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PSIHOLOGIA SOCIAL|
Buletinul Laboratorului
„Psihologia câmpului social”
Universitatea „Al.I. Cuza”, Ia[i
Nr. 14/2004,
num\r tematic: Reprezent\ri sociale
POLIROM
2005
Editura POLIROM, B-dul Carol I nr. 4
P.O. BOX 266, 700506, Ia[i, ROMÂNIA
B-dul I.C. Br\tianu nr. 6, et. 7, ap. 33, O.P. 37 ;
P.O. BOX 1-728, 030174, Bucure[ti
Copyright © 2005 by Editura POLIROM
ISSN: 1454-5667
Printed in ROMANIA
Psihologia Social\
Nr. 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale
Sumar
I. STUDII
Catherine Garnier, Lynn Marinacci, Martine Quesnel
Représentations sociales, pratiques diagnostiques et de prescription liées aux
psychotropes ....................................................................................... 7
Roberto Fasanelli, Ida Galli
Relaþiile dintre acþiunile de asistenþã ºi reprezentãrile sociale: o contribuþie
empiricã .......................................................................................... 24
Luminiþa Mihaela Iacob, Loredana Gherasim, Mona Huceanu
Genul sau genurile reprezentãrii sociale a puterii? .................................... 49
Anne-Marie Mamontoff
Effets des représentations sociales sur les pratiques nouvelles:
les Tsiganes et l’école ......................................................................... 69
Sylvain Delouvée
D’une guerre à l’autre: deux illustrations historiques des nexus .................... 93
Andreea Gruev-Vintilã
Efectele implicãrii asupra reprezentãrilor
sociale ale unui risc colectiv: cazul riscului seismic.
O comparaþie între Franþa ºi România .................................................... 103
María Estela Ortega Rubí
Social Representations of Poverty in the Mexican groups.
The importance of social thinking ......................................................... 125
II. SINTEZE TEORETICE
Adrian Neculau
Contexte social, idéologie et pratiques sociales. Etude de cas ..................... 151
Cãtãlin Dîrþu
Simþul psihologic comun ºi reprezentãrile sociale ...................................... 172
III. METODOLOGIE
Andreea Gruev-Vintilã
Despre analiza structuralã a reprezentãrilor sociale.
Modelul Schemelor Cognitive de Bazã (SCB) ........................................... 185
IV. INTERVIU
Interview avec Michel-Louis Rouquette, réalisée par Sylvain Delouvée ........... 197
V. EVENIMENT
María Estela Ortega Rubí
A VII-a Conferinþã Internaþionalã asupra reprezentãrilor sociale
(Guadalajara, Jalisco, Mexic, septembrie 2004) ....................................... 205
Stéphanie Baggio, Andreea Gruev-Vintilã
Al V-lea Congres Internaþional de Psihologie în limba francezã
(Lausanne, 1-4 septembrie 2004) .......................................................... 209
VI. RECENZII
Florin Botoºineanu
Jean-Claude Abric (coord.), Méthodes d’étude des représentations sociales ..... 217
Andreea Gruev-Vintilã
Ivana Marková, Dialogistica ºi reprezentãrile sociale ................................. 219
Octavian Onici
Pascal Moliner, Patrick Rateau, Valérie Cohen-Scali,
Les représentations sociales: Pratique des études de terrain ....................... 221
I. STUDII
Catherine Garnier1, Lynn Marinacci2, Martine Quesnel3
Représentations sociales, pratiques diagnostiques et de
prescription liées aux psychotropes4
Résumé: La multiplicité et la complexité des facteurs impliqués dans la problématique de la
prescription exigent une réflexion globale qui intègre les dimensions psychosociales. La démarche
choisie dans cette recherche (subventions CQRS et CRSH), en utilisant le cadre théorique des
représentations sociales, permet de comprendre comment les pratiques de prescription s’intègrent
dans un faisceau d’influences diverses au cœur même des interactions qui les suscitent. L’analyse
de 20 entrevues de médecins et les analyses factorielles des correspondances multiples des 320
questionnaires de médecins ont permis de mettre à jour une structure représentationnelle plutôt
homogène de l’ensemble des médecins, structure marquée par les contingences du contexte de la
pratique professionnelle, entre autres par la souffrance.
1. Surconsommation médicamenteuse et pratiques de prescription
La forte évolution des dépenses de santé dans les sociétés occidentales (Lichtenberg,
2000) alliés aux enjeux économiques importants (MEDCOST, 2001) conduisent à des
remises en question des systèmes de santé et avec elles, une chasse aux coupables
(Cotnoir, 1995). Les travaux réalisés en pharmacologie sociale s’interrogent entre autres
sur l’inégalité sociale de son usage (18% de la population mondiale consomme 81% des
médicaments), le déséquilibre entre les investissements de recherche pharmaceutique et
l’importance médico-sociale d’une maladie, le rôle des industries pharmaceutiques dans
le choix de l’innovation médicamenteuse ainsi que la croissance de la consommation de
1. Université du Québec à Montréal, directrice du Groupe d’étude sur l’interdisciplinarité et les
représentations sociales (GEIRSO), Canada.
2. Université du Québec à Montréal, membre du Groupe d’étude sur l’interdisciplinarité et les
représentations sociales (GEIRSO), Canada.
3. Université du Québec à Montréal, membre du Groupe d’étude sur l’interdisciplinarité et les
représentations sociales (GEIRSO), Canada.
4. Cet article a été rédigé à partir des résultats de deux recherches financées par le CQRS
(maintenant FQRSC) et le CRSH (programme IDR: Initiative de Développement de la
Recherche).
PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale
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CATHERINE GARNIER, LYNN MARINACCI, MARTINE QUESNEL
médicaments devenus «socialement désirables» (Fainzang, 2001; Montastruc, 2000;
Knipe, 1999; Nichter [i Vuckovic, 1994; Laplantine, 1986; Meyer, 1984; Van der
Geest et Van der Veen, 1982). Malgré les remaniements des systèmes de santé à travers
le monde, les problèmes liés à la prescription et à la surconsommation des médicaments
demeurent (Von der Schulenburg, 1992; Van der Geest et al., 1987, Chaudhury,
1986). Les pratiques de prescription qui mènent à la surconsommation sont évidemment
questionnées au premier chef en raison entre autres des effets pervers du médicament
(FRM, 2000), du phénomène de pharmacorésistance (Bjerrum, Dessau ºi Hallas, 2002;
Frangou ºi Lewis, 2000), réactions adverses (De Brouwere et al., 1996), qu’il s’agisse
de réactions idiosyncrasiques ou allergiques, phénomènes d’interactions médicamenteuses
non souhaitables ou d’intoxications iatrogènes (CCRA, 2001) et de pharmacodépendance
(Douki et al., 1999) qui ont des conséquences sérieuses sur la santé (Stephens et
Johnson, 2000).
Les problèmes de santé liés aux effets indésirables des médicaments n’affectent pas
toutes les populations de la même façon, certaines d’entre elles étant davantage touchées
que d’autres telles les femmes et les personnes âgées, ces dernières pouvant consommer
jusqu’à 16 médicaments différents par jour (Cormier et Trudel, 1990; Bernardez et al.,
1997). En ce qui concerne les personnes âgées, s’ajoute aussi la médicalisation grandissante des processus naturels (comme la ménopause ou le vieillissement) qui sont perçus
comme des phénomènes pathologiques (Aballea, 1987) ainsi qu’une chronicité des
problèmes de santé (Bernardez et al., 1997) justifiant tout autant des prises de plus en
plus nombreuses de médicaments. La pratique des soins à domicile contribuerait au
phénomène de surconsommation médicamenteuse (Kuhn, 1998).
À cette variabilité de l’usage selon les populations, s’ajoute celle qui tient au type de
médicament considéré. En effet, la consommation inappropriée de médicaments ne
semble pas concerner également tous les médicaments mais principalement certains
types de médicaments comme les psychotropes (Ankri et al., 2002; Tamblyn et al.,
1994), les antidépresseurs, les antibiotiques, les anti-inflammatoires (Finch, 1993;
Montamat et Cusack, 1992; Davis, Baum et Graham, 1991) et le méthylphénidate
(Ritalin) chez les enfants (Doré et Cohen, 1997; Diller, 1996). La préscription d’antibiotiques serait plus élevée pour les jeunes femmes et les femmes d’âge moyen que pour les
hommes des mêmes catégories d’âge (Majeed et Moser, 1999). Les femmes âgées de 20
à 40 ans seraient les plus grandes consommatrices d’anti-inflammatoires (Menard, 1993)
et les psychotropes seraient davantage consommés par les personnes âgées (Tamblyn et al.,
1994). Dans ce dernier cas, le non-respect des règles concernant la posologie, la durée
et la reconduction d’une ordonnance sans suivi ni évaluation est défini comme une
prescription abusive (Douki et al., 1999).
Par ailleurs, le processus de prise de décision aboutissant à une ordonnance est un
phénomène complexe (Jennett et Hunter, 1996) qui a été étudié sous plusieurs angles.
Eisenberg (1986) relève plusieurs catégories de facteurs qui interviennent dans le
phénomène de prescription telle les valeurs personnelles des médecins (motivation, style
et type de pratique, caractéristiques démographiques), les facteurs socio-économiques,
(coût du traitement) et les facteurs socioculturels (perception de son rôle par le praticien,
demandes des patients, caractéristiques du malade, etc.). Therrien (1997) décrit une
typologie établie en fonction des déterminants de la pratique clinique, soit des facteurs
«prédisposant» (Tamblyn et Battista 1993), des facteurs „facilitant” et des facteurs de
REPRÉSENTATIONS SOCIALES, PRATIQUES DIAGNOSTIQUES ET DE PRESCRIPTION...
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renforcement. Ces stratégies dépendent autant de facteurs sociaux économiques externes
(nouvelles technologies, économie, médias, statut social) que de l’influence du patient.
Il replace donc le médecin dans un processus de négociation et au centre d’un faisceau
d’influences. Raisch (1990a,b) propose un modèle relatif aux facteurs et aux méthodes
qui influencent la prescription de médicaments, ces derniers étant cristallisés autour du
diagnostic. De plus, l’analyse des prescriptions destinées à des enfants a révélé que la
moitié d’entre elles n’étaient pas appropriées et que plusieurs pratiques de prescription
offraient les mêmes caractéristiques que l’automédication (Van der Geest et al., 1997)
et l’inadéquation des pratiques de formation se répercuteraient sur les pratiques de
prescription (Dziegielewski, 1998; Sleath et Collins, 1996). Mangione et Smith (2003)
et al., dans l’analyse des commentaires échangés entre médecins et parents sur un site
web réservé aux soins de jeunes enfants, ont conclu que lorsque les parents s’attendaient
à la prescription d’un antibiotique, celui-ci était prescrit dans 91% des cas.
Dans les cas problématiques de prescription, les facteurs liés à la santé mentale ainsi
que les facteurs économiques seraient particulièrement impliqués (Mitchel et al., 2001)
ainsi que les déterminants sociaux et culturels de la prescription tel que l’ont montré
Ankri et al. (2002) dans une comparaison France/Québec des prescriptions de psychotropes.
Toutefois, selon Monsonego (1994), les prescriptions de psychotropes se distinguent des
autres types de médicaments d’ordonnance parce qu’ils impliquent une communication
interactive qui n’a pas été observée dans les prescriptions de d’autres médicaments
d’ordonnance tels que les antibiotiques, les antiinflammatoires et les anticancéreux.
Selon Sleath, Svarstad, Roter (1998), les patients ayant un revenu élevé serait plus enclin
que leur médecin à initier une médication de psychotropes. Blackwell et Cooperstock
(1983) ajoutent cependant que les médecins seraient eux-mêmes de forts consommateurs
de psychotropes. Cormier et Trudel (1990) soutiennent que lorsque le patient ou le
médecin fait face à une situation difficile, le médicament serait davantage perçu comme
une potion magique, perception qui serait aussi partagée par certains groupes d’intervenants
en santé. Huttin et Bosanquet (1992) déclarent que cette image de potion magique serait
soutenue par l’industrie pharmaceutique et elle serait perceptible dans ses messages
publicitaires. Sleath et Shih (2003) établissent quant à eux que la prescription est autant
fonction des caractéristiques des patients que celles de médecins mais aussi de l’interaction
médecin/système de santé et de l’interaction patient/médecin.
La multiplicité et la complexité des facteurs impliqués dans la problématique de la
prescription exigent donc une réflexion globale dont les dimensions psychosociales
doivent être prises en compte. La démarche qui a été choisie par notre équipe de
recherche a été construite de façon à éviter la mesure des facteurs isolés et à permettre
plutôt d’en étudier l’interdépendance et l’articulation afin de pouvoir comprendre
comment les pratiques de prescription s’intègrent dans un faisceau d’influences diverses
au cœur même des interactions multiples qui les suscitent. Parmi ces facteurs, les
croyances et les représentations du médicament jouent un rôle majeur comme en
témoignent les innombrables études sur l’effet placebo. L’empathie, l’intérêt, l’attitude
positive envers le patient, le prestige du médecin (spécialiste/généraliste et prestige de
la spécialité), le caractère spectaculaire du traitement, le rituel du traitement, les
croyances et les attentes du patient, sa culture, la forme et la couleur du médicament sont
des facteurs qui ont été reconnus dans la littérature scientifique comme ayant un impact
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CATHERINE GARNIER, LYNN MARINACCI, MARTINE QUESNEL
sur les traitements (Hrobjartsson, 2002; Eccles, 2002, Hrobjartsson et Gotzsche, 2001;
Hart, 1999; Layani, 1998; Backonja et Brown, 1998; Weijer, Dickens et Meslin, 1997;
Ernst et Resch, 1995). La construction d’une pensée commune du médicament, l’ancrage
réel de ce type de pensée sur la relation thérapeutique ou le rôle des croyances dans le
processus de construction et de déconstruction de la maladie et de l’intervention
médicale, et en particulier de l’intervention de prescription, constituent des questionnements qui peuvent être plus aisément étudiés à l’aide du cadre théorique des représentations sociales car celles-ci permettent d’aborder dans leur ensemble les différents
facteurs indiqués précédemment dans leur univers symbolique (Garnier, 2003). Le cadre
théorique des représentations sociales a donc servi à structurer les travaux sur l’étude du
médicament.
2. Le cadre théorique des représentations sociales
Les représentations sociales ont été définies à l’origine par Moscovici (1961, p. XIII)
comme «des systèmes de valeurs, des idées et des pratiques» qui ont une double fonction:
«…en premier lieu, établir un ordre qui permette aux individus de s’orienter et de
maîtriser leur environnement matériel, ensuite, faciliter la communication entre les
membres d’une communauté en leur procurant un code pour désigner et classifier les
différents aspects de leur monde et de leur histoire individuelle et de groupe» (Moscovici,
1961, p. XIII). De nature sociale, elles naissent au sein de l’interaction sociale et
fournissent un code commun à la communication en distinguant les groupes sociaux les
uns des autres (Moscovici, 1992). On les a décrites également comme des ensembles
organisés de cognitions relatives à un objet et partagés par les membres d’un groupe
(Flament, 1994). En somme, les représentations sociales se présentent donc sous forme
de contenus cognitifs, sorte de réseau singulier constitué de symboles, de concepts et
d’images construites par des groupes et qui permettent d’une part de communiquer et,
d’autre part, d’évaluer les objets, les personnes et les entités dans le but d’agir sur eux.
Elles constituent un fond commun de connaissances et de croyances où les individus et
les groupes puiseraient des éléments pour interpréter leur environnement social et
physique. Ainsi, dans la construction commune de la signification sociale de la maladie,
le développement d’une vision commune de la maladie par les patients et les médecins
serait un facteur de succès dans le traitement de la maladie (Peebles et Moore, 1996).
Or, cette construction commune est une caractéristique centrale du concept de représentations sociales.
C’est le thème général de la maladie qui a fait l’objet du plus grand nombre d’études
sur les représentations sociales (Herzlich, 1969, 1970; Galli et Fasanelli, 1995; Flick,
1995) suivi de la maladie mentale (Jodelet, 1991; De Rosa, 1987; Bellini, 1987;
Morant, 1995), de la psychanalyse (Moscovici, 1961), de la douleur (Paume et Deconchy,
1995) et du SIDA (Joffe, 1995; Morin, 1994; Morin et al., 1996). Ces études
confirment la variété de représentations du concept «maladie», comme l’avaient montré
aussi Laplantine (1986, 1989) et Fabrega (1977, 1978, 1979) qui en avait reconnu trois
aspects: l’aspect objectif de la maladie comme objet scientifique pour le médecin,
l’aspect subjectif lié à l’expérience vécue par le malade et l’aspect socioculturel par
REPRÉSENTATIONS SOCIALES, PRATIQUES DIAGNOSTIQUES ET DE PRESCRIPTION...
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lequel elle s’insère à la fois dans l’épisode de soin et dans l’univers socioculturel, qui
peut ou non être commun entre le médecin et le patient (Mechanic, 1991; Dufour,
1992-1993).
Moscovici avait montré que les différents contenus des représentations sociales sont
producteurs de systèmes de communication profondément différents et qui orientent
l’action différemment, ce qui rejoint l’hypothèse sur laquelle reposent les travaux de
Flament (1981), d’Abric (1987), de Guimelli et Rouquette (1992) selon laquelle les
représentations que se font les individus de la situation d’interaction ont une incidence
sur leurs actions et sur leurs pratiques. Pratiques, discours et représentations sont
indissociables, «les représentations et les pratiques s’engendrent mutuellement» (Abric,
1994, p. 230). Les liens entre représentations et pratiques ont été particulièrement
étudiés par Garnier (1999, 2000, 2001) et ceux-ci l’ont amenée à développer progressivement la notion de «systèmes représentationnels» dans laquelle plusieurs objets de
représentations sont liés en vertu du cadre référentiel auquel ils appartiennent et en
l’occurrence dans le cadre du médicament selon le contexte de la pratique professionnelle
des médecins. L’idée de systèmes de représentations s’est développée au cours des
travaux antérieurs qui ont permis d’en montrer la complexité et en reprenant cette idée,
nous parvenons à établir un large système qui comporte une organisation en sous-systèmes dont nous ne présenterons ici qu’une unité, c’est-à-dire celle des pratiques diagnostiques
et de prescription.
3. Les objectifs et le devis de recherche
Les travaux de recherche qui ont été menés visaient à comprendre les articulations entre
les dimensions scientifiques et psychosociales impliquées dans la prise de décision liée
à la prescription de médicaments. Plus spécifiquement, ces travaux visaient à:
1. Repérer les déterminants psychosociaux qui contribuent à la prescription de médicaments par les médecins.
2. Mettre en évidence les liens qui s’établissent entre leurs profils de pratiques de
prescription et leurs profils de représentations sociales.
3. Cerner les effets potentiels de la mise en œuvre de stratégies d’interventions en
comparant le profil de représentations de groupes de grands prescripteurs soumis ou
non à ce type d’interventions.
Pour réaliser ces objectifs, un devis de recherche séquentiel mixte a été adopté
(Tashakkori et Teddlie, 1998; Anderson, 1998), soit un devis qui comporte deux étapes
successives de cueillette de données. La première étape vise à obtenir, à l’aide d’entrevues semi-dirigées, des données qualitatives qui servent à explorer le panorama complet
du champ représentationnel et à sélectionner des cibles plus précises qui seront soumises
à un examen plus détaillé qui fera l’objet d’une deuxième étape. De nature plus
quantitative, cette seconde étape se réalise à l’aide d’un questionnaire. Ce devis a été
soumis à nos partenaires du Collège des Médecins du Québec, afin de s’assurer que le
type de médicament choisi et la procédure d’échantillonnage envisagée s’avéraient les
plus efficients et les plus aptes à réaliser les objectifs de l’étude. La catégorie des
benzodiazépines a dont été choisie car elle représente d’une part, le prototype du
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CATHERINE GARNIER, LYNN MARINACCI, MARTINE QUESNEL
médicament qui fait l’objet du plus grand nombre de prescriptions et d’autre part, parce
qu’à titre de solution pharmaceutique, elle reflète davantage le modèle biochimique de
la santé. Il faut aussi ajouter que la Régie de l’Assurance Maladie du Québec (RAMQ)
produit des relevés statistiques spécifiques à ce type de médicament car ils sont plus
fréquemment prescrits aux personnes âgées. Ces relevés statistiques ont rendu possible
la catégorisation de la population des médecins à partir des critères suivants:
Critère obligatoire: médecin ayant atteint l’un ou l’autre des critères suivants avec
plus de 12 patients âgés de plus de 65 ans au cours de l’année.
Critères de sélection des médecins:
1. Prescription de deux benzodiazépines différentes à un même patient.
2. Prescription d’une benzodiazépine d’une durée de plus de 11 mois au même patient.
3. Prescription d’une benzodiazépine à une dose supérieure à celle recommandée pour
les personnes âgées.
Un total de vingt entrevues ont été effectuées à la première étape des travaux. La
sélection des médecins qui ont participé aux entrevues a été réalisée de concert avec le
Collège des Médecins du Québec à partir des données relatives à leurs interventions de
formation auprès de membres identifiés comme étant des grands prescripteurs de
benzodiazépines. Cette sélection a été effectuée de façon à inclure un premier groupe de
médecins omnipraticiens surprescripteurs et un deuxième groupe de médecins omnipraticiens non surprescripteurs mais ayant des caractéristiques similaires aux groupes de
surprescripteurs en termes du type de pratique, du nombre d’années d’expérience et du
genre (hommes/femmes). Ces entrevues visaient à décrire des profils de représentations
en relation avec les profils de pratiques et à comparer les profils des deux populations
de médecins en fonction des profils de prescription et d’intervention du Collège. Les
thèmes, abordées lors des entrevues couvraient les dimensions suivantes: les limites et
le rôle du médecin, la pratique communicationnelle, les contraintes temporelles, la
relation médecin/patient, la pratique diagnostique, la pratique de prescription, le traitement,
la médication et l’observance. Le canevas d’entrevue a été validé par un groupe de deux
médecins expert du Collège des Médecins du Québec et trois médecins omnipraticiens.
Les données recueillies dans les corpus d’entrevues ont fait l’objet d’analyses de
contenus à l’aide de deux logiciels, ATLAS-TI et NUDIST, qui ont permis de réaliser
des classements et des analyses de fréquences des unités de sens (ATLAS-TI) et de
construire des systèmes de catégories hiérarchisées (NUDIST). Plusieurs explorations
successives ont permis de valider les constructions hiérarchiques, les associations, les
concepts fondamentaux, les particularismes des discours et les ancrages cognitifs.
Les données d’entrevues ont aussi présidé à la construction de l’instrument de
mesure de la seconde étape, soit un questionnaire qui comportait des questions à choix
multiples, des questions ouvertes, des mises en situation critiques, des cas simulés
(Morin et al., 1996), des épreuves d’association de mots. Parmi les principales thématiques abordées, on retrouve la relation médecin-patient, la professionnalisation, les
pratiques diagnostiques et de traitement, la médication, les benzodiazépines et les
antidépresseurs. Le processus de validation du questionnaire a nécessité la production de
12 versions successives dont les trois dernières ont été validées par un comité d’experts
du Collège des Médecins du Québec. Ce questionnaire a été posé à 697 médecins
REPRÉSENTATIONS SOCIALES, PRATIQUES DIAGNOSTIQUES ET DE PRESCRIPTION...
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omnipraticiens qui ont été sélectionnés à partir de la base de données fournie par la
Régie de l’Assurance Maladie du Québec (RAMQ) en fonction des critères du type de
pratique et du profil de prescription de benzodiazépines décrits antérieurement de façon
à former deux groupes de médecins, un groupe de médecins surprescripteurs de
benzodiazépines et un groupe non surprescripteurs. Avec un taux de réponse de 46%,
c’est donc 320 médecins omnipraticiens qui ont répondu au questionnaire.
Les données issues du questionnaire ont fait l’objet d’analyses factorielles des
correspondances multiples à l’aide du logiciel SPAD. Il s’agit d’une technique de
traitement de matrices de données sous forme de tableaux de contingences fondée sur
l’hypothèse d’indépendance entre les données matricielles. La «métrie» du chi-carré est
utilisée pour le calcul de l’écart à l’indépendance des données de la matrice, c’est-à-dire
des lignes et des colonnes. Cette analyse fournit la contribution relative de chacun des
facteurs à chaque modalité (catégories de réponses à chacune des questions) ainsi que la
contribution absolue, soit la «contribution de chaque modalité au taux de variance
expliquée par (chacun) des facteurs» (Doise et Clemence, 1992, pp. 71-72). En y
appliquant le cadre théorique des représentations sociales, ces analyses permettent de
«différencier des groupes d’individus sur le fond des représentations partagées» (Doise
et Clemence, 1992, p. 185).
Les associations de mots ont fait l’objet d’une analyse multidimensionnelle à l’aide
du logiciel SPSS. Il s’agit d’une technique statistique qui vise à «mettre en évidence une
structure de contenus partagés sur fond de différences ou point de vue individuels» par
la «description des variations entre matrices de distances différentes» (Doise et Clemence,
1992, pp. 143-144). Les principaux résultats relatifs aux pratiques de prescription et aux
pratiques diagnostiques sont présentés aux prochaines sections.
4. Les résultats des analyses de contenus
des entrevues des médecins à propos des pratiques
diagnostiques et de prescription
Les résultats des entrevues réalisées avec les médecins sur les pratiques diagnostiques
permettent de constater qu’elles représentent un des éléments centraux du discours des
médecins avec une insistance particulière sur le «questionnaire médical». Celui-ci
constitue en quelque sorte un outil standardisé utilisé par les médecins pour questionner
le patient afin d’investiguer diverses «pistes diagnostiques». Les symptômes déclarés par
les patients constituent le matériau de base à partir duquel s’élaborera la stratégie
diagnostique. Par ailleurs, le rôle de l’intuition dans la pratique diagnostique est décrit
par certains comme le versant non codifié et il est mentionné plus ou moins explicitement
par les médecins interrogés. À l’opposé, l’examen physique occupe une place réduite
pour ne pas dire négligeable dans le discours sur les pratiques diagnostiques, car les
rares fois où il en est question, il n’est mentionné qu’accessoirement. Il en va de même
des examens complémentaires.
En ce qui concerne la prescription, l’analyse permet de relever une problématique
complexe marquée par les contextes de pratique telles les demandes du patient, les types
de clientèle, la nature de la pathologie, l’urgence d’une intervention, etc. En effet, la
demande de médication s’avère très fréquente et origine surtout des problèmes liés à
14
CATHERINE GARNIER, LYNN MARINACCI, MARTINE QUESNEL
l’insomnie et à des maladies physiques. La demande de médication est cependant peu
fréquente dans les cas de dépression ou d’anxiété. Les médecins apparaissent soumis à
des fortes pressions exercées par le patient pour prescrire. La décision de prescrire des
médecins est fonction de plusieurs facteurs: le type de clientèle (avec ou sans rendez-vous,
patient connu ou non), la surcharge de travail (nombreux sans rendez-vous qui réduit le
temps à consacrer à l’entretien avec le patient), le nombre et l’intensité des symptômes
associés à la maladie, l’historique du patient incluant l’évaluation des risques de
dépendance (alcoolisme, toxicomanie), l’âge du patient (pratiques différentes de prescription en pédopsychiatrie), l’urgence d’une situation (prescription à court terme dans les
états de crise), l’efficacité des arguments utilisés par le patient (arguments liés à la
violence conjugale, etc.) et les facteurs culturels.
La majorité des médecins interrogés jugent que la population leur attribue un rôle de
prescripteur. Quant à la perception du médicament par les patients, les médecins
considèrent que le médicament revêt pour les patients un caractère magique et miraculeux.
Il représenterait une «solution rapide qui n’exige pas d’efforts» ce qui concorderait avec
les valeurs les plus prisées. «C’est beaucoup plus facile de recevoir une pilule que de se
remettre en question puis de mettre en question ses comportements, ses attitudes, ses
points de vue» (Garnier et al., 2000, p. 106). L’ensemble des médecins interrogés prescrivent
des antidépresseurs pour le traitement de la dépression, des troubles de panique et
d’anxiété en tenant compte de la forme et de la gravité de ces différents états et ils
envisagent l’utilisation des traitements médicamenteux et non médicamenteux (thérapie)
dans les cas moins sévères. Les nouvelles classes d’antidépresseurs sont préférées à tout
autre type de médicament en raison de leur plus grande rapidité d’action, de la réduction
des effets secondaires et d’une plus grande tolérance des patients. Dans certaines formes
de dépression graves, d’autres types de médication tels les neuroleptiques peuvent être
aussi retenus. La question des anxiolytiques dans le traitement des formes d’anxiété et
de dépression est peu mentionnée dans les entrevues sauf pour son principal désavantage
(risques de dépendance et d’abus). Bien que les benzodiazépines demeurent peu prescrites
chez les médecins interrogés (problèmes de dépendance et d’interaction médicamenteuse
dans le cas de personnes âgées), ceux-ci les prescrivent à court terme dans les cas
sévères au début d’un traitement contre la dépression ou l’anxiété, en raison de leur
rapidité d’action ce qui fait défaut aux antidépresseurs.
5. Les résultats de l’analyse multidimensionnelle
sur la profession de médecin
L’analyse multidimensionnelle effectuée sur les mots associés (les induits) à la profession
de médecin (mot inducteur) révèle que dans la première dimension, pour les non
surprescripteurs, ce sont les concepts de relation thérapeutique et de patient qui apparaissent
les plus marqués (deux distances euclidiennes négatives les plus élevées – 2,8455 et –
0,1854) ainsi que les concepts de corps et de dépression (deux distances euclidiennes
positives les plus élevées: +1,2325 et +1,0561).
REPRÉSENTATIONS SOCIALES, PRATIQUES DIAGNOSTIQUES ET DE PRESCRIPTION...
15
Tableau 1. Non surprescripteurs. Mots associés à la profession de médecin
Mots soumis aux
médecins pour la
qualification de leur
profession
Maladie
Relation thérapeutique
Diagnostic
Souffrance
Patient
Anxiété
Corps
Douleur
Dépression
Traitement
Santé
Prescription
Dimension 1
Rang
–
0,7072
– 2,8455
– 0,6672
0,5587
– 0,1854
0,8444
1,2325
0,7556
1,0561
– 0,6910
– 1,4496
0,6841
Rang
+
5
1
5
7
2
3
1
4
2
4
3
6
Dimension 2
– 0,1806
1,7593
0,0325
0,3517
– 0,7123
0,5877
– 0,1419
– 0,1042
0,3273
0,0509
– 1,8392
– 0,1311
Rang
–
Rang
+
3
1
6
3
2
2
4
6
4
5
1
5
Schème 1. Analyse multidimensionnelle fondée sur la distance euclidienne
Pour les surprescripteurs, on retrouve également le concept de relation thérapeutique
en première position mais celui de santé en seconde place pour ce qui est des distances
négatives (–2,7065 et –1,5589) et les concepts de corps et de prescription pour ce qui est
des distances positives (1,3341 et 1,1404). Les deux groupes se distinguent donc dans la
16
CATHERINE GARNIER, LYNN MARINACCI, MARTINE QUESNEL
conception de la pratique professionnelle sur les notions de patient, de santé et de
prescription.
Tableau 2. Surprescripteurs. Mots associés à la profession de médecin
Mots soumis aux
médecins pour la
qualification de leur
profession
Maladie
Relation thérapeutique
Diagnostic
Souffrance
Patient
Anxiété
Dimension 1
Rang
–
0,5046
– 2,7065
Corps
Douleur
– 1,0443
9,782
– 0,0123
0,4688
1,3341
1,0007
Dépression
Traitement
1,1013
–1,2071
Santé
Prescription
–1,5589
1,1404
Rang
+
Dimension 2
Rang
–
6
– 1,0668
1,1246
0,3069
– 0,3689
0,0107
0,7630
0,6764
– 0,1646
0,2030
– 0,2029
– 1,0629
– 0,1286
1
1
4
5
5
7
2
4
3
3
2
1
Rang
+
1
4
3
6
2
3
5
5
4
2
6
Schéme 2. Analyse multidimensionnelle fondée sur le modèle de la distance
euclidienne calculée en fonction de la difference du poids des individus
REPRÉSENTATIONS SOCIALES, PRATIQUES DIAGNOSTIQUES ET DE PRESCRIPTION...
17
6. Les résultats des analyses factorielles
des correspondances multiples
Les résultats des analyses factorielles des correspondances multiples (AFCM) réalisées
sur les variables du questionnaire liées au diagnostic sont représentées au schéma 2 qui
permet de visualiser les modalités dont la contribution à l’inertie est supérieure à 6,25
(seuil de signification). Ces pratiques diagnostiques se caractérisent sur l’axe 1 par une
pratique qui oppose l’examen physique en deuxième choix pour appuyer un diagnostic
(portion négative de l’axe 1) à l’ensemble des autres choix (portion positive de l’axe 1).
Sur l’axe 2, l’opposition est plus marquée sur l’anamnèse (portion négative de l’axe 2)
et les examens complémentaires (portion positive de l’axe 2), deux modalités de l’examen
physique s’opposant sur cet axe. Pour ce qui est des deux modalités illustratives
surprescripteurs/non surprescripteurs, elles sont projetées à proximité du croisement des
axes factoriels et on ne peut relever de distinction significative entre les pratiques
diagnostiques des surprescripteurs et celles des non surprescripteurs.
Schéma 3. Analyse factorielle des correspondances multiples (AFC).
Pratiques diagnostiques
1. Anamnèse – 2e choix pour appuyer un diagnostic.
2. Anamnèse – 3e choix pour appuyer un diagnostic.
5. Modalités dont la contribution à l’inertie est supérieure à 6,25 (seuil de signification).
18
3.
4.
5.
6.
7.
CATHERINE GARNIER, LYNN MARINACCI, MARTINE QUESNEL
Examen physique – 1er choix pour appuyer un diagnostic.
Examen physique – 2e choix pour appuyer un diagnostic.
Examen physique – 3e choix pour appuyer un diagnostic.
Examens complémentaires – 1er choix pour appuyer un diagnostic.
Examens complémentaires – 2e choix pour appuyer un diagnostic.
L’analyse factorielle des correspondances multiples a été réalisée sur les modalités
du questionnaire relatives aux pratiques de prescription et en fonction de la variable
illustrative surprescripteurs/non surprescripteurs afin de réaliser un portrait d’ensemble
de la pratique prescriptive. Les résultats de cette analyse sont représentés au schéma 3
qui permet de visualiser les modalités actives qui se sont révélées significatives,
c’est-à-dire dont la contribution à l’inertie est supérieure à 1,89.
Schéma 4. Analyse factorielle des correspondances multiples (AFC).
Pratiques de prescription
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
Le
Le
Le
Le
Le
Le
Le
médicament
médicament
médicament
médicament
médicament
médicament
médicament
concrétise le contrat entre patient et médecin (accord).
concrétise le contrat entre patient et médecin (désaccord).
est porteur de compassion (accord).
est porteur de compassion (désaccord).
joue le rôle d’une potion magique (accord).
joue le rôle d’une potion magique (désaccord).
comme support psychologique (accord).
6. Modalités dont la contribution à l’inertie est supérieure à 1,89 (seuil de signification).
REPRÉSENTATIONS SOCIALES, PRATIQUES DIAGNOSTIQUES ET DE PRESCRIPTION...
19
8. Le médicament comme support psychologique (désaccord).
9. Le médicament, source d’espoir pour le patient (accord).
10. Le médicament, source d’espoir pour le patient (désaccord).
11. Le médicament permet d’apaiser la souffrance (désaccord).
12. Le médicament, source de dépendance psychologique (désaccord).
13. Le médicament, l’avenir de la pratique médicale (accord).
14. Le médicament, l’avenir de la pratique médicale (désaccord).
15. Médecins ayant de 35% à 65% de la clientèle traitée à l’aide d’un psychotrope.
16. Cas d’anxiété: traitement avec médication.
17. Cas d’anxiété: médication et psychothérapie.
18. Cas d’anxiété: psychothérapie.
19. Cas d’anxiété: autre traitement.
20. Cas d’anxiété – type de médicament prescrit: inhibiteurs à la sérotonine.
21. Cas d’anxiété – type de médicament prescrit: ne s’applique pas.
22. Prescription influencée par les informations précises des compagnies pharmaceutiques.
23. Prescription influencée par le manque de temps pour approfondir l’entrevue.
24. Tout diagnostic de maladie conduit à un médicament.
25. Importance dans le traitement de l’anxiété et de la dépression de l’alimentation des patients: aucune.
26. Importance dans le traitement de l’anxiété et de la dépression de l’alimentation des patients:
généralement peu.
27. Importance dans le traitement de l’anxiété et de la dépression de l’alimentation des patients:
recommandations sur l’alimentation autant que possible.
28. Importance dans le traitement de l’anxiété et de la dépression des suppléments vitaminiques: aucune.
Deux modalités peuvent être associées plus étroitement aux surprescripteurs: le peu
d’importance accordé à l’alimentation des patients dans le traitement des cas d’anxiété
et l’absence d’importance accordée aux suppléments vitaminiques. Toutefois, les résultats
sur l’ensemble des modalités actives liées aux pratiques de prescription ne permettent
pas d’opérer une distinction marquée entre les surprescripteurs et les non surprescripteurs
du point de vue de la prescription. Tout au plus, la conception centrée sur le médicament
comme moyen d’intervention (impliquant un aspect contractuel de compassion, un rôle
de potion magique, de support psychologique, d’espoir pour le patient et d’avenir pour
la pratique médicale) apparaît très modérément associée aux surprescripteurs.
7. Discussion: la diversité des pratiques liées
à la diversité des contextes
L’ensemble des résultats analysés dans les vingt entrevues de médecins et l’analyse des
320 questionnaires ont permis de conclure à une population relativement homogène sur
le plan représentationnel car on ne retrouve aucune distinction majeure en fonction du
groupe (surprescripteurs et non surprescripteurs) ou de d’autres variables telles que le
sexe, l’expérience ou la clientèle. En effet, concernant les pratiques déclarées, aucune
distinction n’est observée entre surprescripteurs et non surprescripteurs pour ce qui est
des pratiques diagnostiques et les deux groupes se distinguent très légèrement sur les
pratiques de prescription. Les résultats obtenus contredisent donc ceux des études qui
décrivent des stéréotypes de médecins tels les surprescripteurs qui privilégieraient le
médicament au détriment de toute autre intervention.
20
CATHERINE GARNIER, LYNN MARINACCI, MARTINE QUESNEL
Le plan factoriel des pratiques de prescription se structure en fonction du traitement
et de la vision du médicament, celui des pratiques diagnostiques en fonction de la
dimension temporelle et technique des examens. Lorsqu’on relie le champ représentationnel aux pratiques, on obtient d’après le modèle théorique des représentations
sociales, une structure représentationnelle plutôt homogène de l’ensemble des médecins,
structure marquée par les contingences du contexte de la pratique professionnelle laquelle
est conditionnée principalement par la souffrance. Les médecins performants en matière
de prescription générale deviennent probablement surprescripteurs non pas en raison de
représentations sociales ou de pratiques diagnostiques, prescriptives ou relationnelles
différentes de leurs collègues mais bien parce que les contingences de leur pratique
professionnelle semblent les exposer davantage à la souffrance humaine. Les contextes
particuliers de pratique (plus grand nombre de patients avec rendez-vous, durée moindre
de consultation, pratique en milieu rural, clientèle composée majoritairement de personnes âgées) sont des facteurs favorables à une augmentation de la prescription. Compte
tenu du nombre insuffisant de médecins et particulièrement dans le milieu rural, la
charge de travail augmente, le nombre de patients avec rendez-vous augmente, ce qui
crée une pression supplémentaire sur le médecin qui l’oblige à réduire le temps de
consultation et empêche d’approfondir l’entrevue. Si on ajoute à cela une clientèle
composée majoritairement de personnes âgées dont les dossiers plus volumineux sont
plus longs à parcourir, une compréhension plus limitée des savoirs médicaux et une
culture du médicament qui nécessitent une pratique éducative plus importante que les
autres types de clientèle, on obtient une conjugaison de facteurs qui exercent une
pression considérable sur le médecin. En conclusion, l’ensemble des médecins interrogés
apparaissent plutôt comme un fort groupe cohésif dont la diversité des pratiques
s’expliquerait davantage par les contextes de pratique.
Abstract: Multiple and complex factors involved in prescription problematic demand a global reflection
that integrate psychosocial dimensions. The choice of theoretical framework, social representation
theory, allows for the understanding of prescription practice and how it is integrated into multiples
influences at the centre of the same interactions that it provokes. The analysis of 20 interviews with doctors
and the factorial analysis of 320 questionnaires completed by physicians allowed the identification
of a quasi homogeneous representational structure for the totality of physicians, and the structure
revealed context specificities pertaining to medical practice, particularly in regards to suffering.
Rezumat: Multiplicitatea ºi complexitatea factorilor implicaþi în problematica prescripþiei medicale
necesitã o reflecþie globalã care integreazã dimensiuni psihosociale. Demersul ales pentru aceastã
cercetare (subvenþionatã de CQRS ºi CRSH), care se sprijinã pe cadrele teoretice furnizate de
teoria reprezentãrilor sociale, permite înþelegerea modului în care practicile de prescripþie medicalã
se integreazã într-un ansamblu de influenþe diverse, chiar în centrul interacþiunilor suscitate de
aceastã activitate. Analiza a 20 de interviuri ºi analiza factorialã de corespondenþã multiplã a 320
de chestionare ale unei populaþii de medici au permis descrierea unei structuri reprezentaþionale
relativ omogene pe ansamblul corpului medical, structurã marcatã de influenþa contextului
practicilor profesionale, iar printre altele ºi de suferinþa pacienþilor.
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Roberto Fasanelli1, Ida Galli2
Relaþiile dintre acþiunile de asistenþã ºi reprezentãrile
sociale: o contribuþie empiricã
Rezumat: Studiul relaþiilor dintre practicile sociale ºi reprezentãrile aferente, puþin abordate pânã
acum, constituie astãzi una dintre problemele centrale ale evoluþiei teoriei reprezentãrilor sociale.
Scopul cercetãrii noastre este de a identifica mecanismele prin care o reprezentare socialã este
„activat㔠în cadrul unui context dat, în cazul nostru de „luare în grij㔠ºi de terapie a pacienþilor.
În concordanþã cu premisele epistemologice ale teoriei de referinþã, eºantionul este compus din
subiecþi pentru care boala Alzheimer reprezintã un obiect al interacþiunilor simbolice cotidiene,
realizate prin intermediul limbajului. Ca structurã, eºantionul a fost divizat în urmãtoarele
subeºantioane: (1) îngrijitori formali (medici sau personal paramedical) ºi (2) îngrijitori informali
(rude ale bolnavilor). Pentru a studia reprezentãrile sociale ale bolii Alzheimer pe subeºantioane,
am abordat pentru început câmpul lexical. Componenta „informaþie” a fost studiatã supunând
datele culese prin asociaþia liberã la o analizã frecvenþialã de tip lexical. În abordarea celei de-a
doua componente, „câmpul reprezentãrii”, am recurs la o analizã statisticã descriptivã. De
asemenea, în scopul identificãrii nucleului central al reprezentãrii, ca ºi a sistemului sãu periferic,
am analizat termenii liber asociaþi prin intermediul tehnicii „evocãrilor ierarhizate”, propusã de
Vergès. Aceiaºi subiecþi au participat apoi la o serie de interviuri semidirective utile în cunoaºterea
mai detaliatã a reprezentãrii sociale în discuþie. Datele au fost prelucrate printr-o analizã de
conþinut categorial-frecvenþialã. Rezultatele furnizeazã, printre altele, o serie de elemente de
reflecþie foarte interesante asupra reprezentãrilor sociale ale sãnãtãþii ºi ale bolii, elaborate de
cãtre un public direct sau indirect implicat în interacþiuni cu persoane în stãri alterate sau patologice.
Introducere ºi scopul cercetãrii
Obiectul cercetãrii prezente constã în studierea relaþiilor existente între acþiunile de
asistenþã ºi reprezentãrile sociale ale bolii Alzheimer, realizate de douã tipuri de
caregivers (îngrijitori, asistenþi): cei formali ºi cei informali.
Interesul pentru o astfel de cercetare are la bazã faptul cã boala Alzheimer aparþine
unui tip de patologie cãreia cunoºtinþele medicale actuale n-au reuºit încã sã-i gãseascã
un remediu. Pe lângã faptul cã este incurabilã, ea presupune ºi o deteriorare fizicã ºi
1. Universitatea din Calabria.
2. Universitatea de Studii „Federico II” din Napoli.
PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale
RELAÞIILE DINTRE ACÞIUNILE DE ASISTENÞÃ ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE...
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psihicã progresivã ce duce bolnavul la o distrugere totalã în urma pierderii graduale a
autonomiei ºi a identitãþii. În mod inevitabil, toate acestea se repercuteazã asupra
familiei, care trebuie sã-ºi asume, aproape în exclusivitate, o sarcinã asistenþialã, ce
devine tot mai dificilã, atât pe plan fizic, cât ºi psihologic, pe mãsurã ce boala avanseazã.
Membrii familiei trebuie deci, pe lângã faptul de a asista neputincioºi la deteriorarea
produsã de boalã, sã facã faþã ºi unei situaþii deosebit de dificile ºi stresante.
Importanþa pe care o dobândeºte asistentul informal este determinatã în acelaºi timp
de rolul sãu fundamental în asistenþa pacientului, cât ºi de rolul pe care îl joacã în relaþia
cu personalul medical (asistenþii formali).
Într-adevãr, în timpul perioadei de tratament al maladiei Alzheimer – sau mai bine
zis de înfruntare ºi reducere a suferinþei produse de boal㠖 este profund alterat
tradiþionalul raport medic-pacient, bazat dintotdeauna pe o importantã relaþie de comunicare bipolarã. Pe de o parte se aflã pacientul, care se adreseazã medicului pentru a
comunica o suferinþã, o neplãcere, ºi de cealaltã parte medicul, care îºi bazeazã diagnosticul, înainte chiar de a primi rezultatele analizelor mai mult sau mai puþin complexe,
pe capacitatea sa de a înþelege ºi interpreta mesajele verbale ºi nonverbale ale pacientului.
Incapacitatea progresivã a bolnavului de Alzheimer de a-ºi descrie propriile simptome, ca ºi imposibilitatea sa de a se îngriji în mod autonom fac din asistentul informal
interlocutorul central în raportul cu medicul ºi cu serviciile medicale. Înainte de toate,
persoanele care se aflã în jurul pacientului sunt cele care îºi dau seama c㠄ceva nu mai
merge”, cã pacientul „nu mai este el însuºi” ºi se adreseazã medicului.
În afarã de asta, asistenþii informali reprezintã niºte importanþi parteneri critici în
efortul de a furniza o asistenþã de calitate bolnavului de Alzheimer. Pentru persoanele
afectate de aceastã maladie este foarte important sã se bucure de o asistenþã caracterizatã
de afecþiune ºi înþelegere, fãrã a mai þine cont de nepreþuita posibilitate de a putea
rãmâne în propriul mediu familial. Faptul de a rãmâne în casa lui îi asigurã pacientului
o mai bunã calitate a vieþii ºi poate contribui la încetinirea apariþiei ºi a avansãrii
deficienþelor funcþionale. De altfel, legãturile ce unesc o persoanã de propriul sãu mediu
de viaþã sunt extrem de subtile (Roussiau, Bonardi, 2001).
Aºadar, raportul dintre asistenþii formali ºi cei informali este de o importanþã
deosebitã, nu numai pentru cã sprijinul informativ, instrumental ºi afectiv din partea
profesioniºtilor poate uºura munca de asistenþã, apãrând bunãstarea bolnavului, dar ºi
pentru cã doar prin intermediul colaborãrii lor se poate garanta sprijinul pentru activitãþile
terapeutico-recuperatoare acordate pacientului. Astfel, asistentul informal are ºi un
important rol de mediator între medic ºi pacient, ocupându-se personal de punerea în
practicã a indicaþiilor terapeutice.
Aºa cum aratã numeroase studii din domeniul psihologiei sãnãtãþii, centrate asupra
raportului medic-pacient, perspectivele celor douã pãrþi ce interacþioneazã sunt adesea
divergente ºi se focalizeazã asupra unor tipuri de probleme diferite. Practica sanitarã
cotidianã poate fi consideratã ca locul de întâlnire/ciocnire între douã domenii de
cunoºtinþe: cel al medicului, legitimat în a se pronunþa asupra diagnosticului, asupra
prognosticului ºi a tratamentului, ºi cel al bolnavului ºi al familiei sale, care trãiesc
experienþa suferinþei cu „bagajul ei iraþional de angoase ºi speranþe ce pot sã nu urmeze
ritmul ºi prescrierile medicinei”.
În lucrarea de faþã am încercat sã focalizãm atenþia ºi pe întâlnirea ºi relaþia dintre
diferitele tipuri de asistenþi, nu numai pe producþiile simbolice la care aceºti subiecþi
recurg în activitatea lor, în cazul bolii Alzheimer.
26
ROBERTO FASANELLI, IDA GALLI
Ancheta a fost proiectatã ºi condusã în scopul identificãrii modurilor diferite de a
înþelege boala de cãtre medici ºi de membrii familiei. Aceastã diferenþã a fost presupusã
luând în consideraþie cele douã sisteme de cunoºtinþe despre bolnav cãrora le aparþin
subiecþii implicaþi: cel „reificat”, al medicilor, ce conduce la punctul de vedere geriatric,
cu consolidata sa matrice medicalã, ºi cel „consensual”, al membrilor familiei, dictat de
necesitatea ºi experienþa zilnicã.
De asemenea, este oportun sã precizãm cã în relevarea datelor au fost implicaþi ºi
asistenþii informali ce se folosesc regulat de serviciile oferite de unicul Centru Diurn (de
zi) al oraºului Napoli. Spre deosebire de Unitatea de Evaluare Alzheimer, aceastã
structurã instituþionalã prevede, pe lângã o serie de activitãþi de recuperare ºi recreative
pentru pacienþi, ºi un sprijin durabil pentru membrii familiei care, între altele, sunt instruiþi
asupra maladiei ºi ajutaþi sã o înfrunte în mod cât mai eficient. Am ales sã investigãm ºi
reprezentarea pe care aceºti subiecþi o au despre boalã, plecând de la ideea cã membrii
familiei ce se folosesc de serviciile Centrului Diurn au un nivel superior de conºtientizare
ºi o mai bunã cunoaºtere a problematicii cu privire la boalã decât cei ce se adreseazã
Unitãþii de Evaluare Alzheimer ºi cã acest lucru influenþeazã construcþia socialã a raportului
lor cu partenerul de viaþã, cu deficienþele acestuia ºi cu boala însãºi, ºi diferenþiazã
acþiunile lor de ajutor.
Strategii ºi tehnici de relevare ºi analizã a datelor
Eºantionul ºi contextul producerii datelor
O datã stabilitã natura ºi specificitatea obiectului analizei, s-a hotãrât sã se foloseascã un
eºantion nonprobabilistic de 40 de subiecþi, compus atât din personalul medical ce
funcþioneazã pe lângã diversele Unitãþi de Evaluare Alzheimer din oraº, cât ºi din cei ce
se ocupã zilnic de asistenþa bolnavilor de Alzheimer, membrii familiei.
Mai precis, subiecþii intervievaþi au fost împãrþiþi în urmãtoarele subeºantioane:
a) Subeºantionul personalului medical/caregivers formali (asistenþi formali) constituit
din 14 specialiºti în geriatrie recrutaþi de la patru Unitãþi de Evaluare Alzheimer diferite
din ASL (asistenþa socialã localã) NA (Napoli) 1 (circumscripþiile 45, 47, 51 ºi 53).
b) Subeºantionul membrilor familiilor bolnavilor de Alzheimer, constituit în total din
26 de subiecþi subîmpãrþiþi în diferite categorii:
• un prim grup compus din 18 asistenþi care se folosesc de serviciile uneia din cele
patru Unitãþi de Evaluare Alzheimer la care au fost realizate interviurile personalului medical;
• un al doilea grup format din 8 asistenþi (totalul celor prezenþi în momentul
anchetei), ce se folosesc periodic de serviciile Centrului Diurn.
Criteriul de selecþie a asistenþilor prevedea sã fie incluse în acelaºi subeºantion
situaþiile comparabile în ceea ce priveºte caracteristicile pacientului care trebuia sã
prezinte o evoluþie a bolii situabilã în aceeaºi fazã intermediarã. Ipoteza ce a inspirat
aceastã alegere se bazeazã pe faptul cã toþi asistenþii selecþionaþi trebuiau sã se confrunte
cu o sarcinã asistenþialã asemãnãtoare.
Întâlnirea cu medicii ºi cu asistenþii informali a avut loc la cele patru Unitãþi de
Evaluare Alzheimer (UEA) ºi la sediul Centrului de Zi (CZ).
RELAÞIILE DINTRE ACÞIUNILE DE ASISTENÞÃ ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE...
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Metoda
Pentru a studia reprezentãrile sociale ale bolii Alzheimer elaborate de cele trei subeºantioane implicate în cercetare (asistenþi formali, asistenþi informali UEA ºi asistenþi
informali CZ) am ales sã plecãm de la universurile lor semantice. Prima componentã
studiatã, informaþia, a fost reconstruitã supunând analizei lexicale, de tip frecvenþial,
materialele adunate printr-o probã de asociaþii libere.
Datele adunate prin utilizarea acestei tehnici au fost utilizate succesiv ca un mijloc de
acces la a doua componentã investigatã, cea pe care Moscovici (1961) o numeºte
„unitate ierarhicã de elemente”, cu alte cuvinte câmpul domeniului reprezentãrii,
identificat printr-o analizã statisticã monovariatã.
În scopul identificãrii nucleului central ºi a elementelor periferice ale reprezentãrii
sociale, termenii liber asociaþi de cãtre subiecþii intervievaþi au fost analizaþi în maniera
lui Vergès (1992), încruciºând între ele douã criterii posibile de realizare a prototipurilor: cel al frecvenþei de apariþie ºi cel al rangului de apariþie, prin utilizarea
software-ului Evoc 2000. Dupã Vergès, doar o strânsã corelaþie între frecvenþã ºi rangul
mediu de apariþie poate furniza indicaþiile necesare pentru a stabili cât de central ºi
relevant este într-adevãr un element în structura internã a unei reprezentãri sociale.
În fine, aceiaºi subiecþi care au luat parte la proba asocierilor libere au fost supuºi
unui interviu semidirectiv, instrumentul cel mai potrivit dupã Breakwell ºi Canter (1993)
pentru a cunoaºte „sentimentele”, „modelele de explicare”, „teoriile naïve (naive)” ale
asistenþilor ºi, în acelaºi timp, opiniile ºi aºteptãrile lor în privinþa evoluþiei bolii ºi a
practicilor de tratament. Altfel spus, cu ajutorul acestui instrument a fost posibil sã
accedem la conþinutul reprezentãrii studiate. Datele obþinute în aceastã fazã a cercetãrii
au fost supuse analizei, fie prin „cumul” – adicã prin clasificarea analogicã ºi progresivã
a elementelor, fie prin „unitãþi tematice” – adicã reperându-le pe cele pe care Bardin
(1977) le defineºte ca „nuclee de sens”, prin descompunerea ansamblului convorbirilor,
pe baza unei grile de categorii proiectate plecând de la conþinuturile considerate semnificative pentru studiu.
Trebuie sã adãugãm la cele spuse pânã acum cã, în cadrul diferitelor reprezentãri ale
bolii furnizate de membrii familiei ºi de personalul medical, a fost dedicatã o atenþie
deosebitã importanþei atribuite de cãtre douã subeºantioane diferitelor tulburãri din
demenþa Alzheimer (cognitive, comportamentale, funcþionale). Într-adevãr, numeroase
studii au demonstrat cã alterãrile comportamentale reprezintã principala sursã de inconfort
pentru asistenþii informali, constituind elementul emoþional cel mai greu de gestionat
(Maslow, 1994; Trabucchi, 2000). Degradarea cognitivã ºi pierderea autonomiei
funcþionale, care determinã în aceeaºi mãsurã cantitatea de muncã asistenþialã, par sã
greveze într-o mãsurã mai puternicã asupra inconfortului asistenþilor.
În analiza propusã în continuare, s-a încercat sã se verifice ºi „ponderea” diferitã pe
care medicii ºi membrii familiei o atribuie tulburãrilor ce caracterizeazã în mod major
maladia în discuþie.
Într-adevãr, inspirându-ne ºi din întinsa literaturã de specialitate privitoare la temã,
am presupus cã tulburãrile comportamentale ar trebui sã fie cele mai discriminatorii
pentru membrii familiei, în timp ce tulburãrile cognitive ar trebui sã þinã de stricta
competenþã a medicilor specialiºti (Grossi ºi Trojano, 1997; Cassano ºi Pancheri,
1999; Bayley, 2000).
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ROBERTO FASANELLI, IDA GALLI
Conþinutul explicit ºi organizarea sa
În cea mai recentã carte a sa, dedicatã în întregime metodologiilor de studiu ale
reprezentãrilor sociale, Jean-Claude Abric propune una dintre definiþiile cele mai
sintetice ale acestei complexe construcþii teoretice. El susþine cã reprezentãrile sociale
(RS) trebuie sã fie considerate „(…) ansambluri organizate de informaþii, opinii, atitudini
ºi credinþe în legãturã cu un obiect dat. Produse sociale, ele sunt influenþate puternic de
valorile corespunzãtoare sistemului socioideologic ºi istoriei grupului care le-a vehiculat,
pentru care constituie un element esenþial al viziunii asupra lumii” (Abric, 2003, p. 50).
ªi mai interesantã decât definiþia este implicaþia metodologicã pe care autorul o deduce
din ea: „Fiind ansambluri organizate, toate reprezentãrile au deci douã componente:
un conþinut ºi o structur㔠(Abric, 2003, p. 50).
A studia o reprezentare socialã, în aceastã opticã, înseamnã înainte de toate a depista
elementele constitutive ale acestei structuri; „cunoaºterea conþinutului nu este suficientã,
organizarea acestui conþinut este cea care dã sens” (Abric, 2003, p. 60) întregii reprezentãri: douã conþinuturi identice pot corespunde unor universuri simbolice total diferite
ºi, în consecinþã, sã cuprindã douã reprezentãri sociale distincte (Galli, Fasanelli;
2001).
Argumentul de fond este cã nu toate elementele unei reprezentãri sociale au aceeaºi
importanþã. Unele sunt esenþiale, altele mai puþin, altele sunt chiar irelevante. Ceea ce
este important, dacã vrem sã cunoaºtem, sã înþelegem ºi sã modificãm o reprezentare,
este sã-i identificãm modul de organizare, adicã ierarhia elementelor constitutive ºi
relaþiile dintre ele (Abric, 1976).
În cadrul abordãrii structurale, din care se inspirã direct aceastã secþiune a investigaþiei empirice, au fost puse la punct douã instrumente gândite intenþionat pentru a
analiza conþinutul unei RS, punându-i în evidenþã ierarhia internã. Aceste instrumente,
considerate în mod absolut cele mai „performante” faþã de obiectivul pe care ºi-l
propun, sunt tehnica evocãrii ierarhizate ºi chestionarul de caracterizare.
Componentele informaþie ºi câmp ale reprezentãrilor sociale, ca ºi nucleele centrale
cãrora le corespund elementele periferice au fost studiate recurgându-se la prima dintre
cele douã strategii menþionate mai sus.
Interviul
În scopul de a elimina dificultãþile interpretative legate de eventuala descoperire a unor
materiale asociative profund polisemice, proba asocierilor libere a fost integratã ºi
completatã de un interviu semistructurat.
Întrebãrile-stimul, pe baza cãrora a fost structurat interviul folosit în investigarea în
profunzime a reprezentãrilor sociale ale bolii Alzheimer care circulã în instituþiile
citadine rãspunzãtoare de asistenþa subiecþilor afectaþi de aceastã maladie, au fost în
numãr de zece pentru fiecare dintre subeºantioanele de asistenþi. Una dintre întrebãri
(toate fiind deschise) se diferenþiazã de celelalte, prevãzând administrarea unei checklist
(listã de control) a tulburãrilor, în cadrul cãreia se cerea sã se identifice simptomul
considerat cel mai reprezentativ pentru patologie.
Cum s-a mai spus deja, chestionarul utilizat pentru membrii familiei este în esenþã
identic cu cel de mai sus. Unica diferenþã constã în faptul cã unele întrebãri nu prezintã
RELAÞIILE DINTRE ACÞIUNILE DE ASISTENÞÃ ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE...
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o formulare identicã deoarece s-a considerat oportun sã fie adaptate la tipologia subiecþilor intervievaþi.
În întregime înregistrate pe bandã audio ºi transcrise, interviurile au fost supuse unei
analize a conþinutului de tip clasic (Krippendorff, 1983; Losito, 1993).
Analiza datelor
Informaþia
Dupã cum se ºtie (Erzlich, 1972), componenta informativã a unei reprezentãri sociale
trimite la suma cunoºtinþelor pe care subiecþii le posedã despre un anumit obiect social,
ca ºi la cantitatea ºi calitatea cunoºtinþelor respective.
În cazul nostru, informaþia este constituitã din ansamblul cuvintelor/expresiilor pe
care subiecþii celor douã subeºantioane le-au asociat cu inductorul. În acest sens, este
legitim sã afirmãm cã informaþia pe care o posedã subiecþii intervievaþi despre boala
Alzheimer coincide cu universul lor semantic ºi deci este necesar sã ºtim cum au fost
alcãtuite pentru a putea descrie aceastã componentã importantã a reprezentãrii în obiect.
Pânã ºi „simpla” operaþie de pregãtire a corpus-ului ce urmeazã a fi supus la
procedurile analitice alese furnizeazã indicaþii interesante – ºi în aceasta rezidã, poate,
unul dintre punctele de atracþie ale metodelor calitative – asupra diferenþelor privitoare
la natura ºi, mai ales, la articularea raþionamentului subiecþilor implicaþi în studiu,
referitor la obiectul de analizã.
Deºi sarcina de lucru ºi cerinþele au fost identice, cantitatea de termeni diferiþi (ºi/
sau scurte expresii), asociatã de cãtre cei intervievaþi din subeºantioane distincte, s-a
dovedit a fi profund diferitã.
Mai ales subeºantionul asistenþilor formali (care va fi numit de acum înainte A-F),
format din 14 medici specialiºti, a furnizat 49 de substantive diferite din 70 asociate,
adicã 70% ºi o medie de 3,5 termeni diferiþi pentru fiecare subiect. Subeºantionul
asistenþilor informali ce frecventau UEA (ce va fi numit C-I/UEA), format din 18 rude
aflate atunci în spital, a furnizat 78,8% producþii diverse, 71 cuvinte/judecãþi din 90
(3,94 de subiect). În sfârºit, subeºantionul (C-I/CZ) al asistenþilor informali ce frecventau
Centrul de Zi (n = 8) a furnizat 34 de teme (titluri, propoziþii) diferite din 40 (85%), în
medie 4,25 de subiect.
Din punct de vedere pur descriptiv ºi „proto-lexicografic”, este posibil sã afirmãm cã
ratele de interacþiune a universurilor semantice, în subeºantioanele considerate, sunt
semnificativ joase, urcând la 30% pentru subeºantionul C-F, la 21,2% la subeºantionul
C-I/UEA ºi la 15% la subeºantionul C-I/CZ. Aceastã informaþie necesitã o aprofundare
calitativã pentru a fi înþeleasã mai bine. Din acest motiv ºi în scopul de a face comparabile
universurile semantice ale diferitelor subeºantioane, materialele adunate prin proba
asocierilor libere au fost supuse unei analize categoriale de tip tematic care, aºa cum
aminteºte Bardin, poate fi definitã drept „o procedurã cognitivã ce ne permite sã operãm
clasificãri ale obiectelor plecând de la proprietãþi comune, a cãror finalitate constã în
construirea unor ansambluri distincte” (Bardin, 2003, p. 251). Plecând de la acest
criteriu de categorizare de tip semantic, au fost identificate unele arii tematice în care au
fost apoi reaºezaþi termenii asociaþi de cãtre subiecþii fiecãrui subeºantion.
30
ROBERTO FASANELLI, IDA GALLI
Ariile tematice identificate sunt urmãtoarele:
• aria sentimentelor ºi a emoþiilor, ce cuprinde toate acele substantive referitoare la
stãri sufleteºti evocate de maladia Alzheimer (tristeþe, singurãtate, fricã, neputinþã,
deprimare, stãpânire de sine, agitaþie, speranþã etc.);
• aria caracteristicilor maladiei, ce cuprinde simptomele specifice ale patologiei
desemnate în mod natural, ca ºi substantivele referitoare la caracteristicile mai
generale ale acestei forme de demenþã (uitare, tulburare de comportament, dezorientare, care provoacã invaliditate, devastator etc.);
• aria posibilitãþilor de sprijin ºi asistenþã (tratamente, asistenþi, Cronos, a îngriji etc.);
• aria termenilor ce exprimã diferitele forme de inconfort resimþit de asistenþi din cauza
bolii (problemã, situaþie neplãcutã, limitare gravã, probleme economice, imposibilitatea tratamentului etc.).
Confruntând nivelurile de saturaþie ale categoriilor descrise în diferitele subeºantioane, s-a relevat cã 70% dintre substantivele furnizate de asistenþii Centrului de Zi
intrã în aria de sentimente ºi emoþii, lucru dovedit de folosirea unor termeni ca:
neputinþã, singurãtate, disperare, obositor, tristeþe, angoasant, teama de viitor.
În ceea ce-i priveºte pe subiecþii aparþinând subeºantionului de asistenþi UEA, aceºtia
au furnizat ºi ei un procent ridicat de termeni referitori la emoþii (45%), asociind
inductorului „boala Alzheimer” expresiile rãbdare, descurajare, resentiment, stãpânire
de sine, agitaþie, speranþã, îngrijorare, mare suferinþã, teamã de viitor.
În fine, personalul medical a produs doar 35,7% dintre termenii privitori la aceastã
arie tematicã, folosind cuvinte ca: tristeþe, singurãtate, fricã, neputinþã, stres. În
ansamblu, expresiile care fac referire la o stare emoþionalã par sã fie cel mai frecvent
asociate de membrii familiilor, impactul emoþional al maladiei Alzheimer asupra sistemului relaþional al bolnavului fiind în mod indiscutabil ridicat.
În cadrul ariei caracteristicilor maladiei, regãsim o proporþie de 35,7% de termeni
furnizaþi de medici care asociazã cu boala fie expresii mai generice, precum invaliditate
ºi demenþã, fie expresii mai tehnice, cu privire la tulburãrile codificate ale maladiei, precum:
memorie, tulburare comportamentalã, dezorientare. Este interesant, ºi în unele privinþe
chiar surprinzãtor, cã personalul medical furnizeazã un numãr identic de substantive
(35,7% dintre asocieri) referitoare la sentimente ºi la caracteristicile bolii. Sensibilitatea
demonstratã chiar ºi faþã de aspectele cele mai emoþionale corelate cu boala, pe lângã
faptul cã ar putea fi consideratã un posibil teren de întâlnire între medici ºi membrii familiei,
confirmã puterea „coercitiv㔠(de constrângere) a practicilor sociale asupra reprezentãrilor.
Cantitatea de termeni produºi de asistenþii informali cu privire la caracteristicile bolii
este net inferioarã celei a termenilor referitori la aria sentimentelor: doar 15% dintre
asistenþii UEA ºi 10% dintre asistenþii Centrului de Zi asociazã inductorului termeni
privitori la caracteristicile simptomatice ale maladiei (a uita, dificultatea dialogului,
pierderea memoriei etc.)
Termenii care fac referire la posibilitãþile de sprijin ºi de asistenþã au fost produºi de
21,4% dintre medici (tratamente, asistenþi ºi Cronos), în timp ce membrii familiei din
ambele subeºantioane de asistenþi informali au furnizat doar 10% dintre referirile la
aceastã arie, servindu-se de termeni ca a îngriji ºi tratamente. Referirea la Proiectul
Cronos este fãcutã doar de personalul medical; aceastã referire nu reiese probabil din
producþiile membrilor familiilor, deoarece aceºtia îºi raporteazã reprezentãrile la un tip
RELAÞIILE DINTRE ACÞIUNILE DE ASISTENÞÃ ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE...
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de asistenþã de naturã mai individualã ºi mai puþin specializatã, datã fiind sarcina de
lucru la care sunt „constrânºi” sã se angajeze zilnic.
În sfârºit, aria de inconfort (de neplãceri) este caracterizatã de o diferenþã interesantã
între producþiile înregistrate în cele trei subeºantioane. Dintre cuvintele furnizate de
medici, cele care se referã la aceastã arie reprezintã procentajul cel mai mic, 7,1%, ºi
trimit la conceptul generic de problemã. Membrii familiilor de la UEA, în schimb,
enunþã 30% dintre termenii referitori la o situaþie de inconfort, verbalizând-o ca situaþie
neplãcutã, distrugerea familiei, limitare severã, mare suferinþã, cerere de ajutor.
Asistenþii Centrului Diurn (de Zi), în fine, se referã la o situaþie de inconfort prin
intermediul conceptului de bulversare a familiei, ce atinge 10% dintre preferinþele
exprimate de aceºti subiecþi. Procentul scãzut de termeni din aceastã arie în cazul
personalului medical este uºor explicabil prin faptul cã din experienþa sa lipsesc aspectele
legate de dificultãþile de îngrijire zilnic㠖 ºi adesea împovãrãtoare – a bolnavului.
Dintre membrii familiilor, asistenþii UEA asociazã cel mai des termenul de „boala lui
Alzheimer” unor cuvinte ce exprimã suferinþa. Inconfortul mai redus exprimat de
membrii familiilor Centrului Diurn este legatã probabil de faptul cã aceºtia frecventeazã
o instituþie ce le dã posibilitatea sã primeascã fie ajutor temporar în sarcina lor asistenþialã, fie un sprijin psihologic care le uºureazã suferinþa.
Componenta câmpul reprezentãrii
Termenii obþinuþi prin asocierea liberã au fost supuºi unei prime prelucrãri ºi reuniþi pe
baza criteriului de sinonimie, pânã la obþinerea unor grupuri de cuvinte care coincid în
mod substanþial datoritã sensului lor manifest. Din grupurile astfel obþinute, au fost
excluse, în scopul unor elaborãri succesive, cele cu frecvenþã micã (o singurã apariþie).
În sfârºit, pentru fiecare grup de termeni, a fost ales un „cuvânt-etichetã”, mai
apropiat de lexemã decât de categorie, capabil sã reprezinte întregul ansamblu de
sinonime/derivate unite. Astfel de „cuvinte-etichet㔠au fost identificate pe baza a douã
criterii de selecþie: o apropiere lexicalã ridicatã faþã de celelalte ºi o mai mare frecvenþã
întâmplãtoare în interiorul fiecãrui grup în parte. Conþinutul general al fiecãrui „purtãtor
de etichet㔠a fost identificat, deplasând axa criteriului de selecþie cãtre „apropierea”
semanticã.
În acest mod, aºa cum se vede ºi din tabelul urmãtor, au fost obþinute 11 agregate
(grupuri) pentru personalul medical, 14 pentru asistenþii ce frecventeazã UEA ºi 8
pentru asistenþii de pe lângã Centrul Diurn; aceste ansambluri permit identificarea
câmpurilor reprezentative ale fiecãrui subeºantion în parte.
Tabelul 1. Cadrul sinoptic al componentelor „câmpul de reprezentare”
Asistenþi formali
Tristeþe
78,6%
Stres
64,3%
Tulburare de
57,1%
comportament
Demenþã
57,1%
Asistenþi informali UEA
Rãbdare
94,4%
Descurajare
55,6%
Tãcere
38,9%
Asistenþi informali C.D.
Singurãtate
100%
Disperare
100%
Devastare
100%
Pierderea memoriei
Grijã pentru viitor
38,9%
62,5%
32
Asistenþi formali
Boalã în agravare
50,2%
Singurãtate
35,7%
Problemã
35,7%
Asistenþi
35,7%
Neputinþã
21,4%
Tratamente
21,4%
Cronos
21,4%
ROBERTO FASANELLI, IDA GALLI
Asistenþi informali UEA
Lipsã de liniºte
38,9%
Probleme economice 27,8%
Cronicitatea bolii
27,8%
Limitare severã
27,8%
Mânie
22,2%
Tragedie
16,7%
Teama de viitor
16,7%
Situaþie neplãcutã
16,7%
Cerere de ajutor
11,1%
Lamentaþii
11,1%
Asistenþi informali C.D.
Dificultate de expresie
37,5%
Tratamente
37,5%
Bulversarea familiei
25%
Ignoranþã
25%
Dupã cum se observã, datele prezentate în tabel confirmã ipoteza existenþei a trei
reprezentãri diferite ale bolii Alzheimer, corespunzãtoare celor trei subeºantioane
distincte supuse studiului. Nu este posibil, într-adevãr, sã fie depistate suprapuneri sau
intersecþii semnificative între câmpurile semantice identificate, din cauza nivelului scãzut
de elemente constitutive ale reprezentãrii prezente în mai multe grupuri.
Datele obþinute dupã împãrþirea în categorii semantice permit oricum o foarte
interesantã îmbogãþire a precedentei analize lexicale, furnizând un cadru mai clar al
interacþiunii (suprapunerii) intergrup a dimensiunilor cognitive ale reprezentãrii.
De exemplu, în ceea ce priveºte personalul medical, 5 elemente dintre cele 11 ce
constituie câmpul semantic (adicã 45%) adunã mai mult de 50% dintre preferinþele
exprimate de cei intervievaþi. Mai precis, cuvântul „tristeþe”, care include în sine
termenii depresie, depresia membrilor familiei ºi melancolie, este folosit cu o frecvenþã
de 78,6%; cuvântul „stres”, asociat cu agitaþie, angoasã etc., ajunge la procentajul
considerabil de 64,3; sintagma „tulburare comportamentalã”, ce cuprinde, printre
altele, termeni ca tulburare de personalitate, alterare funcþionalã etc., se prezintã, în
conformitate cu natura locutorilor, cu acelaºi procentaj (57,1%) ca ºi cuvântul „demenþã”,
care asimileazã în schimb termenii legaþi mai degrabã de ideea de declin cognitiv; în
sfârºit, expresia „boalã în agravare” (50,2%) cuprinde în sine o serie de evaluãri
exprimate de medici faþã de boalã, precum costisitoare, devastatoare, dezastru etc.
Trecând la câmpul reprezentãrilor asistenþilor UEA, apare evidentã enorma diferenþiere/dispersie a cunoºtinþelor membrilor acestui eºantion. Numãrului mai mare de
categorii depistate în materialele asociate liber îi corespunde un numãr mai mic de
dimensiuni împãrtãºite de mai mulþi subiecþi. Doar douã grupuri de termeni din 14
(14,3%) depãºesc pragul jumãtãþii de eºantion: cel etichetat ca „rãbdare”, ce cuprinde
expresii idiomatice precum a-ºi purta crucea sau termeni înrudiþi, ca toleranþã, a sprijini etc.
Ca într-o oglindã se prezintã situaþia în subeºantionul membrilor familiei ce frecventeazã Centrul de Zi, care, în acest caz, este extrem de semnificativã din punctul de vedere
al concentraþiei elementelor ce constituie câmpul reprezentativ. Celui mai mic numãr de
categorii depistate în materialele liber asociate îi corespunde un numãr mai mare de
dimensiuni împãrtãºite de mai mulþi subiecþi ºi, înainte de toate, cu procentajele cele mai
înalte din întregul eºantion. Într-adevãr, grupurile de termeni ce depãºesc pragul jumãtãþii
de eºantion urcã de la 4 la 8 (50%). Cu deosebire, termenii ca „singurãtate”, „disperare”
ºi „devastare”, ce se prezintã cu 100% din coeventualitãþi, indicã faptul cã toþi subiecþii
RELAÞIILE DINTRE ACÞIUNILE DE ASISTENÞÃ ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE...
33
aparþinând acestui subeºantion au furnizat întotdeauna mãcar unul dintre termenii ce
conduc la ei. Mai puþin frecventã (62,5%), dar tot atât de semnificativã, este ºi trimiterea
asistenþilor Centrului de Zi la teama de a nu se descurca ºi la teme precum înfrângerea
ºi inevitabilitatea, ce au fost rezumaþi prin expresia „preocupare (teama) de viitor.”
Structurile reprezentãrilor
În scopul identificãrii elementelor structurante ale nucleului central ºi pe cele de la
periferia reprezentãrii sociale a morbului lui Alzheimer, la fiecare dintre cele trei
subeºantioane, am ales, cum s-a specificat mai înainte, sã analizãm produsul asociaþiilor
libere dupã modelul lui Vergès (supra), încruciºând douã criterii posibile de prototipicalitate: cel al frecvenþei de apariþie ºi cel al rangului de importanþã.
Aºa cum aratã tabelul 2, în partea din stânga sus, caracterizat de o mare frecvenþã de
apariþie, se situeazã conceptul care pentru subiecþii aparþinând subeºantionului Asistenþi
formali (A-F) identificã nucleul central al reprezentãrii, adic㠄singurãtatea”. În partea
din dreapta sus, caracterizatã de o puternicã frecvenþã, dar ºi de o mai micã prezenþã a
termenilor de importanþã semnificativã, apar termeni ca: „asistenþi”, „depresie” ºi
„tristeþe”. Acest conglomerat, ce constituie de fapt periferia cea mai apropiatã de
nucleul central, ne face sã presupunem o viziune profund negativã a fenomenului în
cauzã. La fel de interesantã se prezintã configuraþia elementelor din interiorul celei de-a
treia cãsuþe a tabelului care, în loc sã fie în contrast cu informaþiile furnizate de prima
periferie, pare – aºa cum se întâmplã foarte des – sã le completeze pe acestea. Într-adevãr,
datoritã Proiectului Cronos, aceºti subiecþi relaþioneazã cu asistenþii informali, ºi de aici
probabil „neputinþa” pe care o resimt în faþa unei boli „ce provoacã invaliditate”,
„tristeþe” ºi „depresie” chiar ºi celor ce sunt chemaþi sã o trateze. Mai ales atunci când
tratamentul care sã o vindece nu existã încã.
În mod sigur paradoxalã apare aºezarea în cea de-a patra cãsuþ㠖 cea în care se
situeazã, cum se ºtie, a doua periferie a nucleului reprezentaþional – a unor termeni
caracteristici pentru natura „reificat㔠a cunoºtinþelor acestor subiecþi în privinþa bolii
Alzheimer. „Declinul cognitiv”, „demenþa”, „dezorientarea” ºi „tulburarea comportamentalã”, într-adevãr, ajung toate în zona de jos dreapta, caracterizatã de o frecvenþã
mai micã ºi de o poziþie mai joasã în ordinea apariþiei.
Tabelul 2. Structura internã a RS ale asistenþilor formali
Rangul de importanþã
> 2,5
Asistenþi
Depresie
Tristeþe
Cronos
Declin cognitiv
Declinul memoriei
Demenþã
Neputinþã
Dezorientare
Invaliditate
Tulburare de
comportament
Teamã
³3
<3
Frecvenþã de apariþie
£ 2,5
Singurãtate
34
ROBERTO FASANELLI, IDA GALLI
În ceea ce priveºte subeºantionul membrilor familiilor ce frecventeazã Unitãþile de
Evaluare Alzheimer orãºeneºti, tabelul 3 aratã cã nucleul reprezentãrii lor se învârte în
jurul conceptului de „pierdere de memorie”. O idee de naturã cu siguranþ㠄instituþional㔠ca ºi parcursul tratamentului pe care aceste persoane l-au ales pentru cei dragi.
Mai puþin complexã, faþã de cea a eºantionului precedent, apare periferia mai apropiatã
de nucleu, formatã doar din elemente corelate cu situaþia de disconfort (suferinþã,
dificultate) pe care aceºti asistenþi o trãiesc zilnic: „situaþia neplãcut㔠ºi „rãbdarea”
sunt într-adevãr singurele date ce se regãsesc în acest sector. ªi în acest caz, prima
periferie a nucleului reprezentãrii este marcatã de sentimente negative. La fel cum se
întâmplã în cazul subeºantionului de medici, ºi în subeºantionul Asistenþi informali UEA
situarea elementelor strãine la periferia reprezentãrii (pãtratul de jos stânga) este
determinatã de rolul primar acoperit de acþiunile sociale ºi de experienþa cotidianã a bolii
care, pentru aceºti subiecþi, poate fi rezumatã de sugestiva expresie idiomaticã asociatã
de ei adesea cu inductorul: „a-ºi purta crucea”.
A doua periferie a nucleului central (central core) al reprezentãrii acestor subiecþi
prezintã, în cadrul complexei sale articulaþii (conform celei de-a patra cãsuþe din tabel),
un element care nu-ºi gãseºte replici în celelalte subeºantioane: „problemele economice”. Este cunoscut, într-adevãr, impactul direct ºi indirect al acestei boli asupra
bugetului unei familii, dar de acest lucru s-a discutat deja pe larg.
³3
Rang de importanþã
> 2,3
£ 2,3
Pierderea memoriei
Situaþie neplãcutã
Rãbdare
<3
Frecvenþã de apariþie
Tabelul 3. Structura internã a RS ale asistenþilor informali UEA
„A-ºi duce crucea”
A se îngriji
Tratamente
Distrugerea familiei
Nevoie de ajutor
Descurajare
Stãpânire de sine
Limitare severã
Lipsa amintirilor
Probleme economice
Toleranþã
Trecem deci la analiza datelor referitoare la al treilea ºi ultimul subeºantion, cel al
membrilor familiilor ce au ales serviciile oferite de unicul Centru Diurn al oraºului,
pentru a obþine sprijinul necesar în înfruntarea bolii tovarãºului lor de viaþã (tabelul 4).
Dupã cum se poate observa, nucleul central al reprezentãrii asistenþilor CZ, diferit de
cele analizate anterior, se construieºte plecând de la un element ce nu poate fi conotat
imediat în sens negativ. Cuvântul „tratamente” este cel care genereazã reprezentarea
socialã a acestor subiecþi, în legãturã cu modelul participativ de luare în grijã (întreþinere)
ce caracterizeazã rãspunsul pe care Centrul de Zi a hotãrât sã-l dea la cererea de ajutor
adresatã de asistenþi.
RELAÞIILE DINTRE ACÞIUNILE DE ASISTENÞÃ ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE...
35
Întregul conþinut al schemelor periferice este cel care realiniazã poziþiile subiecþilor
ce aparþin acestui subeºantion la cele ale celorlalþi. Într-adevãr, ºi Asistenþii informali CZ
par sã încerce sentimente puternic negative ca „disperarea” ºi senzaþia de „singurãtate”
(prima periferie) ce însoþesc „angoasa” ºi „neputinþa”, legate de certitudinea „înfrângerii” (a doua periferie). O discuþie aparte meritã prezenþa termenului „ignoranþã”
printre cei ce aparþin periferiei mai îndepãrtate de nucleul reprezentãrilor subiecþilor în
chestiune. Reamintim faptul cã una dintre acþiunile principale prin care se încheie
intervenþia realizatã pe lângã Centrul de Zi constã într-o activitate de tip formativ. Dacã
este adevãrat cã doar devenind conºtient de propriile competenþe, oricât de mici ar fi
acestea, poþi sã devii conºtient ºi de propriile limite, este uºor de imaginat cã prezenþa
termenului „ignoranþ㔠printre elementele ce structureazã reprezentarea acestor asistenþi
derivã, mai mult decât în celelalte cazuri, chiar din faptul cã unii au luat parte la
întâlnirile formative pe aceastã temã, iar alþii nu.
Tabelul 4. Structura internã a RS ale asistenþilor informali CZ
³3
Tratamente
Rang de importanþã
> 2,5
Disperare
Singurãtate
Devastator
Preocuparea (teama) pentru
viitor
<3
Frecvenþã de apariþie
£ 2,5
Angoasã
Ignoranþã
Neputinþã
Înfrângere
Reconstrucþia „teoriilor naive” ale asistenþilor
Pentru a înþelege mai bine „osatura care, dincolo de cuvinte ºi de unitãþile de sens de
suprafaþã (superficiale), guverneazã sensul principal al ansamblului” de date generale
adunate ºi având obiectivul de „a descrie ºi condensa informaþia conþinutã în datele
verbale complexe ºi numeroase, cu o rigoare mai mare decât prima impresie pe care o
poate lãsa simpla lecturã a sensului comun”, materialele provenite din interviuri au fost
supuse analizei de conþinut categoriale. „Regula de enumerare” aleasã este cea a
„frecvenþei întâmplãtoare” (Bardin, 2003, p. 254).
Categoriile tematice ce prezintã cel mai mare procentaj diferã la cele trei subeºantioane. Pentru personalul medical, principalele motive ce stau la baza consultãrii unei
structuri de asistenþã trebuie puse pe seama nevoilor pacienþilor de a se folosi de un
sprijin tehnic de specialitate (50%) sau pe seama necesitãþii pe care o au membrii
familiilor de a fi sprijiniþi în sarcina lor zilnicã (42,9%). Pentru asistenþii UEA, în
schimb, motivaþiile cele mai evidente (33,3%) rezidã fie în necesitatea de a obþine
medicamente gratuite, fie în incapacitatea de a înfrunta „transformarea” asistatului ºi
apariþia tulburãrilor sale comportamentale. În ceea ce-i priveºte pe asistenþii CZ, aceºtia
36
ROBERTO FASANELLI, IDA GALLI
rãspund la prima întrebare servindu-se în mod prevalent de expresii rezumate în categoria
in vivo: „Nu ºtiam ce sã fac” (50%).
Unul dintre aspectele cele mai interesante cuprinse în rãspunsurile date la aceastã
întrebare îl reprezintã importanþa diferitã pe care subiecþii aparþinând unor subeºantioane
diferite o atribuie tulburãrilor comportamentale. În timp ce asistenþii formali fac puþine
referiri la aceastã manifestare a bolii Alzheimer (14,3%), membrii familiilor o amintesc,
chiar dacã nu direct. 33,3% dintre asistenþii UEA ºi 25% dintre cei CZ vorbesc
într-adevãr de incidenþa mai mare pe care astfel de tulburãri o au asupra stresului
membrilor familiei, faþã de tulburãrile cognitive ce apar cu o frecvenþã mai micã.
(Asistenþi informali UEA – 22%; Asistenþi informali CZ – 12,5%).
Ultimul aspect asupra cãruia meritã sã ne oprim se referã la subeºantionul asistenþilor
CZ ai cãrui membri nu fac referire la necesitatea de a obþine medicamente gratuite.
Probabil cã acest aspect îºi gãseºte explicaþia în faptul cã sprijinul oferit de Centrul de
Zi aspirã la ambiþiosul obiectiv al recuperãrii ocupaþionale mai degrabã decât la „simpla”
întreþinere paliativã. Chiar dacã în realitate, foarte des ºi în cazuri specifice, acesta din
urmã rãmâne unicul obiectiv posibil.
Referitor la informaþiile pe care subiecþii intervievaþi le au despre boalã, rezultatele
aratã cã, pe de o parte, personalul medical declarã (50%) cã furnizeazã fie informaþii tehnice
referitoare la aspectele generale ale maladiei („dãm informaþii asupra evoluþiei bolii”),
fie sfaturi practice pentru gestiunea (îngrijirea) zilnicã a bolnavului („dãm sfaturi pentru
a reduce insomnia, pentru a-l ajuta sã se îmbrace etc.”). Pe de altã parte, asistenþii confirmã
cã au primit realmente acest tip de informaþii (AI/UEA – 33,3%; AI /CZ – 37,5%).
Aspectul cel mai uimitor este legat de asistenþii Centrului de Zi ºi este reprezentat de
numãrul mare de declaraþii pe care aceºti subiecþi le-au furnizat, de a se fi informat
singuri în privinþa bolii (75%). Acest fapt pare a fi mãrturia cea mai evidentã a rolului
mai activ (în comparaþie cu AI/UEA) jucat de aceºti membri ai familiilor implicaþi ºi în
activitãþile propuse de Centrul de Zi.
Rãspunsurile la întrebãrile capabile sã facã sã aparã ceea ce Moodie, Marková ºi
Plichtova (1995, pp. 423-453) ar numi lay representations (reprezentãri naive, de
amatori) despre boala Alzheimer3, din cauza culegerii de informaþii cu privire la aspectele
acesteia, ce-i preocupã în principal pe asistenþii intervievaþi, aratã cã aspectul cel mai
îngrijorãtor pentru personalul medical este fãrã îndoialã apariþia tulburãrilor cognitive
(64,3%), aºa cum dovedesc expresiile „pierdere de memorie”, „absenþa dialogului”
etc., ce confirmã încã o datã importanþa atribuitã de medici acestui aspect al bolii.
O importanþã majorã capãtã ºi preocuparea privitoare la caracterul progresiv al
patologiei (51,1%), doveditã în mod diferit de expresii ca „se înrãutãþeºte pe zi ce trece”,
„e o boalã degenerativã de neoprit” ºi altele. De altfel, e o teamã ce caracterizeazã ºi
rãspunsurile membrilor familiilor, aceasta fiind cel mai reprezentativ dintre rãspunsurile
la aceastã întrebare furnizate de ambele subeºantioane de asistenþi informali (AI/UEA –
66,7%; AI/CZ – 75%).
Grila de categorii generatã de rãspunsuri nu scoate în evidenþã numeroase diferenþe
între cele douã grupe de asistenþi mai sus-citaþi; totuºi, cele observabile sunt foarte
3. Reprezentarea socialã propriu-zisã poate fi reconstruitã doar prin intermediul recompunerii
fiecãrei componente ºi dimensiuni investigate în parte. Cf. Moscovici (1961); Breackwell ºi
Canter (1993).
RELAÞIILE DINTRE ACÞIUNILE DE ASISTENÞÃ ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE...
37
interesante. De exemplu, prima priveºte subeºantionul de membri ai familiilor intervievaþi pe lângã Unitãþile de Evaluare Alzheimer: 38,9% dintre aceºti subiecþi folosesc
expresii precum: „Va trebui sã existe o persoanã care sã-i stea în permanenþã alãturi”,
„este necesar sã gãsim pe cineva care sã-l îngrijeasc㔠sau „vom fi constrânºi sã-l dãm
cuiva în grijã”, care scot în evidenþã o clarã preocupare ce caracterizeazã doar acest
subeºantion. Membrii familiilor de pe lângã Centrul de Zi care, datoritã serviciilor ce le
sunt puse la dispoziþie nu-ºi pun astfel de probleme, par mai tulburaþi (50%) de decãderea
fizicã a persoanei îndrãgite („ºtiu cã va paraliza”, „va deveni o legumã”), demonstrând
o conºtiinþã clarã a inevitabilitãþii degradãrii. În sfârºit, trãirea mai angoasatã a asistenþilor UEA este ulterior doveditã de teama pentru acþiunile periculoase înfãptuite de
bolnav (16,7%) ºi de conºtientizarea lipsei de perspectivã (11,1%) ce sunt încã o datã
exprimate doar de aceºti subiecþi.
În încheiere, observãm cã nici între categoriile ce se regãsesc în ambele grupuri de
membri de familie nu se semnaleazã diferenþe semnificative, cu excepþia importanþei mai
mari atribuite de AI/CZ dificultãþilor determinate de nevoia de îngrijire continuã (37,5%,
faþã de 27,8% exprimate de AI/UEA) ºi tulburãrilor cognitive (37,5%, faþã de 22,2% ale
AI/UEA).
Anumite întrebãri fuseserã formulate cu scopul declarat de a evidenþia problemele
principale cu care membrii familiilor se confruntã în raport cu bolnavul, dar ºi cu scopul
mai puþin evident, dar mai ambiþios de a releva reprezentarea pe care intervievaþii o au
în legãturã cu „sarcina” de îngrijire, considerând aceasta drept un predictor al practicilor
(acþiunilor) efectiv realizate (Abric, 1994).
Pentru personalul medical, aspectul cel mai problematic al relaþiei pacient-familie
coincide cu dificultatea de a accepta schimbarea bolnavului ºi deci boala însãºi (64,3%).
Acest raport, dupã poziþiile exprimate de medici, este problematic ºi din cauza stresului
ºi a inconfortului psihofizic ale asistenþilor (57,1%) ce sunt exprimate prin recurgerea la
sintagme ca: „asistenþii sunt obosiþi”, „se lasã pradã disconfortului ºi depresiei” etc.
Aceeaºi frecvenþã (57,1%) o au tulburãrile cognitive care, ca de obicei, dovedesc
importanþa atribuitã de medici degradãrii cunoaºterii. În acest caz, este oricum clarificatã
conºtientizarea cã ºi alte tipuri de tulburãri, mai ales cele funcþionale, determinã probleme
considerabile membrilor familiilor celor bolnavi de Alzheimer (50%). În schimb, pentru
ambele subeºantioane de asistenþi informali, mai ales pentru cei din UEA, categoria cea
mai frecventã de preocupãri este cea privitoare la tulburãrile comportamentale (AI/
UEA – 61,1%; AI/CZ – 75%), chiar dacã tulburãrile cognitive ocupã ºi ele o poziþie
importantã printre principalele probleme relaþionale ale membrilor familiei bolnavului
(AI/UEA – 50%; AI/C.Z – 75%).
O diferenþã de interes deosebit o constituie procentajul mai mare de rãspunsuri
referitoare la sentimente conflictuale ºi de neacceptare a situaþiei. În special 38,9%
dintre membrii familiei din UEA rãspund servindu-se de expresii ca: „uneori ne certãm”
sau „nu vreau sã accept boala”, în timp ce doar 12,5% dintre membrii familiilor
Centrului de Zi recurg la ele. Aceastã diferenþã ar putea sã indice o mai mare conºtientizare a bolii din partea membrilor familiilor ce frecventeazã Centrul de Zi, deoarece
aceºtia fac obiectul unor intervenþii specifice de sprijin ºi informare în cadrul structurii
respective. Aceºti membri ai familiei, chiar dacã semnaleazã diferite dificultãþi ºi
obosealã, dau dovadã de o mai mare toleranþã ºi, în acelaºi timp, de un nivel inferior de
stres.
38
ROBERTO FASANELLI, IDA GALLI
Deplasând atenþia de la dificultãþile întâlnite de asistenþi la nevoile ºi necesitãþile
bolnavului, este posibil sã depistãm printre rãspunsurile furnizate de medici trei tipologii
predominante de reprezentãri ale nevoilor pacienþilor, ce se prezintã cu aceeaºi frecvenþã
(42,8%): asistenþã, care indic㠄necesitatea de a fi îngrijiþi” în orice moment al vieþii
cotidiene; climat de acceptare, ce rezumã expresii ca „e important sã fii primit într-un
climat de acceptare”, „bolnavul are nevoie sã fie înþeles”; a încuraja, care face referire
la necesitatea „unei stimulãri continue” ºi în aspectele cele mai elementare ale vieþii:
„a-l încuraja sã se îmbrace, sã se spele ºi sã se hrãneascã singur”, cum aminteºte
intervievatul AF/08.
Este interesant sã observãm cã aceste trei tipuri de nevoi sunt considerate de cãtre
medici mai importante decât suportul medicamentos (28,6%). Motivaþia acestui fapt
poate avea originea în imposibilitatea de a administra, la stadiul actual al cunoºtinþelor,
un medicament care sã permitã vindecarea.
Rãspunsurile cel mai des oferite la aceeaºi întrebare de cãtre asistenþii UEA sunt în
esenþã asemãnãtoare cu cele date de personalul medical: nevoia de a fi îngrijiþi cât mai
bine (55,6%) se suprapune precedentei categorii, asistenþa, în timp ce necesitatea ca
cineva sã te înþeleagã (38,9%) coincide cu climatul de acceptare indicat de asistenþii
formali. Se presupune deci existenþa unei relaþii de influenþã între aceste douã categorii
de asistenþi care, în termeni vectoriali, pleacã de la medici ºi merge spre membrii
familiei, cel puþin cum a reieºit din date pânã acum. Ca o parþialã confirmare a acestei
teze, este de ajuns sã privim categoriile referitoare la subiecþii ce aparþin subeºantionului
AI/CZ, care recurg ºi ei foarte des la expresii ce trãdeazã nevoia ca rudele bolnave sã
fie înþelese de cineva (50%) ºi sã fie îngrijite cât mai bine (37,5%).
Principala nevoie a bolnavului pare sã fie, pentru membrii familiilor Centrului de Zi,
aceea de a continua sã aibã relaþii interpersonale familiale ºi extrafamiliale (62,5%),
ceea ce confirmã ipoteza cã aceºti subiecþi sunt purtãtorii unei reprezentãri a bolii total
sui-generis (originale) ºi puternic modelate de acþiunile conjugate ºi participative,
experimentate în structura instituþionalã la care fac referire. În legãturã cu cele de mai
sus, semnalãm inexistenþa, printre nevoile bolnavilor menþionate de aceºti subiecþi, a
tratamentelor medicamentoase care totuºi au adunat o bunã parte dintre preferinþele
asistenþilor UEA (27,8%) ºi ale medicilor (28,6%).
Întrebarea urmãtoare prevedea selectarea, dintr-o listã de tulburãri proprii bolii
Alzheimer, a simptomului considerat cel mai reprezentativ pentru patologie. În lista de
control (checklist) prezentatã intervievaþilor au fost incluse tulburãrile aparþinând unor
trei tipuri de alterãri ce caracterizeazã boala Alzheimer: cognitive, comportamentale ºi
funcþionale.
Consecvenþi cu poziþiile exprimate în rãspunsurile precedente, 50% dintre asistenþii
formali susþin cã tulburarea memoriei este manifestarea cea mai reprezentativã a morbului
lui Alzheimer. În poziþia imediat succesivã în ipotetica clasificare redactatã de medici
gãsim tulburãrile de personalitate, care ating 21,5% dintre indicaþii. În coada listei, în
sfârºit, se situeazã dezorientarea spaþialã ºi temporalã, cu 14,3% dintre frecvenþe.
Bardin (2003) considerã fundamentalã, în analiza conþinutului, ºi cercetarea
„implicitului” ºi a „ceea ce nu este spus”. Împãrtãºind aceastã indicaþie, semnalãm
totala excludere, din alegerile geriatrilor, a tulburãrilor precum alterãrile de dispoziþie
(stare sufleteascã), a tulburãrilor activitãþii motrice, dificultãþile în dezvoltarea
activitãþilor zilnice, dificultãþile de limbaj ºi cele de înfãptuire a unor sarcini uzuale,
RELAÞIILE DINTRE ACÞIUNILE DE ASISTENÞÃ ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE...
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precum ºi tulburãrile de somn ºi de alimentaþie. Este evident cã e vorba de tulburãri ale
rutinei cotidiene a pacienþilor pe care medicii le „trãiesc” doar prin intermediul altora.
În ambele subeºantioane de asistenþi informali, din contra, preferinþele se distribuie
pe aproape toate posibilitãþile propuse. În consecinþã, nu iese în evidenþã în mod clar un
anumit tip de simptom. Totuºi, dezorientarea spaþialã ºi temporalã (tulburare de naturã
cognitivã) pare sã fie manifestarea cea mai evidentã pentru membrii familiilor UEA
(22,2%), în timp ce dificultatea de a desfãºura activitãþi cotidiene, ca ºi alterarea stãrii
sufleteºti (amândouã tulburãri de naturã comportamentalã) sunt cele indicate de cea mai
mare parte (25% ambele) dintre membrii familiilor Centrului de Zi.
În privinþa obiectivelor terapeutice capabile sã garanteze o mai bunã calitate a vieþii
bolnavului, 50% dintre medici, în perfectã legãturã cu rãspunsurile precedente, susþin cã
terapia medicamentoasã reprezintã un obiectiv terapeutic fundamental ºi are „un rol
important pentru calitatea vieþii pacientului” (AF/11) ºi „pentru ameliorarea performanþelor sale cognitive” (AF/02).
Totuºi, este interesant de observat cã existã un procentaj însemnat de asistenþi
formali care îºi pun speranþele în rãspândirea Centrelor de Zi (28,6%) ºi în sprijinul
psihologic (14,3%) sau, ºi mai mulþi, care pun problema sprijinului familiei (35,7%).
Asistenþii UEA prezintã, încã o datã, o poziþie asemãnãtoare cu cea a personalului
medical. Cei care considerã importantã intervenþia medicamentoasã reprezintã procentajul cel mai ridicat (38,9%).
Analiza comparativã a obiectivelor terapeutice indicate de cãtre subiecþii celor douã
subeºantioane de asistenþi informali furnizeazã interesante prilejuri de reflecþie. Înainte
de toate, este evidentã absenþa termenilor în cãsuþa de intersectare dintre categoriile referitoare la medicamente ºi la asistenþã cu procentajele privitoare la asistenþii CZ. Aceºtia
din urmã, într-adevãr, nu folosesc niciodatã expresii referitoare la aceste categorii.
În afarã de asta, în ceea ce priveºte aspectele specifice asupra cãrora trebuie
intervenit, se observã cã aproape toþi membrii familiilor din Centrul de Zi (87,5%)
subliniazã importanþa implicãrii bolnavului în diferite activitãþi, acesta fiind considerat
un obiectiv terapeutic primar, dupã cum aratã expresiile-tip: „Trebuie sã-i zgâlþâi, sã-i
trezeºti, sã-i implici”, „prin activitãþi le poþi trezi interesul”. ªi categoriile ar trebui sã
stea în mijlocul altor persoane ºi nu cred în terapia farmacologicã, ce adunã amândouã
37,5% dintre rãspunsurile date la aceastã întrebare, par sã confirme particularitatea
reprezentãrii acestor subiecþi.
Rãspunsurile la întrebãri cu privire la atenþia acordatã unor aspecte ale bolii ce ar
trebui sã fie înfruntate cu seriozitate furnizeazã indicaþii importante în ceea ce priveºte
confirmarea/infirmarea unor elemente constitutive ale reprezentãrilor despre boala
Alzheimer care circulã printre subiecþii intervievaþi.
În acest caz, personalul medical identificã în tulburãrile comportamentale, mai mult
decât în cele cognitive sau funcþionale, principala sursã de inconfort pentru familie
(50%). În aceastã categorie intrã expresii ca: „Trebuie sã atenuãm agresivitatea, agitaþia,
apatia” sau „trebuie sã ne oprim asupra comportamentelor”. O contribuþie ulterioarã la
ameliorarea condiþiei asistenþilor este identificatã de geriatri în oportunitatea de a furniza
date corecte despre boalã ºi sprijin „afectiv ºi psihologic” (35,7%) membrilor familiei,
în scopul de a reduce „dificultãþile lor de a accepta boala” (28,6%). Încã o datã,
asistenþii formali sperã în implementarea Centrelor de Zi (21,4%) pentru a-i uºura pe
îngrijitori de sarcina asistenþialã (14,3%), care este definitã ca „oneroasã ºi epuizantã”.
40
ROBERTO FASANELLI, IDA GALLI
50% dintre asistenþii UEA relateazã cã se simt „anulaþi ca personalitate din cauza
faptului de a trãi lângã un bolnav”. Chiar dacã aceasta nu este o indicaþie strict pertinentã
pentru întrebare, ea ne oferã elemente evaluative despre importanþa inconfortului la
aceste persoane. Din aceastã cauzã, ei se opresc ºi asupra necesitãþii de a primi ajutor
din partea cuiva care sã se ocupe de bolnav, fie numai supraveghindu-l (11,1%).
Cãutarea unui ajutor extern se întâlneºte ºi la asistenþii Centrului de Zi, chiar dacã
este de naturã diferitã. Aceºti membri de familie afirmã (62,5%) cã este nevoie de o
structurã în care, la orice orã din zi, sã existe „personal calificat care sã desfãºoare
diferite activitãþi cu bolnavul”, permiþând astfel „membrilor familiei câteva momente de
libertate”.
În sfârºit, este util sã subliniem cã ambele subeºantioane de asistenþi sunt de acord,
în esenþã, asupra necesitãþii de a acorda atenþie tulburãrilor comportamentale (AI/UEA –
22,2%; AI/CZ –25%), considerate manifestãrile cel mai greu de gestionat ale bolii.
Prin penultima întrebare s-a încercat sã se evalueze, în termeni descriptivi generali,
dacã are loc ºi în ce condiþii, întâlnirea dintre cererea ºi oferta de servicii adresate acestei
boli.
Alãturi de obiectivul distribuirii de medicamente gratuite, prevãzut de Proiectul
Cronos, medicii considerã cã ajutorul cel mai important furnizat de structura cãreia îi
aparþin bolnavii de Alzheimer este cel medicamentos (50%). Este interesant de observat
cã, încã o datã, medicii sperã în crearea unor structuri diferite prin intermediul cãrora
„sã îngrijeascã bolnavul ºi sã se ocupe de membrii familiei în termeni globali”. Aceasta
denotã cã 35,7% din personalul medical este conºtient de actuala carenþã a unei reþele de
servicii adecvate complexitãþii acestei patologii. Unii dintre medicii intervievaþi simt
nevoia sã înfrunte boala sub toate aspectele sale ºi nu numai din punct de vedere
tehnico-instrumental, acela de administrare de medicamente. Într-adevãr, ei „dau sfaturi
pentru a gestiona boala” (28,6%) ºi se aratã interesaþi sã-i ajute pe bolnavi ºi pe membrii
familiilor acestora din punct de vedere practic-organizatoric. UEA nu este definitã din
întâmplare „un punct de referinþã pentru bolnavi ºi membrii familiei” (14,3%).
Asistenþii UEA, informaþi asupra obiectivelor pe care ºi le propune instituþia cãreia
i se adreseazã, afirmã cã ajutorul pe care bolnavul îl primeºte este mai ales „cel medicamentos” (66,7%). Apropiaþii lor obþin totuºi ºi „asistenþa medicilor” (38,9%) ºi „sunt
ajutaþi ca starea lor sã se amelioreze” (38,9%). 16,7% dintre membrii acestui subeºantion
aratã cã au avut aºteptãri superioare în privinþa posibilitãþilor concrete ale structurii de
referinþã, aºa cum demonstreazã categoria nu am obþinut asistenþã la domiciliu.
Pe de altã parte, asistenþii Centrului de Zi considerã cã ajutorul cel mai important
furnizat de centru constã în prezenþa unor operatori competenþi care „sã-i stimuleze, sã-i
supravegheze ºi sã vorbeascã cu rudele lor bolnave (75%), ajutându-i astfel sã-ºi
amelioreze starea” (75%); ei declarã cã, într-adevãr, ruda lor „are o dispoziþie mai
bunã”, „devine mai vorbãreaþ㔠etc., ºi de aceea, poate, în cadrul acestui subeºantion
aspectul medicamentos oferit nu este luat absolut deloc în consideraþie.
În fine, ultima întrebare þintea ºi ea sã verifice corespondenþa dintre cererea ºi oferta
de servicii, dar de data aceasta referitor la relaþia asistent formal – asistent informal.
Categoria cea mai reprezentativã a rãspunsurilor oferite de medici la aceastã întrebare
este cea cu privire la informaþiile despre dificultãþile cu care membrii familiei trebuie sã
se confrunte în perspectivã (35,7%). Acestei categorii îi aparþin atât informaþiile privitoare la diferite aspecte ale bolii, cât ºi eventualele indicaþii pentru a înfrunta dificultãþile
birocratice.
RELAÞIILE DINTRE ACÞIUNILE DE ASISTENÞÃ ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE...
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Este interesant de observat cã, deºi medicii considerã c㠄pot oferi puþin ajutor
practic” (28,6%) membrilor familiei, „în ceea ce priveºte asistenþa material㔠ei apreciazã totuºi cã pot furniza un sprijin valid asistenþilor atât printr-o asistenþã medicalã
calificatã acordatã bolnavului, cât ºi printr-un ajutor de naturã psihologicã membrilor
familiei (28,6%), sau învãþându-i pe aceºtia cum sã relaþioneze cu pacientul (14,3%).
Membrii familiilor intervievaþi pe lângã UEA din oraº, în schimb, considerã cã
ajutorul fundamental pe care li-l oferã instituþia este cel medicamentos (38,9%), fie
întrucât constituie un „real ajutor economic”, fie pentru cã ei considerã cã medicamentele
au puterea de „a opri boala”.
Sprijinul psihologic ºi sfaturile pe care medicii au declarat cã le oferã sunt percepute
ca un ajutor concret de 22,2% dintre asistenþii UEA, chiar dacã un procentaj identic de
membri ai familiilor au declarat cã nu au primit „nici un ajutor personal din partea
instituþiei”. Ar pãrea deci cã aceºti asistenþi au aºteptãri reduse în privinþa posibilitãþii
instituþiei de a le satisface propriile nevoi.
Cea mai mare parte dintre asistenþii Centrului de Zi (62,5%) afirmã, din contra, cã
obþin un sprijin important în munca lor de asistenþã. ªi pentru aceºti asistenþi sfaturile ºi
ajutorul psihologic ºi moral primite în cadrul structurii (instituþiei) de referinþã constituie
o susþinere importantã (37,5%).
De asemenea, este interesantã o datã referitoare la o absenþã mai degrabã decât la o
necesitate. Într-adevãr, în grila de categorii alcãtuitã pentru materialele obþinute de la
asistenþii informali nu apare tipul de rãspuns cel mai frecvent folosit de medici la aceeaºi
întrebare. Am putea presupune cã absenþa din discuþiile membrilor familiilor a referirilor
la informaþiile asupra bolii pe care le primesc de la medici se explicã prin importanþa mai
mare pe care o are pentru asistenþii informali sprijinul afectiv faþã de cel cognitiv. Din
pãcate, datele pe care le avem la dispoziþie, oricât de complexe, nu permit sã se dea o
explicaþie sigurã asupra acestei divergenþe de percepþie.
Concluzii
Ce diferenþe existã între reprezentãrile sociale ale bolii Alzheimer produse de asistenþii
formali ºi cele furnizate de asistenþii informali? Existã diferenþe între construcþiile
simbolice asupra bolii Alzheimer elaborate de asistenþii intervievaþi pe lângã UEA ºi cele
oferite de asistenþii implicaþi în Centrul Diurn (de Zi)? Existã pentru membrii familiilor
o relaþie între modelele de intervenþie alese pentru tratamentul tovarãºului de viaþã ºi
sentimentele de refuzare a condiþiei sale de boalã sau de asistenþã proprie (autonomie)?
În schema conceptualã propusã de Bude (1995), aceste întrebãri care au condus
întregul proces de cercetare s-ar situa fie între cele „despre stare”, fie între cele „despre
proces”. Parafrazându-l pe Flick, care, câþiva ani dupã aceea, îmbogãþeºte aceastã
taxonomie, se poate afirma cã aceste întrebãri descriu fie cum un „given state” („o stare
datã”), o anumitã reprezentare, „has come about (causes, strategies) and how this state
is maintained (structure)”, fie „how something” – aceeaºi reprezentare – „develops or
changes (causes, processes, consequences, strategies)” (Flick, 1998a, p. 51).
Se ºtie totuºi, plecând de la teoretizãrile lui Strauss (1987), cã un plan de cercetare
se poate baza ºi pe o ulterioarã tipologie de întrebãri: „generative questions”, sau acele
„întrebãri ce dirijeazã investigaþia în direcþii profitabile, furnizând comparaþii utile
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ROBERTO FASANELLI, IDA GALLI
diferitelor ipoteze, culegerea unor clase de date determinate, ca ºi liniile generale pentru
a înfrunta, chiar ºi doar potenþial, probleme importante” (Strauss, 1987, p. 22).
Din acest motiv, precedentele întrebãri de cercetare au fost completate cu un grup
urmãtor de întrebãri: tehnica evocãrilor ierarhizate adaugã elemente descriptive, de
altfel de nedepistat, unei analize circumscrise teoriei reprezentãrilor sociale? Care este
utilitatea recurgerii la construirea de reprezentãri sociale în studiile de psihologie a
sãnãtãþii? În fine, ce elemente euristice pot furniza rezultatele obþinute definiþiei unor
posibile intervenþii de politicã socialã? Dac㠄întrebãrile anchetei sunt ca o poartã de
acces în câmpul de cercetare „la aceste chestiuni, vom încerca sã rãspundem tocmai
„prin intermediul” rezultatelor obþinute.
Privitor la prima componentã studiatã a reprezentãrii, informaþia, confruntarea dintre
diferitele subeºantioane a arãtat, în universurile semantice ale asistenþilor informali de la
Centrul de Zi ºi, chiar dacã cu o pondere inferioarã, ºi în cele ale asistenþilor de la UEA,
o preponderenþã a locuþiunilor ce fac referire la o condiþie afectivã; de altfel, impactul emoþional al bolii Alzheimer asupra sistemului relaþional al bolnavului este foarte
violent.
Contrar la ceea ce ne aºteptam, asistenþii formali par sã atribuie în expresiile folosite
aceeaºi importanþã sentimentelor/emoþiilor ºi caracteristicilor „tehnice” ale bolii. Aceastã
demonstraþie de sensibilitate faþã de aspectele emoþionale corelate cu boala a pus în evidenþã
un posibil teren de întâlnire între medici ºi membrii familiilor ºi, mai ales, confirmã
puterea „de constrângere” pe care anumite practici sociale o exercitã asupra reprezentãrilor.
În general, este posibil sã afirmãm cã reprezentarea socialã a bolii Alzheimer,
proprie celor douã tipologii de asistenþi (formali ºi informali), la o analizã a conþinutului
manifest, relevat prin studiul componentelor informaþie ºi câmp al reprezentãrii, prezintã
puternice similitudini: ea apare pãtrunsã de sentimente de tristeþe, rãbdare ºi singurãtate,
corelate cu descurajare, disperare ºi stres. O clarã valenþã negativã deci, indisolubil
legatã de sarcina de îngrijire – familialã ºi instituþional㠖 ºi de impactul pe care boala
îl are asupra întregului nucleu familial.
Din analiza structurii interne a reprezentãrii sociale în obiect, se desprind însã unele
diferenþe de o certã importanþã, utile pentru a da un rãspuns preliminar la a doua
problemã a cercetãrii.
Nucleului central de asistenþi UEA, de o naturã mai „reificatã”, fixat pe „pierderea
de memorie”, i se opune cel al asistenþilor CZ, caracterizat de elemente consensuale, de
naturã afectiv-relaþionalã, ce se învârt în jurul practicii „tratamentului”. Elementul cel
mai interesant, pus în evidenþã prin tehnica evocãrilor ierarhizate, rãmâne totuºi cel
privitor la nucleul reprezentãrilor asistenþilor formali. Medicii implicaþi în cercetare ne
propun un fel de paradox contraintuitiv. Mai ales dacã þinem cont de premisele epistemologice ale teoriei preferate pentru cercetare: în loc sã-ºi construiascã reprezentarea
plecând de la elementele mai ºtiinþifice, tehnice ºi profesionale, asistenþii formali îºi
centreazã construcþiile simbolice în jurul unor elemente ca „singurãtate”, „asistenþi” 4,
„depresie” ºi „tristeþe”. Aceastã inversiune, cum s-a argumentat deja pe larg, îºi gãseºte
explicaþia în alterarea relaþiei medic-pacient pe care o provoacã boala Alzheimer,
transformând-o într-o relaþie medic-rudã.
4. Amintim cã termenul caregivers (asistenþi) este cel folosit de medicii intervievaþi pentru a se
referi la membrii familiilor pacienþilor.
RELAÞIILE DINTRE ACÞIUNILE DE ASISTENÞÃ ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE...
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În general, dificultãþile întâlnite cel mai des în interacþiunea ºi comunicarea medic-pacient (Frederikson, 1992), dupã cum s-a evidenþiat ºi din cele spuse pânã acum, s-ar
putea regãsi în diversitatea structurilor ºi a conþinuturilor reprezentãrilor pe care pãrþile
în cauzã le au asupra bolii, a bolnavului ºi a statutului sãu social. Bolnavul ºi asistentul
familial, care în boala Alzheimer devine interlocutorul principal în raport cu medicul,
utilizeazã o logicã definitã printr-o coerenþã a sa, specificã, ce înglobeazã contradicþia ºi
incoerenþa. Un astfel de tip de gândire este cea definitã drept „consensualã”, în
contradicþie cu logica „irefutabil㔠ºi „reificat㔠a ºtiinþei, al cãrei exponent este medicul.
De fapt, adeseori, în aceastã gândire ºtiinþificã regãsim o mare parte de gândire comunã,
mai ales când se ia pe ea însãºi în discuþie, adicã atunci când este vorba de un „om de
ºtiinþã”, o gândire implicatã în relaþii/situaþii sociale determinate ºi finalizatã în practica
profesionalã (Bellelli, 1994). Este important deci sã observãm cã operatorii ºi membrii
familiilor au în comun unele pãrþi din aceeaºi structurã reprezentaþionalã a bolii Alzheimer
ºi cã o asemenea potrivire (concordanþã) poate fi supoziþia unei corecte asistenþe centrate
pe nevoile reale ale nucleului familial implicat în acest tip de demenþã.
Rezultatele obþinute dupã analiza protocoalelor de interviu ne permit sã dãm un
rãspuns celei de-a treia întrebãri ºi, mai ales, sã le îmbogãþim, în termeni de confirmare/
dezminþire, pe cele schiþate anterior.
Înainte de toate, meritã sã amintim cã membrii familiilor de la Centrul de Zi prezintã
niveluri mai semnificative de interacþiune intergrup a elementelor ce compun reprezentãrile lor asupra bolii Alzheimer. Acest lucru depinde de numãrul mai mare de
interacþiuni simbolico-lingvistice (grupuri formative, discuþii informale etc.) ce au loc
între aceºti subiecþi la Centru, faþã de cele în care sunt implicaþi asistenþii UEA, ale cãror
schimburi de vederi pe tema datã se rezumã doar la „efectul de caz”.
Influenþa pe care tipul (modelul) de intervenþie, ales pentru tovarãºul de viaþã, a
exercitat-o în construirea reprezentãrilor celor douã grupuri de asistenþi informali este
doveditã de numeroase elemente.
Prin recurgerea la o instituþie în cadrul cãreia existã posibilitatea sã primeºti fie un
ajutor temporar în sarcina de asistenþã zilnicã, fie un sprijin psihologic capabil sã
uºureze suferinþa ºi stresul, membrii familiilor ce frecventeazã Centrul de Zi, de
exemplu, exprimã un mai mic inconfort vizavi de condiþia trãitã. Spre deosebire de
ceilalþi, aceºti asistenþi nu leagã nevoile bolnavului de obþinerea de medicamente, ci
colaboreazã activ la acþiunile de reabilitare realizate de operatorii sociosanitari cãrora li
se adreseazã. Pe lângã rolul lor activ, aceºti subiecþi sunt singurii care au întreprins, în
mod autonom, cãutarea de informaþii despre boalã.
Implicarea mai puþin activã ºi mai timidã a celor intervievaþi la UEA se reverbereazã
în expresii legate mai ales de aspectele marginale ale bolii ºi ale situaþiei pe care aceasta
o genereazã, în timp ce membrii familiilor de la Centrul de Zi, utilizând expresii legate
mai mult de degradarea funcþionalã progresivã a rudei lor, demonstreazã o competenþã
ºi o conºtientizare superioare a problemei.
Este oportun sã precizãm, în acest sens, cã asistenþii de la Centrul de Zi formeazã
obiectul unor intervenþii specifice de susþinere ºi de informaþie/formare în cadrul
instituþiei alese. În afarã de aceasta, Centrul este ºi sediul unor activitãþi asociative ºi
participative. Tocmai acestea din urmã par sã fi stimulat reprezentãrile asistenþilor
informali de la Centrul de Zi, încât ele se diferenþiazã total de cele ale altor asistenþi:
în timp ce acestea din urmã, de exemplu, încadreazã între obiectivele terapeutice primare
44
ROBERTO FASANELLI, IDA GALLI
suportul medicamentos, primele preferã implicarea bolnavului în raporturile interpersonale,
familiale ºi extrafamiliale, ca ºi în activitãþile recuperatorii.
În afarã de diferenþele de poziþie dintre asistenþii de la Centrul de Zi ºi asistenþii
UEA, rezultatele obþinute au evidenþiat anumite intersectãri între reprezentarea bolii
Alzheimer a celor din urmã ºi cea a medicilor.
În producþiile simbolice ale acestor subiecþi, într-adevãr, capãtã mare importanþã fie
preocuparea referitoare la tulburãrile cognitive, fie cea atribuitã suportului medicamentos
în ameliorarea calitãþii vieþii în cazul bolnavilor de Alzheimer. Cum s-a mai întâmplat ºi
în alte cercetãri empirice efectuate pe eºantioane structurate în mod analog (Galli,
2003), subiecþii, ce sunt obiect al asistenþei, sfârºesc prin a-ºi construi propriile reprezentãri
asupra condiþiei în care se gãsesc, transferând elemente simbolice din reprezentãrile
celor ce le furnizeazã asistenþa. În realitate, acest proces intereseazã mai mult structura
ºi ierarhia internã a elementelor constitutive decât geneza acestora, deoarece mult mai
des – ºi acesta pare a fi ºi cazul nostru – relaþia de influenþã este biunivocã, iar
construirea realitãþii este socialã (Berger ºi Luckmann, 1966; Flick, 1998b). Totuºi,
existã o mare influenþã asupra modului de „a gândi boala Alzheimer” al acestor subiecþi,
din moment ce preocuparea este inexistentã în reprezentarea asistenþilor de la Centrul de
Zi.
Ar trebui sã ne întrebãm, în acest moment, care este originea ataºamentului rigid al
medicilor faþã de terapia medicamentoasã. Datele generale obþinute, discuþiile „informale”
avute în cursul relevãrii datelor ºi, nu în ultimul rând, trãirea personalã a bolii au arãtat
cã existã ºi circulã printre asistenþii formali o reprezentare profesionalã, „hegemonic㔠–
cum o numeºte Moscovici (1998, p. 221)5 – care, în ciuda indicaþiilor OMS, dominã
încã producþiile simbolice ale multor medici. Aceastã reprezentare asimileazã maladia
unei stãri excepþionale de proastã funcþionare a corpului sau de incapacitate de a face
faþã atacului extern, o stare posibil de evitat datoritã cunoaºterii tot mai profunde a
funcþionãrii fiziologiei ºi biochimiei corpului uman, a punerii la punct a unor instrumente
ºi tehnici de diagnosticare ºi terapie avansate, dar, mai ales, datoritã folosirii unor
substanþe farmaceutice tot mai eficiente.
În deplinã concordanþã cu aceastã idee, o mare parte a geriatrilor intervievaþi susþin
cã terapia farmacologicã reprezintã un obiectiv fundamental, mai ales pentru ameliorarea
performanþelor cognitive ale pacienþilor. De asemenea, mulþi dintre medicii implicaþi în
cercetare simt nevoia sã înfrunte boala în toate aspectele sale, nu numai în cel tehnico-instrumental de administrare a medicamentelor, care, dupã pãrerea lor, continuã sã
„domine” din cauza lipsei actuale a unei reþele de servicii adecvate complexitãþii acestei
patologii.
Reprezentarea socialã a bolii Alzheimer, evidenþiatã de analiza prezentatã în aceste
pagini, pare deci sã se conceptualizeze mai mult în sens „emancipat” decât „hegemonic”
(Moscovici, 1988). O reprezentare capabilã sã se elibereze de cunoºtinþele strict tehnico5. Moscovici face diferenþa între reprezentãrile hegemonice, emancipate ºi polemice ca subtipuri
de reprezentãri sociale. Cele hegemonice sunt reprezentãri împãrtãºite de membrii unui grup
social foarte structurat (de exemplu, de profesioniºti), nu neapãrat produse de ei ºi foarte aproape
de modelul durkheimian. Cele emancipate sunt reprezentãrile generate în cursul schimburilor
ºi al participãrii la un anumit mod de „a vedea lucrurile”, dar care ºi-au pierdut strânsa relaþie
cu un grup specific (de exemplu, de experþi), virând cãtre cunoaºterea comunã. În sfârºit,
reprezentãrile polemice sunt cele ce devin relevante în cursul conflictelor sociale ºi politice.
RELAÞIILE DINTRE ACÞIUNILE DE ASISTENÞÃ ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE...
45
-profesionale ce au generat-o ºi care gãseºte în altã parte raþiunea ultimã a existenþei
sale: în cazul nostru, în acþiunile (practicile) asistenþiale. Uwe Flick (1998b, p. 50)
evidenþiazã ceva asemãnãtor despre reprezentãrile „emancipate” ale bolii mintale,
susþinând c㠄everyday knowledge of mental illness is influenced by both special medical
knowledge and lay people’s practical experience with the phenomenon, as well as public
opinion about it”. De altfel, tocmai în acþiunea (practica) cotidianã de uºurare a angoasei
ºi a stresului membrilor familiilor se „naturalizeaz㔠obiectivarea reprezentãrii asistenþilor informali, tot aºa cum în acþiunea de a frecventa o instituþie spitaliceascã se
genereazã cea a asistenþilor UEA. Repercutarea acþiunilor de asistenþã asupra proceselor
reprezentaþionale gãseºte totuºi în subeºantionul asistenþilor CZ exemplul cel mai clar
oferit de acest studiu.
Cea mai puternicã interacþiune internã ºi coerenþã, ca ºi claritatea relaþiilor existente
între diversele dimensiuni ale reprezentãrilor sociale ale bolii Alzheimer produse de
aceºti subiecþi se datoreazã probabil acelui proces sociocognitiv special pe care Moscovici
ºi Doise (1992) îl considerã consecinþa „nevoii de a participa”, care se manifestã
plecând de la – ºi în legãturã cu – anumiþi factori sociali. Hegel susþinea c㠄dacã
oamenii trebuie sã se intereseze de un lucru, este necesar ca ei sã poatã participa activ
la înfãptuirea lui” (Hegel, 1965, p. 105). Pentru Moscovici ºi Doise, necesitatea de a
participa identificã o adevãratã nevoie fundamentalã a oamenilor ºi „defineºte o relaþie
internã a oamenilor ce gândesc, iau decizii, acþioneazã în comunitate ºi sunt impulsionaþi
de aceasta, dar ºi pentru ea ºi în numele sãu; scos în afara comunitãþii, omul îºi pierde
identitatea” (Moscovici ºi Doise, 1992, p. 75).
Reflecþiile asupra bolii, realizate în cadrul întâlnirilor de grup, implicarea bolnavului
ºi a rudelor în activitãþile de recuperare ºi toate celelalte elemente distinctive descrise
mai sus, pe lângã faptul cã readuc în centrul atenþiei problema tratamentelor informale,
întãresc importanþa abordãrii participative la intervenþia socioasistenþialã.
Bogãþia rezultatelor obþinute pare sã încurajeze un rãspuns afirmativ la întrebarea
privitoare la utilitatea reprezentãrilor sociale pentru psihologia sãnãtãþii, dar mai ales
permite sã se ajungã la unele consideraþii cu un caracter mai general ce pot evidenþia
posibilele recãderi practice ale muncii de cercetare.
Tipul de participare pe care modelul Centrului de Zi îl contureazã, dar mai ales cel
pe care ne încurajeazã sã-l anticipãm, sã ni-l imaginãm pentru viitor, este un model nou
de intervenþie directã a cetãþenilor, foarte apropiat de autogestiune. Acesta, într-adevãr,
se deosebeºte de „simpla participare” de tip consensual, pentru cã prevede implicarea
utilizatorilor nu numai în faza de alegere, dar ºi în cea de decizie, de administrare ºi de
control al spaþiului ºi al serviciilor.
De fapt, boala nu este doar un eveniment biologic care-l loveºte pe individ ºi
mobilizeazã ºtiinþa medicilor. Ea este înainte de toate un „fapt social” ce antreneazã
raporturile de putere. Desfiinþarea inegalitãþilor, puterea de a vindeca ºi stãpânirea
propriei vieþi constituie cele trei dimensiuni a ceea ce Didier Fassin (1996) numeºte
„spaþiul politic al sãnãtãþii”. Din aceste motive, boala Alzheimer solicitã o mare cerere
de transformare a perspectivei asistenþiale.
A asista un pacient cu o astfel de boalã înseamnã a construi în timp ºi în situaþii
concrete, legate de contextul familial, o adevãratã relaþie de ajutor îndreptatã cãtre
întregul sistem relaþional. Este clar cã o asemenea perspectivã determinã medicii ºi pe
cei ce îi sprijinã sã gestioneze într-o manierã nouã aceastã boalã, finalizându-ºi
46
ROBERTO FASANELLI, IDA GALLI
intervenþia nu o datã cu vindecarea, ci cu „luarea în îngrijire” globalã, cu „a avea în
grij㔠calitatea vieþii nu numai a bolnavului, ci ºi pe cea a asistenþilor informali.
Dincolo de toate, trebuie sã þinem cont de faptul cã, date fiind proiecþiile demografice,
generaþia viitoare de persoane în vârstã va avea la dispoziþie mai puþini fii, nepoþi ºi
rude, ºi deci un numãr mai mic de îngrijitori (asistenþi). Pe lângã aceasta, proceselor de
transformare socialã le-au corespuns întotdeauna schimbãri în cultura serviciilor, în
sensul unei mai mari dorinþe de a le folosi, a unei mai mari conºtientizãri a propriilor
drepturi ºi a propriilor nevoi.
De aceea va fi nevoie sã punem în practicã politici sociale dotate cu creativitate,
inventivitate ºi inteligenþã care sã þinã cont de faptul cã familia ar putea sã nu mai fie pe
viitor un izvor de resurse ca în prezent, cã a fi asistent va fi o alegere, ºi nu o obligaþie
ºi cã respectul drepturilor omului trebuie sã se manifeste ºi în caz de boalã pentru a fi
respectat în orice alt moment al vieþii.
Traducere de Angela Pintilie
Abstract: The study of the relationship between social practice and social representation emerges
as one of the key issues within the history of social representation theory. Nevertheless, these
relationships are still today misunderstood and, paradoxically, rarely investigated. The following
study is aimed at identifying the mechanisms through which social representations are used within
a given context, specifically in the context of „taking responsibility for” and „taking care of” the
patient. The sample used for the study is made up of subjects for whom Alzheimer’s disease is the
object of symbolic daily interactions made through language, in accordance with the epistemological premises of the Theory of reference. From the internal structure point of view, the
same sample was divided into the following subsamples: (1) formal caregivers (medical and
paramedical personnel in health centers); (2) informal caregivers (relatives of the patient). In
order to study the social representations of Alzheimer’s disease as shown in the various subsamples
involved in the research, we start from the semantic-lexical field. The first component studied,
„Information”, was constructed through a lexical frequency statistical analysis using material
collected through free-association test. The data collected was later used as a means of accessing
the second component of the research, the „Field of representation”, identified through a
descriptive statistical analysis. To identify the central nucleus and the peripheral elements of this
type of social representation, the free-associated terms used by the subjects interviewed were
analyzed by using the Vergès’ „Evocation hiérarchisée” technique. Finally, the same subjects that
had participated in the free-association test were given a „semidirective” interview, through
which it was possible to have access to the content of the social representation studied. The data
from this phase of the research was analyzed for its categorical-frequential content. The results
obtained provide interesting observations on the social representations of health and illness as shown
by the people involved, directly or indirectly, with the altered or pathological states of the organism.
Résumé: L’étude des relations entre les pratiques sociales et les représentations constitue une des
questions nodales dans le processus évolutif de la Théorie des représentations sociales. Telles
relations sont encore méconnues et peu étudiées. Le but de notre recherche est d’identifier les
mécanismes au moyen desquels une représentation sociale est „mis en œuvre” à l’intérieur d’un
contexte donné, dans notre cas spécifique, dans un contexte de „prise en charge” et de „cure”.
Conformément aux prémisses épistémologiques de notre Théorie de référence, l’échantillon est
composé par des sujets pour lesquels la maladie d’Alzheimer constitue l’objet d’interactions symboliques quotidiennes, réalisées par l’intermédiaire du langage. Du point de vue de la structure,
l’échantillon a été subdivisé selon les sous-échantillons suivants: (1) caregivers formels (médicins
ou personnel paramédical); (2) caregivers informels (parents des malades). Pour étudier les
représentations sociales de l’Alzheimer des différents sous-échantillons, nous avons décidé de
RELAÞIILE DINTRE ACÞIUNILE DE ASISTENÞÃ ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE...
47
commencer par le champ lexical. La composante „information” a été étudiée en soumettant les
matériaux recueillis par les associations libres à une analyse fréquentielle de type lexical. Les
données recueillies ont été utilisées pour étudier la deuxième composante, le „champ de la
représentation”, identifié par une analyse statistique descriptive. Pour identifier le noyau central,
aussi bien que les éléments périphériques de la représentation sociale, on a analysé les termes
librement associés par les interviewés à travers la technique des «Évocations hiérarchisées» de
Vergès. Les mêmes sujets ont été soumis à un entretien semidirective, utile pour connaître le
contenu de la représentation sociale étudiée. Les données ont été traitées par une analyse de contenu
de type catégoriel-fréquentiel. Les résultats fournissent, entre autres, des éléments de réflexion très
intéressants sur les représentations sociales de la santé et de la maladie élaboré par des «publiques»
directement ou indirectement impliqués dans les états altérés ou pathologiques de l’organisme.
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Luminiþa Mihaela Iacob1, Loredana Gherasim2, Mona Huceanu3
Genul sau genurile reprezentãrii sociale a puterii?
Rezumat: Intersectarea problematicii puterii cu cea a categoriilor de sex este un loc comun pentru
literatura psihanaliticã, antropologicã sau sociologicã. Ne-a interesat în ce mãsurã analiza reprezentãrii sociale a puterii în cheia categoriilor de gen poate rãspunde întrebãrii din titlu. Printr-o
metodologie de tip asociativ, s-au cules date pentru conþinutul ºi structura a trei entitãþi:
reprezentarea socialã a puterii (RSP), constructul – „puteri masculine” (CPM), constructul –
„puteri feminine” (CPF). Compararea acestora din patru perspective – lexicalã, tematicã, semanticã
ºi pragmatic㠖 a evidenþiat existenþa, în cazul RSP, a unei dinamici a genului: de la o structurã
de gen pluralã la androginie, iar în plan pragmatic, la masculinitate. Sub rezerva validãrii
rezultatelor ºi pe alte categorii de subiecþi (cercetarea s-a bazat pe un lot de 120 de studenþi),
problematica puterii, în cheia reprezentãrii ei sociale, pare sã scape, parþial, de caracteristica
androcentrismului.
Puterea în psihologia social㠖 obiect de cercetare
„rãsfãþat ºi sexuat”
În câmpul psihologiei sociale, într-un interval de câteva decenii, problematica puterii a
fãcut saltul de la o „variabilã neglijat㔠(Cartwrigt, 1959) la o tem㠄rãsfãþatã”.
S. Moscovici este una dintre primele voci ale psihologiei sociale care a semnalat
decalajul frapant dintre statutul ontologic al puterii ºi reflectarea sa gnoseologicã (1961).
Sintetizându-i argumentaþia pe aceastã temã, prezentã în cartea de pionierat a teoriei
reprezentãrilor sociale – La psychanalyse, son image et son public, Ida Galli (1994)
conchide: „Puterea reprezenta în acea epocã un totem pentru societate ºi un tabu pentru
psihologia socialã”.
În ciuda acestui statut ºi start special, explicabile în bunã parte prin cecitatea
psihologiei sociale americane a primei jumãtãþi a secolului XX faþã de problematica
raporturilor de dominare de orice fel (Apfelbaum, 1997), recuperarea s-a fãcut relativ
rapid. O prezentare sinteticã în dublã cheie – contribuþii ale psihologiei (generale ºi
1. Universitatea „Alexandru Ioan Cuza”, Iaºi.
2. Universitatea „Alexandru Ioan Cuza”, Iaºi.
3. Absolventã a modulului de masterat „Relaþii umane ºi comunicare” din cadrul Facultãþii de
Psihologie ºi ªtiinþe ale Educaþiei, Universitatea „Alexandru Ioan Cuza”, Iaºi.
PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale
50
LUMINIÞA MIHAELA IACOB, LOREDANA GHERASIM, MONA HUCEANU
sociale), raportate la cele ale filosofiei, antropologiei, sociologiei – ne permite urmãrirea
traseului de asumare a tematicii puterii (Galli, 1983).
Inevitabil, prin intermediul unor direcþii prioritare ale psihologiei sociale – influenþa
socialã, raporturile interpersonale sau intergrupuri, status-roluri sociale, compararea
socialã, construirea identitãþii individuale ºi colective etc. –, problematica puterii a
interferat major cu cea a diferenþelor dintre sexe. De aici ºi pânã la a pune analiza puterii
în cheia acestei variabile naturale nu a mai fost decât un pas.
Psihologia socialã clinicã, specialitate a ºcolii franceze de psihologie, edificatã pe baze
psihanalitice, a pregãtit terenul construind în acest spaþiu comun. Câteva titluri sunt grãitoare:
N. Aubert et al., Le sexe du pouvoir (1986); E. Enriquez, Le pouvoir et son ombre
sexuelle (1986); M. Pages, Organisation et sexualité imaginaire (1986); J. Barus-Michel,
Pouvoir réel et sexe mythique ou le statut sexuel du pouvoir (1991); J. Barus-Michel, Le
mythe d’Œdipe, le sexe et le pouvoir (1991). Nu este de mirare cã, ºi în afara psihologiei
sociale clinice, tema apare ca incitantã, încât un numãr special al Revistei Internaþionale
de Psihologie Socialã abordeazã subiectul: „Sex, Gender, and Power” (1997).
De ce variabila sex sau corolarul sãu, stereotipurile de sex, par a fi în legãturã
naturalã cu fenomenologia puterii? Argumentele diverºilor autori þin de statutul puternic
prescriptiv al acþiunii acestei variabile sau al stereotipului asociat ei în raport cu alte
variabile sociale.
Raporturile de putere sunt între oameni reali, clar diferenþiaþi ca femei sau bãrbaþi.
Lecþia aceasta se învaþã de timpuriu ºi din experienþe directe, pe care alte variabile nu
le oferã totdeauna ºi la orice pas. Sexul este singura variabilã naturalã dihotomicã ºi,
prin aceasta, puternic salientã. Faþã de alte stereotipuri, cele de sex sunt foarte apropiate
de realitatea pe care o rezumã ºi, în acelaºi timp, larg împãrtãºite. Organizarea socialã
tradiþionalã, în toate segmentele ei, este marcatã de dihotomia de sex: de la activitãþi ºi
pânã la vestimentaþie. Breºa modernitãþii este încã nesemnificativã, dacã o judecãm
istoric ºi/sau geopolitic. Reflectarea simbolicã a acestei practici o oferã genul gramatical,
o prezenþã frecventã în limbile lumii4. Pe linia acestor argumente, care pot continua,
este fireascã poziþia celor care vãd în raporturile dintre sexe raporturi implicite de
poziþionare faþã de putere (Amancio, 1997). Cercetãrile intersectate putere-sex impun o
serie de concluzii. Dintre acestea le reþinem pe cele sintetizate de conceptele: asimetrie
funcþionalã, androcentrism ºi egalitate inegalã.
Asimetria funcþionalã sau structuralã (Durand-Delvigne, 1997) este o transpunere în
planul judecãþii sociale a inegalitãþii dintre grupele de sex. Planul cognitiv tinde sã
reacþioneze izomorf cu cel social, valorizând diferenþiat atributele masculinitãþii (preferate) ºi pe cele ale feminitãþii (devalorizate). Astfel, în ciuda afirmãrii egalitãþii celor
douã categorii, practica utilizãrii lor în compararea socialã le vãdeºte inegalitatea
funcþionalã ºi statutul asimetric din punct de vedere axiologic. Puse pe talerul balanþei
judecãþii sociale, cele douã trag diferit!
Discutarea problematicii sexelor în cheia raporturilor de putere face ºi mai relevant
conceptul de asimetrie funcþionalã. Forma în care îl regãsim este androcentrismul
4. În acest punct se cuvine sã subliniem concordanþa sau neconcordanþa dintre practica puterii ºi
genul ei sociologic, cu genul sãu psihologic (al perceperii fenomenului) ºi cu cel gramatical.
În italianã ºi francezã nu par a fi probleme: toate trei sunt masculine. În alte limbi însã,
diferenþa poate frapa.
GENUL SAU GENURILE REPREZENTÃRII SOCIALE A PUTERII?
51
(Lorenzi-Cioldi, 1997). Judecãþile de valoare au un singur referent, o normã consideratã
general valabilã: masculinitatea. Doar prin raportare la ea feminitatea îºi defineºte
specificul. Un lider femeie este mãsurat prin raportare la caracteristicile unui lider
bãrbat. Niciodatã ºi invers, chiar acolo unde practica democraticã ºi egalitatea juridicã
a sexelor este un bun cu tradiþie. Maniera în care androcentrismul, ca simptom al
asimetriei funcþionale, este engramat cultural face obiectul analizei Marisei Zavalloni.
„Dimensiunea sexualã a identitãþii, a fi femeie sau bãrbat, este fundamentalã, nu numai
pentru cã are o premisã geneticã primarã, ci, mai ales, pentru cã în cultura patriarhalã
ea înglobeazã tradiþional toate celelalte determinãri. Actorii istoriei, eroi naþionali,
religioºi, morali, chiar ºi Dumnezeu, se prezintã, înaintea oricãrei alte specificãri, ca
prototipuri ale masculinitãþii.” (Zavalloni, 1986, p. 367)
Cele douã, asimetria funcþionalã ºi androcentrismul, conduc firesc la egalitatea
inegalã (Masson-Maret, 1997; Kirchler, 1997). În esenþã, conceptul surprinde contradicþia dintre planul social ºi cel psihologic. Dacã reglementarea juridicã a poziþiei
sexelor statueazã egalitatea, psihologic, aceasta devine o egalitate inegalã. În situaþiile
de autoevaluare în contexte ce interfereazã cu poziþiile de putere, favorizarea instrumentalitãþii (caracteristicã masculinã) în detrimentul expresivitãþii (caracteristicã femininã)
apare atât la bãrbaþi, cât ºi la femei.
Pornind de la astfel de premise evidenþiate de cercetarea intersectãrii problematicii
puterii cu cea a variabilei de sex, ne-a interesat o dublã translare; pe de o parte, de la
fenomenologia puterii la cea a reprezentãrii ei sociale ºi, pe de altã parte, de la tematica
categoriilor de sex la dimensiunea ei psihologicã, cea a genului. Astfel, întreaga
problematicã discutatã pânã acum intrã în sfera construcþiilor simbolice ºi a raporturilor
pe care acestea le stabilesc. Ideea nu este nouã, sunt de menþionat deja explorãri ale
intersecþiei gen-stereotipuri naþionale (Eagly, et al., 1987; Lungu, 2001), gen-stereotipuri profesionale (Lorenzi-Cioldi, et al., 1988) ºi chiar gen-putere (Dumézil, 1984;
Bourhis et al., 1992; Neculau ºi Iacob, 2002).
Se cuvine sã subliniem cã ºi în aceste studii, ºi în demersul nostru intersecþia
gen-reprezentare socialã nu se face în maniera curentã: genul ca variabilã independentã,
categorie de analizã corelaþionalã. Aici genul apare în posturã de variabilã dependentã.
Altfel spus, nu ne intereseazã categoria de gen a subiecþilor ca variabilã de structurare
a reprezentãrii lor sociale despre putere. Suntem interesaþi sã aflãm cum percep subiecþii
noºtri genul puterii atunci când aceasta devine obiect social de referinþã. Concret, am
urmãrit dacã în reprezentarea socialã a puterii, ca obiect social puternic valorizat ºi în
cheie polarã (M-F), dimensiunea de gen este o reflectare a asimetriei funcþionale ºi a
androcentrismului sau are o manifestare mai complexã.
De la masculinitate la androginie ºi retur
Formularea din titlu surprinde concluzia cercetãrii noastre, menitã sã identifice genul
reprezentãrii sociale a puterii ºi formele sale de expresie.
52
LUMINIÞA MIHAELA IACOB, LOREDANA GHERASIM, MONA HUCEANU
1. Obiectiv ºi ipoteze
Þinta demersului investigativ a constituit-o tentativa de a vedea dacã ceea ce reclamã
psihanaliºtii, sociologii, antropologii – androcentrismul puterii – are acoperire semnificativã ºi în plan psihologic. Este masculinitatea trãsãtura semnificativã a reprezentãrii
sociale a puterii? Vorbim de genul acestei reprezentãri sau de genurile ei? Feminitatea,
androginia, nediferenþierea sunt oare categorii operaþionale pentru genul reprezentãrii
sociale a puterii? Ce resorturi intervin în dinamica genului acestei reprezentãri?
Ipotezele de lucru ale cercetãrii au fost:
– estimãm cã androcentrismul este foarte posibil sã se reflecte atât în raportarea
directã, cât ºi în cea indirectã a subiecþilor la obiectul reprezentãrii vizate;
– schimbarea planurilor analizei – lexical, tematic, semantic ºi pragmatic – sã nuanþeze
problematica genului reprezentãrii sociale a puterii;
– datã fiind polarizarea stereotipurilor de gen, apreciem cã atributele „puterilor masculine” vor prezenta diferenþe nete faþã de cele ale „puterilor feminine”5.
2. Variabila ºi operaþionalizarea ei
Ne-a interesat genul RSP indicat de natura ºi gradul interferenþei a trei entitãþi:
reprezentarea socialã a puterii, constructul „puteri masculine” (CPM), constructul
„puteri feminine” (CPF). Operaþionalizarea variabilei s-a concretizat prin cele patru
posibilitãþi: androginie – interferenþe puternice ºi relativ egale cu ambele constructe
(PM, PF); masculinitate – interferenþe dominante cu CPM; feminitate – interferenþe
dominante cu CPF; nediferenþiere – absenþa interferenþelor sau valori scãzute ºi relativ
egale ale acestora cu cele douã constructe. Este evident cã, prin natura acestei operaþionalizãri, studiul de faþã utilizeazã categoriile de gen într-o manierã principal asemãnãtoare
cu esenþa fiecãreia, teoretizatã de S. Bem (1987). În cercetarea de faþã, de pildã,
sintagma prototip a androginiei – „ºi M ºi F” – nu va fi operaþionalizatã în cheia
intensitãþilor ridicate ºi la atributele masculine ºi la cele feminine ale profilului de gen.
Pentru noi, „ºi M ºi F” consemneazã doar prezenþa lor concomitentã, relativ asemãnãtoare ca pondere. Este clar cã, sub aspectul metodologiei de identificare a categoriilor
de gen, nu existã nici o legãturã a cercetãrii noastre cu procedurile încetãþenite.
Analiza variabilei a urmãrit mai multe planuri: (a) lexical – numãr de cuvinte
comune vs. diferite; (b) tematic – teme identice vs. teme diferite; (c) semantic – sensuri
ºi tonalitãþi comune vs. diferite; (d) pragmatic – structuri funcþionale comune vs. diferite.
3. Subiecþi
Populaþia-þintã a fost constituit\ din studenþii secþiilor cu profil economic ºi sociouman
(filosofie, istorie, sociologie, asistenþã socialã, psihologie, pedagogie, psihopedagogie,
politologie) din cadrul Universitãþii „Alexandru Ioan Cuza”, Iaºi. Alegerea acestora a
5. În cazul lor vorbim de o caracterizare prin atribute, ºi nu de o reprezentare socialã, deoarece
constructele experimentale cu care am operat – „puteri masculine”, „puteri feminine” – nu
întrunesc condiþiile unui obiect social, singura realitate generatoare de reprezentãri sociale
(Neculau, 1996, 1997; Curelaru, 2001, 2003).
53
GENUL SAU GENURILE REPREZENTÃRII SOCIALE A PUTERII?
vizat valorificarea ºi contactul lor teoretic, nu doar experienþial, cu problematica puterii.
În funcþie de etapele cercetãrii, cei implicaþi au fost distribuiþi astfel (vezi tabelul 1):
Tabelul 1. Distribuþia celor implicaþi în funcþie de etapele cercetãrii
Etape ºi faze
Ü Etapa preliminarã:
a) faza 1
b) faza 2
Ü Etapa propriu-zisã:
a) faza 1 (directã)
b) faza 2 (indirectã6)
TOTAL
Numãr subiecþi
Numãr
bãieþi
fete
39
76
17
34
22
42
231
120
466
104
60
215
127
60
251
4. Metodologie
Consideraþii principale. Diversele tehnici de contextualizare situaþional㠖 consemnul de
substituþie, contextul de substituþie, contextul hibrid, contextul mimetic ºi cel natural
(Curelaru, 2003) – au ca menire sã dezvãluie cât mai mult din „zona mut㔠(Abric ºi
Guimelli, 2002) a unei reprezentãri. Miza metodologicã pe care ne-am asumat-o a fost
tentativa de a lãrgi câmpul prizei de conºtiinþã a subiecþilor faþã de obiectul cercetãrii:
genul reprezentãrii sociale a puterii. A apãrut astfel ideea utilizãrii unei manipulãri
reprezentaþionale (Zavalloni ºi Louis-Guerin, 1984), fãrã a schimba însã contextul
situaþional. Am avut în vedere faptul cã zona mutã a unei reprezentãri îºi poate avea
sorgintea nu doar în ceea ce este dificil de exprimat, ci ºi în ceea ce este mai puþin vizibil
dintr-un punct de vedere autoasumat sau indus de cercetãtor. Concret, în cazul puterii,
obiect social extrem de complex, era foarte posibil ca perspectiva genericã, saturatã de
multe ori de raportarea la puterea politicã sau economicã, sã oculteze, pentru moment,
diversitatea considerabilã a fenomenologiei puterii.
Consecinþa ar fi fost „recoltarea” de date ce þineau de o reprezentare social㠄flash”,
neacoperitoare pentru realitatea reprezentaþionalã cu care subiecþii opereazã în mod
curent în cazul puterii. Pe de o parte, pentru a diminua urmãrile acestui fenomen
inevitabil ºi, pe de altã parte, pentru a ne oferi materialul comparativ impus de
operaþionalizarea variabilei gen am recurs, în etapa culegerii datelor prin tehnica
asociativã, la o adaptare metodologicã7. Aceasta a vizat lãrgirea prizei de conºtiinþã a
subiecþilor asupra fenomenologiei puterii prin contextualizãri discursive succesive
direct-indirect þin de sensibilizarea, prin consemn, a subiecþilor faþã de
6. Caracteristicile
problematica genului puterii.
7. În asumarea riscului de a nu alege doar securitatea unei metodologii standard, deja verificate,
am fost încurajaþi de repetatele luãri de poziþie ale lui S. Moscovici (1986, p. 3) în care
pledeazã convingãtor pentru permanenta înnoire a cãilor cercetãrii: „În psihologia socialã nu
este posibil sã avem o metodã, ci un continuum metodologic”.
54
LUMINIÞA MIHAELA IACOB, LOREDANA GHERASIM, MONA HUCEANU
(Abric, 1994; Iacob, 2003), focalizate asupra unor categorii de putere – cele considerate
masculine sau feminine8.
Etape, faze ºi proceduri. Metodologic, cercetarea noastrã a avut douã etape de
culegere a datelor – preliminarã (a) ºi propriu-zisã (b) – ºi una de stabilire a strategiei
de prelucrare a datelor (c).
a) Miza etapei preliminare a fost identificarea la populaþia-þintã a repertoriului
referenþial al formelor puterii ºi categorizarea acestuia pe criteriul genului. Concret,
într-o primã fazã, pornind de la sintagme frecvente în vocabularul cotidian, 39 de
studenþi de la toate secþiile menþionate au avut ca sarcinã sã alcãtuiascã un inventar al
puterilor, luând în calcul o diversitate de criterii: domenii de exercitare (politic,
economic, juridic etc.), mijloace de exprimare (cuvânt, acþiune etc.), planul exprimãrii
(personal, social etc.), stilul (democratic, autoritar, laissez-faire etc.), forma (fizicã,
simbolicã, individualã, de grup, societalã etc.), sursa (natura, societatea, individul
etc.). Dintre cele 49 de puteri rezultate, primele 20, în ordinea frecvenþei, au fost supuse
fazei a doua: evaluarea ºi categorizarea de gen. 76 de studenþi din populaþia vizatã au
avut drept consemn sã indice genul9 fiecãrei puteri ºi sã evalueze gradul de relevanþã al
acestuia pentru puterea în cauzã. S-a utilizat o scalã cu 10 trepte, iar în fiºele de evaluare
poziþionarea celor 20 de puteri a fost diferitã, pentru a contracara consecinþele efectului
ordine. În baza diferenþelor semnificative dintre valorile masculinitãþii ºi feminitãþii
fiecãrei puteri (anexa I, tabelul 1) au putut fi stabilite ºi ierarhizate puterile „masculine”
(PM – 12), puterile „feminine” (PF – 16), cele „nediferenþiate” (PN – 2) – (anexa I,
tabelul 2). Androginia (scoruri mari, dar fãrã diferenþe statistice semnificative între ele,
ºi la masculinitate, ºi la feminitate) nu s-a dovedit o categorie operaþionalã pentru
evaluãrile subiecþilor noºtri.
Primele cinci puteri masculine (puterea bãrbatului, cea militarã, a mafiei, cea
totalitarã ºi politicã) ºi feminine (puterea mamei, a frumuseþii, a femeii, a seducþiei, a
binelui) au fost selectate ca material inductor pentru etapa propriu-zisã a culegerii
datelor.
b) În etapa de culegere a datelor s-au creat douã faze, diferenþiate prin maniera de
raportare a subiecþilor la obiectivul cercetãrii. În faza directã, celor 231 de studenþi li
s-au cerut: (1) sã poziþioneze cele ºase valori ale tipologiilor psihosociologice (Spranger,
Dilthey, Allport, Vernon apud P. Popescu-Neveanu, 1978) – cunoaºterea, credinþa,
economicul, frumosul, puterea, socialul – pe axa masculin-feminin, ºi (2) sã estimeze
procentual apropierea fiecãreia de cel mai apropiat pol al axei. Datele au fost prelucrate
ca medii ale poziþionãrii (M vs. F) ºi evaluãrilor procentuale. Faza indirectã a avut ca
mizã culegerea, prin procedee asociative succesive, a datelor pentru identificarea
reprezentãrii sociale a puterii ºi a atributelor definitorii pentru cele zece puteri selectate
în faza preliminarã. Faþã de cuvântul inductor putere, cei 120 de subiecþi au avut
8. Cele douã conceptualizãri cu care se opereazã în interiorul teoriei reprezentãrilor sociale –
contextualizãri reprezentaþionale, contextualizãri discursive – se referã la aceeaºi practicã:
repoziþionarea subiecþilor faþã de obiectul social supus atenþiei. Deosebirea de denumire este
datã de accentuarea unor dimensiuni diferite: reprezentarea cerinþei ºi activarea prin discurs
a acestei reprezentãri.
9. În prealabil, studenþii au fost familiarizaþi cu accepþiunile celor patru categorii de gen –
masculinitate, feminitate, androginie, nediferenþiere – din tipologia Sandrei Bem (1987).
GENUL SAU GENURILE REPREZENTÃRII SOCIALE A PUTERII?
55
urmãtoarele sarcini: (1) sã transcrie pe foile de rãspuns primele cinci cuvinte pe care le
asociazã puterii; (2) sã explice prezenþa fiecãrui cuvânt; (3) sã aleagã, dupã importanþã,
primele trei cuvinte ºi sã împartã între acestea un numãr de 10 puncte.
În sarcinile asociative ulterioare, menite sã lãrgeascã priza de conºtiinþã asupra
complexitãþii fenomenologiei puterii ºi sã activeze „zona mut㔠a reprezentãrii”, jumãtate
dintre subiecþi au îndeplinit aceiaºi paºi ca ºi cei de sus pentru cele cinci puteri masculine,
iar cealaltã jumãtate, pentru cele cinci puteri feminine.
Deºi indispensabilã, am considerat-o o fazã indirectã în raport cu obiectivul cercetãrii
deoarece poziþionarea subiecþilor faþã de genul reprezentãrii sociale a fost doar implicitã.
Ei au fãcut asociaþii pornind de la puteri estimate ca feminine sau masculine, dar
verbalizarea acestor categorii de gen nu a existat în consemn.
c) Prelucrarea datelor. Tratamentul informaþiilor obþinute a fost complex. Pe de o
parte s-a oprit la nivelul lexicului, dar ºi al categoriilor tematice. Totodatã, analiza
materialului discursiv s-a fãcut atât în planul conþinutului semantic (dicþionarul puterii în
general versus dicþionarele puterilor considerate masculine sau feminine), cât ºi pragmatic, sub aspectul organizãrii sale funcþionale. Din acest punct de vedere, identificarea
principiilor interne de structurare ºi depistarea reperelor-cheie10 au avut la bazã o
strategie clasicã, cea a corelaþiei celor douã criterii: frecvenþa itemilor ºi rangul lor
dupã importanþa atribuitã de subiecþi.
Dacã în planul lexical al analizei ne-au interesat prezenþa sau absenþa unui cuvânt sau
teme în cele trei dicþionare ºi felul în care este alimentat dicþionarul reprezentãri sociale
ale puterii de cãtre dicþionarele puterilor masculine ºi feminine, alta a fost miza evaluãrii
pragmatice a materialului. Comparaþia la nivelul structurilor de bazã ale materialului
discursiv a urmãrit sã vadã cât de asemãnãtoare este maniera utilizãrii celor trei
dicþionare. Aceasta deoarece se ºtie cã un fond lexical, în bunã parte comun, poate avea
valenþe semantice deosebite, iar pragmatic, sã fie semnificativ diferenþiat. În stabilirea
temelor ºi analizarea semanticã a întregului material discursiv evaluat 11 s-a lucrat cu un
juriu expert format din cinci persoane. Pentru analiza calitativã, din repertoriul statisticilor descriptive s-a operat cu media frecvenþelor ºi cea a importanþei, iar în cea
cantitativã s-au utilizat tehnici statistice inferenþiale: testul t pentru eºantioane perechi
ºi testul t pentru eºantioane independente.
10. Deoarece metodologia noastrã nu acoperã decât douã dintre cerinþele analizei unei reprezentãri
sociale – reperarea conþinutului reprezentãrii ºi studiul relaþiilor dintre elemente, a ierarhiei
ºi importanþei lor relative (Abric, apud Curelaru, 2001) –, lipsindu-i procedeele de determinare ºi control al centralitãþii, nu utilizãm conceptul de nucleu central, chiar dacã elementele
depistate au ºanse mari sã-l reprezinte.
11. Volumul lexical obþinut a fost impresionant, 3.600 de cuvinte. În prelucrarea datelor au intrat
însã cele 2.160 de cuvinte alese ºi evaluate de subiecþi dupã importanþã.
56
LUMINIÞA MIHAELA IACOB, LOREDANA GHERASIM, MONA HUCEANU
5. Rezultate. Discuþie ºi interpretãri
a) Perspectiva lexicalã. O prezentare a principalelor date se regãse[te în tabelul 2 ºi
anexa II.
600
360
209
CPM
1500
900
213
CPF
1500
900
175
48
(23%)
99
(47%)
62
(30%)
–
138
(65%)
101
(58%)
138
(66%)
–
109
(62%)
101
(48%)
109
(51%)
–
–
59
(28%)
58
(33%)
Nr. cuvinte
diferite de
CPF
RSP
Nr. cuvinte
diferite de
CPM
Nr. cuvinte
analizate
Cuvinte
unice dupã
reducerea
semanticã
Aportul
specific la
RSP
Nr. cuvinte
comune cu
RSP
Nr. cuvinte
comune cu
CPM
Nr. cuvinte
comune cu
CPF
Nr. cuvinte
diferite de
RSP
Nr. cuvinte
produse
Entitãþi
Tabelul 2. Perspectiva lexical\. Interferen]e `ntre cele trei entit\]i comparate
71
(34%)
108
(51%)
66
(31%)
–
66
(38%)
–
O primã precizare este cã lexicul analizat a fost de douã ori filtrat. O datã cantitativ
(doar cuvintele alese ºi ierarhizate de subiecþi din totalul generat: 2.160 din 3.600), a
doua oarã calitativ, dupã reducerile semantice (sinonime, plural-singular, adjectiv-substantiv etc.).
Este de remarcat cã, deºi s-a plecat de la un volum lexical net diferit, de trei ori mai
mare în cazul constructelor PM, PF, totuºi, semantic, materialul rezultat a fost comparabil: 209, 213, 175 de cuvinte. Faptul pare sã indice cã dimensiunea lexicalã în sine
nu poate oferi repere prognostice asupra bogãþiei sale semantice. Ne putem gândi cã,
indiferent de volumul lexical recoltat ºi de manipulãrile menite a-l îmbogãþi, dicþionarul
unei reprezentãri sociale are, semantic, o dimensiune fluctuantã nesemnificativã.
Analiza cuvintelor comune celor trei entitãþi ºi a celor prin care interfereazã luate pe
perechi – (RSP-CPM, RSP-CPF, CPM-CPF) –, corelate cu ponderile diferenþelor,
permit câteva sublinieri:
• fondul lexical comun al celor trei dicþionare este apreciabil. El reprezintã mai mult
de o treime din reprezentarea socialã a puterii ºi din repertoriul constructului PM ºi
aproape jumãtate din CPF;
• la o comparaþie în perechi, lexicul celor douã constructe vãdeºte o ºi mai mare
interferenþã cu dicþionarul RSP: 65% pentru PM ºi 58% pentru PF (anexa II, figura 1).
Aceasta înseamnã cã materialul discursiv al RPS este alimentat major (77%) de
atributele celor douã ºi doar în micã mãsurã (23%) el rezervã loc celei de-a patra
categorii de gen: nediferenþierea. Faptul are semnificaþia sa specialã. Este o bunã
probã a interferenþei reprezentãrii puterii cu problematica genului. Dacã raportul
identificat ar fi arãtat invers – 77% nediferenþiere, 23% masculinitate ºi/sau feminitate –, obiectul cercetãrii noastre nu s-ar fi justificat.
La nivel lexical, formula de gen a RSP se dovedeºte complexã, fiind ilustrate toate
cele patru categorii: androginie (37%); masculinitate (29%); nediferenþiere (23%) ºi
57
GENUL SAU GENURILE REPREZENTÃRII SOCIALE A PUTERII?
feminitate (11%). Acest prim rezultat contravine tezei larg încetãþenite care diagnosticheazã fenomenologia ºi reprezentarea puterii ca fiind androcentrice. O explicaþie posibilã
este cã subiecþii noºtri, ºi prin natura orientãrii lor vocaþionale – specializãri economice
ºi socioumane –, s-au orientat permanent ambivalent: puterea ca atribut individual, o
caracteristicã a personalitãþii ºi, în acelaºi timp, puterea ca fenomen social. O bunã
dovadã a plauzibilitãþii acestei explicaþii este chiar structura tipurilor de putere oferitã de
populaþia-þintã (anexa I, tabelul 2). În fiecare dintre cele trei categorii, amestecul putere
individual㠖 putere socialã este prezent.
În absenþa unei contextualizãri anume, subiecþii în cauzã au oferit o reprezentare
socialã care, în plan lexical, nu prezintã o singurã dominantã de gen, chiar dacã
androginia ºi masculinitatea, prin ponderea lor, sunt reperele primare.
b) Perspectiva tematicã. Juriul expert a operat o categorizare tematicã a celor trei
dicþionare. Operaþia a condus la identificarea a 23 de teme12. Interferenþele acestora sunt
prezentate în tabelul 3 ºi anexa II (figura 2).
Nr. teme
diferite de
CPF
18
Nr. teme
diferite de
CPM
CPF
Nr. teme
diferite de
RSP
21
Nr. teme
comune cu
CPF
CPM
2
(9%)
3
(14%)
0
(0%)
Nr. teme
comune cu
CPM
22
Nr. teme
comune cu
RSP
Nr. teme
RSP
Aportul
special la
RSP
Entitãþi
Tabelul 3. Perspectiva tematicã. Interferenþe între cele trei entitãþi comparate
/
20
(91%)
17
(77%)
–
2
(9%)
20
(95%)
–
18
(86%)
1
(5%)
–
2
(9%)
3
(14%)
17
(94%)
18
(100%)
–
1
(5%)
0
(0%)
–
Analiza datelor ne permite sã observãm cã ceea ce apãrea în planul lexical ca tendinþã
se manifestã acum cu relevanþã:
• ponderea temelor comune celor trei entitãþi este norma materialului discursiv (17);
• interferenþele între perechi – RSP-CPM (95%); RSP-CPF (94%) – sunt aproape
identice, ceea ce indicã coincidenþã tematicã a RPS cu cele douã constructe;
• apare o mare asemãnare ºi între CPM ºi CPF (18 teme). Practic, sub aspect tematic,
CPF este inclus în CPM.
În consecinþã, chiar dacã analiza tematicã duce ºi ea la identificarea unei formule de
gen complexe – androginie (77%), masculinitate (14%), nediferenþiere (9%) –, de data
aceasta dominanta RSP este clarã: androginia. Câmpul discursiv este ocupat hotãrâtor
12. Deºi temele t20, t21, t22 sunt categorii cu un singur element, ele au rãmas în analizã deoarece,
în materialul discursiv primar (provenit de la cele cinci cuvinte), acestea sunt comparabile
altor teme. Ele au 4, 9 ºi 6 elemente diferite. Singura temã cu un singur element, t 23, îºi
compenseazã sãrãcia repertoriului prin frecvenþa ºi intensitatea evocãrii acelui element.
58
LUMINIÞA MIHAELA IACOB, LOREDANA GHERASIM, MONA HUCEANU
de teme care sunt, concomitent, ale repertoriului puterilor masculine, dar, cu aceleaºi
grade înalte de cuprindere, ºi ale celor feminine.
Din acest punct de vedere, manipularea prin cele douã serii de stimuli nu a adus un
spor categorial. Dar, tocmai prin aceasta, ea a oferit certitudinea cã, tematic, RSP este
suficient de cuprinzãtoare. În cazul sãu, zona mut㠖 patru teme în plus aduse de CPM
ºi CPF – nu este hotãrâtoare pentru inventarul tematic.
c) Perspectiva semanticã. Androginia planului tematic de RSP este totuºi o concluzie
de etapã. În absenþa analizei conþinuturilor fiecãrei teme ºi a tonalitãþii acestora (pozitivã,
negativã, neutrã sau mixtã), discuþia rãmâne incompletã. Este util sã vedem interferenþele
din interiorul fiecãrei teme. Sunt aceleaºi cuvinte, sunt ele diferite? Ce predominã în
experimentarea unei categorii tematice, asemãnãrile sau deosebirile? Sunt temele identice
susþinute semantic diferit? Tonalitatea de ansamblu a celor trei entitãþi este asemãnãtoare
sau diferitã? Principalele rãspunsuri la acest gen de interogaþii se regãsesc în datele din
tabelele 4 ºi 5.
Tabelul 4. Perspectiva semanticã. Teme comune – cuvinte comune vs. cuvinte diferite
Nr.
crt.
TEME
1.
Premise ale P
2.
Mijloace ale P
3.
Consecinþe ale P
4.
Condiþii ale P
5.
Caract. generale ale P
6.
Avantaje ale P
7.
Simboluri ale P
8.
Instituþii ale P
9.
Primejdii ale P
10.
Deþinãtori ai P
11.
Tipuri ale P
12.
Profesioniºti ai P
13.
Roluri ale P
14.
Personaje-etalon
15.
Obiectul P
16.
Diverse
17.
Însemne ale P
18.
Elemente corelate P
19.
Activitãþi
20.
Statute de P
21.
Organizaþii
22.
Forme ale P
23.
Funcþii ale P
TOTAL cuvinte
Numãr de cuvinte în
RPS
CPM
CPF
32
25
23
22
13
12
11
10
10
7
7
6
6
5
4
4
3
3
3
1
1
1
0
209
29
26
22
19
15
7
12
11
21
6
3
2
4
8
6
–
–
9
5
1
3
3
1
213
31
23
18
17
13
6
6
–
16
8
1
1
2
4
8
–
–
12
6
2
–
–
1
175
Numãrul de cuvinte
comune în
RSP, CPM,
RSPRSPCPF
CPM
CPF
20
26
25
10
19
15
10
17
13
11
16
14
12
13
12
3
5
3
1
3
1
–
8
–
5
10
6
–
3
4
–
3
–
–
1
1
1
4
–
1
2
1
–
2
1
–
–
–
–
–
–
2
2
2
2
2
2
–
–
1
–
1
–
–
1
–
–
–
–
78
138
101
GENUL SAU GENURILE REPREZENTÃRII SOCIALE A PUTERII?
59
Câteva observaþii se impun:
• este frapantã relativa asemãnare dintre cele trei entitãþi sub aspectul numãrului de
cuvinte circumscrise fiecãrei teme;
• doar trei teme fac excepþie: primejdii care pândesc puterea (9), elemente corelate
puterii (18), activitãþi ce implicã puterea (19). Lor le este comun faptul cã, în cazul
lor, dicþionarele CPM ºi CPF sunt mult mai bogate decât cel al RSP. Pentru primele
douã teme menþionate, diferenþa este notabilã: 10-21(!)-16; 3-9-12(!);
• regula care pare sã opereze la 16 dintre cele 23 de teme este cã se gãsesc mai mulþi
termeni în constructul masculin decât în cel feminin pentru a exprima aceeaºi categorie;
• în ºase cazuri îns㠖 temele 1, 10, 15, 18, 19 ºi 20 –, constructul puterilor feminine
inverseazã raportul, distanþându-se mai mult decât CPM de acoperirea temei respective
în RSP;
• sunt de semnalat situaþiile de excepþie: o temã fãrã reprezentare în CPF – instituþii
ale puterii (8); douã teme fãrã acoperire în cele douã constructe, dar prezente în
RSP – însemne ale puterii (17), aspecte diverse (16); ºi o temã propusã de cele douã
constructe – funcþii ale puterii (23), dar neprezentã în RSP.
Mai semnificative pentru concluziile acestui plan de analizã sunt interferenþele
semantice la nivelul temelor. Analiza datelor din coloanele 6, 7 ºi 8 ale tabelului 4
indicã:
1. Primele teme, cele care adunã cea mai mare parte a materialului lexical general,
prezintã ºi o interferenþã semanticã ridicatã. Cu procente foarte mari – 92% (t 5) ºi
mari – 63% (t1); 50% (t4); 45% (t3); 40% (t2) – de exprimare a acestor teme prin
aceleaºi cuvinte, indiferent de natura dicþionarului – putere în general, puteri
masculine, puteri feminine – se poate acredita ideea cã androginia RSP are ºi temei
semantic. Altfel spus, în cazul temelor principale, aceiaºi termeni pot fi regãsiþi în
cele trei dicþionare, chiar dacã lor li se adaugã ºi alþii specifici. Ipoteza androginiei
semantice a RSP este susþinutã suplimentar ºi de ponderea mare a aceloraºi cuvinte
ºi în interferenþele pe perechi: RSP-CPM (66%); RSP-CPF (48%). Pentru a ilustra
cu cazul temei 1 – premise ale puterii – este semnificativ cã în dicþionarul RSP se vor
gãsi doar 6 cuvinte noi faþã de dicþionarul puterilor masculine, în rest, celelalte 26
fiind aceleaºi. Dacã se va pleca de la dicþionarul puterilor feminine, la cele 25 de
cuvinte care desemneazã premise ale puterii (t1) se vor adãuga, prin consultarea
dicþionarului RSP, doar alte ºapte cuvinte.
2. La nivelul temelor secundare ca diversitate semanticã, se disting mai multe situaþii:
– teme în care, la fel ca în temele principale, regula interferenþei puternice (cuvintele
comune dominã) este clarã: t18, t19, t22;
– altele în care exprimarea aceleiaºi teme prin cuvinte diferite în cele trei dicþionare
este norma: t12, t14, t15;
– teme ambivalente; caracteristica acestora este cã prezintã o puternicã interferenþã
doar cu unul dintre celelalte douã dicþionare. Este cazul temei 13 – roluri ale
puterii – în care, în dicþionarul RSP ºi în cel al CPM, se regãsesc cinci cuvinte
comune din ºase. Prin contrast, dicþionarul RSP are un singur cuvânt comun cu
CPF;
60
LUMINIÞA MIHAELA IACOB, LOREDANA GHERASIM, MONA HUCEANU
– teme în care orice urmã a androginiei se pierde ºi transpare doar interferenþa în
registrul masculinitãþii. Sunt ilustrative temele t8, t21 ºi t22, inexistente în dicþionarul CPF.
3. O informaþie interesantã o poate oferi analizei categoria specialã a cuvintelor pluritematice. Pornind de la sensurile conferite cuvintelor respective de subiecþi, acestea au
fost încadrate, de echipa expert, în diverse teme. Ne-a interesat sã vedem dacã în cele
trei dicþionare, jurizate separat, astfel de cuvinte ocupã poziþii asemãnãtoare sau diferite.
În cazul cuvântului bani, subiecþii au probat un maxim de funcþionalitate. Nu mai
puþin de ºase teme îl încorporeazã: t1 – banul ca premisã a puterii; t2 – banul ca mijloc
al puterii; t3 – banul drept consecinþã a exercitãrii puterii; t4 – banul, o condiþie a
puterii; t6 – banul, un avantaj ºi chiar t15 – banul ca obiect al puterii. Încadrarea în
schema de sus se regãseºte în toate cele trei dicþionare. Aceeaºi situaþie ºi pentru
sensurile multiple conferite cuvântului independenþã: t3 – consecinþã a puterii; t4 – condiþie
a puterii; t6 – avantaj al puterii.
Similaritatea încadrãrii tematice se verificã ºi pentru celelalte cuvinte pluritematice:
popularitate, forþã, dinamism, dominare, fricã, relaþie, prestigiu, frumuseþe etc. Faptul
este un argument suplimentar în favoarea menþinerii încadrãrii de gen deja identificate.
Tendinþa androginã ca dominantã a planului semantic al RSP poate fi verificatã ºi
prin rezultatele obþinute în registrul tonalitãþii conþinuturilor celor trei dicþionare.
Una dintre cele mai delicate sarcini ale juriului expert a fost sã evalueze conþinutul
celor trei entitãþi analizate ºi comparate sub aspectul tonalitãþii fiecãrui cuvânt inclus în
dicþionare. Orientându-se dupã explicaþiile furnizate de subiecþi pentru asociaþiile produse,
s-a estimat semnificaþia pozitivã, negativã, neutrã sau mixtã a materialului discursiv al
fiecãrui dicþionar (tabelul 5).
Tabelul 5. Tonalitãþile celor trei entitãþi
Entitãþi
RSP
CPM
CPF
Pozitivã
64%
57%
63%
Negativã
17%
26%
21%
Neutrã
9%
4%
5%
Mixtã
10%
11%
11%
ªi sub acest aspect asemãnãrile sunt frapante. Dominarea netã a tonalitãþii pozitive în
materialul asociativ produs de subiecþi se explicã prin ambivalenþa raportãrii lor la
putere – resursã individualã, fenomen social. Supralicitarea tentei pozitive în cazul celei
dintâi a compensat tonalitatea negativã mai accentuatã a temelor vizând fenomenologia
socialã a puterii. Din totalul celor 23 de teme, doar una singur㠖 t4 – primejdii care
pândesc puterea – are o tonalitate exclusiv negativã în toate cele trei dicþionare. Cu un
statut ambivalent în dicþionarul RSP sunt t2 – mijloace ale puterii ºi t3 – consecinþe ale
puterii. Raportate la celelalte douã dicþionare, se remarcã deosebiri în statutul lor. Tema
t2 rãmâne ambivalentã în ambele registre – CPM, CPF, în timp ce tema consecinþele
puterii (t3) are o tonalitate preponderent pozitivã în dicþionarul CPF ºi preponderent
negativã în cel al CPM. Se poate conchide cã ºi sub aspectul interferenþelor de tonalitate,
androginia semanticã a RSP se menþine.
GENUL SAU GENURILE REPREZENTÃRII SOCIALE A PUTERII?
61
d) Perspectiva pragmaticã. Dacã cele trei analize anterioare – lexicalã, tematicã,
semantic㠖 au permis compararea celor trei dicþionare sub aspectul conþinutului ºi al
structurii lor, perspectiva pragmaticã ne poate indica maniera în care acest material
discursiv este utilizat. Sunt, ºi în acest plan, mai prezente asemãnãrile decât deosebirile?
Compararea funcþionalitãþii celor trei dicþionare va confirma tendinþa androginã identificatã pânã acum?
Douã serii de date ne oferã rãspunsuri: configuraþiile structurilor tematice ale celor
trei dicþionare (figura 1) ºi ierarhia primelor zece cuvinte (reperele-cheie) ale fiecãrui
dicþionar (tabelul 6). Ambele serii de date au la bazã valorile corelate ale frecvenþelor ºi
intensitãþilor temelor/cuvintelor, ceea ce a condus la identificarea rangurilor ºi la
poziþionarea acestora dupã semnificaþia lor statisticã.
Figura 1. Perspectiva pragmaticã. Structura tematicã
a entitãþilor comparate dupã palierele de semnificaþie
62
LUMINIÞA MIHAELA IACOB, LOREDANA GHERASIM, MONA HUCEANU
Analiza datelor din cele trei grafice impune câteva observaþii:
La nivelul palierelor de semnificaþie ale ierarhiei tematice, comparaþia în perechi ne
aratã o identitate în structurã funcþionalã a RSP ºi CPM (5 paliere) ºi neasemãnare între
RSP ºi CPF (5 vs. 3 paliere). Faptul indicã o utilizare mai nuanþatã a primelor douã
dicþionare ºi mai nediferenþiatã în cazul celui de-al treilea. Dacã am încerca sã vizualizãm
aceastã constatare, am putea spune cã, dupã frecvenþa apelului la temele din dicþionare,
primele douã pot fi tipãrite în cinci culori, în timp ce al treilea admite doar trei. În cazul
acestuia, din cauza pasului mare dintre primul palier ºi celelalte douã, ne putem aºtepta
ca paginile celui dintâi sã fie deja extrem de uzate faþã de restul dicþionarului. Situaþia
nu se regãseºte decât în repertoriul CPF.
Dacã primul palier al celor trei dicþionare este pus sub semnul asemãnãrii (CPM-RSP –
67%; CPF-RSP – 50%), diferenþe majore caracterizeazã restul acestor structuri funcþionale.
Cele trei teme aflate la vârful ierarhiei funcþionale (cel mai des citate, dar ºi puternic
valorizate) – t1 – premise personale ale puterii, t2 – avantaje ale puterii; t5 – condiþii ale
puterii – ilustreazã perfect ambivalenþa raportãrii subiecþilor la stimulul inductor: puterea
ca atribut personal, puterea ca fenomen social.
Apelul la reperele-cheie ale fiecãrui dicþionar ne poate fi util pentru a tranºa tendinþa
de gen manifestatã în planul pragmatic. Deci, se impune compararea primelor zece
cuvinte, cel mai frecvent ºi cel mai intens asociate de subiecþii noºtri celor trei entitãþi –
putere, „puteri masculine”, „puteri feminine” (tabelul 5).
Tabelul 6. Perspectiva pragmaticã. Repere-cheie în entitãþile comparate
RSP
Bani
Autoritate
Forþã
Inteligenþã
Influenþã
Preºedinte
Curaj
Siguranþã
Perseverenþã
Corupþie
Rg.
1
2,5
2,5
4,5
4,5
8
8
8
8
8
CPM
Forþã
Bani
Autoritate
Corupþie
Apãrare
Influenþã
Ierarhie
Distrugere
Nedreptate
Siguranþã
Rg.
1
2
3,5
3,5
7
7
7
7
7
7
CPF
Dragoste
Atracþie
Frumuseþe
Inteligenþã
Bunãtate
Înþelegere
Grijã
Carismã
Femeie
Manipulare
Rg.
1
3
3
3
6
6
6
9
9
9
Acest punct al analizei vine cu accente foarte clare:
1. Ocuparea neuniformã a primelor zece poziþii este norma funcþionalã a celor trei
entitãþi. Se remarcã pasul mare (douã intervale) între primul ºi urmãtoarele elemente
din CPF. Situaþia ne aminteºte de cea identificatã anterior la teme.
2. Cu doar 10% elemente comune cu RSP, constructul PF face notã distinctã. Constatarea este întãritã de comparaþia între primele trei ranguri. La acest nivel de vârf,
cele douã nu au nimic în comun!
3. Asemãnarea RSP-CPM rãmâne ridicatã (60%). Dacã plasãm comparaþia la primele
trei poziþii, putem vorbi chiar de identitate de conþinut ºi de ranguri înrudite.
GENUL SAU GENURILE REPREZENTÃRII SOCIALE A PUTERII?
63
4. Este extrem de clarã disjuncþia funcþionalã dintre constructe. CPM ºi CPF nu au nici
un reper-cheie comun. Mai mult chiar, cele 20 de cuvinte pot fi aranjate [i în perechi
polare: forþ\ vs. dragoste; autoritate vs. atracþie; apãrare vs. înþelegere; distrugere
vs. grijã etc. Constatarea este o bunã ilustrare a categoriilor de gen M ºi F din
modelul ortogonal al Sandrei Bem13.
Dacã am transforma primele ranguri în materialul de construcþie a trei definiþii
funcþionale, rezultatul analizei noastre devine evident:
– putere = bani, autoritate, forþã;
– „puteri masculine” = forþã, bani, autoritate, corupþie;
– „puteri feminine” = dragoste, atracþie, frumuseþe, inteligenþã.
Astfel, analiza RSP din perspectivã pragmaticã ne duce spre o concluzie certã:
masculinitatea este norma de gen a acestei reprezentãri.
Argumentarea titlului ales pentru a surprinde dinamica genului RSP – de la masculinitate la androginie ºi retur – s-a fãcut gradual: planul lexical a dat câºtig de cauzã unei
orientãri de gen plurale, cea tematicã ºi semanticã au identificat ca dominantã androginia,
iar cea pragmaticã, masculinitatea. De ce totuºi punctul de pornire l-am conferit masculinitãþii? Titlul a avut în vedere ºi surprinderea poziþiei subiecþilor la sarcina de evaluare
directã a genului puterii. Astfel, pe axa masculinitate-feminitate, faþã de celelalte cinci
valori evaluate, puterea a fost apreciatã de 94% dintre cei 231 de subiecþi ca fiind o
chestiune ce þine de jumãtatea masculinã a axei. ªi cea de-a doua estimare, cea a
gradului intensitãþii masculinitãþii sale, este convingãtoare: 78%. Dacã prin evaluare
directã, subiecþii nu par a avea dubii privind genul RSP, evaluarea indirectã, supusã
celor patru analize succesive operate, este mai nuanþatã ºi ne-a permis sã identificãm
temeiul acestei evaluãri: masculinitatea RSP are o bazã funcþionalã.
Concluzii
Sub rezerva unei operaþionalizãri sui-generis în raport cu practica curentã a variabilei
gen ºi a unei metodologii cu adaptãri personale, concluziile cercetãrii noastre confirmã,
dar ºi completeazã formularea ipotezelor de start.
Identificarea variabilei urmãrite prin compararea RSP cu douã constructe – „puteri
masculine”, „puteri feminine” – obþinute prin manipularea câmpului discursiv al subiecþilor
ne-a permis sã constatãm complexitatea poziþionãrii RSP în raport cu problematica genului.
Dacã în evaluarea directã androcentrismul se regãseºte în afirmarea categoricã a
masculinitãþii puterii (78%) ca intensitate, fiind cea mai puternicã dintre valorile plasate
de subiecþi în jumãtatea masculinã a axei M-F de cãtre majoritatea zdrobitoare a
subiecþilor (94%), raportarea indirectã a populaþiei-þintã la variabila gen este mult mai
nuanþatã.
13. În modelul citat, cele patru genuri sunt reprezentate de cadranele delimitate de intersecþia
axelor masculinitate ºi feminitate, axe cu valori crescãtoare. Astfel, formulele celor patru
sunt: masculinitate (M+, F-); feminitate (M-, F+); androginie (M+, F+); nediferenþiere
(M-, F-).
64
LUMINIÞA MIHAELA IACOB, LOREDANA GHERASIM, MONA HUCEANU
Judecat sub aspect lexical, dicþionarul RSP face proba existenþei tuturor celor patru
categorii de gen în ordinea: androginie (37%), masculinitate (29%), nediferenþiere
(23%), feminitate (11%).
Din acest punct de vedere, suntem mai degrabã în faþa unei combinaþii de genuri
decât în prezenþa unei dominante de gen. Analiza tematicã impune o altã concluzie:
androginie. Dintre cele 22 de teme care supraordoneazã materialul lexical al dicþionarului
RSP (209 cuvinte), 17 sunt comune cu dicþionarele celor douã constructe – PM, PF – ºi
alte trei comune cu tematica definitorie a PM.
Din perspectivã semanticã, teza androginiei RSP gãseºte susþinere mai ales în planul
tonalitãþii cuvintelor ºi în maniera de exprimare a temelor dominante: apelul preponderent la aceleaºi cuvinte în cele trei dicþionare.
Analiza pragmaticã a materialului discursiv readuce încadrarea de gen a RSP în
câmpul masculinitãþii. Identitatea de structurã funcþionalã cu CPM, interferenþa mare
(60%) cu primele zece repere-cheie ale acestuia, diferenþa vizibilã faþã de structura
funcþionalã a CPF ºi interferenþa extrem de micã la nivelul primelor zece repere-cheie
ale acestuia (10%) ne readuc în faþã formula caracteristicã masculinitãþii: M+, F-.
Aceastã dinamicã a genului RSP, evidenþiatã pe mãsura schimbãrii planurilor analizei,
confirmã cea de-a doua ipotezã a studiului.
Diferenþa netã dintre atributele celor douã constructe utilizate ca material comparativ
cu RSP se verificã doar în plan pragmatic. Lexical, tematic ºi semantic, atributele celor
douã dicþionare prezintã în mai mare mãsurã asemãnãri decât deosebiri. Astfel, cea de
a treia ipotezã este contrazisã de analiza tematicã ºi prea puþin susþinutã de perspectivele
lexicalã ºi semanticã.
În esenþã, demersul nostru a sugerat calea prin care androcentrismul puterii se
reflectã în masculinitatea RSP: funcþionalitatea dicþionarului puterii, maniera de a-l
utiliza. Nu cuvintele dicþionarului RSP, nu sensurile asociate acestora ºi nici temele care
le supraordoneazã sunt mai asemãnãtoare cu similarele lor din dicþionarul PM. Aceste
elemente se regãsesc în mare mãsurã ºi în dicþionarul PF. Dicþionarul RSP ºi cel al CPM
au în comun paginile la care se deschid cel mai frecvent. În fapt, spunând putere,
subiecþii noºtri spun bani, autoritate ºi forþ㠖 tocmai reperele-cheie ale „puterii
masculine”.
În fapt, dacã prin conþinut ºi structurã RSP cocheteazã cu androginia, pragmatic ea
devine o realitate simbolicã dominatã de mustaþã ºi pantaloni.
Abstract: The crossing between power issues and gender issues is a common place for the
psychoanalytical, anthropological or sociological literature. We were interested in answering the
question in the title by analyzing the social representation of power through gender categories.
We have used an associative method to gather data regarding the content and the structure of three
entities: the social representation of power (SRP), the „masculine power” construct (MPC) and the
„feminine power” construct (FPC). Their comparison was made from four different perspectives:
lexical, thematic, semantic and pragmatic. The analysis showed for the SRP the existence of
gender dynamics: from a multiple structure of gender to androgyny, and for the pragmatic
dimension from a multiple structure of gender to masculinity. Although we should consider the
results with some caution as being representative for other categories of subjects (the subjects
were 120 students), we can assert that the power issue, seen through its social representation,
seems to partially lack the „androcentrism”.
65
GENUL SAU GENURILE REPREZENTÃRII SOCIALE A PUTERII?
Résumé: Le croisement entre le sujet du pouvoir et celui du genre est un lieu commun pour la
littérature psychanalytique, anthropologique ou sociologique. Nous sommes intéressés à répondre
à la question suggérée dans le titre par l’analyse de la représentation sociale du pouvoir à travers
les catégories de genre. Nous avons employé une méthode associative pour recueillir des données
concernant le contenu et la structure des trois entités: la représentation sociale du pouvoir (RSP),
le construit de «pouvoir masculin» (CPM) et le construit de «pouvoir féminin» (CPF). Leur
comparaison a été faite des quatre perspectives: lexicale, thématique, sémantique et pragmatique.
L’analyse montre pour le RSP la présence d’une dynamique du genre: d’une structure multiple
du genre vers l’androgynie, et pour la dimension pragmatique, d’une structure multiple du genre
vers la masculinité. Bien qu’il faille regarder les résultats comme relatives sur l’aspect de leur
représentativité pour autres catégories des sujets (nos sujets sont 120 étudiants), nous pouvons
conclure que le sujet du pouvoir, vu par sa représentation sociale, manque partiellement «l’androcentrism».
Anexa I
Tabelul 1. Valori ale masculinitãþii ºi feminitãþii. Masculinitatea-feminitatea puterilor
Tipuri de puteri
Puterea totalitarã
Puterea frumuseþii
Puterea individualã
Puterea mafiei
Puterea opiniei publice
Puterea justiþiei
Puterea mass– media
Puterea femeii
Puterea militarã
Puterea politicã
Puterea economicã
Puterea mamei/maternã
Puterea cuvântului
Puterea conducãtorului
Puterea civilizaþiei
Puterea religiei
Puterea bãrbatului
Puterea seducþiei
Puterea binelui
Puterea democraþiei
Media
fem.
0,09
9,04
2,82
0,15
1,79
1,38
2,07
8,76
0,00
0,12
0,57
9,52
4,72
0,53
2,75
4,12
0,00
8,27
6,29
1,53
Media masc.
t
p
Categorii
7,69
0,00
4,14
8,34
5,07
5,87
4,50
0,00
8,78
7,63
6,67
0,00
2,65
7,05
4,34
3,53
8,78
0,45
1,38
5,57
– 29,25
78,10
– 1,75
– 27,88
– 4,96
– 7,81
3,60
45,00
– 57,4
– 27,04
– 13,37
97,2
2,67
– 14,40
– 2,09
0,73
– 54,64
19,52
7,51
– 6,27
0,000
0,000
0,082
0,000
0,000
0,000
0,001
0,000
0,000
0,000
0,000
0,000
0,009
0,000
0,039
0,048
0,000
0,000
0,000
0,000
%
&
&%
%
%
%
%
&
%
%
%
&
&
%
%
&%
%
&
&
%
66
LUMINIÞA MIHAELA IACOB, LOREDANA GHERASIM, MONA HUCEANU
Tabelul 2. Categorii de putere. Categorii de putere dupã gen
Puteri masculine
Puterea bãrbatului
Puterea militarã
Puterea mafiei
Puterea totalitarã
Puterea politicã
Puterea conducãtorului
Puterea economicã
Puterea justiþiei
Puterea democraþiei
Puterea opiniei publice
Puterea mass-media
Puterea civilizaþiei
Puteri feminine
Puterea mamei
Puterea frumuseþii
Puterea femeii
Puterea seducþiei
Puterea binelui
Puterea cuvântului
Nediferenþiate
Puterea religiei
Puterea individualã
Anexa II
Figura 1. Interferenþele ºi volumul lexical al entitãþilor comparate
GENUL SAU GENURILE REPREZENTÃRII SOCIALE A PUTERII?
67
Figura 2. Interferenþele tematice ale entitãþilor comparate
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Anne-Marie Mamontoff1
Effets des représentations sociales sur les pratiques
nouvelles: les Tsiganes et l’école
Résumé: La structure et la dynamique de la représentation sociale de l’école des Tsiganes
constituent une explication de l’échec scolaire récurrent de ces populations. Ce travail met en
évidence que dans le cadre d’une rencontre interculturelle entre Tsiganes et non-Tsiganes, la
représentation – en tant que signifiant culturel – a un effet prépondérant sur les pratiques sociales
imposées par le milieu, notamment les pratiques scolaires. En effet, la dynamique cognitive mise
en œuvre par le groupe lui permet de préserver une identité culturelle menacée au travers de
pratiques sociales contradictoires avec son système de valeurs. Les résultats font apparaître une
représentation sociale de l’école non autonome, gérée par deux principes organisateurs antagonistes – la tradition et la modernité – de sorte que la dynamique représentationnelle s’organise
à partir d’une sous-structuration périphérique. Celle-ci est activée d’une part par les pratiques et
les discours environnants (imposés), et d’autre part par les valeurs anciennes qui réinterprètent
certains aspects de la nouveauté. Ceci fait que la pratique nouvelle existe mais démunie du sens
véhiculé par l’institution scolaire car dominée par l’attribution du sens traditionnel et de ce fait,
sous la gestion de l’ancienneté. Ainsi les pratiques scolaires malgré leur récurrence n’ont pas
induit une évolution dans la manière de penser l’école. Elles ont au contraire généré une dynamique
cognitive qui préserve l’idéologie traditionnelle et qui semble s’être cristallisée sous la forme d’un
système de défense pérenne.
La sédentarisation des Tsiganes est maintenant un fait historique qui s’est traduit en
France – entre autres – par l’obligation légale de scolariser les enfants jusqu’à l’âge de
16 ans, un fort taux d’absentéisme pouvant entraîner la suppression des allocations
familiales. Pourtant, les Tsiganes, pour la plupart, se comportent vis-à-vis de l’école
d’une manière incompréhensible pour ceux qui ne font pas partie de leur univers
culturel. Malgré les multiples initiatives pédagogiques mises en œuvre pour réussir
l’intégration scolaire tsigane, le constat reste celui de l’échec. L’échec scolaire est
encore une de nos représentations que les Tsiganes ne partagent pas puisque pour eux la
réussite scolaire est synonyme de rupture avec les liens communautaires. «La notion
d’échec scolaire, bien évidemment, est tout aussi relative que celle de réussite. Pour les
Tsiganes, l’échec scolaire est un échec de l’école qui n’a pas su les accueillir, ni les
retenir, ni leur fournir les éléments d’une adaptation au monde moderne. Il y a même
1. Université de Perpignan, France.
PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale
70
ANNE-MARIE MAMONTOFF
une fierté (compensatoire?) à souligner que sans l’école (donc sans l’aide des non-Tsiganes)
les Tsiganes se sont bien débrouillés.» (Liégeois, 1997, p. 191) C’est un fait que les
Tsiganes résistent à toute tentative d’insertion scolaire au sens d’une véritable acquisition
de la pratique et de l’idéologie qu’elle véhicule. «Les élèves de l’ethnie gitane se
singularisent par un échec scolaire massif, des taux élevés de retard scolaire, d’absentéisme
et d’abandon précoce de l’école. Le retour à l’illettrisme est fréquent, les sorties sans
qualification nombreuses et les intégrations à un niveau élevé rares. Force nous est
d’admettre que c’est l’école qui est ici en échec, non le groupe considéré.» (Fieu, 2001,
p. 4)
Cette longue sédentarisation, concomitante d’une récurrence des pratiques nouvelles,
aurait dû entraîner une évolution des mentalités allant vers l’acceptation du système et
vers une progressive réussite scolaire. Or le constat d’échec est constamment renouvelé
chez la majorité. On fait alors l’hypothèse que la raison de cet échec est à placer dans
la nature même de la représentation de l’école qu’ont les Tsiganes. On se trouve ici dans
le cadre d’une rencontre de cultures antagonistes en termes d’idéologies et de pratiques.
Les conditions individuelles sur lesquelles l’école travaille sont incompatibles avec les
conditions de l’apprentissage tsigane, qui s’inscrivent dans une idéologie étrangère à
toute forme d’individualisme, voire de liberté individuelle. Notre société met au sommet
de la hiérarchie des valeurs la liberté individuelle où le sens de la responsabilité et
l’autonomie sont alors les constituants d’une identité personnelle singulière et fortement
individualiste (Beauvois, 1994). Cette conception est totalement opposée à l’éducation
tsigane qui développe très largement l’identité sociale. Si dans nos sociétés l’identité
personnelle et l’identité sociale peuvent être vécues simultanément, cependant, dans
certaines cultures et/ou sociétés ne n’est pas toujours le cas (Deschamps et Devos,
1999).
Dans ce contexte, on est en droit de s’interroger sur la structure et la dynamique
d’une représentation qui porte sur un objet social ayant le statut de valeur dans notre
société et qui est perçu comme objet déstructurant de l’identité dans la société tsigane.
Culture, représentations et pratiques
Notre approche de la culture se situe dans la perspective d’une anthropologie psychologique qui met l’accent sur le caractère singulier des référents culturels et qui mène à
la notion de pattern ou modèle, qui permet de rendre compte de ce quelque chose qui
singularise les cultures (Camilleri et Vinsonneau, 2002).
Dans cette optique, la culture est un ensemble cohérent de manières d’agir, de penser
et de sentir, apprises et partagées par une pluralité d’individus permettant de caractériser
l’ensemble social (Albouy, 1990). Les différents comportements sont organisés à partir
d’un ensemble modelé qui a des effets sur les états psychologiques, ainsi sur les attitudes,
les systèmes de valeurs et la connaissance (Linton, 1986).
La culture est une programmation collective de l’esprit humain: cette programmation
mentale est constituée par des éléments fondamentaux qui sont les valeurs (Bollinger et
Hofstede, 1987). Les valeurs traduisent des idéaux hiérarchisés que les sociétés se
donnent nécessairement et qui constituent leur ordre moral, esthétique, intellectuel.
C’est en fonction d’un système de valeurs que les individus portent des jugements sur la
ÉFFETS DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES SUR LES PRATIQUES NOUVELLES...
71
réalité sociale (Albouy, 1990). Cette programmation de l’esprit intervient très tôt.
L’enfant au cours de sa socialisation apprend le code commun des significations de son
système de valeurs. Celui-ci guide ses manières de penser et de se conduire. On dira
alors que les pratiques sociales sont des systèmes d’actions socialement structurés,
porteuses de significations inhérentes à la culture dans laquelle elles s’inscrivent. Ceci
revient à dire que les pratiques sociales mises en œuvre par les sujets ne peuvent être
indépendantes des normes et des valeurs auxquelles elles se rattachent (Abric, 1994).
Pour Hofstede (1991), dans la rencontre interculturelle, les pratiques constituent l’entité
de contact entre les deux groupes. Celles-ci mènent au noyau dur qui va traduire les
valeurs. «Il ne suffit pas que l’individu soit engagé dans une pratique pour qu’il la
reconnaisse sienne et se l’approprie. Encore faut-il qu’elle lui apparaisse comme
acceptable par rapport au système de valeurs qui est le sien.» (Abric, 1994, p. 220)
Chaque culture détermine les prescriptions et les interdits, apprend à percevoir les
stimuli selon les règles spécifiques et à leur donner un sens particulier. «À l’intérieur
d’un univers culturel donné, on ne peut pas percevoir le monde n’importe comment: la
perception opère dans cet univers selon des conventions bien précises, la culture
désignant les stimuli à percevoir, tout en y associant symboles et valeurs (positives et
négatives) (…)» (Vinsonneau, 1997, p. 80) En effet, la culture nous apprend le sens à
attribuer aux objets sociaux dans une échelle de valeurs ce qui suppose une opération
cognitive de maniement du réel. «On pense que le modèle, en tant que forme intériorisé
par le sujet, amène celui-ci à privilégier la configuration des significations qui sont en
conformité avec elle, ce qui l’incline à appréhender les choses d’une façon déterminée.»
(Camilleri et Vinsonneau, 2002, p. 14) La culture permet l’enracinement dans les
mémoires collectives des significations les plus persistantes et les plus partagées d’un
groupe social relativement à un stimulus. Les sujets élaborent alors des attitudes, des
représentations et des comportements consensuellement valorisés et constamment reproduits
(Camilleri, 1985).
La notion de représentation sociale à laquelle nous faisons référence ici se situe dans
la perspective de Moscovici (1961) qui pose que toute réalité est représentée. Les
représentations sociales sont définies comme des ensembles de croyances, d’opinions,
d’attitudes, d’informations… partagées par un groupe. Ces représentations renvoient à
des modes de constructions socio-cognitifs qui traduisent une activité mentale de
réappropriation du réel dans un univers cognitif familier. Nous avons vu que cette
reconstruction mentale suppose une attribution de sens aux objets sociaux à partir d’un
modèle culturel. Les représentations sociales s’inscrivent dans des «matrices culturelles
d’interprétation» (Grize, Vergès et Silem, 1987). Elles sont des modes de pensée qui se
fabriquent au fur et à mesure à partir de réserves de savoirs, de traditions, d’idéologies
(Seca, 2001). Elles se construisent, se sédimentent et évoluent dans l’histoire. «La phase
d’émergence se situe entre l’apparition d’un objet nouveau et problématique et l’apparition de savoirs stables et consensuels directement rattachés à cet objet.» (Moliner,
2001, p. 248) La culture prescrit alors l’importance à donner aux objets sociaux,
engendre des idéologies, des croyances, des valeurs et des pratiques partagées, ancrées
dans les mémoires collectives à travers des représentations sociales «fortes», autonomes.
Ceci signifie que d’une culture à une autre l’importance attribuée à un objet social
varie: ce qui constituera un objet social important dans une culture (générant une
représentation «forte», autonome) peut ne pas se voir attribuer la même signification
72
ANNE-MARIE MAMONTOFF
dans une autre culture. Ainsi, quand un élément nouveau vient altérer l’environnement
d’un groupe et qu’il remet en cause des mentalités traditionnelles, de nouvelles représentations peuvent naître. Cependant, selon les cas, la représentation émergente aura des
caractéristiques différentes en raison de l’importance de l’objet social pour le groupe.
C’est ainsi que l’on parle de représentations «fortes» et de représentations «faibles». «Il
existerait, d’une part, des représentations fortes, structurées, captatrices et pourvoyeuses
de sens, rassembleuses d’enchaînements de cognitions, de symboles et croyances, et,
d’autre part, des RS faibles, peu organisées, assez labiles, englobées ou encastrées dans
les précédentes, plus „stables”, enveloppantes. Tout objet (social, physique ou autre) de
l’environnement ne donne pas systématiquement lieu à une RS forte ou autonome,
impliquant un système socio-cognitif avec une structure unique (noyau central) (…)»
(Seca, 2001, p. 43) Enfin, parler de culture renvoie obligatoirement au problème posé
par le lien entre idéologie et représentation. Nous ne rentrerons pas dans la question des
différents modèles et concepts de l’idéologie. Ici, elle nous intéresse en tant que «matrice
de représentations compatibles» (Rouquette, 1997, p. 125), dans l’univers d’un groupe
social. L’idéologie permet d’expliquer le lien entre les valorisations d’une catégorie
d’objets et les normes partagées par un groupe, opposées à d’autres (Gaffié et Marchand,
2001). Selon ces auteurs, si les groupes sociaux déchiffrent la réalité selon des logiques
différenciatrices c’est aussi parce qu’ils estiment ne pas devoir penser comme les autres;
il y a une correspondance entre les contenus et les processus de traitement de l’information et les différenciations sociales car l’une des composantes essentielles de l’idéologie
c’est son ancrage dans les conflits intergroupes, «(…) la représentation s’élabore au
travers des rapports tissés dans la division sociale (…), elle porte aussi l’expression de
l’identité du groupe (…)» (Gaffié et Marchand, 2001, p. 208).
Représentation autonome
Abric (1994) pose que toute représentation sociale est organisée en un système central
et en système périphérique. Cette organisation est celle que l’on retrouve dans la notion
de représentation sociale autonome ou représentation forte, ce qui signifie que la
représentation possède un principe organisateur interne unique, le noyau central ou
noyau structurant. Les éléments ou cognitions du noyau central sont indispensables à la
connaissance de l’objet, ce qui se traduit à ce niveau par un consensus. «En effet, c’est
le noyau qui permet aux individus de s’entendre sur une définition commune de l’objet.»
(Moliner, 2001, p. 28) Le système central est lié aux conditions historiques, sociologiques et idéologiques; directement associé aux valeurs et aux normes, il constitue la
base commune, proprement sociale et collective du groupe (Abric, 1994). C’est la zone
de stabilité des représentations où se cristallisent les contenus des mémoires collectives,
marquées par les spécificités culturelles et idéologiques.
Sous la dépendance du système central se trouve le système périphérique, composé
de cognitions opérationnelles car permettant la concrétisation du noyau en termes de
pratiques et de prises de position. Ces cognitions élémentaires qui composent la périphérie sont des traductions concrètes des notions abstraites du noyau (Moliner, 2001).
Elles sont de ce fait liées au contexte immédiat dans lequel évolue la représentation.
L’un des rôles essentiel du système périphérique est de défendre et de protéger le noyau.
ÉFFETS DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES SUR LES PRATIQUES NOUVELLES...
73
Si celui-ci subi une attaque – en raison par exemple de pratiques explicitement contradictoires –, c’est la périphérie qui va plus ou moins évoluer et tenter de préserver les
schèmes centraux. Ceci fait que les cognitions périphériques admettent les contradictions
et les conflits. Enfin, ces cognitions n’ont pas toutes la même importance ou si l’on
préfère, elles sont hiérarchisées en fonction de leur proximité (connexité) du noyau
central. Certaines d’entre elles peuvent avoir une très forte saillance, proche ou égale à
une cognition centrale. «(…) un élément périphérique saillant, tire sa saillance d’un lien
direct avec le noyau central (…)» (Flament, 1994a, p. 88) On peut envisager le système
périphérique comme un espace sémantique ouvert, qui sert «d’écorce» au système
central et qui prépare, soit de manière isolée, soit sous forme d’agrégats aux combinaisons multiples, à intégrer le système central (Roussiau et Bonardi, 2001).
Représentation non autonome
Quand on parle de représentations non autonomes, on se réfère aux représentations
«faibles». «Une représentation peut ne pas être véritablement autonome, c’est en particulier le cas des objets sociaux nouveaux qui ne peuvent se construire que par référence
à des objets anciens. Dans ce cas ils dépendent d’une ou de plusieurs autres représentations.» (Vergès, 2001, p. 553)
La représentation non autonome s’organise à partir de plusieurs thèmes extérieurs, à
la différence de la représentation autonome qui se structure à partir d’un seul principe
organisateur, le noyau central. Les principes organisateurs d’une représentation non
autonome sont diversifiés; «(…) en quelque sorte, une représentation sociale non
autonome est multiple. Notamment en ce qui concerne les divers systèmes conditionnels
associés respectivement à ces divers principes organisateurs. Dans cette perspective, on
peut s’attendre à quelques conflits cognitifs à l’intérieur de cette représentation sociale
multiple (…)» (Flament, 1994b, p. 44) Selon cet auteur, l’autonomisation de la représentation sociale serait l’une des formes de résolution de ces conflits.
Certaines études mettent en évidence l’émergence de représentations sociales non
autonomes. C’est le cas de la représentation sociale du SIDA (Morin, Vergès, 1992),
(Morin, 1994); la représentation sociale de la relation éducative chez les instituteurs
(Katerelos, 1993) et la représentation sociale du médicament (Browarski, 2001). L’idée
générale qui ressort de ces travaux est celle d’une représentation où la perception de
l’objet sociale est différente selon le principe organisateur utilisé.
Dans la perspective qui est la nôtre, nous retiendrons plus particulièrement les
travaux de Katerelos (1993). Ceux-ci mettent en lumière une représentation sociale
structurée à partir de deux principes antagonistes. L’auteur étudie la représentation de la
relation éducative des instituteurs travaillant dans des écoles situées en zone «difficile»
(ZEP), et des instituteurs intervenant dans des écoles situées en zone «normale».
Katerelos propose la notion de sous-structuration périphérique (SSP) pour expliquer la
dynamique de la représentation. Celle-ci serait structurée, mais possèderait également
une SSP assez autonome. Le système central de la représentation serait axé sur un mode
de relation pédagogique libérale et la SSP serait axée sur un mode de relation traditionnelle, autoritaire. Dans certains cas, quand les circonstances l’exigent, c’est la SSP qui
serait activée, venant substituer le noyau central, de sorte que celui-ci ne soit pas remis
74
ANNE-MARIE MAMONTOFF
en cause, d’où le terme de SSP autonome qui révèle une dynamique économique d’un
point de vue cognitif; «(…) la subordination d’une sous-structuration périphérique à un
système central constituerait, dans tous les cas, un mode de gestion économique de la
réalité puisqu’il y a activation rapide d’une grille de lecture adaptée aux situations
rencontrées» (Roussiau et Bonardi, 2001, p. 166). La sous-structuration périphérique
rend le système économique, permettant de préserver le noyau central face à des
pratiques quotidiennes qui le remettent en cause. «Les deux systèmes coexistent, sans
contradiction, car c’est l’un ou bien l’autre qui est activé.» (Flament, 1994b, p. 102)
Procédure
Elle est organisée en deux phases: une phase exploratoire et l’étude de la représentation
proprement dite. La phase exploratoire s’appuie sur des entretiens en profondeur dont
l’objectif est de dégager des informations sur l’apprentissage traditionnel et sur l’école.
L’échantillon ici est composé de 80 sujets tziganes sédentaires, semi-sédentaires, Gitans
et Manouches, hommes et femmes, âgés de plus de 45 ans. D’un point de vue technique,
le dépouillement des entretiens a été effectué sur la base d’un repérage des discours
similaires dans l’ensemble des entretiens. Puis nous avons effectué un classement des
réponses dans des catégories exprimant divers aspects de l’apprentissage.
Pour l’étude de la représentation sociale de l’école on a utilisé deux questionnaires:
un questionnaire d’évocation (Vergès, 1994) et un questionnaire de mise en cause
(Moliner, 1994). Pour le premier, la population est composée de 175 sujets sédentaires
et semi-sédentaires, Gitans et Manouches, garçons et filles scolarisés entre 7 et 16 ans,
hommes et femmes âgés entre 17 et 70 ans. Pour le second, l’échantillon se compose
de 180 sujets, d’âge compris entre 7 et 20 ans, garçons et filles, Gitans sédentaires,
semi-sédentaires et Manouches voyageurs.
Le questionnaire d’évocation
Il permet de repérer les éléments appartenant à la représentation à partir de productions
verbales. On présente au sujet un mot inducteur et on lui demande d’écrire les termes qui
lui viennent à l’esprit. Cette méthode permet de cerner la dimension collective de la
représentation, son caractère «majoritaire». Ce consensus s’obtient à partir du calcul des
fréquences de chaque terme évoqué. Normalement on calcule également le rang moyen
qui donne un résumé des classements individuels. Dans ce cas on tient compte de l’ordre
d’évocation en demandant aux sujets de souligner les deux termes les plus importants
pour eux. L’étude conjointe de la fréquence et du rang moyen donne des indices de la
centralité. Cependant, dans notre cas, nous nous sommes limités au calcul de la fréquence
étant donné que l’évocation se fait oralement (la plupart ne savent ni lire ni écrire), ce
qui fait que les sujets ne peuvent souligner les deux termes les plus importants. Il faut
donc leur lire la liste qu’ils ont donnée et leur demander de préciser les deux termes les
plus importants. La majorité retient les deux derniers ou bien elle considère tous les
termes importants. Seule une minorité prête attention et fait un choix réfléchi.
ÉFFETS DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES SUR LES PRATIQUES NOUVELLES...
75
Le questionnaire de mise en cause
Celui-ci nous permet de vérifier la centralité des éléments saillants du questionnaire
d’évocation. La technique de ce questionnaire consiste à mettre en cause des caractéristiques qui paraissent essentielles, indispensables à la définition de l’objet. Par exemple,
si l’on pense que lire, écrire et compter semblent être l’une des caractéristiques
fondamentales de l’école, on demande alors au sujet s’il reconnaît l’objet sans ces
caractéristiques. Si ce n’est pas le cas (qu’il ne reconnaît plus l’objet), alors on conclut
que cet aspect est central.
Dans notre cas, la formule utilisée est la suivante: David va tous les jours dans un
endroit qui ne lui apprend pas à lire, écrire et compter. D’après toi, est-ce qu’il va à
l’école? Nous avons effectué cette mise en cause pour l’ensemble des aspects évoqués,
car comme nous le verrons, ils ont en général un taux de fréquence élevée au questionnaire d’évocation.
Résultats
Analyse des protocoles d’entretien: caractéristiques de l’apprentissage traditionnel
Les réponses sont classées en cinq catégories:
1.
2.
3.
4.
5.
Objectifs de l’apprentissage traditionnel.
Ses contenus.
Ses modalités.
Les bénéfices attendus.
L’école
1. Objectifs
Les objectifs de l’apprentissage s’articulent essentiellement autour de deux axes: un
apprentissage que l’on peut qualifier de «professionnel» et un apprentissage qui est
réservé à l’éducation de l’enfant. Le premier concerne l’ensemble des stratégies pour
survivre qui se traduit par l’acquisition et la maîtrise de pratiques professionnelles
spécifiques. Le second est orienté vers l’apprentissage de l’éducation proprement dite au
sens de l’acquisition des valeurs et des normes du groupe. Les deux axes supposent des
contenus particuliers.
2. Contenus
Concernant l’apprentissage des pratiques professionnelles, les contenus s’articulent sur
trois volets: l’apprentissage de savoir-faire concernant des métiers très variés2 (toujours
effectués pour le compte de non-Tsiganes); l’apprentissage d’un discours adapté à la
culture d’accueil et l’apprentissage des codes culturels qui constituent les piliers de
l’éducation tsigane.
2. La liste des métiers traditionnels exercés par les Tsiganes est très vaste et concerne des secteurs
économiques extrêmement différents qui ne feront pas l’objet d’un développement ici.
76
ANNE-MARIE MAMONTOFF
Concernant le premier volet, les enfants sont formés à des pratiques professionnelles
polyvalentes, de sorte qu’ils sont capables d’exercer une pluralité de métiers et qu’ils
apprennent à développer des habilités manuelles et cognitives très diversifiées. Par
exemple, le Tsigane peut utiliser ses compétences artistiques en jouant un instrument de
musique ou en chantant dans un orchestre ambulant l’été, puis l’hiver faire du commerce
ou travailler sur les marchés. On peut parler d’une plurispécialisation où l’apprentissage
ne s’oriente pas vers l’acquisition de connaissances ou de pratiques concernant un métier
spécifique – comme c’est le cas chez les non-Tsiganes –, mais bien vers la maîtrise d’une
somme d’habilités cognitives, artistiques et/ou manuelles qui concerne une pluralité de
métiers. Cette polyvalence permet de s’adapter aux différents contextes économiques en
fonction des déplacements, et par-delà, préserver une liberté qui bannit le salariat et la
dépendance vis-à-vis des non-Tsiganes.
Pour le second volet, il s’agit d’un apprentissage de la culture d’accueil: sa langue,
ses coutumes, ses attentes, ses normes, ses croyances, sa législation… Il s’agit de
l’apprentissage du code culturel de la société environnante, de la «psychologie» du
non-Tsigane. En effet, pour parvenir à négocier des prestations de services avec les
non-Tsiganes, pour les convaincre du bien-fondé de l’acquisition d’objets divers, il faut
utiliser un discours adapté à leur culture, à leur mode de penser. Ceci ne se fera pas au
hasard; il faudra préalablement s’imprégner des pratiques normatives et sociétales des
«clients» potentiels. Il faudra connaître et maîtriser le discours normatif.
Le contenu de l’apprentissage porte également sur un volet que l’on peut dénommer
«éducatif». Celui-ci concerne les prescriptions culturelles, voire le code des bonnes
conduites. Il s’agit de transmettre à l’enfant le contenu idéologique qui fonde le corpus
des valeurs et qui détermine le sens des pratiques sociales. Le sens attribué aux pratiques
sociales tsiganes diffère considérablement du sens attribué dans les pratiques de la
culture d’accueil. Par exemple, dans notre éducation, la discipline est un aspect fondamental qui concerne les pratiques scolaires et professionnelles; elle n’est pas conçue de
la sorte chez les Tsiganes. Très rapidement, l’enfant apprend qu’il doit respecter des
critères normatifs qui ne concernent pas une sphère matérielle liée au respect des
horaires, à une obligation de présence, à un rendement scolaire… mais une sphère
symbolique qui permet la sauvegarde de l’identité et de l’honneur du groupe. En
d’autres termes, la discipline n’a de sens que par rapport à un code moral. L’ensemble
des pratiques sociales s’inscrit alors dans un registre de liberté relativement à des
contraintes matérielles. Ainsi, les comportements tsiganes apparaissent comme déviants
par rapport à notre société. Puis, si l’on se penche sur la notion de sanction, celle-ci
s’applique seulement quand l’un d’entre eux a enfreint une loi sacrée et non quand il a
manqué, par exemple, de discipline.
3. Modalités
On se réfère ici à la «pédagogie» de l’apprentissage. La source première et unique de
l’apprentissage et de l’éducation se situe au sein de la famille, véritable institution chez
les Tsiganes. Celle-ci assure à elle seule un rôle éducatif qui n’est relégué ni partagé
avec aucune autre institution, à la différence de nos sociétés où l’éducation revient aux
parents mais aussi à l’institution scolaire. La famille tsigane se charge également de la
fonction pédagogique au sens de la transmission des savoirs. Ceux-ci sont véhiculés à
ÉFFETS DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES SUR LES PRATIQUES NOUVELLES...
77
travers des pratiques discursives et manuelles au fil des générations. Le Tsigane ne
reconnaît aucune autre source d’enseignement ni dans sa forme, ni dans son contenu, ni
dans son idéologie. L’apprentissage est effectué dans un cadre collectif communautaire
où l’enfant se forme en faisant comme les autres, en participant à la tâche, sous la
surveillance discrète du groupe. La notion de distance hiérarchique entre les individus –
si prégnante dans notre société – est inexistante dans la leur. L’apprentissage (comme le
travail puisque l’enfant apprend en travaillant) se fait dans un espace collectif qui laisse
pour compte toute notion de supérieur hiérarchique et de subordonné, d’enseignant et
d’élève. La différenciation des tâches se fait sur la base de l’âge et du sexe et non en
raison de la légitimité des statuts. Enfin, les horaires de travail varient autant que la
durée et le lieu.
4. Bénéfices attendus
S’agissant d’une pratique du/ou des métiers, l’apprentissage est immédiatement opérationnel car l’enfant est déjà un élément productif du groupe. Il s’agit d’un apprentissage
qui donne un savoir-faire pratique permettant de contribuer très tôt au maintien de la
famille. Gagner de l’argent n’est pas une fin en soi, mais bien le moyen de survivre et
de maintenir un mode de vie libre de contraintes matérielles. Les gains sont répartis au
sein de la famille et servent à vivre au jour le jour. L’ambition personnelle ayant pour
but l’enrichissement, les prévisions en termes de retraite et d’économie, n’existent pas
dans l’univers tsigane. L’argent n’a pas de valeur en soi; il n’est pas considéré comme
un élément de pouvoir, de domination; il doit seulement permettre de faire vivre une
idéologie fondée sur la liberté d’aller et de venir. Les bénéfices que retirent les Tsiganes
de leurs activités professionnelles sont beaucoup plus à situer dans uns sphère idéologique
que dans une sphère matérialiste, celle-ci se limitant à des bénéfices rudimentaires.
5. L’école
Les points saillants qui apparaissent dans le discours se situent autour de: a) l’inadaptation et l’inutilité de l’école; b) sa rigidité, voire son racisme; c) l’idéologie qu’elle véhicule.
a) L’inadaptation concerne autant les contenus que la pédagogie ou les modalités
d’enseignement. Pour ce qui concerne les contenus, ils apparaissent totalement inadaptés
aux besoins et aux caractéristiques intellectuelles des Tsiganes. Les besoins se traduisent
par la nécessité immédiate de travailler, mais dans leur domaine de compétence: des
métiers manuels. De plus, ces contenus mettent en œuvre des activités qui relèvent du
champ cognitif, comme l’attention, la mémoire, le raisonnement abstrait pour lesquelles
ils ne se considèrent pas doués… Cette inadaptation conduit inévitablement au constat
d’inutilité de l’école.
b) Le second point se réfère à la rigidité et au racisme. L’école est considérée comme
un système rigide, cloisonné où l’enfant se retrouve enfermé dans un espace clos et
contraint de subir une discipline contraire à l’éducation qu’il reçoit. L’enfant tsigane est
élevé dans une sphère de liberté autant spatiale que corporelle. Il évolue dans un espace
ouvert dans lequel il a toute liberté pour émettre des conduites non admises à l’école et
étrangères à toute discipline. «Chez nous les enfants peuvent jouer, courir, crier, manger
ce qu’ils veulent quant ils veulent. On ne peut pas leur refuser. À l’école, ils sont
78
ANNE-MARIE MAMONTOFF
malheureux, il faut qu’ils attendent la récréation. Les maîtres ne les comprennent pas,
ils n’ont pas de patience, nous, on l’a.»3
Au fur et à mesure de l’analyse discursive, on découvre que la notion de discipline
abrite finalement un sentiment de racisme et de rejet de la part des maîtres vis-à-vis des
enfants tsiganes: ils ne les comprennent pas, ils ne font pas d’effort pour les connaître;
ils les punissent; ils ne respectent pas leur culture, etc… Paradoxalement, ils évoquent
les efforts qui sont réalisés par certains établissements scolaires où il existe des classes
spécifiques gitanes avec des horaires aménagés, des enseignements moins lourds et plus
proches de leurs attentes, la suppression de la contrainte des devoirs, des achats de livres
plus restreints… Cependant, là encore les enseignants sont racistes car ségrégationnistes:
les enfants tsiganes doivent être traités comme les autres.
c) Enfin, les valeurs que transmet l’école correspondent à une idéologie individualiste
et libérale qui défend la réussite personnelle4, l’indépendance par rapport à la famille et
la liberté individuelle. Cette réussite passe obligatoirement par un bon cursus scolaire
qui prépare l’avenir (le collège, le lycée, parfois l’enseignement supérieur), paliers
indispensables pour atteindre des ambitions personnelles et la reconnaissance d’autrui.
Les valeurs de la société tsigane se fondent sur une idéologie collective où le terme
même de réussite ne paraît pas convenir dans l’univers sémantique tsigane. Il serait plus
juste de parler d’une forme d’épanouissement qui repose sur des critères étrangers à la
réussite individuelle et matérielle. Chez les Tsiganes, la «réussite» est uniquement
sociale et passe par la connaissance, l’intégration et le respect de ce qui fonde la
spécificité du groupe: vivre au quotidien et en permanence le lien d’attachement avec
les siens (par opposition à l’indépendance), ce qui permet de construire un lien social,
voire une solidarité sans fracture, pour vivre en communauté; sauvegarder une identité
qui se bâtit du «dedans» par le rejet du hors-groupe – ou culture environnante –; et puis,
la réussite est certainement et avant tout rester nomade.
Pour conclure
Chez les Tsiganes, l’apprentissage et le travail font l’objet d’une seule perception, voire
d’une représentation unique. L’éducation et l’enseignement sont réservés à la famille,
seule et véritable institution reconnue par les Tsiganes. Ils transmettent très tôt à leurs
enfants des valeurs, des pratiques professionnelles qui leur sont totalement spécifiques.
«Les parents sont fiers et convaincus de la qualité de leur éducation, surtout quand ils la
comparent à l’éducation donnée par leur entourage non-tsigane, et à ses résultats.»
(Liégeois, 1997, p. 195)
L’enfant est socialisé dans un système où il intègre à la fois l’idée d’indépendance
par l’exercice précoce et nomade de divers métiers (ce qui le rend libre par rapport aux
non-Tsiganes) et l’idée de dépendance vis-à-vis de son groupe duquel il ne peut se
détacher ni se démarquer par l’apprentissage et l’intégration des valeurs qui seraient
3. Extrait d’un entretien avec un père de famille.
4. Il nous semble que parler de «réussite personnelle» est un pléonasme dans nos sociétés pour
lesquelles celle-ci ne peut se comprendre que par rapport à l’individu, à ce qu’il possède au
sens intellectuel et matériel.
ÉFFETS DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES SUR LES PRATIQUES NOUVELLES...
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celles de l’école, ce qui crée un très fort lien d’attachement intragroupe. Le fait d’être
scolarisé est vécu la plupart du temps comme un handicap, une perte de savoir-faire
(savoir négocier), une rupture du lien, voire une perte d’identité. L’école est une
institution menaçante pour l’identité et les valeurs; elle ne sera jamais un référentiel
pour la réussite socioprofessionnelle, mais bien le contraire.
Résultats au questionnaire d’évocation
Les tableaux 1, 2 et 3 donnent la liste des évocations et leurs fréquences en ordre
décroissant. Elles ont été classées en trois catégories: (1) Réponses qui évoquent l’école
dans son aspect utilitaire; (2) Réponses qui désignent l’école comme un lieu d’apprentissage; (3) Réponses qui traduisent des prises de position. En annexe, on trouvera la liste
des évocations d’enfants non-Tsiganes5 classées en deux catégories: les matières et
enseignements de l’école et les aspects concomitants de l’école.
Tableau 1. Reponses qui évoquent l’école dans son aspect utilitaire
L’école est utile pour:
1. Avoir un métier
2. Toucher les allocations familiales
3. Remplir les papiers administratifs
4. Passer le permis de conduire
5. Que les parents se reposent
6. Rencontrer les non-Gitans
7. S’amuser
8. Gagner de l’argent
9. Avoir un diplôme (brevet)
10. Faire des études plus poussées
11. Devenir plus intelligent
12. Devenir indépendant
Fréquences
99%
99%
97%
96%
96%
87%
85%
80%
80%
50%
29%
23%
Tableau 2. Réponses qui désignent l’école commune un lieu d’apprentissage
L’école apprend:
13. À lire, écrire et compter
14. La discipline
15. La propreté
Fréquences
100%
100%
98%
5. Dans de nombreux cas, le questionnaire a été passé dans des collèges permettant ainsi de
l’appliquer aux non-Tsiganes. Ce travail n’a pas pour objet l’étude de la représentation de
l’école des enfants non-Tsiganes (raison pour laquelle nous n’avons pas calculé les fréquences
d’évocation) mais leurs réponses fournissant un cadre de référence intéressant pour l’analyse
de contenu de la représentation des non-Tsiganes. L’échantillon des enfants non-tsiganes se
compose de 140 sujets, garçons et filles.
80
ANNE-MARIE MAMONTOFF
L’école apprend:
16. L’obéissance
17. La politesse
18. La musique
19. L’honneteté
20. Le bien et le mal
21. Le français
Fréquences
98%
98%
97%
95%
32%
19%
Tableau 3. Réponses qui traduisent des prises de position
Prises de position:
22. L’école ne sert à rien
23. L’école c’est l’avenir
24. L’école est comme une prison
25. L’école est raciste
Fréquences
92%
46%
35%
29%
On voit se dessiner une représentation de l’école extrêmement pauvre quantitativement et qualitativement. En effet, on compte 25 termes évoqués par les Tsiganes
pour 61 termes évoqués par les non-Tsiganes. La représentation s’organise essentiellement autour de trois axes: des aspects jugés utiles, qui procurent un bénéfice
immédiat; des aspects pédagogiques car concernant des enseignements dispensés par
l’école et des prises de position.
Le premier axe (tableau 1) regroupe des aspects qui ne correspondent pas à des
enseignements dispensés à l’école; ils expriment une réalité pratique en terme de
bénéfice immédiat ou d’utilité. Le classement des réponses sous une rubrique «utilité de
l’école» se justifie par le choix de la forme sémantique adoptée par les sujets; autrement
dit, quand il leur est demandé de dire ce qu’évoque l’école, dans la plupart des cas ils
répondent «l’école sert à…», à la différence des non-Tsiganes qui répondent «l’école
apprend à». C’est le cas pour les items suivants qui présentent une fréquence très
élevée entre (80% et 100%), pour les neuf premiers items: (1) «l’école sert à avoir un
métier»; (2) «l’école sert à toucher les allocations familiales»; (3) «l’école sert à remplir
les papiers administratifs»; (4) «l’école sert à passer le permis de conduire»; (5) «l’école
sert à ce que les parents se reposent»; (6 ) «l’école sert à rencontrer les non-Tsiganes»;
(7) «l’école sert à s’amuser»; (8) «l’école sert à gagner de l’argent»; (9) «l’école sert à
avoir un diplôme».
Les items ayant les fréquences les plus faibles (entre 23% et 50%) concernent des
aspects qui ne présentent pas d’intérêt pour les Tsiganes: (10) «l’école sert à faire des
études plus poussées»; (11) «l’école sert à devenir indépendant»; (12) «l’école sert à
devenir plus intelligent».
Le deuxième axe (tableau 2) regroupe les termes qui évoquent un apprentissage.
Pour ce qui concerne les enseignements véritablement délivrés par l’école (matières ou
disciplines), les évocations sont très pauvres, elles se réduisent aux items: (13) «l’école
apprend à lire, à écrire et à compter», avec une fréquence très élevée à 100%; (18) «l’école
apprend la musique», avec une fréquence de 97% et (21) «l’école apprend le français»,
avec une très faible fréquence, 19%.
ÉFFETS DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES SUR LES PRATIQUES NOUVELLES...
81
Les autres évocations ayant un très fort consensus (entre 98% et 100%) reflètent des
aspects concernant l’apprentissage de contraintes liées à l’école: (14) «l’école apprend
la discipline»; (15) «l’école apprend à être propre»; (16) «l’école apprend l’obéissance»;
(17) «l’école apprend la politesse». Les Tsiganes évoquent également l’apprentissage de
valeurs morales: item (19) «l’école apprend à être honnête»; item (20) «l’école apprend
le bien et le mal», avec des pourcentages de 95% et 32%.
Enfin, on trouve des prises de position essentiellement défavorables: (22) «l’école
ne sert à rien», avec un consensus très élevé, 92%; (24) «l’école c’est comme une
prison», 35%; (25) «l’école est raciste», 29%; pour une prise de position favorable
mais ayant un consensus moyen: (23) «l’école c’est l’avenir», 46%.
Par ailleurs, les évocations faites par les non-Tsiganes mettent en lumière un large
éventail d’enseignements scolaires portant sur des disciplines fondamentales: les mathématiques, la physique, la biologie, la géographie, la grammaire, l’histoire, etc. (25 au
total, voir annexe). Corrélativement, ils fournissent une gamme de réponses qui révèle
des fonctions cognitives concomitantes des enseignements scolaires: étudier, mémoriser,
s’instruire, comprendre, réfléchir, apprécier. Et puis, il y a également des réponses
faisant référence aux contraintes et sanctions: les horaires, les devoirs, surveillants,
avertissements…, puis aux récompenses: bonnes notes…; également aux outils de
l’école: cartable, trousse… et enfin aux loisirs: récréation, sorties, amis… (36 termes
au total).
À l’évidence, l’école évoque des contenus biens différents d’une population à l’autre.
La plupart des aspects évoqués par les non-Tsiganes n’apparaissent pas dans le discours
des Tsiganes, et inversement. Concernant les contenus pédagogiques, on ne trouve en
commun que les items lire, écrire, compter, la musique et le français. Qui plus est, pour
les Tsiganes l’école apparaît très contraignante, comme si les aspects concomitants de la
discipline6 en représentaient l’essentiel sans refléter pour autant ses véritables contraintes:
étudier, faire les devoirs, etc. Il faut noter également l’absence des termes évoquant
toute fonction cognitive (à l’exception de devenir plus intelligent) associée à l’école
comme apprendre, mémoriser, réfléchir… ainsi que l’absence des termes évoquant des
récompenses ou des aspects appréciables de l’école: bonnes notes, récréation, amis,
ambiance, sport… À l’évidence, les Tsiganes sont imperméables à l’ensemble des
contenus pédagogiques. Ils se représentent l’école à partir d’une vision utilitariste, qui
se décline en petits profits immédiats, à partir de ce qu’ils souhaiteraient qu’elle soit.
Ceci est flagrant dans des items comme «l’école sert à avoir un métier». Tout ce passe
comme s’ils déchiffraient l’école à partir d’une grille de lecture emprunte des marques
de leur culture.
Enfin, on notera que les évocations du tableau 1 ont un caractère plutôt évaluatif
(utilité, voire attentes) à connotation positive. Les évocations du tableau 2 ont un
caractère plutôt descriptif non évaluatif, et les évocations du tableau 3 correspondent à
des aspects souhaités (l’école c’est l’avenir) ou redoutés (l’école c’est comme une
prison). Tenant compte du modèle bi-dimensionnel de Moliner (1996) 7, ces carac6. Au sens où l’entendent les Tsiganes, c’est-à-dire la rigidité du système: horaires, obligation
de présence…
7. Ce modèle propose quatre zones selon le statut central ou périphérique des cognitions et selon
le caractère plus ou moins évaluatif.
82
ANNE-MARIE MAMONTOFF
téristiques semblent correspondrent à des spécificités de la zone périphérique. À la
lecture de ce fort consensus exprimé dans une grande majorité d’items qui parait plutôt
avoir des caractéristiques périphériques, qu’en est-il du noyau central ?
Resultats du questionnaire de mise en cause
Le tableau 4 donne la fréquence des réponses (le consensus) pour chaque item. On a
ordonné les items par ordre décroissant des pourcentages concernant la catégorie de
réponses «plutôt non». Un degré de consensus égal ou supérieur à 90% concernant les
réfutations signifie que l’aspect concerné appartient au noyau central de la représentation.
Tableau 4. La fréquence des réponses pour chaque item
1. Antoine va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas à lire, écrire et
compter. D’après toi, est-ce qu’il va à l’école?
Plutôt oui
Je ne sais pas
Plutôt non: 100%
2. Tony va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas un métier. D’après toi,
est-ce qu’il va à l’école?
Plutôt oui: 1%
Je ne sais pas
Plutôt non: 99%
3. Mathias va tous les jours dans un endroit qui ne lui permet pas de toucher les
allocations familiales. D’après toi, est-ce qu’il va à l’école?
Plutôt oui
Je ne sais pas: 1%
Plutôt non: 99%
4. André va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas la discipline (respecter
les heures pour se lever, manger, dormir). D’après toi, est-ce qu’il va à l’école?
Plutôt oui: 1%
Je ne sais pas: 1%
Plutôt non: 98%
5. Pierre va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas à être propre. D’après
toi, est-ce qu’il va à l’école?
Plutôt oui
Je ne sais pas: 2%
Plutôt non: 98%
6. Raoul va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas à passer le permis de
conduire. D’après toi, est-ce qu’il va à l’école?
Plutôt oui: 1%
Je ne sais pas: 2%
Plutôt non: 97%
7. Luc va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas à bien parler le français.
D’après toi, est-ce qu’il va à l’école ?
Plutôt oui:
Je ne sais pas 3%
Plutôt non: 97%
8. Marcel va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas à obéir (à être sage).
D’après toi, est-ce qu’il va à l’école?
Plutôt oui
Je ne sais pas: 4%
Plutôt non: 96%
9. Henri va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas à gagner de l’argent.
D’après toi, est-ce qu’il va à l’école?
Plutôt oui: 4%
Je ne sais pas
Plutôt non: 96%
10. Pascal va tous les jours dans un endroit qui ne lui permet pas de rencontrer les
«payos». D’après toi, est-ce qu’il va à l’école?
Plutôt oui: 3%
Je ne sais pas: 2%
Plutôt non: 95%
ÉFFETS DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES SUR LES PRATIQUES NOUVELLES...
83
11. Bertrand va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend rien d’utile (qui ne sert
à rien). D’après toi, est-ce qu’il va à l’école?
Plutôt oui: 1%
Je ne sais pas: 4%
Plutôt non: 95%
12. David va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas à devenir plus
intelligent. D’après toi, est-ce qu’il va à l’école?
Plutôt oui: 2,5%
Je ne sais pas: 2,5%
Plutôt non: 95%
13. Nicolas va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas à être poli, à avoir
de l’éducation. D’après toi, est-ce qu’il va à l’école?
Plutôt oui: 3%
Je ne sais pas: 2%
Plutôt non: 95%
14. Lazare va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas à être honnête.
D’après toi, est-ce qu’il va à l’école?
Plutôt oui: 2,5%
Je ne sais pas: 3,5%
Plutôt non: 94%
15. Michel va tous les jours dans un endroit qui ne lui donne pas un diplôme. D’après
toi, est-ce qu’il va à l’école?
Plutôt oui:1%
Je ne sais pas: 6%
Plutôt non: 93%
16. Jean-Baptiste va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas à remplir les
papiers administratifs. D’après toi, est-ce qu’il va à l’école?
Plutôt oui: 2%
Je ne sais pas: 5%
Plutôt non: 93%
17. Arnaud va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas le bien et le mal.
D’après toi, est-ce qu’il va à l’école?
Plutôt oui: 3%
Je ne sais pas: 4%
Plutôt non: 93%
18. Eric va tous les jours dans un endroit qui ne permet pas que ses parents se reposent.
D’après toi, est-ce qu’il va à l’école?
Plutôt oui
Je ne sais pas: 9%
Plutôt non: 91%
19. Fernand va tous les jours dans un endroit qui ne le prépare pas à l’avenir. D’après
toi, est-ce qu’il va à l’école?
Plutôt oui: 6%
Je ne sais pas: 3%
Plutôt non: 91%
20. Christophe va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas la musique.
D’après toi, est-ce qu’il va à l’école?
Plutôt oui: 7%
Je ne sais pas: 3%
Plutôt non: 90%
21. Patrice va tous les jours dans un endroit qui ne lui permet pas de s’amuser. D’après
toi, est-ce qu’il va à l’école?
Plutôt oui: 8,5%
Je ne sais pas: 6,5%
Plutôt non: 85%
22. Bruno va tous les jours dans un endroit qui ne lui permet pas ensuite d’aller au
collège, puis au lycée. D’après toi, est-ce qu’il va à l’école?
Plutôt oui: 7%
Je ne sais pas: 8%
Plutôt non: 85%
23. Simon va tous les jours dans un endroit qui ne lui apprend pas à devenir
indépendant. D’après toi, est-ce qu’il va à l’école?
Plutôt oui: 26%
Je ne sais pas: 45%
Plutôt non: 29%
24. Jean-Pierre va tous les jours dans un endroit qui n’est pas comme une prison.
D’après toi, est-ce qu’il va à l’école?
Plutôt oui: 52%
Je ne sais pas: 27%
Plutôt non: 21%
25. Baptiste va tous les jours dans un endroit ou les gens ne sont pas racistes. D’après
toi, est-ce qu’il va à l’école?
Plutôt oui: 58%
Je ne sais pas: 23%
Plutôt non: 19%
84
ANNE-MARIE MAMONTOFF
Discussion
On observe en premier lieu que certains aspects du questionnaire d’évocation présentent
une faible fréquence alors que confrontés à la mise en cause, ils ont un fort taux de
réfutation. Il s’agit des items suivants:
Tableau 5. Aspects du questionaire d’évocation qui presentent une faible fréquence
Apprendre à bien parler le français
Devenir plus intelligent
Apprendre le bien et le mal
Se préparer à l’avenir
Faire des études plus poussées
Devenir indépendant
Fréquences
d’évocation
19%
29%
32%
46%
50%
23%
Réfutations
97%
95%
93%
91%
85%
85%
Cette contradiction se justifie à notre sens du fait que, lorsque il est demandé aux
sujets ce qu’évoque l’école, une minorité donne les réponses du tableau 5, très contradictoires avec l’univers de valeurs tsiganes. Mais quand on leur présente le questionnaire
de mise en cause, qui verbalise explicitement ces aspects, alors ils les reconnaissent
comme définitoires de l’école car ils correspondent au discours normatif.
Et puis, au vu des résultats du questionnaire de mise en cause, il apparaît que sur 25
items il y en a 20 dont le taux de réfutation se situe entre 90% et 100%. En effet, on a
13 items dont le consensus se place entre 95% et 100%, (de l’item 1 à l’item 13). Puis
7 items dont ce taux se situe entre 90% et 95% (de l’item 14 à l’item 20). Il reste 2 items
(21 et 22) dont le consensus se place entre 85% et 90% et les items 23, 24 et 25 qui ont
un faible taux de réfutation, entre 29% et 19%. Ces taux de réfutation, voisins de 100%
qui concernent 20 items, signifieraient que la représentation sociale de l’école aurait un
système central composé au moins de 20 éléments. À l’évidence, ce ne peut être le cas.
Nous déduisons qu’il s’agit d’une représentation sociale non autonome. Nous faisons
l’hypothèse qu’il s’agit d’une sous-structuration périphérique (SSP) constituée de cognitions fortement saillantes, qui fait office de représentation, et qui serait imbriquée dans
un ensemble plus vaste structuré, autonome, à savoir la représentation de l’identité. En
effet, Mamontoff (1998) met en évidence que l’aspect «école» est fortement connexe
avec le noyau central de la représentation de l’identité, présentant une valeur d’arête
dans l’analyse de similitude de .18.
On peut faire l’hypothèse que cette SSP serait organisée en trois zones A, B, et C
comme le montre le tableau suivant.
8. Nous déduisons que la méthode de mise en cause s’avère également pertinente pour déceler
des sous-ensembles de cognitions fortement saillants, car proche du système central.
ÉFFETS DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES SUR LES PRATIQUES NOUVELLES...
85
Tableau 6. L’organisation de SSP
A
L’apprentissage traditionnel
doit permettre:
· D’exercer des métiers pour
rester indépendant des nonGitans
· De gagner de l’argent
· De savoir compter
· D’être musicien
__________________________
· L’école ne sert à rien
· L’école sert à s’amuser
· L’école sert à ce que les
parents se reposent
C
L’école sert:
B
L’école apprend:
· À passer le permis
· À savoir remplir les papiers
administratifs
· À toucher les allocations
familiales
· À avoir un diplôme
· À rencontrer les non-Gitans
· L’école c’est l’avenir
· À lire
· À écrire
· À bien parler le français
· La discipline
· La propreté
· L’obéissance
· La politesse
· L’honnêteté
· Le bien/le mal
________________________
· À devenir plus intelligent
· À faire des études plus
poussées
· À devenir indépendant
· L’école c’est comme une
prison
· L’école est raciste
D’un point de vue structural la zone A contiendrait les conceptions anciennes de
l’apprentissage. Celui-ci avait pour objectif premier d’acquérir des compétences pratiques
afin de pouvoir exercer divers métiers. Cet apprentissage précoce permettait déjà de
gagner de l’argent et d’apprendre à compter. Puis, être musicien a toujours fait partie
des métiers privilégiés dans l’imaginaire tsigane. Notons que les aspects «apprendre un
métier», «gagner de l’argent», «savoir compter» et «être musicien» obtiennent simultanément des taux de fréquence et de réfutation très élevés. Par ailleurs, la zone A
contiendrait également des prises de positions dérivées de la tradition et qui ont aussi des
taux de fréquence et de réfutation très élevés: «l’école ne sert à rien», «l’école sert à
s’amuser», «l’école sert à ce que les parents se reposent».
La zone B serait liée au contexte immédiat (l’école) et abriterait: (1) des aspects
pédagogiques (lire, écrire, bien parler le français); (2) des aspects contraignants (la
discipline, l’obéissance, la politesse, etc.); (3) des aspects valorisés dans la société
d’accueil (devenir plus intelligent, devenir indépendant, etc.); puis (4) des prises de
positions immédiatement associées à l’école, celle-ci vécue comme une prison et comme
étant raciste. Dans tous les cas, il s’agit de critères liés à la nouveauté, au cadre
institutionnel scolaire, plus ou moins contradictoires avec les critères traditionnels.
La zone C serait un espace d’intersection entre A et B. Elle contiendrait des aspects
ou schèmes associés à l’école, jugés pratiques et utiles, étant ainsi compatibles avec les
schèmes de la zone A. Cet espace intermédiaire ou zone de compatibilité constituerait
une frontière ne laissant passer que des informations qui ne seraient pas en contradiction
avec la zone A. Elle contiendrait des aspects comme «l’école sert à passer le permis»,
«l’école sert à toucher les allocations familiales», etc. Notons que ces aspects présentent
86
ANNE-MARIE MAMONTOFF
des taux de fréquence et de réfutation très élevés, à l’exception de l’item «l’école c’est
l’avenir» qui a un taux de fréquence moyen.
Cette organisation de la représentation explique les discours contradictoires tenus par
les Tsiganes où, selon le cas, ils revendiquent la nécessité de pousser les enfants à aller
à l’école, la nécessité de faire des efforts, s’ils pensent que ce discours peut leur être
bénéfique. Ou alors ils tiennent un discours activé par des schèmes traditionnels et font
état de manière explicite de l’inutilité de l’école, de son contresens, etc. Enfin, on
retrouve un discours intermédiaire qui fait état de conditionnalité concernant des aspects
«clés» de l’école9.
D’un point de vue dynamique, la zone A serait la seule à reconnaître l’objet en lui
attribuant le sens traditionnel. Les schèmes de cette zone feraient un travail de reconstruction de l’objet, voire de remodelage cognitif, de manière à rendre le sens de la
nouveauté compatible avec le sens de l’ancienneté.
La zone B ferait une lecture adaptée au discours normatif lié à l’école. Le discours
et les pratiques seraient activés selon la nécessité du moment et des circonstances afin de
paraître en phase avec les attentes de l’environnement. Pour des raisons d’économie
cognitive, cette zone n’inscrit pas des aspects véritablement liés à l’école en terme
d’enseignement. En effet, la zone B sélectionnerait l’information selon trois modalités:
(1) sélection d’information destinée à une adaptation discursive, pouvant être en contradiction explicite avec la tradition; (2) sélection d’information pouvant intégrer la zone
de compatibilité (zone C), car non antagoniste avec la zone A et (3) sélection d’information en contradiction explicite avec les schèmes anciens, mais pouvant faire l’objet d’une
reconversion de sens. L’apprentissage des contenus pédagogiques n’est pas une condition
indispensable pour garder les bénéfices associés à l’école. Qui plus est, dans de nombreux
établissements, il y a des classes aménagées où ces contenus sont moins lourds et les
exigences concernant l’apprentissage et les devoirs sont minimes. Ils ne risquent pas de
sanctions. Ceci explique que, d’un point de vue cognitif, le système B en fait l’économie.
Enfin, la zone C aurait un rôle de filtre sélectif de l’information. Elle effectuerait une
sélection des schèmes de la zone B compatibles avec les schèmes de la zone A, selon
trois modalités: (1) sélection de schèmes pouvant être reliés directement à la zone A;
(2) sélection de schèmes pouvant être reliés à la tradition mais au travers d’un aspect
contradictoire enseigné à l’école et (3) sélection de schèmes pouvant faire l’objet d’un
remodelage cognitif pour s’ancrer dans un univers culturel familier.
En synthèse, l’information externe peut rester dans la zone B, passer à la zone C ou
suivre un circuit complet pour s’ancrer dans la zone A. Nous allons donner des exemples
pour chacun de ces cas.
1. Sélection de l’information destinée à une adaptation discursive et explicitement
contradictoire avec l’ancienneté, ne pouvant faire l’objet d’une reconversion de sens.
C’est le cas de l’item «l’école apprend la discipline». La notion de discipline est prégnante
dans la culture d’accueil et se trouve à l’arrière-plan de toutes les pratiques sociales.
Cette conception se heurte à la notion de liberté, valeur qui gouverne l’ensemble des
9. À l’heure actuelle, une enquête en cours met en évidence un type de canevas de raisonnement
qui donne des pistes à suivre concernant certains critères scolaires sur lesquels il serait
possible de réfléchir dans la perspective d’une insertion.
ÉFFETS DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES SUR LES PRATIQUES NOUVELLES...
87
pratiques sociales du monde tsigane. Malgré l’antagonisme, les Tsiganes doivent peu ou
prou intégrer une certaine discipline pour survivre dans le système. En effet, pour
toucher les allocations familiales, ils sont obligés de maintenir une certaine présence à
l’école avec des contraintes horaires. De plus, ils ont l’obligation du respect des normes
scolaires (tenue pendant les cours, interdiction de crier, de jouer, de manger, etc.) Tant
au niveau de la pratique scolaire comme au niveau du discours, la discipline et ses
aspects concomitants (la politesse, l’éducation…) restent étrangers aux conceptions
tsiganes. Ce schème reste dans la zone B.
2. Pour le deuxième exemple – passage à la zone C –, nous avons deux cas de
figure:
a) Sélection d’information pouvant être reliée à l’ancienneté à partir de la zone de
compatibilité. Ici nous avons l’exemple de l’item «l’école sert à toucher les allocations
familiales» qui constitue un aspect nouveau lié à une obligation de présence. Au
départ, ce schème s’inscrit obligatoirement dans la zone B, il fait l’objet d’un tri
sélectif par le système C car il peut être directement relié aux conceptions anciennes.
Ce schème est au moins compatible avec l’objectif de travail: la survie.
b) Sélection d’information pouvant être reliée à la tradition, mais par le biais d’un
aspect contradictoire enseigné à l’école (en l’occurrence lire et écrire). Nous avons
dans ce cas «l’école sert à passer le permis de conduire». Cet aspect est compatible
avec la tradition car les Tsiganes se sont toujours déplacés d’une manière ou d’une
autre. Cependant, il ne s’agit pas d’un enseignement scolaire. Cet aspect est associé
à l’item «apprendre à lire» qui permet la connaissance du code de la route10. Ainsi,
l’apprentissage de la lecture est un aspect de l’école «capté» par la zone B, car
pouvant servir de support à une pratique utile et adaptée à la tradition. C’est le même
cas pour l’item «l’école sert à remplir les papiers administratifs». Ici le lien est fait
avec la lecture et l’écriture.
3. Sélection d’information en contradiction explicite avec la tradition, mais ayant été
réinterprétée; le premier exemple est donné par «l’école sert à devenir indépendant».
Cet aspect s’inscrit d’abord dans la nouveauté avec son sens d’origine: l’école nous
prépare à l’émancipation, à l’individualisme, à la compétitivité, à la singularisation. Ces
critères sont totalement incompatibles avec les critères tsiganes qui s’inscrivent dans une
culture collectiviste où l’individu n’existe qu’au travers de son groupe d’appartenance.
Pour les Tsiganes, l’école doit permettre de devenir indépendant des non-Tsiganes, ce
qui permet de renforcer le lien social et la dépendance au groupe d’appartenance. Dans
la mesure où ce schème s’inscrit dans la zone C, il est remodelé selon la tradition:
l’école devient alors un lieu qui n’a de sens que s’il enseigne des métiers permettant de
rester libre, mais proche des siens. Là encore, on retrouve cette contradiction au niveau
du discours. Un autre exemple peut être donné pour l’item «l’école sert à avoir un
diplôme», le circuit est le même et puis, en fin de parcours, le terme diplôme, dans le
langage tsigane, doit se comprendre comme une sorte de «passeport» pour l’emploi,
attestant de compétences et de qualifications immédiatement utilisables. Enfin, nous
10. Lors des entretiens, la majorité des Tsiganes répond que la lecture est utile essentiellement
pour passer le permis de conduire.
88
ANNE-MARIE MAMONTOFF
avons l’item «l’école c’est l’avenir». Dans l’analyse discursive, la conjonction école-avenir
est une conception moderne; mais l’école représente tout de même un espoir pour les
Tsiganes quant à l’incertitude de leur devenir. À notre sens, ce schème n’a pas (encore?)
été réinterprété.
Conclusions
Malgré la récurrence des pratiques sociales nouvelles, force est de constater que celles-ci
n’ont pas eu d’effet sur la manière de penser l’apprentissage traditionnel. Les Tsiganes
se sont retrouvés face à un objet social nouveau au sens culturel du terme. L’école fait
partie d’une sédentarisation imposée et elle est à placer dans une échelle de valeurs de
la société d’accueil qui contredit explicitement l’idéologie des Tsiganes. Cet objet social
n’acquiert dans leur univers qu’un statut d’objet problématique car lié à la survie du
groupe.
L’école semble avoir généré une représentation «faible» qui est en réalité un sous-ensemble
(une SSP) d’une représentation sociale autonome extrêmement stable: l’identité tsigane.
Cette SSP s’est construite par référence d’une part, à des objets anciens – en l’occurrence
des objets investis de l’idéologie culturelle traditionnelle, et d’autre part, à des objets
nouveaux, venant contredire les valeurs anciennes. On peut parler d’une représentation
interculturelle où les valeurs signifiées dans la zone gouvernée par la tradition servent de
grille de lecture de l’objet. En conséquence, les pratiques scolaires ne peuvent être
efficaces, au sens d’une évolution de la représentation vers la nouveauté. Les signifiants
de l’objet social ne pénètrent pas dans le système de valeurs. Ils sont continuellement
décodés et reconstruits par le système ancien. L’école ne peut être représentée comme
objet social important car porteuse d’une idéologie contre-identitaire qui ne peut être
comprise et assimilée dans l’univers cognitif tsigane. Elle est représentée comme objet
problématique nécessaire à la survie du groupe. Dès lors, il doit parvenir à négocier
certaines pratiques, mais de manière à ce que celles-ci ne remettent pas en cause le
système idéologique et qu’elles puissent satisfaire un minimum d’exigences du système
extérieur. Le refus de l’école persiste en tant qu’objet déstructurant de l’identité et les
pratiques scolaires sont émises afin de ne pas perdre les bénéfices qui lui sont associés.
S’il s’agit bien de pratiques nouvelles, elles sont des coquilles vides du sens nouveau,
adaptées superficiellement au milieu à l’aide d’un discours normatif.
Nous faisons l’hypothèse que cette SSP est un système de défense bien établi, visant
à protéger l’identité du groupe, son système de valeurs, qui s’est pérennisée et rigidifiée
en structure permanente. Cette dynamique défensive trouverait son origine précisément
dans la fragilisation du noyau central de la représentation de l’identité (ou représentation
mère) (Mamontoff, 2001). Si nous avons retenu le terme de sous-structuration périphérique de Katerelos en tant que système saillant dans une représentation, en revanche,
dans notre cas, nous ne pensons pas que cette SSP fonctionne de manière quasi-autonome
par rapport au noyau central. Au contraire, nous pensons qu’elle est extrêmement
dépendante des valeurs anciennes (centrales ou pas). Si on peut dire qu’elle est activée
à partir de deux principes organisateurs antagonistes, la perception de l’objet social en
tant que réalité intériorisée ne se fait qu’à partir de la tradition. L’autre principe
organisateur n’est activé que pour paraître en phase avec l’environnement.
ÉFFETS DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES SUR LES PRATIQUES NOUVELLES...
89
Il s’agit d’une SSP très saillante dans le champ représentationnel de l’identité tsigane.
Cette saillance peut être attribuée à la forte contrainte scolaire de notre société, mais
aussi aux avantages matériels que procure l’école. Dans la perspective d’une économie
cognitive, il est plus facile de conserver cette structure hybride car elle permet de faire
face à la réalité et de la simplifier. Elle explique le double discours contradictoire, l’un
normatif et adapté, qui consiste à faire croire à une volonté de changement et d’intégration pour obtenir des avantages; l’autre qui met en lumière la saillance de la
mémoire collective quant à l’idéologie. Les Tsiganes ont ainsi intégré des schèmes
contradictoires sans que leurs valeurs en soient affectées et en ayant fourni des comportements nouveaux. On peut dire que, dans le cas des rencontres interculturelles, les
représentations sociales ont un effet prépondérant sur les pratiques nouvelles; le groupe
garde son mode originel de lecture de la réalité.
Enfin, nous déduisons que la méthode de mise en cause est précieuse pour identifier
des SSP gérées par des valeurs anciennes (voire centrales) qui se construisent dans les
rencontres interculturelles.
Que peut-on dire sur l’avenir de cette SSP? Va-t-on vers une autonomisation au sens
d’une représentation nouvelle dans l’univers tsigane ou vers le maintien d’une
représentation interculturelle non autonome? Il nous semble que c’est le second cas le
plus plausible, en raison de ce que l’on observe sur le terrain, la récurrence de l’échec
scolaire. En effet, derrière un discours adapté et demandeur d’aide, de soutien scolaire,
d’alphabétisation, etc., se cachent des pratiques scolaires qui servent en réalité à
maintenir et à renforcer l’idéologie ancienne.
Cette SSP fonctionne en vase clos, en circuit fermé, malgré l’ouverture sur l’extérieur
qui capte la nouveauté. Les éléments nouveaux gardent leur caractère «d’étrangeté» et ne
pénètrent véritablement le système qu’après conversion au sens primitif. Le système est
ainsi constamment «alimenté» de l’intérieur. Il y a des pratiques nouvelles, récurrentes,
mais ces pratiques sont émises afin de préserver les valeurs anciennes. Il paraît alors
difficile d’envisager à terme une autonomisation construite sur des bases nouvelles.
Nous faisons l’hypothèse que s’il y avait une autonomisation, celle-ci se ferait dans le
sens de la tradition, dans le sens d’une représentation interculturelle dominée par la
hiérarchie ancienne.
Annexe
Evocations des enfants non-Tsiganes
1
2
3
4
5
6
7
8
9
–
–
–
–
–
–
–
–
–
Enseignements de l’école
Les mathématiques
La physique
Les sciences
La biologie
La géographie
La grammaire
L’anglais
L’informatique
L’espagnol
1
2
3
4
5
6
7
8
9
Aspects concomitants de l’école
– Etudier
– Mémoire
– Réfléchir
– Bien parler
– S’instruire
– Comprendre
– Apprécier
– Intelligence
– S’occuper
90
ANNE-MARIE MAMONTOFF
Enseignements de l’école
10 – Le français
11 – Les civilisations anciennes
12 – Les langues vivantes
13 – L’histoire
14 – La technologie
15 – Le dessin
16 – Compter
17 – Lire
18 – Écrire
19 – L’art plastique
20 – Les jeux
21 – La vie sociale
22 – Les contes
23 – Le CDI
24 – La musique
25 – Chanter
Aspects concomitants de l’école
10 – Jouer
11 – Culture
12 – Devoirs
13 – Cartable
14 – Bonnes notes
15 – La chorale
16 – Football
17 – Trousse
18 – Surveillants
19 – Bagarres
20 – Amis
21 – Avertissements
22 – Éducation
23 – Ambiance
24 – Récréation
25 – Travail
26 – Graffitis
27 – Racket
28 – Responsabilité
29 – Orientation
30 – Sorties
31 – Recherche
32 – Avenir
33 – Sport
34 – Horaires
35 – Profession
36 – Obéissance
Abstract: The Gypsy’s school under-achievements are related to the structure and the dynamics of
their social representation of school. The present study aimes demonstrating the fact that during
an intercultural encounter between gypsies and non-gypsies social representations have an impact
on social practices, especially in the case of school-related practices. Indeed, the group’s cognitive
dynamics allow preserving the cultural identity threatened by social practices contrary to the group’s
system of values. The results reveal a social representation of school structured along two contradictory organizing principles – tradition and modernity. Therefore the representational dynamics
are structured holding the departure point in the periphery substructure. It is activated both by the
imposed discourses and practices and by ancestral values that reinterpret some aspects of
modernity. This allows interpreting school practices placed within traditional values, apart from
their institutional meanings. As a consequence recurrent school practices failed to change the
traditional conception of school. Instead, they even generate cognitive dynamics that preserve the
traditional ideology transforming it into a powerful defence system.
Rezumat: Structura ºi dinamica reprezentãrii sociale la þigani constituie o explicaþie a eºecului
ºcolar recurent la aceste populaþii. Acest studiu pune în evidenþã faptul cã în cadrul unei întâlniri
interculturale între þigani ºi non-þigani, reprezentarea – în calitate de semnificant cultural – are un
efect preponderent asupra practicilor sociale, în special ºcolare. Într-adevãr, dinamica cognitivã
a grupului permite prezervarea unei identitãþi culturale ameninþate de practici contradictorii cu
sistemul sãu de valori. Rezultatele aratã o reprezentare socialã a ºcolii, nonautonomã, structuratã
ÉFFETS DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES SUR LES PRATIQUES NOUVELLES...
91
de douã principii organizatoare antagoniste – tradiþie ºi modernitate –, astfel încât dinamica
reprezentaþionalã se organizeazã plecând de la o substructurã perifericã. Aceasta este activatã, pe
de o parte, de practici ºi discursuri impuse ºi, pe de altã parte, de valori strãvechi care
reinterpreteazã anumite aspecte ale modernitãþii. Acest fapt face ca practica socialã sã se pãstreze
fãrã sensul vehiculat de instituþia ºcolarã, ci dominatã de sensul tradiþional. În ciuda recurenþei
lor, practicile ºcolare nu au determinat o evoluþie în modul de concepere a ºcolii. Dimpotrivã, ele
au generat o dinamicã cognitivã ce pãstreazã ideologia tradiþionalã ºi pare a se fi cristalizat sub
forma unui sistem peren de apãrare.
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Sylvain Delouvée1
D’une guerre à l’autre: deux illustrations
historiques des nexus
Résumé: Les nexus (Rouquette, 1988, 1994) correspondent à des nœuds affectifs prélogiques
communs à un grand nombre d’individus dans une société particulière. Après avoir rapidement
défini cette notion, il s’agira pour nous de mettre en lumière la réalité de tels «nœuds» au travers
de deux illustrations historiques. Deux situations de guerre serviront en effet d’exemples comme
contexte socio-historique de manifestation mobilisatrice de représentations collectives.
Introduction: une forme spécifique de connaissance sociale
Le 19ème siècle est notamment marqué par une littérature fascinée par les passions
collectives. Le peuple devient un personnage à part entière. Il est présenté comme
souffrant ou héroïque – pensons aux Misérables de Victor Hugo ou encore aux Mystères
de Paris d’Eugène Sue. Il peut même être porteur d’une vérité historique si l’on en croit
Marx. Cet objet de fascination devient source de peur lorsqu’il est fait référence aux
foules. La littérature va s’emparer de ce thème – foules criminelles, hordes révolutionnaires, massacres collectifs, passions incontrôlées du peuple, violence collective – et
créer un imaginaire angoissé à partir de la réalité sociale. Une véritable psychose de la
foule va se mettre en place. Ces passions collectives deviendront source de fascination
et d’angoisse.
Introduite par Rouquette (1988, 1994) la notion de nexus servirait à expliquer
certains comportements de mobilisation collective. Sans les restreindre à cet aspect de
mobilisation – nous le verrons par la suite –, les nexus peuvent être définis comme «des
noyaux de sens irraisonnés qui ont valeur de référentiels pour une communauté donnée
à une époque donnée» (Rouquette, 1994, pp. 67-68). La devise «Liberté, Égalité,
Fraternité» à l’époque de la Révolution française ou encore le couple «Capitalisme/
Communisme» pendant la guerre froide en sont de bons exemples. Comme l’écrit
1. Laboratoire de psychologie environnementale, Centre National de la Recherche Scientifique
(UMR 8069), Université René Descartes (Paris 5), France. Courrier électronique <Sylvain.
[email protected]>.
PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale
94
SYLVAIN DELOUVÉE
Rouquette (1994, p. 68): «Ces termes, assez peu nombreux dans une période historique
particulière, ne constituent pas de simples éventualités du lexique; leur réalité cognitive
et collective pèse sur les conduites des individus et des foules au point de les pousser
parfois jusqu’au sacrifice ou au meurtre. Ils recouvrent des monceaux de cadavres et des
milliers de rêves».
De nombreuses recherches ont porté sur l’étude de la structure des représentations
sociales2 pour tenter de rendre compte de l’organisation interne de celles-ci (Abric,
1976). Ces travaux, malheureusement, se focalisent sur la composante cognitive des
représentations. Ils négligent par-là même la composante affective3 même si celle-ci se
trouve étroitement liée à la précédente dans les nombreuses études publiées. Force est
pourtant de constater que, dans certaines situations, l’aspect affectif de la représentation
semble prendre le pas sur la composante cognitive: pensons, par exemple, à une
déclaration de guerre. 1914: la France est en danger, la Patrie est menacée. Que ce soit
l’objet «Patrie» ou «France», en tant que représentation sociale, dans les deux cas les
éléments affectifs – comme les soldats! – devraient être fortement mobilisés. Il semble
donc que dans certaines situations, comme l’écrivait Ribot (cité par Le Bon, 1911,
p. 87), «la place des influences affectives dans la vie psychique est la première. La
connaissance apparaît non comme une maîtresse, mais comme une servante».
Mobilisant les foules, les nexus apparaissent en situation de crise, de conflit ou de
menace que celle-ci soit réelle ou supposée. La Patrie ou la République, en effet,
n’offrent pas de réalité plus prégnante que lorsqu’elles sont «en danger». Pensons, par
exemple, à ce soir du 21 avril 2002 en France et aux jours qui suivirent. La République
fut mobilisatrice des foules lorsque à l’occasion du deuxième tour de l’élection présidentielle française de 2002 un candidat d’un parti d’extrême-droite s’est retrouvé en
position d’éligibilité. Le Pen, puisque c’est de lui dont il s’agit, était un «danger pour la
République» (Le Monde, 24 avril 2002) et, une fois le choc passé, il fallait le repousser
«pour défendre la République» (Libération, 22 avril 2002). Spontanément des milliers de
personnes se mobilisèrent et défilèrent, quelle que soit leur appartenance, pour sauver la
République (Castano, 2004). On pouvait y entendre, entre autres, ces paroles d’une
chanson écrite par Damien Saez et enregistrée après les résultats du premier tour de
l’élection: «J’ai vu, les larmes aux yeux, et les nouvelles ce matin/ 20% pour l’horreur,
20% pour la peur./ Ivres d’inconscience, tous Fils de France./ Au pays des lumières,
amnésie suicidaire./ Non Non Non Non.// Nous sommes, nous sommes/ La Nation des
Droits de l’Homme./ Nous sommes, nous sommes/ La Nation de la Tolérance./ Nous
sommes, nous sommes/ La Nation des Lumières./ Nous sommes, nous sommes/ À l’heure
de la Résistance» (Fils de France, Damien Saez, 2002).
Une autre manière de définir les nexus est de les comparer à «des nœuds affectifs
prélogiques communs à un grand nombre d’individus dans une société particulière»
(Rouquette, 1994, p. 68). Nœuds est à comprendre dans un sens métaphorique dans la
mesure où «ils lient entre elles plusieurs attitudes et les rendent convergentes ou au
moins interdépendantes» (Rouquette, 1994, p. 68). L’aspect affectif est le cœur du
nexus: de fortes réactions affectives d’adhésion ou de rejet sont provoquées et entraînent
2. Citons comme objet d’étude la banque, l’argent, la chasse, l’artisan, la fonction d’infirmière,
le travail, le chômage, l’intelligence, l’entreprise et, bien évidemment, le «groupe idéal».
3. Le travail de Roque (1998) est l’une des quelques exceptions dans cette approche structurale.
D’UNE GUERRE À L’AUTRE: DEUX ILLUSTRATIONS HISTORIQUES DES NEXUS
95
une mobilisation collective. On peut par exemple évoquer ce 20 octobre 1996, en
Belgique, où plus de 300 000 personnes vêtues de blanc ont défilé silencieusement dans
les rues de Bruxelles lors de la «Marche Blanche» en réaction à «l’affaire Dutroux».
Enfin, l’aspect «prélogique» peut s’entendre dans ce contexte comme signifiant
«anté-dialogique». Les nexus se forment et s’activent en amont de la rationalité. On
discute par exemple de la psychanalyse (cf. Moscovici, 1961), on argumente ses
jugements sur elle, etc., ce qui n’est pas le cas des nexus, véritables blocs de sens qui
n’ont pas besoin d’être déployés, dialogisés ou argumentés. Cela pourrait être résumé de
la manière suivante: on ne discute pas – parce qu’on ne peut pas – on agit. Taine (1904,
tome III, p. 54), pour qui les révolutions ne sont que la manifestation d’explosions
d’irrationnel réprimé, raconte cet épisode de la Révolution française: «Chaque jour,
dans les rues et aux portes de l’Assemblée, le peuple de Versailles „vient insulter ceux
qu’on appelle aristocrates”. Le lundi 22 juin „d’Esprémenil manque d’être assommé;
l’abbé Maury… ne doit son salut qu’à la vigueur d’un curé qui le prend par le corps, et
le jette dans le carrosse de l’archevêque d’Arles”. Le 23, l’archevêque de Paris, le
„garde des sceaux sont hués, honnis, conspués, bafoués, à périr de honte et de rage”,
et la tempête des vociférations qui les accueille est si formidable, que Paporet, secrétaire
du roi, qui accompagnait le ministre, en meurt de saisissement le jour même. Le 24,
l’évêque de Beauvais est presque assommé d’une pierre à la tête. Le 25, l’archevêque de
Paris n’est sauvé que par la vitesse de ses chevaux; la multitude le suit en le lapidant;
son hôtel est assiégé, toutes ses fenêtres sont brisées et, malgré l’intervention des gardes
françaises, son péril est si grand, qu’il est contraint de promettre qu’il se réunira aux
députés du Tiers. Voilà de quelle façon la rude main populaire opère la réunion des ordres».
Ces situations, évidemment assez peu nombreuses, provoquent de fortes réactions
affectives d’adhésion ou de rejet, des prises de position fortement marquées. Les nexus
ne résultent alors pas d’une analyse réfléchie et rationnelle à la différence d’une
représentation sociale. Près de nous, le «11 septembre» est devenu l’un de ces symboles
(cf. entretien de Michel-Louis Rouquette dans ce numéro). «La logique affective4 ignorant
la logique rationnelle impose le plus souvent une résolution avant que cette dernière ait
fini de délibérer. La première ne tient compte ni des raisons, ni des contradictions, ni
des principes.» (Le Bon, 1911, p. 88) Les nexus échappent dès lors à la critique et, bien
évidemment, sont impénétrables au doute.
Les nexus présenteraient notamment les six propriétés suivantes:
1. Un caractère collectif. Ils sont partagés par une population, une société donnée.
Rapporté par Le Bon (1912), ce fragment d’une lettre d’Élisabeth – femme de
l’empereur Alexandre Ier – illustre ce caractère collectif et la diffusion possible d’un
nexus: «Du moment que Napoléon eut passé nos frontières, c’était comme une étincelle
électrique qui s’étendit dans toute la Russie, et si l’immensité de son étendue avait
permis que dans le même moment on en fût instruit dans tous les coins de l’empire,
il se serait élevé un cri d’indignation si terrible qu’il aurait, je crois, retenti au bout
de l’univers. À mesure que Napoléon avance, ce sentiment s’élève davantage. Des
4. Le Bon distingue différentes formes de logique et oppose notamment la logique affective
(individuelle) à la logique collective (lorsque l’homme est en foule). Dans le cas des nexus ces
deux logiques de l’action seraient entremêlées.
96
2.
3.
4.
5.
6.
SYLVAIN DELOUVÉE
vieillards qui ont perdu tous leurs biens ou à peu près disent „Nous trouverons
moyen de vivre. Tout est préférable à une paix honteuse”. Des femmes qui ont tous
les leurs à l’armée ne regardent les dangers qu’ils courent que comme secondaires et
ne craignent que la paix. Cette paix qui serait l’arrêt de mort de la Russie ne peut pas
se faire, heureusement».
Un masquage des différences intra- et inter-groupales habituellement opérées s’effectue,
au moins de manière temporaire, lorsque le nexus est activé. Lors des manifestations
qui suivirent le 21 avril 2002 – et le choc d’un candidat d’extrême-droite au second
tour de l’élection présidentielle française – militants ou sympathisants de «gauche»
comme de «droite» se retrouvaient unis, ensemble pour défendre la République.
Une apparition en situation de conflit et une disparition lorsque la menace ou le
conflit disparaissent. Insistons ici sur le caractère temporaire et historiquement situé
des nexus. Si le terme «Révolution» pouvait en 1917 embraser la Russie (Sherif,
1937) et mobiliser les foules il est peu probable qu’il ait un tel effet aujourd’hui. Des
sociologues anglo-saxons (Cohen, 1972; Goode et Ben-Yehuda, 1994, ou encore
McRobbie et Thornton, 1995) parlent, eux, de «paniques morales» lors des périodes
d’intense émotion populaire face à des situations considérées comme menaçantes
pour la société.
Une élaboration qui vise à la construction du réel. Le concept imaginaire prend
naissance: la chose nommée existe. Comme l’écrit Guimelli (1999, p. 101) «c’est
une élaboration de l’imaginaire social qui ne peut être réduit à un contenu particulier».
Ils sont indexés par un terme unique n’ayant pas d’autres équivalents. Le «fou» n’est
pas le «malade mental» pas plus que «nazi» ne semble correspondre à «national-socialiste»5 (Rouquette, 1994).
Enfin, l’emphase est la forme d’expression discursive privilégiée. Le Bon (1905, p. 37)
reconnaissait que «la foule n’étant impressionnée que par des sentiments excessifs,
l’orateur qui veut séduire doit abuser des affirmations violentes […] Connaître l’art
d’impressionner l’imagination des foules c’est connaître l’art de les gouverner». La
majorité des discours parlementaires de la Troisième République (de Victor Hugo à
Clémenceau en passant par Léon Blum) synthétisés par Garrigues (2004) illustre
parfaitement cette utilisation de l’emphase lorsqu’il est question de nœuds affectifs.
C’est la «matière historique» (Rouquette, 2003), si utile au chercheur, qui va nous
servir de base pour esquisser deux illustrations de la notion de nexus. Quel meilleur
exemple de contexte socio-historique de manifestation mobilisatrice de représentations
collectives qu’une situation de guerre? La première illustration portera sur l’explosion
de haine populaire après la défaite de l’armée Napoléonienne à Sedan en 1870. D’une
guerre à l’autre, l’élan patriotique de la Première Guerre mondiale nous servira, à
travers un excellent outil de propagande, de seconde illustration.
5. Bien que les deux expressions soit objectivement équivalentes.
D’UNE GUERRE À L’AUTRE: DEUX ILLUSTRATIONS HISTORIQUES DES NEXUS
97
Les monnaies satiriques de 1870
Le 15 juillet 1870 le gouvernement français demande des crédits pour la guerre. Le
Président du Conseil en exercice, Émile Ollivier, déclare devant le Corps législatif
accepter la guerre «d’un cœur léger». Paris est en effervescence. La presse et l’opinion
sont déchaînées. Le 17 juillet, lors d’un rassemblement populaire à la Bastille, Émile
Ollivier poussé par l’opinion publique, déclare la guerre à la Prusse mais ce n’est que
deux jours plus tard, le 19 juillet 1870, que la France déclarera officiellement cette
guerre. Cette décision provoque un rassemblement enthousiaste des Parisiens devant le
Palais des Tuileries où la foule scande des slogans patriotiques et des cris «À Berlin !».
Comme Carrère (1972) le note, il s’agit à la fois d’une guerre ancienne, telles ces
«guerres de prince» du 18ème siècle, et de l’un des tous premiers conflits modernes.
Malheureusement, après seulement quelques semaines de combats, face à une armée
deux fois plus nombreuse et un armement plus efficace, la capitulation de Sedan, le 2
septembre 1870, livre au roi de Prusse l’empereur des Français – Napoléon III –, un
maréchal de France, une quarantaine de généraux et près de 85 000 hommes6.
Trois jours plus tard, la Troisième République est proclamée à Paris ainsi que la
déchéance de l’empereur. Un gouvernement républicain, dit de défense nationale, est
mis en place. Dans un sursaut patriotique, ce nouveau régime décide de poursuivre la
lutte armée contre l’invasion ennemie. Mais la chute de Napoléon III ne changera rien
à la volonté de Bismarck de poursuivre la guerre et d’annexer les territoires.
La paix est signée à Francfort-sur-Main le 10 mai 1871. La France abandonne
l’Alsace et la partie nord de la Lorraine sauf Belfort. Ces deux régions sont intégrées à
l’Empire allemand et reçoivent le statut de «territoires d’empire». Elles ne redeviendront
françaises qu’après la défaite de l’Allemagne en 1918 ce dont nous reparlerons dans la
partie suivante. La France doit également verser à la Prusse 5 milliards de francs-or.
L’occupation dura jusqu’au 16 septembre 1873, date à laquelle l’indemnité fut payée
complètement.
Cet épisode de l’histoire de France entraîna une explosion de haine populaire. Une
des traductions de cette haine prendra comme support inédit les pièces de monnaie qui
seront regravées par des particuliers: «SEDAN» s’étalait en toutes lettres sur le métal
des pièces. Mais pourquoi les pièces? Certainement pour trois raisons: en premier lieu,
les pièces représentaient, au sens propre, Napoléon et l’empire. Napoléon III était, aux
yeux du peuple français, à l’origine de cette guerre et, surtout, la cause de la défaite. La
situation était en réalité plus complexe mais le nom de Sedan agissait comme un nexus:
charge émotionnelle intense, rejet fort. En second lieu, la monnaie représentait, au sens
figuré cette fois, la France. Tel un animal marqué au fer rouge apparaissait sur des
milliers de pièces la marque du déshonneur: «SEDAN». Enfin, et c’est essentiel, ces
pièces avaient toujours cours et continuaient de circuler. Elles rappelaient sans cesse et
entretenaient le souvenir de cette humiliante défaite.
Cette guerre des symboles prendra une autre dimension dans les préludes de la
Seconde Guerre mondiale. Tchakhotine (1952) décrira cette «guerilla des symboles»
avec la déformation de la Croix gammée ou celle des Trois flèches du Front d’airain par
6. Cela sans compter les 25 000 prisonniers faits dans les combats antérieurs.
98
SYLVAIN DELOUVÉE
les hitlériens. Il raconte également cet épisode du début des années 30 en Allemagne où
la réaction affective d’un individu prend tout son sens: «Cinq jours plus tard, en
traversant un carrefour à Heidelberg, je fus tout à coup comme frappé par la foudre. Au
coin d’un mur était peinte une croix gammée, rayée par un gros trait de craie blanche.
[…] un ouvrier impulsif, excité par l’affaire de Boxheim, ne pouvant plus contenir son
émotion, poussé à agir violemment, avait pris un morceau de craie ou un caillou et barré
l’insigne odieux de la croix gammée; en la détruisant ainsi il donnait libre cours à sa
haine accumulée» (Tchakhotine, 1952, p. 266).
Revenons à la création de ces pièces de monnaie dites satiriques. Elles rivalisaient
d’expressions injurieuses ou ironiques sur Napoléon III et sur l’Empire. Dans un premier
temps ce furent les particuliers qui regravèrent les pièces. Un simple «SEDAN» ciselé
sur la face de Napoléon était le plus courant. Facile à réaliser ce type de pièces se
multipliait. D’autres étaient l’œuvre de véritables artistes. Les pièces étaient finement
retravaillées, Napoléon héritait d’un casque à pointe prussien ou encore de cornes du
diable, et diverses inscriptions prenaient place.
Mais ces initiatives de particuliers ne suffisaient pas à satisfaire le désir de vengeance
de l’opinion publique. Notons ici le caractère affectif marqué: il ne pouvait s’agir d’un
élément de propagande à l’encontre de Napoléon III ou de l’empire puisque la guerre
était terminée, l’empereur déchu et l’empire remplacé par une république. On était dans
la dérision et surtout dans l’insulte. Les pièces de monnaie devenaient le support d’une
réaction affective et n’avaient pas la prétention, comme tout objet de propagande, d’être
mobilisateur de comportements effectifs.
L’aspect «nœud» des nexus est également particulièrement typique dans cette situation
si l’on en juge par l’accumulation des motifs injurieux utilisés alors contre l’empereur
sur les monnaies. Le terme «motifs» est ici dans ses deux sens: comme renvoyant aux
différents thèmes visuels de dégradation ou d’insulte (le casque de l’ennemi, la calotte
papale, le képi du petit fantassin de base, le groin du porc, etc.) et comme renvoyant aux
«raisons», motivations, de la dégradation et de l’insulte (l’incompétence, la trahison, la
bondieuserie, la sensualité, le luxe, etc.).
Pour satisfaire ce désir de vengeance exacerbé on fit alors appel à l’industrie qui
frappa en très grandes quantités des jetons ou des médailles satiriques (sur la base, le
plus souvent, d’une pièce de 10 centimes). Ces jetons étaient presque tous calqués sur
le même modèle: à l’avers, l’effigie de Napoléon coiffé du casque à pointe prussien, et
au revers, remplaçant l’aigle impérial, figure une chouette ou un autre oiseau de nuit. La
légende «Empire Français» se transforme en «Vampire Français». Les graveurs de ces
jetons sont restés anonymes.
Cet épisode de l’histoire de France a été depuis occulté, oublié. Les célébrations sont
là pour rappeler les moments héroïques et non les défaites cinglantes. Sedan, aujourd’hui,
a retrouvé son calme et le nom n’évoque plus qu’une ville française. Il y a un peu plus
d’une centaine d’années, pourtant, des milliers de pièces ont été regravées, des jetons
créés. Nous étions bien face à un noyau de sens irraisonné qui avait valeur de référentiel.
L’explication sur la défaite de cette guerre était seconde. Primait une charge affective
intense à l’évocation de Sedan. Cette guerre empoisonna les relations franco-allemandes
durant les décennies suivantes contribuant aux rivalités européennes et au désir de
revanche qui devaient déboucher sur la Première Guerre mondiale.
D’UNE GUERRE À L’AUTRE: DEUX ILLUSTRATIONS HISTORIQUES DES NEXUS
99
Les vignettes patriotiques de la Première Guerre mondiale
Dimanche, 18 octobre 1914. L’armée belge, commandée par le roi Albert 1er, doit faire
face à de très violentes attaques menées par l’armée allemande à quelques kilomètres de
la frontière franco-belge. La bataille de l’Yser débute.
Mercredi, 25 novembre 1914. Après d’intenses combats, l’artillerie allemande lance
l’offensive sur Ypres et détruit totalement la ville. Il faudra plus de 40 années pour
reconstruire celle-ci. 500 000 personnes seront enterrées dans les 170 cimetières d’Ypres
et de sa région.
1915. Deux vignettes commémoratives sans valeur postale paraissent. En noir et
rouge sur fond blanc on y voit Ypres dévastée avec son hôtel de ville en flammes. Sur
l’une de ces vignettes est écrit: «Ypres 1914 – Souvenez-vous».
Il s’agit de l’une des 1 400 vignettes regroupées par Michel Bonneau et Daniel Van
Treeck (1983) dans un des rares catalogues existant7. De 1914 à 1920 sont répertoriées
les vignettes patriotiques françaises de la Première Guerre mondiale mises en circulation.
Ayant souvent l’apparence d’un timbre, celles-ci n’ont pourtant aucun pouvoir d’affranchissement. Elles feront leur apparition en Angleterre, vers 1850, en même temps que la
publicité avec laquelle elles seront étroitement liées.
L’erinnophilie est la collection de ces timbres sans valeur postale. Terme mystérieux
qui doit son origine au Dr. Cazin (1912) à partir du verbe allemand erinnein qui signifie
«se souvenir». La Première Guerre mondiale va éclater et la vignette va être, elle aussi,
mobilisée. Presque tous les pays belligérants vont en émettre: vignettes de la Croix-Rouge,
vignettes militaires, vignettes patriotiques, vignettes commerciales. C’est à la France –
sur le territoire de laquelle se livrent les plus durs affrontements de cette guerre – qu’il
va appartenir d’en émettre le plus.
Ces vignettes, merveilleux outils de propagande, peuvent être classées en trois
grandes catégories: les vignettes patriotiques (vignettes militaires, timbres de guerre),
les vignettes de la Croix-Rouge et les vignettes publicitaires. Comme le note Auclert
(1981, p. 107) ces vignettes vont avoir «…valeur de document historique. Petites images
de la Grande guerre, jamais on ne sut évoquer autant d’héroïsme et de bêtise humaine
en si peu d’espace».
Grâce aux Éditions Delandre8 plusieurs milliers de vignettes patriotiques différentes
seront imprimées en France pendant la Première Guerre mondiale. Elles étaient conçues
pour être diffusées à grande échelle: nous sommes là dans la communication de masse.
Le Petit Parisien du 13 décembre 1916 indiquait que «ces timbres font connaître les
actions d’éclat du régiment, les glorieuses inscriptions au drapeau, tout un passé et tout
un présent également glorieux, et sont ainsi un motif d’orgueil patriotique aussi bien
7. Charles Kiddle (1998) proposera une centaine de vignettes militaires françaises inédites.
8. De son vrai nom Gaston Fontanille. Personne, dans aucun pays, n’a créé une production aussi
massive et aussi variée. Il se décernera même le titre de «Directeur Général de l’Administration
des Timbres de Guerre». Il s’entourera des plus grands dessinateurs de l’époque pour réaliser
ses vignettes tels Charles Brun, Léandre, de Neumont, Jonas, Scott, Hansi, de la Nézière,
Benjamin Rabier… Il deviendra le grand spécialiste de cette forme de propagande. Il sera
cependant condamné (pour copie de vignettes italiennes et défaut de versement des pourcentages
à la Croix-Rouge) et moura en prison avant la fin de sa peine.
100
SYLVAIN DELOUVÉE
pour ceux qui les reçoivent que pour ceux qui les envoient; ils constituent en outre une
excellente propagande, en rappelant à tous, d’une façon tangible, que l’héroïsme fut de
tous les temps en France».
Dans leur catalogue, Bonneau et Van Treeck (1983) proposent un regroupement des
vignettes selon les thèmes suivantes:
Vignettes commémoratives
Vignettes réclame de Delandre
Les Drapeaux
Vignettes rondes
Les Médailles
Reproductions d’affiches et tracts
Devises et slogans
Pro Patria
Slogans Delandre a fond gris-noir
Ad usum Bochorum
Trois séries Delandre
Dieu et la Patrie
L’Espionnage
Solidarité
L’Or, l’emprunt
Vignettes diverses
Joffre
Nos chefs, nos alliés
La France, le plus beau pays du monde
Les Engagements, les Actes
Villes martyres, la Somme dévastée
Les Atrocités allemandes
Souvenez-vous! N’oubliez jamais!
Porte-timbres
Propagande commerciale et industrielle
Vignettes commerciales privées
Papillons
Vignettes postérieures à 1920
Ces vignettes étaient faites pour être achetées et, par-delà, pour être collées. On
écrivait à sa famille, à sa femme, à sa fiancée, à ses amis pour leur montrer ça aussi,
pour leur rappeler également ça. Ce «ça» pourrait être départagé en deux types: les
vignettes qui nous valorisent par rapport à l’ennemi (vignettes commémoratives, drapeaux,
médailles, devises et slogans, Pro Patria, etc.) et celles qui dévalorisent directement
l’ennemi et, en conséquence, nous valorisent (les atrocités allemandes, souvenez-vous!
n’oubliez jamais!, villes martyres, la Somme dévastée, etc.). Il s’agit d’une distinction
classique de toute propagande.
Ces vignettes étaient donc créées pour être collées autrement dit pour circuler, pour
se montrer au regard de tous et pour témoigner. Pensons, après les événements du 11
septembre 2001, à tous ses drapeaux américains qui fleurirent aux États-Unis d’Amérique.
Il s’agissait de marquer son appartenance. On retrouve là une des propriétés des nexus:
les différences intra-groupales s’effacent, tout le monde se retrouve uni.
Comme pour les pièces de monnaie, les vignettes patriotiques n’étaient pas le nexus
mais servaient de support à celui-ci. S’agissant d’un nœud affectif prélogique, son
identification est toujours délicate. Il semble que dans le cas de la Première Guerre
mondiale le terme «PATRIE» était capable de mobiliser les foules ce qui peut être un
critère d’authentification. La patrie est un thème qui est présent dans toutes les vignettes
patriotiques: que ce soit pour glorifier la patrie ou pour montrer les attaques qu’elle
subit. Le Bon (1915, p. 211) notait en 1915 que «C’est lui [le patriotisme] qui, le jour
même où la guerre fut déclarée, détermina les hommes appartenant aux partis en
apparence les plus rebelles à son influence pacifistes, syndicalistes, socialistes, etc., à se
D’UNE GUERRE À L’AUTRE: DEUX ILLUSTRATIONS HISTORIQUES DES NEXUS
101
ranger immédiatement sous les drapeaux. Cette unanimité eût été impossible si le
patriotisme n’avait pas constitué une force inconsciente dont les impulsions balaient tous
les raisonnements». Comme nous l’écrivions précédemment, la Patrie n’offre pas de
réalité plus prégnante que lorsqu’elle est «en danger». Aujourd’hui, en France, ce terme
serait-il si mobilisateur?
De Sedan à Ypres
Ces deux exemples illustrent selon nous parfaitement l’existence de tels nœuds affectifs.
L’Histoire est loin d’être avare en exemples de ce type: en 44 av. J.C., les funérailles
de Jules César déchaînèrent troubles et passions dans un sommet d’hystérie collective
romaine. Suetone (1931, LXXXV) écrit: «Cette foule tumultueuse rencontra Helvius
Cinna, et, par suite d’une erreur de nom, le prenant pour Cornélius, à qui elle en voulait
pour avoir prononcé la veille, un discours véhément contre César, elle le tua, et
promena sa tête au bout d’une pique». Comme l’écrivait Rouquette (1994, p. 68) «leur
réalité cognitive et collective pèse sur les conduites des individus et des foules au point
de les pousser parfois jusqu’au sacrifice ou au meurtre».
Malgré tout, l’identification d’un nexus est paradoxale comme le notent Campos et
Rouquette (2000). Son caractère «prélogique» implique une authentification délicate dès
lors que l’événement est en cours. On peut malheureusement difficilement expérimenter
sur le passé et les cas historiques présentés ne servent, au mieux, que d’illustration.
Seule une méthodologie expérimentale permettrait de valider les propriétés listées par
Rouquette (1994). Un tel travail est en cours.
Abstract: The term nexus was suggested by Rouquette (1988, 1994) to designate a pre-logical
affective core shared by a large number of individuals in a given society. This article defines and
offers two illustrations of nexus revealed during the history of France. In both cases, war is the
social and historical context in which the nexus mobilizes collective representations.
Rezumat: Termenul nexus a fost propus de Rouquette (1988, 1994) pentru a desemna nucleele
(nodurile) afective prelogice împãrtãºite de un numãr mare de indivizi într-o societate datã.
Articolul de faþã încearcã sã defineascã ºi sã ofere ilustrãri ale acestor „noduri” prin intermediul
a douã aspecte din istoria Franþei. În ambele cazuri, rãzboiul este contextul social ºi istoric de
manifestare mobilizatoare a reprezentãrilor colective.
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Andreea Gruev-Vintilã1
Efectele implicãrii asupra reprezentãrilor
sociale ale unui risc colectiv: cazul riscului seismic.
O comparaþie între Franþa ºi România
„Of the wonders wrought by the great earthquake,
these were all that came under my eye; but the
tricks it did, elsewhere, and far and wide over the
town, made toothsome gossip for nine days.”
Mark Twain
Rezumat: Acest studiu se înscrie în perspectiva structuralã asupra reprezentãrilor sociale. Ne
intereseazã efectele implicãrii asupra reprezentãrilor sociale ale riscului seismic elaborate de o
populaþie care are o experienþã colectivã privitoare la cutremure (eºantion românesc) ºi de o
populaþie care nu are aceastã experienþã (eºantion francez). Rezultatele aratã cã reprezentarea
elaboratã de eºantionul românesc este în mod semnificativ mai structuratã decât cea elaboratã de
eºantionul francez. Rezultatul este valabil atât pentru componenta normativã a reprezentãrilor
(unde se aflã elementele utile pentru evaluare), cât ºi pentru componenta lor funcþionalã (care
conþine elementele utile pentru acþiune), chiar dacã participanþii nu au trãit un seism ei înºiºi. În
al doilea rând, rezultatele aratã cã implicarea ridicatã a indivizilor, tradusã prin percepþia cã riscul
seismic este o chestiune de importanþã majorã, structureazã semnificativ ºi prioritar componenta
normativã a reprezentãrii, însã nu are efect asupra componentei ei funcþionale. Sunt evocate
câteva consecinþe practice ºi teoretice ale acestor rezultate, precum ºi necesitatea unor perspective
complementare pentru studiul comportamentelor legate de riscurile colective în general ºi de
riscul seismic în special (e.g. teoria angajamentului)2.
1. Université de Paris 5 (Laboratoire de Psychologie Sociale et Environnementale) ºi Université
de Bourgogne), lector ºi cercetãtor asociat la Laboratoire de Psychologie Clinique et Sociale,
Groupe Psychologie Sociale des Discours), e-mail: [email protected].
2. Autoarea mulþumeºte domnilor Adrian Neculau ºi Nicolae Mitrofan pentru ajutorul preþios
oferit la colectarea datelor.
PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale
104
ANDREEA GRUEV-VINTILÃ
I. Riscurile colective ºi psihologia socialã
Când nu li se întâmplã numai altora, riscurile colective stârnesc îngrijorarea. Azbestul
cancerigen, cutremurele, encefalopatia spongiformã bovinã (boala vacii nebune), inundaþiile, încãlzirea planetei, organismele transgenice, poluarea, reziduurile nucleare,
stratul de ozon, salmonella, terorismul, tornadele, toxinele alimentare etc. sunt câteva
exemple de riscuri colective care declanºeazã dezbateri sociale larg mediatizate.
Riscurile colective suscitã interesul la mai multe niveluri ale societãþii: politic,
legislativ, administrativ, ºtiinþific, medical ºi, nu în ultimul rând, al societãþii civile.
Pânã nu de mult, ºtiinþele sociale s-au aplecat asupra riscurilor colective graþie mai ales
sociologilor. Psihosociologii ºi-au manifestat interesul recent. De ce indivizii adoptã atât
de greu comportamente legate de reducerea riscurilor colective, deºi ºtiu bine ce pagube
produc acestea? Cum evalueazã oamenii riscurile colective ºi riscurile legate de fenomene naturale? Cum putem creºte acceptabilitatea mãsurilor de prevenire ºi reducere a
riscurilor? Cum se pot oamenii simþi mai responsabili? Cum se pot evalua programele
în curs? Cum se poate ameliora comunicarea despre riscurile colective? Cum, în fond,
putem preveni ºi limita efectele catastrofelor? Dacã vrem sã înþelegem cum gândesc
oamenii riscurile ºi cum se situeazã faþã de ele, înseamnã cã trebuie sã înþelegem
gândirea socialã care subîntinde percepþia riscurilor. Acest demers este indispensabil
pentru a furniza elemente de rãspuns la întrebãrile actorilor sociali implicaþi.
Gândirea socialã care subîntinde percepþia riscurilor colective
Studiile ce subliniaz㠄idiosincraziile spiritului uman” sunt numeroase (Slovic, 1986;
De Vanssay, 1998; Deneufbourg ºi De Vanssay, 2000). Majoritatea cercetãrilor, fie cã
este vorba de analize sociologice, organizaþionale sau economice, recunosc astfel rolul
constitutiv al componentei sociale în percepþia ºi evaluarea riscurilor colective. Altfel
spus, percepþia ºi evaluarea riscurilor colective fac parte din cunoaºterea socialã ºi
contrasteazã cu percepþia ºi evaluarea ºtiinþificã a acestor riscuri.
Percepþia hazardurilor (hazards) este astãzi multidimensionalã (Vlachos, 1995), în
sensul cã þine cont atât de informaþiile obiective legate de probabilitatea unui fenomen ºi
de regiunea în care se produce, cât ºi de datele sociale, istorice, psihologice individuale
ºi colective ale populaþiei afectate. Rezultatele studiilor de pânã acum asupra riscurilor
colective converg asupra urmãtoarelor puncte:
1. Deciziile individuale ºi colective pe termen scurt ºi lung se sprijinã în mod exclusiv
pe percepþia riscului (Slaymaker, 1999; Smith, 2001), adicã pe o percepþie subiectivã.
2. Percepþia individualã ºi socialã a riscurilor colective este o componentã importantã a
managementului lor (Heijmans, 2001; Kirschenbaum, 2002; Slovic [i Weber,
2002), mai ales înaintea producerii evenimentului riscant. Mai mult, implicarea
colectivitãþii pare sã condiþioneze reuºita aplicãrii mãsurilor adoptate în favoarea
reducerii riscurilor cel puþin în aceeaºi mãsurã ca studiile preliminare, deciziile
politice ºi managementul adecvat (Cheval, 2003).
3. Se presupune cã implicarea colectivitãþii depinde de percepþia riscului. În acest caz,
variabila în discuþie ar avea un statut important în procesul de reducere ºi transfer al
riscului (Wilde, 1994). Modelul implicãrii folosit în studiul nostru înþelege implicarea
EFECTELE IMPLICÃRII ASUPRA REPREZENTÃRILOR SOCIALE ALE UNUI RISC...
105
tocmai ca variabilã care mediazã elaborarea reprezentãrilor sociale (Rouquette, 1987;
Flament ºi Rouquette, 2003).
Psihosociologii sugereazã ca, în loc sã deplângã distorsiunile induse de percepþia
socialã a riscurilor, instituþiile sociale sã le ia în consideraþie ºi sã le accepte pe cele pe
care o informare mai exactã sau suplimentarã nu le poate schimba. „Nu este vorba de o
opoziþie între «riscuri reale» ºi «riscuri percepute». Este vorba despre douã ansambluri
de percepþii, ºi ambele au o anumitã validitate care poate fi argumentat㔠(Fischoff, citat
de New York Times în 1994).
Psihologia socialã dispune, dupã cercetãrile din ultimii ani, de instrumente teoretice
ºi metodologice deosebit de pertinente pentru surprinderea ºi studierea gândirii sociale.
Acestea ne permit sã înþelegem rezultatele potrivit cãrora „percepþia riscurilor de cãtre
public nu este iraþionalã faþã de cea a experþilor” (Slovic, 1986). ªtim astãzi cã gândirea
socialã contrasteazã cu gândirea ºtiinþificã datoritã proprietãþii celei dint^i de a fi
determinatã de contextul social în care se înscrie. Însã psihosociologii subliniazã cã, în
ciuda contrastului sãu cu gândirea ºtiinþificã, gândirea socialã rãmâne o logicã validã în
contextul social ºi indivizilor le este folositoare (Guimelli, 1999; Rouquette, 1992).
Cercetarea noastrã se apleacã asupra gândirii sociale care intervine în percepþia riscului
seismic folosind paradigma reprezentãrilor sociale.
II. Câteva elemente despre seisme
În medie, seismele fac aproximativ 10 000 de victime pe an în întreaga lume. Riscul
seismic este vizat de rezoluþia E/1999/L44 din 30 iulie 1999 a Consiliului Economic ºi
Social al ONU care inaugureazã programul UNISDR (United Nations International
Strategy for Disaster Reduction).
În cele ce urmeazã, adoptãm distincþia seismologilor între hazard ºi risc seismic
(Tudor, 2003). Astfel, hazardul seismic este probabilitatea ca un seism cu o anumitã
magnitudine ºi un anumit potenþial distructiv sã se producã într-o regiune ºi la un
moment dat. Spre deosebire de hazard, riscul seismic reprezintã probabilitatea ca un
seism sã aibã efecte distructive (victime ºi pagube materiale). Prin urmare:
– riscul seismic este strict legat de seismele care afecteazã regiunile locuite sau cele în
care existã construcþii;
– orice hazard seismic nu este neapãrat un risc seismic.
Pot fi prevãzute seismele?
Seismele par sã fie precedate de semnale electromagnetice în ionosferã, însã caracterul
sistematic al acestor fenomene este încã investigat. Geofizicienii avertizeazã totuºi cã
aceastã tehnologie nu permite prevederea seismelor (cf. Ultré-Guérard, 2004). Aplicarea
unui sistem operaþional de anticipare a seismelor rãmâne încã o perspectivã îndepãrtatã.
În schimb, evaluarea riscului de producere a unui seism distructiv este posibilã ºi ea þine
de domeniul prevenirii riscului seismic. Aceastã prevenire este legatã pe termen lung de
protejarea unei regiuni datoritã construcþiilor adaptate, ºi, mai ales, de educarea populaþiei.
106
ANDREEA GRUEV-VINTILÃ
Ce este un seism?
Puþini sunt românii care nu au trãit un cutremur. Potrivit definiþiei, seismul este un
fenomen natural manifestat prin miºcãri bruºte ale scoarþei terestre. Teoria plãcilor
tectonice (Wegener, 1915) ne spune cã ele se sprijinã pe astenosferã (situatã sub litosferã
ºi compusã din roci topite). Curenþii termici de convecþie generaþi de temperaturile ºi
presiunile ridicate din astenosferã determinã deplasarea plãcilor. Acest proces este însã
frânat de forþele de frecare ce apar la suprafeþele de contact dintre plãci. Deplasarea
relativã a plãcilor unele faþã de altele (apropiere, îndepãrtare sau alunecare) duce la
deformarea elasticã a rocilor superficiale (ceea ce genereazã o cantitate imensã de
energie de deformare) pânã la un punct în care se rup brusc de-a lungul uneia sau mai
multor falii. Aceastã rupturã brutalã a rocilor în punctul numit focar sau hipocentru
constituie cauza seismului. Proiecþia epicentrului la suprafaþa pãmântului se numeºte
epicentrul seismului. Unda de ºoc consecutivã rupturii se propagã cu mare vitezã ºi este
însoþitã de eliberare de energie: efectul ei este vibraþia scoarþei terestre.
Intensitatea unui seism caracterizeazã efectele lui la suprafaþa pãmântului. Intensitatea
se mãsoarã cel mai adesea pe scara MSK (o scalã Mercalli modificatã), care nu este o
scalã matematicã, ci una în 12 puncte ce descrie efectele seismului, observate pe teren,
de la cele mai uºoare la cele mai devastatoare (veselã spartã, mobilã deplasatã, pereþi
cãzuþi, clãdiri distruse, cãi ferate deformate sau chiar modificãri de relief). Intensitatea
unui seism depinde de locul de observaþie ºi de mãrturiile populaþiei asupra efectelor
constatate.
Magnitudinea, mãsuratã pe scara Richter, evalueazã energia eliberatã în focarul
seismului sub formã de unde seismice. Magnitudinea maximã constatatã pânã `n prezent
este de 8,8. Un seism cu magnitudinea de peste 7 grade pe scara Richter este catalogat
drept major. Magnitudinea unui seism este independentã de locul de observaþie ºi de
mãrturiile populaþiei cu privire la efectele constatate.
De notat cã între magnitudine ºi intensitate nu existã o relaþie veritabilã. Astfel, douã
seisme cu aceeaºi magnitudine pot avea la suprafaþã intensitãþi diferite. De asemenea,
douã seisme care au aceeaºi intensitate într-un punct pot avea magnitudini diferite.
III. Câteva elemente despre seismicitatea þãrilor
în care s-a desfãºurat cercetarea
Seismicitatea Franþei continentale este moderatã. Seismele sunt de regulã superficiale,
adicã focarul lor se situeazã în scoarþa terestrã. Ultimul seism important s-a produs la
Annecy, în 15 iulie 1996 (magnitudine 5,2 pe scara Richter).
România este în schimb una dintre þãrile europene cele mai active din punct de
vedere seismic. Zeci de seisme au loc în fiecare an ºi sunt, în general, mai grave în sudul
ºi sud-vestul þãrii.
Banca Mondialã numãrã România printre þãrile cu risc seismic ridicat ºi evalueazã la
1,5 miliarde de dolari pagubele pe care le-ar putea produce un posibil seism major
viitor. Agenþiile de rating, care realizeazã evaluãri ale riscului de þarã destinate investitorilor, þin cont, în cazul României, de riscul seismic (ca ºi în cazul unor þãri ca Japonia,
de exemplu, dar nu ºi în cel al Franþei). Bucureºtiul ocupã locul 10 în clasamentul
EFECTELE IMPLICÃRII ASUPRA REPREZENTÃRILOR SOCIALE ALE UNUI RISC...
107
mondial al metropolelor expuse riscului seismic ºi este capitala europeanã cea mai
vulnerabilã la acest risc.
Seismele majore, de mare intensitate, care dãrâmã clãdiri ºi produc sute sau mii de
victime, se succed în România cu o frecvenþã aproximativã de 30-50 de ani. Astfel,
secolul XX a fost marcat de patru seisme majore (magnitudine de peste 7 pe scara
Richter), dintre care douã devastatoare (intensitate ridicatã): cel din 10 noiembrie 1940
(magnitudine 7,4) ºi cel din 4 martie 1977 (magnitudine 7,2). Ultimul seism devastator,
survenit în 4 martie 1977, a fãcut 1 600 de morþi ºi 11 000 de rãniþi. La Bucureºti s-au
dãrâmat mai multe clãdiri, iar pe ansamblul teritoriului naþional au fost distruse aproximativ 33 000 de locuinþe. Pagubele materiale produse de acest seism au fost evaluate
la 2 miliarde de dolari. „Cutremurul din 4 martie” a marcat memoria colectivã a
generaþiilor de români care l-au trãit ºi a descendenþilor lor. Românii îl citeazã drept cel
mai teribil dezastru natural care a lovit vreodatã România.
Institutul Naþional de Fizica Pãmântului nu se aºteaptã la un seism major înainte de
2006. În schimb, probabilitatea ca un seism major se sã se producã în intervalul
2006-2008 este de 75%, iar pentru intervalul 2006-2011 tinde cãtre 100% (Rãileanu,
Enescu ºi Rizescu, 1996). Intensitatea la Bucureºti ar putea fi de 8 grade pe scara MSK.
Percepþia riscului seismic în România: douã studii
Din câte ºtim, singurul studiu românesc asupra percepþiei sociale a riscurilor colective
a fost condus de Sorin Cheval (2003). Rezultatele lui, calitative, aratã cã seismele sunt
hazardul natural cel mai temut de români. Acest rezultat este valabil atât pentru
respondenþii care locuiesc într-un oraº „seismic” (Bucureºti), cât ºi pentru cei din oraºe
cu risc seismic scãzut (Braºov, Oradea). Sorin Cheval explicã consistenþa acestui rezultat
prin urmãtorii factori: „(a) experienþa relativ recentã ºi tragicã a cutremurului din 4
martie 1977, (b) perspectiva unui seism major în viitorul apropiat ºi (c) frecvenþa
subiectului în mass-media”.
Emil-Sever Georgescu et al. (2004) a chestionat locuitorii imobilelor din Bucureºti
care prezintã un risc seismic ridicat ºi un pericol public. Din punct de vedere psihosociologic, ei constituie o populaþie specialã în sensul cã, de câþiva ani ºi în mod periodic,
sunt expuºi informãrii din partea autoritãþilor în ceea ce priveºte consolidarea antiseismicã a locuinþelor lor. Pe de altã parte, 96% dintre respondenþi spun cã au trãit un
seism puternic (pentru cei mai mulþi este vorba de cutremurul din 1977). Acest studiu
aratã cã marea majoritate a participanþilor este conºtientã de riscul seismic, cunoaºte
cauzele cutremurelor ºi pericolul pe care îl reprezintã. Douã treimi dintre respondenþi
declarã c㠄sunt îngrijoraþi” ºi c㠄vor sã facã ceva” în legãturã cu riscul seismic. Însã
ancheta pune în evidenþã ºi existenþa unor factori care limiteazã angajarea lucrãrilor de
consolidare: faptul cã o persoanã trãieºte singurã, reticenþa în a contracta creditele
necesare lucrãrilor, percepþia cã sprijinul din partea autoritãþilor ºi a asociaþiilor este
insuficient, durata lucrãrilor apreciatã ca fiind prea lungã etc.
108
ANDREEA GRUEV-VINTILÃ
Mãsuri de prevenire ºi protecþie împotriva riscului seismic în România
În ultimii ani, autoritãþile române au promulgat, în afara normelor tehnice, mai multe
acte normative referitoare la riscul seismic, ce privesc populaþia, dintre care citãm:
– Legea 106 din 3 octombrie 1996 însãrcineazã protecþia civilã, componentã a Apãrãrii
Naþionale, cu prevenirea, protecþia populaþiei ºi participarea la limitarea pagubelor
în caz de dezastru;
– Ordonanþa 20/1994 (republicatã în 2001) prevede mãsurile de reducere a riscului
seismic care privesc clãdirile existente;
– programul aprobat prin Hotãrârea de Guvern nr. 791/2001 priveºte consolidarea
antiseismicã a blocurilor de locuinþe multietajate construite înainte de 1940 ºi care
prezintã un risc seismic ridicat ºi pericol public;
– Ordonanþa 54 din 16 august 2002 autorizeazã înfiinþarea Centrului Naþional pentru
Reducerea Riscului Seismic (CNRRS). Dintre atribuþiile CNRRS citãm elaborarea
noilor tehnici de consolidare antiseismicã a clãdirilor (în vara 2004, a fost finalizatã
consolidarea a patru dintre cele 122 de clãdiri vizate în Bucureºti), editarea documentelor destinate educãrii paraseismice a populaþiei, formarea experþilor ºi promovarea cooperãrii internaþionale în domeniu;
– `n sfârºit, Ministerul Lucrãrilor Publice a lansat în mai 2003 un Ghid practic privind
prevenirea ºi atenuarea efectelor seismelor ºi organizeazã în mod periodic conferinþe
publice pe tema riscului seismic, cu participare româneascã ºi internaþionalã (în
special japonezã). Ghidul practic propune publicului informaþii ºtiinþifice despre
cutremure ºi comportamentul uman, însã Ministerul Lucrãrilor Publice deplânge
distribuirea lui redusã prin intermediul primãriilor. Pe de altã parte, publicul larg
frecventeazã rar conferinþele, al cãror auditoriu este compus în majoritate din specialiºti. Probabil cã aici atingem din nou chestiunea contrastului dintre gândirea
ºtiinþificã ºi gândirea socialã ºi pe aceea a consecinþelor acestui contrast pentru
percepþia socialã a riscului ºi educaþia paraseismicã a populaþiei.
IV. Cadrul teoretic
Abordãm gândirea socialã care intervine în percepþia riscului seismic cu ajutorul
paradigmei reprezentãrilor sociale. În studiul nostru, obiectul reprezentãrilor sociale
este deci riscul (ºi nu hazardul) seismic. Vom vedea în ce fel experienþa colectivã a
cutremurelor (România vs. Franþa) influenþeazã reprezentãrile riscului seismic. Vom
vedea apoi care sunt efectele variabilei psihosociale numite implicare asupra acestor
reprezentãri.
Potrivit formulãrii lui Moscovici (1961), prin reprezentare socialã înþelegem „un
corpus organizat de cunoºtinþe ºi o activitate psihicã ce permite (…) indivizilor sã facã
inteligibilã realitatea fizicã ºi socialã”.
Din perspectiva structuralã (pentru detalii, cf. „Analiza structuralã a reprezentãrilor
sociale. Modelul Schemelor Cognitive de Baz㔠din secþiunea metodologicã a acestei
reviste), o reprezentare socialã este compusã din elemente ºi din relaþiile care se stabilesc
între acestea. Operaþional, fiecare element al reprezentãrii poate fi indexat prin cuvinte
EFECTELE IMPLICÃRII ASUPRA REPREZENTÃRILOR SOCIALE ALE UNUI RISC...
109
sau sintagme produse de indivizi, de exemplu prin asociere liberã. Studiul nostru s-a
aplecat asupra structurii reprezentãrilor sociale ale riscului seismic folosind tehnica
asociativã în cadrul chestionarului ataºat modelului Schemelor Cognitive de Bazã. Astfel,
fiecare individ a dat trei rãspunsuri (elemente ale reprezentãrii) induse de cuvântul
inductor (obiectul reprezentãrii).
Modelul Schemelor Cognitive de Bazã (SCB)
Modelul Schemelor Cognitive de Bazã sau SCB (Rouquette, 1990, 1994; Guimelli ºi
Rouquette, 1992) analizeazã relaþiile între elementele reprezentãrii (de exemplu, douã
elemente ale unei reprezentãri pot fi legate prin relaþii de echivalenþã, de opoziþie, de
atribuire normativã etc.). Modelul SCB grupeazã aceste relaþii între elemente în Scheme
Cognitive de Bazã. Prin urmare, acest model permite analiza finã a structurii unei
reprezentãri ºi faciliteazã comparaþiile între diferite reprezentãri.
Componentele normativã ºi funcþionalã ale reprezentãrii sociale
În perspectiva structuralã, o reprezentare socialã se organizeazã în jurul unui nucleu
central. El este cel care determinã semnificaþia reprezentãrii ºi, prin urmare, interpretarea
realitãþii sociale. În funcþie de natura obiectului reprezentat ºi a situaþiei, nucleul central
poate avea douã componente:
– una normativã, unde se aflã elementele utile pentru evaluare, care sunt mobilizate în
situaþiile de tip socioafectiv, social sau ideologic;
– o componentã funcþionalã, constituitã din elementele utile pentru acþiune, adicã cele
mobilizate în situaþiile cu finalitate operatorie.
Modelul Schemelor Cognitive de Bazã (SCB) defineºte componentele normativã ºi
funcþionalã ale reprezentãrii cu ajutorul urmãtoarelor scheme cognitive de bazã:
– schema atribuire, ce grupeazã relaþiile între obiectul unei reprezentãri ºi atributele
lui evaluative ºi defineºte componenta normativã a reprezentãrii;
– schema praxis, ce descrie acþiunea ºi defineºte dimensiunea funcþionalã a reprezentãrii.
Chestionarul asociat modelului SCB mãsoarã activarea unei reprezentãri sociale cu
ajutorul indicelui de valenþã (Guimelli, 1993; Rouquette, 1994b; pentru detalii,
cf. „Analiza structuralã a reprezentãrilor sociale. Modelul Schemelor Cognitive de Bazã”
din secþiunea metodologicã a acestei reviste). Se definesc astfel: (a) valenþa atributivã
(Va), ce mãsoarã activarea componentei normative; (b) valenþa praxis (V p), ce mãsoarã
activarea componentei funcþionale; ºi (c) valenþa totalã a reprezentãrii. Valenþa totalã
variazã de la 0 la 1; cu cât valenþa tinde cãtre 1, cu atât reprezentarea este mai
structuratã (mai activatã). Când o reprezentare socialã este în echilibru, valenþa atributivã
ºi valenþa praxis au valori apropiate de 0,5.
110
ANDREEA GRUEV-VINTILÃ
Implicarea
Pentru Rouquette (1997; Flament ºi Rouquette, 2003), în elaborarea reprezentãrilor
sociale intervine o variabilã psihosocialã mediatoare numitã implicare. Implicarea rezultã
din combinarea a trei componente:
– valorizarea obiectului reprezentat (VO), care este o estimare a importanþei obiectului
reprezentat ºi este legatã de contextul social global al unui grup social: obiectul
reprezentat este „o chestiune de viaþã ºi de moarte (VO+)” vs. „o chestiune fãrã
importanþã (VO-)”;
– identificarea personalã (IP), care este proximitatea estimatã faþã de obiectul reprezentat: „este o chestiune care mã priveºte personal ºi în mod specific (IP+)” vs.
„este o chestiune care priveºte pe toatã lumea, iar pe mine nu mai mult decât pe
ceilalþi (IP-)”;
– capacitatea perceputã de acþiune (CPA), care este o gradaþie ce merge de la
sentimentul de control total pânã la cel de neputinþã: „þine numai de mine (CPA+)”
vs. n-am nici o putere (CPA-)”.
Prin urmare, un model de schimbare în favoarea reducerii riscurilor, sugerat de
teoria reprezentãrilor sociale, poate fi urmãtorul:
Percepþia riscului ® implicarea ® noile practici ®
+
Context perceput ca ireversibil ®
Noua reprezentare socialã ®
® Transformarea
reprezentãrii sociale
® Prescrie noile practici
Astfel, dacã percep riscul seismic ca fiind important (valorizarea ridicatã a obiectului,
VO+) ºi dacã în acelaºi timp consider cã mã priveºte pe mine personal (ºi nu numai pe
alþii…, identificare personalã ridicatã, IP+) ºi cã am într-adevãr posibilitatea sã acþionez,
în sensul cã pot preveni sau limita pagubele lui: în caz de cutremur, faptul cã mi-am
fixat mobila de perete (comportament de prevenire) ºi mi-am învãþat familia sã se
protejeze sub o masã (comportament de protecþie) ne poate salva viaþa… (capacitatea
perceputã de acþiune ridicatã, CPA+), atunci implicarea mea este ridicatã ºi prin urmare
este probabil cã îmi voi schimba comportamentul legat de riscul seismic.
Totuºi, adoptarea noilor practici nu antreneazã automat transformarea reprezentãrii
sociale a riscului seismic: de exemplu, caracterul „inevitabil” al cutremurului face
parte din aceste reprezentãri, despre care ºtim cã au „o mare capacitate de rezistenþã ºi
adaptare” (cf. Rouquette ºi Rateau, 1998). În schimb, dacã indivizii percep ca imposibilã
revenirea la practicile anterioare (de exemplu, dacã noile practici devin obligatorii prin
lege), atunci noile practici pot deveni recurente în sânul populaþiei ºi se pot diversifica,
ºi aceasta cu atât mai mult cu cât sunt valorizante (adicã dac㠄permit cel puþin menþinerea
valorii”, cf. Rouquette ºi Rateau, 1998). Cu alte cuvinte, când sub presiunea unui
context perceput ca fiind ireversibil (aceastã ireversibilitate este o condiþie sine qua non)
indivizii implicaþi, ºi ulterior o populaþie mai numeroasã, îºi modificã practicile, atunci
condiþiile sunt întrunite pentru ca echilibrul vechii reprezentãri (care prescria vechile
practici) sã fie rupt: reprezentarea trece atunci printr-un proces de transformare pentru
EFECTELE IMPLICÃRII ASUPRA REPREZENTÃRILOR SOCIALE ALE UNUI RISC...
111
a se reajusta la noile practici. Ulterior, cea care va condiþiona, „va constrânge”
(Rouquette, 2000) noile conduite relative la obiectul reprezentat va fi noua reprezentare.
Aºadar, în ceea ce priveºte adoptarea conduitelor legate de riscul seismic, nu ne-ar
rãmâne decât sã favorizãm implicarea populaþiei în condiþiile în care a fost instalat
caracterul ireversibil al contextului social... (sunã cunoscut?...). Aceastã chestiune va
fi însã abordatã într-un studiu ulterior. În cel de faþã, dintre componentele implicãrii
expunem efectele uneia singure asupra reprezentãrilor sociale ale riscului seismic: este
vorba despre importanþa ataºatã acestui risc („valorizarea obiectului reprezentat”).
V. Procedura
Variabile
Ne intereseazã aici în ce fel experienþa colectivã a seismelor (România vs. Franþa)
influenþeazã reprezentãrile riscului seismic în absenþa experienþei individuale directe. În
al doilea rând, ne intereseazã efectele variabilei psihosociale numite implicare asupra
reprezentãrilor riscului seismic.
Variabilele independente:
a) Experienþa colectivã a riscului seismic: absentã (pentru participanþii francezi) vs.
prezentã (pentru participanþii români).
b) Componenta implicãrii numitã valorizarea obiectului reprezentat, adicã importanþa
ataºatã riscului seismic: mare vs. redusã.
Aceastã variabilã a fost operaþionalizatã experimental printr-un paragraf în care
participanþilor li se spunea fie cã un seism este o chestiune de viaþã ºi de moarte care îi
poate surprinde pe ei sau familia lor (valorizare puternicã a riscului seismic, VO+), fie
cã el poate atinge þara (România, respectiv Franþa) fãrã a produce victime sau pagube
materiale notabile (valorizare redusã, VO-).
Variabila dependentã este reprezentarea socialã a riscului seismic. Variabilele dependente operaþionale sunt componentele normativã ºi funcþionalã ale reprezentãrii sociale.
Am mãsurat aceste douã componente prin intermediul indicilor de valenþã calculaþi cu
ajutorul procedurii asociate modelului Schemelor Cognitive de Bazã (SCB), limitat la
SCB Atribuire ºi Praxis (modelul SCB 19/2). Participanþii au trebuit sã asocieze trei
rãspunsuri inductorului „cutremur”. Concret, am mãsurat valenþa atributivã (V a), valenþa
praxis (Vp), ºi valenþa totalã (Vt, un indice compus din precedenþii). Reamintim cã
valenþele ridicate traduc activarea importantã a reprezentãrii (sau a componentelor ei
normativã sau funcþionalã).
Participanþi
Chestionarul a fost distribuit unui eºantion francez (N = 114) ºi unui eºantion românesc
(N = 210). Nici unul dintre participanþi nu a trãit un seism major. Vârsta medie în
ambele eºantioane este de 21 de ani.
112
ANDREEA GRUEV-VINTILÃ
Ipoteze
1. Presupunem cã experienþa colectivã a seismelor determinã structurarea mai puternicã
a reprezentãrii riscului seismic.
În virtutea acestei ipoteze, ne aºteptãm ca valenþa totalã a reprezentãrii sã fie mai
ridicatã la participanþii români decât la cei francezi. Ne aºteptãm, de asemenea, ca
valenþele atributive ºi praxis sã fie mai ridicate la participanþii români decât la cei
francezi.
2. Presupunem cã valorizarea ridicatã a riscului seismic (adicã importanþa mare
ataºatã acestui risc) determinã structurarea mai puternicã a reprezentãrii lui.
În virtutea acestei ipoteze, ne aºteptãm ca valenþa totalã a reprezentãrii sã fie mai
ridicatã la participanþii aflaþi în condiþia experimental㠄valorizare ridicatã a riscului
seismic” (riscul seismic are o importanþã ridicatã) decât la cei din condiþia „valorizare
redus㔠(riscul seismic are o importanþã redusã).
Ne aºteptãm, de asemenea, ca valenþa atributivã sã fie mai ridicatã la participanþii din
condiþia „valorizare ridicatã a riscului seismic” decât la cei din condiþia „valorizare
redusã a riscului seismic”.
În schimb, nu ne aºteptãm la un efect al variabilei „valorizarea riscului seismic”
asupra valenþelor praxis, întrucât aceastã variabilã, legatã de contextul global al grupului
care a elaborat reprezentarea, este prin urmare legatã de componenta normativã a
reprezentãrii, ºi nu de cea funcþionalã.
VI. Rezultate ºi interpretare
Atât conþinutul, cât ºi structura reprezentãrilor sociale ale riscului seismic elaborate de
cele douã populaþii diferã.
1. Conþinutul celor douã reprezentãri sociale ale riscului seismic
Din considerente de concizie, tabelul 1 prezintã rãspunsurile asociate inductorului
„cutremur” dupã eliminarea hapax-urilor (cuvintele citate o singurã datã); aceasta
explicã de ce suma procentelor diferã de 100. Se pot însã constata pattern-urile diferite
ale rãspunsurilor asociate oferite de cele douã eºantioane (Chi 2 = 205.64, gdl = 128,
semnificativ la p < .001, test realizat asupra totalitãþii rãspunsurilor).
De notat cã elementele cu conotaþie afectivã (fricã, panicã, suferinþã, durere, teroare,
tristeþe, disperare, nefericire, neliniºte, insecuritate, oroare, speranþã, milã) constituie peste
un sfert dintre rãspunsurile eºantionului românesc (26,21%), faþã de sub o zecime (7,17%)
dintre rãspunsurile eºantionului francez. Aceasta sugereazã cã ponderea componentei
normative (afective?) în reprezentarea riscului seismic elaboratã de participanþii români
este importantã. Cu toate acestea, ponderea ridicatã a elementelor afective (componenta
normativã a reprezentãrii) la participanþii români nu ne permite sã presupunem nimic în
legãturã cu ponderea elementelor utile acþiunii (componenta funcþionalã). Aceastã chestiune
va fi reluatã din perspectiva structuralã a analizei reprezentãrilor sociale ale riscului seismic.
EFECTELE IMPLICÃRII ASUPRA REPREZENTÃRILOR SOCIALE ALE UNUI RISC...
Tabelul 1. Procentajele rãspunsurilor asociate inductorului
„cutremur” în fiecare eºantion (clasament în ordinea descrescãtoare
a procentajelor rãspunsurilor asociate oferite de eºantionul românesc)
Rãspunsul asociat
Fricã + panicã
Victime
Pagube
Dezastru
Moarte
Catastrofã naturalã
Secusã
Haos
Suferinþã
Distrugãtor
Rãniþi
Dãrâmãturi
Familie
Teroare
Durere
Pericol
Demolare
Inevitabil
Ruinã
Alertã
Imobile prãbuºite
Tristeþe
Disperare
Nefericire
Ajutoare
Zgomot
Epicentru
Neliniºte
Insecuritate
A ajuta
Cataclism
ªoc psihic
Cãdere
Copii
Oroare
Acasã
Sinistraþi
Adãpost
Procent din rãspunsurile
eºantionului francez
4,66
13,98
13,98
0
9,94
7,76
4,04
0
0
7,76
0,93
0
0
0
0
0
0,93
2,48
1,04
0
0,62
0,93
0
0
0,62
0
0
0
0
0
0,31
0
0
0
0
0
0
0
Procent din rãspunsurile
eºantionului românesc
14,83
10,53
8,77
6,54
6,22
5,26
2,55
2,23
2,07
1,75
1,59
1,44
1,44
1,44
1,28
1,12
1,12
1,12
1,12
0,96
0,96
0,96
0,80
0,80
0,80
0,64
0,64
0,64
0,64
0,48
0,48
0,48
0,48
0,48
0,48
0,48
0,48
0,32
113
114
ANDREEA GRUEV-VINTILÃ
Rãspunsul asociat
Agitaþie
Câine
Curiozitate
Destin
Scara Richter
Speranþã
Fisurã
Fugã
Isterie, Psihozã
Imprevizibil
Incendiu
Inundaþie
Lipsa de siguranþã a clãdirilor
Plãci
Replicã
Risc
Fãrã adãpost
Protecþia civilã
Cutremurul din 1977
Stres
Pãmânt
Tragic
Dezechilibru
Detaºare
Devastat
Blocuri care se clatinã
Milã faþã de suferinþã
Procent din rãspunsurile
eºantionului francez
0
0
0
0,62
2,80
0
0,62
0
0
0,93
0
0
0
2,79
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
Procent din rãspunsurile
eºantionului românesc
0,32
0,32
0,32
0,32
0,32
0,32
0,32
0,32
0,32
0,32
0,32
0,32
0,32
0,32
0,32
0,32
0,32
0,32
0,32
0,32
0,32
0,32
0,16
0,16
0,16
0,16
0,16
Elementele „victime” ºi „pagube materiale” sunt comune ambelor reprezentãri sociale
(ºi sunt poate candidate la nucleul lor central). Totuºi, în afara acestor elemente comune,
remarcãm contrastul între reprezentarea eºantionului francez, compusã în special din
elemente descriptive ºi de origine ºtiinþificã (secusã, distructiv, scara Richter, plãci etc.)
ºi cea a eºantionului românesc, mult mai diversificatã mai ales în ceea ce priveºte
elementele factuale ºi explicative legate în special de efectele riscului seismic (fricã-panicã,
dezastru, haos, familie etc.).
Aceste rezultate converg cu cele publicate recent de Moliner ºi Gutermann (2004),
care sugereazã cã pentru grupurile ce au un contact redus cu un obiect social, reprezentarea lui socialã îndeplineºte mai degrabã un rol descriptiv. Prin contrast, pentru
grupurile cu un contact intens cu acel obiect social, reprezentarea lui îndeplineºte mai
degrabã un rol explicativ. Rezultatele lor sugereazã o posibilã relaþie între orientarea
descriptivã/explicativã a unei reprezentãri sociale ºi distanþa/proximitatea între membrii
grupului ºi obiectul reprezentãrii.
EFECTELE IMPLICÃRII ASUPRA REPREZENTÃRILOR SOCIALE ALE UNUI RISC...
115
Potrivit acestor autori, „intensificarea contactului cu obiectul unei reprezentãri sociale
îi determinã pe indivizi sã reorganizeze reprezentarea introducând în nucleul ei central
elementele cu rol explicativ”. Altfel spus, autorii sugereazã cã implicarea în practicile
legate de obiectul reprezentãrii îi determinã pe indivizi sã foloseascã mai puþin elementele
cu rol descriptiv. Întrebarea rãmâne însã urm\toarea: este vorba de „implicare” în
sensul definit mai sus de Michel-Louis Rouquette sau de exercitarea acestor practici,
adicã de experienþa cu privire la obiectul reprezentat?
„Orientarea descriptivã a reprezentãrii sociale este cu atât mai pregnantã cu cât
indivizii sunt mai îndepãrtaþi de obiect, în timp ce orientarea ei explicativ\ se afirmã pe
mãsurã ce distanþa lor faþã de obiect se reduce. În fond însã, ceea ce numim aici distanþã
faþã de obiect se poate înþelege ca implicarea indivizilor faþã de obiectul reprezentãrii.”
(Moliner ºi Gutermann, 2004)
Vom vedea acum care sunt efectele experienþei colective referitoare la obiectul
reprezentãrii ºi cele ale importanþei ataºate acestuia (altfel spus, ale valorizãrii obiectului
reprezentat, componentã a implicãrii) asupra structurii reprezentãrii.
2. Structura reprezentãrii riscului seismic
2.1. Efectele experienþei colective a seismelor asupra reprezentãrii
riscului seismic („efectul de sit”)
Tabelul 2. Valenþele totale ale itemului inductor „cutremur”
în funcþie de experienþa colectivã a seismelor
Structurarea reprezentãrii
Valenþa totalã V t
Experienþ\
colectivã inexistentã
(Franþa)
Vt = 0,29
Experienþ\
colectivã existentã
(România)
Vt = 0,36
Rezultatele aratã diferenþe semnificative între valenþele totale ale reprezentãrilor
elaborate respectiv de grupurile francez ºi român (F = 11,74 la p = .0006). Astfel,
structurarea reprezentãrii sociale a riscului seismic la participanþii români este semnificativ superioarã celei a participanþilor francezi. Putem trage concluzia cã experienþa
colectivã a seismelor determinã într-adevãr structurarea reprezentãrii sociale a riscului
seismic. Acest rezultat confirmã prima ipotezã a studiului nostru. Îl numim aici efect de sit.
Sã descompunem efectul de sit dupã componentele normativã ºi funcþionalã ale
reprezentãrii.
Tabelul 3. Valenþele atributive ale itemului inductor „cutremur”
în funcþie de experienþa colectivã a seismelor
Structurarea reprezentãrii
Componenta normativã
(valenþa atributivã Va)
Experienþ\
colectivã inexistentã
(Franþa)
Experienþ\
colectivã existentã
(România)
Va = 0,46
Va = 0,54
116
ANDREEA GRUEV-VINTILÃ
Rezultatele aratã diferenþe semnificative între valenþele atributive ale reprezentãrilor
elaborate de grupurile francez ºi român (F = 13,54 la p = .0002). Putem trage
concluzia cã experienþa colectivã a seismelor determinã structurarea masivã componentei
normative a reprezentãrii sociale a riscului seimic (valoarea observatã a Va depãºeºte
0,5, valoare la care ne aºteptãm într-o reprezentare în echilibru). Acest rezultat este
coerent cu ponderea importantã a elementelor conotate afectiv observate mai devreme în
conþinutul reprezentãrilor.
Tabelul 4. Valenþele praxis ale itemului inductor „cutremur”
în funcþie de experienþa colectivã a seismelor
Structurarea reprezentãrii
Componenta funcþionalã
(valenþa praxis Vp)
Experienþ\
colectivã inexistentã
(Franþa)
Experienþ\
colectivã existentã
(România)
Vp = 0,19
Vp = 0,25
Rezultatele aratã diferenþe semnificative între valenþele praxis ale reprezentãrilor
elaborate de grupurile francez ºi român (F = 4,88 la p = .02). Putem trage concluzia
cã experienþa colectivã a seismelor determinã structurarea componentei funcþionale a
reprezentãrii sociale a riscului seismic, elaborat\ de participanþii români.
Este interesant de remarcat cã ºi în absenþa unei experienþe personale directe a
seismelor (reamintim cã nici unul dintre participanþii români nu a trãit un seism major),
componenta funcþionalã a reprezentãrii elaborate de acest grup este semnificativ mai
activatã (mai structuratã) decât cea a grupului francez. Presupunem cã acest rezultat se
datoreazã fie memoriei colective, fie unei forme de transmitere a practicilor legate de
acest risc (în familie, la ºcoalã…).
2.2. Efectele implicãrii asupra reprezentãrilor: importanþa ataºatã
riscului seismic („valorizarea obiectului reprezentat”)
Tabelul 5. Valenþele totale ale itemului inductor „cutremur” în funcþie
de importanþa ataºatã riscului seismic (valorizarea obiectului reprezentat)
Structurarea reprezentãrii
Vt a reprezentãrii elaborate de
populaþia fãrã experienþã colectivã
(Franþa)
Vt a reprezentãrii elaborate de
populaþia care are experienþã
colectivã (România)
Importanþa ataºatã
riscului seismic:mare
(VO+)
Importanþa ataºatã
riscului seismic: redusã
(VO-)
0,28
0,30
0,40
0,31
Rezultatele aratã un efect tendenþial al importanþei ataºate riscului seismic asupra
valenþei totale (F = 3,00 a p = .08). Este posibil ca absenþa efectului semnificativ a
EFECTELE IMPLICÃRII ASUPRA REPREZENTÃRILOR SOCIALE ALE UNUI RISC...
117
acestui factor asupra structurãrii reprezentãrii sã fie imputabilã unui efect secundar sau
unei interacþiuni între importanþa ataºatã riscului seismic ºi distanþa la care se aflã
membrii grupului de obiectul reprezentãrii (Zonabend, 1989). Absenþa efectului semnificativ se mai poate explica prin insensibilitatea componentei funcþionale a reprezentãrii
(ºi deci a valenþei praxis, de care calculul valenþei totale þine cont) la factorul „importanþa
ataºatã riscului seismic”. Vom vedea mai departe dacã aceastã a doua explicaþie, care
trimite la a doua ipotezã testatã în studiul nostru, poate fi acceptatã; însã precizãri
ulterioare sunt fãrã îndoialã necesare asupra acestui punct.
Tabelul 6. Valenþele atributive ale itemului inductor „cutremur” în funcþie
de importanþa ataºatã riscului seismic (valorizarea obiectului reprezentat)
Structurarea reprezentãrii.
Componenta normativã
Va a reprezentãrii elaborate
de populaþia fãrã experienþã
colectivã (Franþa)
Va a reprezentãrii elaborate de
populaþia care are experienþã
colectivã (România)
Importanþa ataºatã
riscului seismic:mare
(VO+)
Importanþa ataºatã
riscului seismic: redusã
(VO–)
0,46
0,45
0,61
0,47
Efectul importanþei ataºate riscului seismic („valorizarea obiectului reprezentat”)
asupra valenþei atributive este semnificativ (F = 10,04 la p = .001). Aceasta sugereazã
cã valorizarea puternicã a obiectului reprezentat structureazã componenta normativã a
reprezentãrii. Rezultatul confirmã a doua ipotezã a acestui studiu.
Este de notat ºi efectul semnificativ al interacþiunii între factorii experienþa colectivã
legatã de riscul seismic ºi importanþa ataºatã acestuia asupra componentei normative a
reprezentãrii (pentru valenþele atributive Va, F = 6,37 la p = .01): efectele acestor
douã variabile independente nu sunt aditive, cel puþin în aceastã experienþã.
Prin contrast, rezultatele sugereazã cã importanþa ataºatã riscului seismic nu are efect
asupra dimensiunii funcþionale a reprezentãrii (efectul acestui factor asupra valenþei
praxis este nesemnificativ). Aceste rezultate valideazã a doua explicaþie propusã pentru
absenþa efectului semnificativ al importanþei ataºate riscului seismic asupra valenþei
totale a reprezentãrii (cf. supra). Pe de altã parte, ele sunt coerente cu predicþia teoriei
potrivit cãreia dimensiunea normativã a reprezentãrii se exprimã în situaþiile de tip
socioafectiv, adicã în cele în care miza obiectului reprezentat este importantã pentru
indivizi.
118
ANDREEA GRUEV-VINTILÃ
Tabelul 7. Valenþele praxis ale itemului inductor „cutremur” în funcþie
de importanþa ataºatã riscului seismic (valorizarea obiectului reprezentat)
Structurarea reprezentãrii.
Componenta funcþionalã
Vp a reprezentãrii elaborate de
populaþia fãrã experienþã colectivã
(Franþa)
Vp a reprezentãrii elaborate de
populaþia care are experienþã
colectivã (România)
Importanþa ataºatã
riscului seismic: mare
(VO+)
Importanþa ataºatã
riscului seismic: redusã
(VO-)
0,18
0,20
0,27
0,22
În sfârºit, modelul SCB sugereazã cã în starea staþionarã a reprezentãrii (la echilibru)
valenþa atributivã ºi valenþa praxis tind cãtre 0,5. Ar trebuie sã fie cazul reprezentãrii
riscului seismic elaborate de participanþii români. Or, deºi valenþa praxis a reprezentãrii
este în orice caz superioarã în eºantionul românesc (sã reamintim cã participanþii francezi
nu au experienþa seismelor, nici colectivã, nici personalã), ea rãmâne departe de valoarea
de 0,5 la care ne aºteptam. Presupunem cã aceasta se datoreazã seismicitãþii din
România: seismele majore, adicã cele cu magnitudinea de peste 7 pe scara Richter ºi
intensitãþi mari, care jaloneazã memoria colectivã, survin cu frecvenþa de 30 pânã la 50
de ani (Georgescu ºi Sandi, 2000). Aceasta presupune cã transmiterea experienþei ºi a
practicilor legate de seisme sare o generaþie. Este tocmai cazul participanþilor români la
aceastã experienþã: ei nu au trãit un seism ºi, deºi beneficiazã de efectul practicilor
colective, nu putem spune cã au ei înºiºi experienþa directã a seismelor; aceastã stare de
fapt poate explica valorile reduse ale valenþei praxis. În schimb, componenta funcþionalã
ºi saturaþia în elemente normative a reprezentãrii lor rãmân superioare celor ale participanþilor francezi, probabil din cauza experienþei indirecte de care beneficiazã participanþii
români graþie efectului memoriei colective. Cercetarea continuã.
VII. Concluzie
Rezultatele confirmã ipotezele. Efectul de sit asupra structurãrii reprezentãrii riscului
seismic este semnificativ. Astfel, structurarea reprezentãrii este semnificativ superioarã
atât pe componenta normativã (mãsuratã de valenþa atributivã Va), cât ºi pe componenta
funcþionalã (mãsuratã de valenþa praxis Vp) la beneficiarii experienþei colective a
seismelor (participanþii români). În al doilea rând, rezultatele aratã cã implicarea ridicatã
a indivizilor, tradusã prin percepþia cã riscul seismic este o chestiune de importanþã
majorã, structureazã semnificativ ºi prioritar componenta normativã a reprezentãrii.
În schimb, implicarea ridicatã a indivizilor nu are efect asupra componentei funcþionale a reprezentãrii. Cu alte cuvinte, de[i avem aici un rezultat cu aplicabilitate imediatã,
faptul cã oamenii se simt ameninþaþi (ºi, mai mult, cunosc cauzele, manifestãrile ºi
efectele seismelor…) nu înseamnã neapãrat cã vor ºi adopta conduite de prevenire sau
protecþie. De unde necesitatea perspectivelor complementare pentru studiul conduitelor
legate de riscurile colective în general ºi de riscul seismic în special (de exemplu, teoria
angajamentului etc.).
EFECTELE IMPLICÃRII ASUPRA REPREZENTÃRILOR SOCIALE ALE UNUI RISC...
119
În sfârºit, rezultatele acestei experienþe confirmã predicþia fãcutã de teorie potrivit
cãreia componenta normativã a reprezentãrii se exprimã în situaþiile de tip socioafectiv,
adicã în cele care au pentru indivizi o mizã puternicã. Aceste situaþii nu fac apel la
componenta funcþionalã: aºadar, pânã la proba contrarie, aceste douã componente ale
reprezentãrii par sã funcþioneze quasi-independent.
Abstract: This study uses the structural perspective on the social representations. We test the
effects of implication on the social representations of the seismic risk built by a population that has
a collective experience of earthquakes (Romanian sample) vs. those who has no such experience
(French sample). The results show that the representation built by the Romanians is significantly
more structured than the one built by the French. This is true for both the normative component
of the social representations (which gathers the elements used for evaluation) and for its functional
component (which gathers the elements used for action), and even when the participants have not
gone through a major earthquake themselves. The individuals’ implication was then manipulated
according to Rouquette’s model (1987). The results show that if the seismic risk is perceived as
being an ultimately important matter, i.e., the individuals’ implication with this risk is high, then
the normative component of the social representation is significantly structured. Instead, consistently
with the theory, no effect of the implication was found as far as the functional component of the
social representation was concerned. As a conclusion, some practical and theoretical consequences
of these results are discussed, as well as the need to use complementary approaches when studying
the behaviors related to collective risks (e.g., the theory of commitment).
Résumé: Cette recherche s’inscrit dans l’approche structurale des représentations sociales. Nous
étudions les effets de l’implication sur les représentations sociales du risque sismique élaborées
par une population qui a une expérience collective des séismes (échantillon roumain) et une
population qui n’en a pas (échantillon français). Les résultats montrent que la représentation de
l’échantillon roumain est significativement plus structurée que celle de l’échantillon français. Ce
résultat est vrai autant pour la composante normative de la représentation (où on trouve les
éléments utiles à l’évaluation) que pour sa composante fonctionnelle (où on trouve les éléments
utiles à l’action), et cela même en l’absence de l’expérience personnelle d’un séisme. Par ailleurs,
la perception du risque sismique qui en fait un enjeu important et définit un implication élevée
structure significativement et avant tout la composante normative de la représentation, mais n’a
aucun effet sur sa composante fonctionnelle. Quelques visées pratiques et théoriques de ces
résultats sont évoquées, ainsi que la nécessité d’approches complémentaires dans l’étude des
conduites liées aux risques collectifs en général et au risque sismique en particulier (e.g., théorie
de l’engagement).
Annexe
Questionnaire expérimental associé au modèle des SCB
Donnez le plus rapidement possible les trois mots (ou expressions) qui vous viennent à
l’esprit à propos du „tremblement de terre”:
Votre réponse 1: .............................................................................................
Votre réponse 2: .............................................................................................
Votre réponse 3: .............................................................................................
120
ANDREEA GRUEV-VINTILÃ
Vous allez maintenant justifier vos réponses.
J’ai répondu ........................................................................... (votre réponse 1)
parce que ......................................................................................................
J’ai répondu .......................................................................... (votre réponse 2)
parce que ......................................................................................................
J’ai répondu .......................................................................... (votre réponse 3)
parce que ......................................................................................................
Inscrivez à nouveau votre réponse 1: ..................................................................
Expressions des relations
Un „tremblement de terre” est toujours caractérisé par
votre réponse 1.
Un „tremblement de terre” est souvent caractérisé par
votre réponse 1.
Un „tremblement de terre” est parfois, éventuellement
caractérisé par votre réponse 1.
Un „tremblement de terre” doit avoir la qualité de votre
réponse 1.
Votre réponse 1 évalue un „tremblement de terre”.
Un „tremblement de terre” a pour effet (conséquence ou
but), entraîné votre réponse 1.
Un „tremblement de terre” a pour cause, dépend de, est
entraîné par votre réponse 1.
Un „tremblement de terre” fait votre réponse 1.
Un „tremblement de terre” a une action sur votre réponse 1.
Un „tremblement de terre” utilise votre réponse 1.
C’est votre réponse 1 qui fait „tremblement de terre”.
Un „tremblement de terre” est une action qui a pour objet,
porte sur, s’applique à votre réponse 1.
Pour faire un „tremblement de terre” on utilise votre
réponse 1.
Votre réponse 1 est quelqu’un (une personne, une
institution…) qui agit sur le „tremblement de terre”.
Votre réponse 1 désigne une action que l’on peur faire sur
(à propos du, en cas de, à l’égard du) „tremblement de
terre”.
Votre réponse 1 est un outil que l’on utilise sur (à propos
du, en cas de, à l’égard du) „tremblement de terre”.
Un „tremblement de terre” est utilisé par votre réponse 1.
On utilise un „tremblement de terre” pour faire votre
réponse 1.
Un „tremblement de terre” est un outil que l’on peut
utiliser pour votre réponse 1.
Oui
Non
?
EFECTELE IMPLICÃRII ASUPRA REPREZENTÃRILOR SOCIALE ALE UNUI RISC...
121
Inscrivez à nouveau votre réponse 2: ..................................................................
Expressions des relations
Un „tremblement de terre” est toujours caractérisé par
votre réponse 2.
Un „tremblement de terre” est souvent caractérisé par
votre réponse 2.
Un „tremblement de terre” est parfois, éventuellement
caractérisé par votre réponse 2.
Un „tremblement de terre” doit avoir la qualité de votre
réponse 2.
Votre réponse 2 évalue un „tremblement de terre”.
Un „tremblement de terre” a pour effet (conséquence ou
but), entraîné votre réponse 2.
Un „tremblement de terre” a pour cause, dépend de, est
entraîné par votre réponse 2.
Un „tremblement de terre” fait votre réponse 2.
Un „tremblement de terre” a une action sur votre réponse 2.
Un „tremblement de terre” utilise votre réponse 2.
C’est votre réponse 2 qui fait „tremblement de terre”.
Un „tremblement de terre” est une action qui a pour objet,
porte sur, s’applique à votre réponse 2.
Pour faire un „tremblement de terre” on utilise votre
réponse 2.
Votre réponse 2 est quelqu’un (une personne, une
institution…) qui agit sur le „tremblement de terre”.
Votre réponse 2 désigne une action que l’on peur faire sur
(à propos du, en cas de, à l’égard du) „tremblement de terre”.
Votre réponse 2 un outil que l’on utilise sur (à propos du,
en cas de, à l’égard du) „tremblement de terre”.
Un „tremblement de terre” est utilisé par votre réponse 2.
On utilise un „tremblement de terre” pour faire votre
réponse 2.
Un „tremblement de terre” est un outil que l’on peut
utiliser pour votre réponse 2.
Oui
Non
?
Inscrivez à nouveau votre réponse 3: ..................................................................
Expressions des relations
Un „tremblement de terre” est toujours caractérisé par
votre réponse 3.
Un „tremblement de terre” est souvent caractérisé par
votre réponse 3.
Un „tremblement de terre” est parfois, éventuellement
caractérisé par votre réponse 3.
Oui
Non
?
122
ANDREEA GRUEV-VINTILÃ
Expressions des relations
Un „tremblement de terre” doit avoir la qualité de votre
réponse 3.
Votre réponse 3 évalue un „tremblement de terre”.
Un „tremblement de terre” a pour effet (conséquence ou
but), entraîné votre réponse 3.
Un „tremblement de terre” a pour cause, dépend de, est
entraîné par votre réponse 3.
Un „tremblement de terre” fait votre réponse 3.
Un „tremblement de terre” a une action sur votre réponse 3.
Un „tremblement de terre” utilise votre réponse 3.
C’est votre réponse 3 qui fait „tremblement de terre”.
Un „tremblement de terre” est une action qui a pour objet,
porte sur, s’applique à votre réponse 3.
Pour faire un „tremblement de terre” on utilise votre
réponse 3.
Votre réponse 3 est quelqu’un (une personne, une
institution…) qui agit sur le „tremblement de terre”.
Votre réponse 3 désigne une action que l’on peur faire sur
(à propos du, en cas de, à l’égard du) „tremblement de terre”.
Votre réponse 3 est un outil que l’on utilise sur (à propos
du, en cas de, à l’égard du) „tremblement de terre”.
Un „tremblement de terre” est utilisé par votre réponse 3.
On utilise un „tremblement de terre” pour faire votre
réponse 3.
Un „tremblement de terre” est un outil que l’on peut
utiliser pour votre réponse 3.
Oui
Non
?
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María Estela Ortega Rubí1
Social Representations of Poverty in the Mexican Groups.
The Importance of Social Thinking
Abstract: Due to the increasing social inequalities, poverty is at the core of social debates.
However, the analyses of poverty remain in an epistemologically constrained realm, indicating a
predilection for economical explanations, in the detriment of an apprehension of the social
dimension. The classic studies have neglected a major aspect of the poverty problem, that of its
social representation, fundamental in understanding the real stakes. Poverty is detached from its
social and cultural context, from its everyday signification. What is poverty? Who are the poor?
Compared to whom? What type of poverty are they subjected to? These questions have not
ceased to preoccupy experts. This psycho-social study has the goal of analyzing the social
representations of poverty in terms of the way in which the subjects think, perceive and experience
poverty, acting as systems of appropriation and interpretation of reality, allowing individuals to
guide their own behavior and practices. This study is divided into two parts. A qualitative method
was applied, using semidirective interviews, content analysis, and a semantic approach through
free association. Our population is composed of different groups of the Mexican society: the
middle class; a population involved in fighting poverty in the context of non-governmental
organizations; and those considered as poor. Results reveal a duality of social representations of
poverty. In effect, we found a social-structural representation of poverty and a cultural-religious-moral one, two manners of thinking and experiencing poverty, two social representations
that together are combined in a complex society, characterized by a historical and cultural
syncretism.
Introduction
The emphasis on the social inequalities in the contemporary societies and the impressive
consequences in the quality of people’s lives, appearing mainly with high indices in the
poor countries, allowed in the last twenty years the phenomenon of the poverty monopolize a great part of the social debate appearing as one of the main objectives within the
worldwide and national proposals such as Sustainable Development, the United Nations,
the national plans of development in the case of Mexico, where the statistics show a high
1. Universidad Autónoma de Nuevo León, Monterrey, Nuevo León, México, e-mail: estela_ort_
[email protected].
PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale
126
MARÍA ESTELA ORTEGA RUBÍ
percentage of the index of poverty and marginalization in different segments of the
population which live in conditions of social vulnerability, instability and exclusion.
This shows the imbalance of the progress, the contradictions between the social and the
cultural realities that the population and the economic and technological changes display
and that impose the rate of development. To be poor at this moment means not to have
the essential resources to live; nevertheless, the consequences of this instability are
much more serious, among which is the fact that the poor remain at the margin of mass
media and information, which affects their civic participation.
In Mexico, the 86,7% of the population lives in poverty (45,5% in indigences), those
that fulfill the requirements of the norm or the three dimensions below with the minimum
in each one of them:
1. Current income of the home.
2. The combination of the conditions of space and quality of the house, hygienic
conditions.
3. The time poverty. (Measures in the Method of Measurement Integrated of Poverty or
MMIP and 41,3% in non-indigent poverty) (Boltvinik, 1995/1999/2000)
The investigations made on the phenomenon of poverty have approached important
aspects of this problem, e.g. space, politicians contributing with essential data that
allowed us to acquire further information on the problem. The different themes of the
investigation range from the study or the lines of poverty, the unsatisfied basic
necessities, going from the simplest studies of the phenomenon to the most complex,
like the Index of Foster-Geer-Thorbecke or the Index of Sen, among others. These are
the indices more frequently used when speaking of the measures and the concepts of
poverty, the indicators that reveal the present state of the problem of poverty.
Nevertheless, most of these models or indices of poverty conclude in data that turn
around the accounting of the poor men, of the typology of poverty, of the degree of
poverty that is lived and of the comparisons with respect to other populations. The
studies on poverty based on these models have caused a theoretical-methodological
controversy, because a a quantification criterion is adopted to define poverty. Different
comparative analyses on the application of these indices have demonstrated that the
definition of poverty depends on its results and their conclusions, that is to say, it
depends on the methodology of each of the models.
These investigations widely spread in this area have not proposed other alternatives
of investigation that allow deepening in the problematic of the phenomenon. The
economic or material approach taken to the different models of measurement of poverty
although it is a fundamental source for the understanding of poverty, in our opinion it
neglects the importance that the social dimension has in the reproduction of poverty;
„the traditional” investigation on poverty separates the poverty from its social and
cultural context, from its daily meaning, frame or context through which poverty
becomes more dynamic and reproduces, without leaving aside the aspect of the economic
situation.
The investigation that we present in this text, within the frame of social psychology,
proposes the study of poverty problem deepening in the social thought, which means to
approach it from its meaning and social dimension, through the knowledge of the social
SOCIAL REPRESENTATIONS OF POVERTY IN THE MEXICAN GROUPS...
127
representation of poverty (Moscovici, 1961), a fundamental aspect that allows the
approach of the phenomenon from an exhaustive and insightful qualitative perspective in
the social investigation of this complex and multidimensional problem that is poverty.
The Importance of the Social Thought,
Its Implication in the Social Reality
For a long time the social psychology has had the custom to oppose the formal logic –
that the mathematical demonstration does not depend either on the subjects that produce
it or on the circumstances of their production – to the natural logic, the social thought
widely determined in its social context (Grize, 1993).
Apparently, this opposition seems simple, on the one hand favors the scientific
knowledge with its logical and technical procedures, as well as with their inescapable
principles of rationality that allow to treat the available information more objectively
possible. On the other hand it would favor the common or popular knowledge, better
known as common sense, a part of the social thought we see filtered in the beliefs, the
rumors, the rituals, the magical practices, the religions and other important aspects of
the social interactions, giving us the impression that this social thought includes us and
circulates among us.
The common social thought explains reality based on different premises in which
rules and conventions seem evident, using them freely according to the moment,
participating endlessly at the important activities of the social life and groups: social,
political, economic activities, social movements, among others.
Nevertheless, these examples through which we tried to present the manifestations of
the social thought urge us to give a definition of this notion. In the first place, the social
thought could be a kind of underlying sociocognitive process regarding the observable
conducts, a process that comes from the individuals’ interactions and founds the way of
operation of the society. A system of thoughts, visions of the world or a epistemology
of the common sense (Garnier, 2002), the social thought expresses in the physical
construction what the subject does of its environmental.
These are two types of knowledge or knowledge acquisition that we have just
described – one standardized – that looks for the truth, rational, logical, articulated,
attached to rigorous rules, which means that it controls and formulates criteria to
invalidate or to confirm its reasoning with universal objectives, and the other, not
standardized, a natural thought that is innate, without any particular formation, socially
shared and elaborated, aiming at immediate solutions; only individuals know what they
know, articulating its meaning by themselves in their life, and not in view of an
objective.
These kinds of knowledge have been studied by the social science, adopting different
labels and reviving debates on the ideas of: logic and myth, domestic thought and wild
thought (Lévi-Strauss, 1962), logical mentality and pre-logic mentality (Lévy-Bruhl,
1922/1951), critical thought and automatic thought (Moscovici, 1981).
In social psychology it has been considered the importance of the social thought and
the impact of the old debate in opposition with these types of knowledge; authors like
Moscovici and Hewstone (1984), Doise Clémence, Lorenzi-Cioldi (1992) have
128
MARÍA ESTELA ORTEGA RUBÍ
distinguished these two types of knowledge, retaking the idea of scientific knowing and
knowing of common sense.
The advances made in this debate have permitted to conciliate these two types of
knowledge in a process or circular relation, since they share diverse aspects, which
means that there is the possibility for these kinds of knowledge to maintain a continuity,
allowing to establish a process of influence between them.
The impact or the importance of the social thought in understanding and constructing
the social reality is that it projects on two essential ways of understanding the formation
and the dynamics of the social reality, that is to say, the logic of the processes and the
impact of the social thought on the action or behavior (Windish, 1989). Moscovici
(1992) indicated that the study on knowledge of knowledge, referring to the scientist and
the common sense, has stressed thought and not action and behavior. Here it comes the
relevance of the study of the social practice and its relation with the social representations, judgments of value, attributions, attitudes, etc.
The phenomenological opening and the great conceptual diversity that unfortunately
correspond to the social thought determined the social psychologists to try and discern
the great lines that structure it. Rouquette (1996) establishes that the structure of the
social thought can be approached through these principles: to go from the most unstable
or fluctuating elements to the more stable ones; and from the particular to the globalizing. See figure 1.
–
Variability intra- and
Inter-individual
+
Ideological level (beliefs, values, norms, +
themata)
Social representations
Level of integration
Attitudes
–
Opinions
Figure 1. Rouquette (2003): the global architecture of the social thought, double
inverse scale of variability (inter-individual and of the integration level)
It is important to remark three essential aspects in analyzing and understanding the
social thought. The first corresponds to its functionality, the second to the necessary
type of approach and the third to the diversity of the fields in which it is expressed. This
way, the social thought has a role in the social relations between or inter-group and in
the relations that groups and individuals establish with reality. Rouquette (2003) indicates
that the common or general thought that belongs to any group of people is social, and
this is not either by chance, or by hazard, but by nature. Then, it becomes implicit that
what the subject thinks, how it thinks, transmits and what is the position displayed by it
complete relations in such a way that these aspects turn out to be un-dissociable.
This way, we tried to explain how individuals think about their everyday life. How
do they understand their world? How do they use the information transmitted by science
or the common experience? Why do individuals think that way about their everyday
life? How do they imagine the objects?
Considering the difference between the ideal of thought according to science and
reason, and the reality of the thought in the social world, we made an effort to mainly
SOCIAL REPRESENTATIONS OF POVERTY IN THE MEXICAN GROUPS...
129
explain this bifurcation and its impact in the everyday life on the understanding of the
social reality through the study of the social representations.
The Poverty in Mexico, Its Social Representation
The comparison between the conditions of life of other populations, in this case the
French, and the conditions of life that the Mexican population lives revealed important
differences in the essential aspects of a quality of life like: the universal social security,
the public security, the right to employment, familiar benefits, the subsidies to
unemployment, the benefits for the house, among many other implemented social policies
in the developed countries. The existence of these citizen rights, but in complementariness with the existence of citizen duties, as the regime of taxes in the French
society, faced with the urgency to better understand this complex and multidimensional
phenomenon that is the poverty, confirming the shortage of investigations that consider
the social dimensions relevant, shows that it is essential to develop another way of
complementary study besides those lines of investigation already known in this field.
This would motivate me to investigate the problem of poverty in Mexico, starting from
a review of poverty based on its economic analyses, trying to understand the social
thought of the people who undergo this problem.
I tried to show in this investigation that the everyday reality of the people who are in
critical condition is constructed by other dimensions that exceed the material dimensions.
The psycho-social approach of this investigation allows to better understand poverty,
considering its social representations like analysis object. In effect, the social representation whereas knowledge of the common sense allows to approach the way to
imagine poverty in everyday life and the way in which the social representation, being
a type knowledge elaborated and shared by a social group, can structure the social
reality and give meaning to behaviors (Jodelet, 1989; Moscovici, 1961/1976).
The investigation contributes to a multidimensional analysis, revealing that representation is constructed from meanings created in the relation that settles down in the
interaction with the other in the course of the inherent interchanges of the everyday life,
communication being one of the high-priority means of the existence, and transmitted
through language.
This investigation on the social representation of poverty has among its primary
targets: to know the common meaning of poverty, that is to say, its social representation.
In other words, how people construct their vision of the world, of the social reality in
relation to this object, to know which is the social representation of poverty, how think,
perceive and suffer poverty in their everyday life? (Ortega, 1999/2000/2003).
The objective that we set out of disarticulation of the object to organize its reconstruction through the study of the social thought, from the social representation, is essential
to indicate the incoherence of speeches and the social practices implanted and to insist
on the importance of the social aspects, such as the cultural context and the partner-affective dimension, in order to give up the absolute ideas and slight knowledge on
poverty and to consider the social mechanisms, the importance of the everyday life and
the common sense. The French sociologist Serge Paugam (1991a, 1991b, 1993, 1996a,
130
MARÍA ESTELA ORTEGA RUBÍ
1996b, 1996c, 1996d, 1997, 1998, 1998b), a specialist on the poverty and social exclusion,
indicates that it is indispensable that the social science and the investigators in this field
integrate this task as a guide for analysis and an alternative to their own development.
This investigation shows this process of disarticulation and reconstruction of poverty,
the results allowing us to speak of the duality of the social representation, two ways of
thinking and suffering poverty, two representations that go together, mixed in a complex
society marked by a historical and cultural syncretism.
Another primary target of this investigation is to provide a place for the qualitative
investigation in the analysis of the frequently quantitatively analyzed social problems, as
it is the case of poverty. To give importance to the psycho-social investigation regarding
poverty, moving us away of the consecrated works on this subject, took us to consider
within our theoretical frame, the investigations within the historical field, supporting us
in some datum points near our investigation. These investigations were privileged, we
notice that in Europe there are more social investigations on poverty that in Latin
America. In these works, poverty is approached from a historical-graphic perspective,
which would be revealed near our objective, by approaching its social meaning. In our
investigation this historical aspect is important, since it allowed us to compare and to
differentiate the social treatments of poverty in both countries (France-Mexico) and to
notice the process of rationalization of poverty in Europe. It is in this comparative
context that we located the result of the investigation and the importance of its results in
the organization of the social policies in Mexico. See index 1.
Method
As for the methodology used in this investigation, it is essentially a qualitative method,
implying discovery. The empirical work was carried out in Mexico City, the Center
zone and colonies of the metropolitan area and the environments of the Mexico City,
pertaining to the State of Mexico.
The sample is composed by the following groups:
• an implied population fighting poverty pertaining to the nongovernmental
organizations (NGO) (assets organizers and collaborators: assistants, social workers,
specialized educators, volunteers);
• a middle class population divided into superior and inferior (professionals: engineers,
dentists, doctors, lawyers, computer scientists, administrators, sociologists, artists,
journalists, etc. and technical workers, independent workers, housewives,
merchants);
• a population defined as poor with two types of identification: a physical objective-identification (unemployed, farmers, workers, homeless children, natives, indigents); and a subjective indentification based on the emotive-affective aspect (people
who don’t want to work, with no values, no ambitions, etc.).
Our interest in the speech of the poor men during the investigation is based on three
aspects: theoretical, methodological and ethical. We considered that the subjects
identified as poor have their own knowledge which is to recognize its autonomy. Two
sociological criteria for the selection of the population have been considered, evaluating
SOCIAL REPRESENTATIONS OF POVERTY IN THE MEXICAN GROUPS...
131
them as significant in relation to the problem of poverty and to the existing relation
between the social representations and the social practices: the socioeconomic position
and the implication of the people in the struggle against poverty. Considering that in the
present societies the poor men do not form a real group with clear limits, since an
objective ground of poverty does not exist, all theoretical and methodological approach
of the notion of poverty and the identification of the poor men are forced to fix and to
validate categories that in reality are always irregular and inevitably fluctuating. An
epistemological and practical confrontation appeared when identifying this group and in
order to solve this difficulty we decided not define a priori this group, but to accept the
reference of the descriptive criteria on the poor men who would appear in the
identification provided by the other groups of the sample and that the description would
be part of the social representation as well. See figure 2.
Middle class
Superior
Inferior
Implied
Poor men
30
30
20
20
Total 100
Figure 2. Sample
The instruments used for collecting the data were determined by two aspects that
condition the validity of the results: the empirical aspect, that is to say the nature of the
investigation object, the type of population and the context in which the survey would be
developed. The second aspect, using the theory of the social representations, is the
theoretical one (Moscovici, 1961/1976).
The study of the social representations implies two methodological procedures,
considering both components of a representation: the content and its organization
(Abric, 1994). Two instruments for collecting data were considered to approach these
two characteristics of representation, the free association technique and the semi-directive interview. The free association technique allowed us to approach the semantic
field of the social representation, the meaning and the organization of the linguistic
structures.
For the treatment and the analysis of the data were used the analysis of thematic-categorical content (Bardin, 1991; Ghiglione and Beauvois, 1980) and the analysis of the
significant coefficient (the frequency and the average rank) respectively (Silvana de
Rosa, 1988; Vergès, 1989/1992).
The analysis of the registry focused on the following subjects: the meaning of
poverty in everyday life, the discourse on the poor men, the relation established with
them, the causal explanations of poverty, the relation established between the
representations and the social practices; among the most significant for the social
representation, these subjects allowed us to form the interview guide. The approach of
these subjects and their analysis allowed us to conclude our results of the investigation:
the existence of a duality of the social representation of poverty in Mexico.
132
MARÍA ESTELA ORTEGA RUBÍ
Results
The data analysis allowed us to conclude that there are two social representations of
poverty in the groups that integrate the sample:
• a „structural-social one”;
• a „cultural-religious-moral” one.
These two social representations are structured by different contents and elements
that take them to their specificity and have relevance with respect to the object of the
social representation, poverty. See figure 3.
Structure and organization of the content
„Structuring elements”
„Structuring elements”
Job
Values
Religion
Believes
Education
Moral
Knowledge
Prejudice
Implication
Stereotypes
social problem
inner problem
to the individual
Figure 3. The duality of the social representation of poverty
From the results of the analysis one can recognize the sociocognitive structure of
poverty, its social representation (figure 3). In the Mexican population, the deep structure
of poverty can be learned from the two relatively different social representations, which
are not opposed, in spite of the difference of their contents, these appear complementary.
When dealing with the problem of poverty, this investigation shows that there are not
evident to give either an objective definition, or a general characterization of poverty
SOCIAL REPRESENTATIONS OF POVERTY IN THE MEXICAN GROUPS...
133
and of the poor men in Mexico; the results allow us to identify the functioning
mechanisms of the social thought in respect to this phenomenon.
In each social representation there have been identified the dimensions and the
elements that their contents characterize, with significant elements that they structure
more or less, the social representation. Certain elements reveal the clearer way of the
specific nature of representations, how they articulate and which are the links established
by subjects at cognitive level with the elements of each one of the representations and of
the positions in which the subjects are located. The different dimensions summarize and
condense, simultaneously, the way in which the subjects learn and reconstruct the
represented object. What does this object means for them? How are they positioning
themselves in relation to this object? Which is the importance given by the subjects to
the different dimensions and elements?
The „Structural-Social” Social Representation of Poverty
The content and the structures of this representation have been revealed by a descriptive
speech denoting knowledge of the phenomenon, as well as a cognitive process where the
structure of the reasoning and its argumentation are more elaborated. The speech of this
representation is frequently marked by the attempt to understand and to analyze the
problem of poverty. The population having this representation is the superior middle
class and the implied population, which means that a high sociocultural level and a
privileged profession, as well as the direct implication in the problem of poverty, are
related to the decentralization, which has been habitual in a speech where the object
turns to a cognitive work, to a speech in which explanatory and critical factors are
looked for. Moscovici would describe this as a critical thought.
In this social representation, poverty is considered a structural problem, constantly
attributed to the organization and political operation, to the problems of corruption and
to the economic decisions, implying a social problem that needs the collective action to
find solutions.
The structural and organizational dimensions of this speech are constituted mainly by
the relation with work and the development of the acquired knowledge through education.
These two elements are considered the main means to avoid the condition of poverty.
Also, these two basic elements extend their meaning and provide some of the diverse
forms to make a typology of poverty: poverty of knowledge, poverty of opportunities,
cultural poverty, political poverty, poverty and dependency.
As for the relation between the „structural-social” representation and the important
social practices, being able to describe the possibilities of a change through its interaction
with the social representations, we concluded that the implied subjects express a clear
objective and precise speech. This shows a deeper knowledge of the problematic of
poverty and poor men, based on his related experiences, the same that are bound to their
system of values and a knowledge integrated in their practices, in the interaction
established with the poor men. This group manifested in its speech that the most
advisable way to help the poor men is satisfying its basic necessities in relation to work
and education. Within this social representation help is considered a social responsibility,
134
MARÍA ESTELA ORTEGA RUBÍ
from the exposition of this representation in which the poverty is a structural problem.
This confirms the principle referring to representations and social practices according to
Abric, „One cannot dissociate representation, speech and practice. These form a whole”
(Abric, 1994).
The relation that settles down with the poverty on the part of the groups non implied,
present more frequently in the groups of the middle class, in most cases it is a relation
or moved away interaction, poverty is placed outside their everyday life. We cannot
forget that the daily aspect is a principle of organization of society; nevertheless, in this
case poverty is nonexistent for most of the subjects in these groups. That means that the
outer world is opposed to the consciousness, which implies the existence of a psychic
activity, the thought and the reflection. In this case, the subjects make contact with
poverty in the outer world outside their routine character; this indicates that the object
does not exist in thought – in this case poverty –, this way not existing a critical and deep
reflection. Most of the interviewed people from this group said that they have contact
with poverty on their way from work to home. This phenomenon appears in a way to
think about poverty, which is located far from the subjects’ surroundings, if we consider
the mobility terms, and the passage appears as the space to cross repetitively, that is to
say, allowing to cross from one side to another without having a deep cognitive activity
about the object, in other words without reflecting, therefore the problem of poverty is
an external one, the daily aspect is not expressed or noticed, since it is experienced
without theory, nor distance.
In comparison with the previous aspect, for the implied, the relation established with
poverty exceeds the superficiality of the visual contact that the group of the middle class
displays. The subjects implied in contact with poverty have a social representation in
congruence with the type of interaction that stays with it and with the poor men.
The way to speak about the poor men allows us to differentiate two speeches in these
two social representations, which emphasize the duality of the social representation.
Although in this „structural-social” representation poverty is considered to be a political,
economic and social problem, there also are, within a smaller percentage of the
population, prejudices that relate poverty to a conformist attitude, a lack of capacity,
and a low self-esteem, which Moscovici (2002) would recognize as the stigmatic thought
associated to desire, everything that motivates and directs our thought. Moscovici
indicates the existence of two types of desire, one related to comparison: distinguishing
characteristics like prejudices and stereotypes, being marks of the thought equivalent to
the corporal marks in the system of discrimination, and the other related to the social
recognition: this would correspond to the symbolic thought. Tajfel (1978, 1981) would
make reference to the discrimination between the in-group and the out-group.
An identity process appears in the way they categorize and speak about the poor
men. One states the difference of the judgments made referring to the category of the
poor men. The implied group uses less the categories of property to identify and to speak
about the poor men, that is to say, this group emphasizes the similarities between the
elements that characterize the poor men. The opposite happens in the non implied group
that uses more categories or elements when speaking about the poor men, accentuating
the differences between the elements that characterize them, passing from the economic
aspect to the affective one, going through stereotypes, prejudices. The identity is restored
SOCIAL REPRESENTATIONS OF POVERTY IN THE MEXICAN GROUPS...
135
from organizations of the same one and its groups of property whereas its cognitive
structures related to the representational thought (Baugnet, 1998).
Remembering studies made by Tajfel (1978/1981) on the accentuation of differences
or of similarities in judgments between people inside and outside the group, and also the
ones made by Sherif (1961) on experiences called „techniques of the personal categories”, who concluded that when the commitment of a person is intense in the studied
field, he/she will use less categories to classify or to identify, the opposite happens to the
individuals that are less jeopardized in the studied field who will use more categories for
the same task of classification or identification; in the case of this investigation, we can
confirm the existing difference between the numbers of used categories used to recognize
and to speak about the poor men, between the implied and the not implied group. The
first one, including subjects more involved in the problem of poverty and the poor men
by their professional activities, uses fewer categories to identify this social group; the
opposite happens to the non implied population.
This relation also appears in the processes that accompany the social comparison and
the social identity. This concept articulates the cognitive process of categorization and
of the social property. The social identity is the psychological structure that makes the
relation between the individual and the group, in the sense of being able to produce
categorical processes and behaviors. The speech of the not implied superior social class
is a sample of the operation of this relation, for in this group the poor man is never
represented as a close person. In this way, this group maintains its identity through the
strategies that allow it to maintain the similarities and the differences between persons
from their group and those they consider poor men. This process of identity allows the
subject to compare himself with the others, expressing the similarities, their positive
identity and maintaining differences. Social positions that can be understood as
asymmetrical (unequal status) or symmetrical (same status). The theory of the social
comparison asserts that it is not only useful for finding similarities between the groups,
but also for discovering the differences (Festinger, 1954).
With respect to the causal explanations of poverty, this problem has been approached
by one of the questions of the semidirective interview. Why do you believe that a poor
man is poor? The interest of this subject related to the causal attribution is to know the
information that the subject uses to explain poverty and the way in which it organizes his
causal attributions, briefly. What do they know about poverty? It has been noticed in
the analysis of the data that most of the subjects of the non implied groups explain
poverty on the basis of the action of the people, their behavior. That is to say, the causes
of poverty are attributed to the people and not to the external conditions. The opposite
happens to the implied subjects that attribute the causes of poverty to external factors. In
the investigations made on the social causality (Heider, 1958; Hewstone, 1989;
Moscovici, 1996) there have been stated the existing differences between the attributions
made by the observer and by the actor, which is simply in a different treatment from the
information, explaining social reality in a different way, the actors, in this case, the
implied group and a minority of subjects of the superior middle class, prefer the external
factors to the internal factors preferred by the observers.
From these results we can conclude that the implication in the problem is of great
importance – the direct bonding and the interaction with the poor men to establish a
136
MARÍA ESTELA ORTEGA RUBÍ
social change with respect to the problem of poverty. As the case of the implied group
appears, than by its implication and its role of observer attributes the problem of poverty
to external factors, to policy, to corruption, to economy. The opposite happens to the
not implied, who display judgments in which the causes of poverty are attributed to the
behavior and the attitude of the poor man, to internal factors.
The relation between the social representations and the social property does not
imply the existence of a direct correspondence, this relation shows the existence of
privileged bows at least.
The „Cultural-Religious-Moral” Social Representation
of Poverty
The other social representation of poverty, the „cultural-religious-moral” one, is organized
and structured by a noticeable speech mainly by the affective-emotive dimension. The
social representation of poverty is related in a significant way to the religious element
connected to the beliefs and the opinions that appear in this representation. This important
and organizing element of the content of representation is related to a set of moral,
affective and spiritual values in the culture and expressed in this social representation of
the poverty.
In a high percentage, the speeches are characterized by the lack of descriptive and
analytical elements, but they are characterized by a content that frequently condemns
and judges the poor man considering him as a person who does not want to escape
poverty, who does not like to work, does not have any motivation or knowledge. In this
representation, poverty appears to be an individual problem, bound to conformity,
apathy or the determining aspects like history, the poverty of birth, the existence of rich
and poor as a normal social fact.
In which one it’s about the social practices, that in this case, this representation
appears in the non implied groups (superior middle class) in a smaller and inferior
percentage, the data show that the reactions of the people are essentially affective-emotive, they prefer not to try to understand or to find solutions to the problem of
poverty, simply the future of the religious belief is delegated, the religious faith is seen
as the only support of the condition of poverty. They do not take distance, or a critical
reflection towards the problem of poverty, the speech is only a prolongation of the
affective states.
With respect to the religious element, this partner-symbolic element has a significant
place in the figurative-central nucleus of the representation. Its centrality or „saillance”
is explained by the capacity to relate several elements like values, morality, beliefs,
attributions, attitudes among others, from which the subjects learn and reconstruct the
representation object. This element does not display a quantitative property; the evidence
of its importance in the representation are its symbolic value and its associative power.
This religious dimension displays diverse variations related to several significant
aspects of poverty, among which: to believe and to benefit from the protection of God,
the influence and the impact of the religious belief in the social relations, the personal
life, the sacrifice of life, the happiness, the social importance of the belief, the inter-
SOCIAL REPRESENTATIONS OF POVERTY IN THE MEXICAN GROUPS...
137
ventions of God in the everyday life. We evoked here the importance of the beliefs
binding them to the culture, learning on the reference made by Deconchy (1993);
„A belief appears frequently like data strongly marked by a culture, a society and a
history”. According to Joulé (1992), the notion of belief is always undissociable from a
social problematic; this would imply that belief has collective foundations, in other
words it is the product of interaction and social communication.
The social interactions that exist in the groups used in this investigation take place
articulating affective elements like the stereotypes and the prejudices, implied in an
identity process. Moscovici (1997) indicated that when in these processes there are
prejudices, there are beliefs and non-cognition.
The intervention of the religious dimension in the social representation of poverty
varies depending on the group of property and the degree of implication. This way, a
difference appears between the poor men, who experience religion through the belief in
divinity, in magic, in miracles, and the other groups, who display a commitment more
marked by the practice of the cult and of its way to react to the poor men.
In this social representation of poverty, a „magical” interpretation exists, the subjects
attribute the causality of poverty to bad luck, to destiny, God, life. The elements that
take part in this way to structure the social thought are of a subjective, symbolic and
affective order.
The cultural dimension includes the speech about the poverty in this social representation and one can identify a typology of different ways to imagine poverty: the
spiritual poverty, the poverty of values, the poverty of affection, the poverty related to
the non-belief in God, the poverty of the soul, the poverty of feelings. As well, the
religious dimension is a form of collective memory, the language, the beliefs and the
traditions through which it manifests itself allow their persistence and its conservation.
The affective dimension of identity and of memory according to Jodelet (1992) has the
function of legitimizing and valuing. In this investigation we can recognize a common
pattern of the religious beliefs, in addition to a valuation of the behaviors and the
traditional values in relation to poverty, which we considered strategies of an experience.
The affective contact with poverty in this representation appears in relation to the
identification of poverty in the personal life: the solitude of the soul, the lack of values
and the lack of spirit.
In this social representation, the causal attribution appears touchingly segmented in
thematic ruptures, associations of ideas and subjects integrated by an associative thought
loaded in most of the cases affectively and emotively. In the discursive work the system
of values is significantly linked to religious dimension, being the first element that
counts in giving an answer to all the questions with respect to the poverty situation.
In figure 3, one can notice that a common space is shared by the two social
representations. This space includes the „central idea of poverty”, that is the identification of poverty with the lack of the essential resources. This idea is significant
because it constitutes one of the central dimensions in the two representations. The central
idea of a situation of deficiency or absolute deprivation has a main paper in the content
and structures of the representation referring to the material aspects. Nevertheless, to
talk about this central idea and to comment its importance in the representation does not
mean that this is the most important dimension, nor the most significant. The analysis
138
MARÍA ESTELA ORTEGA RUBÍ
shows that this subject referring to the material aspect of poverty is the starting point of
the reconstruction of the social representation, mixing itself with the social-symbolic
dimensions that structure the social representation of poverty in a dual meaning.
Until now we have not spoken about the sample integrated by the people considered
poor, so it is possible to indicate here that to enter itself in the social representation that
this population has about poverty means at a first moment to stress the stigmatization
that the poor people suffer from the other groups. See index 2.
The Poor People and Their Social Representation of Poverty
A part of the sample of this group has been considered as „implied” in the struggle
against poverty, but its implication does not go in the same sense as the other implied
group, so to say of aid, that belongs to the nongovernmental associations. The implication
of the poor people in the struggle against poverty is identified to have an immediate
objective, to find solutions to the problems about which they complain in that moment.
These subjects have been selected in situations that alter their stability and that have been
struggling against the poverty, which appears in the form of manifestations, strikes, etc.
The implication of this group is very important in the social representation, since from
this special „implication” we can observe that the way to think about poverty becomes
more critical and deeper. The people of this group go through a difficult stage that
allows them to acquire immediate reference points and thus to have once again a more
analytical and deeper opinion. This perspective on the problem of poverty does not
mean a clear knowledge of the problematic, from our interpretation, these subjects are
in a difficulty situation and that is why they enter a process that debilitates little by little
the cultural bow: religious beliefs, magical ideas, determinism, among others.
The cultural-religious speech and the moral of poverty happen to be a more social
speech.
The group of the not implied poor people presents an integration of the condition of
poverty in its identity (of the individuals and the group) in such a form that the way to
face it is bound to a attitude of resignation, to the lack of power to the problem, as well
as to the beliefs, which appear as sociocognitive strategies. To live the everyday life in
a „precarious stability” or in poverty does not allow being in another state of reflection.
In other cases poverty is attributed to the others, as we had already mentioned it, poverty
is an object placed at a distance from the individuals. In the social comparison and the
social identity, when compared to others, the subjects are going to prioritize the positive
identity as a group, different from an intra-group comparison where the subject will give
priority to his positive identity as an individual. In addition, the interpretation of this
particularity is that this distance or ignorance of poverty starts – from our analysis
supported by the historical revision of the social treatment given to this phenomenon –
from one of the principles of the Christian thought, which says to hide poverty rather
than show it to the others, in other words, to live in resignation, valuing the virtue of
humility, implying the idea thinking about poverty as something shameful. This attitude
towards poverty registers within a logic that considers poverty to be an individual
problem associated to a negative prejudice.
SOCIAL REPRESENTATIONS OF POVERTY IN THE MEXICAN GROUPS...
139
As for the causal attribution of poverty, we can see in the group of the poor men a
dissolution of the stereotype, of the stigmatization; the poor will be considered people
who do not have motivation for work and who are not conscious of their situation from
the perspective of the other social groups. This stigmatizing attitude towards the poor
people has its roots in the lack of understanding the interactions between the different
social groups, which is part of a perception different from the things, of an absence of
common experiences in which the references towards the others and the things do not
reflect the same living world (Brun, 1996). See index 2.
Discussion
This paper shows that not only the space, the economic or political dimensions are
important in order to analyze the problem of poverty. In addition to these there is a
cultural dimension as the one of the main elements of the social representation, evidently
bound to the previous ones, but left in the investigation because of the complexity and
controversies that this one imposes. The culture is transmitted in most cases by the
inheritance left by generations who passed through the social interactions, being a
collective product, result of the social interaction.
An important percentage of the inhabitants of Mexico City presents rural origins due
to the migration (presented previously), a result of the decomposition of the rural
structures. The material conditions and the emotional state of uncertainty, hopelessness
faced by a part of the urban population allow the continuity and reinforce the reference
to the cultural aspects like the beliefs, the traditions, the values, the language, the
symbols. This cultural-historical context is the logical system that gives an individual the
resources of orientation in a social and material environment providing him the resources
to adapt and to dominate it. In addition, it allows him to find the security and the stability
that can maintain his cultural identity in front of the others. Thus, the precarious
conditions create a belief necessity.
These two social representations – that is why we speak of a duality in the social
representation of poverty – reveal the composition of the Mexican identity, the cultural
fragmentation constituted by an indigenous Mexico and a modern Mexico. As Octavio
Paz (1974) says, a society marked by a syncretism that alternates between the conscious
and the unconscious aspects, between objective and subjective, permanent and transitory.
The social representations distributed in a social group and that remain present
during a long time are considered „cultural” representations (Sperber, 1984). Trying to
investigate the cultural character of the representation, we must consider the following
questions: why these representations are more extended in a population, which factors
and which conditions make probable the repeated communication of this type of
representation and which are the social consequences that can entail?
This investigation shows the existence of a „cultural-religious-moral” representation
of poverty that persists in the values, in the religious and traditional beliefs that not only
express it but they root and give it continuity, without any possibility of another deeper
reflection.
The description of the duality of the social representation of poverty that we come to
expose gives us the opportunity to place this study in a much more extensive context, in
140
MARÍA ESTELA ORTEGA RUBÍ
which not only we can analyze the problematic of poverty, but also in Mexican reality.
The elucidation of the social representations allows us to locate the social reality of a
country like Mexico in a critical and comparative analysis related to the knowledge and
the social treatment that the poverty had. Comparing this social reality with the one of
other countries in which the social policies are of great importance to improve the
standard of living, as in the case of the European societies and particularly of the French
society, the social representations on poverty which circulated in the past were object of
a rationalization process, of secularization in which poverty lost its religious and moral
character. In this process of secularization, the social representation, of poverty and the
poor people were modified. The poverty began to be treated in political terms and the
poor like citizens. The adopted social treatment, far from the charity and philanthropic
within a principle of the social action, was the beginning of the Providence State, in
which the poverty is a social problem and the poor people are citizens with rights and
duties.
On the other hand, in Latin America and in this case in Mexico, the poverty has not
been object of this process of rationalization, nor of a true social treatment, even if there
are „social politics” at every 6 years (sexenio) in which, like Moscovici said, if it
changes the material aspects of a problem, the subjective aspects of people will change
at the same time.
This investigation on the social representation of poverty in Mexico confirms
exposing the duality in the speech, the evidence of the importance of the cultural
dimension, the negligence of which these dimensions have been object, preventing the
understanding of the phenomenon and a possible social change.
It underlines, in addition, one of the important aspects that is the social-symbolic
one, important to better understand this complex problem that is the poverty. What is
poverty? Who is poor? In relation to whom and what type of poverty? Questions about
which the specialists do not let us worry. This paper emphasizes the question of the way
in which the subjects think about, suffer and experience poverty.
The primary target of this investigation has been reached, to know the social
representation of the poverty in some groups of the Mexican population. The identification of the dimensions that structure and organize the content of the representation.
The duality of the social representation describes an essential aspect for the understanding
of this phenomenon. This provides the possible lines of investigation to continue, but
mainly it indicates the aspects in which it is necessary to react.
The implementation of a plan to solve the problem of poverty would require the
transformation of the „cultural-religious-moral” social representation still present for
the Mexican population. This representation is far from the groups with a greater
educational level and direct implication in the problem. Thus, the directed measures to
increase the implication and facilitate the knowledge and resources to surpass this
problem will give a new value to this phenomenon, changing its social representation,
which no longer will appear to be an individual problem. The study of the social thought
in diverse social problems is a priority for its understanding. The French sociologist
Serge Paugam, a specialist in poverty and social exclusion, indicates that it is
indispensable for the social science and its investigators to integrate this task as a guide
of analysis and an alternative for their own development. We think that the social
SOCIAL REPRESENTATIONS OF POVERTY IN THE MEXICAN GROUPS...
141
policies will have to be evaluated in their effectiveness, considering the models of other
countries, more advanced in this field.
Résumé: Conséquence du creusement des inégalités sociales, la pauvreté accapare le débat social.
Fondés sur une analyse épistémologique marquée par une prédilection pour les explications
économiques, au détriment d’une appréhension de la dimension sociale, les travaux traditionnels
négligent une question majeure de la pauvreté, celle de sa représentation sociale, fondamentale
pour saisir ses véritables enjeux. La pauvreté est détachée de son contexte social et culturel, de sa
signification quotidienne. Qu’est-ce que c’est la pauvreté? Qui est pauvre? Par rapport à qui?
Quel type de pauvreté? Des questions sur lesquelles ne cessent de se pencher les spécialistes.
Cette étude psychosociale a pour ambition d’analyser les représentations sociales, à savoir la
façon dont les sujets pensent, perçoivent et ressentent la pauvreté, fonctionnant comme des
systèmes d’appropriation et d’interprétation de la réalité permettant aux individus de guider leurs
comportements et leurs pratiques. La méthode suivie est qualitative, s’appuyant sur des entretiens
semi-directifs, une analyse de contenu et l’approche sémantique de l’association libre.
L’échantillon est composé de quelques groupes de la société mexicaine: la couche sociale
moyenne; une population impliquée dans la lutte contre la pauvreté au sein des organisations
nongouvernementales, et la population considérée comme les pauvres. Nous montrons ici une
dualité de la représentation sociale: une représentation structurelle-sociale de la pauvreté, l’autre
culturelle-religieuse-morale. Les deux représentations sociales se côtoient, se mélangent dans une
société complexe, marquée par un syncrétisme historique et culturel.
Rezumat: Ca urmare a adâncirii inegalitãþii sociale, sãrãcia a devenit un subiect de dezbatere
publicã. Fondate pe o analizã epistemologicã marcatã de o predilecþie pentru explicaþiile economice
în detrimentul unei abordãri a dimensiunii sociale, cercetãrile tradiþionale neglijeazã o temã
majorã a sãrãciei, aceea a reprezentãrii sale sociale, fundamentalã pentru înþelegerea adevãratelor
mize. Sãrãcia este detaºatã de contextul social ºi cultural, de semnificaþia sa cotidianã. Ce este
sãrãcia? Cine este sãrac? În comparaþie cu cine? Ce fel de sãrãcie? Acestea sunt probleme
asupra cãrora nu înceteazã sã se aplece specialiºtii. Studiul de faþã are ambiþia de a analiza
reprezentãrile sociale, modul în care subiecþii gândesc, percep ºi îºi reprezintã sãrãcia. Reprezentãrile funcþioneazã ca sisteme de interpretare a realitãþii, ce permit indivizilor sã-ºi orienteze
comportamentele ºi practicile. Am utilizat metode calitative, sprijinindu-mi demersul pe interviuri
semidirective, pe o analizã de conþinut ºi pe abordarea semanticã a asociaþiilor libere. Eºantionul
este compus din câteva grupuri ale societãþii mexicane: pãtura socialã mijlocie, o populaþie
implicatã în lupta contra sãrãciei în cadrul unor organizaþii nonguvernamentale ºi, în sfârºit, o
populaþie consideratã sãracã. Se remarcã dualitatea reprezentãrii sociale: o reprezentare social-structuralã a sãrãciei ºi a alta cultural-religios-moralã. Cele douã reprezentãri sociale evolueazã
împreunã, se amestecã într-o societate complexã cum este cea mexicanã, marcatã de un sincretism
istoric ºi cultural.
142
MARÍA ESTELA ORTEGA RUBÍ
Index 1
Index 2
Some results of data analyses
The analysis of thematic-categorical content
Frequency* of
the categories
10
9
9
7
7
*
RESULTS
What is poverty?
Implied people/non-guvernamental organizations
Frequency* of the
Assets Organizers
Collaborators
categories
Education
9
Education
9
Satisfaction of basic
Job
necessities
8
Economic resources
Formation
Oportunities
Recognition of the
abilities
7
Organization
7
Money
Frequency of each category in the discourse. It is not frequency by subject.
(–) deficiency of…
SOCIAL REPRESENTATIONS OF POVERTY IN THE MEXICAN GROUPS...
Frequency* of
the categories
25
22
19
13
RESULTS
What is poverty?
middle class
Frequency*
Superior
of the categories
Economic resources
25
Education
22
Job
20
Culture
19
143
Inferior
Economic resources
Affection
Health
Love
*
Frequency of each category in the discourse. It is not frequency by subject.
(–) deficiency of…
RESULTS
Where do you see the poverty in your daily life?
Implied people/non-guvernamental organizations
*
Frequency*
Frequency
Assets organizers
Collaborators
of the categories
of the categories
10
Natives
9
Every days in the street
10
In the daily life
9
Children of the street
9
Segregated comunities
9
Farmers
8
Farmers
8
Native zones
7
Indigents
9
Necessity of the public
services
*
Frequency of each category in the discourse. It is not frequency by subject.
Frequency* of
the categories
25
23
22
21
*
RESULTS
Where do you see the poverty in your daily life?
Middle class
Frequency*
Inferior
Superior
of the categories
Children of the street
19
Children of the street
Informal activities
19
Necessity of values
The journey
16
People who have no family
People who do nothing for
Segregated zones
10
changing
Frequency of each category in the discourse. It is not frequency by subject.
RESULTS
Who are the poors?
Implied people/non-guvernamental organizations
Frequency*
Frequency*
Assets organizers
Collaborators
of the categories
of the categories
9
Natives
8
Farmer
9
Farmer
8
Unemployed persons
9
Childrens
7
Natives
6
Segregated People
3
Drug addicts
* Frequency of each category in the discourse. It is not frequency by subject.
144
MARÍA ESTELA ORTEGA RUBÍ
RESULTS
Who are the poors?
Middle class
Frequency*
Frequency*
Superior
Inferior
of the categories
of the categories
People who have no
The poors who have no
21
21
material assets
economic resources
Unemployed persons
People who do not have
17
17
affection
16
Poors who want to work
16
People who do not have love
Persons who do not want
People who do not have
13
15
to work
family
Frequency of each category in the discourse. It is frequency by subject.
RESULTS
What do you say about the poors?
Implied people/non-guvernamental organizations
Frequency*
Frequency*
Superior
Inferior
of the categories
of the categories
They are nor lazy nor
They are not poor because
9
9
unproductive
they want
They do not have
They need to be helped
8
mobility. Only survival
6
exits for them
They are susceptible of
8
manipulation
7
They need to be helped
* Frequency of each category in the discourse. It is not frequency by subject.
Frequency*
of the categories
14
12
11
9
RESULTS
What do you say about the poors?
Middle class
Frequency*
Superior
of the categories
They need self-esteem
They do not have force for
breaking segregated circle
They do not want to leave
misery situation
It exists poor persons who
fight and other poor
persons who do not
21
19
Inferior
Persons who do not have
affective support
People who do nothing to
change their situation
16
They need motivation
15
A poor person is conformist
* Frequency of each category in the discourse. It is not frequency by subject.
SOCIAL REPRESENTATIONS OF POVERTY IN THE MEXICAN GROUPS...
145
RESULTS
According to you, why a poor person is poor?
Implied people/non-guvernamental organizations
Frequency*
Frequency*
Superior
Inferior
of the categories
of the categories
It is a structural and social
8
16
Lack of education
problem
7
Lack of independence
7
There are no opportunities
Social, political, economic
6
Lack of employment
6
problems
Personal limitations,
Wrong distribution of
4
2
sometimes physical
wealth
problems
* Frequency of each category in the discourse. It is not frequency by subject.
RESULTS
According to you, why a poor person is poor?
Middle class
Frequency*
Frequency*
Superior
Inferior
of the categories
of the categories
23
Economic system
18
They want to be poor
21
Corruption
17
Apathy
17
Politics
15
Economic crisis
15
Distribution of wealth
13
They do not want to work
9
They are responsible for
13
The establishment
scant ambition
* Frequency of each category in the discourse. It is not frequency by subject.
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II. SINTEZE TEORETICE
Adrian Neculau1
Contexte social, idéologie et pratiques sociales.
Étude de cas Résumé: Le contexte socio-global, idéologique, et le contexte immédiat, situationnel, construisent
ensemble une certaine réalité socio-historique qui «couvre» l’individu, l’obligeant à interpréter
une certaine information et à créer certaines images, croyances, représentations. Bien que le
contexte social ait décisivement changé, la plupart des acteurs sociaux conservent non seulement
la gesticulation collective, mais aussi les stratégies d’écartement, les pratiques de dissimulation,
le style d’adaptation. À partir d’une analyse du totalitarisme communiste cet exposé se propose de
mettre en relief le mécanisme psychosocial de la résistance aux changements.
Il y a à peu près un demi-siècle, un jeune chercheur est-européen immigré en France
douze ans auparavant formulait les fondements de la théorie des représentations sociales:
c’était Serge Moscovici. Ultérieurement, il a avoué que pour cette théorie il s’était
inspiré d’un concept de Durkheim «oublié», la représentation collective, qu’il a amendé
selon la perspective de la psychologie sociale. En revanche, bien que non-explicitée à
l’époque, il existe une autre chose qui semble avoir été décisive pour l’élaboration de
cette théorie et que Serge Moscovici l’a admise bien plus tard: il s’agit de son expérience
de minoritaire en Roumanie à l’époque de l’ascension du fascisme et du début du
communisme. C’est bien ce «contexte roumain» qui a nourri Serge Moscovici, c’est là
qu’il a fait l’expérience des minorités; les théories des représentations sociales et celle
de l’influence minoritaire sont naturellement liées à ces expériences de jeunesse. Serge
Moscovici souligne lui-même que les représentations naissent de croyances particulières
qui marquent la vie sociale d’une collectivité, qu’elles dépendent de contextes culturels
spécifiques, et enfin qu’elles portent la marque de l’idéologie et de l’histoire d’un
groupe social. Elles sont, il est vrai, des constructions cognitives mais il est unanimement
admis aujourd’hui qu’elles sont élaborées en fonction des caractéristiques du contexte et
de la pensée sociale dominante.
La théorie des représentations sociales formulée par Serge Moscovici a engendré un
mouvement d’idées peu prévisible en 1961, lequel a largement dépassé les frontières de
la psychologie sociale: les «représentationistes» constituent aujourd’hui une communauté
1. Université „Alexandru Ioan Cuza”, Ia[i.
PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale
152
ADRIAN NECULAU
internationale qui se réunit tous les deux ans en présence du fondateur (le Mexique en
a récemment accueilli le 7ème Congrès). Les développements ultérieurs de cette théorie
ont permis au concept de la représentation sociale d’être diversifié et raffiné, mais lui
ont également fait perdre un peu de sa couleur d’origine. Cette notion initialement
indicible, nouvelle et originale est devenue par diffusion un concept commun qui a
perdu l’air ineffable et la force de suggestion des mots qui se situent au-delà des
définitions unificatrices. Depuis, de nombreux ouvrages définissent, classifient, systématisent et alignent rigoureusement les représentations sociales. D’un autre côté, Serge
Moscovici refuse toujours de proposer une définition contraignante de ce concept dont
il a la paternité.
Par ailleurs, ce qui frappe les nouveaux chercheurs en représentations sociales c’est
que malgré l’importance reconnue du contexte social dans l’élaboration des représentations sociales, cette variable est encore traitée de manière «objective», parmi
d’autres, et d’une manière «neutre». Ceci signifierait que le contexte est important, mais
non décisif. Par conséquent, je voudrais présenter ici la manière selon laquelle un
contexte global (social, idéologique) particulier et une situation spécifique peuvent
déterminer, voire commander la formation des représentations sociales.
1. Le rôle du contexte
Serge Moscovici (1996) écrit que les représentations sociales sont «des aspects […] du
milieu social», des produits du contexte social générés collectivement. Les représentations sociales et les idéologies sont des produits de groupes, classes sociales ou
cultures spécifiques. Dans sa préface au traité de Psychologie Sociale de 1984, Serge
Moscovici précise que la psychologie sociale est la science des phénomènes de l’idéologie,
laquelle détermine les systèmes de représentations sociales et les attitudes, les habitus et
les dispositions. Déjà en 1961, il semblait banal à Serge Moscovici d’identifier uniquement
l’agent qui élabore la représentation, et bien plus productif de définir la motivation de
celui-ci: il serait facile de savoir «qui» a élaboré une représentation sociale, et plus
intéressant de savoir «dans quel but» il le fait, et ceci parce que la représentation
détermine de manière exclusive les «processus de formation des conduites et d’orientation
des communications sociales». Plus tard, lorsqu’il plaide pour l’étude des représentations
sociales, Serge Moscovici (2002) observe que malgré l’intuition que nous avons de
l’inscription des représentations collectives et sociales dans une perspective selon laquelle
la cohérence et les pratiques sociales sont réglées par les croyances, les savoirs, les
normes et les langages produits par une société, bref par la culture de celle-ci, nous
abordons trop souvent les représentations sociales comme si elles étaient détachées de
leur contexte spécifique.
Nous pouvons désormais formuler l’hypothèse de travail suivante: si un ensemble
particulier de conditions ont présidé à l’élaboration par des individus d’un ensemble
spécifique de représentations (du monde en général et de leur environnement en particulier), lorsque l’occasion se présente, ces individus se conduiront selon les prescriptions
de ces représentations.
Les représentations élaborées dans un contexte spécifique prescrivent les pratiques
adoptées. Aussi, l’attachement aux valeurs et aux normes cohérentes avec ce système de
CONTEXTE SOCIAL, IDÉOLOGIE ET PRATIQUES SOCIALES...
153
représentations est inscrit dans les rapports collectifs concrets. La propagande, c’est-à-dire
«la pédagogie appliquée aux citoyens tels que les pouvoirs les pensent» (Rouquette,
1999), détermine l’élaboration et la diffusion du système de représentations souhaité.
Nous rejoignons ici les écrits de Rouquette (1999) au sujet du «citoyen pensé» que le
pouvoir a, dès l’origine, fondé et instauré en dépendance de ce pouvoir. Le citoyen
pensé devient ainsi le porte-parole d’idées objectivées et rationalisées selon les normes
qui définissent le «bon citoyen» et il se sent devenu responsable, engagé à diffuser ces
dernières. Une caractéristique de ce type de citoyen est son besoin de participer au projet
commun, de s’assurer de la cohésion, voire du consensus qui contribue au renforcement
du pouvoir, ce pouvoir qu’il sent ainsi partager. Implémenter chez les citoyens les
représentations sociales souhaitées par le pouvoir semble être le moyen le plus sûr de
verrouiller la pérennité de ce pouvoir.
Tous les chercheurs qui s’intéressent aux représentations sociales ont tenté de
concilier le social et le cognitif. Ainsi, dire que les représentations sociales sont une
construction sociocognitive traduirait l’interaction entre ces deux composantes. L’examen
des définitions proposées pour la représentation sociale nous fait constater que, malgré
leur caractère de constructions cognitives, les représentations sociales ne peuvent être
détachées du contexte social où elles ont été élaborées; elles sont prisonnières du social.
Doise (1990) a exprimé de manière tout à fait satisfaisante la complexité du rapport que
ces constructions cognitives entretiennent avec le social: ainsi, les représentations
sociales jouent un rôle essentiel dans le maintien des rapports sociaux, elles sont
façonnées par ces rapports et véhiculent, parfois directement, mais le plus souvent
indirectement, une connaissance (compétence) sociale particulière. Ajoutons seulement
que les représentations sociales sont socialement marquées par les conditions et le
contexte où elles ont été élaborées, la manière dont elles circulent et les fonctions
qu’elles accomplissent lors des interactions avec les autres groupes et individus (Jodelet,
1989) et notre démarche acquiert ainsi un support parfaitement satisfaisant.
Mais il y a lieu de souligner davantage l’importance du contexte social. Le contexte
est un système d’idées et croyances, normes et habitudes qui constituent l’environnement
social et culturel de l’individu. Cet environnement est relayé par l’éducation et le
langage. Ainsi, le contexte fournit les références, les modèles de conduites et de pratiques
quotidiennes et assure l’intégration sociale de l’individu. Ainsi, les individus et les
groupes se différencient selon le milieu fréquenté et les pratiques où ils se sont développés. Le langage, les rites, la culture, les traditions, les vêtements, l’habitat, le type de
relations interpersonnelles, etc. forment ensemble un cadre social et culturel spécifique
qui traduit l’ordre social en vigueur et porte les traces de la mémoire collective et les
normes du groupe social en question.
Deux types de contextes sont réputés influencer l’élaboration des représentations
sociales: (a) le contexte social global, qu’Abric et Guimelli (1998) l’appellent également
idéologique (lié à l’histoire de groupe) et qui situe l’individu dans un système social, soit
un «champ social donné» (Doise, 1992) et (b) le contexte immédiat, déterminé par les
situations concrètes, par les rapports où est placé l’individu.
Le contexte social global, idéologique et le contexte immédiat, situationnel, construisent ensemble une réalité sociale et historique spécifique laquelle «habille» l’individu
et l’oblige à interpréter une information particulière et à créer des images, croyances et
représentations spécifiques. Si l’individu (le groupe) nourrit ses représentations d’un contexte
154
ADRIAN NECULAU
donné, il «apprendra» des significations et interprétations particulières des phénomènes
sociaux et construira des modèles spécifiques d’organisation des connaissances.
Pierre Bourdieu a écrit à plusieurs reprises que nous acquérons notre capital culturel
en famille, à l’école, dans l’environnement social, idéologique et culturel que nous
fréquentons. Placé en un «bain culturel», entouré de stimuli culturels spécifiques,
l’individu découvre les clés qui lui servent et lui serviront désormais à déchiffrer les
messages culturels et idéologiques auxquels il est confronté. Mais ses détails biographiques jouent aussi. Ainsi, quelqu’un qui, pendant son adolescence ou sa jeunesse,
voire plus tard, a fréquenté un groupe spécifique, un milieu culturel ou idéologique
porteur d’une nuance, en reste marqué pour le reste de sa vie. Tout ceci suggère que les
particularités du contexte induisent des tableaux de valeurs, déterminent le système
axiologique et proposent des normes et styles de conduite. Les chercheurs de premier
rang invoquent «les effets du contexte» sur les représentations sociales (Abric et Guimelli,
1998). Mais jusqu’ici, toutes les références au contexte renvoient plutôt à une réalité
culturelle traduite par des normes et pratiques issues de l’évolution des sociétés démocratiques. Cependant, et en Europe de l’Est nous le savons bien, le contexte global peut
induire une vision particulière de la vie et du fonctionnement d’une société, peut
commander chez les membres d’une communauté l’appropriation des normes de conduite
spécifiques et, enfin, il peut déterminer l’utilisation de grilles d’évaluation propres,
lesquelles mobilisent et/ou polarisent les acteurs sociaux (Neculau et Curelaru, 2003).
Les effets du contexte mis en évidence expérimentalement nous offrent un excellent
point de départ: le système central des représentations est réputé être directement
déterminé par le contexte idéologique et historique du groupe (ou de la communauté). Il
est marqué par la mémoire collective et le système des normes pratiquées, induit des
normes de conduite, marque les situations, détermine les grilles d’évaluation, mobilise
et/ou polarise les acteurs sociaux. Enfin, contrôler ce contexte signifie produire une
logique sociale particulière, laquelle oriente l’activité cognitive de l’individu et le
familiarise avec le «normal», détermine la manière dont il filtre et rationalise l’information provenant de l’environnement en la subordonnant à cette logique autrement plus
profonde et, enfin, le guide à rejeter «l’anormal», l’exception, c’est-à-dire l’information
qui contredit ou contrevient aux normes dites «scientifiques» d’organisation.
Pour nous, le contexte signifie bien plus qu’un décor culturel: il nous apparaît
comme une réalité contraignante, un marqueur social, un corpus de normes de conduite
qui ne laissent à l’acteur social aucune chance de refuser ou de choisir librement une
alternative parmi plusieurs possibles. Je pense ici autant au contexte social-global qu’au
contexte immédiat (Abric et Guimelli, 1998), lesquels participent d’une même réalité
sociale et historique. Cette réalité est dirigée et contrôlée au nom d’une idéologie
unificatrice, qui n’autorise pas les alternatives mais enchaîne l’individu à son environnement et le force à s’approprier des solutions cognitives particulières et à élaborer des
schèmes cognitifs, images, croyances et représentations spécifiques. Puisque les représentations des individus sont alimentées par ce type de contexte, les individus «apprennent»
des significations, grilles de lecture et interprétations spécifiques des phénomènes
sociaux, et organiseront leurs cognitions selon des modèles particuliers.
Ivana Marková, professeur de psychologie sociale à l’Université de Stirling (Écosse),
originaire de la Tchéquie, connaît bien la réalité que nous décrivons ici. Elle affirme
explicitement (1999) que les représentations sociales se forment, se maintiennent et
CONTEXTE SOCIAL, IDÉOLOGIE ET PRATIQUES SOCIALES...
155
évoluent longtemps dans un contexte socio-culturel et historique. Elles sont transmises
d’une génération à l’autre par des voies diverses, informelles (telles que la socialisation,
les pratiques quotidiennes, la mémoire collective, les comportements individuels et leurs
interactions, la communication symbolique), ou institutionnelles (telles que la langue,
l’éducation et le droit en vigueur). Par conséquent, les représentations sociales trouvent
leurs racines dans les taxinomies communes, les catégorisations ou les différents thêmata.
Les recherches invoquées par Ivana Marková montrent comment les représentations
sociales sont «enracinées» dans la vie des individus. Les régimes totalitaires et post-totalitaires s’appuient sur le développement des systèmes sociaux caractérisés par l’uniformité
de la pensée et de la communication ainsi que sur la discipline. Pour qu’ils puissent se
perpétuer, ces systèmes stimulent la «non-pensée» et le langage de la «non-communication» incorporés dans un système de règles et d’instructions prescrites par les «tableaux
d’orientation» et les «répertoires d’indications». Ainsi, l’individu «adapté» n’a pas un
discours normal, il ne communique pas, mais cherche simplement la formule juste au
moment opportun.
Quelle conclusion pouvons-nous déduire jusqu’ici? Les individus construisent leurs
représentations en interprétant la réalité avec laquelle ils sont en contact et qui les
nourrit. Ils incorporent cette «réalité objective» à leur organisation cognitive, à leur
système de valeurs et créent leur propre histoire et leur propre systèmes de référence,
tout en se rapportant au contexte donné, aussi bien idéologique qu’immédiat, institutionnel.
Les représentations sociales se nourrissent du contexte, et avant tout de la nature des
conditions qui font naître le discours et facilitent la formulation d’idées et la découverte
de nouvelles théories. Le discours est toujours situé dans le temps et dans l’espace et
suppose des rapports concrets, des interactions.
Deuxièmement, le discours se nourrit du champ idéologique et dépend de la place
que l’individu ou le groupe occupe dans le système social: ce dernier est soit dirigeant,
soit exécutant soumis. Les deux statuts sont des rouages du même mécanisme. Autrement
dit, l’environnement culturel et idéologique ainsi que la manière de penser de la
collectivité «ancrent» l’individu et le «modélisent» pour le livrer ensuite au champ social.
L’acteur social ne peut pas se détacher de la pensée sociale où il s’est formé. Selon
Michel-Louis Rouquette (1999), la pensée sociale se manifeste à travers les opinions, les
attitudes et les représentations sociales. Au plus profond de cette architecture se trouvent
les idéologies, qui peuvent à leur tour se retrouver dans les thêmata, les archétipes et la
mémoire résiduelle. Catherine Garnier (2000) a raison: la pensée sociale agit comme un
principe intégrateur de différents systèmes et fait preuve d’une «organisation plus fermée»
(Guimelli, 1999). Elle se nourrit de l’information qu’elle filtre selon sa propre logique
et se réfère uniquement aux événements qui la confirment. Quelles sont les chances de
réussite d’un individu dont le développement est nourri par une pensée sociale sélectionnée et dirigée? Il sera encouragé à évoluer selon la «logique» sociale admise; il lui est
ainsi conseillé de s’approprier un discours particulier qu’il devra diffuser à son tour. Les
significations transmises par ce discours rapprochent les individus grâce aux signes de
reconnaissance qu’elles leurs rendent accessibles. Ces individus entrent en contact, se
rappellent, construisent des images, disent et font dire, résument en quelques mots ou
propositions un cliché, une étiquette (Moscovici et Vignaux, 1994).
156
ADRIAN NECULAU
Les représentations sociales deviennent ainsi des idées-force, propagent la pensée
sociale dominante (mentalités et croyances) et influencent les comportements. Elles sont
des créations sur quelque chose qui existe déjà, sur les contenus élaborés; elles créent
et maintiennent l’identité, l’équilibre collectif, la cohésion sociale et discursive, «l’unité»,
«le front», «la ligne».
Je n’insiste plus. Mais je vais souligner que, sous l’effet de la situation, l’acteur
social ne perçoit pas la réalité objective, mais une réalité dénaturée et partielle, voire
«irrationnelle», issue de la pensée sociale qui l’avait alimentée. Ces effets de la «situation»
ont une importance particulière parce qu’ils expliquent pourquoi un individu adopte
certaines idées et pas d’autres. L’ensemble d’idées et représentations adopté agit comme
un filtre cognitif qui trie les informations perçues et détermine l’élaboration des stratégies
d’action. La position sociale des acteurs sociaux entraîne l’apparition d’un effet de
perspective. Les individus ne peuvent plus percevoir correctement la valeur et les
nuances de la réalité où ils sont impliqués; ils s’en sont fait une idée approximative, et
c’est avec celle-ci qu’ils opèrent ensuite. Autrement dit, l’effet du statut de l’individu
sur l’intériorisation qu’il fait des valeurs est le suivant: si l’on présente un ensemble de
valeurs, options ou idées à un individu caractérisé par une position sociale spécifique et
par des dispositions particulières, il y a toutes les chances que ces dernières déclenchent
un mécanisme pervers d’aveuglement qui entraîne des passions et induit un comportement
irrationnel. Désormais l’individu va soit „idéologiser” tout ce qu’il rencontrera, soit
«psychologiser» et interpréter à travers son appareil évaluateur induit. Deconchy (1989)
appelle «orthodoxie idéologique» cette information appartenant à un champ social
particulier, à une régularité sociale spécifique et qui immunise cognitivement l’individu
contre les idées, attitudes et conduites alternatives.
Dans un texte plus ancien (Connexions, no. 58, 1991), j’ai essayé d’identifier le
mécanisme qui a rendu possible la réalisation de ce vaste programme d’annihilation de
la pensée libre et de l’initiative: la création des modèles nouveaux et adéquats d’organisation rigides, dirigés, véritables appareils destinés au contrôle total de l’individu, la
généralisation de la peur, la stimulation de la délation et, enfin, la ritualisation et la
bureaucratie.
La Roumanie totalitaire a vu naître une catégorie d’individus sans d’autres repères
intellectuels ou moraux que ceux fournis et définis par le système. Cette catégorie,
minoritaire au début du régime, s’est considérablement élargie et, avec le temps, est
devenue majoritaire, dominante, auto-suffisante et ignorante de la minorité intellectuelle
qui s’alimentait à d’autres valeurs, démocratiques et pluralistes.
La thèse des «deux Roumanies» lance l’idée que de la succession des générations de
1945 à 1989 est né un «peuple nouveau», éduqué dans le système de structures et valeurs
artificiellement inventées par le régime communiste et convaincu qu’il a vécu dans un
ordre parfait. Pour ce «peuple nouveau», la «normalité» est celle de la vie qu’il a connu
et la cohérence est celle de l’environnement socio-cognitif où il est né et s’est formé. Le
commun des mortels a connu en Roumanie une seule et unique réalité, parfaitement
délimitée et contrôlée, et il n’a même pas pu imaginer qu’il pouvait éventuellement
exister des solutions alternatives.
«La tolérance de ces gens envers leur propre lâcheté et leur conformisme» paraît
donc explicable (cf. Mungiu, 1995, p. 65). Ils n’ont pas connu autre chose, leur niveau
d’information s’est volontairement limité à ce qu’ils se sont vu offrir.
CONTEXTE SOCIAL, IDÉOLOGIE ET PRATIQUES SOCIALES...
157
Et que leur a-t-on offert? Comment a-t-on ajusté le système de formation, les
institutions et les organisations, pour créer un individu qui se limite à accepter ce qu’il
se voit offrir et ne cherche pas à changer cette offre? Comment est-on arrivé à créer un
individu qui n’ait pas besoin d’alternative et qui ignore les bénéfices d’un changement
craignant, au contraire, que ce changement bouleverse ses habitudes et amène un état
d’inconfort?
2. Les mécanismes du conditionnement social
Les chercheurs du phénomène de changement ont expliqué comment obtenir une réaction
contrôlée d’un acteur social: c’est en lui proposant exclusivement une information
sélectionnée et dirigée, en le situant dans des contextes modelés par les gardiens de
conscience.
Pour stimuler l’élaboration et la consolidation des représentations dominantes, la
«solution» serait de grouper les individus dans des structures crées artificiellement et
bien contrôlées, les entraîner dans des actions collectives présentées comme des buts
communs venus de l’extérieur. Si le processus de représentation ne peut être détaché des
activités dans lesquelles les acteurs sociaux sont engagés, il résulte que les représentations
sociales englobent et structurent des éléments cognitifs qui résultent des relations
concrètes avec le contexte social. Les relations entre les individus ne sont pas «neutres»,
mais déterminées par leurs prises de positions et elles engagent leur compétence d’action
acquise dans ce contexte particulier (social, psychologique, idéologique) par l’intermédiaire d’une activité spécifique. Bref, si l’on vise l’adoption par l’individu d’attitudes
et comportements particuliers, il faut lui offrir l’occasion d’apprendre certains schémas
cognitifs exclusivement et de les exercer dans des conditions inventées et parfaitement
contrôlées. Il «apprendra» ainsi une réalité spécifique et ignorera toute réalité alternative,
il considérera la première comme la seule «objective» et compréhensible. Il traitera toute
autre réalité par l’intermédiaire de son propre système de références et la situera selon
cette «vision fonctionnaliste du monde» unique (Abric, 1994). Il investira ses conduites
d’un sens précis, s’adaptera et définira sa place en faisant appel uniquement aux acquis
faits dans ce contexte. Il comprendra la réalité et agira en fonction de cette «dot». La
réalité aura une signification seulement dans la mesure où l’individu la touche. La
représentation n’est donc pas un «reflet» de la réalité, mais une organisation des
cognitions en fonction des «circonstances» (contextes social et idéologique, caractéristiques de la situation, finalité immédiate). C’est pourquoi, si les membres d’une
collectivité partagent une «théorie» (et peu importe comment celle-ci leur a été inoculée),
celle-ci a les caractéristiques d’un «prototype», d’un «type d’organisation», devient un
«guide d’action» qui oriente les relations sociales et les actions des acteurs sociaux. Elle
est un système de pré-décodage de la réalité, car déterminant un ensemble d’anticipations
et d’attentes.
Inutile d’insister. La signification des représentations sociales est alimentée par le
contexte, en premier lieu par la nature des conditions créées pour la production du
discours et la formulation des idées, pour la découverte des nouvelles théories. Le discours
est toujours situé dans le temps et l’espace et suppose des rapports concrets et des
interactions. Deuxièmement, cette signification est alimentée par le champ idéologique
158
ADRIAN NECULAU
et la place qu’occupent l’individu ou le groupe dans le système social. En d’autres mots,
l’environnement culturel et idéologique et la façon de penser de la collectivité «ancrent»
l’individu, le «modélisent» et le renvoient dans le monde. Dans un certain sens,
l’individu, par sa biographie, est le «prisonnier» de son milieu culturel et idéologique
(Neculau, 1996).
Sur la manière d’agir et de s’insinuer de l’idéologie on peut consulter le témoignage
de Marx (L’idéologie allemande) qui écrit clairement que la production d’idées, les
représentations, la pensée et la conscience sont des émanations du comportement
matériel. Les individus et leurs rapports sont placés comme dans une camera obscura
dans laquelle les processus de leur existence historique s’impriment comme les objets
sur la rétine. À son tour, Lénine a employé l’idéologie comme principal instrument de
lutte contre ses adversaires: l’idéologie, écrit-il dans Que faire?, est un système
d’idées et de théories que les protagonistes de la lutte de classe emploient dans leurs
batailles. Un instrument utile – le cynisme de Lénine annonce les ravages de l’idéologie
à la solde de divers groupes, au long de l’histoire de notre siècle – qui n’est pas
forcément dépendant de la vérité des propos. Nous complétons cette vision marxiste de
l’idéologie avec les observations d’Althusser dans son livre Pour Marx: les sociétés
humaines sécrètent idéologie (c’est nous qui le soulignons) comme élément et atmosphère
indispensable à leur survie, à leur existence historique.
Que pouvons-nous ajouter? Toute cette théorie et pratique de «l’idéologie à la solde
du peuple» a été élaborée dans un but utilitaire: combattre, vaincre, détruire, exterminer
les ennemis situés de l’autre côté de la barricade. Pour justifier l’utilisation des méthodes
employées lors de «l’acquisition d’armement idéologique» et pendant la lutte menée
ultérieurement au-delà de l’idéologie et avec d’autres armes, les idéologies représentent
non seulement des jugements de valeur, mais aussi des actes symboliques. La justification
de l’agressivité n’est alors pas difficile à déchiffrer.
En tant qu’alternative à la tradition marxiste, les théories modernes sur l’idéologie
soulignent, à leur tour, l’importance de la position sociale, les effets de la disposition et le
regroupement de ces deux catégories générales dans l’effort de situation (Boudon, 1986).
Nous allons voir maintenant comment peut être conditionnée et dirigée l’élaboration
des représentations sociales. Notre hypothèse est la suivante: si le contexte social,
idéologique et institutionnel est fermement contrôlé et orienté et qu’il rejette les idées et
les manifestations alternatives, alors il crée les prémisses pour l’élaboration de représentations sociales liées à cette réalité. Notre recherche s’est dirigée vers l’identification
des modalités de construction du contexte idéologique et institutionnel qui ont permis
d’atteindre cet objectif.
Je précise ne pas marquer de distinction nette entre les deux types de contextes. Dans
la pratique sociale, les institutions et les situations, en tant que «contextes immédiats»,
résultent de l’exercice de la «pensée sociale», parfois elles ont été créées ou restructurées
suite à un «commandement» idéologique.
Souvent, on ne distingue par nettement entre individuel et social. Chez nous, en
Europe de l’Est, le social avait envahi l’individuel et il y a eu des individus bien précis
qui ont volontairement décidé de l’évolution du social. L’ambiguïté de cette présentation
est due à l’ambiguïté de la réalité décrite.
CONTEXTE SOCIAL, IDÉOLOGIE ET PRATIQUES SOCIALES...
159
2.1. Le contrôle de l’enseignement et de la formation
Après les changements de 1989, un document très important a été trouvé en Pologne,
élaboré par la NKVD (l’ancienne KGB) et destiné aux membres du réseau qui travaillaient
dans les pays satellites. Ce document, qualifié de «top secret», est daté 2.06.1947 et
élaboré à Moscou, a été publié par la suite en Hongrie, en Roumanie et dans les autres
pays de l’Est. Trois pages (45 alinéas) systématisent toute la stratégie de prise de
contrôle totale sur l’économie, la vie politique, l’armée, la culture, la vie sociale et
l’enseignement (Buzatu, 1991). Les analystes ont constaté que, tout au long des 45 ans
de communisme, ces instructions avaient été scrupuleusement respectées et le résultat a
été exactement celui que prévoyaient les responsables de l’institution. Je cite in extenso
l’article 35, une très bonne illustration du ton employé et du détournement du système
éducatif: «Il faut écarter des écoles élémentaires, mais surtout des lycées et facultés, les
professeurs qui jouissent de popularité. Leurs postes respectifs doivent être occupés par
des individus spécialement nommés. Il faut analyser les différences entre les diverses
matières d’études, réduire la quantité de matériel documentaire, arrêter l’enseignement
secondaire du latin et du grec ancien, de la philosophie générale, de la logique et de la
génétique. Dans l’enseignement de l’histoire il ne faut pas mentionner le nom de quelque
prince que ce soit, combien même aurait-il servi ou voulu servir le pays, mais insister
sur la méchanceté des rois et sur la lutte du peuple opprimé. Dans les écoles spécialisées
il faut introduire la spécialisation limitée».
Ce paragraphe 35 est complété par le no. 45, qui précise le système de recrutement
des enseignants d’universités: «Il est nécessaire que les facultés soient peuplées par des
membres provenant des plus basses catégories sociales, intéressés non pas par le
perfectionnement à un haut niveau, mais par un diplôme».
En Roumanie, ces instructions ont été suivies à la lettre. Les disciplines qui contribuaient à l’émergence d’une pensée indépendante ont été expulsées des écoles, la culture
humaniste a été dramatiquement limitée, il a été donné des instructions précises pour la
«politisation» des leçons (allant dans le sens du dénigrement de la «culture bourgeoise»
et la mise en avant de la supériorité de la culture communiste) et les manuels, uniques,
ont été complètement subordonnés à la propagande de parti. Les professeurs de valeur
ont été écartés des facultés, les directeurs de consciences ont été complètement réduits
au silence, voire exterminés dans les prisons. Ceci a ensuite permis une sélection sur
«dossier de cadre», lequel tenait compte de la pureté de l’origine sociale. Enfin, les seuls
manuels autorisés étaient ceux traduits du russe, etc. Les résultats n’ont pas tardé:
comportement asservi et bureaucratique, dépersonnalisation des relations entre les
acteurs sociaux et limitation, voire annulation des initiatives individuelles et du comportement créateur. La mémorisation mécanique, le mimétisme, la reproduction impersonnelle
sont devenues les seules «réponses» tolérées de la part des étudiants. Un programme de
dressage auquel personne ne pouvait résister. L’impact a été tellement fort qu’après le
changement de 1989 certains professeurs manifestaient (encore) une forte résistance à
l’innovation et repoussaient toute initiative qui ébranlait le style paternaliste et bureaucratique profondément enraciné (Neculau et al., 1995).
160
ADRIAN NECULAU
2.2. Le dérapage des directeurs de conscience
À côté des universitaires, les écrivains, les artistes, les hommes de culture ont été
soumis aux mêmes pressions à l’uniformisation. Nombre d’entre eux ont offert leurs
services au nouveau pouvoir. D’autres ont résisté un certain temps.
La raison de la «trahison des clercs» n’est pas nouvelle. Il y a 70 ans, Julien Benda
accusait ses contemporains, savants, philosophes, ministres du culte, des noms illustres
de l’histoire de la culture (Dante, Pétrarque, d’Aubigné), d’être devenus proie des
passions politiques et de prendre parti aux haines de race et de parti. Benda offre de
nombreux exemples de clercs marqués de passion politique, réputés pour leurs excès,
leur haine, leurs idées fixes, poursuivant des objectifs immédiats, préoccupés uniquement
par leurs intérêts personnels, méprisant tous les arguments contraires. Au nom de
«l’esprit citoyen», la littérature de ces militants est méprisante envers celui qui se
détache des passions de la cité pour s’isoler avec son art. Occupés exclusivement par les
soucis du moment, l’esprit éveillé uniquement par les affaires, s’engageant seulement
dans les actions immédiates, ils ont trahi leur foi et leur rôle de directeurs de consciences.
Leur action était d’autant plus nocive que grâce à leur auréole ils avaient la possibilité
d’influencer le monde. Benda qualifiait de «traîtres» ceux qui se sont laissés aspirer par
des «passions réalistes» (de classe, de race, de nation), par contraste à ceux qui défendent
au prix de grands risques les idéaux universels, servant «la justice abstraite» (le cas de
Gerson, Spinoza, Voltaire, Zola, etc.). Celui qui accepte que ses passions déteignent sur
son activité de clerc, celui qui fait le jeu des passions politiques, exalte le penchant vers
le particulier et désapprouve le sentiment de l’universel, s’inscrit dans le mouvement de
«renversement des valeurs» – voici la thèse de Benda. Il abdique de sa mission lorsqu’il
met au service des passions politiques sa sensibilité artistique, son pouvoir de conviction
ou son prestige moral.
Ana Selejan est partie de l’exemple de Benda pour radiographier les démissions
morales de certains directeurs de conscience de la culture roumaine survenues tout de
suite après l’instauration du pouvoir soviétique dans ce pays. Les actions d’«épuration»
(de l’université, dans la presse, à l’Union des Écrivains Roumains), commencées en hâte
et sans discernement, ont été placées sous le signe de la dialectique de la responsabilité
et ont pris l’aspect bien connu d’une «chasse aux sorcières». Au nom des idéaux
communistes et des «attentes des masses populaires», les tribuns du «nouvel ordre
culturel» dénonçaient leurs confrères, demandaient que les idées de ces derniers soient
interdites de circulation, qu’ils se «démasquent» publiquement, que leur carrière soit
détruite. Il était demandé aux intellectuels de quitter leur «tour d’ivoire», de monter dans
l’arène sociale, d’écrire une littérature «pour les masses». Les polémiques se déroulaient
sous le signe de l’intolérance, de la haine, du mot qui détruit. Un avenir sombre
s’annonçait pour les écrivains qui ont raté le moment de s’orienter dans le sens du
nouveau pouvoir. C’était le début de l’annexion de toute la culture à l’idéologie
communiste. On employait des méthodes d’attaque croisées, allant du combat d’idées
(qui étaient étiquetées comme «inadéquates»), jusqu’à la dénonciation grossière. Le
résultat a été exactement celui escompté: certains écrivains ont été interdits, d’autres
incarcérés, une partie ont adhéré à la nouvelle idéologie et ont rejoint le chœur des
chanteurs d’hosanna. Lorsque des noms de poids de la littérature roumaine ont quitté
leur indépendance et leur esprit critique, une faille s’est produite au sein du groupe.
CONTEXTE SOCIAL, IDÉOLOGIE ET PRATIQUES SOCIALES...
161
Sur le plan social et psychologique, les conséquences ont été encore plus dramatiques: les individus ont perdu l’espoir d’un retour à la normalité et cru au mythe de la
voie à sens unique. L’effet sur la conscience publique a été dévastateur.
2.3. La formation de la nouvelle élite
Après la destruction de l’élite intellectuelle (les cadres de valeur proches de l’ancien
régime), les dirigeants communistes se sont rendu compte qu’ils avaient besoin d’une
nouvelle élite, qui puisse bâtir un autre type de société. Les premières expériences, qui
ont désigné aux postes-clés des individus complètement ignares (parfois presque analphabètes) mais dévoués au régime, se sont avérées improductives. En culture, enseignement,
économie, etc., le besoin d’un nouveau corps de spécialistes se faisait sentir. Par la suite
les «fils du peuple» devenus des «cadres» ont été censés faire d’abord la preuve d’une
«compétence doctrinaire» et ensuite (seulement) d’une compétence spécifique. L’appareil
administratif et économique était recruté en fonction de «l’origine sociale» (l’hagiographie officielle soulignait l’origine ouvrière des leaders politiques) et, au nom de la
«lutte des classes», tous les enfants «d’exploiteurs» ou appartenant à la «classe bourgeoise»
(laquelle regroupait, sans distinction, les petits commerçants, les intellectuels, les
professions libérales; même le fils d’un instituteur de campagne était étiqueté comme
«bourgeois») étaient empêchés dans leurs tentatives de poursuivre des études supérieures,
notamment dans les facultés censées former de nouvelles idéologies (philosophie,
histoire, droit, lettres). Pendant les premières années du régime, la tactique du parti
communiste fondée sur la loi de numerus clausus a agi de façon irréprochable pour
sélectionner des individus dévoués et la «liquider» les opposants éventuels. Les représentants de l’ancienne élite étaient dénoncés comme «réactionnaires», «renégats» et
«ennemis du peuple». Au nom d’un discours politique volontariste, l’on a opposé à ces
derniers une nouvelle élite, issue obligatoirement de la classe ouvrière. La discrimination
est allé jusqu’à discriminer nettement les «cadres» (de parti), c’est-à-dire les membres de
l’appareil qui possédaient la compétence idéologique et d’action, et les «intellectuels»
(terme péjoratif, renvoyant aux origines bourgeoises et à l’affiliation aux idéologies
non-communistes). Les cadres avaient pour mission de «militer» en faveur de la politique
du parti dans chaque secteur d’activité publique, de créer la «conscience socialiste», et
de valoriser le comportement paternaliste et autoritaire. Les cadres de parti géraient la
«propagande» de parti, dirigeaient «l’enseignement idéologique» dit «de parti», surveillaient l’activité des spécialistes, organisaient les séances dites de «critique et autocritique», dirigeaient les manifestations et les meetings, et faisaient preuve de «vigilance
révolutionnaire» (Gheorghiu, 1992).
Les cadres de parti, future nomenklatura, étaient formés par l’École Supérieure de
Parti, fondée après l’instauration du régime. Au début, après 1948, l’on y formait, en
six mois seulement, «les cadres nécessaires pour la lutte de parti sur le front idéologique».
À partir de 1949 la formation a été étendue à deux ans et comportait deux spécialisations,
la propagande et la presse. L’on y recrutait des «militants» faisant preuve d’une formation
idéologique sûre, de préférence d’anciens élèves d’une école de parti. Les élèves
devenaient ensuite directeurs ou professeurs dans des écoles régionales de parti, rédacteurs dans la presse de parti et idéologique, professeurs et conférenciers dans les
départements de sciences sociales des universités. À la fin de l’année 1950, plus de
162
ADRIAN NECULAU
40 000 personnes ont été ainsi «promues» aux postes-clés après avoir suivi les cours des
écoles d’endoctrinement (Ioan, 1992). Par la suite, ce processus s’est amplifié, multiplié,
de sorte qu’aucun poste impliquant une responsabilité ne pouvait plus être occupé sans
une formation préalable dans une école de parti. Le système a connu d’innombrables
«améliorations», s’est «modernisé» et a fixé des standards d’excellence (Ioan, 1995).
L’essence de cette entreprise est restée la même: la formation d’un corps de spécialistes
en propagande et endoctrinement, capables de diriger et de conduire la formation de la
nouvelle génération dans l’esprit du modèle fourni par le parti. Le rôle de l’Académie
de parti „{tefan Gheorghiu” – c’est le nom qu’a porté cette fabrique de nomenklatura
pendant les dernières années du régime – était de recycler les élites, conformément à la
volonté politique du parti. Pour la masse de salariés de n’importe quel domaine, tout
comme pour les élèves et les étudiants, des séances «d’enseignement de parti» étaient
organisées périodiquement (mensuellement ou hebdomadairement). À ces réunions il
fallait «débattre» (en réalité, approuver sans discernement) les dernières «vérités» émises
par les «documents» de parti (discours, rapports, décisions, etc.). Personne ne pouvait
se soustraire à ces réunions d’endoctrinement. Toute la population était soumise à
l’inoculation idéologique.
2.4. L’expérience de la prison politique de Piteºti
Pour les individus considérés irrécupérables par des méthodes «normales», d’autres
moyens ont été trouvés pour détruire leur résistance au changement: la déchéance des
droits civiques, la prison, l’appel à la peur et l’organisation de la terreur selon le modèle
soviétique. On peut trouver ce modèle d’action analysé par Hannah Arendt: pour
obtenir la «domination totale», le pouvoir totalitaire organise, dans sa phase initiale, «la
terreur extrêmement sanglante», dans le but explicite «de vaincre l’opposant et rendre
impossible toute opposition ultérieure». La stabilité du régime totalitaire dépend de
l’isolation des opposants, de «leur soustraction au monde des autres, au monde des
vivants en général».
Le diagnostic des historiens est unanime et clair: en 1945, il a été instauré en
Roumanie un régime totalitaire (cf. Deletant, 2001). Les principaux partis d’opposition
ont été éliminés et le modèle du parti unique a été imposé. Les anciens magistrats ont été
éloignés et remplacés par des adeptes fanatiques du régime dépourvus de toute formation
juridique minimale. Les arrestations ont commencé, les adversaires politiques ont été
taxés «d’éléments dangereux» et «saboteurs» leur liquidation «sans pitié» a été recommandée en vertu du nouveau système juridique copié sur le modèle soviétique. Enfin,
les normes et les pratiques staliniennes ont été imposées dans la vie sociale. Sorti de
l’illégalité, où la lutte entre ses différentes fractions et l’élimination des adversaires
constituaient la loi de survie, le parti communiste arrivé au pouvoir a prolongé cette
méthode dans le nouveau contexte, projetant au niveau national «un fanatisme étonnant
pour les néophytes et terrifiant pour les avisés» (Tismãneanu, 1996). Aurora Liiceanu
(2003) l’observait pertinemment: en Roumanie, le régime de type soviétique a été
«consacré» par l’intermédiaire de deux moyens psychologiques dont la succession a été
bien pensée: la terreur et l’obédience. La première étape a été caractérisée par la terreur
et a eu pour conséquence l’instauration de la peur en tant que mode de vie. La deuxième
étape a été dominée par la consolidation des «résultats» obtenus, c’est-à-dire la soumission
généralisée, avec ses conséquences, la passivité et l’isolation mentale.
CONTEXTE SOCIAL, IDÉOLOGIE ET PRATIQUES SOCIALES...
163
Il existe beaucoup de témoignages sur la manière dont la terreur a commencé et s’est
déployée afin d’induire une crainte généralisée à toute la population après l’instauration
du régime communiste (cf. Neculau, 2003, 2004). Cette peur généralisée ne pouvait pas
être obtenue seulement par l’organisation d’un climat de violence institutionnalisée, une
violence d’état. Le nombre exact des détenus politiques de Roumanie est inconnu, mais
il semble que dans la seule décennie de 1948 à 1958 plus de 100 000 personnes aient été
arrêtées. Deletant (2001) croit que ce chiffre est modeste. Récemment, il a estimé que,
dans les années 50, environ 180 000 personnes étaient détenues dans les colonies de
travail organisées pour la «rééducation des éléments hostiles par le travail», dont 40 000
se trouvaient au Canal Danube-Mer Noire (une construction gigantesque destinée à une
main d’œuvre «à rééduquer»). Le dirigeant politique de l’époque, Gheorghiu-Dej, a
lui-même reconnu que 80 000 paysans qui ne voulaient pas s’inscrire dans le collectif
avaient arrêté.
Il faut ajouter à ces chiffres les victimes des déportations en masse des personnes
considérées peu sûres par le régime: anciens officiers, juges, avocats, industriels et
agriculteurs détenteurs de 10 hectares, ou plus, de terrain. Le chiffre de 300 000, avancé
pour cette période par certaines sources, ne semble pas irréel. Dans son livre de
mémoires de prison, Pavlovici (2001) avance un chiffre hallucinant: 2 million de
personnes auraient souffert pour des raisons politiques: mises en détention, soumissions aux
enquêtes, condamnations internement en colonies de travail ou cliniques de psychiatrie,
déportations. «Parmi ces personnes, écrit Pavlovici, environ 300 000 sont mortes en
cellules ou camps d’extermination.» (p. 74) Pensons maintenant que chaque détenu avait
une famille – parents, épouse, enfants. Nous pouvons multiplier ce chiffre au moins par
trois ou quatre fois. Il y avait aussi les voisins, les collègues, les amis. «La force de
l’exemple» avait un effet multiplicateur. La peur régnait sur la plupart de la population.
Le programme de soumission utilisé dans les prisons était fondé par trois éléments:
la faim, le froid et les violences faites aux détenus. Un cas à part de changement de la
structure intérieure de la personnalité par la terreur est celui de la «rééducation» des
étudiants détenus politiques dans la prison de Pite[ti. Des collaborateurs recrutés parmi
les étudiants-détenus étaient employés par la suite comme instruments de «persuasion»,
déterminant les autres à «s’auto-démasquer». Les tortionnaires subissaient, dans un
premier temps, l’opération de «rééducation». Ensuite, avec l’appui et la bénédiction de
la prison, ils devaient assumer la responsabilité de convertir les autres. Les méthodes? La
violence, d’inimaginables humiliations physiques et psychiques, des punitions inhumaines,
la délation, l’isolation. Le résultat? Un climat de méfiance et de suspicion, l’effondrement complet de la personnalité, une «modification» tellement radicale de «l’intériorité»
que les individus soumis à cette «expérience» devenaient impossible à reconnaître. «On
a su instaurer chez les détenus, une peur, de tout et de tous, telle que la plupart des
détenus n’ont jamais réussi à se rétablir. En un mot, le but final de la destruction des
valeurs intérieures de l’individu a été atteint.» (Bacu, 1993)
La spécificité de cette «expérience», qu’on peut qualifier de psychosociologique, est
la procédure extrêmement élaborée, allant jusqu’à la dissolution de la personnalité des
«ennemis du régime», transformés dans des obéissants robots.
Virgil Ierunca, ancien détenu politique, décrit cette torture et affirme que la clé de la
rééducation réussite était le montage expérimental. Chaque phase supposait l’interruption
régulière des confessions par des tortures. Quoiqu’on puisse dire ou inventer, Þurcanu
164
ADRIAN NECULAU
[le tortionnaire en chef – note de l’auteur] n’était jamais content et il fallait aller toujours
plus loin. L’on ne pouvait pas échapper à la torture. Tout ce qu’on pouvait faire c’était
écourter la durée de la mutilation en s’accusant des pires saletés.
Le processus comprenait quatre phases:
a) Lors de la première, il fallait se «démasquer extérieurement». Cette phase se terminait
par l’affirmation de la loyauté envers les autorités et le parti. Le détenu était obligé
de démasquer toutes les liaisons qu’il avait eues et qu’il n’avait pas dévoilées à
l’enquête. Il semble que certains détenus montraient encore à la fin de cette phase
une acceptation qui n’était que formelle, de façade, sans renoncer à leurs convictions
intimes, ce qui n’échappait pas à ceux qui conduisaient l’expérience.
b) Dans la deuxième phase, il fallait se «démasquer intérieurement». Il était demandé au
détenu qu’il dénonce tous ceux qui l’avaient aidé a résister à l’intérieur de la prison.
La délation était considérée comme un moyen important dans ce processus de
changement, car l’individu qui perdait le respect des autres et la confiance en soi était
plus vulnérable.
c) Dans la troisième, il fallait se démasquer moralement en public. Ceci était un pas de
plus vers la dissolution de l’individualité. Le détenu devait fouler des pieds tout ce
qu’il avait de plus cher – épouse, famille, amis, croyances et devait inventer des faits
abjects, qu’il imputait à proches parents (parfois même des perversions sexuelles, ou
incestes, pour être plus crédible).
d) Dans la quatrième phase, l’individu devait démontrer qu’il était rééduqué: en somme,
il devait conduire le processus de «rééducation» de son meilleur ami, en le soumettant
à des supplices très savants. La récompense était son acceptation dans l’ODCC
(Organisation des Détenus à Convictions).
Grâce à ces méthodes, tout ancien adversaire sorti de prison devenait incapable de
manifester à nouveau une opposition ou préserver son individualité et son indépendance
de pensée.
2.5. La psychologie de la file d’attente
Dans la Roumanie de Ceau[escu, la file d’attente a constitué l’un des rituels et l’une des
valeurs symboliques de l’époque. Attendre dans une file pour se nourrir était un «mode
de vie», conclut le sociologue Pavel Câmpeanu (1994): «Ces dernières dizaines d’années,
les roumains ont gaspillé un temps équivalent à des milliers de vies humaines en
attendant en file pour se nourrir. Nous ne pourrons jamais mesurer ces pertes, de même
que nous ne pourrons jamais connaître le nombre de décès provoqués ou précipités par
la sous-alimentation chronique, notamment chez les enfants et les personnes âgées». Le
livre de Câmpeanu, écrit dans les années 1986 à 1987, a circulé en Roumanie clandestinement. L’auteur, ancien militant du parti communiste avant même la Seconde Guerre
mondiale, constatait navré que «sous Ceau[escu, la Roumanie devient le pays le plus
mal-nourri de l’Europe». L’industrialisation forcée a faussé le paradigme de développement: alimenter de la production a entraîné la sous-alimentation des producteurs à travers
le contrôle instauré par la «rationalisation» des produits et l’invention de l’institution de
la file d’attente. Au sujet de la vie des roumains à la fin des années 80, c’est-à-dire
CONTEXTE SOCIAL, IDÉOLOGIE ET PRATIQUES SOCIALES...
165
pendant les dernières années de la dictature de Ceau[escu, Pavel Câmpeanu observait:
«Dominée par la course à la nourriture, leur vie quotidienne, marquée par l’absence de
chauffage, la suspension de l’alimentation des ménages en énergie électrique, l’impossibilité de trouver détergents et lessive, etc., leur vie se déroulait à la limite de
l’insatisfaction et le désespoir. Ils passaient une grande partie de leur vie à faire la
queue, dans l’espoir incertain d’acheter un aliment qu’il ne désiraient pas vraiment et
qui était souvent immangeable… Les humiliations, la fatigue, les incertitudes qui ont
imprégné ce mode de vie ont nourri la colère à l’encontre de la tyrannie qui les avait
engendrées». Le livre de Câmpeanu, une vraie monographie de la file d’attente, analyse
les relations endogènes de la file d’attente (la concurrence, la dé-hiérarchisation, les
relations normatives) et ses relations exogènes (l’achat, le troc de produits, la rationalisation spontanée), ainsi que la relation entre le temps passé à attendre et ses effets. Ce
livre peut être consulté à titre de guide d’analyse ou manuel de ce phénomène.
Sous le régime communiste, le motif de la file d’attente a dominé les conversations
quotidiennes. Parmi les occupations des acteurs sociaux, la file d’attente jouait un rôle
important et peu en importait la raison ou le lieu: en magasin alimentaire, en librairie
pour un livre attendu ou en institution publique pour demander ses droits ou satisfaire un
désir. Les participants à ce cérémonial social avaient acquis des comportements spécifiques d’adaptation; l’individu moyen ne pouvait pas s’imaginer l’acquisition d’une valeur
sans se prêter au rituel de la file d’attente.
La file d’attente est l’un des symboles de la société qui nous occupe ici: c’est le
symbole de l’alignement, de la transformation de l’individu en «insecte humain», du
renoncement à l’individualité et de la perte dans l’anonymat.
En même temps, le phénomène de la file d’attente a développé des valeurs humaines
insoupçonnables: des techniques de communication («le téléphone arabe»), la chaleur
humaine, la solidarité instinctuelle grave.
Un exégète de ce phénomène constate combien les définitions de la file d’attente
proposées par le grands dictionnaires, sont insuffisantes et schématiques (Sicoe, 1992).
Sa tentative de décrire la psychosociologie de la file d’attente dans un registre ironique
et faussement «scientifique» évite le pathétique et nous offre quelques repères dans
l’analyse de ce phénomène. Ainsi, la physiologie de la file d’attente classait ces dernières
selon leur taille (des files d’attente anémiques, modérées ou abondantes), leur degré
d’ordre (file indienne, colonnes, foule) et l’état d’esprit des participants (candeur,
désespoir, folie, peur). La file d’attente induisait des sentiments intenses, un esprit
personnel, une culture spécifique (la culture de l’anecdote), modifiait l’attitude de la
population victimisée et incitait à la recherche d’un «bouc émissaire», toujours différent
du véritable responsable. L’«anatomie» proposée par cet auteur dévoilait, elle, la qualité
«d’organisme vivant» de la file d’attente: les participants en tant que «cellules» (les
individus peuvent être osseux, musculaires ou lâches), la file d’attente a un «cœur» et un
«cerveau», chacun avec ses propres qualités, et un style de comportement («l’avancer»,
employer la masse de manœuvre, perpétuer et reproduire la file; en tant que symbole
sexuel, la «queue» pouvait manifester tension ou orgasme, voire étaler des sentiments
tels que la satisfaction de la chose accomplie, la frustration ou la frigidité). Selon Sicoe,
toute file d’attente servait à développer les qualités humaines des individus (une psychologie de vainqueur, un goût de parvenir, un repli sans espoir, la science de l’agression
directe ou diplomatique, la solidarité de groupes structurés à l’instar des «bandes
166
ADRIAN NECULAU
d’agresseurs»). Sicoe n’hésite pas à identifier des comportements et rôles spécifiques des
individus participants en fonction de leurs tempéraments: ainsi, les colériques devenaient
leaders, organisateurs et tribuns; les mélancoliques – victimes par excellence, etc.
La file d’attente était un «société en miniature», qui reproduisait les traits du contexte
social général. Elle faisait office de forum, cour, parlement et tribunal en examinant les
défections du système, évidemment en un style allusif, basé sur des symboles spécifiques,
par peur de la délation. Elle constituait alors une opportunité pour l’individu d’agir, de
s’affirmer, de s’(auto-)confronter, une forme de risque, un moyen de socialisation. Par
conséquent, ceux qui «ne faisaient pas la queue» (c’est-à-dire les profiteurs, les privilégiés, les «faiblards» et les intellectuels) sont méprisés et marginalisés. Symbole de la
crise et du déséquilibre, la file d’attente pouvait aussi être un facteur de réglage, car elle
autorisait le compromis ou la démission en tant moyens de retour à l’équilibre. En plus
de tout cela, la file d’attente à la roumaine avait des éléments à «spécifique national»:
un degré élevé de désordre, le dérapage rapide vers la panique, le mépris pour le temps
perdu, le caractère violent, le degré réduit de conscience.
Lorsqu’il acceptait la file d’attente comme phénomène naturel, inévitable et normal,
l’individu apprenait des normes de comportement internes, se soumettait à des règles et
des réglementations d’organisation sociale, avançait des conduites sociales attendues,
s’appropriait des coutumes et des habitudes sociales qui l’annexaient à une certaine
hiérarchie de valeurs. Il faisait donc l’objet d’un apprentissage social et d’une transmission sociale (Dubois, 1994). Il assimilait les valeurs des événements normatifs et les
utilisait socialement et s’identifiant au système et en acquérant les normes de conduite
élaborées par le système. Pour survivre, il s’abandonnait. Et, pour employer un terme
préféré dans les sciences sociales de l’époque en question, il «s’intègrait».
3. De la manipulation des représentations sociales
Dans l’histoire moderne de la Roumanie, la vie parlementaire a été courte: depuis 1888,
lorsqu’elle a été adoptée par Constitution, jusqu’en 1938, lorsque le régime totalitaire de
Carol II a été installé. La dictature communiste instaurée à la fin de la Seconde Guerre
mondiale a été précédée de trois autres dictatures: (1) celle de Carol II (de février 1938
à septembre 1940); (2) celle d’Antonescu et de ses légionnaires (de septembre 1940 à
janvier 1941); et (3) la dictature d’Antonescu seul (de janvier 1940 à août 1944). Après
la guerre et quelques tentatives de rétablissement de la démocratie, la dictature communiste a été instaurée, dont deux périodes sont remarquables: la dictature stalinienne,
instaurée en 1948 avec l’arrivée du nouveau régime, et celle de Ceau[escu, dans les
années 80. À toutes ces époques, c’est-à-dire bien longtemps, il n’y a eu en Roumanie
ni vie parlementaire, ni exercice démocratique du pouvoir. Trois ou quatre générations
n’ont connu que des régimes totalitaires et ont dû apprendre la soumission, le compromis
et le renoncement.
Le changement survenu en 1944 a produit un écart important accentué par l’arrivée
des troupes soviétiques. Ceci a constitué un événement crucial. Une «nouvelle histoire»
s’est installée, mais les acteurs sont restés dans l’expectative pour voir si l’événement
était réversible ou non. En trois ans seulement, de 1945 à 1948, en Roumanie, certains
groupes sociaux et physiques ont subi un changement radical de leurs conditions de vie,
CONTEXTE SOCIAL, IDÉOLOGIE ET PRATIQUES SOCIALES...
167
politiques, sociales et économiques. Cependant, les changements comportementaux n’ont
pas été essentiels. Les modifications externes étaient bien entendu perçues comme
défavorables aux groupes sociaux, mais aussi et surtout comme réversibles: l’on
attendait le retour à la situation antérieure – et l’aide occidentale, l’on espérait que les
nouvelles autorités n’allaient pas être en mesure d’inventer de nouvelles pratiques, etc.
De surcroît, la majorité de la population ne voulait pas coopérer avec le nouveau régime.
Cependant, les circonstances avaient changé et les anciennes pratiques n’étaient plus
considérées comme «légitimes». Tous les ans, l’écart vis-à-vis de l’ancien état de la
société devenait de plus en plus profond. Tour à tour, tous les repères importants de
«l’ancien régime» disparaissaient. De plus, l’on cessait petit à petit d’attendre «l’arrivée
des Américains». Une bonne partie de la population a commencé alors à percevoir cette
situation comme étant irréversible. Ce segment social a dû s’engager alors dans une
profonde activité cognitive de réorganisation des représentations sociales. Par rapport à
ceux qui ont essayé de s’adapter au nouveau mode de vie, les réserves étaient encore
importantes. L’incohérence de leur comportement et l’évolution contradictoire de la
société encourageaient cet écart, en même temps qu’une attitude d’attente. Mais les
nouvelles pratiques élaborées «à l’extérieur» (à l’étranger) et soutenues par les méthodes
consacrées ont commencé à s’imposer. Les opposants disparaissent, ou étaient fortement
«balayés». Les «adaptables» sont devenus de plus en plus nombreux. Au moment où le
régime commençait à remporter des succès reconnus, la plupart de la population est
devenue consciente que la solution c’est d’accepter les nouvelles «pratiques».
Le nouveau contexte a exercé des pressions sur les groupes et sur chaque acteur
social et les a obligés à reconsidérer les représentations sociales avec lesquelles ils
opéraient jusqu’alors. Cela a eu des répercussions sur chaque individu et particulièrement
sur le développement de la personnalité de ceux qui se trouvaient dans une période de
formation. Le modèle marxiste du primat socio-historique sur le développement de
l’individu s’applique parfaitement dans ce cas-ci: «le spécifique social est transféré à
l’individu. Lui, l’individu, n’est pas générateur de personnalité; il n’est que le porteur
de l’essence produite dans un cadre socio-historique particulier» (Popescu-Neveanu,
1978). Par conséquent, l’organisation des schémas et de la structure de la pensée ainsi
que l’orientation de l’individu vers des valeurs spécifiques se sont trouvées subordonnées
à la «transformation historique» de la société. L’organisation et le fonctionnement du
social se «reflètent» dans le développement de la personnalité, dans le «style» de
l’ensemble de représentations. Pour créer un nouveau modèle social, il a suffi donc
contraindre les individus à adopter modèles, informations et pratiques nouvelles. Le
nouvel «enseignement» mis en place a été cohérent, explicite, simple et sans contradictions. C’était la seule transmission autorisée du savoir. Une fois acquis, il a créé un
système d’évaluation et une ensemble unitaire de pratiques sociales. Grâce aux techniques
de persuasion adéquates, cet enseignement a pu être partagé par les «larges masses». Ces
dernières l’utilisent comme une grille de lecture du monde et du contexte social. Toute
nouvelle information est reçue à travers ce moule. Si elle «correspond» à celui-ci, alors
elle est «bonne». Si elle ne s’y s’intègre pas, elle est qualifiée d’étrangère, «cosmopolite»,
hostile, défavorable. C’est ainsi qu’a été obtenu un type de personnalité créé conformément aux «besoins» du type de société (Neculau, 1999).
168
ADRIAN NECULAU
Après le changement du régime survenu en 1989, malgré la création de nouvelles
conditions sociales, politiques et économiques, un bon nombre d’acteurs sociaux a
répondu par une résistance inattendue aux nouvelles pratiques. Aujourd’hui encore,
quinze ans plus tard, ils opèrent avec des structures cognitives «apprises» pendant leur
enfance et adolescence. Ils traitent toute nouvelle information en utilisant la grille de
décodage et interprétation élaborée pendant leur formation. Et ils attendent toujours de
voir si la situation est irréversible ou non.
Modèle et identification
Nous avons déjà énuméré les méthodes utilisées par le régime instauré en 1945 pour
aligner, soumettre et hypnotiser les individus: la formation précaire, l’installation de la
peur et de la suspicion, la formalisation de la vie publique et privée, la ritualisation et
la bureaucratisation de la personnalité. Tout était prescrit, dirigé, censuré: mots, gestes,
attitudes, comportement public (Neculau, 1991; 1999). Cette ambiance empreinte de
méfiance et pression continuelle n’est pas resté sans conséquences. Elle a encouragé le
comportement duplice, obéissant et servile. Afin de défendre sa situation personnelle et
l’avenir de ses proches, l’individu se réfugiait en un conformisme superficiel, mimait
l’adhésion au régime, se dédoublait. Souvent, cette adaptation pénétrait la vie privée et
les relations avec l’entourage. L’individu perdait progressivement son identité, renonçait
à sa personnalité et devenait malléable au gré du pouvoir.
Formé dans un tel climat social, l’individu s’est approprié des techniques de dissimulation
et défense qui ont abouti à son identification au modèle encouragé par le pouvoir. Son
identité psychosociale (concept proposé en 1973 par Marisa Zavalloni) est une synthèse
de sa formation individuelle et les caractéristiques de la culture commune, une synthèse
entre l’Ego et le contexte social global, laquelle signe sa solidarité avec le groupe d’appartenance. L’interaction prolongée avec les idées et les pratiques culturelles spécifiques
autorisent le social à pénétrer la substance même de la personnalité individuelle avec son
arsenal d’idées, attitudes et pratiques qui s’y trouvent ainsi transférées, afin aboutir à la
construction du rôle social attendu et l’implication de l’individu en tant qu’acteur social.
Le social façonne une identité-type à laquelle l’individu peut résister un certain temps, mais
qu’il finit par assimiler pour en construire sa propre version, dans les limites de cette
matrice.
Quels sont les mécanismes de cette forme spécifique de connaissance sociale?
Michel-Louis Rouquette (1994) propose un model explicatif applicable à la réalité que
nous avons décrit ici: (a) la connaissance est produite dans une configuration sociale et
historique donnée; (b) cette dernière propose des pratiques collectives organisées qui
donnent à la réalité une signification particulière et construisent des modèles relativement
abstraits pour permettre de l’aborder.
Rouquette a proposé (1988; 1994) la notion de nexus pour expliquer des conduites
observées fréquemment dans le champ de la psychologie collective. Les nexus (a) sont
«des noeuds affectifs prélogiques» utilisés pour justifier des jugements ou engagements
publics (des notions telles que «liberté», «peuple», «révolution» puisent leur force dans
un discours autant que dans un systeme cognitif formé par fusion); (b) ils ont «un
caractère collectif, en cela qu’il sont partagés par la plupart des membres d’un groupe-
CONTEXTE SOCIAL, IDÉOLOGIE ET PRATIQUES SOCIALES...
169
ment social»; (c) ils masquent les différences inter- et intra-groupe»; (d) ils mobilisent
les individus en encourageant le conflit idéologique; (e) ils ont pour objet une abstraction
protégée, telle qu’un idéal de vie (au nom de mots-clés tels que «liberté”, „égalité”,
„justice”); (f) «ils sont indexés par un terme unique qui les exprime totalement», comme
une étiquette; (g) ils pratiquent une «rhétorique de l’emphase» telle que les «proclamations politiques solennelles, les professions de foi grandiloquentes, les hommages
„vibrants”, [...] les répétitions systématiques», lesquelles sont des aspects d’une «langue
de bois» propre. Les nexus guident les opinions et les prises de position, sont des alliés
de la propagande et fabriquent des slogans. Enfin, ils cristallisent la pensée sociale
autour de leur noeuds idéologiques et des «rêves» abstraits qu’ils protègent par tous les
moyens. Les nexus ne s’alimentent pas de la diversité du contexte, si celle-ci existe,
mais s’installent en amont, évacuant ainsi discussions, alternatives et hésitations. Ils
orientent la pensée dans la «bonne» direction, restreignent la réflexion critique et la
focalisent. Ils génèrent la pensée sociale de manière «énergétique», proposent des
significations déjà élaborées et organisent le noyau central des représentations sociales.
Ils découpent et singularisent un espace particulier, le personnalisent à travers la pression
émotionnelle et le livrent ensuite au social en tant que produit fini, dégageant ainsi la
voie à l’élaboration d’une pensée sociale claire, accessible, non-ambigüe et basée sur les
certitudes. Rendus indifférents aux signaux de la réalité objective, les individus utilisent
les nexus pour protéger une construction idéale et justifier quelques «erreurs» (jamais
importantes) et se cachent derrière des croyances qu’ils soutiennent affectivement pour
défendre leur passé ils se sont désormais identifiés.
Ce modèle explicatif proposé par Michel-Louis Rouquette (1994) est parfaitement
compatible à la réalité décrite ici. Ce qui signifie qu’elle est visible pour quiconque se
trouve en dehors du système qui l’a engendrée.
Rezumat: Contextul social-global, ideologic, ca ºi cel imediat, situaþional, construiesc împreunã
o realitate socioistoricã care „înveleºte” individul, obligându-l sã interpreteze într-un anumit mod
informaþia cu care intrã în contact ºi sã elaboreze anumite imagini, credinþe, reprezentãri. Deºi
contextul social s-a schimbat ireversibil, majoritatea actorilor sociali conservã nu numai gesticulaþia
colectivã, ci ºi strategiile de distanþare, practicile de disimulare, stilul de adaptare. Plecând de la
o analizã a totalitarismului comunist, aceastã expunere îºi propune scoaterea în evidenþã a
mecanismelor psihosociale de rezistenþã la schimbare.
Abstract: The global ideological context, just like the immediate, situational context, together
construct a certain socio-historical reality which the individual is compelled to adopt in order to
interpret information and construct images, beliefs, and representations. Even when the social
context changes, most of the social actors preserve both their collective gesticulation as well as
their strategies of disconnection, practices of dissimulation, or style of adaptation. This paper
attempts to highlight the psychosocial mechanism of the phenomenon of resistance to change on
the example of communist totalitarianism.
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Cãtãlin Dîrþu1
Simþul psihologic comun ºi reprezentãrile sociale
Rezumat: În acest articol ne-am propus sã trecem în revistã câteva dintre cele mai importante
dimensiuni ale simþului comun psihologic. În acest scop am procedat la o prezentare a principalelor
lui conþinuturi, pornind de la ipoteza cã simþul comun psihologic se structureazã pe douã niveluri
diferite de complexitate, nivelul interpersonal ºi nivelul social. Deºi unii autori concep termenul
de reprezentãri sociale ca suprapunându-se pânã la identitate celui de simþ comun psihologic,
punctul de vedere exprimat aici, chiar dacã recunoaºte importanþa ºi complexitatea acestui proces
psihosocial, încearcã sã înscrie reprezentãrile sociale în rândul componentelor simþului comun
psihologic.
Simþul comun ºi cele trei discursuri sistematice
despre suflet: discursul teologic, filosofic ºi cel ºtiinþific
Ne place sã ne definim pe noi înºine ca fiind fiinþe raþionale. Conºtiinþa este consideratã
cea mai de preþ podoabã pe care omul a primit-o spre înnobilarea sufletului sãu ºi
principala dimensiune prin care ne diferenþiem de celelalte fiinþe. Libertatea noastrã ºi
supremaþia noastrã ca specie se datoreazã faptului cã, raþionali fiind, avem capacitatea
de a judeca atât realitatea exterioarã, cât ºi cea interioarã.
Aceastã putere de a ne judeca pe noi înºine i-a fascinat pe gânditorii tuturor
timpurilor, determinându-i sã încerce sã surprindã sistematic ºi în cele mai ingenioase
moduri calitãþile psihicului uman. Astfel, psihicul a devenit obiectul mai multor psihologii, pentru cã aceastã preocupare constantã a omului pentru cunoaºterea sufletului nu
s-a manifestat niciodatã unitar, sub acelaºi stindard. Logos-ul, termen luat aici în sensul
sãu cel mai larg, de cunoaºtere sau discurs, poate exista sub cel puþin trei înfãþiºãri
diferite: discurs filosofic, discurs teologic ºi discurs ºtiinþific, astfel încât ºi psiho-logos-ul,
discursul despre suflet, poate fi regãsit sub aceeaºi întreitã înfãþiºare. Cele trei tipuri de
discurs au la bazã atitudini diferite faþã de una ºi aceeaºi realitate, psihicul uman.
În cadrul discursului teologic, sufletul individual este privit ca fiind o creaþie a
Zeului. Din aceasta decurge cã sufletul în esenþa sa este de naturã divinã ºi cã principalele
sale atribute: nemurirea, conºtiinþa ºi, legatã indisolubil de aceasta, libertatea de a
1. Universitatea „Al.I. Cuza”, Ia[i.
PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale
SIMÞUL PSIHOLOGIC COMUN ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE
173
alege, aparþin cu necesitate unei alte lumi decât cea direct observabilã. Marcat de
consecinþele pãcatului originar, care în mai toate religiile este rãzvrãtirea împotriva
propriului Creator, sufletul uman este prizonierul unei lumi vizibile (natura), cãreia nu-i
aparþine de drept decât prin trup („lut”). Este normal ca, în toate concepþiile teologice,
tendinþa fundamentalã a sufletului sã fie consideratã aceea de a scãpa, de a se elibera de
chingile acestei lumi imperfecte pentru a-ºi recãpãta locul în lumea idealã.
Discursul teologic îºi are astfel specificul sãu. Celebra afirmaþie a lui Iisus: „Cautã
ºi vei afla, bate ºi þi se va deschide” nu este o invitaþie la cercetarea analiticã a naturii,
aºa cum o cere ºtiinþa, ci la comuniunea prin credinþã cu Dumnezeu. De aceea, teologul
va cerceta sufletul uman numai pentru a afla, pe de o parte, care sunt rãdãcinile
pãcatelor ºi formele sub care se înfãþiºeazã ele, deoarece acestea rup legãtura dintre om
ºi Zeu ºi, pe de altã parte, care sunt virtuþile prin care omul poate reface legãtura cu
lumea divinã.
La prima vedere, discursul filosofic despre suflet pare a fi identic cu cel teologic.
Majoritatea covârºitoare a filosofilor cred ºi ei în existenþa unei lumi „ideale”, o lume
a principiilor, care ar sta la baza ordinii din lumea vizibilã. Platon vorbeºte despre
eidos-uri (forme), Aristotel – despre primul motor, Leibniz considerã cã adevãratele
realitãþi sunt monadele etc. Aproape cã nu existã filosof care sã nu acorde în cadrul
sistemului sãu un loc special cunoaºterii psihicului uman începând cu lucrãrile anticilor
greci ºi pânã astãzi. Problema sufletului este ºi aici abordatã în funcþie de modul în care
filosoful concepe lumea transcendentã, de dincolo de vizibil. ªi pentru filosofi, lumea
observabilã prezintã un interes secund. În celebrul mit al peºterii din dialogul Republica,
Platon îi considerã pe cei preocupaþi numai de cercetarea lumii observabile ca fiind
condamnaþi sã cunoascã doar o lume fãrã consistenþã, o lume a umbrelor.
Deºi par a fi identice, existã o deosebire esenþialã între discursul teologic ºi cel
filosofic. În timp ce teologul este obligat sã porneascã de la un corp de scrieri sacre care
exprimã voinþa Zeului (Biblia, Coranul etc.) ºi sã le interpreteze atent pentru a nu deveni
eretic, filosoful este liber de aceastã constrângere. De aceea, fiecare sistem filosofic
diferã de celelalte, fiind o construcþie subiectivã. Atitudinea filosofului este una personalã, existând atâtea concepþii despre suflet câþi filosofi sunt.
În ceea ce priveºte discursul ºtiinþific despre suflet, el se deosebeºte radical de
celelalte douã prezentate pânã acum, prin faptul cã nu ia în calcul decât lumea observabilã. ªtiinþa este interesatã doar de relaþiile cauzã-efect care sunt mãsurabile, au un
caracter legic, adicã sunt generale, necesare ºi repetabile. Ea îºi delimiteazã întotdeauna
cu grijã obiectul de cunoscut ºi îl atacã cu metode precise în cadrul cãrora observaþia
sistematicã ºi experimentul ocupã un loc principal. Ceea ce nu se circumscrie definiþiei
pe care o ºtiinþã o dã obiectului ei ºi nu poate fi abordat cu metodele specifice acelei
ºtiinþe nu prezintã interes.
Psihologul, ca om de ºtiinþã, îºi propune deci sã observe sistematic, sã testeze, sã
chestioneze, sã experimenteze, sã mãsoare ºi sã verifice proprietãþile psihicului, devenit
obiect al cercetãrii riguroase, sistematice. Descoperirea unor legi obiective, chiar dacã
au un caracter statistic, îi dã psihologului puterea de a anticipa, de a prezice cursul
fenomenelor pe care aceste legi le regleazã. Probleme precum cea a nemuririi sufletului,
a libertãþii ºi a moralitãþii lui sau a legãturii pe care sufletul o are cu lumea divinã,
transcendentã, nu se supun unei cercetãri de tip ºtiinþific, nu pot fi analizate sistematic
ºi nu conduc la legi, de aceea aceste probleme sunt cercetate ºi astãzi tot de teologie ºi
174
CÃTÃLIN DÎRÞU
filosofie, deoarece discursul lor nu considerã ca necesarã verificarea empiricã a afirmaþiilor, ci numai realizarea unei coerenþe logice interne a interpretãrilor propuse de ele.
Punctul comun spre care converg cele trei discursuri este caracterul lor sistematic.
Ele alcãtuiesc hãrþi diferite ale psihicului uman, dar aceste hãrþi sunt construite cu
minuþiozitate ºi cu pretenþia unei coerenþe logice aproape perfecte. De pe aceste poziþii
este normal ca gânditorii care au fãcut acest efort de sistematizare a cunoºtinþelor despre
psihic, fie ei teologi, filosofi sau oameni de ºtiinþã, sã aibã o atitudine distantã, dacã nu
chiar dispreþuitoare faþã de încercãrile omului obiºnuit de a-ºi explica singur misterele
funcþionãrii psihicului.
Dintotdeauna, teologii ºi-au adaptat limbajul la capacitatea de înþelegere a omului
simplu, vorbindu-i în parabole, dar problemele teologice importante le-au discutat
numai între ei. Mult mai tranºanþi în privinþa capacitãþii omului obiºnuit de a înþelege
sunt filosofii. Ei ºi-au împodobit învãþãtura cu o aurã iniþiaticã, ºi-au selectat cu mare
atenþie discipolii ºi i-au învãþat pe aceºtia sã nu discute sofisticatele probleme filosofice
cu oamenii de rând, pentru a nu cãdea din nou în starea molipsitoare în care se aflã
aceºtia, starea de ignoranþã.
Nici omul de ºtiinþã, psihologul, nu a adoptat o atitudine blândã faþã de încercãrile
omului obiºnuit de a-ºi explica misterele vieþii psihice. Majoritatea psihologilor ºi-au
privit propriul lor efort de cercetare ºi de teoretizare ca pe unul nu doar de distanþare,
ci chiar de contrazicere a simþului comun. Caracterul sistemic ºi logic al teoriilor
psihologice trebuia sã contrasteze cu caracterul nesistematic ºi aleatoriu al judecãþilor
omului obiºnuit. Considerat a fi marcat de prejudecãþi, simþul comun psihologic a fost
privit ca o „psihologie a bunicii”, ce trebuie înlocuitã de un discurs „tânãr”, dinamic ºi
adaptat realitãþii, cel al psihologiei ºtiinþifice.
În consecinþã, psihologii au fãcut eforturi deosebite pentru a-ºi construi un limbaj
diferit de cel al omului obiºnuit ºi au mers chiar mai departe: pentru a fi justificate
eforturile oamenilor de ºtiinþã de a înlocui simþul comun, s-a afirmat cã judecãþile
psihologice ale omului obiºnuit sunt cel mai adesea o sursã de eroare. Efectul acestor
erori de judecatã se reflectã într-o vulnerabilitate crescutã a omului obiºnuit în faþa
problemelor care-l asalteazã în viaþa de zi cu zi, iar în caz extrem, în inadaptarea lui la
realitatea socialã în care trãieºte.
Am încercat sã subliniem pânã acum cã discursurile sistematice despre psihic, fie ele
teologice, filosofice sau ºtiinþifice, au tendinþa de a respinge simþul psihologic comun ca
fiind nesistematic, plin de prejudecãþi ºi sursã de erori. Adversarii simþului comun sunt
extrem de mulþi ºi multe dintre argumentele lor nu sunt nefondate, dar, din fericire,
psihologii contemporani tind sã-ºi schimbe radical concepþia despre natura ºi importanþa
simþului psihologic comun.
Departe de a mai fi privit doar ca o sursã de eroare, simþul comun este astãzi
considerat o sursã inepuizabilã de informaþii privind variatele modalitãþi de adaptare a
omului obiºnuit la cea mai complicatã dintre formele pe care le îmbracã realul: realitatea
socialã. Fãcând abstracþie de noi înºine, putem spune cã nu existã în mediul ce ne înconjoarã
o fiinþã mai complexã, mai necesarã ºi, nu în ultimul rând, mai periculoasã decât Celãlalt.
Printre funcþiile simþului comun o putem enumera pe aceea de cunoaºtere ºi adaptare, pe
cea de economisire a energiilor prin reducerea efortului de cunoaºtere prin apel la
automatism ºi reducþie, aceea de a oferi o imagine coerentã despre realitatea psihosocialã
ºi, nu în ultimul rând, pe aceea de a dezvolta o capacitate de a anticipa ºi prevedea.
SIMÞUL PSIHOLOGIC COMUN ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE
175
Conþinuturi ale simþului comun
În mãsura în care psihologii au acceptat ideea cã simþul comun psihologic nu este o
simplã colecþie sau o sumã de procese psihologice fãrã legãturi între ele, iar funcþiile lui
adaptative s-au conturat din ce în ce mai clar, ei au trebuit sã se concentreze asupra
descoperirii ºi cercetãrii conþinuturilor acestuia. Vom încerca în continuare, fãrã a avea
pretenþia de a epuiza subiectul, sã creionãm câteva dintre cele mai importante conþinuturi
ale simþului comun, punând accent pe relaþiile dintre ele ºi, mai ales, pe locul pe care îl
ocupã, în opinia noastrã, reprezentãrile sociale în acest ansamblu.
Plecãm de la ipoteza cã simþul comun psihologic are un caracter deosebit de complex,
sistemic, ºi cã nici un concept, oricât de general sau de apropiat ar fi el de realitatea
psihologicã pe care o reflectã, nu poate explica în totalitate dinamica ºi complexitatea
proceselor de cunoaºtere prin care omul obiºnuit încearcã sã-ºi explice aceastã realitate.
Mai mult, considerãm cã putem încerca sã organizãm, fãrã a greºi prea mult, aceste
procese pe cel puþin douã niveluri de complexitate, nivelul interindividual ºi cel societal.
Atribuirile. Ca orice altã fiinþã vie, omul nu se poate sustrage acþiunii. Necesitatea de
a acþiona este de aceea o certitudine absolutã. Reacþie, rãspuns, activitate, conduitã,
comportament, toate sunt doar câteva dintre etichetele sub care aceastã necesitate a fost
studiatã de psihologi. Pânã nu demult, psihologii behavioriºti au considerat comportamentul ca fiind singura realitate obiectivã demnã de cercetat ºi importanþa cercetãrii lui
nu este deloc neglijatã nici în condiþiile dominaþiei instituite astãzi de cãtre psihologia
cognitivã.
Acþiunile semenilor noºtri au consecinþe importante, ele fiind responsabile de producerea celor mai semnificative modificãri pe care le suportã mediul ambiant. Ca observator,
omul obiºnuit nu poate asista pasiv la aceste schimbãri continue ce se produc în câmpul
lui perceptiv. El trebuie sã le înþeleagã, sã le atribuie un sens, sã le dea o interpretare.
Aceste constatãri au constituit punctul de plecare al unui important numãr de cercetãri
din psihologia socialã al cãror ecou este astãzi încã departe de a fi stins. Rezultatele
acestor cercetãri au fost grupate sub numele generic de teorii ale atribuirii. F. Heider
(1958), psiholog social de orientare gestalistã, este primul cercetãtor care a studiat în mod
sistematic interpretãrile naive pe care omul obiºnuit le dã comportamentului celorlalþi.
Conform concepþiei lui Heider, omul obiºnuit încearcã în mod spontan sã surprindã
cauzele ce produc modificãri în câmpul lui perceptiv, deoarece are nevoie sã perceapã
lumea lui într-un mod stabil, ordonat, previzibil ºi controlabil. Dupã ce a împãrþit
cauzele ce stau la baza conduitei noastre în cauze sociale ºi cauze dispoziþionale, Heider
a constatat cã omul obiºnuit preferã în mod evident sã-ºi explice comportamentul
celorlalþi ca fiind determinat de cauze dispoziþionale ºi acordã o mai micã atenþie
cauzelor sociale. Cu alte cuvinte, simþul comun psihologic, privit aici ca o încercare de
înþelegere spontanã a acþiunilor Celuilalt, are o deosebitã importanþã pentru omul
obiºnuit, deoarece acesta îl considerã pe semenul sãu ca fiind agentul cel mai important
al schimbãrii, responsabil de majoritatea modificãrilor pe care le suportã realul.
Dezvoltând teoria lui Heider, Jones ºi Davis (1965) au considerat cã atribuirile
dispoziþionale pe care la face omul obiºnuit pot fi spontane ºi deseori inconºtiente, dar
cã ele nu sunt deloc simple. Conºtiente sau nu, conform celor doi autori, atribuirile
noastre urmeazã paºii unei scheme inferenþiale. Procesul de inferare a dispoziþiilor
176
CÃTÃLIN DÎRÞU
stabile ale persoanei se desfãºoarã de-a lungul a douã etape. Într-o primã etapã,
psihologul naiv trebuie sã-i atribuie actorului o intenþie, adicã trebuie sã creadã cã acesta
cunoaºte consecinþele acþiunii sale ºi abia apoi, în etapa a doua, se realizeazã atribuirea
dispoziþiilor, adicã va fi inferatã capacitatea actorului de a realiza acþiunea. Procesul de
prelucrare a informaþiei provenite din comportamentul observabil are loc invers, de la
efect la cauzã, de la acþiune, prin mijlocirea intenþiei, la dispoziþiile stabile care se
presupune cã stau la baza comportamentului.
Un pas mai departe în efortul de a demonstra cã procesul atribuirii poate fi spontan,
dar cã el este complex ºi sistematic l-a fãcut Kelly, care a susþinut cã omul obiºnuit
utilizeazã în procesul de atribuire o variantã naivã a analizei de varianþã (ANOVA). Ca
ºi omul de ºtiinþã, afirma Kelly, omul obiºnuit utilizeazã trei tipuri de informaþie din
care îºi extrage apoi concluziile sub forma unor „scheme cauzale”. Este vorba despre o
informaþie consensualã care se referã la variaþia unui efect în rândul persoanelor, o
informaþie privind constanþa, ce urmãreºte variaþia unui efect de-a lungul timpului ºi un
tip de informaþie ce vizeazã distinctivitatea, adicã variaþia unui efect de-a lungul
stimulilor. Aceastã informaþie nu provine dintr-o singurã observaþie, ci din observaþii
multiple, iar Kelly recunoaºte cã omul obiºnuit nu posedã întotdeauna toate tipurile de
informaþii necesare desfãºurãrii optime a procesului atribuirii.
Interpretarea expresiilor faciale. Teoriile atribuirii au scos în evidenþã importanþa
deosebitã pe care omul obiºnuit i-o conferã celuilalt ca agent cauzal ºi am putut vedea
ºi ce rol deosebit are atribuirea intenþiei încã înainte de fi inferate dispoziþiile. Dar foarte
multe cercetãri actuale scot în evidenþã faptul cã dispoziþiile personale nu sunt inferate
de psihologul naiv numai din acþiunea directã a celorlalþi asupra realitãþii, ci ele pot fi
inferate din expresiile emoþionale ale feþei. Se crede cã existã o legãturã importantã între
modul în care se fac atribuirile dispoziþionale ºi expresile emoþionale ale feþei actorilor
sociali.
Credinþa cã principalele trãsãturi de personalitate ne sunt scrise pe faþã nu este de
datã recentã. Se spune cã Pitagora nu accepta un nou discipol pânã nu-i studia atent
trãsãturile feþei. Tot în Antichitate, Aristotel a încercat sã asocieze trãsãturile faciale cu
cele de personalitate, iar în secolul al XVIII-lea, elveþianul Lavater a scris un imens
tratat de fizionomie.
Un pas important în tratarea ºtiinþificã a acestei probleme s-a produs o datã cu
publicarea operei lui Darwin Expresii ale emoþiilor la oameni ºi animale (1872). În
acord cu ideile sale despre evoluþia speciilor, Darwin a considerat cã unele expresii
emoþionale au un caracter general, putând fi observate atât la oameni, cât ºi la alte specii
de animale. Tristeþea, bucuria, furia sau dezgustul pot fi citite atât de repede pe chipurile
celorlalþi, încât Darwin a considerat cã expresiile noastre emoþionale îndeplinesc atât o
funcþie biologicã, cât ºi una socialã ºi sunt în cea mai mare mãsurã înnãscute.
Afirmaþiile lui Darwin au inspirat o serie impresionantã de studii, iar cercetãtorii
contemporani au adus o multitudine de argumente în favoarea acestora. Faþa umanã este
întotdeauna partea cea mai vizibilã a corpului, poate exprima cu uºurinþã dinamica
emoþiilor trãite de subiecþi datoritã existenþei unui mare numãr de muºchi ce permit
multiple combinaþii, ºi este de aceea sursa principalã de indici nonverbali privind stãrile
noastre psihice.
Credinþa omului obiºnuit în posibilitatea de a citi trãsãturile de personalitate pe faþa
celuilalt s-a dovedit a fi deosebit de puternicã. Într-un studiu realizat pe 535 de subiecþi
SIMÞUL PSIHOLOGIC COMUN ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE
177
care au fost întrebaþi dacã ei considerã cã pot fi citite trãsãturile de personalitate ale
indivizilor prin studierea feþei, 75% dintre respondenþi s-au declarat încrezãtori în
aceastã posibilitate (Hassin ºi Trope, 2000).
Teoriile implicite de personalitate. Psihologul nostru naiv a fost înfãþiºat, pânã acum,
ca un activ observator al comportamentului uman ºi al trãsãturilor distinctive ale feþei
celorlalþi. Dar alþi psihologi atrag atenþia cã ne erijãm spontan în judecãtori ai celorlalþi
chiar ºi fãrã sã avem acces direct la informaþii comportamentale sau la indici faciali.
Conform pãrerii acestora, indicii verbali par a avea o valoare informativã superioarã
celor comportamentali sau faciali.
Putem porni de la constatarea lui Allport ºi Odbert care au gãsit peste 17 000 de
termeni ce fac trimiteri la caracteristici ale personalitãþii. Faptul cã limbajul nostru
abundã în termeni desemnaþi a fi utili în caracterizarea celorlalþi vorbeºte de la sine
despre importanþa pe care omul obiºnuit o acordã cunoaºterii semenilor sãi. Dar sunt
termenii ce desemneazã trãsãturi de personalitate simple etichete verbale sau fac trimitere
la stãri psihice constante în spaþiu ºi timp?
Datoritã faptului cã structurile noastre neuronale sunt extrem de complicate ºi menite
a coordona comportamente deosebit de complexe, Allport a considerat cã poate susþine
ipoteza suprapunerii etichetelor noastre verbale pe structuri de personalitate reale. Chiar
dacã aceastã suprapunere nu este perfectã, iar unii psihologi considerã chiar cã este prea
puþin semnificativã, judecãþile omului obiºnuit fac apel în mod spontan ºi foarte des la
termeni ce desemneazã trãsãturi de personalitate. Utilizând aceºti termeni, omul obiºnuit
încearcã sã surprindã tendinþele celorlalþi de a se comporta similar în situaþii diverse
(Brody, 1988).
Cercetãtori ai trãsãturilor de personalitate au subliniat mergând pe linia ipotezei
evoluþioniste cã aspectele importante ale personalitãþii s-au sedimentat de-a lungul
timpului în limbaj, prin codare. Astfel, în acord cu ipoteza lexicalã, termenii actuali ce
desemneazã trãsãturile de personalitate sunt rezultatul unor observaþii colective de lungã
duratã, semnificaþiile actuale ale termenilor provenind din rafinãri succesive obþinute
prin utilizarea lor frecventã în limbajul curent.
În limbajul obiºnuit nu au fost reþinute însã decât acele caracteristici ale personalitãþii
care au putut fi observate destul de frecvent, au fost relativ uºor de recunoscut datoritã
distinctivitãþii lor ºi au avut suficientã semnificaþie pentru a fi codate ºi reþinute în
limbajul natural (Saucier ºi Goldberg, 1996). Ipoteza lexicalã presupune astfel cã toate
diferenþele individuale semnificative vor fi reprezentate în limbajul obiºnuit, iar înþelegerea
modului de gândire a psihologului naiv nu se poate realiza în afara analizei acestui limbaj.
Ceea ce este important de subliniat în continuare este faptul cã noi, în viaþa de zi cu
zi, nu utilizãm trãsãturile de personalitate luate izolat, ci activãm adevãrate „teorii
implicite de personalitate”.
Printre primii care au atras atenþia asupra acestui fapt a fost Asch (1946, 1984), care
a considerat cã impresia pe care ne-o formãm despre o persoanã este de la început una
structuratã, unitarã ºi nu reprezintã o simplã sumã de impresii fragmentare exprimate
separat în termeni-trãsãturã. Omul obiºnuit, a susþinut Asch, percepe trãsãturile persoanei
ca fiind în relaþie unele cu altele. Afirmaþiile lui Asch s-au bazat pe descoperirea faptului
cã o listã de trãsãturi prezentatã subiecþilor este organizatã întotdeauna de cãtre aceºtia
în jurul unor trãsãturi centrale, care produc o transformare calitativã a înþelesului
celorlalte trãsãturi considerate periferice.
178
CÃTÃLIN DÎRÞU
Studii actuale din zona psihologiei cognitive au demonstrat cã omul obiºnuit preferã
în mod clar sã descrie o persoanã utilizând trãsãturi de personalitate, ºi nu indici
comportamentali sau informaþii despre status. Pornind de la ipoteza codãrii specifice a
lui Tulving ºi Thomson, care susþine cã în procesul codãrii informaþiei intervin procese
specifice ce determinã ceea ce stocãm ºi, prin aceasta, ºi ceea ce ne reamintim, psihologii
adepþi ai conceptului de trãsãturã de personalitate considerã cã aceasta se activeazã în
mod spontan cînd ne raportãm la ceilalþi. Astfel, trãsãturile de personalitate par a avea
o valoare informativã ºi explicativã deosebitã, jucând rolul de organizatori ai altor
informaþii cum sunt cele despre comportament ºi status.
Activarea „teoriilor implicite de personalitate” este privitã în condiþiile unei memorii
care, departe de a mai fi consideratã reproductivã, este acum privitã de psihologii
cognitiviºti ca posedând propriile principii organizatorice a cãror intervenþie asupra
noilor informaþii este decisivã pentru forma în care vor fi memorate acestea (Reid ºi
Hastie, 1979).
Un numãr impresionant de studii în care s-a mãsurat viteza de rãspuns a subiecþilor
sau le-au fost date sarcini de completare a propoziþiilor, conduse de psihologi precum
Newman, Uleman, Moscowiz sau Winter, au demonstrat cã trãsãturile joacã rolul unor
factori determinanþi pentru organizarea în memorie a informaþiilor pe care le primim
despre comportamentele celorlalþi.
În psihologia personalitãþii, teoria celor cinci factori (Big Five sau Five-Factor
Model) este cea mai actualã ºi popularã teorie implicitã de personalitate. Studii realizate
de adepþii Big Five în diferite arii culturale par sã susþinã ideea cã omul obiºnuit îl judecã
pe aproapele sãu de-a lungul a cinci mari dimensiuni cu caracter stabil ºi universal:
(1) Nevrozismul („Cel de lângã mine este normal din punct de vedere psihologic sau
nu?”), (2) Extraversiunea („Este, temperamental vorbind, extravertit sau introvertit?”); (3) Sociabilitatea („A învãþat sã se facã plãcut în societate sau nu?”); (4) Conºtiinciozitatea („Este suficient de responsabil pentru a mã baza pe el?”); (5) Inteligenþa
(„Este suficient de deschis ºi adaptabil la situaþii noi?”).
Stereotipurile. Dacã primele trei conþinuturi ale simþului comun psihologic expuse
pânã acum se pot încadra cu uºurinþã în sfera relaþiilor interpersonale, a percepþiei
persoanei sau formãrii impresiei, cu stereotipurile pãºim la un nivel superior. De altfel,
cercetarea asupra stereotipurilor a pornit tocmai de la constatarea cã omul obiºnuit
acordã mult prea puþin interes diferenþelor individuale atribuind cu mai multã uºurinþã
calitãþi unui singur sau unor grupuri întregi de oameni.
Asimilat la început de mulþi psihologi cu prejudecata, conceptul de stereotip a fost
recuperat de Tajfel, care a renunþat sã mai culpabilizeze stereotipul, El nu l-a mai
considerat rãspunzãtor pentru inadaptarea noastrã socialã. Stereotipul nu mai este privit
doar ca reprezentând efectul unui proces simplu de categorizare prin reducþie forþatã ºi
inadecvatã a informaþiilor, ci funcþia psihicã pe care o îndeplineºte procesul de stereotipizare a fost descoperitã de Tajfel în procesul de discriminare intergrupalã. S-a ajuns la
a se considera cã nu doar indivizii posed㠄personalitate”, ci ºi grupurile, ca microsisteme sociale.
Caracterul mai complex al stereotipurilor faþã de trãsãturi ºi, prin aceasta, ºi faþã de
teoriile implicite despre personalitate, a fost susþinut intens de M. Brewer, care a
subliniat cã între cele douã conþinuturi ale simþului comun existã diferenþe de naturã, ºi
nu de grad. Intrând într-o polemicã serioasã cu psihologi ca S. Fiske, ce puneau accent
SIMÞUL PSIHOLOGIC COMUN ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE
179
pe similaritãþile dintre stereotip ºi trãsãturã, Brewer a afirmat cã între trãsãturi ºi
stereotipuri nu sunt doar diferenþe foarte mari, ci, mai mult, cele douã realitãþi cognitive
iau naºtere în urma desfãºurãrii unor procese esenþial diferite de prelucrare a informaþiei
(Brewer, 1988). Singura constatare cu care sunt de acord ºi Brewer, ºi Fiske este aceea
cã trãsãturile apar în urma unor prelucrãri elementare a informaþiei, în timp ce stereotipul
este rezultatul unui proces de prelucrare holisticã.
Dar, indiferent de ce parte a controversei privind similaritatea sau diferenþierea
proceselor de categorizare în urma cãrora atribuim trãsãturi sau stereotipuri stã adevãrul,
un studiu celebru condus de Devine în 1989 a demonstrat cã ºi stereotipul (nu numai
trãsãturile de personalitate) se activeazã în mod spontan, inconºtient. Conºtiinþa poate
inhiba manifestãrile comportamentale legate de stereotip, dar nu poate împiedica activarea
spontanã a stereotipului.
Reprezentãrile sociale. La un nivel ºi mai înalt, cel societal, simþul comun a fost ºi
este cercetat de psihologii sociali din perspectiva reprezentãrilor sociale. Considerând
cã: „(…) lumea cu care avem de a face este eminamente socialã”, Serge Moscovici, cel
ce a impus acest concept în psihologia socialã, atrãgea atenþia c㠄(…) este o nevoie
continuã de a reconstrui simþul comun” (Moscovici, 1995, p. 21). „Actul reprezentãrii
este un mijloc de transfer a ceea ce ne tulburã, ne ameninþã universul, din exterior în
interior, din depãrtare în apropiere.” (Moscovici, 1995, p. 30) Definitã de Jodelet,
(1995, p. 102), reprezentarea socialã se prezintã ca „o formã de cunoaºtere, elaboratã
social ºi împãrtãºitã, având un scop practic ºi concurând la construirea unei realitãþi
comune unui ansamblu social”. Într-o lume ce nu este neutrã ºi nu ne poate fi astfel
indiferentã, reprezentarea socialã apare „pentru cã individul însufleþeºte realitatea
obiectivã, ºi o apropie, o reconstituie, o integreazã organizãrii sale cognitive, sistemului
sãu de valori” (Neculau, 1996, p. 36).
În viziunea oarecum apocalipticã a lui Moscovici, refuzul psihologilor sociali de a
studia reprezentãrile sociale ar putea avea consecinþe deosebit de grave, deoarece în
interiorul a ceea ce era pânã nu demult lumea unicã a „experienþei ºi realitãþii noastre”
s-a produs o rupturã ce produce consecinþe cu efecte incalculabile. Lumea ºtiinþei ºi cea
a vieþii de zi cu zi tind a se separa complet una de cealaltã, crede Moscovici, limbajul,
fracturat ºi el, se aflã în declin, astfel încât reprezentãrile sociale sunt singurele realitãþi
psihosociale a cãror funcþie explicitã este de a umple hãul ce pare a se naºte între cele douã
niveluri diferite de activitate ale vieþii sociale, activitatea ºtiinþificã ºi activitatea de zi cu zi.
Tot ce i-a mai rãmas limbajului obiºnuit, care a pierdut contactul cu limbajul
ºtiinþific, este sã menþinã legãtura cu reprezentãrile sociale (Moscovici, 1995, p. 20).
Într-o lume a „zeilor” (a oamenilor de ºtiinþã) ºi una a muritorilor de rând, reprezentãrile
sociale îndeplinesc în concepþia lui Moscovici rolul lui Hermes, interpretul legii divine
pentru muritorii de rând în mitologia greacã. Concluzia lui Moscovici este fermã. Pentru
a preveni o iminentã catastrofã cauzatã de accelerarea clivajului dintre cunoaºterea
ºtiinþificã ºi simþul comun, care ar conduce la „îmbolnãvirea” sistemului social, „psihologia socialã (…), este ºi trebuie sã fie preocupatã numai (s.n.) de structura ºi dinamica
reprezentãrilor” (Moscovici, 1995, p. 10).
Putem foarte uºor observa cã reprezentãrile sociale tind sã joace rolul unui concept
unificator care încearcã fie sã dizolve, fie sã elimine orice alt concept concurent. Rostul
reprezentãrilor sociale este vãzut în reflectarea realului macrosocial ºi, datoritã complexitãþii realitãþii reflectate, reprezentãrile sociale sunt concepute ca entitãþi eclectice,
180
CÃTÃLIN DÎRÞU
adevãrate conglomerate informaþionale. Nu putem sã nu observãm apropierea reprezentãrilor sociale de conceptul psihologic de imagine. Deºi este vorba aici nu de imagini
simple, ci de adevãrate „tablouri sociale”, reprezentarea socialã ne apare ca fiind mult
mai aproape de esenþa procesului imaginativ decât de cea a raþionalitãþii ºi a limbajului.
De altfel, aceastã apropiere dintre reprezentarea socialã, ca reflectare eclecticã, ºi
imaginarul social este subliniatã în repetate rânduri de cãtre susþinãtorii acestui concept,
chiar dacã nu într-un mod direct. Cãci „nu ajungem nicãieri dacã excludem din gândire
imaginarul, simbolismul, iluzoriul: acestea sunt componentele sale cruciale”, considerã
Moscovici, citând ºi afirmaþia lui Faust, „meditând la originea tuturor cunoºtinþelor (s.n.).
«Ce a fost mai întâi: cuvântul, puterea sau actul? Nu, mai întâi a fost imaginea!»”
(Moscovici, 2001, p. 67).
Ca ºi Auguste Comte care împãrþea istoria în trei vârste: vârsta teologicã, vârsta
metafizicã ºi vârsta pozitivã, Moscovici considerã cã psihologia socialã, dupã ce a trecut
de etapa cercetãrii atitudinilor sociale, s-a înrolat sub stindardul ridicat de cogniþia
socialã, pentru ca astãzi sã intrãm în „era reprezentãrilor sociale” (Moscovici, 2001,
p. 55). Psihologia cognitivã, afirmã Moscovici, a cercetat abuziv un singur aspect al
cogniþiei, ºi anume percepþia ºi relaþiile strict cauzale legate de prezentul impus de
aceasta. Se vorbeºte, este drept, foarte des de o gândire socialã, dar, în cadrul acestei
gândiri, elementul imaginativ ºi nonlogic este în mod clar predominant.
Ideologiile. Cel mai mult au insistat pe caracterul imaginativ ºi inconsistent al
reprezentãrii sociale adepþii unui alt conþinut complex al simþului comun, conþinutul
ideologic. De aceea, o sã insistãm în continuare asupra relaþiilor dintre teoria reprezentãrilor sociale ºi un model concurent, modelul retoric propus de Bilig ºi Sabucedo
(1994). Interesul pentru retoricã, afirmã ei, este astãzi resuscitat. Pãrerea acestor autori
este cã, din pãcate, teoria reprezentãrilor sociale omite sã încorporeze în chip explicit
dimensiunile retorice între dimensiunile sociale ale gândirii. Atât subiectul modelului
reprezentãrilor sociale, cât ºi cel al stilului retoric aparþin unei societãþi gânditoare,
considerã autorii amintiþi, numai cã teoria reprezentãrilor sociale pãcãtuieºte în a-l
concepe pe omul obiºnuit ca fiind posesorul unei gândiri statice ºi ineficiente, eminamente reproductive, imaginative.
„Activitatea socialã ºi intelectualã este, la urma urmei, o repetare, o recitare”,
afirmã într-adevãr Moscovici (1995, p. 10). Termenul de reprezentãri sociale este
interesant, recunosc Billig ºi Sabucedo, deoarece el încorporeazã noþiunea de transfer
social ºi re-prezentare, dar ei preferã sã accentueze asupra naturii argumentative a vieþii
sociale ºi a caracterului dilematic al procesului gândirii. În timp ce pentru teoria
reprezentãrilor sociale formulatã de Serge Moscovici ruptura dintre limbajul ºtiinþific ºi
cel obiºnuit este declaratã ca reprezentând un pericol ºi este privitã în chip pesimist ca
un semn clar al declinului, pentru modelul retoric propus de Billig ºi Sabucedo, resursele
reprezentãrilor sociale ar fi inexistente în condiþiile unei existenþe neproblematice.
Subiectul retoric este unul care gândeºte ºi argumenteazã, având la dispoziþie nu numai
mecanisme logice de afirmare care i-ar transforma gândirea într-una conformistã prin
excelenþã, ci posedã în egalã mãsurã ºi resursele importante puse la dispoziþie de puterea
de a nega, de a se situa împotrivã.
La nivelul cel mai înalt, în concepþia acestor autori, simþul comun ia forma bunului-simþ, care transcende epocile istorice ºi culturale”, ceea ce-i conferã simþului comun
o dimensiune ideologicã, (Moscovici, 1995, pp. 126-127). Conºtienþi de dimensiunea
ideologicã a simþului comun, rostul psihologilor interesaþi de implicaþiile psihosociale
SIMÞUL PSIHOLOGIC COMUN ªI REPREZENTÃRILE SOCIALE
181
ale retoricii este sã accentueze asupra dimensiunilor morale ale simþului comun. Discursul
ºtiinþific nu este unul neutru, aºa cum greºit cred mulþi oameni de ºtiinþã, deoarece
mecanismele argumentãrii ºi, prin acestea, dimensiunea retoricã sunt inerent prezente în
prezentarea curentã a teoriilor ºtiinþifice. Acest fapt este ºi mai evident, cred Bilig ºi
Sabucedo, atunci când discursul ºtiinþific suferã transformãri pentru a fi popularizat.
Adepþii reprezentãrilor sociale nu au rãmas fãrã replicã în faþa încercãrii de „ideologizare” a simþului comun psihologic. S-a afirmat cã, în cazul ideologiei, „informaþia
circulã unidirecþional, de la un pol activ la unul pasiv... ªi, fapt important, tendinþa
ideologiei este de sãrãcire, ºi nu de îmbogãþire de sensuri” (Curelaru, 2001, p. 29).
Pãrerea noastrã este cã ambele concepte, atât reprezentarea socialã, cât ºi ideologia,
au tendinþe imperialiste care desfiinþeazã orice complementaritate. Definite astfel, ele
tind sã se suprapunã complet, fãrã rest, cu însuºi conceptul de simþ comun psihologic.
Susþinem însã cã nici un concept ce face apel la gândirea reprezentativ-imaginativã, ºi
nici unul care accentueazã pe o gândire discursiv-logicã nu poate epuiza complet
potenþialul de semnificaþii pe care îl are conceptul, credem noi supraordonat, de simþ
comun psihologic.
Din faptul cã realitatea psihologicã are un caracter organizat, multiple faþete ºi un
caracter proteic, schimbãtor, rezultã, credem noi, ºi necesitatea utilizãrii unor modalitãþi
diferite de cunoaºtere la care trebuie sã apeleze omul obiºnuit. Dacã realitatea psihologicã
este sistemicã, ºi reflectarea ei trebuie sã aibã loc la niveluri diferite, astfel încât se pare
cã simþul comun psihologic nu poate avea, de asemenea, decât un caracter sistemic.
Résumé: Dans cet article nous passons en revue les plus importantes dimensions de la psychologie
naïve. Pour ce but nous avons présenté ses principaux contenus, à partir de l’hypothèse que la
psychologie naïve est structurée par deux niveaux de complexité, le niveau interpersonnel et le
niveau social. Bien que certaines auteurs superposent le syntagme représentation sociale sur la
notion de psychologie naïve jusqu’à leur identité, le point de vue exprimé ici, même s’il admette
l’importance et la complexité de ce procès psychosocial comme les représentations sociales,
essaye de les inclure parmi les composantes de la psychologie naïve.
Abstract: In this article we have reviewed the most important dimensions of lay psychology. To
this purpose we presented its most important contents according to the hypothesis that lay
psychology is structured on two levels of complexity, an interpersonal level and a social level.
Although some authors speak about social representations as lay psychology, our point of view,
even if it admits the importance and complexity of social representations, try to include them into
lay psychology.
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III. METODOLOGIE
Andreea Gruev-Vintilã
Despre analiza structuralã a reprezentãrilor sociale.
Modelul Schemelor Cognitive de Bazã (SCB)
Ce sunt reprezentãrile sociale?
Câmpul teoretic al reprezentãrilor sociale propus de Serge Moscovici este unul dintre
curentele de cercetare majore, în special în Europa ºi în America Latinã.
Reamintim cã termenul de reprezentare socialã desemneazã atât produsul unei
activitãþi mentale specifice, cât ºi procesele caracteristice acestei activitãþi. Vom vedea
în cele ce urmeazã cã aceastã distincþie este fundamentalã când se pune problema
alegerii unei strategii de cercetare adaptate obiectivelor urmãrite în acest domeniu.
Activitatea mentalã aflatã la originea reprezentãrilor sociale îi permite unui grup
social sã îºi însuºeascã realitatea pornind de la construirea (sau reconstruirea) ei, un
proces menit sã o facã semnificativã ºi compatibilã cu sistemele lui proprii de evaluare
ºi de judecatã. Procedând astfel, grupul îºi construieºte ºi îºi menþine identitatea proprie.
Aceasta înseamnã cã realitatea este în permanenþã construitã ºi reprezentatã de fiecare
grup social. În consecinþã, unul ºi acelaºi obiect social are semnificaþii cu totul diferite,
ºi chiar divergente, în funcþie de grupul aflat la originea construcþiei. Reprezentãrile
sociale se aflã, prin urmare, în centrul „conflictului între individ ºi societate” care
constituie pentru Serge Moscovici (1984) obiectul psihologiei sociale.
Analiza reprezentãrilor sociale, scrie Christian Guimelli (1995a), presupune luarea
în considerare simultanã a componentelor lor cognitive ºi sociale. Primele, legate de
activitatea mentalã prin care fiecare individ produce reprezentãrile, sunt reglementate de
reguli cognitive. Însã cele care determinã (sublinierea îi aparþine lui Christian Guimelli)
mobilizarea acestor procese cognitive sunt componentele sociale. Acesta este, de altfel,
motivul pentru care putem vorbi de reprezentãri „sociale” (Guimelli, 1995a), ºtiind pe
de altã parte cã obiectul lor este întotdeauna social (Rouquette, 1994).
Din punct de vedere tehnic, analiza reprezentãrilor sociale priveºte fie identificarea
conþinuturilor, fie structura lor.
PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale
186
ANDREEA GRUEV-VINTILÃ
Analiza de conþinut versus analiza structuralã
a reprezentãrilor sociale
Analiza de conþinut a reprezentãrilor sociale este legatã de definirea lor ca produs al unei
activitãþi mentale. Ea priveºte felul în care un grup reconstruieºte realitatea ºi o integreazã
în sistemul lui de valori (Guimelli, 1995a). Acest tip de analizã se apleacã asupra
fiecãrui caz în parte ºi vizeazã identificarea semnificaþiei conþinutului observat la o
anumitã populaþie.
Prin contrast, analiza structuralã a reprezentãrilor sociale este legatã de definirea lor
ca proces. Ea porneºte de la premisa cã reprezentãrile sociale sunt constituite din
elemente interdependente ºi cã excepþionala lor coerenþã se explicã prin felul în care se
organizeazã elementele lor. Analiza structuralã a reprezentãrilor sociale are avantajul cã
pãrãseºte terenul cazurilor particulare ºi pune în evidenþã invarianþii care, o datã
identificaþi, explicã funcþionarea reprezentãrii. Demersul acesta permite „depãºirea
infinitei diversitãþi de conþinuturi, creºterea forþei predictive ºi a capacitãþii de generalizare” (Guimelli, 1995a).
Analiza structuralã a reprezentãrilor sociale poate fi realizatã prin mai multe tehnici
(pentru o trecere în revistã succintã, cf. Guimelli, 1995a). Modelul Schemelor Cognitive
de Bazã (SCB) propus de Michel-Louis Rouquette ºi Christian Guimelli (Rouquette,
1990, 1994; Guimelli ºi Rouquette, 1992; Guimelli, 1995b) ºi procedura asociatã lui
constituie una dintre ele, probabil cea mai avansatã ca nivel de formalizare.
Sã precizãm cã, datoritã caracterului colectiv al elaborãrii reprezentãrilor sociale,
este evident cã nu putem studia o reprezentare socialã într-un grup statistic de 20 de
indivizi. Interesul analizei structurale nu este sã identifice conþinutul reprezentãrii, ci
programele de rãspuns ale membrilor unui grup social. Prin urmare, procedura empiricã
asociatã modelului SCB are sens numai în mãsura în care eºantionul care participã este
numeros (de exemplu, efectivele de ordinul sutelor sunt preferabile efectivelor de
ordinul zecilor).
Câteva elemente despre structura unei reprezentãri sociale
Perspectiva structuralã formalizeazã invarianþii comuni tuturor reprezentãrilor sociale,
centrându-se pe regularitãþile de structurã, adicã depãºind conþinutul reprezentãrilor.
Prototipul invarianþilor structurali este nucleul central al unei reprezentãri sociale.
Nucleul central (Abric, 1976) este un invariant în jurul cãruia se organizeazã întreaga
reprezentare socialã. Elementele nucleului central sunt cele care determinã semnificaþia
reprezentãrii ºi, în consecinþã, interpretarea realitãþii sociale. În funcþie de natura
obiectului reprezentat ºi a situaþiei, nucleul poate manifesta o componentã funcþionalã
(unde se aflã elementele utile acþiunii ºi care se manifestã în situaþiile cu finalitate
operatorie) ºi una normativã (unde se aflã elementele utile judecãþii ºi evaluãrii ºi care
se manifestã în situaþiile de tip socioafectiv, social sau ideologic).
O precizare importantã: din perspectiva structuralã, douã reprezentãri (sau douã
stãri ale aceleiaºi reprezentãri) se disting dacã ºi numai dacã nucleele lor centrale diferã.
Douã sisteme centrale diferã fie în sensul cã sunt compuse din elemente diferite, fie în
DESPRE ANALIZA STRUCTURALÃ A REPREZENTÃRILOR SOCIALE...
187
sensul cã relaþiile între aceste elemente sunt diferite. Prin urmare, analiza unei reprezentãri face obligatorie reperarea sistemului ei central.
În jurul nucleului central se organizeazã elementele periferice (opinii, descrieri,
stereotipuri sau credinþe privitoare la obiectul reprezentat). Sistemul periferic este cel
care permite adaptarea, personalizarea ºi evoluþia reprezentãrii ºi a conduitelor asociate,
protejând în acelaºi timp sistemul central (Rouquette ºi Rateau, 1998).
Premisele modelului Schemelor Cognitive de Bazã
Când spunem despre o reprezentare socialã cã are o structurã înseamnã cã o înþelegem
ca fiind constituitã din elemente ºi relaþii între elemente.
Elementele unei reprezentãri pot fi operaþionalizate prin itemi lexicali (cuvinte sau
sintagme) produºi de indivizi. Relaþiile dintre aceste elemente sunt diverse. Meritul
modelului SCB este cã le formalizeazã ºi permite reperarea nucleului ei central într-un
mod economic ºi elegant. Devin astfel posibile atât analiza structurii, cât ºi compararea
a diferite reprezentãri sau a diferite stãri ale aceleiaºi reprezentãri.
Modelul SCB porneºte de la trei premise (Guimelli ºi Rouquette, 1992):
1. Indivizii asociazã doi itemi lexicali prin intermediul unui operator de relaþie potrivit
formulei:
item inductor OPERATOR item indus;
sau, mai pe scurt, A c B
unde A este itemul inductor, B itemul indus, iar c operatorul (sau conectorul) de relaþie.
2. Aceºti operatori pot fi identificaþi, formalizaþi ºi sunt în numãr finit.
3. Operatorii se organizeazã în familii stabile numite „scheme”.
Din aceastã perspectivã, tripletul A c B este orientat (de la A la B) ºi defineºte un
aspect al lui A (Rouquette ºi Rateau, 1998). Condiþia necesarã ºi suficientã pentru ca
douã aspecte ale unui aceluiaºi element al reprezentãrii sã fie diferite este ca cel puþin
unul dintre celelalte douã elemente ale tripletului sã fie diferite. Astfel, (A c B) diferã
atât de (A c’ B), cât ºi de (A c D).
Iatã un exemplu citat de Michel-Louis Rouquette ºi Patrick Rateau (1998). Fie:
A = vin
B = bãuturi
C = operatorul de incluziune
C’ = operatorul de atribuire (sau de evaluare, pozitivã desigur…)
Atunci putem construi douã aspecte ale lui A:
(A c B): VINUL (aparþine clasei) bãuturi
(A c’ B): VINUL (este cea mai bunã dintre) BÃUTURI
Modelul SCB este, la origine, un instrument care vizeazã reprezentarea cunoºtinþelor
declarative (atenþie, nu ºi a celor procedurale – script-uri etc.). Potrivit autorilor,
„cunoaºterea, ºi desigur «cunoaºterea socialã», nu este o substanþã, ci un eveniment: în
cadrul modelului SCB, acest eveniment corespunde unei configuraþii compuse din itemi
lexicali ºi operatori” (Guimelli ºi Rouquette, 1992).
Pe de altã parte, aºa cum sugereazã ºi exemplul de mai sus, o proprietate frecventã
a gândirii sociale este aceea cã o relaþie între douã elemente poate fi multicalificatã,
188
ANDREEA GRUEV-VINTILÃ
adicã nu se defineºte univoc, ci în mai multe feluri simultan; sau altfel spus, are mai
multe aspecte care coexistã. Astfel, A ºi B fiind constante, individul activeazã sau
recunoaºte ulterior activarea posibilã a mai multor operatori ce leagã aceste douã
elemente. Ideea cã, în gândirea socialã, operatorii care calificã o relaþie între douã
elemente [i nu se exclud reciproc este important de reþinut.
Operatorii care caracterizeazã relaþiile între elementele unei reprezentãri sunt în
numãr de 28 (cãrora li se adaugã operatorul nul). Teoria postuleazã cã ei se organizeazã
în 5 scheme cognitive de bazã (SCB). Modelul SCB complet, care comportã cei 28 de
operatori organizaþi în 5 scheme, se noteazã astfel: [28/5]; un model SCB redus în care
se folosesc, de exemplu, numai 19 operatori organizaþi în douã scheme se noteazã
astfel: [19/2].
Simbolurile convenþionale ale operatorilor sunt trigrame. Lista completã a trigramelor
ºi expresiile standard ale operatorilor se aflã în Anexa 1. Din considerente impuse de
coerenþa publicaþiilor la nivel internaþional, am pãstrat prin convenþie în limba românã
trigramele din versiunea originalã (francezã).
Cele 5 scheme cognitive de bazã care organizeazã operatorii se numesc SCB Lexic,
SCB Vecinãtate, SCB Compoziþie, SCB Praxis, SCB Atribuire ºi sunt descrise în Anexa
1 (în detaliu, cf. Guimelli ºi Rouquette, 1992; Rouquette ºi Rateau, 1998). În general,
primele trei scheme cognitive de bazã sunt puþin folosite; din acest motiv vom discuta
aici numai SCB Praxis ºi SCB Atribuire.
SCB Praxis
SCB Praxis defineºte componenta funcþionalã a reprezentãrii sociale ºi reuneºte toþi
operatorii legaþi de descrierea acþiunii. Se organizeazã potrivit formulei Actor*Acþiune*
Obiect*Instrument (de exemplu, „Meºteºugarul graveazã arama cu o unealtã”). Elementele din formulã se compun douã câte douã ºi se obþin 4 × 4 – 4 = 12 relaþii
formalizate de cei 12 operatori ai SCB Praxis:
– actor OPE Acþiune (Meºteºugar OPE A grava) ºi simetrica ei Acþiune ACT Actor (A
grava ACT Meºteºugar);
– actor TRA Obiect (Meºteºugar TRA Arama) ºi simetrica ei Obiect FAC Actor (A
grava FAC Meºteºugar);
– actor UTI Instrument (Meºteºugar UTI Unealtã) ºi simetrica ei Instrument TIL Actor
(Unealtã TIL Meºteºugar);
– acþiune OBJ Obiect (A Grava OBJ Arama) ºi simetrica ei Obiect MOD Acþiune
(Arama MOD A grava);
– acþiune UST Instrument (A grava UST Unealtã) ºi simetrica ei Instrument OUT
Acþiune (Arama OUT A grava);
– obiect AOB Instrument (A grava AOB Arama) ºi simetrica ei Instrument AOU
Obiect (Arama AOU A grava).
SCB Atribuire
SCB Atribuire defineºte componenta normativã a reprezentãrii sociale ºi reuneºte cei
ºapte operatori care caracterizeazã relaþiile dintre obiectul reprezentat ºi atributele lui:
un atribut poate fi o caracteristicã permanentã (CAR), frecventã (FRE), ocazionalã
DESPRE ANALIZA STRUCTURALÃ A REPREZENTÃRILOR SOCIALE...
189
(SPE), normativã (NOR), evaluativã (EVA), cauzalã (COS) sau de consecinþã (EFF) a
obiectului reprezentãrii. Reamintim cã lista completa a operatorilor ºi a expresiilor
standard care îi descriu se aflã în Anexa 1.
Exemple:
– Prãjitura CAR Dulce;
– Bolnavul FRE În pat;
– Prãjitura SPE Savarinã;
– Pansament NOR Aseptizat;
– Sculptura EVA Admirabilã;
– Boalã COS Microb;
– Alcool EFF Beþie.
Procedura empiricã asociatã modelului SCB
Procedura empiricã asociatã modelului SCB are trei etape:
1. Asocierea liberã: participanþilor li se prezintã un item inductor la care sunt
invitaþi sã asocieze 3 cuvinte sau sintagme, rãspunsurile induse R1, R2 ºi R3.
2. Justificarea rãspunsurilor. Participanþii explicã în scris (una, douã fraze) de ce au
dat fiecare din rãspunsurile asociative R1, R2 ºi R3.
Procedura empiricã asociatã modelului SCB nu analizeazã explicaþiile avansate de
participanþi. Aceastã etapã este însã deosebit de importantã. De ce? Se poate presupune
cã, în momentul asocierii verbale, individul nu este conºtient de operatorul ce îi
determinã rãspunsul. Cu alte cuvinte, ceea ce este clar pentru individ este rãspunsul pe
care îl dã, nu însã ºi procesele cognitive ce l-au generat. Etapa justificãrii îi permite (îl
constrânge) sã expliciteze ºi sã verbalizeze aceste procese.
Christian Guimelli ºi Michel-Louis Rouquette (1992) au testat experimental importanþa justificãrii pentru clarificarea, pentru individ (subiect), a relaþiilor dintre inductor
ºi rãspunsurile induse folosind procedura asociatã modelului SCB, incluzând sau excluzând aceastã etapã. În cazul în care justificarea nu intervine ºi mecanismele cognitive
care gestioneazã cunoºtinþele individului nu sunt verbalizate, subiectul este incapabil sã
facã analiza precisã a relaþiilor dintre inductor ºi rãspunsurile induse. În acest caz,
validarea operatorilor activi este mai mult sau mai puþin efectul hazardului.
3. Analiza relaþiilor dintre itemul inductor (obiectul reprezentãrii) ºi rãspunsurile
induse. În aceastã a treia etapã, participanþilor li se prezintã cei 28 de operatori sub
forma expresiilor standard (traduºi în limbaj curent, cf. Anexa 1). Participanþii sunt
invitaþi sã aleagã între da, nu sau poate, expresia standard traducând o relaþie care, în
opinia lor, existã între itemul inductor ºi propriul rãspuns indus. Aceastã etapã se repetã
pentru fiecare dintre cele 3 rãspunsuri induse (Rouquette ºi Rateau, 1998).
190
ANDREEA GRUEV-VINTILÃ
Cum analizãm rezultatele?
Analiza rezultatelor examineazã frecvenþa rãspunsurilor pozitive. Un rãspuns da la
expresiile standard indicã recunoaºterea de cãtre participant a unei relaþii între inductor
ºi rãspunsul asociat lui: fiecare rãspuns da reflectã activarea operatorului corespunzãtor
relaþiei recunoscute de participant. Activarea unui operator este cu atât mai ridicatã cu
cât frecvenþa rãspunsurilor da la acest operator este mai mare.
Procesul de activare a operatorilor se operaþionalizeazã cu ajutorul indicelui de
valenþã (Guimelli, 1993; Rouquette, 1994). Cum? Am vãzut mai sus cã fiecare element
al reprezentãrii (fiecare item lexical produs de un individ) are proprietatea de a intra
într-un numãr mai mare sau mai mic de relaþii cu alte elemente (alþi itemi lexicali); sau,
altfel spus, fiecare element al reprezentãrii are un numãr de aspecte diferite ce îl
caracterizeazã. Operaþional, aceastã proprietate se traduce prin numãrul de operatori
pertinenþi (activaþi) pentru un item dat, care defineºte indicele de valenþã al elementului
respectiv pentru un individ.
Indicele de valenþã este egal cu numãrul de rãspunsuri da raportat la totalul rãspunsurilor posibile. Valenþa variazã de la 0 la 1 (0 = nici un rãspuns da; 1 = da la toate
expresiile standard). Valenþa tinde cãtre 1 cu atât mai mult cu cât numãrul de operatori
activi este mai mare.
De exemplu, în cadrul modelului SCB [28/5], valenþa totalã Vt se calculeazã astfel:
Vt = Numãrul total de rãspunsuri da
28 operatori × 3 rãspunsuri asociative x N,
unde N este numãrul de participanþi.
Într-un grup, valenþa totalã a unui element este media valenþelor individuale. Prin
urmare, când comparãm diferite situaþii experimentale, putem aplica valenþelor totale
analiza de varianþã. Analiza de varianþã se foloseºte desigur ºi în cazul valenþelor praxis
ºi, respectiv, atribuire, a cãror medie respectivã se calculeazã ºi ea pe grup.
Pentru SCB Praxis (SCB [12/1]) Valenþa Praxis (Vp) se calculeazã astfel:
Vp = Numãrul total de rãspunsuri da la cei 12 operatori ai SCB Praxis
12 operatori × 3 rãspunsuri asociative × N
La rândul ei, pentru SCB Atribuire, valenþa atributivã Va (SCB [7/1]) se calculeazã
astfel:
Va = Numãrul total de rãspunsuri da la cei 7 operatori ai SCB Atribuire
7 operatori x 3 rãspunsuri asociative x N
Sã notãm cã într-o reprezentare socialã aflatã în stare staþionarã (adicã în echilibru
stabil), valorile valenþelor praxis ºi atribuire ale elementelor care constituie nucleul
central se apropie fiecare de 0,5.
DESPRE ANALIZA STRUCTURALÃ A REPREZENTÃRILOR SOCIALE...
191
Cum înþelegem ºi cum interpretãm indicele de valenþã?
Valenþa unui element trebuie înþeleasã în sensul în care folosim acest termen în chimie,
ºi anume ca proprietatea acelui element de a stabili legãturi (relaþii) cu alte elemente.
Valenþa caracterizeazã deci puterea de asociere (numãrul de relaþii) a unui element al
reprezentãrii. Putem presupune cã, într-o reprezentare socialã, un element este cu atât
mai important, sau mai „central”, cu cât valenþa lui este mai mare.
Un exemplu de aplicare a modelului Schemelor Cognitive de Bazã
Modelul SCB este folosit pe scarã largã în perspectiva structuralã asupra reprezentãrilor
sociale. Un exemplu detaliat de utilizare a acestui model se gãseºte în articolul „Valence
et structure des représentations sociales” semnat de Christian Guimelli (1995b). Existã
ºi un exemplu de aplicare a modelului SCB în România („Efectele implicãrii asupra
reprezentãrilor sociale ale riscurilor colective: cazul riscului seismic. O comparaþie
între Franþa ºi România”, conceput de Andreea Gruev-Vintilã, în acest numãr).
Aici preferãm un exemplu citat de Christian Guimelli ºi Michel-Louis Rouquette
(1992), în care aplicarea modelului SCB permite accesul la dinamica unei reprezentãri
sociale.
Teoria structuralã a reprezentãrilor sociale prevede cã, ulterior introducerii unor
practici sociale noi, creºterea frecvenþei lor mobilizeazã ºi activeazã acele elemente ale
reprezentãrii care le prescriu. Activarea acestor elemente creºte importanþa lor în câmpul
reprezentaþional, ceea ce are ca efect schimbarea structurii reprezentãrii. Potrivit modelului SCB, în cazul în care creºterea frecvenþei noilor practici mobilizeazã ºi activeazã
acele elemente ale reprezentãrii care le prescriu, atunci programele de rãspuns ale
indivizilor ce au acces la aceste practici ar trebui sã difere de cele ale indivizilor care,
dintr-un motiv sau altul, nu au acces.
Christian Guimelli (1994) a testat aceastã ipotezã aplicând modelul SCB la reprezentarea socialã a funcþiei asistentelor medicale. De câþiva ani, asistentele medicale din
spitalele franceze realizeazã anumite sarcini grupate sub denumirea de „rol propriu”.
Aceste sarcini constituie „practici noi”, fiindcã sunt diferite de cele tradiþionale, impuse
de medici. Or, o parte dintre asistentele-ºefe le incitã pe asistente sã adopte sarcinile ce
þin de rolul lor propriu, fiindcã le considerã determinante pentru evoluþia `n profesie.
Alte asistente-ºefe nu le considerã însã importante ºi le incitã pe asistentele din subordinea
lor sã se limiteze la sarcinile tradiþionale. Astfel, în primul caz avem un grup (N = 16
asistente) care are acces la noile practici, iar în al doilea caz avem un grup (N = 14
asistente) în care practicile rãmân cele tradiþionale.
Ambele grupuri au participat la administrarea chestionarului asociat modelului SCB.
Dacã este adevãrat cã accesul la practicile noi declanºeazã activarea schemelor ce le
prescriu, atunci trebuie ca SCB Praxis, care organizeazã cunoºtinþele legate de acþiune,
sã fie mobilizatã mai intens în grupul ce aplicã practicile noi, legate de „rolul propriu”.
Examinând cantitatea de rãspunsuri pozitive la expresiile standard, cu alte cuvinte
examinând frecvenþa cu care sunt activaþi operatorii, se obþin rezultatele din tabelul 1
(cf. Guimelli ºi Rouquette, 1992).
192
ANDREEA GRUEV-VINTILÃ
Tabelul 1. Comparaþie între programele de rãspuns în funcþie de grupul de apartenenþã
SCB
Total
Lexic
Vecinãtate
Compoziþie
Praxis
Atribuire
Practicile noi sunt
aplicate în mod
neregulat
(N = 14)
718
64
93
103
270
188
Practicile noi sunt
aplicate în mod
regulat
(N = 16)
999
80
121
126
445
227
Valoarea Chi
2
47,41
0,61
4,26
1,72
67,39
0,73
Gradul de
semnificaþie
p < .001
nesemnificativ
p < .05
nesemnificativ
p < .001
nesemnificativ
Aºa cum prevedea ipoteza, se observã cã:
– programele de rãspuns diferã în funcþie de accesul la practicile noi (pentru totalul
rãspunsurilor, Chi 2 = 47,41; p < .001);
– aplicarea noilor practici activeazã masiv SCB Praxis: Chi 2 = 67,39; p < .001.
Schema care explicã diferenþa între cele douã programe de rãspuns este deci SCB
Praxis.
Aceste rezultate confirmã:
– realitatea psihologicã a procesului prin care practicile noi activeazã schemele cognitive ce le prescriu;
– pertinenþa modelului SCB pentru analiza reprezentãrilor sociale.
Evident cã analiza structuralã a reprezentãrilor sociale are încã întrebãri în cãutare de
rãspuns. Modelul SCB prezentat aici are însã meritul de a face posibilã analiza reprezentãrilor sociale dincolo de stadiul monografiei ºi de a participa la punerea în evidenþã
a regulilor dupã care se ghideazã gândirea socialã.
Anexa 1
Operatorii modelului schemelor cognitive de baza (SCB)
Operatorul. Definiþia formalizatã
Expresia standard
SCB Lexic
SYN: se referã la un element care îl poate
substitui, înlocui pe A.
DEF: se referã la un element analog lui A sau
definit la fel ca A.
ANT: se referã la un element contrar, opus.
A înseamnã acelaºi lucru, are acelaºi sens ca B.
A poate fi definit ca B.
A este opusul lui B.
DESPRE ANALIZA STRUCTURALÃ A REPREZENTÃRILOR SOCIALE...
193
SCB Vecinãtate
TEG: se referã la un element incluziv.
TES: se referã la un element inclus.
COL: se referã la un element co-inclus cu A
în acelaºi element incluziv.
A face parte din, este inclus în, este un
exemplu de B.
A are drept caz particular, sau ca exemplu, sau
include pe B.
A aparþine aceleiaºi clase (categorii) generale
ca B.
SCB Compunere
COM: se referã la un element a cãrui
componentã este A.
DEC: se referã la un element care desemneazã o
componentã a lui A.
ART: se referã la un element ce constituie, ca
ºi A, o componentã a aceluiaºi element de
referinþã.
A este o componentã, un constituent al lui B.
A are drept componentã pe B.
A ºi B sunt amândoi constituenþii aceluiaºi
obiect.
SCB Praxis
TIL: se referã la actorul care foloseºte
instrumentul A.
OUT: se referã la acþiunea al cãrei instrument
este A.
AOU: se referã la obiectul cãruia i se aplicã
instrumentul A.
OPE: se referã la acþiunea realizatã de actorul
A.
TRA: se referã la obiectul cãruia i se aplicã
acþiunea realizatã de actorul A.
UTI: se referã la instrumentul, la mijlocul
folosit de actorul A.
ACT: se referã la actorul acþiunii A.
OBJ: se referã la obiectul cãruia i se aplicã
acþiunea A.
UST: se referã la un instrument folosit în
acþiunea A.
FAC: se referã la actorul ce foloseºte
instrumentul A.
MOD: se referã la o modalitate de acþiune
asupra obiectului A.
AOB: se referã la instrumentul aplicat
obiectului A.
A este folosit de B.
A se foloseºte în vederea obþinerii lui B.
A este un instrument care poate fi aplicat lui B.
A face (produce) B.
A are o acþiune asupra lui B.
A foloseºte B.
B este cel care face (produce) A.
A este o acþiune asupra lui B, sau care i se poate
aplica.
Pentru a face sau a obþine A, se foloseºte B.
B este cineva sau ceva (o persoanã, o
instituþie…) care acþioneazã asupra lui A.
B indicã o acþiune care se poate face asupra (în
cazul) unui A.
B este un instrument care poate fi folosit
asupra (în cazul) lui A.
194
ANDREEA GRUEV-VINTILÃ
SCB Atribuire
CAR: se referã la un atribut permanent al
elementului A.
FRE: se referã la un atribut frecvent al
elementului A.
SPE: se referã la un atribut ocazional al
elementului A.
NOR: se referã la un atribut normativ al lui
A.
EVA: se referã la un atribut evaluativ al lui
A.
COS: se referã la un predicat cauzal.
EFF: se referã la un predicat de consecinþã, de
efect sau de scop.
A se caracterizeazã întotdeauna prin B.
A se caracterizeazã frecvent, adesea prin B.
A se caracterizeazã uneori, eventual, prin B.
A trebuie sã aibã trãsãtura B.
B evalueazã, mãsoarã pe A.
A este cauzat, depinde de B.
A are ca efect pe B.
Bibliografie
Abric, J.-C. (1976), „Jeux, conflits et représentations sociales”, thèse d’Etat, Université de
Provence, Aix-en-Provence.
Guimelli, C. (1993), „Locating the Central Core of Social Representations: Towards a Method”,
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Guimelli, C. (1994), „La fonction d’infirmière. Pratiques et représentations sociales”, `n J.-C.
Abric (coord.), Pratiques sociales et représentations, Presses Universitaires de France,
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Guimelli, C. (1995b), „Valence et structure des représentations sociales”, Bulletin de psychologie,
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Guimelli, C. [i Rouquette, M.-L. (1992), „Contributions du modèle associatif des schèmes
cognitifs de base à l’analyse structurale des représentations sociales”, Bulletin de psychologie,
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Moscovici, S. (1984), „Introduction: le domaine de la psychologie sociale”, `n S. Moscovici
(coord.), Psychologie sociale, Presses Universitaires de France, Paris.
Rateau, P. (1995), „Dimensions descriptive, fonctionnelle et évaluative des représentations
sociales – une étude exploratoire”, lucrãri despre reprezentãrile sociale, www.psr.jku.at/
PSR1995/4_1995Ratea.pdf.
Rouquette, M.-L. (1990), „Sur la compositions des schèmes”, Nouvelles études psychologiques,
Université de Bordeaux, 4, nr. 1, pp. 17-25.
Rouquette, M.-L. (1994), Une classe de modèles pour l’analyse des relations entre cognèmes”, `n
C. Guimelli (ed.), Structures et transformations des représentations sociales, Delachaux
et Niestlé, Neuchâtel, pp. 153-170.
Rouquette, M.-L. [i Rateau, P. (1998), Introduction à l’étude des représentations sociales, PUG,
Grenoble.
III. INTERVIU
Interview avec Michel-Louis Rouquette1,
réalisée par Sylvain Delouvée 2
Sylvain Delouvée: Auteur de nombreux
ouvrages et articles j’aurai aimé savoir quelle
est la question qui guide votre travail ?
Michel-Louis Rouquette: Bien entendu,
nous ne savons jamais exactement quelle
est la question qui nous guide ou que nous
poursuivons. Mais nous pouvons toujours
essayer de l’imaginer. En ce qui me concerne, cette imagination est assez claire.
Le «désenchantement du monde», selon la
formule de Max Weber, était un progrès
de la raison. Nous en sommes aujourd’hui
au désenchantement de la raison. Après
tant de découvertes brillantes, tant d’investissements éducatifs un peu partout dans le
monde, tant de raffinements critiques pour
dévoiler les impostures, on continue collectivement à se payer de croyances et à
vivre de leurres. Mais il y a pire: on
continue surtout à asservir, à mutiler ou à
tuer les autres au nom de fantômes d’idées
et de sentiments à contre-raison. Dans son
essence même, cette évolution a été tragique, au sens propre du terme. Acte I: le
malheur des hommes, nous dit le chœur,
vient de leur aveuglement, de leur ignorance et de leur sujétion. On se projette un
espoir pour en sortir. Acte II: la conviction apparaît que la liberté civile et la
liberté intellectuelle se confondent au fil
de l’extension des „Lumières”. On dispose
d’un projet d’action. Acte III: les dites
lumières finissent par éclairer des parcs de
loisir, des bidonvilles et des charniers. Nous
en sommes là. Quelle est donc cette nécessité qui tourne en dérision et en figures de
cauchemar ce que nous pensions être nos
plus sûrs moyens d’émancipation? Les
rumeurs, les représentations sociales, la
mémoire collective, les communications de
masse ne sont que des aspects ou, si l’on
préfère, des vecteurs de cette nécessité en
acte. En un certain sens, j’ai toujours eu
l’impression d’étudier la même chose, et
même de me répéter.
D’une manière moins lyrique, je dirai
que tous ces phénomènes me paraissent
constituer des instanciations de ce que j’ai
appelé il y a trente ans la «pensée sociale»:
pensée socialement déterminée, et par suite
historiquement située, immanente aux enjeux
relationnels, que les hommes produisent à
propos d’un aspect particulier de leur sociabilité. Tenter d’analyser cette pensée pour
1. Professeur de psychologie sociale et environnementale à l’Université René Descartes (Paris 5)
et chercheur au Laboratoire de Psychologie Environnementale (CNRS UMR 8069) après avoir
successivement enseigné dans les universités Paul Valéry (Montpellier II) et Vincennes –
Saint-Denis (Paris 8).
2. Certaines questions ont été réalisées en collaboration avec Edouardo Marquez de l’Université
de Paris 8.
PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale
198
INTERVIEW AVEC MICHEL-LOUIS ROUQUETTE
essayer de la comprendre me semble une
tâche raisonnable, en même temps qu’inépuisable.
S.D.: Ce présent numéro de Psihologie
Socialã est consacré aux représentations
sociales. Plus de quarante ans se sont écoulés
depuis la première formulation théorique
de Moscovici. Quels sont les accords et
oppositions de vos points de vue respectifs
sur la théorie des représentations sociales?
M.-L.R.: L’avantage d’une théorie
scientifique, c’est qu’elle n’appartient finalement à personne. Les élèves l’appliquent,
la reprennent, la prolongent, l’améliorent
s’il se peut, et tout cela entre dans le domaine
commun. Au bout de quelques années, en
tout cas de quelques générations, on ne
sait plus vraiment qui a fait quoi. C’est
cela la science: ce sujet anonyme et collectif qui doute sans fin de lui-même pour
éliminer ses imprécisions ou ses erreurs
les unes après les autres. La théorie des
représentations sociales ne peut plus être
conçue aujourd’hui comme au moment de
sa première publication, il y a plus de
quarante ans. Les recherches empiriques
se sont multipliées, de nouveaux outils ont
été inventés, la formalisation a progressé.
Serge Moscovici est un de ces grands «éducateurs du regard» qui nous ont appris à
voir le monde autrement; et c’est précisément parce que nous le voyons autrement
que nous pouvons espérer y découvrir du
nouveau.
Je pense (et j’ai essayé à plusieurs reprises de le montrer) que la perspective des
représentations sociales implique la mise
en œuvre solidaire de trois registres d’intelligibilité: disons pour simplifier le concept, les pratiques et l’histoire. Le concept:
nous essayons d’identifier des universaux
de la pensée sociale, ce qui suppose le
recours à des modèles très abstraits. Mais
ces universaux se manifestent toujours concrètement, à propos d’un objet singulier,
et ils apparaissent dans l’histoire, comprise
comme un ensemble de contraintes ouvertes,
à la manière de ces problèmes que l’on
appelle „mal définis” parce qu’ils interdisent certaines possibilités sans en dicter
par ailleurs aucune. Le troisième registre,
enfin, est celui des pratiques, parce qu’une
théorie des représentations n’est vraiment
pas grand chose sans une théorie de l’action.
On ne se représente pas un enjeu social,
quel qu’il soit, pour le contempler, mais
pour agir à son propos ou en fonction de
lui.
S.D.: Vous vous inscrivez dans une
approche structurale de l’étude des représentations sociales et, de ce fait, vous utilisez, avec beaucoup d’autres, l’expression
de «noyau central». Pouvez-vous, en quelques mots, revenir sur le sens que vous
donnez au terme «noyau» ?
M.-L.R.: Au départ, chez Jean-Claude
Abric, il me semble que le terme de «noyau»
était une simple façon de parler. Il s’agissait de formuler l’idée, d’ailleurs essentielle, que tous les éléments d’une représentation
sociale n’ont pas le même statut fonctionnel: il en est de plus importants, de plus
«définitoires» que d’autres. Par la suite,
avec sa diffusion, le terme a pris une valeur
métaphorique. Pour certains (je crois que
quelqu’un les a appelés les «structuralistes
rustiques»), le noyau de la représentation
était un peu comme le noyau du fruit. Pour
d’autres, plus sophistiqués, c’était l’équivalent du noyau de la cellule. Et pour
d’autres encore, les plus prétentieux, il
fallait penser au noyau de l’atome.
S.D.: Et pour vous-même ?
M.-L.R.: J’étais assez prétentieux.
S.D.: Vous vous trouvez à l’origine
d’une des rares méthodes, le modèle des
Schèmes Cognitifs de Base (modèle SCB),
disponible aujourd’hui, permettant l’analyse
de la structure des représentations sociales.
Plus de dix ans se sont écoulés depuis son
apparition, quel bilan en tirez-vous?
INTERVIEW AVEC MICHEL-LOUIS ROUQUETTE
M.-L.R.: Le modèle des SCB est
aujourd’hui largement diffusé chez les psychologues sociaux. Il est exposé ou mentionné dans plusieurs manuels, enseigné en
différentes universités, un grand nombre
de thèses de doctorat et de publications
scientifiques l’utilisent, et il continue à se
répandre. J’y vois en partie une évolution
de la psychologie sociale, et singulièrement
de l’étude des représentations, vers ce que
l’on appelle la «science normale»: évolution vers des théorisations bien définies,
comme les avait voulues Lewin, en rupture
avec les notions floues, impossibles à falsifier, et les méthodologies dites „compréhensives” qui sont en fait livrées à toutes
les projections des chercheurs.
Le modèle des SCB a permis de conforter et de développer la théorie du noyau
en la dotant d’une opérationnalisation qui
lui manquait. Il a intégré dans un seul et
même cadre formel plusieurs résultats expérimentaux importants, et surtout il a montré
qu’il avait une grande valeur heuristique.
Il permet en effet de se poser de nouvelles
questions dans la perspective cohérente d’un
savoir cumulatif. Cependant, il convient
de rester très modestes dans la mesure où
cette modélisation est encore primitive si
l’on pense à celles qu’ont connues les
sciences physiques dès le XVIIème siècle.
Le plus difficile, alors comme aujourd’hui,
tient à la conversion de notre regard sur les
supposées «évidences» de l’expérience quotidienne. Songez: pour comprendre que les
oscillations d’un lustre en mouvement obéissent aux mêmes lois que le déplacement
d’un corps sur un plan incliné, il faut non
seulement une grande capacité d’abstraction, mais aussi une posture de détachement par rapport aux exigences pratiques
immédiates. Il faut donner en somme le
primat à la rationalité contre le vécu personnel, à l’analyse contre les convictions pré-établies, à la vérité contre l’utilité.
S.D.: Vos écrits sont traversés par
l’idée récurrente de la violence: violence
199
collective, sociale, individuelle; scènes
d’excès, de révolte, de combats, des affaires
criminelles. Est-ce que vous pensez que
nos sociétés sont dominées par une idéologie de la violence?
M.-L.R.: Comment pourrait-on ignorer
la présence et le rôle de la violence dans
l’Histoire? Et dès lors, comment la psychologie sociale pourrait-elle s’en désintéresser? Il m’a toujours semblé, en effet, que
la violence collective, la violence politique,
constituait par nature un thème de prédilection pour notre discipline. En regard,
bien des questions que traitent longuement
les manuels paraissent assez futiles. C’est
le cas, notamment, de nombre de recherches sur l’ «agression» en tant que comportement individuel. Elles passent complètement à côté de l’essentiel: c’est un peu
comme si on essayait de comprendre l’art –
et le marché de l’art, en s’intéressant seulement aux gestes d’un peintre ou d’une famille
de peintres.
Nous ne vivons pas à une époque plus
violente qu’une autre, si tant est que la
comparaison à travers les âges ait un sens.
Par contre, nous vivons certainement, du
moins dans les pays développés, une phase
de désarroi dans notre conceptualisation
des phénomènes de violence. Nous traitons
celle-ci comme s’il s’agissait purement et
simplement d’une question morale. C’est
la meilleure façon de n’y rien comprendre.
La violence n’a pas plus à faire avec la
morale que les microbes ou les cyclones.
Ces derniers aussi sont indésirables et désastreux, et ils restent parfaitement insensibles
à la dénonciation vertueuse. La tâche des
sciences sociales, en ce domaine, est d’abord
de déterminer les conditions d’apparition,
puis d’escalade, de la violence. Mais il
faut aussi rattacher ces phénomènes, pour
qu’ils prennent tout leur sens, à une théorie
générale de la société et de l’action. Dans
l’exacte mesure où la guerre n’est que la
continuation de la politique par d’autres
200
INTERVIEW AVEC MICHEL-LOUIS ROUQUETTE
moyens, selon l’expression bien connue de
Clausewitz, la violence n’est que la continuation ou l’expression de la sociabilité
par d’autres voies. En d’autres termes, elle
n’est une question politique et morale que
parce qu’elle est d’abord une question
sociale. Tout le problème est de savoir si
la violence est limitée ou au contraire développée par la reconnaissance de l’autre.
J’ai bien peur que ces deux processus soient
en fait solidaires, dans une sorte de boucle
cybernétique. D’un côté la reconnaissance
conduit à offrir des garanties de réciprocité, de l’autre elle légitime le recours
à l’autorité et à la force, puisqu’il faut bien
que la reconnaissance, au moins, soit maintenue en droit. Hegel l’avait très bien vu.
Cela vaut aussi, bien entendu, pour les
relations entre les États: votre reconnaissance s’arrête en somme à ce qui peut
compromettre la mienne. La violence qui
se trouve expulsée de la cité par la reconnaissance consentie a pour contrepartie la
violence du maintien de la reconnaissance
forcée. Et on pourrait ajouter: et réciproquement. Nous ne devons donc pas être
très étonnés de voir les progrès de la reconnaissance s’accompagner d’une extension,
et presque d’une systématisation, de la
violence, en particulier dans les rapports
inter-communautaires.
S.D.: Il est banal de dire que nos sociétés connaissent aujourd’hui des changements rapides, en matière économique,
politique, relationnelle, etc. Mais c’est banal
parce que c’est vrai. De quelle manière
selon vous ces phénomènes globaux affectent-ils la vie psychique quotidienne du
citoyen?
M.-L.R.: Les moyens modernes de
communication nous incitent à confondre
l’actualité et l’histoire. Ou, ce qui revient
à peu près au même, l’événement et la
structure, la contingence et la règle. Et
c’est peut-être en cela que l’influence sur
la vie psychique individuelle est la plus
forte: dans cette modification de l’horizon
temporel, avec ce qu’elle implique en termes de limitation des capacités de compréhension. Lorsque tout est événementiel (la
guerre, le sport, la musique, les grèves,
etc.), il n’y a rien à comprendre: il suffit
de s’informer, de s’enthousiasmer ou de
s’indigner. Et plus nous sommes nombreux
à partager ces affects, plus nous avons
tendance à penser qu’ils correspondent à la
vérité. Tout se passe comme si le nombre
tenait lieu de démonstration. Paradoxalement, nous sommes alors au plus loin
de l’idéal des Lumières, de cette
Aufklärung qui devait réconcilier l’esprit
avec la réalité du monde. Le retour des
croyances, des superstitions et des passions
(y compris bien sûr les mieux intentionnées) nous incline aujourd’hui au pessimisme.
Faire l’anthropologie du monde contemporain ne signifie pas que l’on garde
l’œil rivé en permanence sur les news et
que l’on soit convaincu d’avance qu’on va
sans arrêt rencontrer du changement. Les
meilleurs spécialistes du changement, après
tout, ce sont bien par définition les historiens. Or, comme vous le savez, ils ne
perçoivent en général de changement véritable que sur la longue, voire la très longue,
durée et dans un entrelacement essentiel
avec des facteurs structuraux de continuité.
Tocqueville, par exemple, a bien montré
comment la Révolution française prolongeait à sa manière l’Ancien Régime en
matière de centralisation. La centralisation
administrative est précisément une chose
très importante dans la vie quotidienne des
citoyens. Beaucoup plus importante que
tous les discours enflammés et toutes les
exaltations. Ce n’est pas parce que
quelqu’un déclare: «Nous entrons dans un
monde nouveau», et que des tas de gens le
croient sur le moment, que nous entrons
effectivement dans un monde nouveau. Nous
ne pouvons plus être aussi naïfs après
INTERVIEW AVEC MICHEL-LOUIS ROUQUETTE
l’expérience des derniers siècles. L’obsession du changement est sans doute mauvaise
conseillère. C’est beaucoup plus intéressant de se demander pourquoi les sociétés
humaines (tout au moins celles qui s’inscrivent dans l’histoire) éprouvent périodiquement le besoin de déclarer qu’elles
ont changé ou qu’elles vont changer radicalement. Il y a là un trait de la condition
humaine et, bien entendu, un effet de circonstances ou de contexte. Nous retrouvons
ici l’inspiration même de notre discipline.
L’ambition de la psychologie sociale, me
semble-t-il, peut être de tenter de répondre
à deux exigences: d’un côté rechercher
les invariants en dehors desquels il n’est
pas de science cumulative possible, de l’autre
constituer effectivement une anthropologie
du monde contemporain comme Moscovici
l’a plusieurs fois préconisé. Ces deux
objectifs ne sont pas contradictoires; ils se
corrigent ou se compensent mutuellement.
S.D.: On constate aujourd’hui un intérêt
de plus en plus grand sur l’étude des facteurs affectifs de la pensée sociale. En introduisant le concept de «nexus» vous êtes un
précurseur de cette thématique de recherche.
Comment, selon-vous, doit-on approcher,
dans la perspective structuraliste l’étude
des nexus et ses rapports avec les représentations sociales?
M.-L.R.: En essayant d’identifier la
notion de nexus, j’ai voulu faire une place
en psychologie sociale à toute une série de
phénomènes récurrents dans l’actualité et
dans l’histoire. Une représentation sociale
est toujours à quelque degré une théorie
naïve. Elle permet d’argumenter, de raisonner, de situer et de comprendre les cas
201
particuliers. Ce n’est pas du tout ce qui se
passe avec un nexus: celui-ci s’épuise tout
entier en émotions et en images. Il n’argumente rien; il convainc d’emblée, sans
être dialectisé, avec la force de l’évidence.
Prenez le 11 septembre par exemple: on
s’attriste, on s’effraie ou on s’indigne,
certains jubilent, et tout est dit. Le 11
septembre est devenu un symbole, sans
qu’on sache exactement de quoi, et une
sorte de «mandala» émotif, comme peut
l’être un drapeau, une chanson ou, dans le
domaine privé, un jouet d’enfant que l’on
retrouve à l’âge adulte. Même si le réel est
rationnel, notre connaissance du réel ne
l’est pas complètement. Et c’est encore
plus vrai lorsqu’il s’agit de connaître la
société. Je crois que c’est une caractéristique définitoire (et donc définitive) de
l’espèce, et cela va beaucoup plus loin que
la simple idée d’«aspects affectifs» qui semble
toujours renvoyer à une sorte de contingence. Modifiez tant que vous voulez
les aspects affectifs d’une représentation,
vous ne la dénaturez pas: elle reste à peu
près ce qu’elle était, puisque son «noyau»
de cognition demeure. En revanche, le nexus
est affectif par essence, de sorte que vous
pouvez modifier ses aspects cognitifs sans
le dénaturer. Vous pouvez par exemple
montrer aux gens que leur amour ou leur
haine s’appuient sur une falsification historique, que le héros de leur cœur n’était
qu’un pauvre type, qu’ils ont été les jouets
de la propagande et ainsi de suite. Peu
importe, le nexus demeure, jusqu’à ce que
d’autres formes de pouvoir en remplacent
la légitimité.
S.D.: Je vous remercie pour vos réponses.
V. EVENIMENT
María Estela Ortega Rubí
A VII-a Conferinþã internaþionalã asupra
reprezentãrilor sociale
(Guadalajara, Jalisco, Mexic, septembrie 2004)
În perioada 10-14 septembrie, oraºul Guadalajara, statul Jalisco din Mexic, a gãzduit
cea de-a VII-a Conferinþã internaþionalã pe tema reprezentãrilor sociale. Universitatea
din Guadalajara a avut onoarea de a organiza acest important eveniment, iar mijloacele
tehnice moderne puse la dispoziþie nu au lãsat sã se piardã nici un cuvânt, idee sau gest.
Trebuie sã remarcãm contribuþia a peste 200 de participanþi, precum ºi organizarea
impecabilã a acestei manifestãri ºtiinþifice, ce a fãcut posibilã prezenþa unor personalitãþi
academice. María Auxiliadora Banchs, Angela Arruda, Ivana Marková, Annamaria de
Rosa, Denise Jodelet ºi reputatul profesor Serge Moscovici au abordat subiecte diverse
din cadrul psihologiei sociale ºi al reprezentãrilor. Dimensiunile teoretice relevante ale
gândirii sociale, semnificaþia discursului, imaginarul social, cele trei sfere ale reprezentãrilor sociale (subiectivã, intersubiectivã, trans-subiectivã) ºi importanþa lor în
studierea realitãþii sociale, alteritatea, formele de interacþiune sunt principalele subiecte
aduse în discuþie.
Conferinþa a debutat cu un omagiu emoþionant adus profesorului Serge Moscovici,
laureat al Premiului Balzan pe 2003 în psihologie socialã, `n semn de recunoºtinþã pentru
traiectoria sa academicã ºi aportul sãu în domeniul psihologiei sociale ºi al ºtiinþelor
umane. Timp de cinci zile a fost prezentat un numãr impresionant de lucrãri realizate de
cercetãtori din 21 de þãri: Portugalia, Tunisia, Franþa, Spania, Italia, Finlanda, Anglia,
Canada, Austria, Elveþia, Cehia, Brazilia, Mexic, Venezuela, Chile, Argentina, Guatemala,
Bolivia, Columbia, Cuba ºi Indonezia. Temele de interes au vizat fenomenele sociale ale
lumii actuale abordate prin prisma teoriilor reprezentãrilor sociale.
Titlul reuniunii a fost ales astfel încât sã acopere o gamã cât mai largã de subiecte de
cercetare în domeniu: „Reprezentãri sociale ºi forme de interacþiune: grupuri, comunitãþi, miºcãri sociale”. Comunicãrile au fost susþinute în cadrul simpozioanelor, al sesiunilor tematice, al meselor rotunde ºi al sesiunilor de prezentare de postere. Temele
simpozioanelor au abordat probleme sociale extrem de importante ºi de larg interes,
reunind cercetãtori din mai multe þãri. Vom prezenta un rezumat al simpozioanelor
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MARÍA ESTELA ORTEGA RUBÍ
(þãrile participante ºi un rezumat foarte scurt sau doar cuvintele-cheie) din cadrul
conferinþei:
1. „Studii internaþionale asupra reprezentãrilor sociale ale mondializãrii”: Franþa,
Portugalia, Tunisia, Mexic, Brazilia. A reunit grupul de cercetare internaþionalã a
reprezentãrilor asociate mondializãrii, consideratã o mizã socialã ºi societalã, un
obiect de dezbateri ºi polemici. Titluri precum: Reprezentãri ale mondializãrii:
ancorarea variaþiilor inter-individuale în apartenenþele naþionale; Analiza comparativã a grafurilor de similitudine asupra reprezentãrii sociale a mondializãrii în
diferite þãri; Mediul social ºi cultural sunt relevante în acest sens.
2. „Tinerii ºi problemele lor contemporane”: Brazilia ºi Franþa. Cercetãtorii au prezentat diverse teme care privesc problemele acestui segment de populaþie: sexualitatea,
viitorul, drogurile, ºtiinþa, violenþa. Sesiunea „Reprezentãri sociale, sãnãtate ºi
medicamente” (Canada ºi Franþa) este o ilustrare a unui grup de lucrãri ce pun în
relaþie reprezentãrile cu sãnãtatea ºi circulaþia medicamentelor la diferite populaþii.
3. „Reprezentãri sociale ale SIDA, abordãri diverse”: Mexic, Spania, Scoþia, Franþa.
A reunit cercetãri ce vizeazã boala, dar ºi imaginarul ce integreazã comportamente
sexuale, practici afective amoroase ºi valori.
4. „Reprezentãri sociale la actorii educaþiei superioare”: Mexic. Au fost prezentate
diverse subiecte: cercetarea, universitarii, calitatea academicã etc.
5. „Reprezentãri sociale, identitate socialã ºi subiectivitate”: Franþa, Canada,
Brazilia, Mexic. Comunicãrile au pus accentul pe modul în care reprezentãrile sociale
activeazã dinamica identitarã. A fost subliniatã importanþa contextului socioistoric ºi
biografic ºi a circuitelor afectiv-emoþionale, care constituie reþeaua de semnificaþii
subiective.
6. „Reprezentãri sociale ale masculinitãþii, realitãþi în miºcãri”: Mexic. Lucrãrile au
abordat diverse subiecte despre reprezentãrile sociale ale masculinitãþii: raporturile
de cuplu, dragostea adolescenþilor, sexualitatea ºi pornografia, transmiterea familialã
a masculinitãþii, paternitatea etc.
7. „Reprezentãri sociale, violenþã ºi excludere socialã”: Brazilia. Iatã câteva dintre
titlurile relevante: Reprezentarea socialã ºi procesul de identitate: solidaritate,
excludere ºi violenþã; Reprezentarea globalã a unei situaþii: o cale de studiere a
raporturilor dintre practici ºi reprezentãri sociale; Reprezentarea socialã a violenþei
împotriva femeilor. Simpozionul a reunit ºi preocupãrile de analizã a posibilelor
articulãri dintre procesul de elaborare a reprezentãrilor ºi procesul de categorizare
socialã: relaþiile dintre grupuri, emergenþa mecanismelor de excludere socialã,
intoleranþa ºi violenþa.
8. „Reprezentãri sociale ºi participare socialã”: Mexic, Argentina, Franþa. Simpozionul
a vizat subiecte legate de: participarea civicã în construcþia cetãþeniei, mobilizarea
colectivã, dimensiunea afectivã, reprezentarea participãrii, temporalitatea participãrii.
9. „Probleme sociale, culturi de grup ºi reprezentãri sociale”: Mexic, Franþa, Indonezia.
Subiectele de cercetare s-au referit la culturile de grup. Dintre lucrãrile prezentate menþionãm O cercetare asupra sãrãciei ºi credinþelor (mecanisme psihologice ºi
sociale), în calitatea lor de elemente structurante ale reprezentãrii sociale culturale.
Credinþele se prezintã subiecþilor ca fiind cauze necesare pentru transformarea irealã
sau magicã a realitãþii în realitate doritã. Deci, credinþele devin strategii socio-
A VII-A CONFERINÞÃ INTERNAÞIONALÃ ASUPRA REPREZENTÃRILOR SOCIALE
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cognitive pentru problemele sãrãciei. O lucrare referitoare la folosirea canabisului de
cãtre tinerii din Franþa a studiat cultura tinerilor în relaþie cu aceastã substanþã.
Modalitãþile de explicare (în termeni de motive ºi cauze) a consumului de canabis,
prezente în gândirea de bun-sim], au fost interpretate prin prisma teoriilor atribuirii
ºi reprezentãrii sociale. Un alt studiu a vizat organizarea vieþii cotidiene în cadrul
cãminului javanez ºi modul în care aceasta influenþeazã mental ºi social felul în care
oamenii integreazã viaþa modernã în cultura existentã. Abordarea acestor realitãþi
prin prisma reprezentãrilor sociale ne permite o adaptare metodologicã cât mai
adecvatã culturii asupra cãreia se realizeazã cercetarea.
10. „Produse culturale muzicale ºi reprezentãri sociale”: Brazilia, Bolivia, Argentina,
Franþa, Mexic. Cercetãrile prezentate au arãtat cã producþiile literare ºi artistice sunt
mãrturii ale reprezentãrilor împãrtãºite de societate, într-o anumitã epocã. Operele
culturale, cum ar fi, în cazul nostru, muzica, constituie un teritoriu privilegiat
pentru studierea formelor sociale ale gândirii ºi sensibilitãþii. Tema acestui simpozion
a reprezentat una dintre noutãþile cercetãrilor de la aceastã a VII-a conferinþã.
Obiectivul a fost acela de a deschide un nou câmp de reflecþie centrat pe raportul
dintre exprimarea muzicalã (modul de exprimare, formarea viziunilor asupra lumii,
sensibilitatea, identitãþile sociale ºi culturale) ºi reprezentãrile sociale.
11. „În limitele reprezentãrilor”: dorinþe, norme ºi semnificaþii: Canada, Portugalia,
Franþa, Brazilia.
12. „Reprezentãri sociale ale culorii pielii umane în Mexic”: Mexic. Subiectele au vizat
discriminarea, geneza complexului social, stereotipurile, prejudecãþile etc.
13. „Imaginarul latino-american ºi reprezentãrile sociale”: Brazilia, Mexic, Venezuela.
Au fost subliniate: importanþa imaginilor în viaþa cotidianã, dimensiunile temporale
ºi afective prezente în construcþia gândirii sociale. Prin lucrãrile prezentate, simpozionul contribuie la înþelegerea dinamicii procesului de schimbarea a gândirii
sociale.
14. „Reprezentãrile sociale ºi istoria mentalitãþilor”: Mexic, Spania. A concretizat
preocupãrile cercetãtorilor pentru istorie; construcþia identitãþii; reprezentãri sociale
ale raportului de cuplu, în calitatea lor de reprezentãri instituþionalizate.
15. „Criza maladiei vacii nebune, comunicare ºi reprezentãri sociale”: Franþa. Subiectele abordate se referã la: comunicare, dialoguri, ºtiinþã ºi bun-sim], drumul de la
agentul patogen la vaca „nebunã”, legãturi între carnea de vitã ºi boal㠖 o gândire
magicã.
16. „Violenþã ºi excludere socialã. Reprezentãrile sociale ale violenþei la adolescenþii ºi
profesorii de nivel social mediu”: Mexic.
Chiar dacã este imposibil sã rezumãm în câteva pagini o conferinþã de asemenea
amploarea, am putut totuºi sã vã oferim o imagine asupra diverselor subiectele sociale
abordate în interesul reprezentãrilor sociale.
Vom face ºi o scurtã prezentare a celorlalte forme de activitãþi desfãºurate în cadrul
conferinþei: sesiunile tematice, mesele rotunde ºi sesiunile de prezentare de postere (cifrele
romane indicã numãrul de grupe care au prezentat lucrãri pe aceeaºi temã).
1. Cunoaºtere ºi credinþe (I): gândire narativã, funcþie epistemicã, SIDA, credinþe ºi
cunoaºtere.
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MARÍA ESTELA ORTEGA RUBÍ
2. Metodologie (I, II): metafore ºi metonimii, scheme de semnificaþie Alceste, matricea
de analizã a planurilor imaginare, hãrþile mentale, analiza de similitudine, analiza de
conþinut.
3. Educaþie (I, II, III, IV, V, VI, VII, VIII): rolul de profesor ºi cercetãtor, eºecul
ºcolar, practici de învãþãmânt, studenþi, muncã ºi educaþie, violenþã, norme ºcolare,
interacþiune pedagogicã, sexualitate, perspectiva viitorului, impactul ºtiinþific, identitatea profesionalã, cultura universitarã, sistemul educativ, stereotipurile de gen.
4. Social (I, II, III, IV, V, VI): sãnãtate, identitate naþionalã, sãrãcie, integrare ºi
schimbare de atitudine, imaginarul social, memoria socialã, conceptul de societate,
stereotipuri ºi prejudecãþi, imigrare, comunitãþi indigene, drepturile omului, naþionalitate, convivialitate culturalã.
5. Tehnologii (I): Internetul.
6. Sãnãtate (I, II, III, IV, V): relaþia medic-pacient, corpul, sãnãtatea publicã,
îmbãtrânirea, dezvoltarea umanã, sãnãtatea femeii, stilurile de viaþã, drogurile,
sexualitatea, bolile ºi tratamentele medicale, construcþia socialã a obiºnuinþelor de
hranã, nutriþia, credinþele, identitatea profesionalã ºi sentimentul propriei capacitãþi,
sãnãtatea mentalã, nebunia, politicile sociale.
7. Sport (I): practicanþi ºi nonpracticanþi, asociaþii sportive, grup\ri sportive.
8. Justiþie (I, II): injustiþie, justiþie socialã, poliþia ºi meseria, violenþa, insecuritatea
cetãþenilor, corupþia politicã, puºcãria, limbaje ºi contexte judiciare, minorii infractori.
9. Politicã (I, II, III, IV, V): corupþia, practici culturale, puterea, participarea,
scandaluri politice mediatizate, scenarii sociopolitice, miºcãri sociale, memorie
colectivã, conflictele politice ºi medierea lor, sãrãcia ºi politicile sociale, democraþia,
globalizarea, guvernarea.
10. Comunicare (I): mass-media, foiletonul, informare ºi comunicare tehnologicã,
Internetul, schimbarea culturalã, inovaþiile tehnologice.
11. Muncã (I): vârsta ºi slujba, autoritatea, ºomajul în rândul tinerilor ºi al femeilor,
piaþa locurilor de muncã.
12. Ecologie (I): conservarea mediului, apa.
13. Gen (I, II): masculinitate, feminitate, naþionalismul ºi genul, violenþa domesticã,
dragostea ºi cuplul, diferenþe de sex ºi practici familiale, delincvenþa la femei ºi
bãrbaþi, genul ºi alcoolismul, participarea, familia ºi schimbarea femeilor.
Din acest rezumat putem sesiza importanþa pe care o capãtã în prezent subiectul
educaþiei, aspectele sociale, politica ºi sãnãtatea, domenii ce au reunit un numãr mai
mare de cercetãri. Deducem, de asemenea, cã aceste subiecte au o prioritate mai mare
în þãrile latino-americane.
Am realizat aceastã prezentare la sugestia profesorului Adrian Neculau, cu scopul de
a-i informa pe cei care, din cauza distanþei geografice mari, nu au putut fi prezenþi la
acest eveniment ºtiinþific, a VII-a Conferinþã internaþionalã asupra reprezentãrilor
sociale. Rezumatul se adreseazã celor interesaþi de cunoaºterea problematicilor sociale,
devenite prioritare în aceastã parte a lumii, unde au fost abordate subiecte de cercetare
de actualitate în domeniul teoriei reprezentãrilor sociale. Sper sã fi reuºit sã rãspundem
aºteptãrilor lor.
Traducere de Versavia Curelaru
Stéphanie Baggio1, Andreea Gruev-Vintilã
Al V-lea Congres Internaþional de Psihologie în limba
francezã (Lausanne, 1-4 septembrie 2004)
Acest congres a fost organizat de cãtre ADRIPS (Association pour la Diffusion de la
Recherche Internationale en Psychologie Sociale) ºi a avut un dublu obiectiv: prezentarea lucrãrilor recente în psihologia socialã ºi favorizarea întâlnirii cercetãtorilor
interesaþi de acest domeniu.
În ceea ce priveºte cel de-al doilea aspect, obiectivul a fost atins, deoarece peste 300
de cercetãtori provenind din 50 de þãri au participat la congres. Între acestea enumerãm
Statele Unite, Canada, Algeria, Tunisia ºi chiar Camerun, þãri din Europa, [i Franþa, ce
a fost chiar „suprareprezentatã”.
Mai mult de 230 de intervenþii s-au succedat în cele patru zile, fiind repartizate în 23
de simpozioane ºi 23 de sesiuni tematice, la acestea adãugându-se ºi conferinþele în plen.
Marile teme ale psihologiei sociale au fãcut obiectul a numeroase intervenþii: grupul
(reper pentru validarea cunoºtinþelor ºi a conduitelor noastre, reper pentru raþionament
ºi evaluare, optimism comparativ), influenþa socialã (persuasiune, rezistenþã), stereotipuri (teoria lui Steele, stereotipuri de gen), comunicarea (comunicarea nonverbalã,
discurs ºi reprezentãri sociale, prevenþie), cultura (credinþe, excludere socialã, interculturalitate), reprezentãri sociale (abordarea structuralã, dinamicã), disonanþa cognitivã
(apariþia ºi reducerea disonanþei, teoria angajamentului, comunicarea angajantã), atribuirea (atribuiri cauzale, atribuirea responsabilitãþii), psihologia socialã a dezvoltãrii
(parcursul ºcolar, socializare, culturã) etc.
ªi în jurul altor teme s-au organizat intervenþii: puterea, valorile, normele, memoria
colectivã, emoþiile, viaþa politicã, evaluarea competenþelor, sãnãtatea... De asemenea,
anumite intervenþii s-au raportat la teme actuale ca terorismul, Europa (identitatea sa,
moneda), violenþa ºi agresivitatea (reprezentãri ºi practici, sentimentul de insecuritate,
comportamentele de risc) sau de mediu (riscuri colective). În sfârºit, un ultim simpozion
a evocat evoluþia propriu-zisã a disciplinei.
România a fost prezentã în mai multe sesiuni, fie prin tema abordatã, fie prin
originea cercetãtorilor. Sesiunea relativã la Europa a inclus comunicarea Lucianei
Rãduþ (Universitatea din Bucureºti ºi Universitatea Paris 5) „Euro, viza pentru Vest.
1. Universitatea Paris 5, Franþa.
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STÉPHANIE BAGGIO, ANDREEA GRUEV-VINTILÃ
Reprezetãrile integrãrii europene”, care s-a aplecat asupra felului în care se combinã
discursul despre moneda europeanã ºi despre Europa: ambele trimit, de fapt, la
integrarea României în Uniunea Europeanã. Autoarea afirmã cã discursurile declinã
poziþionãri sociale precise, ºi anume cele ale partizanilor ºi oponenþilor Uniunii, care se
confruntã prin intermediul unei teme anexe – în speþã, economia. Cu toate acestea,
conceptele de dihotomie ºi de dualitate arat\ articularea culturalã ºi istoricã, obligatoriu
grefatã pe dimensiunile politice ºi economice.
Cercetarea propusã de Didier Truchot ºi Ruxandra Kmiec-Bardu (Universitatea din
Reims) în cadrul sesiunii „Convingeri ºi culturi” s-a intitulat „Echitatea perceputã ºi
burnout la medicii francezi ºi români. O analizã exploratorie”. Autorii analizeazã
fenomenul de burnout (faza ultimã a stresului profesional definitã ca stare de epuizare,
depersonalizare ºi lipsa împlinirii personale) invocând diferenþele culturale între percepþia
muncii ºi a conceptelor asociate în Franþa ºi România: variabile presupuse explicative,
ca de exemplu, motivaþia, valorizarea reuºitei profesionale ºi controlul individului
asupra propriei activitãþi sunt toate mai ridicate în Franþa. Rezultatele confirmã ipoteza
autorilor cã, la sarcinã de lucru egalã, fenomenul de burnout apare mai pregnant în
Franþa. Variabila „echitate” (faptul cã investiþia individului, ca timp ºi energie, este
egalã cu ceea ce câºtigã, ca recunoaºtere, stimã de sine etc.) influenþeazã burnout-ul în
mod diferit, în funcþie de culturã (francezã sau românã).
În sfârºit, Miruna Radu a semnat alãturi de Gaëlle Diligeart ºi Claude Chabrol
(Universitatea Paris III) comunicarea „Imaginea: argument ascuns ºi generator de
emoþii în interacþiune cu limbajul”, care a analizat impactul unei publicitãþi pentru
produse cosmetice feminine. Rezultatele lor aratã cã efectul strategiilor iconice de
comparaþie socialã asupra intenþiei comportamentale este legat de schimbarea convingerilor femeilor destinatare cu privire la propria lor eficacitate, obiectivã ºi subiectivã
(autoeficacitate). Autorii trag concluzia cã impactul publicitãþii studiate depinde de
gradul de implicare personalã a destinatarelor ºi de cadrarea (pozitivã vs. negativã) a
mesajului publicitar.
Cercetarea „Efectele implicãrii asupra reprezentãrilor sociale ale riscurilor colective.
Cazul riscului seismic. O comparaþie între Franþa ºi România” comunicatã de Andreea
Gruev-Vintilã la sesiunea „Reprezentãri sociale” este detaliatã în acest numãr al revistei.
Reprezentãrile sociale au fãcut obiectul a douã simpozioane ºi trei sesiuni. Aceastã
tematicã este o prezenþã constantã, chiar în creºtere în raport cu congresele anterioare
(douã simpozioane ºi douã sesiuni tematice la Atena în 2002, trei simpozioane ºi o
sesiune tematicã la Valencia în 2000). Majoritatea intervenþiilor s-au înscris în cadrul
abordãrii structurale, ceea ce aratã importanþa ºi pertinenþa acestei direcþii în câmpul
reprezentãrilor sociale.
Primul simpozion, „Perspectiva experimentalã asupra reprezentãrilor sociale ºi a
raporturilor de comunicare”, a constituit, din câte [tim, prima manifestare explicitã
într-un congres ADRIPS a interesului pentru situarea reprezentãrilor sociale în sânul
raporturilor de comunicare ce le constituie. Comunicãrile prezentate poartã amprenta
ºcolii structurale ºi au vizat: (1) specificarea condiþiilor în care un raport de influenþã
genereazã transformarea structurii unei reprezentãri în funcþie de suportul numeric ºi
apartenenþa socialã a sursei (Lionel Souchet, Colomba Codaccioni ºi Eric Tafani),
precum ºi a naturii relaþiilor în care se înscrie un astfel de raport de influenþã (Gabriel
Mugny ºi Alain Quiamzade); (2) felul în care statutul destinatarului unei comunicãri
AL V-LEA CONGRES INTERNAÞIONAL DE PSIHOLOGIE ÎN LIMBA FRANCEZÃ
211
poate afecta structura reprezentãrii sociale exprimate (Pascal Moliner ºi Patrick Rateau;
ºi (3) procesele cognitive implicate în procesarea ºi difuzarea unui mesaj în funcþie de
implicarea subiecþilor-þintã (Bénédicte Marfaing, Christian Guimelli ºi Eric Tafani).
Intervenþia „Variaþiuni în exprimarea reprezentãrii sociale a muncii” propusã de
Pascal Moliner ºi Patrick Rateau (Universitatea Montpellier III) a abordat chestiunea
raporturilor de comunicare plasând subiecþii nu în poziþie de destinatar, ci de emiþãtor al
comunicãrii. Rezultatele aratã cã indivizii pot construi strategii de autoprezentare în
funcþie de felul în care exprimã o anumitã reprezentare socialã ºi cã aceste strategii
depind de imaginea lor despre destinatarii mesajului ºi despre aºteptãrile normative pe
care i le atribuie. Comentând rezultatele, autorii subliniazã cã felul în care se exprimã
reprezentãrile sociale denotã o anume clarviziune ºi plasticitate normativã ce confirmã
funcþia lor adaptativã.
De exemplu, comunicarea „Implicarea, emoþia, procesarea ºi difuzarea unui mesaj:
cercetarea experimentalã a zvonurilor” propusã de Bénédicte Marfaing, Christian Guimelli
ºi Eric Tafani (Universitatea din Aix-en-Provence) a insistat asupra funcþiei identitare a
reprezentãrilor sociale. Autorii au studiat felul în care indivizii proceseazã informaþiile
primite ºi le transformã pe baza propriului sistem de reprezentãri sociale înainte de a le
transmite unui terþ. Experienþa lor aratã cã transformãrile semantice pe care le opereazã
indivizii rãspund unor logici sociale ce vizeazã în special menþinerea unei imagini
pozitive a propriului grup. Din acest punct de vedere, autorii insistã asupra rolului
preponderent al implicãrii asupra felului în care structura ºi conþinutul mesajului sunt
procesate ºi asupra consecinþelor implicãrii asupra intenþiilor comportamentale ºi asupra
comportamentelor efective.
Cercetarea „Différenciation catégorielle et norme de désirabilité dans la dynamique
structurale des représentations sociales” propusã de Patrick Rateau s-a aplecat asupra
variaþiunilor structurale ale câmpului reprezentaþional ºi a reglãrilor sociale din interiorul
acestui câmp. Autorul a aplicat succesiv douã chestionare de centralitate la douã grupuri
de subiecþi masculini heterosexuali privind reprezentarea cuplurilor heterosexuale ºi
homosexuale, ordinea de prezentare fiind inversatã pentru cele douã grupuri. În absenþa
comparaþiei explicite (prima evaluare) nu se observã o diferenþã majorã între cele douã
reprezentãri. Dimpotrivã, asistãm la o accentuare a caracteristicilor specifice celor douã
categorii în situaþie de contrast (a doua evaluare). Patrick Rateau face astfel legãtura
între dinamica structuralã a câmpului reprezentaþional ºi jocurile identitare mobilizate de
raporturile sociale în care sunt inseraþi indivizii, pe de o parte, ºi, pe de altã parte, de
norma de dezirabilitate socialã care îi face sã mascheze (sau sã nu manifeste) anumite
zone ale câmpului reprezentaþional („zonele mute”).
Intervenþia lui Pascal Moliner „La fonction génératrice du noyau central des représentations sociales” a abordat capacitatea nucleului central de a determina semnificaþia
sistemului periferic al reprezentãrii sociale. În acest scop, el a testat semnificaþia
elementelor centrale ºi periferice în funcþie de însoþirea lor cu alte elemente centrale sau
periferice. A arãtat astfel cã semnificaþia unui element central poate fi modulatã atunci
când este însoþit de unul periferic, în timp ce semnificaþia unui element periferic nu este
afectatã de prezenþa unui element central. Aceste rezultate pun în discuþie funcþia
generativã a nucleului central al reprezentãrii sociale.
Comunicarea „Éffets de site dans la représentation sociale d’un risque collectif: le
cas de l’inondation” prezentatã de Stéphanie Baggio s-a referit la efectul de percepþie a
aproprierii de risc asupra reprezentãrii sociale a inundaþiei. Rezultatele asociaþiei libere
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STÉPHANIE BAGGIO, ANDREEA GRUEV-VINTILÃ
la cuvântul inductor „inundaþie” aratã cã într-o zonã cu tendinþe de creºtere a nivelului
apelor, anumite elemente aparþinând sistemului periferic diferã. Subiecþii care cred cã
trãiesc într-o zonã de risc au tendinþa de a fi mai evaluativi (pericol, dezastru, neputinþã),
în timp ce ceilalþi care cred cã trãiesc într-o zonã cu risc redus descriu mai degrabã
inundaþia (creºterea nivelului apelor, revãrsare, nãmol).
În sfârºit, un simpozion cu o pertinenþã socialã incontestabilã a fost propus de
Christian Guimelli ºi Stamos Papastamou: „Perspective psihosociale asupra terorismului”. Comunicarea „Precis cã este terorist… ªi totuºi…” propusã de Thomas
Arciszewski ºi Ewa Drozda Senkowska (Universitatea Paris 5) a arãtat cã raþionamentele
categoriale despre teroriºti sunt modulate de un context specific ce poartã amprenta unei
ameninþãri puternice. Cercetarea lui Juan-Manuel Falomir et al. (Universitatea din
Geneva), „Percepþia legitimitãþii unei agresiuni în funcþie de organizarea democraticã
sau nedemocraticã a grupurilor”, a vizat factorii ce intervin în perceperea legitimitãþii
unei agresiuni teroriste din perspectiva tradiþionalã a psihologiei sociale asupra determinanþilor agresiunii ºi a voinþei de „pedeapsã colectivã”. În sfârºit, comunicarea „11
septembrie 2001. Efecte asupra conþinutului semantic al reprezentãrilor sociale ale
insecuritãþii” prezentatã de Christian Guimelli ºi Jean-Claude Deschamps (Unversitatea
din Lausanne) a pus în evidenþã faptul cã reprezentarea socialã a insecuritãþii prezintã
elementele stabile (înainte ºi dupã atacul asupra World Trade Center din septembrie
2001) ºi elemente ce nu apar decât în context specific. Autorii au examinat, de asemenea,
natura ºi intensitatea emoþiilor asociate acestei reprezentãri, înainte ºi dupã atacul terorist.
Simpozionul „Teme uitate, stele cãzute ºi comori ascunse” propus de Ewa Drozda
Senkowska ºi Michel-Louis Rouquette (Universitatea Paris 5) a permis (probabil singura
ocazie recentã) reflecþia colectivã asupra evoluþiei psihologiei sociale. Participanþii care
au putut asista la acest simpozion nu sunt gata sã uite nici prezenþa în aceeaºi salã a Ewei
Drozda Senkowska, a lui Dominique Oberlé, Pierre de Visscher, Michel-Louis Rouquette,
Robert-Vincent Joulé ºi Gabriel Moser printre alte nume de rezonanþã în actualitatea
disciplinei (ºi probabil în istoria ei) ºi nici perspectiva în care s-a desfãºurat acest
simpozion. El nu s-a vrut, spun autorii, nici informativ, nici prescriptiv, ci o ocazie de
reflecþie colectivã ºi schimb de idei asupra unor teme care par apuse. În fond, se întreabã
Ewa Drozda Senkowska ºi Michel-Louis Rouquette, ce îºi aminteºte, ce a uitat, ce
ascunde ºi ce expune aceastã psihologie socialã ai cãrei actori suntem?
Trei dintre cele cinci comunicãri ale simpozionului au abordat chestiunea formaþiunilor colective (grupul, mulþimea etc.). Pierre de Visscher aratã cum, rãtãcind
constructul de „dinamica grupurilor restrânse”, am rãtãcit ºi ideea scumpã lui Lewin de
a asocia perspectiva experimentalã ºi cea experienþialã. Dominique Oberlé ºi Ewa
Drozda Senkowska au discutat locul rezervat distincþiei între dimensiunea operatorie ºi
cea relaþionalã în studiile asupra grupului, ºi mai ales cel rezervat climatului social, un
concept care, deºi vag, rãmâne evocator ºi cu toate acestea a dispãrut atât din cercetãri,
cât ºi din manuale. Michel-Louis Rouquette a abordat unul dintre subiectele lui preferate,
mulþimile, ºi a propus o discuþie asupra motivelor instituþionale ºi epistemologice ce au
dus la abandonarea acestei teme tradiþionale a psihologiei sociale. Robert-Vincent Joulé
a ridicat spinoasa întrebare a slabei recunoaºteri ºi difuzãri a disciplinei noastre în
spaþiul public, care se lovesc de obstacolul major al acceptabilitãþii sociale a discursurilor
AL V-LEA CONGRES INTERNAÞIONAL DE PSIHOLOGIE ÎN LIMBA FRANCEZÃ
213
noastre. La rândul lui, Gabriel Moser s-a referit la statutul ambiguu al noþiunii de
aplicare a psihologiei sociale ºi a examinat consecinþele ei epistemologice ºi practice.
Al V-ea Congres Internaþional de Psihologie Socialã în Limba Francezã a permis
aºadar prezentarea unui numãr remarcabil de cercetãri actuale desfãºurate în câmpul
psihologiei sociale, ca ºi promovarea schimbului între cercetãtorii ce lucreazã pe anumite
tematici. În absenþa reflecþiilor colective, aceastã diversitate naºte însã ºi întrebãri. Una
dintre ele, sugeratã în filigran, a pãrut sã caute cu tenacitate un rãspuns: este psihologia
socialã o ºtiinþã cumulativã sau una a eternului început?
N.B. O parte dintre rezumatele comunicãrilor au fost preluate din Actele celui de-al
V-lea Congres Internaþional de Psihologie Socialã în Limba Francezã, Lausanne, 1-4
septembrie 2004.
VI. RECENZII
Jean-Claude Abric (coord.), Méthodes d’étude des
représentations sociales, Éditions Éres, Ramonville
Saint-Agne, 2003
Prin intermediul volumului de faþã, în care Jean-Claude Abric îºi asumã rolul de
coordonator1, directorul Laboratorului de Psihologie Socialã din Aix-en-Provence focalizeazã din nou interesul publicului asupra domeniului controversat al reprezentãrilor
sociale ºi readuce în prim-plan o serie de nume de referinþã în psihologia socialã (Claude
Flament, cãruia îi este dedicatã cartea, Annamaria Silvana de Rosa, Alain Clémence,
Jean-Claude Deschamps etc.), precum ºi tineri specialiºti ce manifestã interes pentru
acest domeniu de cercetare.
Lucrarea care se recomandã, la o primã vedere, ca un manual pentru uzul cercetãtorilor debutanþi, poate fi privitã, într-o perspectivã mult mai amplã, ca o operã de
promovare a unor metode „noi” de culegere ºi analizã a datelor (de exemplu, metoda
triangulaþiei, analiza zonei mute a nodului central etc.), fãrã ca metodele mai „vechi”
(schemele cognitive de bazã, reþeaua de asociaþii etc.) sã-ºi piardã din importanþã ºi
pondere. „Vechi” ºi „nou” în acest context nu se refer\ atât la data apariþiei, c^t mai
degrabã la atestarea lor ca metode de cercetare valide în domeniul reprezentãrilor sociale.
Deschisã mai multor curente teoretice pe linia iniþiatã de cercetãrile lui Serge
Moscovici, lucrarea este atât pedagogicã, cât ºi practicã, fiind ilustrativã pentru cercetãrile în curs din acest domeniu. Expunerile fiecãrei tehnici sau metode sînt clare,
didactice (ceea ce trãdeazã formaþia majoritãþii autorilor) ºi adesea urmate de exemple
culese din cercetãri reale de teren, fapt ce dã posibilitatea celor care doresc sã realizeze
un studiu de specialitate sã aleagã metoda optimã.
Împãrþirea judicioasã a volumului în douã secþiuni preponderent teoretice „Problematici ºi tehnici de culegere a datelor, Metode de analizã a datelor pentru studierea
reprezentãrilor sociale” ºi o parte practic㠄Abordarea experimentalã”, îl face sã fie
uºor de folosit de cãtre cei interesaþi de metodele de culegere a reprezentãrilor sociale,
respectiv de metodele de analizã a datelor.
În timp ce prima parte se focalizeazã pe teoriile construite în jurul diferitelor metode
propuse în ultimele decenii, cea de a doua se axeazã pe prezentarea unor programe
informatice, extrem de utile în confirmarea sau infirmarea prin analiza cantitativã ºi
1. Dupã Exclusion sociale, insertion et prévention, Éditions Éres, Ramonville Saint-Agne, 1996
(ediþia a II-a 2003).
PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale
218
RECENZII
calitativã a datelor obþinute. Bine folosite, programele informatice de analizã textualã
sînt cu adevãrat preþioase pentru analiza componentelor lingvistice a reprezentãrilor
sociale sau, dupã cum scrie Kalampakis, pot da o idee despre „puterea simbolicã a
limbajului reprezentãrilor sociale” (p. 150). Ca exemplu, autorul sus-menþionat ne
introduce în metoda Alceste, explicatã pe larg, cu convingerea cã aceasta reprezintã
unul dintre modelele analitice care îl poate ajuta pe psihologul social sã depãºeascã
dificultãþile legate de analiza textualã ºi discursivã.
Contribuþia lui Jean-Claude Abric este reprezentativã pentru întreaga lucrare (ce se
constituie într-o încercare de diagnozã a teoriilor ºi metodelor în domeniu), înglobând o
trecere în revistã a metodelor „clasice” de culegere a datelor (evocarea ierarhizatã
lansatã de Pierre Vergès, chestionarul de caracterizare folosit pentru prima datã de
Claude Flament, o serie de metode de verificare a centralitãþii etc.) ºi adãugând, în
contextul mai larg reprezentat de teoria nodului central (în care autorul este unul dintre
cei mai reputaþi specialiºti2), un nou concept, ºi anume cel al zonei mute a reprezentãrii3.
Pentru a delimita acest concept, Abric atrage atenþia asupra faptului cã, în marea lor
majoritate, studiile dedicate reprezentãrilor sociale – chestionare, sondaje de opinie,
cercetãri legate de climatul social etc. – se bazeazã pe producþiile verbale ale subiecþilor,
fie ei grupuri sau indivizi (fapt valabil ºi pentru alte domenii ale ºtiinþelor sociale). În
acest caz, revine în discuþie întrebarea clasicã deja: persoanele pe care le interogãm
spun sau nu (tot) ceea ce gândesc? Rezultã clar din concluziile anumitor cercetãri (de
exemplu, sondajele premergãtoare alegerilor) cã nu întotdeauna subiecþii sînt sinceri în
faþa anchetatorului/anchetatorilor, ºi cu atât mai puþin în situaþii despre care intuiesc cã
ar putea oferi o imagine negativã despre ei. Aºa ia naºtere zona mutã a reprezentãrii,
definitã de Abric ca fiind „un subansamblu specific de credinþe sau de cogniþii care, deºi
existã, nu sînt exprimate de cãtre subiect în condiþii normale, dar, dacã ar fi exprimate,
ar putea pune în discuþie valorile morale sau normele valorizate de grupul de apartenenþã”
(pp. 58-59). Zona mutã este aºadar constituitã din elemente ale reprezentãrii ce nu pot
fi obþinute de la subiect prin metodele clasice de culegere a datelor. Ele pot fi puse în
evidenþã, în schimb, cu ajutorul unor tehnici speciale, cum ar fi: obþinerea conþinutului
explicit al reprezentãrii, cercetarea zonei mute, cercetarea structurii reprezentãrii ºi a
nucleului central, controlul centralitãþii etc.
Oferind un model de respectare strictã a metodologiei pentru validarea teoriilor
existente, lucrarea lanseazã cercetãtorilor provocarea de a-ºi crea propriile instrumente
de analizã a datelor, în vederea unei înþelegeri din ce în ce mai subtile a gândirii ºi
practicilor sociale.
Florin Botoºineanu4
2. Vezi, între altele, studiile „L’artisan et l’artisanat: analyse du contenu et de la structure d’une
représentation sociale”, Bulletin de Psychologie, XXXVII, nr. 366, 1984, pp. 861-875,
respectiv „L’organisation interne des représentations sociales: système central et système
périphérique”, în C. Guimelli (ed.), Structures et transformations des représentations sociales,
Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, 1994, pp. 73-84.
3. Definitã pentru prima oarã în C. Guimelli ºi J.-C. Deschamps, „Effects de contexte sur la
production d’association verbales: le cas des représentations sociales des Gitans”, Cahiers
internationaux de psychologie sociale, nr. 47-48, 3-4, 2000, pp. 44-54.
4. Doctorand în Psihologie socialã, Laboratorul „Psihologia câmpului social”, Universitatea
„Al.I. Cuza”, Iaºi.
Ivana Marková, Dialogistica ºi reprezentãrile sociale,
Editura Polirom, Iaºi, 2003
Publicatã la Cambridge University Press ºi aproape simultan la Editura Polirom din Iaºi,
cartea Ivanei Marková Dialogistica ºi reprezentãrile sociale propune o teorie a cunoaºterii sociale fondatã pe dialogisticã ºi pe teoria reprezentãrilor sociale. Lucrarea are
ºapte capitole: (1) Schimbarea, o problemã epistemologicã pentru psihologia socialã;
(2) Gândirea ºi antinomiile; (3) Antinomiile lingvistice ºi dialogice; (4) Gândind cu
voce tare; (5) Vechi ºi nou în reprezentãrile sociale; (6) Triadele dialogice ºi procesele
cu trei componente; (7) Cum înþelegem themata ºi cum generãm reprezentãri sociale.
Concluzie: reprezentãrile sociale ºi dialogistica.
Ivana Marková susþine douã idei:
– dialogistica este o condiþie sine qua non a gândirii umane;
– schimbarea, ºi nu stabilitatea, se aflã în centrul tuturor fenomenelor sociale.
Potrivit definiþiei date de autoare în aceastã lucrare, dialogistica este capacitatea
gândirii umane de a concepe ºi comunica realitatea socialã în relaþie sau în opoziþie cu
Celãlalt. Dezvoltarea ei consubstanþialã cu istoria ºi cultura în decursul filogenezei
autorizeazã afirmaþia potrivit cãreia gândirea umanã nu se limiteazã la sistemul biologic
al individului, ci include dialogistica. De aici rezultã ipoteza fundamentalã a Ivanei
Marková: dialogistica este cea care genereazã gândirea ºi limbajul.
Teoria cunoaºterii propusã de Ivana Marková are ca punct de plecare capacitatea
organismelor vii de a face distincþii, aptitudine esenþialã pentru percepþie ºi trãsãturã
fundamentalã a inteligenþei. Autoarea face legãtura între capacitatea de a discrimina ºi
aceea de a gândi în polaritãþi ºi antinomii ºi propune ipoteza potrivit cãreia Ego-Alter
constituie ontologia gândirii umane.
Pentru a argumenta cã dialogistica este o condiþie sine qua non a gândirii umane,
Ivana Marková depãºeºte cadrul psihologiei sociale. Autoarea convoacã filosofia, antropologia, lingvistica ºi studiile culturale, identificã gândirea antinomicã ºi conceptul de
schimbare în decursul istoriei. Aceste repere o conduc la teoria reprezentãrilor sociale
formulatã de Serge Moscovici, care îi oferã cadrul teoretic pentru conexarea dialogisticii
ºi gândirii sociale.
Într-adevãr, în calitate de teorie a cunoaºterii sociale, teoria reprezentãrilor sociale
fondatã pe dialogisticã pleacã de la presupunerea c㠄gândirea socialã ºi limbajul sunt
fenomene în schimbare, ºi cã diferitele tipuri de cunoaºtere socialã coexistã în
PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale
220
RECENZII
comunicare”. În consecinþã, ºi aici este noutatea majorã introdusã de lucrarea Ivanei
Marková, cunoaºterea socialã se fondeazã pe schimbare, ºi nu pe stabilitate.
Totuºi, observã autoarea, statutul teoretic al conceptelor de stabilitate ºi schimbare
este asimetric: teoriile cunoaºterii sociale pun în evidenþã mai degrabã stabilitatea decât
schimbarea. Or, dacã gândirea socialã ºi limbajul sunt într-adevãr fenomene dinamice,
atunci conceptele de stabilitate ºi schimbare îi ridicã psihologiei sociale o problemã
epistemologicã de rezolvat.
Ivana Marková urmãreºte gândirea antinomicã la grecii ºi chinezii antici, în Renaºtere,
la Kant, Hegel, Jung, Freud, Humboldt, Saussure ºi la membrii cercului lingvistic de la
Praga. Autoarea analizeazã întâi câteva antinomii remarcabile, de exemplu anistoric/
istoric ºi social/individual. Apoi abordeazã pe larg antinomia Ego-Alter în calitatea ei de
fundament al dialogului, pe care o presupune nãscutã din gândirea comunã (socialã) ºi legatã
de teoria reprezentãrilor sociale. Astfel, din perspectiva dialecticã ºi dialogicã asupra reprezentãrilor sociale, cunoaºterea socialã rezultã din conflictul între tendinþele contrarii ºi
interdependente, de exemplu stabilitatea ºi schimbarea, sau Ego-Alter. Or, simþul comun,
schimbarea ºi dialogistica fac parte din resursele teoretice ale teoriei reprezentãrilor sociale.
Într-adevãr, spre deosebire de perspectiva actualã în psihologia socialã care considerã
individualul ºi socialul ca unitãþi distincte, teoria reprezentãrilor sociale pleacã de la
ipoteza conform cãreia cunoaºterea socialã se bazeazã pe interdependenþa cuplului
Ego-Alter. Astfel, în calitate de teorie a cunoaºterii sociale, teoria reprezentãrilor sociale
se bazeazã pe triunghiul Ego-Alter-Obiect (sau reprezentare). Acest triunghi propus de
Serge Moscovici ca unitate de bazã a cunoaºterii sociale este o structurã dinamicã, ºi
aceasta datoritã tensiunii ºi conflictelor ce apar între Ego ºi Alter, explicã Ivana Marková.
În consecinþã, trecerea de la epistemologiile stabilitãþii la cele ale dinamicii poate fi
realizatã prin intermediul teoriei reprezentãrilor sociale.
Dacã Ivana Marková se referã întâi la teoria reprezentãrilor sociale în calitate de
teorie a cunoaºterii sociale, a doua semnificaþie a acestei teorii vizeazã în mod specific
cercetarea ºi explicarea fenomenelor sociale tematizate în discursul public. Conþinuturile
structurate ale reprezentãrilor sociale sunt generate plecând de la antinomii culturale ºi
interdependente ce devin problematice în momentul în care sunt întrunite anumite
condiþii sociale. În acest caz, antinomiile respective devin themata. Printre aceste
themata, cele care derivã din antinomia Ego-Alter (de exemplu, moralitate/imoralitate,
libertate/opresiune etc.) „genereazã reprezentãri sociale esenþiale pentru supravieþuirea
ºi dezvoltarea umanitãþii”, afirmã Ivana Marková. Autoarea conferã conceptului de
themata statutul de concept principal al teoriei reprezentãrilor sociale.
Unul dintre numeroasele aporturi originale ale acestei lucrãri este ilustrarea argumentelor expuse prin studii realizate în þãrile fostei Europe de Est. Dacã Serge Moscovici
spune cã originile teoriilor sale asupra reprezentãrilor sociale ºi teoriei minoritãþilor
active trebuie cãutate în experienþa sa româneascã (Moscovici ºi Marková, 2000), poate
cã nu este anodin faptul cã Ivana Marková, psiholog social scoþian de origine cehã,
situeazã schimbarea în centrul tuturor fenomenelor sociale ºi afirmã cã dialogistica este
o condiþie sine qua non a gândirii.
Apropierea reuºitã între dialog, cunoaºtere socialã ºi teoria reprezentãrilor sociale
face din cartea Ivanei Marková o contribuþie importantã pentru psihologia socialã ºi
pentru studiile asupra comunicãrii.
Andreea Gruev-Vintilã
Pascal Moliner, Patrick Rateau, Valérie Cohen-Scali,
Les représentations sociales: Pratique des études
de terrain, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 2002
Preocuparea continuã pentru domeniul reprezentãrilor sociale este demonstratã prin
apariþia de noi cãrþi, studii publicate în revistele de specialitate, organizarea de conferinþe
naþionale ºi internaþionale în care sunt dezbãtute aspectele teoretice, metodologice ºi
cercetãrile practice elaborate sau aflate în curs de realizare.
Cartea propusã (230 de pagini), structuratã în ºapte capitole, este un reper important
pentru cei interesaþi de domeniul reprezentãrilor sociale, un instrument util în abordarea pluridimensionalã a temei de faþã. Lecturarea cãrþii va permite cititorului sã pãtrundã în culisele
studiilor de referinþã realizate de cei mai de seamã cercetãtori ai reprezentãrilor sociale
ºi sã descopere aspecte importante din montajul acestor abordãri. Stilul redactãrii trezeºte
aproape inevitabil un interes pentru aprofundarea studiului asupra reprezentãrilor sociale.
Laitmotivul lucrãrii îl reprezintã studiul de teren, iar expunerea reprezintã o succesiune de capitole structurate logic ºi cronologic a realizãrii unei cercetãri de teren.
Fiecare etapã abundã în indicarea metodelor utile pentru studiul reprezentãrii sociale,
metode cantitative ºi calitative, precum ºi în exemple concrete extrase din studii
fundamentale asupra diverselor obiecte de reprezentare socialã, cele mai multe exemple
fiind selectate din perioada de sfârºit a anilor ’80, din anii ’90, precum ºi cele elaborate
în anii 2000; autorii citaþi sunt cunoscuþi la nivel mondial: Abric, J.C., De Rosa,
A.M., Doise, W., Flament, C., Guimelli, C., Jodelet, D., Moliner, P., Moscovici, S. ºi alþii.
Cartea are un stil captivant, plãcut lecturii, autorii propunând pe parcurs recomandãri
bibliografice pentru aprofundarea studiului diferitelor aspecte de ordin teoretic ºi practic.
Expresia des întâlnitã cu alte cuvinte are rolul de a reformula ideile, astfel încât ele sã
devinã absolut comprehensibile publicului neavizat în domeniu. Reprezentarea socialã
este menþionatã în strânsã legãturã cu alte concepte-cheie din psihologia socialã: grupul
ºi gândirea socialã, identitatea ºi categorizarea socialã etc., ca elemente explicative
secundare. În acelaºi timp, se pot observa domeniile de interes ale cercetãtorilor din
diferite centre universitare, asupra reprezentãrilor sociale.
Primul capitol, intitulat „Elemente esenþiale pentru teoria reprezentãrilor sociale”
are menirea (re)precizãrii într-o formã cât mai sinteticã a noþiunilor teoretice cheie
minim necesare unei incursiuni în domeniul reprezentãrilor sociale. Se pune în discuþie
nivelul societal ºi grupal la care poate fi studiatã o reprezentare socialã, precum ºi
reprezentarea în expresia individualã, abordându-se problematica discursului.
PSIHOLOGIA SOCIAL| 14/2004, num\r tematic: Reprezent\ri sociale
222
RECENZII
Al doilea capitol se referã la etapa diagnosticãrii prealabile. Discuþia este axatã pe
necesitatea precizãrii problematicii de cercetare, ce poate fi descriptivã, de elucidare ºi/
sau comparativã. În acest sens, Pascal Moliner propune cinci criterii care sã repereze un
obiect al reprezentãrii sociale: specificitatea obiectului de studiu, caracteristicile grupului
de studiu, importanþa obiectului pentru grup, dinamica socialã ºi absenþa sistemului
ortodox. Moliner precizeazã fazele în istoria unei reprezentãri sociale, ºi anume faza de
emergenþã, de stabilitate ºi transformare. În etapa cercetãrii descriptive este important
ca cercetãtorul sã analizeze indicatorii pentru situaþia socialã globalã. Obiectivul de
elucidare considerã reprezentarea socialã ca variabilã independentã, adicã presupune
existenþa unor cauze pentru determinare de luãri de poziþie, judecãþi, conduite etc. De
asemenea, Moliner se axeazã pe analiza contextului: investigarea situaþiei sau a ansamblului de situaþii, rolul actorilor sociali, motivul de interacþiune între actorii sociali.
Abordarea comparativã considerã reprezentarea socialã ca variabilã dependentã. Autorul
precizeazã ºi explicã tipurile de studii sincronice ºi diacronice.
Al treilea capitol se centreazã pe etapa culegerii datelor. Aici sunt abordate sursele
informaþionale, principalele lor caracteristici ºi tehnicile de exploatare a informaþiilor
culese. Atât timp cât unitatea textualã este în centrul studiilor, se insistã pe diferite surse
de documentare (presa, documente instituþionale, corespondenþa, mãrturiile, literatura,
interviul), precum ºi pe metodele de constituire a textelor. O atenþie deosebitã este
acordatã metodei interviului ºi interviului-anchetã, precizându-se formele ºi limitele în
studiul reprezentãrii sociale. Pentru fiecare tehnicã documentarã, autorii cãrþii au
selecþionat exemple concrete din diferite studii. Un alt palier de analizã din acest capitol
se axeazã pe etapele realizãrii unui interviu. Momentele de stabilire a relaþiei intervievator-intervievat, formularea consemnului, relaþia în timpul interviului, intervenþiile
posibile din partea intervievatorului sunt completate cu evidenþierea dificultãþilor întâlnite
din timpul aplicãrii metodei interviului. Din punct de vedere practic, sunt utile principiile
ce trebuie respectate pentru o bunã desfãºurare a interviului. Se trece în revistã folosirea
demersului asociativ ºi reflexiv, a studiului de caz, a rezolvãrii de probleme ºi a
modalitãþilor de utilizare a imaginilor în studiul reprezentãrilor sociale. În finalul capitolului
este abordatã sintetic problematica validitãþii ºi a fidelitãþii metodelor de culegere a datelor.
Al patrulea capitol trateazã metoda analizei de conþinut. În aceastã secþiune sunt
precizate definiþiile ºi evoluþia istoricã a metodei. Cititorul va afla despre numeroasele
abordãri ale analizei de conþinut: abordarea lexicometricã, sociosemanticã a cuvintelor
asociate ºi abordarea propoziþionalã ºi predictivã. Pentru a realiza analiza de conþinut
asupra unui material scris sunt necesare cunoºtinþele ce se referã la pregãtirea materialului
de analizã, procesul de codare, de categorizare ºi interpretare a rezultatelor. Autorii
oferã indicaþii în cazul confruntãrii cu un conþinut manifest sau latent în cazul aplicãrii
metodei analizei ºi a interpretãrii datelor. Aceste aspecte, precum ºi limitele cu care se
confruntã metoda analizei de conþinut sunt tratate în aceastã secþiune.
Al cincilea capitol propune spre atenþie utilizarea chestionarului pentru mãsurarea
reprezentãrii sociale, mai precis pentru identificarea elementelor nodului central ºi a
elementelor periferice. Sunt descrise ºi exemplificate tehnica caracterizãrii, chestionarele
pentru identificarea nodului central, metoda inducerii scenariului ambiguu ºi tehnicile
de punere în discuþie a nucleului central. Ca ºi în capitolul precedent, autorii precizeazã
etapele desfãºurãrii pentru fiecare metodã ºi specificã regulile pentru un demers bun al
metodelor în cauzã.
RECENZII
223
Al ºaselea capitol se referã la problematica analizei datelor obþinute prin utilizarea
metodelor citate mai sus. Tehnicile descriptive descriu procesele de rezumare ºi organizare a datelor, iar tehnicile inferenþiale permit extrapolarea rezultatelor obþinute. Astfel,
pentru structurarea asociaþiilor libere, Pierre Vergès sistematizeazã metoda analizei
prototipicalitãþii ºi metoda categorialã. Este ilustrat exemplul studiului reprezentãrii
sociale a banilor realizat de Vergès `n 1992. Introdusã de Claude Flament în 1962,
analiza de similitudine ilustreazã reprezentarea graficã ºi stabilirea arborelui maxim al
unei reprezentãri sociale. Analize multiple au fost realizate de Serge Moscovici în
reprezentarea socialã a vindecãtorului în 1992. Tehnicile de clasificare a ierarhiei
folosesc metoda calculãrii distanþelor euclidiene. Fabio Lorenzi-Cioldi (1988) a realizat
un studiu pe caracteristicile stereotipic masculine ºi feminine. Este prezentatã folosirea
ºi explicarea dendrogramei de cãtre cercetãtor. Ultimul set de tehnici prezentate în acest
capitol se referã la folosirea analizei factoriale: analiza în componente factoriale,
analiza factorialã a corespondenþelor ºi analiza inferenþialã. Analiza datelor presupune
folosirea statisticii, ºi în acest sens sunt explicitate modalitãþile de folosire a testului
chi-pãtrat, testului t de comparare a mediilor ºi analiza de varianþã (Anova).
Al ºaptelea capitol ne propune patru studii ilustrativ-aplicative de teren. Astfel,
Malaval ºi Vidailler discutã despre emergenþa reprezentãrii sociale a organismelor
genetic modificate. Jauvert foloseºte interviul semidirectiv în studiul reprezentãrii sociale
a parteneriatului. Moliner, Weisy, Challiol ºi Simon-Plaza abordeazã o relaþie pedagogicã dificilã între profesori ºi studenþi, folosind chestionare de caracterizare pentru
compararea ºi elucidarea reprezentãrilor sociale prin analiza divergenþelor punctelor de
vedere. Reprezentarea socialã a muncii studiatã de Devaux foloseºte metoda chestionarului ºi tehnica „punerii în discuþie” pe un lot de ºomeri.
În aceste studii sunt precizate opþiunile metodologice alese, rezultatele obþinute ºi
interpretarea rezultatelor. Sunt menþionate diverse probleme metodologice, precum ºi
modalitãþile lor de rezolvare.
Octavian Onici1
1. Doctorand în Psihologie socialã, Laboratorul „Psihologia câmpului social”, Universitatea
„Al.I. Cuza”, Iaºi.
La Editura Polirom
a ap\rut:
Alex Mucchielli
Arta de a comunica. Metode, forme
ºi psihologia situaþiilor de comunicare
Traducere de Giuliano Sfichi, Gina Puicã ºi Marius Roman
ISBN: 973-681-778-4
130 x 200 mm, 264 p.
O sintezã remarcabilã a rezultatelor obþinute dupã un secol de
investigaþii psihologice ale comunicãrii, Arta de a comunica
prezintã interes nu doar pentru cercetãtorii psihologiei, ci ºi
pentru cei ai ºtiinþelor umane în general. Având în centrul
analizei situaþia cotidianã ºi în acest sens fundamentalã a comunicãrii interpersonale – ce include de la comunicarea amicalã sau
în familie pânã la dialogul psihoterapeutic, interviu, negociere –,
lucrarea expune atât principalele forme ale acesteia ºi psihologia
situaþiilor de comunicare, cât ºi paradigmele care funcþioneazã în cadrul disciplinei. Se evidenþiazã
astfel o perspectivã a comunicãrii ca instrument al acþiunii asupra semenilor.
Din cuprins:
Paradigmele de referinþã ºi metodele de studiere a comunicãrii • Psihologie a proceselor
intrapsihice sau psihologie a relaþiilor? • Comunicarea implicã ºi crearea normelor relaþionale •
Comunicarea de sugestie ºi situaþiile de influenþare • Comunicarea defensiv㠕 Comunicarea în
întâlnirea amoroasã ºi în viaþa de cuplu • Comunicarea în convorbiri ºi în dialog
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