SAINT-ALBAN-LEYSSE dans l`Histoire des communes savoyardes

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SAINT-ALBAN-LEYSSE dans l`Histoire des communes savoyardes
Histoire des communes savoyardes
Tome I : Chambéry et ses environs, le Petit Bugey
SAINT-ALBAN-LEYSSE
Habitants: les Saintalbanais.
Population: 2 990 habitants - 624 638 - 1 541 - 1 122 - 1 423 - 2990.
Altitude: 285 m.
Superficie : 339 ha.
A 3 km de Chambéry.
Intendance de Savoie, puis de Savoie-Propre; mandement de Chambéry (J8 16-1860). Judicature mage de
Chambéry, Tabellion de Chambéry.
Saint-Alban-Leysse
depuis
1946.
Chef-lieu de canton depuis 1973.
Diocèse de Grenoble (décanat de
Savoie), jusqu'en 1779.
Hameaux et lieux-dits: Ch esses, Clusaz,
Guillotière,
Monterminod,
Leysse, Petit-Leysse, Razeray, Villaret, Villeneuve, Plana t, Les Perriers t.
Lovetaz t, Letillerai t, Nivo let t, Lescherenne t, Conniances t, Balangère t.
Adossée aux premières pentes du
Nivolet, la commune de Saint-Alban-Leysse offrait aux voyageurs
deux curiosités naturelles fort appréciées: la cascade du Bout-duMonde, visitée par Lamartine, qui va
voir « les eaux de la Leysse, dans
cette autre belle va ll ée cie Cac hemire
que Chambéry cache dans le repli de
ses Alpes» , avant les Charmettes;
au Nord de la commune, le défilé de
St-Saturnin, dan s une gorge sauvage
et silencieuse entre deux falaises
abruptes , était surtout cé lèbre pour
la chape ll e qui s'était créée autour
d'une source vénérée de longue date.
Le terroir fut peuplé dès les temps
les plus reculés (s ite néolithique de
St-Saturnin); on y a trouvé égaiement des inscriptions romaines.
La grande route gallo-romaine de
Chambéry en Italie traversait en effet
St-Alban, entrant dans la paroisse au
pied du château de la Cro ix, venant
de Bassens et longeanr ensuite la
base de la montagne. Au moyen âge,
un carrefour important existait à cet
endro it où la route antiqu e rejoignait
celle de Chambéry à Genève par la
gorge de St-Saturnin.
C'est en 1317 qu' on trouve les premières traces d'une seigneurie appartenant à la famille de la Ravoire. Elle
comprenait le château de la Croix et
l'hommage de celui de Monterminod. Par mariage, elle passe ensuite à
la famille de Luyrieu, puis à celle des
Montmayeur ; après la confiscation
des biens des Montmayeur, par le
duc de Savoie, ce dernier la vend à
Louis de Gallier; elle fut ensuite
propriété des Rouer de St-Severin,
de Georges de Challant, puis de
Claude-Fran çois Pobel en faveur duquel elle fut érigée en Comté (1608).
Le fief passe ensuite à la famille Milliet qui le possédera jusqu'à la Révolution.
La paroisse de St-Alban, quant à
ell e, est attestée depuis le X Ile siècle.
Elle dépendait du prieuré de Bassens
et était tenue par les chanoines réguli ers de St-Augustin. L'église de Vérel dépendit de St-Alban du
XIVe siècle jusqu'au milieu du XVII e
où elle fut rattachée à celle de Bassens. La chapelle St-Saturnin, source
d' importants revenus fut longtemps
disputée entre ces trois paroisses. En
1545, il fut décidé qu' elle resterait au
curé de St-Alban . En 1803 , enfin, le
hameau de Leysse fut détaché au spirituel de St-Jean-d'Arvey et uni à la
paroisse de St-Alban.
Châteaux
Plusieurs châteaux s'élevaient sur
le territoire de la paroisse.
- Le château de la Croix sur le
fief du même nom aurait été élevé
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Michèle BROCARD, Lucien LAGIER-BRUNO, André PALLUEL-GUILLARD
Editions Horvath, Roanne, 1982
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par les premie rs com tes d e Savoie; il
fut propri été d e plusi eurs fami ll es
do nt les Dieulefils, les Ravoire, les
Lambert, les d e la Forest, se igne urs
de la Barre qui lui donnèrent le nom
so us lequel il est cadastré en 1732.
Très rema ni é à la fin du X IXe siècle, il comporta it une ence int e fortifiée nanquée de 8 tourelles ; il es t racheté peu ava nt la d erni ère gue rre
par l'hôpital de Bassens qu i y en trepose du matériel. Un in cendi e le ravagea en 1777 et il sera démoli en
1979.
- Le château d e St-A lba n, cons id érablement reb âti , existe encore
aujo urd 'hui d errière l'église; il a
conservé so n portail n a nqu é d'une
to u r ronde ; il dépendait à l'origine
du fief de St-Alba n-Ia-C roix, appartint au XVe siècle a u x Montmayeur,
et échut après la mo rt d e Jacqu es de
Montmayeur à la Maison de Savo ie.
A la fin du XVIII e siècl e, il était propri été de Joseph Mi lli et, major générai de Savo ie. C'es t a ujourd 'hui le relai s fa mili a l pour les enfants délaissés.
- La Co lli ette.
Cette mai son fo rte rétabli e sur le
fief du même nom éta it a nci ennement propri été des La Ravoire . Ell e
a a ujourd ' hui enti èrement dispa ru et
sa localisation es t d iffi cil e; ell e se situera it au nord de l'ég li se actu ell e,
a u pied des premiers contreforts du
Nivolet.
- Le châtea u de Monterminod
(du nom d ' un certain Ereme nold).
Aux XIIIe et X IVe siècles, la famille
Crochet le possédait; il passa ensuite aux Cha ll es puis aux Pi ochet.
Le bâtiment actu e l est le résultat
d'un remaniement importan t car le
châtea u ava it été très end ommagé en
1807 pa r un ouragan.
St-A lban compte e ncore le châtea u
du Fo ntan il , propriété de la famille
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de Ville d e Travenay à la fin du
XV Ie siècle, a uj o urd'hui centre de
fo rm ation agrico le.
La chapelle St-Saturnin
Au mili eu du XVII e siècle, outre
l' égli se, il y ava it à St-Alban dix chape ll es dom estiqu es (dont un e à Montermin od) et troi s chape ll es rura les;
la plus célèb re et la plu s fréquentée
éta it ce ll e de St-Saturnin dan s la
gorge du même nom. La légende
veut qu 'un mi ssion nai re ait fait étape
en 850 dans ce va llon sa uvage où
ex ista it un culte à Saturn e. Ce missionna ire, plus ta rd évêque de Toulou se et martyr, aurait fait jaillir en
ce li e u une so urce du rocher ; ce miracle aurait donn é na issa nce à un pèlerinage à l'usage des goutteux venant chercher la guéri so n.
Ce n'est toutefo is qu'en 1340 que
la premi ère mention d 'un li eu de
culte est a ttestée. Les foules qui se
pressa ient en ces li e ux apportaient
d es revenus non négligea bles et la
chape lle fut don c un objet de di spute
entre les paroisses vo isines et notamme nt Basse ns et Verel. A partir du
XVI e siècl e, elle devait rester au curé
d e St-Alban . Mai s le bâtiment tomba
peu à pe u en ruin e. Ce n'est qu'e n
1835, qu ' un cu ré de Verel , Bart hélemy, reconstrui sit la chapelle en sty le
go thique et qu 'on rétablit un cul te réguli er à St-Saturnin ; on reconstrui sit
a lors un e petite mai son dans la prairi e vois in e pour y loger le recte ur;
a u début du siècle actuel , la cha pelle
était aband o nn ée. Ell e a été dernièrement restau rée, en 1975.
L'église pa ro iss ia le de St-Alban offre un e assez jolie façade ; ell e a été
comp lète ment retournée en 1838 et
cette façade se trou ve maintenant a u
Sud. St-Alban, patron de la paro isse,
a ura it été marty ri sé en Angleterre
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Chapelle de Sai17l-Satllrnin (dess in de E. Brocard pour la restauration. de 1975)
sous Dioclétien; son culte était très
populaire en Savoie où quatre paroisses portent so n nom.
Une activité industrielle ancienne
A côté d'une activité agricole assez
importante
produisant
froment,
pommes de terre et vin <350 hl au début du XIX e siècle), il y eut toujours
à St-Alban et particulièrement au village de Leysse des établissements industriels et des moulins. La Doria actionnait depuis le moyen âge plusie urs moulins sur so n cours et en
1839, on relevait onze moulins à blé
que se partageaient cinq étab li ssements. Il y avait de même cinq fours
à pain particuliers et un , communal,
à C hesses. Mais l'industrie essentielle dont la renommée dépassa it
même le cadre de la Savoie était la
papeterie de Leysse. Située auprès de
la cascade du Bout-du-Monde, la papeterie bén éficiait des eaux très
pures de la Doria qui donnaient au
papier une blancheur remarq uabl e.
Elle a urait été étab li e au début du
XVIII e siècle, puis dirigée par C laude Rosset venu du Vivarais ; elle devi nt, en 1780, la propriété de la famille Montgolfier qui la ve ndit peu
d'années après à Augustin Au ssedat.
A la fin de l'Emp ire, une trentaine
d' ouvriers y travaillaient. En 1844,
Guillaume Forest, ancien sénateur
sarde, l'acheta et, à la fin du siècle
dernier, ell e employait 50 ouvriers
travaill a nt 12 heures par jour « so us
un rég im e doux et patern el ne faisa nt
pas redouter les grèves, si funestes au
patron et à l'ouvrier ». Ce ux-ci
étaient d'a illeurs logés par l' usine et
venaient des hameaux environnants.
A la même époque, on produisait environ 300000 silos de papier par an
avec de nombreux débou chés extérieurs, notamment en Ita li e. Pour les
dernières années de so n ex iste nce, on
y fabriquait du Papier Bourbon et du
Papier Japon pour la Banque de
France.
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Au vil lage de Leysse existaient
aussi d'a utres entrep rises de quelqu e
importance qui donnaient à ce hameau un caractère à la fo is urbain et
campagnard, les exp loitations agrico les restant gro upées près des ateliers et des habitations d'a rti sans.
Une usine à cha ux y fonctionnait,
blanchissant les toits des ma iso ns environ nantes. Ell e occupait une trentaine d'o uvri ers a u début de ce siècle
qu i extrayaient la pierre des rochers
voisins. C'éta it un habita nt du li eu,
Jea n Cressens, qui l'avait installée là
et co nsidérablement développée.
No n loin de là, on pouvait remarquer dan s les mêmes années la scierie de la Trousse, modeste établissement à ses débuts , ve rs 1850, et qui
travaillait d'a bord à façon; les propriétaires devenus ensuite marchands de biens agrandirent l'u sine
et développèrent l'outillage, au point
qu'avant la guerre de 1914, l'établisse ment co mptait près de trente
ou vri ers.
Avan t la dernière gue rre, Leysse
compta it aussi une petite manufacture de vêtements tandis qu e les ma rtin ets et les ate liers des forg ero ns
tous gro upés égayaient le vill age.
Toute cette population fréquentaient les a uberges et cabarets, assez
nombreux à Leysse alors qu 'i ls
étaie nt presque ine xistants dans les
comm unes voisines. Malgré tout, la
population était considérée par les
au torités co mme « calme, tranquille
et sobre » ; il n'y avait pas de vogue,
ni de foire ou march é et pas de co u-
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tume bien notab le hormi s ce ll e-ci :
lorsqu ' une fille épousai t un étrange r,
elle était obl igée de faire trois fois le
tour d' un tilleul.
Le développement contempora in
Brusquement, après la derni ère
guerre, St-Alban, dans le sill age du
de
C ha mbéry,
développement
connaît une évolution spectacul aire
qui en fa it, aujourd' hui , l'un e des
co mmun es les plus viva ntes du canton. Démographiquement, St-Alban
est avec Barby et Basse ns, la commun e qui s'est le plus agrandie; économiqu emen t, elle tend à concentrer
le plus d'ateliers industriels et en
parti culier ceux qui sont en relation
avec les transports et l'industrie automob ile. Cette évolution s'a ffirm ait
déjà dès 1950 où on trou va it deu x garagi stes et six tran sporteurs.
Ell e est évidente au début des a nnées 1970 ; les entreprises ou magasin s d'accessoires automobiles, de
vo itures d' occas ions voisinent avec
les ga ragistes (réparations, fournitures), les pneum atiques, sa ns compter la société CA M IV A. Il faudrait
citer auss i une fabrique de boissons
gaze uses, des entreprises de transport, de maço nnerie et de menui serie.
St-Alban est aussi le siège d'un
centre pour les hémophiles insta ll é
au château de Rosset, a ncien banqui er, tandis que, dan s l'ancien châtea u de St-Alban, se trouve le Relais
familial pour les enfants délaissés.
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