man, to internal factors. The relation between the social representations and the social property does not imply the existence of a direct correspondence, this relation shows the existence of privileged bows at least. The Cultural-Religious-Moral Social Representation of Poverty The other social representation of poverty, the cultural-religious-moral one, is organized and structured by a noticeable speech mainly by the affective-emotive dimension. The social representation of poverty is related in a significant way to the religious element connected to the beliefs and the opinions that appear in this representation. This important and organizing element of the content of representation is related to a set of moral, affective and spiritual values in the culture and expressed in this social representation of the poverty. In a high percentage, the speeches are characterized by the lack of descriptive and analytical elements, but they are characterized by a content that frequently condemns and judges the poor man considering him as a person who does not want to escape poverty, who does not like to work, does not have any motivation or knowledge. In this representation, poverty appears to be an individual problem, bound to conformity, apathy or the determining aspects like history, the poverty of birth, the existence of rich and poor as a normal social fact. In which one its about the social practices, that in this case, this representation appears in the non implied groups (superior middle class) in a smaller and inferior percentage, the data show that the reactions of the people are essentially affective-emotive, they prefer not to try to understand or to find solutions to the problem of poverty, simply the future of the religious belief is delegated, the religious faith is seen as the only support of the condition of poverty. They do not take distance, or a critical reflection towards the problem of poverty, the speech is only a prolongation of the affective states. With respect to the religious element, this partner-symbolic element has a significant place in the figurative-central nucleus of the representation. Its centrality or saillance is explained by the capacity to relate several elements like values, morality, beliefs, attributions, attitudes among others, from which the subjects learn and reconstruct the representation object. This element does not display a quantitative property; the evidence of its importance in the representation are its symbolic value and its associative power. This religious dimension displays diverse variations related to several significant aspects of poverty, among which: to believe and to benefit from the protection of God, the influence and the impact of the religious belief in the social relations, the personal life, the sacrifice of life, the happiness, the social importance of the belief, the inter- SOCIAL REPRESENTATIONS OF POVERTY IN THE MEXICAN GROUPS... 137 ventions of God in the everyday life. We evoked here the importance of the beliefs binding them to the culture, learning on the reference made by Deconchy (1993); A belief appears frequently like data strongly marked by a culture, a society and a history. According to Joulé (1992), the notion of belief is always undissociable from a social problematic; this would imply that belief has collective foundations, in other words it is the product of interaction and social communication. The social interactions that exist in the groups used in this investigation take place articulating affective elements like the stereotypes and the prejudices, implied in an identity process. Moscovici (1997) indicated that when in these processes there are prejudices, there are beliefs and non-cognition. The intervention of the religious dimension in the social representation of poverty varies depending on the group of property and the degree of implication. This way, a difference appears between the poor men, who experience religion through the belief in divinity, in magic, in miracles, and the other groups, who display a commitment more marked by the practice of the cult and of its way to react to the poor men. In this social representation of poverty, a magical interpretation exists, the subjects attribute the causality of poverty to bad luck, to destiny, God, life. The elements that take part in this way to structure the social thought are of a subjective, symbolic and affective order. The cultural dimension includes the speech about the poverty in this social representation and one can identify a typology of different ways to imagine poverty: the spiritual poverty, the poverty of values, the poverty of affection, the poverty related to the non-belief in God, the poverty of the soul, the poverty of feelings. As well, the religious dimension is a form of collective memory, the language, the beliefs and the traditions through which it manifests itself allow their persistence and its conservation. The affective dimension of identity and of memory according to Jodelet (1992) has the function of legitimizing and valuing. In this investigation we can recognize a common pattern of the religious beliefs, in addition to a valuation of the behaviors and the traditional values in relation to poverty, which we considered strategies of an experience. The affective contact with poverty in this representation appears in relation to the identification of poverty in the personal life: the solitude of the soul, the lack of values and the lack of spirit. In this social representation, the causal attribution appears touchingly segmented in thematic ruptures, associations of ideas and subjects integrated by an associative thought loaded in most of the cases affectively and emotively. In the discursive work the system of values is significantly linked to religious dimension, being the first element that counts in giving an answer to all the questions with respect to the poverty situation. In figure 3, one can notice that a common space is shared by the two social representations. This space includes the central idea of poverty, that is the identification of poverty with the lack of the essential resources. This idea is significant because it constitutes one of the central dimensions in the two representations. The central idea of a situation of deficiency or absolute deprivation has a main paper in the content and structures of the representation referring to the material aspects. Nevertheless, to talk about this central idea and to comment its importance in the representation does not mean that this is the most important dimension, nor the most significant. The analysis 138 MARÍA ESTELA ORTEGA RUBÍ shows that this subject referring to the material aspect of poverty is the starting point of the reconstruction of the social representation, mixing itself with the social-symbolic dimensions that structure the social representation of poverty in a dual meaning. Until now we have not spoken about the sample integrated by the people considered poor, so it is possible to indicate here that to enter itself in the social representation that this population has about poverty means at a first moment to stress the stigmatization that the poor people suffer from the other groups. See index 2. The Poor People and Their Social Representation of Poverty A part of the sample of this group has been considered as implied in the struggle against poverty, but its implication does not go in the same sense as the other implied group, so to say of aid, that belongs to the nongovernmental associations. The implication of the poor people in the struggle against poverty is identified to have an immediate objective, to find solutions to the problems about which they complain in that moment. These subjects have been selected in situations that alter their stability and that have been struggling against the poverty, which appears in the form of manifestations, strikes, etc. The implication of this group is very important in the social representation, since from this special implication we can observe that the way to think about poverty becomes more critical and deeper. The people of this group go through a difficult stage that allows them to acquire immediate reference points and thus to have once again a more analytical and deeper opinion. This perspective on the problem of poverty does not mean a clear knowledge of the problematic, from our interpretation, these subjects are in a difficulty situation and that is why they enter a process that debilitates little by little the cultural bow: religious beliefs, magical ideas, determinism, among others. The cultural-religious speech and the moral of poverty happen to be a more social speech. The group of the not implied poor people presents an integration of the condition of poverty in its identity (of the individuals and the group) in such a form that the way to face it is bound to a attitude of resignation, to the lack of power to the problem, as well as to the beliefs, which appear as sociocognitive strategies. To live the everyday life in a precarious stability or in poverty does not allow being in another state of reflection. In other cases poverty is attributed to the others, as we had already mentioned it, poverty is an object placed at a distance from the individuals. In the social comparison and the social identity, when compared to others, the subjects are going to prioritize the positive identity as a group, different from an intra-group comparison where the subject will give priority to his positive identity as an individual. In addition, the interpretation of this particularity is that this distance or ignorance of poverty starts from our analysis supported by the historical revision of the social treatment given to this phenomenon from one of the principles of the Christian thought, which says to hide poverty rather than show it to the others, in other words, to live in resignation, valuing the virtue of humility, implying the idea thinking about poverty as something shameful. This attitude towards poverty registers within a logic that considers poverty to be an individual problem associated to a negative prejudice. SOCIAL REPRESENTATIONS OF POVERTY IN THE MEXICAN GROUPS... 139 As for the causal attribution of poverty, we can see in the group of the poor men a dissolution of the stereotype, of the stigmatization; the poor will be considered people who do not have motivation for work and who are not conscious of their situation from the perspective of the other social groups. This stigmatizing attitude towards the poor people has its roots in the lack of understanding the interactions between the different social groups, which is part of a perception different from the things, of an absence of common experiences in which the references towards the others and the things do not reflect the same living world (Brun, 1996). See index 2. Discussion This paper shows that not only the space, the economic or political dimensions are important in order to analyze the problem of poverty. In addition to these there is a cultural dimension as the one of the main elements of the social representation, evidently bound to the previous ones, but left in the investigation because of the complexity and controversies that this one imposes. The culture is transmitted in most cases by the inheritance left by generations who passed through the social interactions, being a collective product, result of the social interaction. An important percentage of the inhabitants of Mexico City presents rural origins due to the migration (presented previously), a result of the decomposition of the rural structures. The material conditions and the emotional state of uncertainty, hopelessness faced by a part of the urban population allow the continuity and reinforce the reference to the cultural aspects like the beliefs, the traditions, the values, the language, the symbols. This cultural-historical context is the logical system that gives an individual the resources of orientation in a social and material environment providing him the resources to adapt and to dominate it. In addition, it allows him to find the security and the stability that can maintain his cultural identity in front of the others. Thus, the precarious conditions create a belief necessity. These two social representations that is why we speak of a duality in the social representation of poverty reveal the composition of the Mexican identity, the cultural fragmentation constituted by an indigenous Mexico and a modern Mexico. As Octavio Paz (1974) says, a society marked by a syncretism that alternates between the conscious and the unconscious aspects, between objective and subjective, permanent and transitory. The social representations distributed in a social group and that remain present during a long time are considered cultural representations (Sperber, 1984). Trying to investigate the cultural character of the representation, we must consider the following questions: why these representations are more extended in a population, which factors and which conditions make probable the repeated communication of this type of representation and which are the social consequences that can entail? This investigation shows the existence of a cultural-religious-moral representation of poverty that persists in the values, in the religious and traditional beliefs that not only express it but they root and give it continuity, without any possibility of another deeper reflection. The description of the duality of the social representation of poverty that we come to expose gives us the opportunity to place this study in a much more extensive context, in 140 MARÍA ESTELA ORTEGA RUBÍ which not only we can analyze the problematic of poverty, but also in Mexican reality. The elucidation of the social representations allows us to locate the social reality of a country like Mexico in a critical and comparative analysis related to the knowledge and the social treatment that the poverty had. Comparing this social reality with the one of other countries in which the social policies are of great importance to improve the standard of living, as in the case of the European societies and particularly of the French society, the social representations on poverty which circulated in the past were object of a rationalization process, of secularization in which poverty lost its religious and moral character. In this process of secularization, the social representation, of poverty and the poor people were modified. The poverty began to be treated in political terms and the poor like citizens. The adopted social treatment, far from the charity and philanthropic within a principle of the social action, was the beginning of the Providence State, in which the poverty is a social problem and the poor people are citizens with rights and duties. On the other hand, in Latin America and in this case in Mexico, the poverty has not been object of this process of rationalization, nor of a true social treatment, even if there are social politics at every 6 years (sexenio) in which, like Moscovici said, if it changes the material aspects of a problem, the subjective aspects of people will change at the same time. This investigation on the social representation of poverty in Mexico confirms exposing the duality in the speech, the evidence of the importance of the cultural dimension, the negligence of which these dimensions have been object, preventing the understanding of the phenomenon and a possible social change. It underlines, in addition, one of the important aspects that is the social-symbolic one, important to better understand this complex problem that is the poverty. What is poverty? Who is poor? In relation to whom and what type of poverty? Questions about which the specialists do not let us worry. This paper emphasizes the question of the way in which the subjects think about, suffer and experience poverty. The primary target of this investigation has been reached, to know the social representation of the poverty in some groups of the Mexican population. The identification of the dimensions that structure and organize the content of the representation. The duality of the social representation describes an essential aspect for the understanding of this phenomenon. This provides the possible lines of investigation to continue, but mainly it indicates the aspects in which it is necessary to react. The implementation of a plan to solve the problem of poverty would require the transformation of the cultural-religious-moral social representation still present for the Mexican population. This representation is far from the groups with a greater educational level and direct implication in the problem. Thus, the directed measures to increase the implication and facilitate the knowledge and resources to surpass this problem will give a new value to this phenomenon, changing its social representation, which no longer will appear to be an individual problem. The study of the social thought in diverse social problems is a priority for its understanding. The French sociologist Serge Paugam, a specialist in poverty and social exclusion, indicates that it is indispensable for the social science and its investigators to integrate this task as a guide of analysis and an alternative for their own development. We think that the social SOCIAL REPRESENTATIONS OF POVERTY IN THE MEXICAN GROUPS... 141 policies will have to be evaluated in their effectiveness, considering the models of other countries, more advanced in this field. Résumé: Conséquence du creusement des inégalités sociales, la pauvreté accapare le débat social. Fondés sur une analyse épistémologique marquée par une prédilection pour les explications économiques, au détriment dune appréhension de la dimension sociale, les travaux traditionnels négligent une question majeure de la pauvreté, celle de sa représentation sociale, fondamentale pour saisir ses véritables enjeux. La pauvreté est détachée de son contexte social et culturel, de sa signification quotidienne. Quest-ce que cest la pauvreté? Qui est pauvre? Par rapport à qui? Quel type de pauvreté? Des questions sur lesquelles ne cessent de se pencher les spécialistes. Cette étude psychosociale a pour ambition danalyser les représentations sociales, à savoir la façon dont les sujets pensent, perçoivent et ressentent la pauvreté, fonctionnant comme des systèmes dappropriation et dinterprétation de la réalité permettant aux individus de guider leurs comportements et leurs pratiques. La méthode suivie est qualitative, sappuyant sur des entretiens semi-directifs, une analyse de contenu et lapproche sémantique de lassociation libre. Léchantillon est composé de quelques groupes de la société mexicaine: la couche sociale moyenne; une population impliquée dans la lutte contre la pauvreté au sein des organisations nongouvernementales, et la population considérée comme les pauvres. Nous montrons ici une dualité de la représentation sociale: une représentation structurelle-sociale de la pauvreté, lautre culturelle-religieuse-morale. Les deux représentations sociales se côtoient, se mélangent dans une société complexe, marquée par un syncrétisme historique et culturel. Rezumat: Ca urmare a adâncirii inegalitãþii sociale, sãrãcia a devenit un subiect de dezbatere publicã. Fondate pe o analizã epistemologicã marcatã de o predilecþie pentru explicaþiile economice în detrimentul unei abordãri a dimensiunii sociale, cercetãrile tradiþionale neglijeazã o temã majorã a sãrãciei, aceea a reprezentãrii sale sociale, fundamentalã pentru înþelegerea adevãratelor mize. Sãrãcia este detaºatã de contextul social ºi cultural, de semnificaþia sa cotidianã. Ce este sãrãcia? Cine este sãrac? În comparaþie cu cine? Ce fel de sãrãcie? Acestea sunt probleme asupra cãrora nu înceteazã sã se aplece specialiºtii. Studiul de faþã are ambiþia de a analiza reprezentãrile sociale, modul în care subiecþii gândesc, percep ºi îºi reprezintã sãrãcia. Reprezentãrile funcþioneazã ca sisteme de interpretare a realitãþii, ce permit indivizilor sã-ºi orienteze comportamentele ºi practicile. Am utilizat metode calitative, sprijinindu-mi demersul pe interviuri semidirective, pe o analizã de conþinut ºi pe abordarea semanticã a asociaþiilor libere. Eºantionul este compus din câteva grupuri ale societãþii mexicane: pãtura socialã mijlocie, o populaþie implicatã în lupta contra sãrãciei în cadrul unor organizaþii nonguvernamentale ºi, în sfârºit, o populaþie consideratã sãracã. Se remarcã dualitatea reprezentãrii sociale: o reprezentare social-structuralã a sãrãciei ºi a alta cultural-religios-moralã. Cele douã reprezentãri sociale evolueazã împreunã, se amestecã într-o societate complexã cum este cea mexicanã, marcatã de un sincretism istoric ºi cultural. 142 MARÍA ESTELA ORTEGA RUBÍ Index 1 Index 2 Some results of data analyses The analysis of thematic-categorical content Frequency* of the categories 10 9 9 7 7 * RESULTS What is poverty? Implied people/non-guvernamental organizations Frequency* of the Assets Organizers Collaborators categories Education 9 Education 9 Satisfaction of basic Job necessities 8 Economic resources Formation Oportunities Recognition of the abilities 7 Organization 7 Money Frequency of each category in the discourse. It is not frequency by subject. () deficiency of SOCIAL REPRESENTATIONS OF POVERTY IN THE MEXICAN GROUPS... Frequency* of the categories 25 22 19 13 RESULTS What is poverty? middle class Frequency* Superior of the categories Economic resources 25 Education 22 Job 20 Culture 19 143 Inferior Economic resources Affection Health Love * Frequency of each category in the discourse. It is not frequency by subject. () deficiency of RESULTS Where do you see the poverty in your daily life? Implied people/non-guvernamental organizations * Frequency* Frequency Assets organizers Collaborators of the categories of the categories 10 Natives 9 Every days in the street 10 In the daily life 9 Children of the street 9 Segregated comunities 9 Farmers 8 Farmers 8 Native zones 7 Indigents 9 Necessity of the public services * Frequency of each category in the discourse. It is not frequency by subject. Frequency* of the categories 25 23 22 21 * RESULTS Where do you see the poverty in your daily life? Middle class Frequency* Inferior Superior of the categories Children of the street 19 Children of the street Informal activities 19 Necessity of values The journey 16 People who have no family People who do nothing for Segregated zones 10 changing Frequency of each category in the discourse. It is not frequency by subject. RESULTS Who are the poors? Implied people/non-guvernamental organizations Frequency* Frequency* Assets organizers Collaborators of the categories of the categories 9 Natives 8 Farmer 9 Farmer 8 Unemployed persons 9 Childrens 7 Natives 6 Segregated People 3 Drug addicts * Frequency of each category in the discourse. It is not frequency by subject. 144 MARÍA ESTELA ORTEGA RUBÍ RESULTS Who are the poors? Middle class Frequency* Frequency* Superior Inferior of the categories of the categories People who have no The poors who have no 21 21 material assets economic resources Unemployed persons People who do not have 17 17 affection 16 Poors who want to work 16 People who do not have love Persons who do not want People who do not have 13 15 to work family Frequency of each category in the discourse. It is frequency by subject. RESULTS What do you say about the poors? Implied people/non-guvernamental organizations Frequency* Frequency* Superior Inferior of the categories of the categories They are nor lazy nor They are not poor because 9 9 unproductive they want They do not have They need to be helped 8 mobility. Only survival 6 exits for them They are susceptible of 8 manipulation 7 They need to be helped * Frequency of each category in the discourse. It is not frequency by subject. Frequency* of the categories 14 12 11 9 RESULTS What do you say about the poors? Middle class Frequency* Superior of the categories They need self-esteem They do not have force for breaking segregated circle They do not want to leave misery situation It exists poor persons who fight and other poor persons who do not 21 19 Inferior Persons who do not have affective support People who do nothing to change their situation 16 They need motivation 15 A poor person is conformist * Frequency of each category in the discourse. It is not frequency by subject. SOCIAL REPRESENTATIONS OF POVERTY IN THE MEXICAN GROUPS... 145 RESULTS According to you, why a poor person is poor? Implied people/non-guvernamental organizations Frequency* Frequency* Superior Inferior of the categories of the categories It is a structural and social 8 16 Lack of education problem 7 Lack of independence 7 There are no opportunities Social, political, economic 6 Lack of employment 6 problems Personal limitations, Wrong distribution of 4 2 sometimes physical wealth problems * Frequency of each category in the discourse. It is not frequency by subject. RESULTS According to you, why a poor person is poor? Middle class Frequency* Frequency* Superior Inferior of the categories of the categories 23 Economic system 18 They want to be poor 21 Corruption 17 Apathy 17 Politics 15 Economic crisis 15 Distribution of wealth 13 They do not want to work 9 They are responsible for 13 The establishment scant ambition * Frequency of each category in the discourse. It is not frequency by subject. Bibliography Abric, J.C. (1994), Les représentations sociales: aspects théoriques, in J.C. Abric (ed.), Pratiques sociales et représentations, Presses Universitaires de France, Paris, pp. 11-35 Baugnet, L. (1998), Lidentité sociale, Dunod, Paris. Boltvinik, J. (1995), Pobreza y estratificación social en México, INEGI, Aguascalientes. Boltvinik, J., Laos, E. (1999), Pobreza y distribución del ingreso en México, Siglo XXI Editores, México. Boltvinik, J. (ed.) (2000), Serie Necesidades Esenciales en México, Situación Actual y Perspectivas al año 2000, 4 edición, Siglo XXI Editores, México. Bardin, L. (1991), Lanalyse de contenu [6 ème ed.], Presses Universitaires de France, Paris. Brun, P. (1996), Pour une connaissance émancipatoire des plus pauvres: Jürgen Habermas et Joseph Wresinski, in P. Fontaine (ed.), La connaissance des pauvres. Travailler le social, Louvain-la-Neuve, Louvain-Belgique, pp. 115-132. Deconchy, J.P. (1993), Croyances et logique de la nécessité. Destin des croyances, Connexions, 61, pp. 27-41. Doise, W.; Clemence, A.; Lorenzi-Cioldi, F. (1992), Représentations sociales et analyses des données, Presses Universitaires de Grenoble, Grenoble. 146 MARÍA ESTELA ORTEGA RUBÍ Festinger, L. (1954), A Theory of Social Comparison Process, Human Relations, 7, pp. 117-140. Garnier, C. (2002), La pensée sociale: questions vives, in C. Garnier (ed.), Les formes de la pensée sociale, Presses Universitaires de France, Paris. Ghiglione, R., Beauvois, J-L. (1980), Manuel danalyse de contenu, Armand Colin, Paris. Grize, J.B. (1993), Logique naturelle et représentations sociales, Papers on Social Representations, pp. 2, 3, 151-159. Heider, F. (1958), The Psychology of Personal Relations, EUA Wiley, New York. Hewstone, M. (1989), Représentations sociales et causalité, in D. Jodelet (ed.), Les représentations sociales, Presses Universitaires de France, Paris, pp. 252-274. Jodelet, D. (1989), Représentations sociales: un domaine en expansion, in D. Jodelet (ed.), Les représentations sociales, Presses Universitaires de France, Paris, pp. 31-61. Jodelet, D. (1992), Mémoire de masse: le côté moral et affectif de lhistoire, Bulletin de Psychologie, XLV, 405, pp. 239-256. Joulé, R.V. (1992), Croyances (définition psychosociale), in Grand Dictionnaire de la Psychologie, Larousse, Paris, pp. 184-185. Lévi-Strauss, C. (1962), La pensée sauvage, Plon, Paris. Levy-Bruhl, L.; Clare, L.A. (1922), Primitive mentality, Allen & Unwin, London. Levy-Bruhl, L. (1951), Les fonctions mentales dans les sociétés inférieures, Presses Universitaires de France, Paris. Moscovici, S. (1961), La psychanalyse, son image et son public, Presses Universitaires de France, Paris. Moscovici, S. (1976), La psychanalyse, son image et son public [2nd ed.], Presses Universitaires de France, Paris. Moscovici, S. (1981), Lage de foules, Fayard, Paris. Moscovici, S., Hewstone M. (1984), De la science au sens commun, in S. Moscovici, Psychologie sociale, Presses Universitaires de France, Paris, pp. 539-566. Moscovici, S. (1992), La nouvelle pensée magique, Bulletin de psychologie, XLV (405), pp. 301-324. Moscovici, S. (1996), La psychologie cognitive, in J. Revel, N. Watchel (eds.), Une école pour les sciences sociales de VIéme section à lEcole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, CERF- EHESS, Paris, pp. 389-399. Moscovici, S. (1997), Les sociétés pensent-elles? Idéologies et représentations sociales, Seminario del Laboratorio de Psicología Social de la EHESS, Paris. Moscovici, S. (2002), Pensée stigmatique et pensée symbolique. Deux formes élémentaires de la pensée sociale, in C. Garnier (ed.), Les formes de la pensée sociale, Presses Universitaires de France, Paris, pp. 21-53. Ortega, M.E. (2003), Studio della povertà in Messico. Rappresentazioni sociali e credenza, in Galli, I. (ed.), Le dimensioni psicosociali delle povertà. Unanalisi crossculturale, Edizioni Scientifiche Italiane, Milano, pp. 107-149. Ortega, M.E. (2000), Étude de la pauvreté au Mexique. Représentation sociale et croyances, thèse de doctorat, non publiée, École des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris. Ortega, M.E. (1999), Dualitatea reprezentãrii sociale a sãrãciei. Cazul câtorva grupuri de populaþie mexicanã, in A. Neculau, Gilles Ferréol (eds.), Aspecte psihosociale ale sãrãciei, Open Society Fondation [i Editura Polirom, pp. 178-193. Paugam, S. (1991a), La disqualification sociale: essai sur la nouvelle pauvreté, Presses Universitaires de France, Paris. Paugam, S. (1991b), Les statuts de la pauvreté assistée, Revue Française de Sociologie, 32, pp. 75-101. Paugam, S. (1993), La société française et ses pauvres: lexpérience de revenu minimum dinsertion, Presses Universitaires de France, Paris. Paugam, S. (ed.) (1996a), Lexclusion, létat des savoirs, La Découverte, Paris. SOCIAL REPRESENTATIONS OF POVERTY IN THE MEXICAN GROUPS... 147 Paugam, S. (1996b), La constitution dun paradigme [Introduction], in S. Paugam (ed.), Lexclusion, létat des savoirs, La Découverte, Paris, pp. 7-22. Paugam, S. (1996c), Pauvreté et exclusion. La force des contrastes nationaux, in S. Paugam (ed.), Lexclusion, létat des savoirs, La Découverte, Paris, pp. 389-404. Paugam, S. (1996d), Les sciences sociales face à lexclusion [Conclusion], in S. Paugam (ed.), Lexclusion, létat des savoirs, La Découverte, Paris, pp. 565-578. Paugam, S. (1997), Lexclusion: Généalogie dun paradigme social, Sociétés et représentations. Le social en questions, 5, pp. 129-155. Paugam, S. (1998), Les formes contemporaines de la pauvreté et de lexclusion. Le point de vue sociologique, Genèses, 31, pp. 138-159. Paugam, S., Schultheis, F. (1998), Naissance dune sociologie de la pauvreté [Introduction], in G. Simmel, Les pauvres (1st ed.), Presses Universitaires de France, Paris, pp. 1-34. Paz, O. (1974), Préface, in J. Lafaye, Quetzalcoatl et Guadalupe. La formation de la conscience nationale au Mexique (1531-1831), Gallimard, Paris, pp. 12-29. Rouquette, M.L. (1996), Représentations et idéologie, in J.C. Deschamps, J.L. Beauvois, Des attitudes aux attributions. Sur la construction de la réalité sociale, Presses Universitaires de Grenoble, Grenoble, pp. 163-173. Rouquette, M.L.; Flament, C. (2003), Anatomie des idées ordinaires. Comment étudier les représentations sociales, Armand Colin, Paris. Sherif, M.; Hovland, C.I. (1961), Social Judgment. Assimilation and Contrast Effects in Communication and Attitude Change, Yale University Press, Yale, New Haven. Silvana de Rosa, A.M. (1988), Sur lusage des associations libres dans létude des représentations sociales de la maladie mentale, Connexions. Les représentations sociales, 51(1), pp. 27-50. Sperber, D. (1984), Létude anthropologique des représentations, in D. Jodelet (ed.), Les représentations sociales, Presses Universitaires de France, Paris, pp. 116-130. Steenssens, K. et al. (1996), Vers le centre de la pauvreté? Une expédition scientifique, in P. Fontaine (ed.), La connaissance des pauvres. Travailler le social, Louvain-la-Neuve, Louvain, pp. 319-331. Tajfel, H. (ed.) (1978), Differentiation Between Social Groups: Studies in the Social Psychology of Intergroup Relations, Academic Press, London. Tajfel, H. (1981), Human Groups and Social Categories. Studies in Social Psychology, University Press, Cambridge. Vergès, P. (1989), Représentations sociales de léconomie: une forme de connaissance, in D. Jodelet (ed.), Les représentations sociales, Presses Universitaires de France, Paris, pp. 387-405. Vergès, P. (1992), Lévocation de largent: Une méthode pour la définition du noyau central dune représentation, Bulletin de Psychologie, XLV, 405, pp. 203-209. Windish, U. (1989), Représentations sociales, sociologie et sociolinguistique. Lexemple du raisonnement et du parler quotidiens, in D. Jodelet (ed.), Les représentations sociales, Presses Universitaires de France, Paris, pp. 169-183. II. SINTEZE TEORETICE Adrian Neculau1 Contexte social, idéologie et pratiques sociales. Étude de cas Résumé: Le contexte socio-global, idéologique, et le contexte immédiat, situationnel, construisent ensemble une certaine réalité socio-historique qui «couvre» lindividu, lobligeant à interpréter une certaine information et à créer certaines images, croyances, représentations. Bien que le contexte social ait décisivement changé, la plupart des acteurs sociaux conservent non seulement la gesticulation collective, mais aussi les stratégies décartement, les pratiques de dissimulation, le style dadaptation. À partir dune analyse du totalitarisme communiste cet exposé se propose de mettre en relief le mécanisme psychosocial de la résistance aux changements. Il y a à peu près un demi-siècle, un jeune chercheur est-européen immigré en France douze ans auparavant formulait les fondements de la théorie des représentations sociales: cétait Serge Moscovici. Ultérieurement, il a avoué que pour cette théorie il sétait inspiré dun concept de Durkheim «oublié», la représentation collective, quil a amendé selon la perspective de la psychologie sociale. En revanche, bien que non-explicitée à lépoque, il existe une autre chose qui semble avoir été décisive pour lélaboration de cette théorie et que Serge Moscovici la admise bien plus tard: il sagit de son expérience de minoritaire en Roumanie à lépoque de lascension du fascisme et du début du communisme. Cest bien ce «contexte roumain» qui a nourri Serge Moscovici, cest là quil a fait lexpérience des minorités; les théories des représentations sociales et celle de linfluence minoritaire sont naturellement liées à ces expériences de jeunesse. Serge Moscovici souligne lui-même que les représentations naissent de croyances particulières qui marquent la vie sociale dune collectivité, quelles dépendent de contextes culturels spécifiques, et enfin quelles portent la marque de lidéologie et de lhistoire dun groupe social. Elles sont, il est vrai, des constructions cognitives mais il est unanimement admis aujourdhui quelles sont élaborées en fonction des caractéristiques du contexte et de la pensée sociale dominante. La théorie des représentations sociales formulée par Serge Moscovici a engendré un mouvement didées peu prévisible en 1961, lequel a largement dépassé les frontières de la psychologie sociale: les «représentationistes» constituent aujourdhui une communauté 1. Université Alexandru Ioan Cuza, Ia[i. PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale 152 ADRIAN NECULAU internationale qui se réunit tous les deux ans en présence du fondateur (le Mexique en a récemment accueilli le 7ème Congrès). Les développements ultérieurs de cette théorie ont permis au concept de la représentation sociale dêtre diversifié et raffiné, mais lui ont également fait perdre un peu de sa couleur dorigine. Cette notion initialement indicible, nouvelle et originale est devenue par diffusion un concept commun qui a perdu lair ineffable et la force de suggestion des mots qui se situent au-delà des définitions unificatrices. Depuis, de nombreux ouvrages définissent, classifient, systématisent et alignent rigoureusement les représentations sociales. Dun autre côté, Serge Moscovici refuse toujours de proposer une définition contraignante de ce concept dont il a la paternité. Par ailleurs, ce qui frappe les nouveaux chercheurs en représentations sociales cest que malgré limportance reconnue du contexte social dans lélaboration des représentations sociales, cette variable est encore traitée de manière «objective», parmi dautres, et dune manière «neutre». Ceci signifierait que le contexte est important, mais non décisif. Par conséquent, je voudrais présenter ici la manière selon laquelle un contexte global (social, idéologique) particulier et une situation spécifique peuvent déterminer, voire commander la formation des représentations sociales. 1. Le rôle du contexte Serge Moscovici (1996) écrit que les représentations sociales sont «des aspects [ ] du milieu social», des produits du contexte social générés collectivement. Les représentations sociales et les idéologies sont des produits de groupes, classes sociales ou cultures spécifiques. Dans sa préface au traité de Psychologie Sociale de 1984, Serge Moscovici précise que la psychologie sociale est la science des phénomènes de lidéologie, laquelle détermine les systèmes de représentations sociales et les attitudes, les habitus et les dispositions. Déjà en 1961, il semblait banal à Serge Moscovici didentifier uniquement lagent qui élabore la représentation, et bien plus productif de définir la motivation de celui-ci: il serait facile de savoir «qui» a élaboré une représentation sociale, et plus intéressant de savoir «dans quel but» il le fait, et ceci parce que la représentation détermine de manière exclusive les «processus de formation des conduites et dorientation des communications sociales». Plus tard, lorsquil plaide pour létude des représentations sociales, Serge Moscovici (2002) observe que malgré lintuition que nous avons de linscription des représentations collectives et sociales dans une perspective selon laquelle la cohérence et les pratiques sociales sont réglées par les croyances, les savoirs, les normes et les langages produits par une société, bref par la culture de celle-ci, nous abordons trop souvent les représentations sociales comme si elles étaient détachées de leur contexte spécifique. Nous pouvons désormais formuler lhypothèse de travail suivante: si un ensemble particulier de conditions ont présidé à lélaboration par des individus dun ensemble spécifique de représentations (du monde en général et de leur environnement en particulier), lorsque loccasion se présente, ces individus se conduiront selon les prescriptions de ces représentations. Les représentations élaborées dans un contexte spécifique prescrivent les pratiques adoptées. Aussi, lattachement aux valeurs et aux normes cohérentes avec ce système de CONTEXTE SOCIAL, IDÉOLOGIE ET PRATIQUES SOCIALES... 153 représentations est inscrit dans les rapports collectifs concrets. La propagande, cest-à-dire «la pédagogie appliquée aux citoyens tels que les pouvoirs les pensent» (Rouquette, 1999), détermine lélaboration et la diffusion du système de représentations souhaité. Nous rejoignons ici les écrits de Rouquette (1999) au sujet du «citoyen pensé» que le pouvoir a, dès lorigine, fondé et instauré en dépendance de ce pouvoir. Le citoyen pensé devient ainsi le porte-parole didées objectivées et rationalisées selon les normes qui définissent le «bon citoyen» et il se sent devenu responsable, engagé à diffuser ces dernières. Une caractéristique de ce type de citoyen est son besoin de participer au projet commun, de sassurer de la cohésion, voire du consensus qui contribue au renforcement du pouvoir, ce pouvoir quil sent ainsi partager. Implémenter chez les citoyens les représentations sociales souhaitées par le pouvoir semble être le moyen le plus sûr de verrouiller la pérennité de ce pouvoir. Tous les chercheurs qui sintéressent aux représentations sociales ont tenté de concilier le social et le cognitif. Ainsi, dire que les représentations sociales sont une construction sociocognitive traduirait linteraction entre ces deux composantes. Lexamen des définitions proposées pour la représentation sociale nous fait constater que, malgré leur caractère de constructions cognitives, les représentations sociales ne peuvent être détachées du contexte social où elles ont été élaborées; elles sont prisonnières du social. Doise (1990) a exprimé de manière tout à fait satisfaisante la complexité du rapport que ces constructions cognitives entretiennent avec le social: ainsi, les représentations sociales jouent un rôle essentiel dans le maintien des rapports sociaux, elles sont façonnées par ces rapports et véhiculent, parfois directement, mais le plus souvent indirectement, une connaissance (compétence) sociale particulière. Ajoutons seulement que les représentations sociales sont socialement marquées par les conditions et le contexte où elles ont été élaborées, la manière dont elles circulent et les fonctions quelles accomplissent lors des interactions avec les autres groupes et individus (Jodelet, 1989) et notre démarche acquiert ainsi un support parfaitement satisfaisant. Mais il y a lieu de souligner davantage limportance du contexte social. Le contexte est un système didées et croyances, normes et habitudes qui constituent lenvironnement social et culturel de lindividu. Cet environnement est relayé par léducation et le langage. Ainsi, le contexte fournit les références, les modèles de conduites et de pratiques quotidiennes et assure lintégration sociale de lindividu. Ainsi, les individus et les groupes se différencient selon le milieu fréquenté et les pratiques où ils se sont développés. Le langage, les rites, la culture, les traditions, les vêtements, lhabitat, le type de relations interpersonnelles, etc. forment ensemble un cadre social et culturel spécifique qui traduit lordre social en vigueur et porte les traces de la mémoire collective et les normes du groupe social en question. Deux types de contextes sont réputés influencer lélaboration des représentations sociales: (a) le contexte social global, quAbric et Guimelli (1998) lappellent également idéologique (lié à lhistoire de groupe) et qui situe lindividu dans un système social, soit un «champ social donné» (Doise, 1992) et (b) le contexte immédiat, déterminé par les situations concrètes, par les rapports où est placé lindividu. Le contexte social global, idéologique et le contexte immédiat, situationnel, construisent ensemble une réalité sociale et historique spécifique laquelle «habille» lindividu et loblige à interpréter une information particulière et à créer des images, croyances et représentations spécifiques. Si lindividu (le groupe) nourrit ses représentations dun contexte 154 ADRIAN NECULAU donné, il «apprendra» des significations et interprétations particulières des phénomènes sociaux et construira des modèles spécifiques dorganisation des connaissances. Pierre Bourdieu a écrit à plusieurs reprises que nous acquérons notre capital culturel en famille, à lécole, dans lenvironnement social, idéologique et culturel que nous fréquentons. Placé en un «bain culturel», entouré de stimuli culturels spécifiques, lindividu découvre les clés qui lui servent et lui serviront désormais à déchiffrer les messages culturels et idéologiques auxquels il est confronté. Mais ses détails biographiques jouent aussi. Ainsi, quelquun qui, pendant son adolescence ou sa jeunesse, voire plus tard, a fréquenté un groupe spécifique, un milieu culturel ou idéologique porteur dune nuance, en reste marqué pour le reste de sa vie. Tout ceci suggère que les particularités du contexte induisent des tableaux de valeurs, déterminent le système axiologique et proposent des normes et styles de conduite. Les chercheurs de premier rang invoquent «les effets du contexte» sur les représentations sociales (Abric et Guimelli, 1998). Mais jusquici, toutes les références au contexte renvoient plutôt à une réalité culturelle traduite par des normes et pratiques issues de lévolution des sociétés démocratiques. Cependant, et en Europe de lEst nous le savons bien, le contexte global peut induire une vision particulière de la vie et du fonctionnement dune société, peut commander chez les membres dune communauté lappropriation des normes de conduite spécifiques et, enfin, il peut déterminer lutilisation de grilles dévaluation propres, lesquelles mobilisent et/ou polarisent les acteurs sociaux (Neculau et Curelaru, 2003). Les effets du contexte mis en évidence expérimentalement nous offrent un excellent point de départ: le système central des représentations est réputé être directement déterminé par le contexte idéologique et historique du groupe (ou de la communauté). Il est marqué par la mémoire collective et le système des normes pratiquées, induit des normes de conduite, marque les situations, détermine les grilles dévaluation, mobilise et/ou polarise les acteurs sociaux. Enfin, contrôler ce contexte signifie produire une logique sociale particulière, laquelle oriente lactivité cognitive de lindividu et le familiarise avec le «normal», détermine la manière dont il filtre et rationalise linformation provenant de lenvironnement en la subordonnant à cette logique autrement plus profonde et, enfin, le guide à rejeter «lanormal», lexception, cest-à-dire linformation qui contredit ou contrevient aux normes dites «scientifiques» dorganisation. Pour nous, le contexte signifie bien plus quun décor culturel: il nous apparaît comme une réalité contraignante, un marqueur social, un corpus de normes de conduite qui ne laissent à lacteur social aucune chance de refuser ou de choisir librement une alternative parmi plusieurs possibles. Je pense ici autant au contexte social-global quau contexte immédiat (Abric et Guimelli, 1998), lesquels participent dune même réalité sociale et historique. Cette réalité est dirigée et contrôlée au nom dune idéologie unificatrice, qui nautorise pas les alternatives mais enchaîne lindividu à son environnement et le force à sapproprier des solutions cognitives particulières et à élaborer des schèmes cognitifs, images, croyances et représentations spécifiques. Puisque les représentations des individus sont alimentées par ce type de contexte, les individus «apprennent» des significations, grilles de lecture et interprétations spécifiques des phénomènes sociaux, et organiseront leurs cognitions selon des modèles particuliers. Ivana Marková, professeur de psychologie sociale à lUniversité de Stirling (Écosse), originaire de la Tchéquie, connaît bien la réalité que nous décrivons ici. Elle affirme explicitement (1999) que les représentations sociales se forment, se maintiennent et CONTEXTE SOCIAL, IDÉOLOGIE ET PRATIQUES SOCIALES... 155 évoluent longtemps dans un contexte socio-culturel et historique. Elles sont transmises dune génération à lautre par des voies diverses, informelles (telles que la socialisation, les pratiques quotidiennes, la mémoire collective, les comportements individuels et leurs interactions, la communication symbolique), ou institutionnelles (telles que la langue, léducation et le droit en vigueur). Par conséquent, les représentations sociales trouvent leurs racines dans les taxinomies communes, les catégorisations ou les différents thêmata. Les recherches invoquées par Ivana Marková montrent comment les représentations sociales sont «enracinées» dans la vie des individus. Les régimes totalitaires et post-totalitaires sappuient sur le développement des systèmes sociaux caractérisés par luniformité de la pensée et de la communication ainsi que sur la discipline. Pour quils puissent se perpétuer, ces systèmes stimulent la «non-pensée» et le langage de la «non-communication» incorporés dans un système de règles et dinstructions prescrites par les «tableaux dorientation» et les «répertoires dindications». Ainsi, lindividu «adapté» na pas un discours normal, il ne communique pas, mais cherche simplement la formule juste au moment opportun. Quelle conclusion pouvons-nous déduire jusquici? Les individus construisent leurs représentations en interprétant la réalité avec laquelle ils sont en contact et qui les nourrit. Ils incorporent cette «réalité objective» à leur organisation cognitive, à leur système de valeurs et créent leur propre histoire et leur propre systèmes de référence, tout en se rapportant au contexte donné, aussi bien idéologique quimmédiat, institutionnel. Les représentations sociales se nourrissent du contexte, et avant tout de la nature des conditions qui font naître le discours et facilitent la formulation didées et la découverte de nouvelles théories. Le discours est toujours situé dans le temps et dans lespace et suppose des rapports concrets, des interactions. Deuxièmement, le discours se nourrit du champ idéologique et dépend de la place que lindividu ou le groupe occupe dans le système social: ce dernier est soit dirigeant, soit exécutant soumis. Les deux statuts sont des rouages du même mécanisme. Autrement dit, lenvironnement culturel et idéologique ainsi que la manière de penser de la collectivité «ancrent» lindividu et le «modélisent» pour le livrer ensuite au champ social. Lacteur social ne peut pas se détacher de la pensée sociale où il sest formé. Selon Michel-Louis Rouquette (1999), la pensée sociale se manifeste à travers les opinions, les attitudes et les représentations sociales. Au plus profond de cette architecture se trouvent les idéologies, qui peuvent à leur tour se retrouver dans les thêmata, les archétipes et la mémoire résiduelle. Catherine Garnier (2000) a raison: la pensée sociale agit comme un principe intégrateur de différents systèmes et fait preuve dune «organisation plus fermée» (Guimelli, 1999). Elle se nourrit de linformation quelle filtre selon sa propre logique et se réfère uniquement aux événements qui la confirment. Quelles sont les chances de réussite dun individu dont le développement est nourri par une pensée sociale sélectionnée et dirigée? Il sera encouragé à évoluer selon la «logique» sociale admise; il lui est ainsi conseillé de sapproprier un discours particulier quil devra diffuser à son tour. Les significations transmises par ce discours rapprochent les individus grâce aux signes de reconnaissance quelles leurs rendent accessibles. Ces individus entrent en contact, se rappellent, construisent des images, disent et font dire, résument en quelques mots ou propositions un cliché, une étiquette (Moscovici et Vignaux, 1994). 156 ADRIAN NECULAU Les représentations sociales deviennent ainsi des idées-force, propagent la pensée sociale dominante (mentalités et croyances) et influencent les comportements. Elles sont des créations sur quelque chose qui existe déjà, sur les contenus élaborés; elles créent et maintiennent lidentité, léquilibre collectif, la cohésion sociale et discursive, «lunité», «le front», «la ligne». Je ninsiste plus. Mais je vais souligner que, sous leffet de la situation, lacteur social ne perçoit pas la réalité objective, mais une réalité dénaturée et partielle, voire «irrationnelle», issue de la pensée sociale qui lavait alimentée. Ces effets de la «situation» ont une importance particulière parce quils expliquent pourquoi un individu adopte certaines idées et pas dautres. Lensemble didées et représentations adopté agit comme un filtre cognitif qui trie les informations perçues et détermine lélaboration des stratégies daction. La position sociale des acteurs sociaux entraîne lapparition dun effet de perspective. Les individus ne peuvent plus percevoir correctement la valeur et les nuances de la réalité où ils sont impliqués; ils sen sont fait une idée approximative, et cest avec celle-ci quils opèrent ensuite. Autrement dit, leffet du statut de lindividu sur lintériorisation quil fait des valeurs est le suivant: si lon présente un ensemble de valeurs, options ou idées à un individu caractérisé par une position sociale spécifique et par des dispositions particulières, il y a toutes les chances que ces dernières déclenchent un mécanisme pervers daveuglement qui entraîne des passions et induit un comportement irrationnel. Désormais lindividu va soit idéologiser tout ce quil rencontrera, soit «psychologiser» et interpréter à travers son appareil évaluateur induit. Deconchy (1989) appelle «orthodoxie idéologique» cette information appartenant à un champ social particulier, à une régularité sociale spécifique et qui immunise cognitivement lindividu contre les idées, attitudes et conduites alternatives. Dans un texte plus ancien (Connexions, no. 58, 1991), jai essayé didentifier le mécanisme qui a rendu possible la réalisation de ce vaste programme dannihilation de la pensée libre et de linitiative: la création des modèles nouveaux et adéquats dorganisation rigides, dirigés, véritables appareils destinés au contrôle total de lindividu, la généralisation de la peur, la stimulation de la délation et, enfin, la ritualisation et la bureaucratie. La Roumanie totalitaire a vu naître une catégorie dindividus sans dautres repères intellectuels ou moraux que ceux fournis et définis par le système. Cette catégorie, minoritaire au début du régime, sest considérablement élargie et, avec le temps, est devenue majoritaire, dominante, auto-suffisante et ignorante de la minorité intellectuelle qui salimentait à dautres valeurs, démocratiques et pluralistes. La thèse des «deux Roumanies» lance lidée que de la succession des générations de 1945 à 1989 est né un «peuple nouveau», éduqué dans le système de structures et valeurs artificiellement inventées par le régime communiste et convaincu quil a vécu dans un ordre parfait. Pour ce «peuple nouveau», la «normalité» est celle de la vie quil a connu et la cohérence est celle de lenvironnement socio-cognitif où il est né et sest formé. Le commun des mortels a connu en Roumanie une seule et unique réalité, parfaitement délimitée et contrôlée, et il na même pas pu imaginer quil pouvait éventuellement exister des solutions alternatives. «La tolérance de ces gens envers leur propre lâcheté et leur conformisme» paraît donc explicable (cf. Mungiu, 1995, p. 65). Ils nont pas connu autre chose, leur niveau dinformation sest volontairement limité à ce quils se sont vu offrir. CONTEXTE SOCIAL, IDÉOLOGIE ET PRATIQUES SOCIALES... 157 Et que leur a-t-on offert? Comment a-t-on ajusté le système de formation, les institutions et les organisations, pour créer un individu qui se limite à accepter ce quil se voit offrir et ne cherche pas à changer cette offre? Comment est-on arrivé à créer un individu qui nait pas besoin dalternative et qui ignore les bénéfices dun changement craignant, au contraire, que ce changement bouleverse ses habitudes et amène un état dinconfort? 2. Les mécanismes du conditionnement social Les chercheurs du phénomène de changement ont expliqué comment obtenir une réaction contrôlée dun acteur social: cest en lui proposant exclusivement une information sélectionnée et dirigée, en le situant dans des contextes modelés par les gardiens de conscience. Pour stimuler lélaboration et la consolidation des représentations dominantes, la «solution» serait de grouper les individus dans des structures crées artificiellement et bien contrôlées, les entraîner dans des actions collectives présentées comme des buts communs venus de lextérieur. Si le processus de représentation ne peut être détaché des activités dans lesquelles les acteurs sociaux sont engagés, il résulte que les représentations sociales englobent et structurent des éléments cognitifs qui résultent des relations concrètes avec le contexte social. Les relations entre les individus ne sont pas «neutres», mais déterminées par leurs prises de positions et elles engagent leur compétence daction acquise dans ce contexte particulier (social, psychologique, idéologique) par lintermédiaire dune activité spécifique. Bref, si lon vise ladoption par lindividu dattitudes et comportements particuliers, il faut lui offrir loccasion dapprendre certains schémas cognitifs exclusivement et de les exercer dans des conditions inventées et parfaitement contrôlées. Il «apprendra» ainsi une réalité spécifique et ignorera toute réalité alternative, il considérera la première comme la seule «objective» et compréhensible. Il traitera toute autre réalité par lintermédiaire de son propre système de références et la situera selon cette «vision fonctionnaliste du monde» unique (Abric, 1994). Il investira ses conduites dun sens précis, sadaptera et définira sa place en faisant appel uniquement aux acquis faits dans ce contexte. Il comprendra la réalité et agira en fonction de cette «dot». La réalité aura une signification seulement dans la mesure où lindividu la touche. La représentation nest donc pas un «reflet» de la réalité, mais une organisation des cognitions en fonction des «circonstances» (contextes social et idéologique, caractéristiques de la situation, finalité immédiate). Cest pourquoi, si les membres dune collectivité partagent une «théorie» (et peu importe comment celle-ci leur a été inoculée), celle-ci a les caractéristiques dun «prototype», dun «type dorganisation», devient un «guide daction» qui oriente les relations sociales et les actions des acteurs sociaux. Elle est un système de pré-décodage de la réalité, car déterminant un ensemble danticipations et dattentes. Inutile dinsister. La signification des représentations sociales est alimentée par le contexte, en premier lieu par la nature des conditions créées pour la production du discours et la formulation des idées, pour la découverte des nouvelles théories. Le discours est toujours situé dans le temps et lespace et suppose des rapports concrets et des interactions. Deuxièmement, cette signification est alimentée par le champ idéologique 158 ADRIAN NECULAU et la place quoccupent lindividu ou le groupe dans le système social. En dautres mots, lenvironnement culturel et idéologique et la façon de penser de la collectivité «ancrent» lindividu, le «modélisent» et le renvoient dans le monde. Dans un certain sens, lindividu, par sa biographie, est le «prisonnier» de son milieu culturel et idéologique (Neculau, 1996). Sur la manière dagir et de sinsinuer de lidéologie on peut consulter le témoignage de Marx (Lidéologie allemande) qui écrit clairement que la production didées, les représentations, la pensée et la conscience sont des émanations du comportement matériel. Les individus et leurs rapports sont placés comme dans une camera obscura dans laquelle les processus de leur existence historique simpriment comme les objets sur la rétine. À son tour, Lénine a employé lidéologie comme principal instrument de lutte contre ses adversaires: lidéologie, écrit-il dans Que faire?, est un système didées et de théories que les protagonistes de la lutte de classe emploient dans leurs batailles. Un instrument utile le cynisme de Lénine annonce les ravages de lidéologie à la solde de divers groupes, au long de lhistoire de notre siècle qui nest pas forcément dépendant de la vérité des propos. Nous complétons cette vision marxiste de lidéologie avec les observations dAlthusser dans son livre Pour Marx: les sociétés humaines sécrètent idéologie (cest nous qui le soulignons) comme élément et atmosphère indispensable à leur survie, à leur existence historique. Que pouvons-nous ajouter? Toute cette théorie et pratique de «lidéologie à la solde du peuple» a été élaborée dans un but utilitaire: combattre, vaincre, détruire, exterminer les ennemis situés de lautre côté de la barricade. Pour justifier lutilisation des méthodes employées lors de «lacquisition darmement idéologique» et pendant la lutte menée ultérieurement au-delà de lidéologie et avec dautres armes, les idéologies représentent non seulement des jugements de valeur, mais aussi des actes symboliques. La justification de lagressivité nest alors pas difficile à déchiffrer. En tant qualternative à la tradition marxiste, les théories modernes sur lidéologie soulignent, à leur tour, limportance de la position sociale, les effets de la disposition et le regroupement de ces deux catégories générales dans leffort de situation (Boudon, 1986). Nous allons voir maintenant comment peut être conditionnée et dirigée lélaboration des représentations sociales. Notre hypothèse est la suivante: si le contexte social, idéologique et institutionnel est fermement contrôlé et orienté et quil rejette les idées et les manifestations alternatives, alors il crée les prémisses pour lélaboration de représentations sociales liées à cette réalité. Notre recherche sest dirigée vers lidentification des modalités de construction du contexte idéologique et institutionnel qui ont permis datteindre cet objectif. Je précise ne pas marquer de distinction nette entre les deux types de contextes. Dans la pratique sociale, les institutions et les situations, en tant que «contextes immédiats», résultent de lexercice de la «pensée sociale», parfois elles ont été créées ou restructurées suite à un «commandement» idéologique. Souvent, on ne distingue par nettement entre individuel et social. Chez nous, en Europe de lEst, le social avait envahi lindividuel et il y a eu des individus bien précis qui ont volontairement décidé de lévolution du social. Lambiguïté de cette présentation est due à lambiguïté de la réalité décrite. CONTEXTE SOCIAL, IDÉOLOGIE ET PRATIQUES SOCIALES... 159 2.1. Le contrôle de lenseignement et de la formation Après les changements de 1989, un document très important a été trouvé en Pologne, élaboré par la NKVD (lancienne KGB) et destiné aux membres du réseau qui travaillaient dans les pays satellites. Ce document, qualifié de «top secret», est daté 2.06.1947 et élaboré à Moscou, a été publié par la suite en Hongrie, en Roumanie et dans les autres pays de lEst. Trois pages (45 alinéas) systématisent toute la stratégie de prise de contrôle totale sur léconomie, la vie politique, larmée, la culture, la vie sociale et lenseignement (Buzatu, 1991). Les analystes ont constaté que, tout au long des 45 ans de communisme, ces instructions avaient été scrupuleusement respectées et le résultat a été exactement celui que prévoyaient les responsables de linstitution. Je cite in extenso larticle 35, une très bonne illustration du ton employé et du détournement du système éducatif: «Il faut écarter des écoles élémentaires, mais surtout des lycées et facultés, les professeurs qui jouissent de popularité. Leurs postes respectifs doivent être occupés par des individus spécialement nommés. Il faut analyser les différences entre les diverses matières détudes, réduire la quantité de matériel documentaire, arrêter lenseignement secondaire du latin et du grec ancien, de la philosophie générale, de la logique et de la génétique. Dans lenseignement de lhistoire il ne faut pas mentionner le nom de quelque prince que ce soit, combien même aurait-il servi ou voulu servir le pays, mais insister sur la méchanceté des rois et sur la lutte du peuple opprimé. Dans les écoles spécialisées il faut introduire la spécialisation limitée». Ce paragraphe 35 est complété par le no. 45, qui précise le système de recrutement des enseignants duniversités: «Il est nécessaire que les facultés soient peuplées par des membres provenant des plus basses catégories sociales, intéressés non pas par le perfectionnement à un haut niveau, mais par un diplôme». En Roumanie, ces instructions ont été suivies à la lettre. Les disciplines qui contribuaient à lémergence dune pensée indépendante ont été expulsées des écoles, la culture humaniste a été dramatiquement limitée, il a été donné des instructions précises pour la «politisation» des leçons (allant dans le sens du dénigrement de la «culture bourgeoise» et la mise en avant de la supériorité de la culture communiste) et les manuels, uniques, ont été complètement subordonnés à la propagande de parti. Les professeurs de valeur ont été écartés des facultés, les directeurs de consciences ont été complètement réduits au silence, voire exterminés dans les prisons. Ceci a ensuite permis une sélection sur «dossier de cadre», lequel tenait compte de la pureté de lorigine sociale. Enfin, les seuls manuels autorisés étaient ceux traduits du russe, etc. Les résultats nont pas tardé: comportement asservi et bureaucratique, dépersonnalisation des relations entre les acteurs sociaux et limitation, voire annulation des initiatives individuelles et du comportement créateur. La mémorisation mécanique, le mimétisme, la reproduction impersonnelle sont devenues les seules «réponses» tolérées de la part des étudiants. Un programme de dressage auquel personne ne pouvait résister. Limpact a été tellement fort quaprès le changement de 1989 certains professeurs manifestaient (encore) une forte résistance à linnovation et repoussaient toute initiative qui ébranlait le style paternaliste et bureaucratique profondément enraciné (Neculau et al., 1995). 160 ADRIAN NECULAU 2.2. Le dérapage des directeurs de conscience À côté des universitaires, les écrivains, les artistes, les hommes de culture ont été soumis aux mêmes pressions à luniformisation. Nombre dentre eux ont offert leurs services au nouveau pouvoir. Dautres ont résisté un certain temps. La raison de la «trahison des clercs» nest pas nouvelle. Il y a 70 ans, Julien Benda accusait ses contemporains, savants, philosophes, ministres du culte, des noms illustres de lhistoire de la culture (Dante, Pétrarque, dAubigné), dêtre devenus proie des passions politiques et de prendre parti aux haines de race et de parti. Benda offre de nombreux exemples de clercs marqués de passion politique, réputés pour leurs excès, leur haine, leurs idées fixes, poursuivant des objectifs immédiats, préoccupés uniquement par leurs intérêts personnels, méprisant tous les arguments contraires. Au nom de «lesprit citoyen», la littérature de ces militants est méprisante envers celui qui se détache des passions de la cité pour sisoler avec son art. Occupés exclusivement par les soucis du moment, lesprit éveillé uniquement par les affaires, sengageant seulement dans les actions immédiates, ils ont trahi leur foi et leur rôle de directeurs de consciences. Leur action était dautant plus nocive que grâce à leur auréole ils avaient la possibilité dinfluencer le monde. Benda qualifiait de «traîtres» ceux qui se sont laissés aspirer par des «passions réalistes» (de classe, de race, de nation), par contraste à ceux qui défendent au prix de grands risques les idéaux universels, servant «la justice abstraite» (le cas de Gerson, Spinoza, Voltaire, Zola, etc.). Celui qui accepte que ses passions déteignent sur son activité de clerc, celui qui fait le jeu des passions politiques, exalte le penchant vers le particulier et désapprouve le sentiment de luniversel, sinscrit dans le mouvement de «renversement des valeurs» voici la thèse de Benda. Il abdique de sa mission lorsquil met au service des passions politiques sa sensibilité artistique, son pouvoir de conviction ou son prestige moral. Ana Selejan est partie de lexemple de Benda pour radiographier les démissions morales de certains directeurs de conscience de la culture roumaine survenues tout de suite après linstauration du pouvoir soviétique dans ce pays. Les actions d«épuration» (de luniversité, dans la presse, à lUnion des Écrivains Roumains), commencées en hâte et sans discernement, ont été placées sous le signe de la dialectique de la responsabilité et ont pris laspect bien connu dune «chasse aux sorcières». Au nom des idéaux communistes et des «attentes des masses populaires», les tribuns du «nouvel ordre culturel» dénonçaient leurs confrères, demandaient que les idées de ces derniers soient interdites de circulation, quils se «démasquent» publiquement, que leur carrière soit détruite. Il était demandé aux intellectuels de quitter leur «tour divoire», de monter dans larène sociale, décrire une littérature «pour les masses». Les polémiques se déroulaient sous le signe de lintolérance, de la haine, du mot qui détruit. Un avenir sombre sannonçait pour les écrivains qui ont raté le moment de sorienter dans le sens du nouveau pouvoir. Cétait le début de lannexion de toute la culture à lidéologie communiste. On employait des méthodes dattaque croisées, allant du combat didées (qui étaient étiquetées comme «inadéquates»), jusquà la dénonciation grossière. Le résultat a été exactement celui escompté: certains écrivains ont été interdits, dautres incarcérés, une partie ont adhéré à la nouvelle idéologie et ont rejoint le chur des chanteurs dhosanna. Lorsque des noms de poids de la littérature roumaine ont quitté leur indépendance et leur esprit critique, une faille sest produite au sein du groupe. CONTEXTE SOCIAL, IDÉOLOGIE ET PRATIQUES SOCIALES... 161 Sur le plan social et psychologique, les conséquences ont été encore plus dramatiques: les individus ont perdu lespoir dun retour à la normalité et cru au mythe de la voie à sens unique. Leffet sur la conscience publique a été dévastateur. 2.3. La formation de la nouvelle élite Après la destruction de lélite intellectuelle (les cadres de valeur proches de lancien régime), les dirigeants communistes se sont rendu compte quils avaient besoin dune nouvelle élite, qui puisse bâtir un autre type de société. Les premières expériences, qui ont désigné aux postes-clés des individus complètement ignares (parfois presque analphabètes) mais dévoués au régime, se sont avérées improductives. En culture, enseignement, économie, etc., le besoin dun nouveau corps de spécialistes se faisait sentir. Par la suite les «fils du peuple» devenus des «cadres» ont été censés faire dabord la preuve dune «compétence doctrinaire» et ensuite (seulement) dune compétence spécifique. Lappareil administratif et économique était recruté en fonction de «lorigine sociale» (lhagiographie officielle soulignait lorigine ouvrière des leaders politiques) et, au nom de la «lutte des classes», tous les enfants «dexploiteurs» ou appartenant à la «classe bourgeoise» (laquelle regroupait, sans distinction, les petits commerçants, les intellectuels, les professions libérales; même le fils dun instituteur de campagne était étiqueté comme «bourgeois») étaient empêchés dans leurs tentatives de poursuivre des études supérieures, notamment dans les facultés censées former de nouvelles idéologies (philosophie, histoire, droit, lettres). Pendant les premières années du régime, la tactique du parti communiste fondée sur la loi de numerus clausus a agi de façon irréprochable pour sélectionner des individus dévoués et la «liquider» les opposants éventuels. Les représentants de lancienne élite étaient dénoncés comme «réactionnaires», «renégats» et «ennemis du peuple». Au nom dun discours politique volontariste, lon a opposé à ces derniers une nouvelle élite, issue obligatoirement de la classe ouvrière. La discrimination est allé jusquà discriminer nettement les «cadres» (de parti), cest-à-dire les membres de lappareil qui possédaient la compétence idéologique et daction, et les «intellectuels» (terme péjoratif, renvoyant aux origines bourgeoises et à laffiliation aux idéologies non-communistes). Les cadres avaient pour mission de «militer» en faveur de la politique du parti dans chaque secteur dactivité publique, de créer la «conscience socialiste», et de valoriser le comportement paternaliste et autoritaire. Les cadres de parti géraient la «propagande» de parti, dirigeaient «lenseignement idéologique» dit «de parti», surveillaient lactivité des spécialistes, organisaient les séances dites de «critique et autocritique», dirigeaient les manifestations et les meetings, et faisaient preuve de «vigilance révolutionnaire» (Gheorghiu, 1992). Les cadres de parti, future nomenklatura, étaient formés par lÉcole Supérieure de Parti, fondée après linstauration du régime. Au début, après 1948, lon y formait, en six mois seulement, «les cadres nécessaires pour la lutte de parti sur le front idéologique». À partir de 1949 la formation a été étendue à deux ans et comportait deux spécialisations, la propagande et la presse. Lon y recrutait des «militants» faisant preuve dune formation idéologique sûre, de préférence danciens élèves dune école de parti. Les élèves devenaient ensuite directeurs ou professeurs dans des écoles régionales de parti, rédacteurs dans la presse de parti et idéologique, professeurs et conférenciers dans les départements de sciences sociales des universités. À la fin de lannée 1950, plus de 162 ADRIAN NECULAU 40 000 personnes ont été ainsi «promues» aux postes-clés après avoir suivi les cours des écoles dendoctrinement (Ioan, 1992). Par la suite, ce processus sest amplifié, multiplié, de sorte quaucun poste impliquant une responsabilité ne pouvait plus être occupé sans une formation préalable dans une école de parti. Le système a connu dinnombrables «améliorations», sest «modernisé» et a fixé des standards dexcellence (Ioan, 1995). Lessence de cette entreprise est restée la même: la formation dun corps de spécialistes en propagande et endoctrinement, capables de diriger et de conduire la formation de la nouvelle génération dans lesprit du modèle fourni par le parti. Le rôle de lAcadémie de parti {tefan Gheorghiu cest le nom qua porté cette fabrique de nomenklatura pendant les dernières années du régime était de recycler les élites, conformément à la volonté politique du parti. Pour la masse de salariés de nimporte quel domaine, tout comme pour les élèves et les étudiants, des séances «denseignement de parti» étaient organisées périodiquement (mensuellement ou hebdomadairement). À ces réunions il fallait «débattre» (en réalité, approuver sans discernement) les dernières «vérités» émises par les «documents» de parti (discours, rapports, décisions, etc.). Personne ne pouvait se soustraire à ces réunions dendoctrinement. Toute la population était soumise à linoculation idéologique. 2.4. Lexpérience de la prison politique de Piteºti Pour les individus considérés irrécupérables par des méthodes «normales», dautres moyens ont été trouvés pour détruire leur résistance au changement: la déchéance des droits civiques, la prison, lappel à la peur et lorganisation de la terreur selon le modèle soviétique. On peut trouver ce modèle daction analysé par Hannah Arendt: pour obtenir la «domination totale», le pouvoir totalitaire organise, dans sa phase initiale, «la terreur extrêmement sanglante», dans le but explicite «de vaincre lopposant et rendre impossible toute opposition ultérieure». La stabilité du régime totalitaire dépend de lisolation des opposants, de «leur soustraction au monde des autres, au monde des vivants en général». Le diagnostic des historiens est unanime et clair: en 1945, il a été instauré en Roumanie un régime totalitaire (cf. Deletant, 2001). Les principaux partis dopposition ont été éliminés et le modèle du parti unique a été imposé. Les anciens magistrats ont été éloignés et remplacés par des adeptes fanatiques du régime dépourvus de toute formation juridique minimale. Les arrestations ont commencé, les adversaires politiques ont été taxés «déléments dangereux» et «saboteurs» leur liquidation «sans pitié» a été recommandée en vertu du nouveau système juridique copié sur le modèle soviétique. Enfin, les normes et les pratiques staliniennes ont été imposées dans la vie sociale. Sorti de lillégalité, où la lutte entre ses différentes fractions et lélimination des adversaires constituaient la loi de survie, le parti communiste arrivé au pouvoir a prolongé cette méthode dans le nouveau contexte, projetant au niveau national «un fanatisme étonnant pour les néophytes et terrifiant pour les avisés» (Tismãneanu, 1996). Aurora Liiceanu (2003) lobservait pertinemment: en Roumanie, le régime de type soviétique a été «consacré» par lintermédiaire de deux moyens psychologiques dont la succession a été bien pensée: la terreur et lobédience. La première étape a été caractérisée par la terreur et a eu pour conséquence linstauration de la peur en tant que mode de vie. La deuxième étape a été dominée par la consolidation des «résultats» obtenus, cest-à-dire la soumission généralisée, avec ses conséquences, la passivité et lisolation mentale. CONTEXTE SOCIAL, IDÉOLOGIE ET PRATIQUES SOCIALES... 163 Il existe beaucoup de témoignages sur la manière dont la terreur a commencé et sest déployée afin dinduire une crainte généralisée à toute la population après linstauration du régime communiste (cf. Neculau, 2003, 2004). Cette peur généralisée ne pouvait pas être obtenue seulement par lorganisation dun climat de violence institutionnalisée, une violence détat. Le nombre exact des détenus politiques de Roumanie est inconnu, mais il semble que dans la seule décennie de 1948 à 1958 plus de 100 000 personnes aient été arrêtées. Deletant (2001) croit que ce chiffre est modeste. Récemment, il a estimé que, dans les années 50, environ 180 000 personnes étaient détenues dans les colonies de travail organisées pour la «rééducation des éléments hostiles par le travail», dont 40 000 se trouvaient au Canal Danube-Mer Noire (une construction gigantesque destinée à une main duvre «à rééduquer»). Le dirigeant politique de lépoque, Gheorghiu-Dej, a lui-même reconnu que 80 000 paysans qui ne voulaient pas sinscrire dans le collectif avaient arrêté. Il faut ajouter à ces chiffres les victimes des déportations en masse des personnes considérées peu sûres par le régime: anciens officiers, juges, avocats, industriels et agriculteurs détenteurs de 10 hectares, ou plus, de terrain. Le chiffre de 300 000, avancé pour cette période par certaines sources, ne semble pas irréel. Dans son livre de mémoires de prison, Pavlovici (2001) avance un chiffre hallucinant: 2 million de personnes auraient souffert pour des raisons politiques: mises en détention, soumissions aux enquêtes, condamnations internement en colonies de travail ou cliniques de psychiatrie, déportations. «Parmi ces personnes, écrit Pavlovici, environ 300 000 sont mortes en cellules ou camps dextermination.» (p. 74) Pensons maintenant que chaque détenu avait une famille parents, épouse, enfants. Nous pouvons multiplier ce chiffre au moins par trois ou quatre fois. Il y avait aussi les voisins, les collègues, les amis. «La force de lexemple» avait un effet multiplicateur. La peur régnait sur la plupart de la population. Le programme de soumission utilisé dans les prisons était fondé par trois éléments: la faim, le froid et les violences faites aux détenus. Un cas à part de changement de la structure intérieure de la personnalité par la terreur est celui de la «rééducation» des étudiants détenus politiques dans la prison de Pite[ti. Des collaborateurs recrutés parmi les étudiants-détenus étaient employés par la suite comme instruments de «persuasion», déterminant les autres à «sauto-démasquer». Les tortionnaires subissaient, dans un premier temps, lopération de «rééducation». Ensuite, avec lappui et la bénédiction de la prison, ils devaient assumer la responsabilité de convertir les autres. Les méthodes? La violence, dinimaginables humiliations physiques et psychiques, des punitions inhumaines, la délation, lisolation. Le résultat? Un climat de méfiance et de suspicion, leffondrement complet de la personnalité, une «modification» tellement radicale de «lintériorité» que les individus soumis à cette «expérience» devenaient impossible à reconnaître. «On a su instaurer chez les détenus, une peur, de tout et de tous, telle que la plupart des détenus nont jamais réussi à se rétablir. En un mot, le but final de la destruction des valeurs intérieures de lindividu a été atteint.» (Bacu, 1993) La spécificité de cette «expérience», quon peut qualifier de psychosociologique, est la procédure extrêmement élaborée, allant jusquà la dissolution de la personnalité des «ennemis du régime», transformés dans des obéissants robots. Virgil Ierunca, ancien détenu politique, décrit cette torture et affirme que la clé de la rééducation réussite était le montage expérimental. Chaque phase supposait linterruption régulière des confessions par des tortures. Quoiquon puisse dire ou inventer, Þurcanu 164 ADRIAN NECULAU [le tortionnaire en chef note de lauteur] nétait jamais content et il fallait aller toujours plus loin. Lon ne pouvait pas échapper à la torture. Tout ce quon pouvait faire cétait écourter la durée de la mutilation en saccusant des pires saletés. Le processus comprenait quatre phases: a) Lors de la première, il fallait se «démasquer extérieurement». Cette phase se terminait par laffirmation de la loyauté envers les autorités et le parti. Le détenu était obligé de démasquer toutes les liaisons quil avait eues et quil navait pas dévoilées à lenquête. Il semble que certains détenus montraient encore à la fin de cette phase une acceptation qui nétait que formelle, de façade, sans renoncer à leurs convictions intimes, ce qui néchappait pas à ceux qui conduisaient lexpérience. b) Dans la deuxième phase, il fallait se «démasquer intérieurement». Il était demandé au détenu quil dénonce tous ceux qui lavaient aidé a résister à lintérieur de la prison. La délation était considérée comme un moyen important dans ce processus de changement, car lindividu qui perdait le respect des autres et la confiance en soi était plus vulnérable. c) Dans la troisième, il fallait se démasquer moralement en public. Ceci était un pas de plus vers la dissolution de lindividualité. Le détenu devait fouler des pieds tout ce quil avait de plus cher épouse, famille, amis, croyances et devait inventer des faits abjects, quil imputait à proches parents (parfois même des perversions sexuelles, ou incestes, pour être plus crédible). d) Dans la quatrième phase, lindividu devait démontrer quil était rééduqué: en somme, il devait conduire le processus de «rééducation» de son meilleur ami, en le soumettant à des supplices très savants. La récompense était son acceptation dans lODCC (Organisation des Détenus à Convictions). Grâce à ces méthodes, tout ancien adversaire sorti de prison devenait incapable de manifester à nouveau une opposition ou préserver son individualité et son indépendance de pensée. 2.5. La psychologie de la file dattente Dans la Roumanie de Ceau[escu, la file dattente a constitué lun des rituels et lune des valeurs symboliques de lépoque. Attendre dans une file pour se nourrir était un «mode de vie», conclut le sociologue Pavel Câmpeanu (1994): «Ces dernières dizaines dannées, les roumains ont gaspillé un temps équivalent à des milliers de vies humaines en attendant en file pour se nourrir. Nous ne pourrons jamais mesurer ces pertes, de même que nous ne pourrons jamais connaître le nombre de décès provoqués ou précipités par la sous-alimentation chronique, notamment chez les enfants et les personnes âgées». Le livre de Câmpeanu, écrit dans les années 1986 à 1987, a circulé en Roumanie clandestinement. Lauteur, ancien militant du parti communiste avant même la Seconde Guerre mondiale, constatait navré que «sous Ceau[escu, la Roumanie devient le pays le plus mal-nourri de lEurope». Lindustrialisation forcée a faussé le paradigme de développement: alimenter de la production a entraîné la sous-alimentation des producteurs à travers le contrôle instauré par la «rationalisation» des produits et linvention de linstitution de la file dattente. Au sujet de la vie des roumains à la fin des années 80, cest-à-dire CONTEXTE SOCIAL, IDÉOLOGIE ET PRATIQUES SOCIALES... 165 pendant les dernières années de la dictature de Ceau[escu, Pavel Câmpeanu observait: «Dominée par la course à la nourriture, leur vie quotidienne, marquée par labsence de chauffage, la suspension de lalimentation des ménages en énergie électrique, limpossibilité de trouver détergents et lessive, etc., leur vie se déroulait à la limite de linsatisfaction et le désespoir. Ils passaient une grande partie de leur vie à faire la queue, dans lespoir incertain dacheter un aliment quil ne désiraient pas vraiment et qui était souvent immangeable Les humiliations, la fatigue, les incertitudes qui ont imprégné ce mode de vie ont nourri la colère à lencontre de la tyrannie qui les avait engendrées». Le livre de Câmpeanu, une vraie monographie de la file dattente, analyse les relations endogènes de la file dattente (la concurrence, la dé-hiérarchisation, les relations normatives) et ses relations exogènes (lachat, le troc de produits, la rationalisation spontanée), ainsi que la relation entre le temps passé à attendre et ses effets. Ce livre peut être consulté à titre de guide danalyse ou manuel de ce phénomène. Sous le régime communiste, le motif de la file dattente a dominé les conversations quotidiennes. Parmi les occupations des acteurs sociaux, la file dattente jouait un rôle important et peu en importait la raison ou le lieu: en magasin alimentaire, en librairie pour un livre attendu ou en institution publique pour demander ses droits ou satisfaire un désir. Les participants à ce cérémonial social avaient acquis des comportements spécifiques dadaptation; lindividu moyen ne pouvait pas simaginer lacquisition dune valeur sans se prêter au rituel de la file dattente. La file dattente est lun des symboles de la société qui nous occupe ici: cest le symbole de lalignement, de la transformation de lindividu en «insecte humain», du renoncement à lindividualité et de la perte dans lanonymat. En même temps, le phénomène de la file dattente a développé des valeurs humaines insoupçonnables: des techniques de communication («le téléphone arabe»), la chaleur humaine, la solidarité instinctuelle grave. Un exégète de ce phénomène constate combien les définitions de la file dattente proposées par le grands dictionnaires, sont insuffisantes et schématiques (Sicoe, 1992). Sa tentative de décrire la psychosociologie de la file dattente dans un registre ironique et faussement «scientifique» évite le pathétique et nous offre quelques repères dans lanalyse de ce phénomène. Ainsi, la physiologie de la file dattente classait ces dernières selon leur taille (des files dattente anémiques, modérées ou abondantes), leur degré dordre (file indienne, colonnes, foule) et létat desprit des participants (candeur, désespoir, folie, peur). La file dattente induisait des sentiments intenses, un esprit personnel, une culture spécifique (la culture de lanecdote), modifiait lattitude de la population victimisée et incitait à la recherche dun «bouc émissaire», toujours différent du véritable responsable. L«anatomie» proposée par cet auteur dévoilait, elle, la qualité «dorganisme vivant» de la file dattente: les participants en tant que «cellules» (les individus peuvent être osseux, musculaires ou lâches), la file dattente a un «cur» et un «cerveau», chacun avec ses propres qualités, et un style de comportement («lavancer», employer la masse de manuvre, perpétuer et reproduire la file; en tant que symbole sexuel, la «queue» pouvait manifester tension ou orgasme, voire étaler des sentiments tels que la satisfaction de la chose accomplie, la frustration ou la frigidité). Selon Sicoe, toute file dattente servait à développer les qualités humaines des individus (une psychologie de vainqueur, un goût de parvenir, un repli sans espoir, la science de lagression directe ou diplomatique, la solidarité de groupes structurés à linstar des «bandes 166 ADRIAN NECULAU dagresseurs»). Sicoe nhésite pas à identifier des comportements et rôles spécifiques des individus participants en fonction de leurs tempéraments: ainsi, les colériques devenaient leaders, organisateurs et tribuns; les mélancoliques victimes par excellence, etc. La file dattente était un «société en miniature», qui reproduisait les traits du contexte social général. Elle faisait office de forum, cour, parlement et tribunal en examinant les défections du système, évidemment en un style allusif, basé sur des symboles spécifiques, par peur de la délation. Elle constituait alors une opportunité pour lindividu dagir, de saffirmer, de s(auto-)confronter, une forme de risque, un moyen de socialisation. Par conséquent, ceux qui «ne faisaient pas la queue» (cest-à-dire les profiteurs, les privilégiés, les «faiblards» et les intellectuels) sont méprisés et marginalisés. Symbole de la crise et du déséquilibre, la file dattente pouvait aussi être un facteur de réglage, car elle autorisait le compromis ou la démission en tant moyens de retour à léquilibre. En plus de tout cela, la file dattente à la roumaine avait des éléments à «spécifique national»: un degré élevé de désordre, le dérapage rapide vers la panique, le mépris pour le temps perdu, le caractère violent, le degré réduit de conscience. Lorsquil acceptait la file dattente comme phénomène naturel, inévitable et normal, lindividu apprenait des normes de comportement internes, se soumettait à des règles et des réglementations dorganisation sociale, avançait des conduites sociales attendues, sappropriait des coutumes et des habitudes sociales qui lannexaient à une certaine hiérarchie de valeurs. Il faisait donc lobjet dun apprentissage social et dune transmission sociale (Dubois, 1994). Il assimilait les valeurs des événements normatifs et les utilisait socialement et sidentifiant au système et en acquérant les normes de conduite élaborées par le système. Pour survivre, il sabandonnait. Et, pour employer un terme préféré dans les sciences sociales de lépoque en question, il «sintègrait». 3. De la manipulation des représentations sociales Dans lhistoire moderne de la Roumanie, la vie parlementaire a été courte: depuis 1888, lorsquelle a été adoptée par Constitution, jusquen 1938, lorsque le régime totalitaire de Carol II a été installé. La dictature communiste instaurée à la fin de la Seconde Guerre mondiale a été précédée de trois autres dictatures: (1) celle de Carol II (de février 1938 à septembre 1940); (2) celle dAntonescu et de ses légionnaires (de septembre 1940 à janvier 1941); et (3) la dictature dAntonescu seul (de janvier 1940 à août 1944). Après la guerre et quelques tentatives de rétablissement de la démocratie, la dictature communiste a été instaurée, dont deux périodes sont remarquables: la dictature stalinienne, instaurée en 1948 avec larrivée du nouveau régime, et celle de Ceau[escu, dans les années 80. À toutes ces époques, cest-à-dire bien longtemps, il ny a eu en Roumanie ni vie parlementaire, ni exercice démocratique du pouvoir. Trois ou quatre générations nont connu que des régimes totalitaires et ont dû apprendre la soumission, le compromis et le renoncement. Le changement survenu en 1944 a produit un écart important accentué par larrivée des troupes soviétiques. Ceci a constitué un événement crucial. Une «nouvelle histoire» sest installée, mais les acteurs sont restés dans lexpectative pour voir si lévénement était réversible ou non. En trois ans seulement, de 1945 à 1948, en Roumanie, certains groupes sociaux et physiques ont subi un changement radical de leurs conditions de vie, CONTEXTE SOCIAL, IDÉOLOGIE ET PRATIQUES SOCIALES... 167 politiques, sociales et économiques. Cependant, les changements comportementaux nont pas été essentiels. Les modifications externes étaient bien entendu perçues comme défavorables aux groupes sociaux, mais aussi et surtout comme réversibles: lon attendait le retour à la situation antérieure et laide occidentale, lon espérait que les nouvelles autorités nallaient pas être en mesure dinventer de nouvelles pratiques, etc. De surcroît, la majorité de la population ne voulait pas coopérer avec le nouveau régime. Cependant, les circonstances avaient changé et les anciennes pratiques nétaient plus considérées comme «légitimes». Tous les ans, lécart vis-à-vis de lancien état de la société devenait de plus en plus profond. Tour à tour, tous les repères importants de «lancien régime» disparaissaient. De plus, lon cessait petit à petit dattendre «larrivée des Américains». Une bonne partie de la population a commencé alors à percevoir cette situation comme étant irréversible. Ce segment social a dû sengager alors dans une profonde activité cognitive de réorganisation des représentations sociales. Par rapport à ceux qui ont essayé de sadapter au nouveau mode de vie, les réserves étaient encore importantes. Lincohérence de leur comportement et lévolution contradictoire de la société encourageaient cet écart, en même temps quune attitude dattente. Mais les nouvelles pratiques élaborées «à lextérieur» (à létranger) et soutenues par les méthodes consacrées ont commencé à simposer. Les opposants disparaissent, ou étaient fortement «balayés». Les «adaptables» sont devenus de plus en plus nombreux. Au moment où le régime commençait à remporter des succès reconnus, la plupart de la population est devenue consciente que la solution cest daccepter les nouvelles «pratiques». Le nouveau contexte a exercé des pressions sur les groupes et sur chaque acteur social et les a obligés à reconsidérer les représentations sociales avec lesquelles ils opéraient jusqualors. Cela a eu des répercussions sur chaque individu et particulièrement sur le développement de la personnalité de ceux qui se trouvaient dans une période de formation. Le modèle marxiste du primat socio-historique sur le développement de lindividu sapplique parfaitement dans ce cas-ci: «le spécifique social est transféré à lindividu. Lui, lindividu, nest pas générateur de personnalité; il nest que le porteur de lessence produite dans un cadre socio-historique particulier» (Popescu-Neveanu, 1978). Par conséquent, lorganisation des schémas et de la structure de la pensée ainsi que lorientation de lindividu vers des valeurs spécifiques se sont trouvées subordonnées à la «transformation historique» de la société. Lorganisation et le fonctionnement du social se «reflètent» dans le développement de la personnalité, dans le «style» de lensemble de représentations. Pour créer un nouveau modèle social, il a suffi donc contraindre les individus à adopter modèles, informations et pratiques nouvelles. Le nouvel «enseignement» mis en place a été cohérent, explicite, simple et sans contradictions. Cétait la seule transmission autorisée du savoir. Une fois acquis, il a créé un système dévaluation et une ensemble unitaire de pratiques sociales. Grâce aux techniques de persuasion adéquates, cet enseignement a pu être partagé par les «larges masses». Ces dernières lutilisent comme une grille de lecture du monde et du contexte social. Toute nouvelle information est reçue à travers ce moule. Si elle «correspond» à celui-ci, alors elle est «bonne». Si elle ne sy sintègre pas, elle est qualifiée détrangère, «cosmopolite», hostile, défavorable. Cest ainsi qua été obtenu un type de personnalité créé conformément aux «besoins» du type de société (Neculau, 1999). 168 ADRIAN NECULAU Après le changement du régime survenu en 1989, malgré la création de nouvelles conditions sociales, politiques et économiques, un bon nombre dacteurs sociaux a répondu par une résistance inattendue aux nouvelles pratiques. Aujourdhui encore, quinze ans plus tard, ils opèrent avec des structures cognitives «apprises» pendant leur enfance et adolescence. Ils traitent toute nouvelle information en utilisant la grille de décodage et interprétation élaborée pendant leur formation. Et ils attendent toujours de voir si la situation est irréversible ou non. Modèle et identification Nous avons déjà énuméré les méthodes utilisées par le régime instauré en 1945 pour aligner, soumettre et hypnotiser les individus: la formation précaire, linstallation de la peur et de la suspicion, la formalisation de la vie publique et privée, la ritualisation et la bureaucratisation de la personnalité. Tout était prescrit, dirigé, censuré: mots, gestes, attitudes, comportement public (Neculau, 1991; 1999). Cette ambiance empreinte de méfiance et pression continuelle nest pas resté sans conséquences. Elle a encouragé le comportement duplice, obéissant et servile. Afin de défendre sa situation personnelle et lavenir de ses proches, lindividu se réfugiait en un conformisme superficiel, mimait ladhésion au régime, se dédoublait. Souvent, cette adaptation pénétrait la vie privée et les relations avec lentourage. Lindividu perdait progressivement son identité, renonçait à sa personnalité et devenait malléable au gré du pouvoir. Formé dans un tel climat social, lindividu sest approprié des techniques de dissimulation et défense qui ont abouti à son identification au modèle encouragé par le pouvoir. Son identité psychosociale (concept proposé en 1973 par Marisa Zavalloni) est une synthèse de sa formation individuelle et les caractéristiques de la culture commune, une synthèse entre lEgo et le contexte social global, laquelle signe sa solidarité avec le groupe dappartenance. Linteraction prolongée avec les idées et les pratiques culturelles spécifiques autorisent le social à pénétrer la substance même de la personnalité individuelle avec son arsenal didées, attitudes et pratiques qui sy trouvent ainsi transférées, afin aboutir à la construction du rôle social attendu et limplication de lindividu en tant quacteur social. Le social façonne une identité-type à laquelle lindividu peut résister un certain temps, mais quil finit par assimiler pour en construire sa propre version, dans les limites de cette matrice. Quels sont les mécanismes de cette forme spécifique de connaissance sociale? Michel-Louis Rouquette (1994) propose un model explicatif applicable à la réalité que nous avons décrit ici: (a) la connaissance est produite dans une configuration sociale et historique donnée; (b) cette dernière propose des pratiques collectives organisées qui donnent à la réalité une signification particulière et construisent des modèles relativement abstraits pour permettre de laborder. Rouquette a proposé (1988; 1994) la notion de nexus pour expliquer des conduites observées fréquemment dans le champ de la psychologie collective. Les nexus (a) sont «des noeuds affectifs prélogiques» utilisés pour justifier des jugements ou engagements publics (des notions telles que «liberté», «peuple», «révolution» puisent leur force dans un discours autant que dans un systeme cognitif formé par fusion); (b) ils ont «un caractère collectif, en cela quil sont partagés par la plupart des membres dun groupe- CONTEXTE SOCIAL, IDÉOLOGIE ET PRATIQUES SOCIALES... 169 ment social»; (c) ils masquent les différences inter- et intra-groupe»; (d) ils mobilisent les individus en encourageant le conflit idéologique; (e) ils ont pour objet une abstraction protégée, telle quun idéal de vie (au nom de mots-clés tels que «liberté, égalité, justice); (f) «ils sont indexés par un terme unique qui les exprime totalement», comme une étiquette; (g) ils pratiquent une «rhétorique de lemphase» telle que les «proclamations politiques solennelles, les professions de foi grandiloquentes, les hommages vibrants, [...] les répétitions systématiques», lesquelles sont des aspects dune «langue de bois» propre. Les nexus guident les opinions et les prises de position, sont des alliés de la propagande et fabriquent des slogans. Enfin, ils cristallisent la pensée sociale autour de leur noeuds idéologiques et des «rêves» abstraits quils protègent par tous les moyens. Les nexus ne salimentent pas de la diversité du contexte, si celle-ci existe, mais sinstallent en amont, évacuant ainsi discussions, alternatives et hésitations. Ils orientent la pensée dans la «bonne» direction, restreignent la réflexion critique et la focalisent. Ils génèrent la pensée sociale de manière «énergétique», proposent des significations déjà élaborées et organisent le noyau central des représentations sociales. Ils découpent et singularisent un espace particulier, le personnalisent à travers la pression émotionnelle et le livrent ensuite au social en tant que produit fini, dégageant ainsi la voie à lélaboration dune pensée sociale claire, accessible, non-ambigüe et basée sur les certitudes. Rendus indifférents aux signaux de la réalité objective, les individus utilisent les nexus pour protéger une construction idéale et justifier quelques «erreurs» (jamais importantes) et se cachent derrière des croyances quils soutiennent affectivement pour défendre leur passé ils se sont désormais identifiés. Ce modèle explicatif proposé par Michel-Louis Rouquette (1994) est parfaitement compatible à la réalité décrite ici. Ce qui signifie quelle est visible pour quiconque se trouve en dehors du système qui la engendrée. Rezumat: Contextul social-global, ideologic, ca ºi cel imediat, situaþional, construiesc împreunã o realitate socioistoricã care înveleºte individul, obligându-l sã interpreteze într-un anumit mod informaþia cu care intrã în contact ºi sã elaboreze anumite imagini, credinþe, reprezentãri. Deºi contextul social s-a schimbat ireversibil, majoritatea actorilor sociali conservã nu numai gesticulaþia colectivã, ci ºi strategiile de distanþare, practicile de disimulare, stilul de adaptare. Plecând de la o analizã a totalitarismului comunist, aceastã expunere îºi propune scoaterea în evidenþã a mecanismelor psihosociale de rezistenþã la schimbare. Abstract: The global ideological context, just like the immediate, situational context, together construct a certain socio-historical reality which the individual is compelled to adopt in order to interpret information and construct images, beliefs, and representations. Even when the social context changes, most of the social actors preserve both their collective gesticulation as well as their strategies of disconnection, practices of dissimulation, or style of adaptation. This paper attempts to highlight the psychosocial mechanism of the phenomenon of resistance to change on the example of communist totalitarianism. Bibliographie Abric, J.C. (éd.) (1994), Représentations sociales et pratiques, PUF, Paris. Abric, J.C. et Guimelli, Ch. (éd.) (1998), Représentations sociales et effets de contexte, Connexions, 72 (2), pp. 23-37. 170 ADRIAN NECULAU Bacu, D. (1993), Piteºti. La Buchenwald se murea uºor (Pite[ti. À Buchenwald on mourait facilement), Atlantida, Bucureºti. Botez, M. (1992), Românii despre ei înºiºi (Les Roumains sur eux mêmes), Editura Litera, Bucureºti. Buzatu, G. (1991), Rãzboiul mondial al spionilor (La guerre mondiale des espions), BAI, Iaºi. Câmpeanu, P. (1994), Rom^nia: coada dupã hranã. Un mod de viaþã, Editura Litera, Bucure[ti. Deconchy, J.P. (1989), Psychologie sociale. Croyances et idéologies, Méridiens Klincksieck, Paris. Deletant, D. (2001), Teroarea comunistã în Rom^nia (La terreur communiste en Roumanie), Editura Polirom, Iaºi. Doise, W. (1990), Les représentations sociales, in G. Bonnet, R. Ghiglione et J.F. Richard (ed.), Psychologie cognitive (vol. 3), Bordas, Paris. Doise, W. (1992), Lancrage dans les études sur les représentations sociales, Bulletin de psychologie, XLV, 405, pp. 189-195. Dubois, N. (1994), La norme dinternalité et le libéralisme, Presses Universitaires de Grenoble, Grenoble. Gheorghiu, M.D. (1992), Cadres et intellectuels. Notes sur le système denseignement et sur la structure du champ de pouvoir en Roumanie, in Monique de Saint-Martin et M.D. Gheorghiu (éds.), Les institutions de formation des cadres dirigeants. Étude comparée, Maison des sciences de lhomme, Centre de sociologie européenne, Paris. Garnier, C. (2000), La pensée sociale: questions vives, in Garnier, C. (éd), Les formes de la pensée sociale, PUF, Paris. Guimelli, Cl. (1999), La pensée sociale, PUF, Paris. Ierunca, V. (1996), Piteºti, laboratoire concentrationnaire (1949-1952), préface de François Furet, Éditions Michalon, Paris. Ioan, M. (1992), Éléments pour une histoire sociale des institutions de formation des cadres en Roumanie (1946-1989), in Monique de Saint-Martin et M.D. Gheorghiu (éds.), Les institutions de formation des cadres dirigeants. Étude comparée, Maison des sciences de lhomme, Centre de sociologie européenne, Paris. Ioan, M. (1995), Les caractéristiques sociales et scolaires du public dune institution de formation de cadres dirigeants en Roumanie (1970-1989), in D. Broady, Monique de Saint Martin et M. Palme, Les Élites. Formation, reconversion, internationalisation, École de Hautes Études en Sciences Sociales, Paris. Jodelet, D. (1989), Les représentations sociales, PUF, Paris. Jodelet, D. (1984), Représentation sociale: phénomènes, concept et théorie, in S. Moscovici, Psychologie sociale, PUF, Paris. Liiceanu, A. (2003), Rãnile memoriei. Nucuºoara ºi rezistenþa din munþi (Les blessures de la mémoire. Nucuºoara et la résistance des montagnes), Editura Polirom, Iaºi. Marková, Ivana (1999), Sur la reconnaissance sociale, Psychologie et société, 1, pp. 55-80. Moscovici, S. et Vignaux, G. (1994), Le concept de thêmata, in Ch. Guimelli, Structures et transformations des représentations sociales, Delachaux et Niestle, Neuchatel. Moscovici, S. (1961), La psychanalyse, son image et son public, PUF, Paris. Moscovici, S. (1984), Psychologie sociale, PUF, Paris. Moscovici, S. (2002), Pourquoi létude des représentations sociales en psychologie?, Psychologie & société, 4, pp. 7-24. Moscovici, S., Vignaux, G. (1994), Le concept de thèmata, in G. Guimelli (ed.), Structures et transformations des représentations sociales, Delachaux et Niestlé, Lausanne. Moscovici, S. et Neculau, A. (2002), Urmele timpului. Iluzii rom^neºti, confirmãri europene, Editura Polirom, Iaºi. Mungiu, A. (1995), Românii dupã 89 (Les Roumains après 89), Editura Humanitas, Bucuresti. Neculau, A. (1991), Roumanie: le changement difficile, Connexions, 58, pp. 107-118. CONTEXTE SOCIAL, IDÉOLOGIE ET PRATIQUES SOCIALES... 171 Neculau, A., Cozma, T., Cucoº, C., Dafinoiu, I., Iacob, L. et Manta, M. (1995), Changement et résistance au changement dans le milieu universitaire roumain, European Journal of Teacher Education, 18 (2-3), pp. 155-170. Neculau, A. (éd.) (1995), Reprezentãrile sociale (Les Représentation sociales), Societatea ªtiinþã ºi Tehnicã, Bucureºti. Neculau, A. (éd.) (1996), Psihologia socialã. Aspecte contemporane (Psychologie sociale. Aspects contemporains), préface de Serge Moscovici, Editura Polirom, Iaºi. Neculau, A. (1998), Lhomme nouveau et son comportement organisationnel, Psychologie du travail et transformation de la société, Presses Académiques, Neuchâtel. Neculau, A. (1998), Intervention et manipulation, Connexions, 71 (1), pp. 187-205. Neculau, A. (1999), Memoria pierdutã (La mémoire perdue), Editura Polirom, Iaºi. Neculau, A. (2002), Le contrôle de contexte politique et la manipulation des representations sociales, in C. Garnier, W. Doise (coord.), Les représentations sociales. Balisage du domaine détude, Éditions Nouvelles, Montréal. Neculau, A., Curelaru, M. (2003), Reprezentãri sociale, in A. Neculau (éd), Manualul de psihologie social\, Editura Polirom, Iasi. Neculau, A. (2004), La «rééducation»: lexperience roumaine du totalitarisme, Chimeres, 53, pp. 139-150 Niþescu, M. (1995), Sub zodia proletcultismului. Dialectica puterii (Sous le signe du proletcultisme. La Dialectique du pouvoir), Editura Humanitas, Bucureºti. Pavlovici, F.C. ( 2001), Tortura pe `n]elesul tuturor (La torture pour tous), Editura Cartier, Chiºinãu. Popescu-Neveanu, P. (1978), Dicþionar de psihologie (Dictionnaire de psychologie), Editura Albatros, Bucureºti. Rouquette, M.-L. (1994), Sur la connaissance des masses. Essai de psychologie politique, PUG, Grenoble. Rouquette, M.-L. (1998), La communication sociale, Dunod, Paris. Rouquette, M.-L. (1999), Sur une catégorie particulière de représentations sociales en psychologie politique, Psychologie et Société, n°2, pp. 21-28. (Trad. roumaine: Despre o categorie particularã de reprezentãri sociale în psihologia politicã, Psihologia Socialã, n° 8, 2001, pp. 6-11; trad. portugaise et espagnole en cours de publication.) Selejan, A. (1992), Trãdarea intelectualilor (La trahison des clercs), Editura Transpres, Sibiu. Selejan, A. (1993), Reeducare ºi prigoanã. România în timpul primului rãzboi cultural (Rééducation et ostracisme. La Roumanie pendant la première guerre culturelle), Editura Transpres, Sibiu. Sicoe, F. (1992), Tratat asupra cozii (Traité sur la file dattente), Editura Funda]iei Culturale Rom^ne, Bucureºti. Tismãneanu, V. (1996), Arheologia terorii (Archéologie de la terreur), Editura Alfa, Bucure[ti. Cãtãlin Dîrþu1 Simþul psihologic comun ºi reprezentãrile sociale Rezumat: În acest articol ne-am propus sã trecem în revistã câteva dintre cele mai importante dimensiuni ale simþului comun psihologic. În acest scop am procedat la o prezentare a principalelor lui conþinuturi, pornind de la ipoteza cã simþul comun psihologic se structureazã pe douã niveluri diferite de complexitate, nivelul interpersonal ºi nivelul social. Deºi unii autori concep termenul de reprezentãri sociale ca suprapunându-se pânã la identitate celui de simþ comun psihologic, punctul de vedere exprimat aici, chiar dacã recunoaºte importanþa ºi complexitatea acestui proces psihosocial, încearcã sã înscrie reprezentãrile sociale în rândul componentelor simþului comun psihologic. Simþul comun ºi cele trei discursuri sistematice despre suflet: discursul teologic, filosofic ºi cel ºtiinþific Ne place sã ne definim pe noi înºine ca fiind fiinþe raþionale. Conºtiinþa este consideratã cea mai de preþ podoabã pe care omul a primit-o spre înnobilarea sufletului sãu ºi principala dimensiune prin care ne diferenþiem de celelalte fiinþe. Libertatea noastrã ºi supremaþia noastrã ca specie se datoreazã faptului cã, raþionali fiind, avem capacitatea de a judeca atât realitatea exterioarã, cât ºi cea interioarã. Aceastã putere de a ne judeca pe noi înºine i-a fascinat pe gânditorii tuturor timpurilor, determinându-i sã încerce sã surprindã sistematic ºi în cele mai ingenioase moduri calitãþile psihicului uman. Astfel, psihicul a devenit obiectul mai multor psihologii, pentru cã aceastã preocupare constantã a omului pentru cunoaºterea sufletului nu s-a manifestat niciodatã unitar, sub acelaºi stindard. Logos-ul, termen luat aici în sensul sãu cel mai larg, de cunoaºtere sau discurs, poate exista sub cel puþin trei înfãþiºãri diferite: discurs filosofic, discurs teologic ºi discurs ºtiinþific, astfel încât ºi psiho-logos-ul, discursul despre suflet, poate fi regãsit sub aceeaºi întreitã înfãþiºare. Cele trei tipuri de discurs au la bazã atitudini diferite faþã de una ºi aceeaºi realitate, psihicul uman. În cadrul discursului teologic, sufletul individual este privit ca fiind o creaþie a Zeului. Din aceasta decurge cã sufletul în esenþa sa este de naturã divinã ºi cã principalele sale atribute: nemurirea, conºtiinþa ºi, legatã indisolubil de aceasta, libertatea de a 1. Universitatea Al.I. Cuza, Ia[i. PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale SIMÞUL PSIHOLOGIC COMUN ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE 173 alege, aparþin cu necesitate unei alte lumi decât cea direct observabilã. Marcat de consecinþele pãcatului originar, care în mai toate religiile este rãzvrãtirea împotriva propriului Creator, sufletul uman este prizonierul unei lumi vizibile (natura), cãreia nu-i aparþine de drept decât prin trup (lut). Este normal ca, în toate concepþiile teologice, tendinþa fundamentalã a sufletului sã fie consideratã aceea de a scãpa, de a se elibera de chingile acestei lumi imperfecte pentru a-ºi recãpãta locul în lumea idealã. Discursul teologic îºi are astfel specificul sãu. Celebra afirmaþie a lui Iisus: Cautã ºi vei afla, bate ºi þi se va deschide nu este o invitaþie la cercetarea analiticã a naturii, aºa cum o cere ºtiinþa, ci la comuniunea prin credinþã cu Dumnezeu. De aceea, teologul va cerceta sufletul uman numai pentru a afla, pe de o parte, care sunt rãdãcinile pãcatelor ºi formele sub care se înfãþiºeazã ele, deoarece acestea rup legãtura dintre om ºi Zeu ºi, pe de altã parte, care sunt virtuþile prin care omul poate reface legãtura cu lumea divinã. La prima vedere, discursul filosofic despre suflet pare a fi identic cu cel teologic. Majoritatea covârºitoare a filosofilor cred ºi ei în existenþa unei lumi ideale, o lume a principiilor, care ar sta la baza ordinii din lumea vizibilã. Platon vorbeºte despre eidos-uri (forme), Aristotel despre primul motor, Leibniz considerã cã adevãratele realitãþi sunt monadele etc. Aproape cã nu existã filosof care sã nu acorde în cadrul sistemului sãu un loc special cunoaºterii psihicului uman începând cu lucrãrile anticilor greci ºi pânã astãzi. Problema sufletului este ºi aici abordatã în funcþie de modul în care filosoful concepe lumea transcendentã, de dincolo de vizibil. ªi pentru filosofi, lumea observabilã prezintã un interes secund. În celebrul mit al peºterii din dialogul Republica, Platon îi considerã pe cei preocupaþi numai de cercetarea lumii observabile ca fiind condamnaþi sã cunoascã doar o lume fãrã consistenþã, o lume a umbrelor. Deºi par a fi identice, existã o deosebire esenþialã între discursul teologic ºi cel filosofic. În timp ce teologul este obligat sã porneascã de la un corp de scrieri sacre care exprimã voinþa Zeului (Biblia, Coranul etc.) ºi sã le interpreteze atent pentru a nu deveni eretic, filosoful este liber de aceastã constrângere. De aceea, fiecare sistem filosofic diferã de celelalte, fiind o construcþie subiectivã. Atitudinea filosofului este una personalã, existând atâtea concepþii despre suflet câþi filosofi sunt. În ceea ce priveºte discursul ºtiinþific despre suflet, el se deosebeºte radical de celelalte douã prezentate pânã acum, prin faptul cã nu ia în calcul decât lumea observabilã. ªtiinþa este interesatã doar de relaþiile cauzã-efect care sunt mãsurabile, au un caracter legic, adicã sunt generale, necesare ºi repetabile. Ea îºi delimiteazã întotdeauna cu grijã obiectul de cunoscut ºi îl atacã cu metode precise în cadrul cãrora observaþia sistematicã ºi experimentul ocupã un loc principal. Ceea ce nu se circumscrie definiþiei pe care o ºtiinþã o dã obiectului ei ºi nu poate fi abordat cu metodele specifice acelei ºtiinþe nu prezintã interes. Psihologul, ca om de ºtiinþã, îºi propune deci sã observe sistematic, sã testeze, sã chestioneze, sã experimenteze, sã mãsoare ºi sã verifice proprietãþile psihicului, devenit obiect al cercetãrii riguroase, sistematice. Descoperirea unor legi obiective, chiar dacã au un caracter statistic, îi dã psihologului puterea de a anticipa, de a prezice cursul fenomenelor pe care aceste legi le regleazã. Probleme precum cea a nemuririi sufletului, a libertãþii ºi a moralitãþii lui sau a legãturii pe care sufletul o are cu lumea divinã, transcendentã, nu se supun unei cercetãri de tip ºtiinþific, nu pot fi analizate sistematic ºi nu conduc la legi, de aceea aceste probleme sunt cercetate ºi astãzi tot de teologie ºi 174 CÃTÃLIN DÎRÞU filosofie, deoarece discursul lor nu considerã ca necesarã verificarea empiricã a afirmaþiilor, ci numai realizarea unei coerenþe logice interne a interpretãrilor propuse de ele. Punctul comun spre care converg cele trei discursuri este caracterul lor sistematic. Ele alcãtuiesc hãrþi diferite ale psihicului uman, dar aceste hãrþi sunt construite cu minuþiozitate ºi cu pretenþia unei coerenþe logice aproape perfecte. De pe aceste poziþii este normal ca gânditorii care au fãcut acest efort de sistematizare a cunoºtinþelor despre psihic, fie ei teologi, filosofi sau oameni de ºtiinþã, sã aibã o atitudine distantã, dacã nu chiar dispreþuitoare faþã de încercãrile omului obiºnuit de a-ºi explica singur misterele funcþionãrii psihicului. Dintotdeauna, teologii ºi-au adaptat limbajul la capacitatea de înþelegere a omului simplu, vorbindu-i în parabole, dar problemele teologice importante le-au discutat numai între ei. Mult mai tranºanþi în privinþa capacitãþii omului obiºnuit de a înþelege sunt filosofii. Ei ºi-au împodobit învãþãtura cu o aurã iniþiaticã, ºi-au selectat cu mare atenþie discipolii ºi i-au învãþat pe aceºtia sã nu discute sofisticatele probleme filosofice cu oamenii de rând, pentru a nu cãdea din nou în starea molipsitoare în care se aflã aceºtia, starea de ignoranþã. Nici omul de ºtiinþã, psihologul, nu a adoptat o atitudine blândã faþã de încercãrile omului obiºnuit de a-ºi explica misterele vieþii psihice. Majoritatea psihologilor ºi-au privit propriul lor efort de cercetare ºi de teoretizare ca pe unul nu doar de distanþare, ci chiar de contrazicere a simþului comun. Caracterul sistemic ºi logic al teoriilor psihologice trebuia sã contrasteze cu caracterul nesistematic ºi aleatoriu al judecãþilor omului obiºnuit. Considerat a fi marcat de prejudecãþi, simþul comun psihologic a fost privit ca o psihologie a bunicii, ce trebuie înlocuitã de un discurs tânãr, dinamic ºi adaptat realitãþii, cel al psihologiei ºtiinþifice. În consecinþã, psihologii au fãcut eforturi deosebite pentru a-ºi construi un limbaj diferit de cel al omului obiºnuit ºi au mers chiar mai departe: pentru a fi justificate eforturile oamenilor de ºtiinþã de a înlocui simþul comun, s-a afirmat cã judecãþile psihologice ale omului obiºnuit sunt cel mai adesea o sursã de eroare. Efectul acestor erori de judecatã se reflectã într-o vulnerabilitate crescutã a omului obiºnuit în faþa problemelor care-l asalteazã în viaþa de zi cu zi, iar în caz extrem, în inadaptarea lui la realitatea socialã în care trãieºte. Am încercat sã subliniem pânã acum cã discursurile sistematice despre psihic, fie ele teologice, filosofice sau ºtiinþifice, au tendinþa de a respinge simþul psihologic comun ca fiind nesistematic, plin de prejudecãþi ºi sursã de erori. Adversarii simþului comun sunt extrem de mulþi ºi multe dintre argumentele lor nu sunt nefondate, dar, din fericire, psihologii contemporani tind sã-ºi schimbe radical concepþia despre natura ºi importanþa simþului psihologic comun. Departe de a mai fi privit doar ca o sursã de eroare, simþul comun este astãzi considerat o sursã inepuizabilã de informaþii privind variatele modalitãþi de adaptare a omului obiºnuit la cea mai complicatã dintre formele pe care le îmbracã realul: realitatea socialã. Fãcând abstracþie de noi înºine, putem spune cã nu existã în mediul ce ne înconjoarã o fiinþã mai complexã, mai necesarã ºi, nu în ultimul rând, mai periculoasã decât Celãlalt. Printre funcþiile simþului comun o putem enumera pe aceea de cunoaºtere ºi adaptare, pe cea de economisire a energiilor prin reducerea efortului de cunoaºtere prin apel la automatism ºi reducþie, aceea de a oferi o imagine coerentã despre realitatea psihosocialã ºi, nu în ultimul rând, pe aceea de a dezvolta o capacitate de a anticipa ºi prevedea. SIMÞUL PSIHOLOGIC COMUN ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE 175 Conþinuturi ale simþului comun În mãsura în care psihologii au acceptat ideea cã simþul comun psihologic nu este o simplã colecþie sau o sumã de procese psihologice fãrã legãturi între ele, iar funcþiile lui adaptative s-au conturat din ce în ce mai clar, ei au trebuit sã se concentreze asupra descoperirii ºi cercetãrii conþinuturilor acestuia. Vom încerca în continuare, fãrã a avea pretenþia de a epuiza subiectul, sã creionãm câteva dintre cele mai importante conþinuturi ale simþului comun, punând accent pe relaþiile dintre ele ºi, mai ales, pe locul pe care îl ocupã, în opinia noastrã, reprezentãrile sociale în acest ansamblu. Plecãm de la ipoteza cã simþul comun psihologic are un caracter deosebit de complex, sistemic, ºi cã nici un concept, oricât de general sau de apropiat ar fi el de realitatea psihologicã pe care o reflectã, nu poate explica în totalitate dinamica ºi complexitatea proceselor de cunoaºtere prin care omul obiºnuit încearcã sã-ºi explice aceastã realitate. Mai mult, considerãm cã putem încerca sã organizãm, fãrã a greºi prea mult, aceste procese pe cel puþin douã niveluri de complexitate, nivelul interindividual ºi cel societal. Atribuirile. Ca orice altã fiinþã vie, omul nu se poate sustrage acþiunii. Necesitatea de a acþiona este de aceea o certitudine absolutã. Reacþie, rãspuns, activitate, conduitã, comportament, toate sunt doar câteva dintre etichetele sub care aceastã necesitate a fost studiatã de psihologi. Pânã nu demult, psihologii behavioriºti au considerat comportamentul ca fiind singura realitate obiectivã demnã de cercetat ºi importanþa cercetãrii lui nu este deloc neglijatã nici în condiþiile dominaþiei instituite astãzi de cãtre psihologia cognitivã. Acþiunile semenilor noºtri au consecinþe importante, ele fiind responsabile de producerea celor mai semnificative modificãri pe care le suportã mediul ambiant. Ca observator, omul obiºnuit nu poate asista pasiv la aceste schimbãri continue ce se produc în câmpul lui perceptiv. El trebuie sã le înþeleagã, sã le atribuie un sens, sã le dea o interpretare. Aceste constatãri au constituit punctul de plecare al unui important numãr de cercetãri din psihologia socialã al cãror ecou este astãzi încã departe de a fi stins. Rezultatele acestor cercetãri au fost grupate sub numele generic de teorii ale atribuirii. F. Heider (1958), psiholog social de orientare gestalistã, este primul cercetãtor care a studiat în mod sistematic interpretãrile naive pe care omul obiºnuit le dã comportamentului celorlalþi. Conform concepþiei lui Heider, omul obiºnuit încearcã în mod spontan sã surprindã cauzele ce produc modificãri în câmpul lui perceptiv, deoarece are nevoie sã perceapã lumea lui într-un mod stabil, ordonat, previzibil ºi controlabil. Dupã ce a împãrþit cauzele ce stau la baza conduitei noastre în cauze sociale ºi cauze dispoziþionale, Heider a constatat cã omul obiºnuit preferã în mod evident sã-ºi explice comportamentul celorlalþi ca fiind determinat de cauze dispoziþionale ºi acordã o mai micã atenþie cauzelor sociale. Cu alte cuvinte, simþul comun psihologic, privit aici ca o încercare de înþelegere spontanã a acþiunilor Celuilalt, are o deosebitã importanþã pentru omul obiºnuit, deoarece acesta îl considerã pe semenul sãu ca fiind agentul cel mai important al schimbãrii, responsabil de majoritatea modificãrilor pe care le suportã realul. Dezvoltând teoria lui Heider, Jones ºi Davis (1965) au considerat cã atribuirile dispoziþionale pe care la face omul obiºnuit pot fi spontane ºi deseori inconºtiente, dar cã ele nu sunt deloc simple. Conºtiente sau nu, conform celor doi autori, atribuirile noastre urmeazã paºii unei scheme inferenþiale. Procesul de inferare a dispoziþiilor 176 CÃTÃLIN DÎRÞU stabile ale persoanei se desfãºoarã de-a lungul a douã etape. Într-o primã etapã, psihologul naiv trebuie sã-i atribuie actorului o intenþie, adicã trebuie sã creadã cã acesta cunoaºte consecinþele acþiunii sale ºi abia apoi, în etapa a doua, se realizeazã atribuirea dispoziþiilor, adicã va fi inferatã capacitatea actorului de a realiza acþiunea. Procesul de prelucrare a informaþiei provenite din comportamentul observabil are loc invers, de la efect la cauzã, de la acþiune, prin mijlocirea intenþiei, la dispoziþiile stabile care se presupune cã stau la baza comportamentului. Un pas mai departe în efortul de a demonstra cã procesul atribuirii poate fi spontan, dar cã el este complex ºi sistematic l-a fãcut Kelly, care a susþinut cã omul obiºnuit utilizeazã în procesul de atribuire o variantã naivã a analizei de varianþã (ANOVA). Ca ºi omul de ºtiinþã, afirma Kelly, omul obiºnuit utilizeazã trei tipuri de informaþie din care îºi extrage apoi concluziile sub forma unor scheme cauzale. Este vorba despre o informaþie consensualã care se referã la variaþia unui efect în rândul persoanelor, o informaþie privind constanþa, ce urmãreºte variaþia unui efect de-a lungul timpului ºi un tip de informaþie ce vizeazã distinctivitatea, adicã variaþia unui efect de-a lungul stimulilor. Aceastã informaþie nu provine dintr-o singurã observaþie, ci din observaþii multiple, iar Kelly recunoaºte cã omul obiºnuit nu posedã întotdeauna toate tipurile de informaþii necesare desfãºurãrii optime a procesului atribuirii. Interpretarea expresiilor faciale. Teoriile atribuirii au scos în evidenþã importanþa deosebitã pe care omul obiºnuit i-o conferã celuilalt ca agent cauzal ºi am putut vedea ºi ce rol deosebit are atribuirea intenþiei încã înainte de fi inferate dispoziþiile. Dar foarte multe cercetãri actuale scot în evidenþã faptul cã dispoziþiile personale nu sunt inferate de psihologul naiv numai din acþiunea directã a celorlalþi asupra realitãþii, ci ele pot fi inferate din expresiile emoþionale ale feþei. Se crede cã existã o legãturã importantã între modul în care se fac atribuirile dispoziþionale ºi expresile emoþionale ale feþei actorilor sociali. Credinþa cã principalele trãsãturi de personalitate ne sunt scrise pe faþã nu este de datã recentã. Se spune cã Pitagora nu accepta un nou discipol pânã nu-i studia atent trãsãturile feþei. Tot în Antichitate, Aristotel a încercat sã asocieze trãsãturile faciale cu cele de personalitate, iar în secolul al XVIII-lea, elveþianul Lavater a scris un imens tratat de fizionomie. Un pas important în tratarea ºtiinþificã a acestei probleme s-a produs o datã cu publicarea operei lui Darwin Expresii ale emoþiilor la oameni ºi animale (1872). În acord cu ideile sale despre evoluþia speciilor, Darwin a considerat cã unele expresii emoþionale au un caracter general, putând fi observate atât la oameni, cât ºi la alte specii de animale. Tristeþea, bucuria, furia sau dezgustul pot fi citite atât de repede pe chipurile celorlalþi, încât Darwin a considerat cã expresiile noastre emoþionale îndeplinesc atât o funcþie biologicã, cât ºi una socialã ºi sunt în cea mai mare mãsurã înnãscute. Afirmaþiile lui Darwin au inspirat o serie impresionantã de studii, iar cercetãtorii contemporani au adus o multitudine de argumente în favoarea acestora. Faþa umanã este întotdeauna partea cea mai vizibilã a corpului, poate exprima cu uºurinþã dinamica emoþiilor trãite de subiecþi datoritã existenþei unui mare numãr de muºchi ce permit multiple combinaþii, ºi este de aceea sursa principalã de indici nonverbali privind stãrile noastre psihice. Credinþa omului obiºnuit în posibilitatea de a citi trãsãturile de personalitate pe faþa celuilalt s-a dovedit a fi deosebit de puternicã. Într-un studiu realizat pe 535 de subiecþi SIMÞUL PSIHOLOGIC COMUN ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE 177 care au fost întrebaþi dacã ei considerã cã pot fi citite trãsãturile de personalitate ale indivizilor prin studierea feþei, 75% dintre respondenþi s-au declarat încrezãtori în aceastã posibilitate (Hassin ºi Trope, 2000). Teoriile implicite de personalitate. Psihologul nostru naiv a fost înfãþiºat, pânã acum, ca un activ observator al comportamentului uman ºi al trãsãturilor distinctive ale feþei celorlalþi. Dar alþi psihologi atrag atenþia cã ne erijãm spontan în judecãtori ai celorlalþi chiar ºi fãrã sã avem acces direct la informaþii comportamentale sau la indici faciali. Conform pãrerii acestora, indicii verbali par a avea o valoare informativã superioarã celor comportamentali sau faciali. Putem porni de la constatarea lui Allport ºi Odbert care au gãsit peste 17 000 de termeni ce fac trimiteri la caracteristici ale personalitãþii. Faptul cã limbajul nostru abundã în termeni desemnaþi a fi utili în caracterizarea celorlalþi vorbeºte de la sine despre importanþa pe care omul obiºnuit o acordã cunoaºterii semenilor sãi. Dar sunt termenii ce desemneazã trãsãturi de personalitate simple etichete verbale sau fac trimitere la stãri psihice constante în spaþiu ºi timp? Datoritã faptului cã structurile noastre neuronale sunt extrem de complicate ºi menite a coordona comportamente deosebit de complexe, Allport a considerat cã poate susþine ipoteza suprapunerii etichetelor noastre verbale pe structuri de personalitate reale. Chiar dacã aceastã suprapunere nu este perfectã, iar unii psihologi considerã chiar cã este prea puþin semnificativã, judecãþile omului obiºnuit fac apel în mod spontan ºi foarte des la termeni ce desemneazã trãsãturi de personalitate. Utilizând aceºti termeni, omul obiºnuit încearcã sã surprindã tendinþele celorlalþi de a se comporta similar în situaþii diverse (Brody, 1988). Cercetãtori ai trãsãturilor de personalitate au subliniat mergând pe linia ipotezei evoluþioniste cã aspectele importante ale personalitãþii s-au sedimentat de-a lungul timpului în limbaj, prin codare. Astfel, în acord cu ipoteza lexicalã, termenii actuali ce desemneazã trãsãturile de personalitate sunt rezultatul unor observaþii colective de lungã duratã, semnificaþiile actuale ale termenilor provenind din rafinãri succesive obþinute prin utilizarea lor frecventã în limbajul curent. În limbajul obiºnuit nu au fost reþinute însã decât acele caracteristici ale personalitãþii care au putut fi observate destul de frecvent, au fost relativ uºor de recunoscut datoritã distinctivitãþii lor ºi au avut suficientã semnificaþie pentru a fi codate ºi reþinute în limbajul natural (Saucier ºi Goldberg, 1996). Ipoteza lexicalã presupune astfel cã toate diferenþele individuale semnificative vor fi reprezentate în limbajul obiºnuit, iar înþelegerea modului de gândire a psihologului naiv nu se poate realiza în afara analizei acestui limbaj. Ceea ce este important de subliniat în continuare este faptul cã noi, în viaþa de zi cu zi, nu utilizãm trãsãturile de personalitate luate izolat, ci activãm adevãrate teorii implicite de personalitate. Printre primii care au atras atenþia asupra acestui fapt a fost Asch (1946, 1984), care a considerat cã impresia pe care ne-o formãm despre o persoanã este de la început una structuratã, unitarã ºi nu reprezintã o simplã sumã de impresii fragmentare exprimate separat în termeni-trãsãturã. Omul obiºnuit, a susþinut Asch, percepe trãsãturile persoanei ca fiind în relaþie unele cu altele. Afirmaþiile lui Asch s-au bazat pe descoperirea faptului cã o listã de trãsãturi prezentatã subiecþilor este organizatã întotdeauna de cãtre aceºtia în jurul unor trãsãturi centrale, care produc o transformare calitativã a înþelesului celorlalte trãsãturi considerate periferice. 178 CÃTÃLIN DÎRÞU Studii actuale din zona psihologiei cognitive au demonstrat cã omul obiºnuit preferã în mod clar sã descrie o persoanã utilizând trãsãturi de personalitate, ºi nu indici comportamentali sau informaþii despre status. Pornind de la ipoteza codãrii specifice a lui Tulving ºi Thomson, care susþine cã în procesul codãrii informaþiei intervin procese specifice ce determinã ceea ce stocãm ºi, prin aceasta, ºi ceea ce ne reamintim, psihologii adepþi ai conceptului de trãsãturã de personalitate considerã cã aceasta se activeazã în mod spontan cînd ne raportãm la ceilalþi. Astfel, trãsãturile de personalitate par a avea o valoare informativã ºi explicativã deosebitã, jucând rolul de organizatori ai altor informaþii cum sunt cele despre comportament ºi status. Activarea teoriilor implicite de personalitate este privitã în condiþiile unei memorii care, departe de a mai fi consideratã reproductivã, este acum privitã de psihologii cognitiviºti ca posedând propriile principii organizatorice a cãror intervenþie asupra noilor informaþii este decisivã pentru forma în care vor fi memorate acestea (Reid ºi Hastie, 1979). Un numãr impresionant de studii în care s-a mãsurat viteza de rãspuns a subiecþilor sau le-au fost date sarcini de completare a propoziþiilor, conduse de psihologi precum Newman, Uleman, Moscowiz sau Winter, au demonstrat cã trãsãturile joacã rolul unor factori determinanþi pentru organizarea în memorie a informaþiilor pe care le primim despre comportamentele celorlalþi. În psihologia personalitãþii, teoria celor cinci factori (Big Five sau Five-Factor Model) este cea mai actualã ºi popularã teorie implicitã de personalitate. Studii realizate de adepþii Big Five în diferite arii culturale par sã susþinã ideea cã omul obiºnuit îl judecã pe aproapele sãu de-a lungul a cinci mari dimensiuni cu caracter stabil ºi universal: (1) Nevrozismul (Cel de lângã mine este normal din punct de vedere psihologic sau nu?), (2) Extraversiunea (Este, temperamental vorbind, extravertit sau introvertit?); (3) Sociabilitatea (A învãþat sã se facã plãcut în societate sau nu?); (4) Conºtiinciozitatea (Este suficient de responsabil pentru a mã baza pe el?); (5) Inteligenþa (Este suficient de deschis ºi adaptabil la situaþii noi?). Stereotipurile. Dacã primele trei conþinuturi ale simþului comun psihologic expuse pânã acum se pot încadra cu uºurinþã în sfera relaþiilor interpersonale, a percepþiei persoanei sau formãrii impresiei, cu stereotipurile pãºim la un nivel superior. De altfel, cercetarea asupra stereotipurilor a pornit tocmai de la constatarea cã omul obiºnuit acordã mult prea puþin interes diferenþelor individuale atribuind cu mai multã uºurinþã calitãþi unui singur sau unor grupuri întregi de oameni. Asimilat la început de mulþi psihologi cu prejudecata, conceptul de stereotip a fost recuperat de Tajfel, care a renunþat sã mai culpabilizeze stereotipul, El nu l-a mai considerat rãspunzãtor pentru inadaptarea noastrã socialã. Stereotipul nu mai este privit doar ca reprezentând efectul unui proces simplu de categorizare prin reducþie forþatã ºi inadecvatã a informaþiilor, ci funcþia psihicã pe care o îndeplineºte procesul de stereotipizare a fost descoperitã de Tajfel în procesul de discriminare intergrupalã. S-a ajuns la a se considera cã nu doar indivizii posedã personalitate, ci ºi grupurile, ca microsisteme sociale. Caracterul mai complex al stereotipurilor faþã de trãsãturi ºi, prin aceasta, ºi faþã de teoriile implicite despre personalitate, a fost susþinut intens de M. Brewer, care a subliniat cã între cele douã conþinuturi ale simþului comun existã diferenþe de naturã, ºi nu de grad. Intrând într-o polemicã serioasã cu psihologi ca S. Fiske, ce puneau accent SIMÞUL PSIHOLOGIC COMUN ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE 179 pe similaritãþile dintre stereotip ºi trãsãturã, Brewer a afirmat cã între trãsãturi ºi stereotipuri nu sunt doar diferenþe foarte mari, ci, mai mult, cele douã realitãþi cognitive iau naºtere în urma desfãºurãrii unor procese esenþial diferite de prelucrare a informaþiei (Brewer, 1988). Singura constatare cu care sunt de acord ºi Brewer, ºi Fiske este aceea cã trãsãturile apar în urma unor prelucrãri elementare a informaþiei, în timp ce stereotipul este rezultatul unui proces de prelucrare holisticã. Dar, indiferent de ce parte a controversei privind similaritatea sau diferenþierea proceselor de categorizare în urma cãrora atribuim trãsãturi sau stereotipuri stã adevãrul, un studiu celebru condus de Devine în 1989 a demonstrat cã ºi stereotipul (nu numai trãsãturile de personalitate) se activeazã în mod spontan, inconºtient. Conºtiinþa poate inhiba manifestãrile comportamentale legate de stereotip, dar nu poate împiedica activarea spontanã a stereotipului. Reprezentãrile sociale. La un nivel ºi mai înalt, cel societal, simþul comun a fost ºi este cercetat de psihologii sociali din perspectiva reprezentãrilor sociale. Considerând cã: ( ) lumea cu care avem de a face este eminamente socialã, Serge Moscovici, cel ce a impus acest concept în psihologia socialã, atrãgea atenþia cã ( ) este o nevoie continuã de a reconstrui simþul comun (Moscovici, 1995, p. 21). Actul reprezentãrii este un mijloc de transfer a ceea ce ne tulburã, ne ameninþã universul, din exterior în interior, din depãrtare în apropiere. (Moscovici, 1995, p. 30) Definitã de Jodelet, (1995, p. 102), reprezentarea socialã se prezintã ca o formã de cunoaºtere, elaboratã social ºi împãrtãºitã, având un scop practic ºi concurând la construirea unei realitãþi comune unui ansamblu social. Într-o lume ce nu este neutrã ºi nu ne poate fi astfel indiferentã, reprezentarea socialã apare pentru cã individul însufleþeºte realitatea obiectivã, ºi o apropie, o reconstituie, o integreazã organizãrii sale cognitive, sistemului sãu de valori (Neculau, 1996, p. 36). În viziunea oarecum apocalipticã a lui Moscovici, refuzul psihologilor sociali de a studia reprezentãrile sociale ar putea avea consecinþe deosebit de grave, deoarece în interiorul a ceea ce era pânã nu demult lumea unicã a experienþei ºi realitãþii noastre s-a produs o rupturã ce produce consecinþe cu efecte incalculabile. Lumea ºtiinþei ºi cea a vieþii de zi cu zi tind a se separa complet una de cealaltã, crede Moscovici, limbajul, fracturat ºi el, se aflã în declin, astfel încât reprezentãrile sociale sunt singurele realitãþi psihosociale a cãror funcþie explicitã este de a umple hãul ce pare a se naºte între cele douã niveluri diferite de activitate ale vieþii sociale, activitatea ºtiinþificã ºi activitatea de zi cu zi. Tot ce i-a mai rãmas limbajului obiºnuit, care a pierdut contactul cu limbajul ºtiinþific, este sã menþinã legãtura cu reprezentãrile sociale (Moscovici, 1995, p. 20). Într-o lume a zeilor (a oamenilor de ºtiinþã) ºi una a muritorilor de rând, reprezentãrile sociale îndeplinesc în concepþia lui Moscovici rolul lui Hermes, interpretul legii divine pentru muritorii de rând în mitologia greacã. Concluzia lui Moscovici este fermã. Pentru a preveni o iminentã catastrofã cauzatã de accelerarea clivajului dintre cunoaºterea ºtiinþificã ºi simþul comun, care ar conduce la îmbolnãvirea sistemului social, psihologia socialã ( ), este ºi trebuie sã fie preocupatã numai (s.n.) de structura ºi dinamica reprezentãrilor (Moscovici, 1995, p. 10). Putem foarte uºor observa cã reprezentãrile sociale tind sã joace rolul unui concept unificator care încearcã fie sã dizolve, fie sã elimine orice alt concept concurent. Rostul reprezentãrilor sociale este vãzut în reflectarea realului macrosocial ºi, datoritã complexitãþii realitãþii reflectate, reprezentãrile sociale sunt concepute ca entitãþi eclectice, 180 CÃTÃLIN DÎRÞU adevãrate conglomerate informaþionale. Nu putem sã nu observãm apropierea reprezentãrilor sociale de conceptul psihologic de imagine. Deºi este vorba aici nu de imagini simple, ci de adevãrate tablouri sociale, reprezentarea socialã ne apare ca fiind mult mai aproape de esenþa procesului imaginativ decât de cea a raþionalitãþii ºi a limbajului. De altfel, aceastã apropiere dintre reprezentarea socialã, ca reflectare eclecticã, ºi imaginarul social este subliniatã în repetate rânduri de cãtre susþinãtorii acestui concept, chiar dacã nu într-un mod direct. Cãci nu ajungem nicãieri dacã excludem din gândire imaginarul, simbolismul, iluzoriul: acestea sunt componentele sale cruciale, considerã Moscovici, citând ºi afirmaþia lui Faust, meditând la originea tuturor cunoºtinþelor (s.n.). «Ce a fost mai întâi: cuvântul, puterea sau actul? Nu, mai întâi a fost imaginea!» (Moscovici, 2001, p. 67). Ca ºi Auguste Comte care împãrþea istoria în trei vârste: vârsta teologicã, vârsta metafizicã ºi vârsta pozitivã, Moscovici considerã cã psihologia socialã, dupã ce a trecut de etapa cercetãrii atitudinilor sociale, s-a înrolat sub stindardul ridicat de cogniþia socialã, pentru ca astãzi sã intrãm în era reprezentãrilor sociale (Moscovici, 2001, p. 55). Psihologia cognitivã, afirmã Moscovici, a cercetat abuziv un singur aspect al cogniþiei, ºi anume percepþia ºi relaþiile strict cauzale legate de prezentul impus de aceasta. Se vorbeºte, este drept, foarte des de o gândire socialã, dar, în cadrul acestei gândiri, elementul imaginativ ºi nonlogic este în mod clar predominant. Ideologiile. Cel mai mult au insistat pe caracterul imaginativ ºi inconsistent al reprezentãrii sociale adepþii unui alt conþinut complex al simþului comun, conþinutul ideologic. De aceea, o sã insistãm în continuare asupra relaþiilor dintre teoria reprezentãrilor sociale ºi un model concurent, modelul retoric propus de Bilig ºi Sabucedo (1994). Interesul pentru retoricã, afirmã ei, este astãzi resuscitat. Pãrerea acestor autori este cã, din pãcate, teoria reprezentãrilor sociale omite sã încorporeze în chip explicit dimensiunile retorice între dimensiunile sociale ale gândirii. Atât subiectul modelului reprezentãrilor sociale, cât ºi cel al stilului retoric aparþin unei societãþi gânditoare, considerã autorii amintiþi, numai cã teoria reprezentãrilor sociale pãcãtuieºte în a-l concepe pe omul obiºnuit ca fiind posesorul unei gândiri statice ºi ineficiente, eminamente reproductive, imaginative. Activitatea socialã ºi intelectualã este, la urma urmei, o repetare, o recitare, afirmã într-adevãr Moscovici (1995, p. 10). Termenul de reprezentãri sociale este interesant, recunosc Billig ºi Sabucedo, deoarece el încorporeazã noþiunea de transfer social ºi re-prezentare, dar ei preferã sã accentueze asupra naturii argumentative a vieþii sociale ºi a caracterului dilematic al procesului gândirii. În timp ce pentru teoria reprezentãrilor sociale formulatã de Serge Moscovici ruptura dintre limbajul ºtiinþific ºi cel obiºnuit este declaratã ca reprezentând un pericol ºi este privitã în chip pesimist ca un semn clar al declinului, pentru modelul retoric propus de Billig ºi Sabucedo, resursele reprezentãrilor sociale ar fi inexistente în condiþiile unei existenþe neproblematice. Subiectul retoric este unul care gândeºte ºi argumenteazã, având la dispoziþie nu numai mecanisme logice de afirmare care i-ar transforma gândirea într-una conformistã prin excelenþã, ci posedã în egalã mãsurã ºi resursele importante puse la dispoziþie de puterea de a nega, de a se situa împotrivã. La nivelul cel mai înalt, în concepþia acestor autori, simþul comun ia forma bunului-simþ, care transcende epocile istorice ºi culturale, ceea ce-i conferã simþului comun o dimensiune ideologicã, (Moscovici, 1995, pp. 126-127). Conºtienþi de dimensiunea ideologicã a simþului comun, rostul psihologilor interesaþi de implicaþiile psihosociale SIMÞUL PSIHOLOGIC COMUN ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE 181 ale retoricii este sã accentueze asupra dimensiunilor morale ale simþului comun. Discursul ºtiinþific nu este unul neutru, aºa cum greºit cred mulþi oameni de ºtiinþã, deoarece mecanismele argumentãrii ºi, prin acestea, dimensiunea retoricã sunt inerent prezente în prezentarea curentã a teoriilor ºtiinþifice. Acest fapt este ºi mai evident, cred Bilig ºi Sabucedo, atunci când discursul ºtiinþific suferã transformãri pentru a fi popularizat. Adepþii reprezentãrilor sociale nu au rãmas fãrã replicã în faþa încercãrii de ideologizare a simþului comun psihologic. S-a afirmat cã, în cazul ideologiei, informaþia circulã unidirecþional, de la un pol activ la unul pasiv... ªi, fapt important, tendinþa ideologiei este de sãrãcire, ºi nu de îmbogãþire de sensuri (Curelaru, 2001, p. 29). Pãrerea noastrã este cã ambele concepte, atât reprezentarea socialã, cât ºi ideologia, au tendinþe imperialiste care desfiinþeazã orice complementaritate. Definite astfel, ele tind sã se suprapunã complet, fãrã rest, cu însuºi conceptul de simþ comun psihologic. Susþinem însã cã nici un concept ce face apel la gândirea reprezentativ-imaginativã, ºi nici unul care accentueazã pe o gândire discursiv-logicã nu poate epuiza complet potenþialul de semnificaþii pe care îl are conceptul, credem noi supraordonat, de simþ comun psihologic. Din faptul cã realitatea psihologicã are un caracter organizat, multiple faþete ºi un caracter proteic, schimbãtor, rezultã, credem noi, ºi necesitatea utilizãrii unor modalitãþi diferite de cunoaºtere la care trebuie sã apeleze omul obiºnuit. Dacã realitatea psihologicã este sistemicã, ºi reflectarea ei trebuie sã aibã loc la niveluri diferite, astfel încât se pare cã simþul comun psihologic nu poate avea, de asemenea, decât un caracter sistemic. Résumé: Dans cet article nous passons en revue les plus importantes dimensions de la psychologie naïve. Pour ce but nous avons présenté ses principaux contenus, à partir de lhypothèse que la psychologie naïve est structurée par deux niveaux de complexité, le niveau interpersonnel et le niveau social. Bien que certaines auteurs superposent le syntagme représentation sociale sur la notion de psychologie naïve jusquà leur identité, le point de vue exprimé ici, même sil admette limportance et la complexité de ce procès psychosocial comme les représentations sociales, essaye de les inclure parmi les composantes de la psychologie naïve. Abstract: In this article we have reviewed the most important dimensions of lay psychology. To this purpose we presented its most important contents according to the hypothesis that lay psychology is structured on two levels of complexity, an interpersonal level and a social level. Although some authors speak about social representations as lay psychology, our point of view, even if it admits the importance and complexity of social representations, try to include them into lay psychology. Bibliografie Asch, S.E.; Zuckier, H. (1984), Thinking About Persons, Journal of Personality and Social Psychology, vol. 46, nr. 6, pp. 1230-1240. Billig, M.; Sabucedo, J.M. (1994), Rhetorical and Ideological Dimensions of Common Sense, în J. Siegfried, The Status of Common Sense in Psychology (ed.), Ablex Publishing Corporation, New York. Billig, M. (1985), Prejudice, Categorization and Particularization: From a Perceptual to a Rhetorical Approach, European Journal of Social Psychology, vol. 15, pp. 79-103. Brewer, M.B. (1988), A Dual Process Model of Impression Formation, T.K. Srull, S. Wyer, (eds.), în Advances in Social Cognition, vol. 1, L.E.A, Hillsdale. 182 CÃTÃLIN DÎRÞU Brody, N. (1988), Personality in Search of Individuality, Academic Press, Inc, New York. Curelaru, M. (2001) Precizãri coceptuale în teoria reprezentãrilor sociale, în M. Curelaru, Reprezentãrile Sociale. Teorie ºi metode, Editura Erota, Iaºi. Digman, J.M. (1990), Personality Structure: Emergence of the Five-Factor Model, Annual Review of Psychology, vol. 41, pp. 417-440. Dîrþu, C. (1996), Consideraþii privind direcþiile de dezvoltare ale simþului comun, în ªleahtiþchi M. (coord.), Clasic ºi modern în psihopedagogia contemporanã, Editura ªtiinþa, Chiºinãu. Dweck, C.S., Hong, Y., Chiu, C. (1993) Implicit Theories: Individual Differences in the Likelihood and Meaning of Dispositional Inferences, Personality and Social Psychology Bulletin, vol. 19, nr. 5, pp. 644-656. Fletcher, G.J.O. (1984), Psychology and Common Sense, American Psychologist, vol. 39, nr. 3, pp. 203-213. Furham, A. (1994), The psychology of common sense, în J. Siegfried (ed.), The Status of Common Sense in Psychology, Ablex Publishing Corporation, New York. Harvey, J.H., Weary, G. (1984), Current Issues in Attribution Theory and Research, Annual Review of Psychology, vol. 35, pp. 427-459. Hassin, R.; Trope, Y. (2000), Facing Faces: Studies on the Cognitive Aspects of Physiognomy, Journal of Personality and Social Psychology, vol. 78, nr. 5, pp. 837-852. Hastie, R.; Kumar, P.A. (1979) Person Memory: Personality Traits as Organizing Principles in Memory for Behaviors, Journal of Personality and Social Psychology, vol. 37, nr. 1, pp. 25-38. Hewstone, M. (1990), Causal Attribution. From Cognitive Process to Collective Belifs, Basil Blackwell Inc., New York. Hong, Y.; Chiu, C.; Dweck, C.S.; Sacks, R. (1997), Implicit Theories and Evaluative Processes in Person Cognition, Journal of Experimental Social Psychology, vol. 33, pp. 296-323. Jodelet, D. (1995), Reprezentãrile sociale, un domeniu în expansiune, în A. Neculau, Reprezentãrile Sociale, Societatea ªtiinþã ºi Tehnicã, Bucureºti. Joynson, R.B. (1994) Common Sense and General Psychology: The Laymans Understanding, în J. Siegfried (ed.), The Status of Common Sense in Psychology, Ablex Publishing Corporation, New York. McCrae, R.R.; John, O.P. (1992), An Introduction to Five-Factor Model and its Applications, Journal of Personality, vol. 60, nr. 2, pp. 175-216. Moscovici, S. (2001) Era reprezentãrilor sociale, în M. Curelaru, Reprezentãrile Sociale. Teorie ºi metode, Editura Erota, Iaºi. Moscovici, S. (1995) Fenomenul reprezentãrilor sociale, în A. Neculau, Reprezentãrile Sociale, Societatea ªtiinþã ºi Tehnicã, Bucureºti. Neculau, A. (1996), Reprezentãrile sociale dezvoltãri actuale, în A. Neculau, Psihologie socialã: Aspecte contemporane, Editura Polirom, Iaºi. Newman, L.S. (1996), Trait Impresions as Heuristics for Predicting Future Behavior, Personality and Social Psychology Bulletin, vol. 22, nr. 4, pp. 395-411. Newman, L.S.; Uleman, J.S. (1989), Spontaneous Trait Inference, în J.S. Uleman, J.A. Bargh (eds.), Unintended thought, Guilford Press, New York. Siegfried, J. (1994), Commonsense Language and the Limits of the Theory Construction, în J. Siegfried (ed.), The Status of Common Sense in Psychology, Ablex Publishing Corporation, New York. Uleman, J.S.; Newman, L.S.; Moscowitz, G.B. (1996), People as Flexible Interpreters: Evidence and Issues from Spontaneus Trait Inference, Advances in Experimental Social Psychology, vol. 8, Academic Press. Wyer, R.S., Martin, L.L. (1986), Person Memory: The Role of Traits, Group Stereotypes, and Specific Behaviors in the Cognitive Reprezentation of Person, Journal of Personality and Social Psychology, vol. 50, nr. 4, pp. 661-675. III. METODOLOGIE Andreea Gruev-Vintilã Despre analiza structuralã a reprezentãrilor sociale. Modelul Schemelor Cognitive de Bazã (SCB) Ce sunt reprezentãrile sociale? Câmpul teoretic al reprezentãrilor sociale propus de Serge Moscovici este unul dintre curentele de cercetare majore, în special în Europa ºi în America Latinã. Reamintim cã termenul de reprezentare socialã desemneazã atât produsul unei activitãþi mentale specifice, cât ºi procesele caracteristice acestei activitãþi. Vom vedea în cele ce urmeazã cã aceastã distincþie este fundamentalã când se pune problema alegerii unei strategii de cercetare adaptate obiectivelor urmãrite în acest domeniu. Activitatea mentalã aflatã la originea reprezentãrilor sociale îi permite unui grup social sã îºi însuºeascã realitatea pornind de la construirea (sau reconstruirea) ei, un proces menit sã o facã semnificativã ºi compatibilã cu sistemele lui proprii de evaluare ºi de judecatã. Procedând astfel, grupul îºi construieºte ºi îºi menþine identitatea proprie. Aceasta înseamnã cã realitatea este în permanenþã construitã ºi reprezentatã de fiecare grup social. În consecinþã, unul ºi acelaºi obiect social are semnificaþii cu totul diferite, ºi chiar divergente, în funcþie de grupul aflat la originea construcþiei. Reprezentãrile sociale se aflã, prin urmare, în centrul conflictului între individ ºi societate care constituie pentru Serge Moscovici (1984) obiectul psihologiei sociale. Analiza reprezentãrilor sociale, scrie Christian Guimelli (1995a), presupune luarea în considerare simultanã a componentelor lor cognitive ºi sociale. Primele, legate de activitatea mentalã prin care fiecare individ produce reprezentãrile, sunt reglementate de reguli cognitive. Însã cele care determinã (sublinierea îi aparþine lui Christian Guimelli) mobilizarea acestor procese cognitive sunt componentele sociale. Acesta este, de altfel, motivul pentru care putem vorbi de reprezentãri sociale (Guimelli, 1995a), ºtiind pe de altã parte cã obiectul lor este întotdeauna social (Rouquette, 1994). Din punct de vedere tehnic, analiza reprezentãrilor sociale priveºte fie identificarea conþinuturilor, fie structura lor. PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale 186 ANDREEA GRUEV-VINTILà Analiza de conþinut versus analiza structuralã a reprezentãrilor sociale Analiza de conþinut a reprezentãrilor sociale este legatã de definirea lor ca produs al unei activitãþi mentale. Ea priveºte felul în care un grup reconstruieºte realitatea ºi o integreazã în sistemul lui de valori (Guimelli, 1995a). Acest tip de analizã se apleacã asupra fiecãrui caz în parte ºi vizeazã identificarea semnificaþiei conþinutului observat la o anumitã populaþie. Prin contrast, analiza structuralã a reprezentãrilor sociale este legatã de definirea lor ca proces. Ea porneºte de la premisa cã reprezentãrile sociale sunt constituite din elemente interdependente ºi cã excepþionala lor coerenþã se explicã prin felul în care se organizeazã elementele lor. Analiza structuralã a reprezentãrilor sociale are avantajul cã pãrãseºte terenul cazurilor particulare ºi pune în evidenþã invarianþii care, o datã identificaþi, explicã funcþionarea reprezentãrii. Demersul acesta permite depãºirea infinitei diversitãþi de conþinuturi, creºterea forþei predictive ºi a capacitãþii de generalizare (Guimelli, 1995a). Analiza structuralã a reprezentãrilor sociale poate fi realizatã prin mai multe tehnici (pentru o trecere în revistã succintã, cf. Guimelli, 1995a). Modelul Schemelor Cognitive de Bazã (SCB) propus de Michel-Louis Rouquette ºi Christian Guimelli (Rouquette, 1990, 1994; Guimelli ºi Rouquette, 1992; Guimelli, 1995b) ºi procedura asociatã lui constituie una dintre ele, probabil cea mai avansatã ca nivel de formalizare. Sã precizãm cã, datoritã caracterului colectiv al elaborãrii reprezentãrilor sociale, este evident cã nu putem studia o reprezentare socialã într-un grup statistic de 20 de indivizi. Interesul analizei structurale nu este sã identifice conþinutul reprezentãrii, ci programele de rãspuns ale membrilor unui grup social. Prin urmare, procedura empiricã asociatã modelului SCB are sens numai în mãsura în care eºantionul care participã este numeros (de exemplu, efectivele de ordinul sutelor sunt preferabile efectivelor de ordinul zecilor). Câteva elemente despre structura unei reprezentãri sociale Perspectiva structuralã formalizeazã invarianþii comuni tuturor reprezentãrilor sociale, centrându-se pe regularitãþile de structurã, adicã depãºind conþinutul reprezentãrilor. Prototipul invarianþilor structurali este nucleul central al unei reprezentãri sociale. Nucleul central (Abric, 1976) este un invariant în jurul cãruia se organizeazã întreaga reprezentare socialã. Elementele nucleului central sunt cele care determinã semnificaþia reprezentãrii ºi, în consecinþã, interpretarea realitãþii sociale. În funcþie de natura obiectului reprezentat ºi a situaþiei, nucleul poate manifesta o componentã funcþionalã (unde se aflã elementele utile acþiunii ºi care se manifestã în situaþiile cu finalitate operatorie) ºi una normativã (unde se aflã elementele utile judecãþii ºi evaluãrii ºi care se manifestã în situaþiile de tip socioafectiv, social sau ideologic). O precizare importantã: din perspectiva structuralã, douã reprezentãri (sau douã stãri ale aceleiaºi reprezentãri) se disting dacã ºi numai dacã nucleele lor centrale diferã. Douã sisteme centrale diferã fie în sensul cã sunt compuse din elemente diferite, fie în DESPRE ANALIZA STRUCTURALà A REPREZENTÃRILOR SOCIALE... 187 sensul cã relaþiile între aceste elemente sunt diferite. Prin urmare, analiza unei reprezentãri face obligatorie reperarea sistemului ei central. În jurul nucleului central se organizeazã elementele periferice (opinii, descrieri, stereotipuri sau credinþe privitoare la obiectul reprezentat). Sistemul periferic este cel care permite adaptarea, personalizarea ºi evoluþia reprezentãrii ºi a conduitelor asociate, protejând în acelaºi timp sistemul central (Rouquette ºi Rateau, 1998). Premisele modelului Schemelor Cognitive de Bazã Când spunem despre o reprezentare socialã cã are o structurã înseamnã cã o înþelegem ca fiind constituitã din elemente ºi relaþii între elemente. Elementele unei reprezentãri pot fi operaþionalizate prin itemi lexicali (cuvinte sau sintagme) produºi de indivizi. Relaþiile dintre aceste elemente sunt diverse. Meritul modelului SCB este cã le formalizeazã ºi permite reperarea nucleului ei central într-un mod economic ºi elegant. Devin astfel posibile atât analiza structurii, cât ºi compararea a diferite reprezentãri sau a diferite stãri ale aceleiaºi reprezentãri. Modelul SCB porneºte de la trei premise (Guimelli ºi Rouquette, 1992): 1. Indivizii asociazã doi itemi lexicali prin intermediul unui operator de relaþie potrivit formulei: item inductor OPERATOR item indus; sau, mai pe scurt, A c B unde A este itemul inductor, B itemul indus, iar c operatorul (sau conectorul) de relaþie. 2. Aceºti operatori pot fi identificaþi, formalizaþi ºi sunt în numãr finit. 3. Operatorii se organizeazã în familii stabile numite scheme. Din aceastã perspectivã, tripletul A c B este orientat (de la A la B) ºi defineºte un aspect al lui A (Rouquette ºi Rateau, 1998). Condiþia necesarã ºi suficientã pentru ca douã aspecte ale unui aceluiaºi element al reprezentãrii sã fie diferite este ca cel puþin unul dintre celelalte douã elemente ale tripletului sã fie diferite. Astfel, (A c B) diferã atât de (A c B), cât ºi de (A c D). Iatã un exemplu citat de Michel-Louis Rouquette ºi Patrick Rateau (1998). Fie: A = vin B = bãuturi C = operatorul de incluziune C = operatorul de atribuire (sau de evaluare, pozitivã desigur ) Atunci putem construi douã aspecte ale lui A: (A c B): VINUL (aparþine clasei) bãuturi (A c B): VINUL (este cea mai bunã dintre) BÃUTURI Modelul SCB este, la origine, un instrument care vizeazã reprezentarea cunoºtinþelor declarative (atenþie, nu ºi a celor procedurale script-uri etc.). Potrivit autorilor, cunoaºterea, ºi desigur «cunoaºterea socialã», nu este o substanþã, ci un eveniment: în cadrul modelului SCB, acest eveniment corespunde unei configuraþii compuse din itemi lexicali ºi operatori (Guimelli ºi Rouquette, 1992). Pe de altã parte, aºa cum sugereazã ºi exemplul de mai sus, o proprietate frecventã a gândirii sociale este aceea cã o relaþie între douã elemente poate fi multicalificatã, 188 ANDREEA GRUEV-VINTILà adicã nu se defineºte univoc, ci în mai multe feluri simultan; sau altfel spus, are mai multe aspecte care coexistã. Astfel, A ºi B fiind constante, individul activeazã sau recunoaºte ulterior activarea posibilã a mai multor operatori ce leagã aceste douã elemente. Ideea cã, în gândirea socialã, operatorii care calificã o relaþie între douã elemente [i nu se exclud reciproc este important de reþinut. Operatorii care caracterizeazã relaþiile între elementele unei reprezentãri sunt în numãr de 28 (cãrora li se adaugã operatorul nul). Teoria postuleazã cã ei se organizeazã în 5 scheme cognitive de bazã (SCB). Modelul SCB complet, care comportã cei 28 de operatori organizaþi în 5 scheme, se noteazã astfel: [28/5]; un model SCB redus în care se folosesc, de exemplu, numai 19 operatori organizaþi în douã scheme se noteazã astfel: [19/2]. Simbolurile convenþionale ale operatorilor sunt trigrame. Lista completã a trigramelor ºi expresiile standard ale operatorilor se aflã în Anexa 1. Din considerente impuse de coerenþa publicaþiilor la nivel internaþional, am pãstrat prin convenþie în limba românã trigramele din versiunea originalã (francezã). Cele 5 scheme cognitive de bazã care organizeazã operatorii se numesc SCB Lexic, SCB Vecinãtate, SCB Compoziþie, SCB Praxis, SCB Atribuire ºi sunt descrise în Anexa 1 (în detaliu, cf. Guimelli ºi Rouquette, 1992; Rouquette ºi Rateau, 1998). În general, primele trei scheme cognitive de bazã sunt puþin folosite; din acest motiv vom discuta aici numai SCB Praxis ºi SCB Atribuire. SCB Praxis SCB Praxis defineºte componenta funcþionalã a reprezentãrii sociale ºi reuneºte toþi operatorii legaþi de descrierea acþiunii. Se organizeazã potrivit formulei Actor*Acþiune* Obiect*Instrument (de exemplu, Meºteºugarul graveazã arama cu o unealtã). Elementele din formulã se compun douã câte douã ºi se obþin 4 × 4 4 = 12 relaþii formalizate de cei 12 operatori ai SCB Praxis: actor OPE Acþiune (Meºteºugar OPE A grava) ºi simetrica ei Acþiune ACT Actor (A grava ACT Meºteºugar); actor TRA Obiect (Meºteºugar TRA Arama) ºi simetrica ei Obiect FAC Actor (A grava FAC Meºteºugar); actor UTI Instrument (Meºteºugar UTI Unealtã) ºi simetrica ei Instrument TIL Actor (Unealtã TIL Meºteºugar); acþiune OBJ Obiect (A Grava OBJ Arama) ºi simetrica ei Obiect MOD Acþiune (Arama MOD A grava); acþiune UST Instrument (A grava UST Unealtã) ºi simetrica ei Instrument OUT Acþiune (Arama OUT A grava); obiect AOB Instrument (A grava AOB Arama) ºi simetrica ei Instrument AOU Obiect (Arama AOU A grava). SCB Atribuire SCB Atribuire defineºte componenta normativã a reprezentãrii sociale ºi reuneºte cei ºapte operatori care caracterizeazã relaþiile dintre obiectul reprezentat ºi atributele lui: un atribut poate fi o caracteristicã permanentã (CAR), frecventã (FRE), ocazionalã DESPRE ANALIZA STRUCTURALà A REPREZENTÃRILOR SOCIALE... 189 (SPE), normativã (NOR), evaluativã (EVA), cauzalã (COS) sau de consecinþã (EFF) a obiectului reprezentãrii. Reamintim cã lista completa a operatorilor ºi a expresiilor standard care îi descriu se aflã în Anexa 1. Exemple: Prãjitura CAR Dulce; Bolnavul FRE În pat; Prãjitura SPE Savarinã; Pansament NOR Aseptizat; Sculptura EVA Admirabilã; Boalã COS Microb; Alcool EFF Beþie. Procedura empiricã asociatã modelului SCB Procedura empiricã asociatã modelului SCB are trei etape: 1. Asocierea liberã: participanþilor li se prezintã un item inductor la care sunt invitaþi sã asocieze 3 cuvinte sau sintagme, rãspunsurile induse R1, R2 ºi R3. 2. Justificarea rãspunsurilor. Participanþii explicã în scris (una, douã fraze) de ce au dat fiecare din rãspunsurile asociative R1, R2 ºi R3. Procedura empiricã asociatã modelului SCB nu analizeazã explicaþiile avansate de participanþi. Aceastã etapã este însã deosebit de importantã. De ce? Se poate presupune cã, în momentul asocierii verbale, individul nu este conºtient de operatorul ce îi determinã rãspunsul. Cu alte cuvinte, ceea ce este clar pentru individ este rãspunsul pe care îl dã, nu însã ºi procesele cognitive ce l-au generat. Etapa justificãrii îi permite (îl constrânge) sã expliciteze ºi sã verbalizeze aceste procese. Christian Guimelli ºi Michel-Louis Rouquette (1992) au testat experimental importanþa justificãrii pentru clarificarea, pentru individ (subiect), a relaþiilor dintre inductor ºi rãspunsurile induse folosind procedura asociatã modelului SCB, incluzând sau excluzând aceastã etapã. În cazul în care justificarea nu intervine ºi mecanismele cognitive care gestioneazã cunoºtinþele individului nu sunt verbalizate, subiectul este incapabil sã facã analiza precisã a relaþiilor dintre inductor ºi rãspunsurile induse. În acest caz, validarea operatorilor activi este mai mult sau mai puþin efectul hazardului. 3. Analiza relaþiilor dintre itemul inductor (obiectul reprezentãrii) ºi rãspunsurile induse. În aceastã a treia etapã, participanþilor li se prezintã cei 28 de operatori sub forma expresiilor standard (traduºi în limbaj curent, cf. Anexa 1). Participanþii sunt invitaþi sã aleagã între da, nu sau poate, expresia standard traducând o relaþie care, în opinia lor, existã între itemul inductor ºi propriul rãspuns indus. Aceastã etapã se repetã pentru fiecare dintre cele 3 rãspunsuri induse (Rouquette ºi Rateau, 1998). 190 ANDREEA GRUEV-VINTILà Cum analizãm rezultatele? Analiza rezultatelor examineazã frecvenþa rãspunsurilor pozitive. Un rãspuns da la expresiile standard indicã recunoaºterea de cãtre participant a unei relaþii între inductor ºi rãspunsul asociat lui: fiecare rãspuns da reflectã activarea operatorului corespunzãtor relaþiei recunoscute de participant. Activarea unui operator este cu atât mai ridicatã cu cât frecvenþa rãspunsurilor da la acest operator este mai mare. Procesul de activare a operatorilor se operaþionalizeazã cu ajutorul indicelui de valenþã (Guimelli, 1993; Rouquette, 1994). Cum? Am vãzut mai sus cã fiecare element al reprezentãrii (fiecare item lexical produs de un individ) are proprietatea de a intra într-un numãr mai mare sau mai mic de relaþii cu alte elemente (alþi itemi lexicali); sau, altfel spus, fiecare element al reprezentãrii are un numãr de aspecte diferite ce îl caracterizeazã. Operaþional, aceastã proprietate se traduce prin numãrul de operatori pertinenþi (activaþi) pentru un item dat, care defineºte indicele de valenþã al elementului respectiv pentru un individ. Indicele de valenþã este egal cu numãrul de rãspunsuri da raportat la totalul rãspunsurilor posibile. Valenþa variazã de la 0 la 1 (0 = nici un rãspuns da; 1 = da la toate expresiile standard). Valenþa tinde cãtre 1 cu atât mai mult cu cât numãrul de operatori activi este mai mare. De exemplu, în cadrul modelului SCB [28/5], valenþa totalã Vt se calculeazã astfel: Vt = Numãrul total de rãspunsuri da 28 operatori × 3 rãspunsuri asociative x N, unde N este numãrul de participanþi. Într-un grup, valenþa totalã a unui element este media valenþelor individuale. Prin urmare, când comparãm diferite situaþii experimentale, putem aplica valenþelor totale analiza de varianþã. Analiza de varianþã se foloseºte desigur ºi în cazul valenþelor praxis ºi, respectiv, atribuire, a cãror medie respectivã se calculeazã ºi ea pe grup. Pentru SCB Praxis (SCB [12/1]) Valenþa Praxis (Vp) se calculeazã astfel: Vp = Numãrul total de rãspunsuri da la cei 12 operatori ai SCB Praxis 12 operatori × 3 rãspunsuri asociative × N La rândul ei, pentru SCB Atribuire, valenþa atributivã Va (SCB [7/1]) se calculeazã astfel: Va = Numãrul total de rãspunsuri da la cei 7 operatori ai SCB Atribuire 7 operatori x 3 rãspunsuri asociative x N Sã notãm cã într-o reprezentare socialã aflatã în stare staþionarã (adicã în echilibru stabil), valorile valenþelor praxis ºi atribuire ale elementelor care constituie nucleul central se apropie fiecare de 0,5. DESPRE ANALIZA STRUCTURALà A REPREZENTÃRILOR SOCIALE... 191 Cum înþelegem ºi cum interpretãm indicele de valenþã? Valenþa unui element trebuie înþeleasã în sensul în care folosim acest termen în chimie, ºi anume ca proprietatea acelui element de a stabili legãturi (relaþii) cu alte elemente. Valenþa caracterizeazã deci puterea de asociere (numãrul de relaþii) a unui element al reprezentãrii. Putem presupune cã, într-o reprezentare socialã, un element este cu atât mai important, sau mai central, cu cât valenþa lui este mai mare. Un exemplu de aplicare a modelului Schemelor Cognitive de Bazã Modelul SCB este folosit pe scarã largã în perspectiva structuralã asupra reprezentãrilor sociale. Un exemplu detaliat de utilizare a acestui model se gãseºte în articolul Valence et structure des représentations sociales semnat de Christian Guimelli (1995b). Existã ºi un exemplu de aplicare a modelului SCB în România (Efectele implicãrii asupra reprezentãrilor sociale ale riscurilor colective: cazul riscului seismic. O comparaþie între Franþa ºi România, conceput de Andreea Gruev-Vintilã, în acest numãr). Aici preferãm un exemplu citat de Christian Guimelli ºi Michel-Louis Rouquette (1992), în care aplicarea modelului SCB permite accesul la dinamica unei reprezentãri sociale. Teoria structuralã a reprezentãrilor sociale prevede cã, ulterior introducerii unor practici sociale noi, creºterea frecvenþei lor mobilizeazã ºi activeazã acele elemente ale reprezentãrii care le prescriu. Activarea acestor elemente creºte importanþa lor în câmpul reprezentaþional, ceea ce are ca efect schimbarea structurii reprezentãrii. Potrivit modelului SCB, în cazul în care creºterea frecvenþei noilor practici mobilizeazã ºi activeazã acele elemente ale reprezentãrii care le prescriu, atunci programele de rãspuns ale indivizilor ce au acces la aceste practici ar trebui sã difere de cele ale indivizilor care, dintr-un motiv sau altul, nu au acces. Christian Guimelli (1994) a testat aceastã ipotezã aplicând modelul SCB la reprezentarea socialã a funcþiei asistentelor medicale. De câþiva ani, asistentele medicale din spitalele franceze realizeazã anumite sarcini grupate sub denumirea de rol propriu. Aceste sarcini constituie practici noi, fiindcã sunt diferite de cele tradiþionale, impuse de medici. Or, o parte dintre asistentele-ºefe le incitã pe asistente sã adopte sarcinile ce þin de rolul lor propriu, fiindcã le considerã determinante pentru evoluþia `n profesie. Alte asistente-ºefe nu le considerã însã importante ºi le incitã pe asistentele din subordinea lor sã se limiteze la sarcinile tradiþionale. Astfel, în primul caz avem un grup (N = 16 asistente) care are acces la noile practici, iar în al doilea caz avem un grup (N = 14 asistente) în care practicile rãmân cele tradiþionale. Ambele grupuri au participat la administrarea chestionarului asociat modelului SCB. Dacã este adevãrat cã accesul la practicile noi declanºeazã activarea schemelor ce le prescriu, atunci trebuie ca SCB Praxis, care organizeazã cunoºtinþele legate de acþiune, sã fie mobilizatã mai intens în grupul ce aplicã practicile noi, legate de rolul propriu. Examinând cantitatea de rãspunsuri pozitive la expresiile standard, cu alte cuvinte examinând frecvenþa cu care sunt activaþi operatorii, se obþin rezultatele din tabelul 1 (cf. Guimelli ºi Rouquette, 1992). 192 ANDREEA GRUEV-VINTILà Tabelul 1. Comparaþie între programele de rãspuns în funcþie de grupul de apartenenþã SCB Total Lexic Vecinãtate Compoziþie Praxis Atribuire Practicile noi sunt aplicate în mod neregulat (N = 14) 718 64 93 103 270 188 Practicile noi sunt aplicate în mod regulat (N = 16) 999 80 121 126 445 227 Valoarea Chi 2 47,41 0,61 4,26 1,72 67,39 0,73 Gradul de semnificaþie p < .001 nesemnificativ p < .05 nesemnificativ p < .001 nesemnificativ Aºa cum prevedea ipoteza, se observã cã: programele de rãspuns diferã în funcþie de accesul la practicile noi (pentru totalul rãspunsurilor, Chi 2 = 47,41; p < .001); aplicarea noilor practici activeazã masiv SCB Praxis: Chi 2 = 67,39; p < .001. Schema care explicã diferenþa între cele douã programe de rãspuns este deci SCB Praxis. Aceste rezultate confirmã: realitatea psihologicã a procesului prin care practicile noi activeazã schemele cognitive ce le prescriu; pertinenþa modelului SCB pentru analiza reprezentãrilor sociale. Evident cã analiza structuralã a reprezentãrilor sociale are încã întrebãri în cãutare de rãspuns. Modelul SCB prezentat aici are însã meritul de a face posibilã analiza reprezentãrilor sociale dincolo de stadiul monografiei ºi de a participa la punerea în evidenþã a regulilor dupã care se ghideazã gândirea socialã. Anexa 1 Operatorii modelului schemelor cognitive de baza (SCB) Operatorul. Definiþia formalizatã Expresia standard SCB Lexic SYN: se referã la un element care îl poate substitui, înlocui pe A. DEF: se referã la un element analog lui A sau definit la fel ca A. ANT: se referã la un element contrar, opus. A înseamnã acelaºi lucru, are acelaºi sens ca B. A poate fi definit ca B. A este opusul lui B. DESPRE ANALIZA STRUCTURALà A REPREZENTÃRILOR SOCIALE... 193 SCB Vecinãtate TEG: se referã la un element incluziv. TES: se referã la un element inclus. COL: se referã la un element co-inclus cu A în acelaºi element incluziv. A face parte din, este inclus în, este un exemplu de B. A are drept caz particular, sau ca exemplu, sau include pe B. A aparþine aceleiaºi clase (categorii) generale ca B. SCB Compunere COM: se referã la un element a cãrui componentã este A. DEC: se referã la un element care desemneazã o componentã a lui A. ART: se referã la un element ce constituie, ca ºi A, o componentã a aceluiaºi element de referinþã. A este o componentã, un constituent al lui B. A are drept componentã pe B. A ºi B sunt amândoi constituenþii aceluiaºi obiect. SCB Praxis TIL: se referã la actorul care foloseºte instrumentul A. OUT: se referã la acþiunea al cãrei instrument este A. AOU: se referã la obiectul cãruia i se aplicã instrumentul A. OPE: se referã la acþiunea realizatã de actorul A. TRA: se referã la obiectul cãruia i se aplicã acþiunea realizatã de actorul A. UTI: se referã la instrumentul, la mijlocul folosit de actorul A. ACT: se referã la actorul acþiunii A. OBJ: se referã la obiectul cãruia i se aplicã acþiunea A. UST: se referã la un instrument folosit în acþiunea A. FAC: se referã la actorul ce foloseºte instrumentul A. MOD: se referã la o modalitate de acþiune asupra obiectului A. AOB: se referã la instrumentul aplicat obiectului A. A este folosit de B. A se foloseºte în vederea obþinerii lui B. A este un instrument care poate fi aplicat lui B. A face (produce) B. A are o acþiune asupra lui B. A foloseºte B. B este cel care face (produce) A. A este o acþiune asupra lui B, sau care i se poate aplica. Pentru a face sau a obþine A, se foloseºte B. B este cineva sau ceva (o persoanã, o instituþie ) care acþioneazã asupra lui A. B indicã o acþiune care se poate face asupra (în cazul) unui A. B este un instrument care poate fi folosit asupra (în cazul) lui A. 194 ANDREEA GRUEV-VINTILà SCB Atribuire CAR: se referã la un atribut permanent al elementului A. FRE: se referã la un atribut frecvent al elementului A. SPE: se referã la un atribut ocazional al elementului A. NOR: se referã la un atribut normativ al lui A. EVA: se referã la un atribut evaluativ al lui A. COS: se referã la un predicat cauzal. EFF: se referã la un predicat de consecinþã, de efect sau de scop. A se caracterizeazã întotdeauna prin B. A se caracterizeazã frecvent, adesea prin B. A se caracterizeazã uneori, eventual, prin B. A trebuie sã aibã trãsãtura B. B evalueazã, mãsoarã pe A. A este cauzat, depinde de B. A are ca efect pe B. Bibliografie Abric, J.-C. (1976), Jeux, conflits et représentations sociales, thèse dEtat, Université de Provence, Aix-en-Provence. Guimelli, C. (1993), Locating the Central Core of Social Representations: Towards a Method, European Journal of Social Psychology, 23, pp. 555-559. Guimelli, C. (1994), La fonction dinfirmière. Pratiques et représentations sociales, `n J.-C. Abric (coord.), Pratiques sociales et représentations, Presses Universitaires de France, Paris, pp. 60-83. Guimelli, C. (1995a). Létude des représentations sociales, Psychologie française, 40-4, pp. 367-374. Guimelli, C. (1995b), Valence et structure des représentations sociales, Bulletin de psychologie, XLIX, 422, pp. 58-72. Guimelli, C. [i Rouquette, M.-L. (1992), Contributions du modèle associatif des schèmes cognitifs de base à lanalyse structurale des représentations sociales, Bulletin de psychologie, numãr special Nouvelles voies en psychologie sociale, XLV, 405, pp. 196-202. Moscovici, S. (1984), Introduction: le domaine de la psychologie sociale, `n S. Moscovici (coord.), Psychologie sociale, Presses Universitaires de France, Paris. Rateau, P. (1995), Dimensions descriptive, fonctionnelle et évaluative des représentations sociales une étude exploratoire, lucrãri despre reprezentãrile sociale, www.psr.jku.at/ PSR1995/4_1995Ratea.pdf. Rouquette, M.-L. (1990), Sur la compositions des schèmes, Nouvelles études psychologiques, Université de Bordeaux, 4, nr. 1, pp. 17-25. Rouquette, M.-L. (1994), Une classe de modèles pour lanalyse des relations entre cognèmes, `n C. Guimelli (ed.), Structures et transformations des représentations sociales, Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, pp. 153-170. Rouquette, M.-L. [i Rateau, P. (1998), Introduction à létude des représentations sociales, PUG, Grenoble. III. INTERVIU Interview avec Michel-Louis Rouquette1, réalisée par Sylvain Delouvée 2 Sylvain Delouvée: Auteur de nombreux ouvrages et articles jaurai aimé savoir quelle est la question qui guide votre travail ? Michel-Louis Rouquette: Bien entendu, nous ne savons jamais exactement quelle est la question qui nous guide ou que nous poursuivons. Mais nous pouvons toujours essayer de limaginer. En ce qui me concerne, cette imagination est assez claire. Le «désenchantement du monde», selon la formule de Max Weber, était un progrès de la raison. Nous en sommes aujourdhui au désenchantement de la raison. Après tant de découvertes brillantes, tant dinvestissements éducatifs un peu partout dans le monde, tant de raffinements critiques pour dévoiler les impostures, on continue collectivement à se payer de croyances et à vivre de leurres. Mais il y a pire: on continue surtout à asservir, à mutiler ou à tuer les autres au nom de fantômes didées et de sentiments à contre-raison. Dans son essence même, cette évolution a été tragique, au sens propre du terme. Acte I: le malheur des hommes, nous dit le chur, vient de leur aveuglement, de leur ignorance et de leur sujétion. On se projette un espoir pour en sortir. Acte II: la conviction apparaît que la liberté civile et la liberté intellectuelle se confondent au fil de lextension des Lumières. On dispose dun projet daction. Acte III: les dites lumières finissent par éclairer des parcs de loisir, des bidonvilles et des charniers. Nous en sommes là. Quelle est donc cette nécessité qui tourne en dérision et en figures de cauchemar ce que nous pensions être nos plus sûrs moyens démancipation? Les rumeurs, les représentations sociales, la mémoire collective, les communications de masse ne sont que des aspects ou, si lon préfère, des vecteurs de cette nécessité en acte. En un certain sens, jai toujours eu limpression détudier la même chose, et même de me répéter. Dune manière moins lyrique, je dirai que tous ces phénomènes me paraissent constituer des instanciations de ce que jai appelé il y a trente ans la «pensée sociale»: pensée socialement déterminée, et par suite historiquement située, immanente aux enjeux relationnels, que les hommes produisent à propos dun aspect particulier de leur sociabilité. Tenter danalyser cette pensée pour 1. Professeur de psychologie sociale et environnementale à lUniversité René Descartes (Paris 5) et chercheur au Laboratoire de Psychologie Environnementale (CNRS UMR 8069) après avoir successivement enseigné dans les universités Paul Valéry (Montpellier II) et Vincennes Saint-Denis (Paris 8). 2. Certaines questions ont été réalisées en collaboration avec Edouardo Marquez de lUniversité de Paris 8. PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale 198 INTERVIEW AVEC MICHEL-LOUIS ROUQUETTE essayer de la comprendre me semble une tâche raisonnable, en même temps quinépuisable. S.D.: Ce présent numéro de Psihologie Socialã est consacré aux représentations sociales. Plus de quarante ans se sont écoulés depuis la première formulation théorique de Moscovici. Quels sont les accords et oppositions de vos points de vue respectifs sur la théorie des représentations sociales? M.-L.R.: Lavantage dune théorie scientifique, cest quelle nappartient finalement à personne. Les élèves lappliquent, la reprennent, la prolongent, laméliorent sil se peut, et tout cela entre dans le domaine commun. Au bout de quelques années, en tout cas de quelques générations, on ne sait plus vraiment qui a fait quoi. Cest cela la science: ce sujet anonyme et collectif qui doute sans fin de lui-même pour éliminer ses imprécisions ou ses erreurs les unes après les autres. La théorie des représentations sociales ne peut plus être conçue aujourdhui comme au moment de sa première publication, il y a plus de quarante ans. Les recherches empiriques se sont multipliées, de nouveaux outils ont été inventés, la formalisation a progressé. Serge Moscovici est un de ces grands «éducateurs du regard» qui nous ont appris à voir le monde autrement; et cest précisément parce que nous le voyons autrement que nous pouvons espérer y découvrir du nouveau. Je pense (et jai essayé à plusieurs reprises de le montrer) que la perspective des représentations sociales implique la mise en uvre solidaire de trois registres dintelligibilité: disons pour simplifier le concept, les pratiques et lhistoire. Le concept: nous essayons didentifier des universaux de la pensée sociale, ce qui suppose le recours à des modèles très abstraits. Mais ces universaux se manifestent toujours concrètement, à propos dun objet singulier, et ils apparaissent dans lhistoire, comprise comme un ensemble de contraintes ouvertes, à la manière de ces problèmes que lon appelle mal définis parce quils interdisent certaines possibilités sans en dicter par ailleurs aucune. Le troisième registre, enfin, est celui des pratiques, parce quune théorie des représentations nest vraiment pas grand chose sans une théorie de laction. On ne se représente pas un enjeu social, quel quil soit, pour le contempler, mais pour agir à son propos ou en fonction de lui. S.D.: Vous vous inscrivez dans une approche structurale de létude des représentations sociales et, de ce fait, vous utilisez, avec beaucoup dautres, lexpression de «noyau central». Pouvez-vous, en quelques mots, revenir sur le sens que vous donnez au terme «noyau» ? M.-L.R.: Au départ, chez Jean-Claude Abric, il me semble que le terme de «noyau» était une simple façon de parler. Il sagissait de formuler lidée, dailleurs essentielle, que tous les éléments dune représentation sociale nont pas le même statut fonctionnel: il en est de plus importants, de plus «définitoires» que dautres. Par la suite, avec sa diffusion, le terme a pris une valeur métaphorique. Pour certains (je crois que quelquun les a appelés les «structuralistes rustiques»), le noyau de la représentation était un peu comme le noyau du fruit. Pour dautres, plus sophistiqués, cétait léquivalent du noyau de la cellule. Et pour dautres encore, les plus prétentieux, il fallait penser au noyau de latome. S.D.: Et pour vous-même ? M.-L.R.: Jétais assez prétentieux. S.D.: Vous vous trouvez à lorigine dune des rares méthodes, le modèle des Schèmes Cognitifs de Base (modèle SCB), disponible aujourdhui, permettant lanalyse de la structure des représentations sociales. Plus de dix ans se sont écoulés depuis son apparition, quel bilan en tirez-vous? INTERVIEW AVEC MICHEL-LOUIS ROUQUETTE M.-L.R.: Le modèle des SCB est aujourdhui largement diffusé chez les psychologues sociaux. Il est exposé ou mentionné dans plusieurs manuels, enseigné en différentes universités, un grand nombre de thèses de doctorat et de publications scientifiques lutilisent, et il continue à se répandre. Jy vois en partie une évolution de la psychologie sociale, et singulièrement de létude des représentations, vers ce que lon appelle la «science normale»: évolution vers des théorisations bien définies, comme les avait voulues Lewin, en rupture avec les notions floues, impossibles à falsifier, et les méthodologies dites compréhensives qui sont en fait livrées à toutes les projections des chercheurs. Le modèle des SCB a permis de conforter et de développer la théorie du noyau en la dotant dune opérationnalisation qui lui manquait. Il a intégré dans un seul et même cadre formel plusieurs résultats expérimentaux importants, et surtout il a montré quil avait une grande valeur heuristique. Il permet en effet de se poser de nouvelles questions dans la perspective cohérente dun savoir cumulatif. Cependant, il convient de rester très modestes dans la mesure où cette modélisation est encore primitive si lon pense à celles quont connues les sciences physiques dès le XVIIème siècle. Le plus difficile, alors comme aujourdhui, tient à la conversion de notre regard sur les supposées «évidences» de lexpérience quotidienne. Songez: pour comprendre que les oscillations dun lustre en mouvement obéissent aux mêmes lois que le déplacement dun corps sur un plan incliné, il faut non seulement une grande capacité dabstraction, mais aussi une posture de détachement par rapport aux exigences pratiques immédiates. Il faut donner en somme le primat à la rationalité contre le vécu personnel, à lanalyse contre les convictions pré-établies, à la vérité contre lutilité. S.D.: Vos écrits sont traversés par lidée récurrente de la violence: violence 199 collective, sociale, individuelle; scènes dexcès, de révolte, de combats, des affaires criminelles. Est-ce que vous pensez que nos sociétés sont dominées par une idéologie de la violence? M.-L.R.: Comment pourrait-on ignorer la présence et le rôle de la violence dans lHistoire? Et dès lors, comment la psychologie sociale pourrait-elle sen désintéresser? Il ma toujours semblé, en effet, que la violence collective, la violence politique, constituait par nature un thème de prédilection pour notre discipline. En regard, bien des questions que traitent longuement les manuels paraissent assez futiles. Cest le cas, notamment, de nombre de recherches sur l «agression» en tant que comportement individuel. Elles passent complètement à côté de lessentiel: cest un peu comme si on essayait de comprendre lart et le marché de lart, en sintéressant seulement aux gestes dun peintre ou dune famille de peintres. Nous ne vivons pas à une époque plus violente quune autre, si tant est que la comparaison à travers les âges ait un sens. Par contre, nous vivons certainement, du moins dans les pays développés, une phase de désarroi dans notre conceptualisation des phénomènes de violence. Nous traitons celle-ci comme sil sagissait purement et simplement dune question morale. Cest la meilleure façon de ny rien comprendre. La violence na pas plus à faire avec la morale que les microbes ou les cyclones. Ces derniers aussi sont indésirables et désastreux, et ils restent parfaitement insensibles à la dénonciation vertueuse. La tâche des sciences sociales, en ce domaine, est dabord de déterminer les conditions dapparition, puis descalade, de la violence. Mais il faut aussi rattacher ces phénomènes, pour quils prennent tout leur sens, à une théorie générale de la société et de laction. Dans lexacte mesure où la guerre nest que la continuation de la politique par dautres 200 INTERVIEW AVEC MICHEL-LOUIS ROUQUETTE moyens, selon lexpression bien connue de Clausewitz, la violence nest que la continuation ou lexpression de la sociabilité par dautres voies. En dautres termes, elle nest une question politique et morale que parce quelle est dabord une question sociale. Tout le problème est de savoir si la violence est limitée ou au contraire développée par la reconnaissance de lautre. Jai bien peur que ces deux processus soient en fait solidaires, dans une sorte de boucle cybernétique. Dun côté la reconnaissance conduit à offrir des garanties de réciprocité, de lautre elle légitime le recours à lautorité et à la force, puisquil faut bien que la reconnaissance, au moins, soit maintenue en droit. Hegel lavait très bien vu. Cela vaut aussi, bien entendu, pour les relations entre les États: votre reconnaissance sarrête en somme à ce qui peut compromettre la mienne. La violence qui se trouve expulsée de la cité par la reconnaissance consentie a pour contrepartie la violence du maintien de la reconnaissance forcée. Et on pourrait ajouter: et réciproquement. Nous ne devons donc pas être très étonnés de voir les progrès de la reconnaissance saccompagner dune extension, et presque dune systématisation, de la violence, en particulier dans les rapports inter-communautaires. S.D.: Il est banal de dire que nos sociétés connaissent aujourdhui des changements rapides, en matière économique, politique, relationnelle, etc. Mais cest banal parce que cest vrai. De quelle manière selon vous ces phénomènes globaux affectent-ils la vie psychique quotidienne du citoyen? M.-L.R.: Les moyens modernes de communication nous incitent à confondre lactualité et lhistoire. Ou, ce qui revient à peu près au même, lévénement et la structure, la contingence et la règle. Et cest peut-être en cela que linfluence sur la vie psychique individuelle est la plus forte: dans cette modification de lhorizon temporel, avec ce quelle implique en termes de limitation des capacités de compréhension. Lorsque tout est événementiel (la guerre, le sport, la musique, les grèves, etc.), il ny a rien à comprendre: il suffit de sinformer, de senthousiasmer ou de sindigner. Et plus nous sommes nombreux à partager ces affects, plus nous avons tendance à penser quils correspondent à la vérité. Tout se passe comme si le nombre tenait lieu de démonstration. Paradoxalement, nous sommes alors au plus loin de lidéal des Lumières, de cette Aufklärung qui devait réconcilier lesprit avec la réalité du monde. Le retour des croyances, des superstitions et des passions (y compris bien sûr les mieux intentionnées) nous incline aujourdhui au pessimisme. Faire lanthropologie du monde contemporain ne signifie pas que lon garde lil rivé en permanence sur les news et que lon soit convaincu davance quon va sans arrêt rencontrer du changement. Les meilleurs spécialistes du changement, après tout, ce sont bien par définition les historiens. Or, comme vous le savez, ils ne perçoivent en général de changement véritable que sur la longue, voire la très longue, durée et dans un entrelacement essentiel avec des facteurs structuraux de continuité. Tocqueville, par exemple, a bien montré comment la Révolution française prolongeait à sa manière lAncien Régime en matière de centralisation. La centralisation administrative est précisément une chose très importante dans la vie quotidienne des citoyens. Beaucoup plus importante que tous les discours enflammés et toutes les exaltations. Ce nest pas parce que quelquun déclare: «Nous entrons dans un monde nouveau», et que des tas de gens le croient sur le moment, que nous entrons effectivement dans un monde nouveau. Nous ne pouvons plus être aussi naïfs après INTERVIEW AVEC MICHEL-LOUIS ROUQUETTE lexpérience des derniers siècles. Lobsession du changement est sans doute mauvaise conseillère. Cest beaucoup plus intéressant de se demander pourquoi les sociétés humaines (tout au moins celles qui sinscrivent dans lhistoire) éprouvent périodiquement le besoin de déclarer quelles ont changé ou quelles vont changer radicalement. Il y a là un trait de la condition humaine et, bien entendu, un effet de circonstances ou de contexte. Nous retrouvons ici linspiration même de notre discipline. Lambition de la psychologie sociale, me semble-t-il, peut être de tenter de répondre à deux exigences: dun côté rechercher les invariants en dehors desquels il nest pas de science cumulative possible, de lautre constituer effectivement une anthropologie du monde contemporain comme Moscovici la plusieurs fois préconisé. Ces deux objectifs ne sont pas contradictoires; ils se corrigent ou se compensent mutuellement. S.D.: On constate aujourdhui un intérêt de plus en plus grand sur létude des facteurs affectifs de la pensée sociale. En introduisant le concept de «nexus» vous êtes un précurseur de cette thématique de recherche. Comment, selon-vous, doit-on approcher, dans la perspective structuraliste létude des nexus et ses rapports avec les représentations sociales? M.-L.R.: En essayant didentifier la notion de nexus, jai voulu faire une place en psychologie sociale à toute une série de phénomènes récurrents dans lactualité et dans lhistoire. Une représentation sociale est toujours à quelque degré une théorie naïve. Elle permet dargumenter, de raisonner, de situer et de comprendre les cas 201 particuliers. Ce nest pas du tout ce qui se passe avec un nexus: celui-ci sépuise tout entier en émotions et en images. Il nargumente rien; il convainc demblée, sans être dialectisé, avec la force de lévidence. Prenez le 11 septembre par exemple: on sattriste, on seffraie ou on sindigne, certains jubilent, et tout est dit. Le 11 septembre est devenu un symbole, sans quon sache exactement de quoi, et une sorte de «mandala» émotif, comme peut lêtre un drapeau, une chanson ou, dans le domaine privé, un jouet denfant que lon retrouve à lâge adulte. Même si le réel est rationnel, notre connaissance du réel ne lest pas complètement. Et cest encore plus vrai lorsquil sagit de connaître la société. Je crois que cest une caractéristique définitoire (et donc définitive) de lespèce, et cela va beaucoup plus loin que la simple idée d«aspects affectifs» qui semble toujours renvoyer à une sorte de contingence. Modifiez tant que vous voulez les aspects affectifs dune représentation, vous ne la dénaturez pas: elle reste à peu près ce quelle était, puisque son «noyau» de cognition demeure. En revanche, le nexus est affectif par essence, de sorte que vous pouvez modifier ses aspects cognitifs sans le dénaturer. Vous pouvez par exemple montrer aux gens que leur amour ou leur haine sappuient sur une falsification historique, que le héros de leur cur nétait quun pauvre type, quils ont été les jouets de la propagande et ainsi de suite. Peu importe, le nexus demeure, jusquà ce que dautres formes de pouvoir en remplacent la légitimité. S.D.: Je vous remercie pour vos réponses. V. EVENIMENT María Estela Ortega Rubí A VII-a Conferinþã internaþionalã asupra reprezentãrilor sociale (Guadalajara, Jalisco, Mexic, septembrie 2004) În perioada 10-14 septembrie, oraºul Guadalajara, statul Jalisco din Mexic, a gãzduit cea de-a VII-a Conferinþã internaþionalã pe tema reprezentãrilor sociale. Universitatea din Guadalajara a avut onoarea de a organiza acest important eveniment, iar mijloacele tehnice moderne puse la dispoziþie nu au lãsat sã se piardã nici un cuvânt, idee sau gest. Trebuie sã remarcãm contribuþia a peste 200 de participanþi, precum ºi organizarea impecabilã a acestei manifestãri ºtiinþifice, ce a fãcut posibilã prezenþa unor personalitãþi academice. María Auxiliadora Banchs, Angela Arruda, Ivana Marková, Annamaria de Rosa, Denise Jodelet ºi reputatul profesor Serge Moscovici au abordat subiecte diverse din cadrul psihologiei sociale ºi al reprezentãrilor. Dimensiunile teoretice relevante ale gândirii sociale, semnificaþia discursului, imaginarul social, cele trei sfere ale reprezentãrilor sociale (subiectivã, intersubiectivã, trans-subiectivã) ºi importanþa lor în studierea realitãþii sociale, alteritatea, formele de interacþiune sunt principalele subiecte aduse în discuþie. Conferinþa a debutat cu un omagiu emoþionant adus profesorului Serge Moscovici, laureat al Premiului Balzan pe 2003 în psihologie socialã, `n semn de recunoºtinþã pentru traiectoria sa academicã ºi aportul sãu în domeniul psihologiei sociale ºi al ºtiinþelor umane. Timp de cinci zile a fost prezentat un numãr impresionant de lucrãri realizate de cercetãtori din 21 de þãri: Portugalia, Tunisia, Franþa, Spania, Italia, Finlanda, Anglia, Canada, Austria, Elveþia, Cehia, Brazilia, Mexic, Venezuela, Chile, Argentina, Guatemala, Bolivia, Columbia, Cuba ºi Indonezia. Temele de interes au vizat fenomenele sociale ale lumii actuale abordate prin prisma teoriilor reprezentãrilor sociale. Titlul reuniunii a fost ales astfel încât sã acopere o gamã cât mai largã de subiecte de cercetare în domeniu: Reprezentãri sociale ºi forme de interacþiune: grupuri, comunitãþi, miºcãri sociale. Comunicãrile au fost susþinute în cadrul simpozioanelor, al sesiunilor tematice, al meselor rotunde ºi al sesiunilor de prezentare de postere. Temele simpozioanelor au abordat probleme sociale extrem de importante ºi de larg interes, reunind cercetãtori din mai multe þãri. Vom prezenta un rezumat al simpozioanelor PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale 206 MARÍA ESTELA ORTEGA RUBÍ (þãrile participante ºi un rezumat foarte scurt sau doar cuvintele-cheie) din cadrul conferinþei: 1. Studii internaþionale asupra reprezentãrilor sociale ale mondializãrii: Franþa, Portugalia, Tunisia, Mexic, Brazilia. A reunit grupul de cercetare internaþionalã a reprezentãrilor asociate mondializãrii, consideratã o mizã socialã ºi societalã, un obiect de dezbateri ºi polemici. Titluri precum: Reprezentãri ale mondializãrii: ancorarea variaþiilor inter-individuale în apartenenþele naþionale; Analiza comparativã a grafurilor de similitudine asupra reprezentãrii sociale a mondializãrii în diferite þãri; Mediul social ºi cultural sunt relevante în acest sens. 2. Tinerii ºi problemele lor contemporane: Brazilia ºi Franþa. Cercetãtorii au prezentat diverse teme care privesc problemele acestui segment de populaþie: sexualitatea, viitorul, drogurile, ºtiinþa, violenþa. Sesiunea Reprezentãri sociale, sãnãtate ºi medicamente (Canada ºi Franþa) este o ilustrare a unui grup de lucrãri ce pun în relaþie reprezentãrile cu sãnãtatea ºi circulaþia medicamentelor la diferite populaþii. 3. Reprezentãri sociale ale SIDA, abordãri diverse: Mexic, Spania, Scoþia, Franþa. A reunit cercetãri ce vizeazã boala, dar ºi imaginarul ce integreazã comportamente sexuale, practici afective amoroase ºi valori. 4. Reprezentãri sociale la actorii educaþiei superioare: Mexic. Au fost prezentate diverse subiecte: cercetarea, universitarii, calitatea academicã etc. 5. Reprezentãri sociale, identitate socialã ºi subiectivitate: Franþa, Canada, Brazilia, Mexic. Comunicãrile au pus accentul pe modul în care reprezentãrile sociale activeazã dinamica identitarã. A fost subliniatã importanþa contextului socioistoric ºi biografic ºi a circuitelor afectiv-emoþionale, care constituie reþeaua de semnificaþii subiective. 6. Reprezentãri sociale ale masculinitãþii, realitãþi în miºcãri: Mexic. Lucrãrile au abordat diverse subiecte despre reprezentãrile sociale ale masculinitãþii: raporturile de cuplu, dragostea adolescenþilor, sexualitatea ºi pornografia, transmiterea familialã a masculinitãþii, paternitatea etc. 7. Reprezentãri sociale, violenþã ºi excludere socialã: Brazilia. Iatã câteva dintre titlurile relevante: Reprezentarea socialã ºi procesul de identitate: solidaritate, excludere ºi violenþã; Reprezentarea globalã a unei situaþii: o cale de studiere a raporturilor dintre practici ºi reprezentãri sociale; Reprezentarea socialã a violenþei împotriva femeilor. Simpozionul a reunit ºi preocupãrile de analizã a posibilelor articulãri dintre procesul de elaborare a reprezentãrilor ºi procesul de categorizare socialã: relaþiile dintre grupuri, emergenþa mecanismelor de excludere socialã, intoleranþa ºi violenþa. 8. Reprezentãri sociale ºi participare socialã: Mexic, Argentina, Franþa. Simpozionul a vizat subiecte legate de: participarea civicã în construcþia cetãþeniei, mobilizarea colectivã, dimensiunea afectivã, reprezentarea participãrii, temporalitatea participãrii. 9. Probleme sociale, culturi de grup ºi reprezentãri sociale: Mexic, Franþa, Indonezia. Subiectele de cercetare s-au referit la culturile de grup. Dintre lucrãrile prezentate menþionãm O cercetare asupra sãrãciei ºi credinþelor (mecanisme psihologice ºi sociale), în calitatea lor de elemente structurante ale reprezentãrii sociale culturale. Credinþele se prezintã subiecþilor ca fiind cauze necesare pentru transformarea irealã sau magicã a realitãþii în realitate doritã. Deci, credinþele devin strategii socio- A VII-A CONFERINÞà INTERNAÞIONALà ASUPRA REPREZENTÃRILOR SOCIALE 207 cognitive pentru problemele sãrãciei. O lucrare referitoare la folosirea canabisului de cãtre tinerii din Franþa a studiat cultura tinerilor în relaþie cu aceastã substanþã. Modalitãþile de explicare (în termeni de motive ºi cauze) a consumului de canabis, prezente în gândirea de bun-sim], au fost interpretate prin prisma teoriilor atribuirii ºi reprezentãrii sociale. Un alt studiu a vizat organizarea vieþii cotidiene în cadrul cãminului javanez ºi modul în care aceasta influenþeazã mental ºi social felul în care oamenii integreazã viaþa modernã în cultura existentã. Abordarea acestor realitãþi prin prisma reprezentãrilor sociale ne permite o adaptare metodologicã cât mai adecvatã culturii asupra cãreia se realizeazã cercetarea. 10. Produse culturale muzicale ºi reprezentãri sociale: Brazilia, Bolivia, Argentina, Franþa, Mexic. Cercetãrile prezentate au arãtat cã producþiile literare ºi artistice sunt mãrturii ale reprezentãrilor împãrtãºite de societate, într-o anumitã epocã. Operele culturale, cum ar fi, în cazul nostru, muzica, constituie un teritoriu privilegiat pentru studierea formelor sociale ale gândirii ºi sensibilitãþii. Tema acestui simpozion a reprezentat una dintre noutãþile cercetãrilor de la aceastã a VII-a conferinþã. Obiectivul a fost acela de a deschide un nou câmp de reflecþie centrat pe raportul dintre exprimarea muzicalã (modul de exprimare, formarea viziunilor asupra lumii, sensibilitatea, identitãþile sociale ºi culturale) ºi reprezentãrile sociale. 11. În limitele reprezentãrilor: dorinþe, norme ºi semnificaþii: Canada, Portugalia, Franþa, Brazilia. 12. Reprezentãri sociale ale culorii pielii umane în Mexic: Mexic. Subiectele au vizat discriminarea, geneza complexului social, stereotipurile, prejudecãþile etc. 13. Imaginarul latino-american ºi reprezentãrile sociale: Brazilia, Mexic, Venezuela. Au fost subliniate: importanþa imaginilor în viaþa cotidianã, dimensiunile temporale ºi afective prezente în construcþia gândirii sociale. Prin lucrãrile prezentate, simpozionul contribuie la înþelegerea dinamicii procesului de schimbarea a gândirii sociale. 14. Reprezentãrile sociale ºi istoria mentalitãþilor: Mexic, Spania. A concretizat preocupãrile cercetãtorilor pentru istorie; construcþia identitãþii; reprezentãri sociale ale raportului de cuplu, în calitatea lor de reprezentãri instituþionalizate. 15. Criza maladiei vacii nebune, comunicare ºi reprezentãri sociale: Franþa. Subiectele abordate se referã la: comunicare, dialoguri, ºtiinþã ºi bun-sim], drumul de la agentul patogen la vaca nebunã, legãturi între carnea de vitã ºi boalã o gândire magicã. 16. Violenþã ºi excludere socialã. Reprezentãrile sociale ale violenþei la adolescenþii ºi profesorii de nivel social mediu: Mexic. Chiar dacã este imposibil sã rezumãm în câteva pagini o conferinþã de asemenea amploarea, am putut totuºi sã vã oferim o imagine asupra diverselor subiectele sociale abordate în interesul reprezentãrilor sociale. Vom face ºi o scurtã prezentare a celorlalte forme de activitãþi desfãºurate în cadrul conferinþei: sesiunile tematice, mesele rotunde ºi sesiunile de prezentare de postere (cifrele romane indicã numãrul de grupe care au prezentat lucrãri pe aceeaºi temã). 1. Cunoaºtere ºi credinþe (I): gândire narativã, funcþie epistemicã, SIDA, credinþe ºi cunoaºtere. 208 MARÍA ESTELA ORTEGA RUBÍ 2. Metodologie (I, II): metafore ºi metonimii, scheme de semnificaþie Alceste, matricea de analizã a planurilor imaginare, hãrþile mentale, analiza de similitudine, analiza de conþinut. 3. Educaþie (I, II, III, IV, V, VI, VII, VIII): rolul de profesor ºi cercetãtor, eºecul ºcolar, practici de învãþãmânt, studenþi, muncã ºi educaþie, violenþã, norme ºcolare, interacþiune pedagogicã, sexualitate, perspectiva viitorului, impactul ºtiinþific, identitatea profesionalã, cultura universitarã, sistemul educativ, stereotipurile de gen. 4. Social (I, II, III, IV, V, VI): sãnãtate, identitate naþionalã, sãrãcie, integrare ºi schimbare de atitudine, imaginarul social, memoria socialã, conceptul de societate, stereotipuri ºi prejudecãþi, imigrare, comunitãþi indigene, drepturile omului, naþionalitate, convivialitate culturalã. 5. Tehnologii (I): Internetul. 6. Sãnãtate (I, II, III, IV, V): relaþia medic-pacient, corpul, sãnãtatea publicã, îmbãtrânirea, dezvoltarea umanã, sãnãtatea femeii, stilurile de viaþã, drogurile, sexualitatea, bolile ºi tratamentele medicale, construcþia socialã a obiºnuinþelor de hranã, nutriþia, credinþele, identitatea profesionalã ºi sentimentul propriei capacitãþi, sãnãtatea mentalã, nebunia, politicile sociale. 7. Sport (I): practicanþi ºi nonpracticanþi, asociaþii sportive, grup\ri sportive. 8. Justiþie (I, II): injustiþie, justiþie socialã, poliþia ºi meseria, violenþa, insecuritatea cetãþenilor, corupþia politicã, puºcãria, limbaje ºi contexte judiciare, minorii infractori. 9. Politicã (I, II, III, IV, V): corupþia, practici culturale, puterea, participarea, scandaluri politice mediatizate, scenarii sociopolitice, miºcãri sociale, memorie colectivã, conflictele politice ºi medierea lor, sãrãcia ºi politicile sociale, democraþia, globalizarea, guvernarea. 10. Comunicare (I): mass-media, foiletonul, informare ºi comunicare tehnologicã, Internetul, schimbarea culturalã, inovaþiile tehnologice. 11. Muncã (I): vârsta ºi slujba, autoritatea, ºomajul în rândul tinerilor ºi al femeilor, piaþa locurilor de muncã. 12. Ecologie (I): conservarea mediului, apa. 13. Gen (I, II): masculinitate, feminitate, naþionalismul ºi genul, violenþa domesticã, dragostea ºi cuplul, diferenþe de sex ºi practici familiale, delincvenþa la femei ºi bãrbaþi, genul ºi alcoolismul, participarea, familia ºi schimbarea femeilor. Din acest rezumat putem sesiza importanþa pe care o capãtã în prezent subiectul educaþiei, aspectele sociale, politica ºi sãnãtatea, domenii ce au reunit un numãr mai mare de cercetãri. Deducem, de asemenea, cã aceste subiecte au o prioritate mai mare în þãrile latino-americane. Am realizat aceastã prezentare la sugestia profesorului Adrian Neculau, cu scopul de a-i informa pe cei care, din cauza distanþei geografice mari, nu au putut fi prezenþi la acest eveniment ºtiinþific, a VII-a Conferinþã internaþionalã asupra reprezentãrilor sociale. Rezumatul se adreseazã celor interesaþi de cunoaºterea problematicilor sociale, devenite prioritare în aceastã parte a lumii, unde au fost abordate subiecte de cercetare de actualitate în domeniul teoriei reprezentãrilor sociale. Sper sã fi reuºit sã rãspundem aºteptãrilor lor. Traducere de Versavia Curelaru Stéphanie Baggio1, Andreea Gruev-Vintilã Al V-lea Congres Internaþional de Psihologie în limba francezã (Lausanne, 1-4 septembrie 2004) Acest congres a fost organizat de cãtre ADRIPS (Association pour la Diffusion de la Recherche Internationale en Psychologie Sociale) ºi a avut un dublu obiectiv: prezentarea lucrãrilor recente în psihologia socialã ºi favorizarea întâlnirii cercetãtorilor interesaþi de acest domeniu. În ceea ce priveºte cel de-al doilea aspect, obiectivul a fost atins, deoarece peste 300 de cercetãtori provenind din 50 de þãri au participat la congres. Între acestea enumerãm Statele Unite, Canada, Algeria, Tunisia ºi chiar Camerun, þãri din Europa, [i Franþa, ce a fost chiar suprareprezentatã. Mai mult de 230 de intervenþii s-au succedat în cele patru zile, fiind repartizate în 23 de simpozioane ºi 23 de sesiuni tematice, la acestea adãugându-se ºi conferinþele în plen. Marile teme ale psihologiei sociale au fãcut obiectul a numeroase intervenþii: grupul (reper pentru validarea cunoºtinþelor ºi a conduitelor noastre, reper pentru raþionament ºi evaluare, optimism comparativ), influenþa socialã (persuasiune, rezistenþã), stereotipuri (teoria lui Steele, stereotipuri de gen), comunicarea (comunicarea nonverbalã, discurs ºi reprezentãri sociale, prevenþie), cultura (credinþe, excludere socialã, interculturalitate), reprezentãri sociale (abordarea structuralã, dinamicã), disonanþa cognitivã (apariþia ºi reducerea disonanþei, teoria angajamentului, comunicarea angajantã), atribuirea (atribuiri cauzale, atribuirea responsabilitãþii), psihologia socialã a dezvoltãrii (parcursul ºcolar, socializare, culturã) etc. ªi în jurul altor teme s-au organizat intervenþii: puterea, valorile, normele, memoria colectivã, emoþiile, viaþa politicã, evaluarea competenþelor, sãnãtatea... De asemenea, anumite intervenþii s-au raportat la teme actuale ca terorismul, Europa (identitatea sa, moneda), violenþa ºi agresivitatea (reprezentãri ºi practici, sentimentul de insecuritate, comportamentele de risc) sau de mediu (riscuri colective). În sfârºit, un ultim simpozion a evocat evoluþia propriu-zisã a disciplinei. România a fost prezentã în mai multe sesiuni, fie prin tema abordatã, fie prin originea cercetãtorilor. Sesiunea relativã la Europa a inclus comunicarea Lucianei Rãduþ (Universitatea din Bucureºti ºi Universitatea Paris 5) Euro, viza pentru Vest. 1. Universitatea Paris 5, Franþa. PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale 210 STÉPHANIE BAGGIO, ANDREEA GRUEV-VINTILà Reprezetãrile integrãrii europene, care s-a aplecat asupra felului în care se combinã discursul despre moneda europeanã ºi despre Europa: ambele trimit, de fapt, la integrarea României în Uniunea Europeanã. Autoarea afirmã cã discursurile declinã poziþionãri sociale precise, ºi anume cele ale partizanilor ºi oponenþilor Uniunii, care se confruntã prin intermediul unei teme anexe în speþã, economia. Cu toate acestea, conceptele de dihotomie ºi de dualitate arat\ articularea culturalã ºi istoricã, obligatoriu grefatã pe dimensiunile politice ºi economice. Cercetarea propusã de Didier Truchot ºi Ruxandra Kmiec-Bardu (Universitatea din Reims) în cadrul sesiunii Convingeri ºi culturi s-a intitulat Echitatea perceputã ºi burnout la medicii francezi ºi români. O analizã exploratorie. Autorii analizeazã fenomenul de burnout (faza ultimã a stresului profesional definitã ca stare de epuizare, depersonalizare ºi lipsa împlinirii personale) invocând diferenþele culturale între percepþia muncii ºi a conceptelor asociate în Franþa ºi România: variabile presupuse explicative, ca de exemplu, motivaþia, valorizarea reuºitei profesionale ºi controlul individului asupra propriei activitãþi sunt toate mai ridicate în Franþa. Rezultatele confirmã ipoteza autorilor cã, la sarcinã de lucru egalã, fenomenul de burnout apare mai pregnant în Franþa. Variabila echitate (faptul cã investiþia individului, ca timp ºi energie, este egalã cu ceea ce câºtigã, ca recunoaºtere, stimã de sine etc.) influenþeazã burnout-ul în mod diferit, în funcþie de culturã (francezã sau românã). În sfârºit, Miruna Radu a semnat alãturi de Gaëlle Diligeart ºi Claude Chabrol (Universitatea Paris III) comunicarea Imaginea: argument ascuns ºi generator de emoþii în interacþiune cu limbajul, care a analizat impactul unei publicitãþi pentru produse cosmetice feminine. Rezultatele lor aratã cã efectul strategiilor iconice de comparaþie socialã asupra intenþiei comportamentale este legat de schimbarea convingerilor femeilor destinatare cu privire la propria lor eficacitate, obiectivã ºi subiectivã (autoeficacitate). Autorii trag concluzia cã impactul publicitãþii studiate depinde de gradul de implicare personalã a destinatarelor ºi de cadrarea (pozitivã vs. negativã) a mesajului publicitar. Cercetarea Efectele implicãrii asupra reprezentãrilor sociale ale riscurilor colective. Cazul riscului seismic. O comparaþie între Franþa ºi România comunicatã de Andreea Gruev-Vintilã la sesiunea Reprezentãri sociale este detaliatã în acest numãr al revistei. Reprezentãrile sociale au fãcut obiectul a douã simpozioane ºi trei sesiuni. Aceastã tematicã este o prezenþã constantã, chiar în creºtere în raport cu congresele anterioare (douã simpozioane ºi douã sesiuni tematice la Atena în 2002, trei simpozioane ºi o sesiune tematicã la Valencia în 2000). Majoritatea intervenþiilor s-au înscris în cadrul abordãrii structurale, ceea ce aratã importanþa ºi pertinenþa acestei direcþii în câmpul reprezentãrilor sociale. Primul simpozion, Perspectiva experimentalã asupra reprezentãrilor sociale ºi a raporturilor de comunicare, a constituit, din câte [tim, prima manifestare explicitã într-un congres ADRIPS a interesului pentru situarea reprezentãrilor sociale în sânul raporturilor de comunicare ce le constituie. Comunicãrile prezentate poartã amprenta ºcolii structurale ºi au vizat: (1) specificarea condiþiilor în care un raport de influenþã genereazã transformarea structurii unei reprezentãri în funcþie de suportul numeric ºi apartenenþa socialã a sursei (Lionel Souchet, Colomba Codaccioni ºi Eric Tafani), precum ºi a naturii relaþiilor în care se înscrie un astfel de raport de influenþã (Gabriel Mugny ºi Alain Quiamzade); (2) felul în care statutul destinatarului unei comunicãri AL V-LEA CONGRES INTERNAÞIONAL DE PSIHOLOGIE ÎN LIMBA FRANCEZà 211 poate afecta structura reprezentãrii sociale exprimate (Pascal Moliner ºi Patrick Rateau; ºi (3) procesele cognitive implicate în procesarea ºi difuzarea unui mesaj în funcþie de implicarea subiecþilor-þintã (Bénédicte Marfaing, Christian Guimelli ºi Eric Tafani). Intervenþia Variaþiuni în exprimarea reprezentãrii sociale a muncii propusã de Pascal Moliner ºi Patrick Rateau (Universitatea Montpellier III) a abordat chestiunea raporturilor de comunicare plasând subiecþii nu în poziþie de destinatar, ci de emiþãtor al comunicãrii. Rezultatele aratã cã indivizii pot construi strategii de autoprezentare în funcþie de felul în care exprimã o anumitã reprezentare socialã ºi cã aceste strategii depind de imaginea lor despre destinatarii mesajului ºi despre aºteptãrile normative pe care i le atribuie. Comentând rezultatele, autorii subliniazã cã felul în care se exprimã reprezentãrile sociale denotã o anume clarviziune ºi plasticitate normativã ce confirmã funcþia lor adaptativã. De exemplu, comunicarea Implicarea, emoþia, procesarea ºi difuzarea unui mesaj: cercetarea experimentalã a zvonurilor propusã de Bénédicte Marfaing, Christian Guimelli ºi Eric Tafani (Universitatea din Aix-en-Provence) a insistat asupra funcþiei identitare a reprezentãrilor sociale. Autorii au studiat felul în care indivizii proceseazã informaþiile primite ºi le transformã pe baza propriului sistem de reprezentãri sociale înainte de a le transmite unui terþ. Experienþa lor aratã cã transformãrile semantice pe care le opereazã indivizii rãspund unor logici sociale ce vizeazã în special menþinerea unei imagini pozitive a propriului grup. Din acest punct de vedere, autorii insistã asupra rolului preponderent al implicãrii asupra felului în care structura ºi conþinutul mesajului sunt procesate ºi asupra consecinþelor implicãrii asupra intenþiilor comportamentale ºi asupra comportamentelor efective. Cercetarea Différenciation catégorielle et norme de désirabilité dans la dynamique structurale des représentations sociales propusã de Patrick Rateau s-a aplecat asupra variaþiunilor structurale ale câmpului reprezentaþional ºi a reglãrilor sociale din interiorul acestui câmp. Autorul a aplicat succesiv douã chestionare de centralitate la douã grupuri de subiecþi masculini heterosexuali privind reprezentarea cuplurilor heterosexuale ºi homosexuale, ordinea de prezentare fiind inversatã pentru cele douã grupuri. În absenþa comparaþiei explicite (prima evaluare) nu se observã o diferenþã majorã între cele douã reprezentãri. Dimpotrivã, asistãm la o accentuare a caracteristicilor specifice celor douã categorii în situaþie de contrast (a doua evaluare). Patrick Rateau face astfel legãtura între dinamica structuralã a câmpului reprezentaþional ºi jocurile identitare mobilizate de raporturile sociale în care sunt inseraþi indivizii, pe de o parte, ºi, pe de altã parte, de norma de dezirabilitate socialã care îi face sã mascheze (sau sã nu manifeste) anumite zone ale câmpului reprezentaþional (zonele mute). Intervenþia lui Pascal Moliner La fonction génératrice du noyau central des représentations sociales a abordat capacitatea nucleului central de a determina semnificaþia sistemului periferic al reprezentãrii sociale. În acest scop, el a testat semnificaþia elementelor centrale ºi periferice în funcþie de însoþirea lor cu alte elemente centrale sau periferice. A arãtat astfel cã semnificaþia unui element central poate fi modulatã atunci când este însoþit de unul periferic, în timp ce semnificaþia unui element periferic nu este afectatã de prezenþa unui element central. Aceste rezultate pun în discuþie funcþia generativã a nucleului central al reprezentãrii sociale. Comunicarea Éffets de site dans la représentation sociale dun risque collectif: le cas de linondation prezentatã de Stéphanie Baggio s-a referit la efectul de percepþie a aproprierii de risc asupra reprezentãrii sociale a inundaþiei. Rezultatele asociaþiei libere 212 STÉPHANIE BAGGIO, ANDREEA GRUEV-VINTILà la cuvântul inductor inundaþie aratã cã într-o zonã cu tendinþe de creºtere a nivelului apelor, anumite elemente aparþinând sistemului periferic diferã. Subiecþii care cred cã trãiesc într-o zonã de risc au tendinþa de a fi mai evaluativi (pericol, dezastru, neputinþã), în timp ce ceilalþi care cred cã trãiesc într-o zonã cu risc redus descriu mai degrabã inundaþia (creºterea nivelului apelor, revãrsare, nãmol). În sfârºit, un simpozion cu o pertinenþã socialã incontestabilã a fost propus de Christian Guimelli ºi Stamos Papastamou: Perspective psihosociale asupra terorismului. Comunicarea Precis cã este terorist ªi totuºi propusã de Thomas Arciszewski ºi Ewa Drozda Senkowska (Universitatea Paris 5) a arãtat cã raþionamentele categoriale despre teroriºti sunt modulate de un context specific ce poartã amprenta unei ameninþãri puternice. Cercetarea lui Juan-Manuel Falomir et al. (Universitatea din Geneva), Percepþia legitimitãþii unei agresiuni în funcþie de organizarea democraticã sau nedemocraticã a grupurilor, a vizat factorii ce intervin în perceperea legitimitãþii unei agresiuni teroriste din perspectiva tradiþionalã a psihologiei sociale asupra determinanþilor agresiunii ºi a voinþei de pedeapsã colectivã. În sfârºit, comunicarea 11 septembrie 2001. Efecte asupra conþinutului semantic al reprezentãrilor sociale ale insecuritãþii prezentatã de Christian Guimelli ºi Jean-Claude Deschamps (Unversitatea din Lausanne) a pus în evidenþã faptul cã reprezentarea socialã a insecuritãþii prezintã elementele stabile (înainte ºi dupã atacul asupra World Trade Center din septembrie 2001) ºi elemente ce nu apar decât în context specific. Autorii au examinat, de asemenea, natura ºi intensitatea emoþiilor asociate acestei reprezentãri, înainte ºi dupã atacul terorist. Simpozionul Teme uitate, stele cãzute ºi comori ascunse propus de Ewa Drozda Senkowska ºi Michel-Louis Rouquette (Universitatea Paris 5) a permis (probabil singura ocazie recentã) reflecþia colectivã asupra evoluþiei psihologiei sociale. Participanþii care au putut asista la acest simpozion nu sunt gata sã uite nici prezenþa în aceeaºi salã a Ewei Drozda Senkowska, a lui Dominique Oberlé, Pierre de Visscher, Michel-Louis Rouquette, Robert-Vincent Joulé ºi Gabriel Moser printre alte nume de rezonanþã în actualitatea disciplinei (ºi probabil în istoria ei) ºi nici perspectiva în care s-a desfãºurat acest simpozion. El nu s-a vrut, spun autorii, nici informativ, nici prescriptiv, ci o ocazie de reflecþie colectivã ºi schimb de idei asupra unor teme care par apuse. În fond, se întreabã Ewa Drozda Senkowska ºi Michel-Louis Rouquette, ce îºi aminteºte, ce a uitat, ce ascunde ºi ce expune aceastã psihologie socialã ai cãrei actori suntem? Trei dintre cele cinci comunicãri ale simpozionului au abordat chestiunea formaþiunilor colective (grupul, mulþimea etc.). Pierre de Visscher aratã cum, rãtãcind constructul de dinamica grupurilor restrânse, am rãtãcit ºi ideea scumpã lui Lewin de a asocia perspectiva experimentalã ºi cea experienþialã. Dominique Oberlé ºi Ewa Drozda Senkowska au discutat locul rezervat distincþiei între dimensiunea operatorie ºi cea relaþionalã în studiile asupra grupului, ºi mai ales cel rezervat climatului social, un concept care, deºi vag, rãmâne evocator ºi cu toate acestea a dispãrut atât din cercetãri, cât ºi din manuale. Michel-Louis Rouquette a abordat unul dintre subiectele lui preferate, mulþimile, ºi a propus o discuþie asupra motivelor instituþionale ºi epistemologice ce au dus la abandonarea acestei teme tradiþionale a psihologiei sociale. Robert-Vincent Joulé a ridicat spinoasa întrebare a slabei recunoaºteri ºi difuzãri a disciplinei noastre în spaþiul public, care se lovesc de obstacolul major al acceptabilitãþii sociale a discursurilor AL V-LEA CONGRES INTERNAÞIONAL DE PSIHOLOGIE ÎN LIMBA FRANCEZà 213 noastre. La rândul lui, Gabriel Moser s-a referit la statutul ambiguu al noþiunii de aplicare a psihologiei sociale ºi a examinat consecinþele ei epistemologice ºi practice. Al V-ea Congres Internaþional de Psihologie Socialã în Limba Francezã a permis aºadar prezentarea unui numãr remarcabil de cercetãri actuale desfãºurate în câmpul psihologiei sociale, ca ºi promovarea schimbului între cercetãtorii ce lucreazã pe anumite tematici. În absenþa reflecþiilor colective, aceastã diversitate naºte însã ºi întrebãri. Una dintre ele, sugeratã în filigran, a pãrut sã caute cu tenacitate un rãspuns: este psihologia socialã o ºtiinþã cumulativã sau una a eternului început? N.B. O parte dintre rezumatele comunicãrilor au fost preluate din Actele celui de-al V-lea Congres Internaþional de Psihologie Socialã în Limba Francezã, Lausanne, 1-4 septembrie 2004. VI. RECENZII Jean-Claude Abric (coord.), Méthodes détude des représentations sociales, Éditions Éres, Ramonville Saint-Agne, 2003 Prin intermediul volumului de faþã, în care Jean-Claude Abric îºi asumã rolul de coordonator1, directorul Laboratorului de Psihologie Socialã din Aix-en-Provence focalizeazã din nou interesul publicului asupra domeniului controversat al reprezentãrilor sociale ºi readuce în prim-plan o serie de nume de referinþã în psihologia socialã (Claude Flament, cãruia îi este dedicatã cartea, Annamaria Silvana de Rosa, Alain Clémence, Jean-Claude Deschamps etc.), precum ºi tineri specialiºti ce manifestã interes pentru acest domeniu de cercetare. Lucrarea care se recomandã, la o primã vedere, ca un manual pentru uzul cercetãtorilor debutanþi, poate fi privitã, într-o perspectivã mult mai amplã, ca o operã de promovare a unor metode noi de culegere ºi analizã a datelor (de exemplu, metoda triangulaþiei, analiza zonei mute a nodului central etc.), fãrã ca metodele mai vechi (schemele cognitive de bazã, reþeaua de asociaþii etc.) sã-ºi piardã din importanþã ºi pondere. Vechi ºi nou în acest context nu se refer\ atât la data apariþiei, c^t mai degrabã la atestarea lor ca metode de cercetare valide în domeniul reprezentãrilor sociale. Deschisã mai multor curente teoretice pe linia iniþiatã de cercetãrile lui Serge Moscovici, lucrarea este atât pedagogicã, cât ºi practicã, fiind ilustrativã pentru cercetãrile în curs din acest domeniu. Expunerile fiecãrei tehnici sau metode sînt clare, didactice (ceea ce trãdeazã formaþia majoritãþii autorilor) ºi adesea urmate de exemple culese din cercetãri reale de teren, fapt ce dã posibilitatea celor care doresc sã realizeze un studiu de specialitate sã aleagã metoda optimã. Împãrþirea judicioasã a volumului în douã secþiuni preponderent teoretice Problematici ºi tehnici de culegere a datelor, Metode de analizã a datelor pentru studierea reprezentãrilor sociale ºi o parte practicã Abordarea experimentalã, îl face sã fie uºor de folosit de cãtre cei interesaþi de metodele de culegere a reprezentãrilor sociale, respectiv de metodele de analizã a datelor. În timp ce prima parte se focalizeazã pe teoriile construite în jurul diferitelor metode propuse în ultimele decenii, cea de a doua se axeazã pe prezentarea unor programe informatice, extrem de utile în confirmarea sau infirmarea prin analiza cantitativã ºi 1. Dupã Exclusion sociale, insertion et prévention, Éditions Éres, Ramonville Saint-Agne, 1996 (ediþia a II-a 2003). PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale 218 RECENZII calitativã a datelor obþinute. Bine folosite, programele informatice de analizã textualã sînt cu adevãrat preþioase pentru analiza componentelor lingvistice a reprezentãrilor sociale sau, dupã cum scrie Kalampakis, pot da o idee despre puterea simbolicã a limbajului reprezentãrilor sociale (p. 150). Ca exemplu, autorul sus-menþionat ne introduce în metoda Alceste, explicatã pe larg, cu convingerea cã aceasta reprezintã unul dintre modelele analitice care îl poate ajuta pe psihologul social sã depãºeascã dificultãþile legate de analiza textualã ºi discursivã. Contribuþia lui Jean-Claude Abric este reprezentativã pentru întreaga lucrare (ce se constituie într-o încercare de diagnozã a teoriilor ºi metodelor în domeniu), înglobând o trecere în revistã a metodelor clasice de culegere a datelor (evocarea ierarhizatã lansatã de Pierre Vergès, chestionarul de caracterizare folosit pentru prima datã de Claude Flament, o serie de metode de verificare a centralitãþii etc.) ºi adãugând, în contextul mai larg reprezentat de teoria nodului central (în care autorul este unul dintre cei mai reputaþi specialiºti2), un nou concept, ºi anume cel al zonei mute a reprezentãrii3. Pentru a delimita acest concept, Abric atrage atenþia asupra faptului cã, în marea lor majoritate, studiile dedicate reprezentãrilor sociale chestionare, sondaje de opinie, cercetãri legate de climatul social etc. se bazeazã pe producþiile verbale ale subiecþilor, fie ei grupuri sau indivizi (fapt valabil ºi pentru alte domenii ale ºtiinþelor sociale). În acest caz, revine în discuþie întrebarea clasicã deja: persoanele pe care le interogãm spun sau nu (tot) ceea ce gândesc? Rezultã clar din concluziile anumitor cercetãri (de exemplu, sondajele premergãtoare alegerilor) cã nu întotdeauna subiecþii sînt sinceri în faþa anchetatorului/anchetatorilor, ºi cu atât mai puþin în situaþii despre care intuiesc cã ar putea oferi o imagine negativã despre ei. Aºa ia naºtere zona mutã a reprezentãrii, definitã de Abric ca fiind un subansamblu specific de credinþe sau de cogniþii care, deºi existã, nu sînt exprimate de cãtre subiect în condiþii normale, dar, dacã ar fi exprimate, ar putea pune în discuþie valorile morale sau normele valorizate de grupul de apartenenþã (pp. 58-59). Zona mutã este aºadar constituitã din elemente ale reprezentãrii ce nu pot fi obþinute de la subiect prin metodele clasice de culegere a datelor. Ele pot fi puse în evidenþã, în schimb, cu ajutorul unor tehnici speciale, cum ar fi: obþinerea conþinutului explicit al reprezentãrii, cercetarea zonei mute, cercetarea structurii reprezentãrii ºi a nucleului central, controlul centralitãþii etc. Oferind un model de respectare strictã a metodologiei pentru validarea teoriilor existente, lucrarea lanseazã cercetãtorilor provocarea de a-ºi crea propriile instrumente de analizã a datelor, în vederea unei înþelegeri din ce în ce mai subtile a gândirii ºi practicilor sociale. Florin Botoºineanu4 2. Vezi, între altele, studiile Lartisan et lartisanat: analyse du contenu et de la structure dune représentation sociale, Bulletin de Psychologie, XXXVII, nr. 366, 1984, pp. 861-875, respectiv Lorganisation interne des représentations sociales: système central et système périphérique, în C. Guimelli (ed.), Structures et transformations des représentations sociales, Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, 1994, pp. 73-84. 3. Definitã pentru prima oarã în C. Guimelli ºi J.-C. Deschamps, Effects de contexte sur la production dassociation verbales: le cas des représentations sociales des Gitans, Cahiers internationaux de psychologie sociale, nr. 47-48, 3-4, 2000, pp. 44-54. 4. Doctorand în Psihologie socialã, Laboratorul Psihologia câmpului social, Universitatea Al.I. Cuza, Iaºi. Ivana Marková, Dialogistica ºi reprezentãrile sociale, Editura Polirom, Iaºi, 2003 Publicatã la Cambridge University Press ºi aproape simultan la Editura Polirom din Iaºi, cartea Ivanei Marková Dialogistica ºi reprezentãrile sociale propune o teorie a cunoaºterii sociale fondatã pe dialogisticã ºi pe teoria reprezentãrilor sociale. Lucrarea are ºapte capitole: (1) Schimbarea, o problemã epistemologicã pentru psihologia socialã; (2) Gândirea ºi antinomiile; (3) Antinomiile lingvistice ºi dialogice; (4) Gândind cu voce tare; (5) Vechi ºi nou în reprezentãrile sociale; (6) Triadele dialogice ºi procesele cu trei componente; (7) Cum înþelegem themata ºi cum generãm reprezentãri sociale. Concluzie: reprezentãrile sociale ºi dialogistica. Ivana Marková susþine douã idei: dialogistica este o condiþie sine qua non a gândirii umane; schimbarea, ºi nu stabilitatea, se aflã în centrul tuturor fenomenelor sociale. Potrivit definiþiei date de autoare în aceastã lucrare, dialogistica este capacitatea gândirii umane de a concepe ºi comunica realitatea socialã în relaþie sau în opoziþie cu Celãlalt. Dezvoltarea ei consubstanþialã cu istoria ºi cultura în decursul filogenezei autorizeazã afirmaþia potrivit cãreia gândirea umanã nu se limiteazã la sistemul biologic al individului, ci include dialogistica. De aici rezultã ipoteza fundamentalã a Ivanei Marková: dialogistica este cea care genereazã gândirea ºi limbajul. Teoria cunoaºterii propusã de Ivana Marková are ca punct de plecare capacitatea organismelor vii de a face distincþii, aptitudine esenþialã pentru percepþie ºi trãsãturã fundamentalã a inteligenþei. Autoarea face legãtura între capacitatea de a discrimina ºi aceea de a gândi în polaritãþi ºi antinomii ºi propune ipoteza potrivit cãreia Ego-Alter constituie ontologia gândirii umane. Pentru a argumenta cã dialogistica este o condiþie sine qua non a gândirii umane, Ivana Marková depãºeºte cadrul psihologiei sociale. Autoarea convoacã filosofia, antropologia, lingvistica ºi studiile culturale, identificã gândirea antinomicã ºi conceptul de schimbare în decursul istoriei. Aceste repere o conduc la teoria reprezentãrilor sociale formulatã de Serge Moscovici, care îi oferã cadrul teoretic pentru conexarea dialogisticii ºi gândirii sociale. Într-adevãr, în calitate de teorie a cunoaºterii sociale, teoria reprezentãrilor sociale fondatã pe dialogisticã pleacã de la presupunerea cã gândirea socialã ºi limbajul sunt fenomene în schimbare, ºi cã diferitele tipuri de cunoaºtere socialã coexistã în PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale 220 RECENZII comunicare. În consecinþã, ºi aici este noutatea majorã introdusã de lucrarea Ivanei Marková, cunoaºterea socialã se fondeazã pe schimbare, ºi nu pe stabilitate. Totuºi, observã autoarea, statutul teoretic al conceptelor de stabilitate ºi schimbare este asimetric: teoriile cunoaºterii sociale pun în evidenþã mai degrabã stabilitatea decât schimbarea. Or, dacã gândirea socialã ºi limbajul sunt într-adevãr fenomene dinamice, atunci conceptele de stabilitate ºi schimbare îi ridicã psihologiei sociale o problemã epistemologicã de rezolvat. Ivana Marková urmãreºte gândirea antinomicã la grecii ºi chinezii antici, în Renaºtere, la Kant, Hegel, Jung, Freud, Humboldt, Saussure ºi la membrii cercului lingvistic de la Praga. Autoarea analizeazã întâi câteva antinomii remarcabile, de exemplu anistoric/ istoric ºi social/individual. Apoi abordeazã pe larg antinomia Ego-Alter în calitatea ei de fundament al dialogului, pe care o presupune nãscutã din gândirea comunã (socialã) ºi legatã de teoria reprezentãrilor sociale. Astfel, din perspectiva dialecticã ºi dialogicã asupra reprezentãrilor sociale, cunoaºterea socialã rezultã din conflictul între tendinþele contrarii ºi interdependente, de exemplu stabilitatea ºi schimbarea, sau Ego-Alter. Or, simþul comun, schimbarea ºi dialogistica fac parte din resursele teoretice ale teoriei reprezentãrilor sociale. Într-adevãr, spre deosebire de perspectiva actualã în psihologia socialã care considerã individualul ºi socialul ca unitãþi distincte, teoria reprezentãrilor sociale pleacã de la ipoteza conform cãreia cunoaºterea socialã se bazeazã pe interdependenþa cuplului Ego-Alter. Astfel, în calitate de teorie a cunoaºterii sociale, teoria reprezentãrilor sociale se bazeazã pe triunghiul Ego-Alter-Obiect (sau reprezentare). Acest triunghi propus de Serge Moscovici ca unitate de bazã a cunoaºterii sociale este o structurã dinamicã, ºi aceasta datoritã tensiunii ºi conflictelor ce apar între Ego ºi Alter, explicã Ivana Marková. În consecinþã, trecerea de la epistemologiile stabilitãþii la cele ale dinamicii poate fi realizatã prin intermediul teoriei reprezentãrilor sociale. Dacã Ivana Marková se referã întâi la teoria reprezentãrilor sociale în calitate de teorie a cunoaºterii sociale, a doua semnificaþie a acestei teorii vizeazã în mod specific cercetarea ºi explicarea fenomenelor sociale tematizate în discursul public. Conþinuturile structurate ale reprezentãrilor sociale sunt generate plecând de la antinomii culturale ºi interdependente ce devin problematice în momentul în care sunt întrunite anumite condiþii sociale. În acest caz, antinomiile respective devin themata. Printre aceste themata, cele care derivã din antinomia Ego-Alter (de exemplu, moralitate/imoralitate, libertate/opresiune etc.) genereazã reprezentãri sociale esenþiale pentru supravieþuirea ºi dezvoltarea umanitãþii, afirmã Ivana Marková. Autoarea conferã conceptului de themata statutul de concept principal al teoriei reprezentãrilor sociale. Unul dintre numeroasele aporturi originale ale acestei lucrãri este ilustrarea argumentelor expuse prin studii realizate în þãrile fostei Europe de Est. Dacã Serge Moscovici spune cã originile teoriilor sale asupra reprezentãrilor sociale ºi teoriei minoritãþilor active trebuie cãutate în experienþa sa româneascã (Moscovici ºi Marková, 2000), poate cã nu este anodin faptul cã Ivana Marková, psiholog social scoþian de origine cehã, situeazã schimbarea în centrul tuturor fenomenelor sociale ºi afirmã cã dialogistica este o condiþie sine qua non a gândirii. Apropierea reuºitã între dialog, cunoaºtere socialã ºi teoria reprezentãrilor sociale face din cartea Ivanei Marková o contribuþie importantã pentru psihologia socialã ºi pentru studiile asupra comunicãrii. Andreea Gruev-Vintilã Pascal Moliner, Patrick Rateau, Valérie Cohen-Scali, Les représentations sociales: Pratique des études de terrain, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 2002 Preocuparea continuã pentru domeniul reprezentãrilor sociale este demonstratã prin apariþia de noi cãrþi, studii publicate în revistele de specialitate, organizarea de conferinþe naþionale ºi internaþionale în care sunt dezbãtute aspectele teoretice, metodologice ºi cercetãrile practice elaborate sau aflate în curs de realizare. Cartea propusã (230 de pagini), structuratã în ºapte capitole, este un reper important pentru cei interesaþi de domeniul reprezentãrilor sociale, un instrument util în abordarea pluridimensionalã a temei de faþã. Lecturarea cãrþii va permite cititorului sã pãtrundã în culisele studiilor de referinþã realizate de cei mai de seamã cercetãtori ai reprezentãrilor sociale ºi sã descopere aspecte importante din montajul acestor abordãri. Stilul redactãrii trezeºte aproape inevitabil un interes pentru aprofundarea studiului asupra reprezentãrilor sociale. Laitmotivul lucrãrii îl reprezintã studiul de teren, iar expunerea reprezintã o succesiune de capitole structurate logic ºi cronologic a realizãrii unei cercetãri de teren. Fiecare etapã abundã în indicarea metodelor utile pentru studiul reprezentãrii sociale, metode cantitative ºi calitative, precum ºi în exemple concrete extrase din studii fundamentale asupra diverselor obiecte de reprezentare socialã, cele mai multe exemple fiind selectate din perioada de sfârºit a anilor 80, din anii 90, precum ºi cele elaborate în anii 2000; autorii citaþi sunt cunoscuþi la nivel mondial: Abric, J.C., De Rosa, A.M., Doise, W., Flament, C., Guimelli, C., Jodelet, D., Moliner, P., Moscovici, S. ºi alþii. Cartea are un stil captivant, plãcut lecturii, autorii propunând pe parcurs recomandãri bibliografice pentru aprofundarea studiului diferitelor aspecte de ordin teoretic ºi practic. Expresia des întâlnitã cu alte cuvinte are rolul de a reformula ideile, astfel încât ele sã devinã absolut comprehensibile publicului neavizat în domeniu. Reprezentarea socialã este menþionatã în strânsã legãturã cu alte concepte-cheie din psihologia socialã: grupul ºi gândirea socialã, identitatea ºi categorizarea socialã etc., ca elemente explicative secundare. În acelaºi timp, se pot observa domeniile de interes ale cercetãtorilor din diferite centre universitare, asupra reprezentãrilor sociale. Primul capitol, intitulat Elemente esenþiale pentru teoria reprezentãrilor sociale are menirea (re)precizãrii într-o formã cât mai sinteticã a noþiunilor teoretice cheie minim necesare unei incursiuni în domeniul reprezentãrilor sociale. Se pune în discuþie nivelul societal ºi grupal la care poate fi studiatã o reprezentare socialã, precum ºi reprezentarea în expresia individualã, abordându-se problematica discursului. PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale 222 RECENZII Al doilea capitol se referã la etapa diagnosticãrii prealabile. Discuþia este axatã pe necesitatea precizãrii problematicii de cercetare, ce poate fi descriptivã, de elucidare ºi/ sau comparativã. În acest sens, Pascal Moliner propune cinci criterii care sã repereze un obiect al reprezentãrii sociale: specificitatea obiectului de studiu, caracteristicile grupului de studiu, importanþa obiectului pentru grup, dinamica socialã ºi absenþa sistemului ortodox. Moliner precizeazã fazele în istoria unei reprezentãri sociale, ºi anume faza de emergenþã, de stabilitate ºi transformare. În etapa cercetãrii descriptive este important ca cercetãtorul sã analizeze indicatorii pentru situaþia socialã globalã. Obiectivul de elucidare considerã reprezentarea socialã ca variabilã independentã, adicã presupune existenþa unor cauze pentru determinare de luãri de poziþie, judecãþi, conduite etc. De asemenea, Moliner se axeazã pe analiza contextului: investigarea situaþiei sau a ansamblului de situaþii, rolul actorilor sociali, motivul de interacþiune între actorii sociali. Abordarea comparativã considerã reprezentarea socialã ca variabilã dependentã. Autorul precizeazã ºi explicã tipurile de studii sincronice ºi diacronice. Al treilea capitol se centreazã pe etapa culegerii datelor. Aici sunt abordate sursele informaþionale, principalele lor caracteristici ºi tehnicile de exploatare a informaþiilor culese. Atât timp cât unitatea textualã este în centrul studiilor, se insistã pe diferite surse de documentare (presa, documente instituþionale, corespondenþa, mãrturiile, literatura, interviul), precum ºi pe metodele de constituire a textelor. O atenþie deosebitã este acordatã metodei interviului ºi interviului-anchetã, precizându-se formele ºi limitele în studiul reprezentãrii sociale. Pentru fiecare tehnicã documentarã, autorii cãrþii au selecþionat exemple concrete din diferite studii. Un alt palier de analizã din acest capitol se axeazã pe etapele realizãrii unui interviu. Momentele de stabilire a relaþiei intervievator-intervievat, formularea consemnului, relaþia în timpul interviului, intervenþiile posibile din partea intervievatorului sunt completate cu evidenþierea dificultãþilor întâlnite din timpul aplicãrii metodei interviului. Din punct de vedere practic, sunt utile principiile ce trebuie respectate pentru o bunã desfãºurare a interviului. Se trece în revistã folosirea demersului asociativ ºi reflexiv, a studiului de caz, a rezolvãrii de probleme ºi a modalitãþilor de utilizare a imaginilor în studiul reprezentãrilor sociale. În finalul capitolului este abordatã sintetic problematica validitãþii ºi a fidelitãþii metodelor de culegere a datelor. Al patrulea capitol trateazã metoda analizei de conþinut. În aceastã secþiune sunt precizate definiþiile ºi evoluþia istoricã a metodei. Cititorul va afla despre numeroasele abordãri ale analizei de conþinut: abordarea lexicometricã, sociosemanticã a cuvintelor asociate ºi abordarea propoziþionalã ºi predictivã. Pentru a realiza analiza de conþinut asupra unui material scris sunt necesare cunoºtinþele ce se referã la pregãtirea materialului de analizã, procesul de codare, de categorizare ºi interpretare a rezultatelor. Autorii oferã indicaþii în cazul confruntãrii cu un conþinut manifest sau latent în cazul aplicãrii metodei analizei ºi a interpretãrii datelor. Aceste aspecte, precum ºi limitele cu care se confruntã metoda analizei de conþinut sunt tratate în aceastã secþiune. Al cincilea capitol propune spre atenþie utilizarea chestionarului pentru mãsurarea reprezentãrii sociale, mai precis pentru identificarea elementelor nodului central ºi a elementelor periferice. Sunt descrise ºi exemplificate tehnica caracterizãrii, chestionarele pentru identificarea nodului central, metoda inducerii scenariului ambiguu ºi tehnicile de punere în discuþie a nucleului central. Ca ºi în capitolul precedent, autorii precizeazã etapele desfãºurãrii pentru fiecare metodã ºi specificã regulile pentru un demers bun al metodelor în cauzã. RECENZII 223 Al ºaselea capitol se referã la problematica analizei datelor obþinute prin utilizarea metodelor citate mai sus. Tehnicile descriptive descriu procesele de rezumare ºi organizare a datelor, iar tehnicile inferenþiale permit extrapolarea rezultatelor obþinute. Astfel, pentru structurarea asociaþiilor libere, Pierre Vergès sistematizeazã metoda analizei prototipicalitãþii ºi metoda categorialã. Este ilustrat exemplul studiului reprezentãrii sociale a banilor realizat de Vergès `n 1992. Introdusã de Claude Flament în 1962, analiza de similitudine ilustreazã reprezentarea graficã ºi stabilirea arborelui maxim al unei reprezentãri sociale. Analize multiple au fost realizate de Serge Moscovici în reprezentarea socialã a vindecãtorului în 1992. Tehnicile de clasificare a ierarhiei folosesc metoda calculãrii distanþelor euclidiene. Fabio Lorenzi-Cioldi (1988) a realizat un studiu pe caracteristicile stereotipic masculine ºi feminine. Este prezentatã folosirea ºi explicarea dendrogramei de cãtre cercetãtor. Ultimul set de tehnici prezentate în acest capitol se referã la folosirea analizei factoriale: analiza în componente factoriale, analiza factorialã a corespondenþelor ºi analiza inferenþialã. Analiza datelor presupune folosirea statisticii, ºi în acest sens sunt explicitate modalitãþile de folosire a testului chi-pãtrat, testului t de comparare a mediilor ºi analiza de varianþã (Anova). Al ºaptelea capitol ne propune patru studii ilustrativ-aplicative de teren. Astfel, Malaval ºi Vidailler discutã despre emergenþa reprezentãrii sociale a organismelor genetic modificate. Jauvert foloseºte interviul semidirectiv în studiul reprezentãrii sociale a parteneriatului. Moliner, Weisy, Challiol ºi Simon-Plaza abordeazã o relaþie pedagogicã dificilã între profesori ºi studenþi, folosind chestionare de caracterizare pentru compararea ºi elucidarea reprezentãrilor sociale prin analiza divergenþelor punctelor de vedere. Reprezentarea socialã a muncii studiatã de Devaux foloseºte metoda chestionarului ºi tehnica punerii în discuþie pe un lot de ºomeri. În aceste studii sunt precizate opþiunile metodologice alese, rezultatele obþinute ºi interpretarea rezultatelor. Sunt menþionate diverse probleme metodologice, precum ºi modalitãþile lor de rezolvare. Octavian Onici1 1. Doctorand în Psihologie socialã, Laboratorul Psihologia câmpului social, Universitatea Al.I. Cuza, Iaºi. La Editura Polirom a ap\rut: Alex Mucchielli Arta de a comunica. Metode, forme ºi psihologia situaþiilor de comunicare Traducere de Giuliano Sfichi, Gina Puicã ºi Marius Roman ISBN: 973-681-778-4 130 x 200 mm, 264 p. O sintezã remarcabilã a rezultatelor obþinute dupã un secol de investigaþii psihologice ale comunicãrii, Arta de a comunica prezintã interes nu doar pentru cercetãtorii psihologiei, ci ºi pentru cei ai ºtiinþelor umane în general. Având în centrul analizei situaþia cotidianã ºi în acest sens fundamentalã a comunicãrii interpersonale ce include de la comunicarea amicalã sau în familie pânã la dialogul psihoterapeutic, interviu, negociere , lucrarea expune atât principalele forme ale acesteia ºi psihologia situaþiilor de comunicare, cât ºi paradigmele care funcþioneazã în cadrul disciplinei. Se evidenþiazã astfel o perspectivã a comunicãrii ca instrument al acþiunii asupra semenilor. Din cuprins: Paradigmele de referinþã ºi metodele de studiere a comunicãrii Psihologie a proceselor intrapsihice sau psihologie a relaþiilor? Comunicarea implicã ºi crearea normelor relaþionale Comunicarea de sugestie ºi situaþiile de influenþare Comunicarea defensivã Comunicarea în întâlnirea amoroasã ºi în viaþa de cuplu Comunicarea în convorbiri ºi în dialog www.polirom.ro Bun de tipar: martie 2005. Apãrut: 2005 Editura Polirom, B-dul Carol I nr. 4 P.O. Box 266 700506, Iaºi, Tel. & Fax: (0232) 21.41.00; (0232) 21.41.11; (0232) 21.74.40 (difuzare); E-mail: [email protected] Bucureºti, B-dul I.C. Brãtianu nr. 6, et. 7, ap. 33, O.P. 37 P.O. Box 1-728, 030174 Tel.: (021) 313.89.78; E-mail: [email protected] Tiparul executat la S.C. Polirom ABB S.A. str. Bucium, nr. 34, 700265 Tel.: (0232) 230323; Fax: (0232) 230485