Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la
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Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la
G r o u p e Diagnostic sur la relation emploiformation dans le secteur de la d ’ E t u d e s petite enfance en région Midi Pyrénées Rapport final S o c i a l e s Mars 2013 T e c h n i q u e s et Economiques Société coopérative SARL à capital variable– APE 742C RC Paris B 324 420 835 SIRET : 324 420 835 000 GESTE 113, rue Saint-Maur 75011 PARIS Tél : 33 (0)1 49 29 42 40 Fax : 33 (0)1 43 38 24 68 www.geste.com Malik Allam Rodolphe Ejnes Cécile Kula Sabine Mengin GESTE 1 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance SOMMAIRE INTRODUCTION 3 1 - UN DEVELOPPEMENT CONTINU DES ETABLISSEMENTS D’ACCUEIL DE JEUNES ENFANTS ET DE NOUVEAUX BESOINS DE RECRUTEMENT 6 1.1 - Une préférence des gestionnaires pour des structures multi-accueil de petite taille 6 1.2 - Un développement majoritairement à l’initiative des communes et intercommunalités 8 1.3 - De nouvelles structures en développement : des micro-crèches aux relais parentsenfants 8 1.4 – Les difficultés de recrutement des professionnels dans les Etablissements d’Accueil de Jeunes Enfants 10 2 – L’INSERTION PROFESSIONNELLE DES DIPLOMES DES 3 DERNIERES ANNEES 14 2.1 - Une insertion professionnelle rapide et durable 14 2.2 - Mais de fortes inégalités entre les diplômes 16 2.3 - Un secteur d’insertion dominant : les Etablissements d’Accueil de Jeunes Enfants 17 2.4 - Les postes occupés par les jeunes diplômés 19 3 – L’ORGANISATION DU TRAVAIL ET L’EVOLUTION DES COMPETENCES ATTENDUES PAR LES EMPLOYEURS 20 3.1 – La direction des Etablissements d’Accueil de Jeunes Enfants 20 3.2 – Les professionnels chargés de l’encadrement des enfants 23 3.3 - Le positionnement relatif des 4 diplômés étudiés 26 CONCLUSIONS ET PRECONISATIONS 31 Axe 1 : Affiner la réponse aux besoins d’emploi et de compétences des territoires dans le secteur social, médico-social et de santé 31 Axe 2 : Poursuivre la promotion de la formation tout au long de la vie 34 Axe 3 : Développer une offre de formation performante 36 Axe 4 : Piloter le dispositif sur la base d’une observation partagée des métiers 41 GESTE 2 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance INTRODUCTION Le secteur de la petite enfance couvre l’activité de garde des enfants de 0 à 3 ans, l’activité sanitaire (maternité et pédiatrie) et médico-sociale (enfance inadaptée, handicap). Les métiers de ce secteur sont préparés principalement par les diplômes d’Etat d’auxiliaire de puériculture, de puéricuteur(trice), d’éducateur(trice) de jeunes enfants et le CAP Petite Enfance. L’activité de garde des jeunes enfants est en fort développement du fait des besoins croissant des familles. Suite à un rapport de l’IGAS qui soulignait l’insuffisance du nombre de places d’accueil pour répondre à ces besoins, un plan national a été lancé en 2009. Ce plan visait à la création de 200 000 places d’accueil d’ici fin 2012 dont plus de 50 000 en structure d’accueil collectif. Mais ce rapport soulignait également que « le développement quantitatif des modes de garde ne saurait être envisagé au détriment de la qualité, exercice d’autant plus difficile que trois intérêts doivent être conciliés, celui des enfants, celui des parents et celui des finances publiques ». Il s’agit notamment de développer la formation de professionnels qualifiés pour répondre à cette croissance des besoins. Or, compte tenu des évolutions importantes de l’activité d’accueil des jeunes enfants (passage d’une dominante sanitaire historique à une dominante socio-éducative, de l’accueil régulier au multi-accueil, évolution des ratios d’encadrement et des postes de direction…), la problématique de l’emploi, des compétences attendues des professionnels, de leur positionnement au sein des équipes, et, in fine des formations et qualifications préparant à ces métiers, nécessite d’être réinterrogée. Les questionnements sont moins importants aujourd’hui dans les secteurs sanitaire et médico-social. Les besoins quantitatifs y sont relativement stables voire décroissants suite à la fermeture de nombreuses maternités. Les besoins en compétences des professionnels sont impactés par les progrès technologiques, par l’évolution des connaissances au niveau des pathologies mais aussi par la volonté aujourd’hui d’assurer une prise en charge globale du patient, et notamment une meilleure intégration des parents dans le parcours de soins. Mais une plus forte structuration des équipes (les auxiliaires de puériculture travaillent en binôme avec un(e) puéricuteur(trice) ou un(e) infirmier(ère) sous la direction d’un cadre de santé) et la formation en cours d’emploi permettent de répondre à ces nouveaux besoins. Le champ de l’étude a donc été centré sur les établissements d’accueil de jeunes enfants. L’étude porte sur les 4 diplômes suivants : Le Diplôme d’Etat de Puériculture (DE Puer) Le Diplôme d’Etat d’Auxiliaire de Puériculture (DE AP) Le Diplôme d’Etat d’Educateur de Jeunes Enfant (DE EJE) Le CAP Petite Enfance (CAP PE) GESTE 3 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance Le Diplôme d’Etat d’Infirmier (IDE) est également évoqué. Sans être spécialisé sur le secteur de la petite enfance, l’IDE est un des diplômes autorisés pour accéder aux postes de direction des Etablissements d’Accueil de Jeunes enfants. En tant que chef de file des formations sanitaires et sociales, il appartient aujourd’hui à la Région de définir l’offre de formation qui réponde au plus prés aux besoins des employeurs. La présente étude vise à établir un diagnostic sur la relation emploi-formation du secteur de la petite enfance afin d’apporter une aide à la décision en terme d’offre de formation. Les DE Puer, DE AP et DE EJE relèvent des compétences de la Région. Le CAP PE relève de l’Education Nationale mais la Région a antérieurement financé une section de formation à ce diplôme. Cette dernière a été fermée en raison d’un nombre déjà très élevé de diplômés et du manque d’information sur leur insertion professionnelle effective. Un des objectifs de l’étude a été d’approfondir la connaissance du CAP PE : formations présentes sur le territoire, nombre de diplômés, insertion professionnelle. Le questionnement sous-jacent à ce diagnostic est principalement qualitatif : quel est le bon niveau de qualification requis par les employeurs du secteur de la petite enfance ? y-a-t-il adéquation entre le contenu des formations et les exigences de l’exercice des métiers ? quelle est la relation entre la qualification des métiers des salariés et quelles sont les fonctions qu’ils exercent réellement sur le terrain ? Le diagnostic s’est appuyé sur 3 modalités de recueil d’information : des entretiens auprès des organismes de formation et certificateurs, une enquête d’insertion auprès des jeunes diplômés des 3 dernières années et des entretiens approfondis auprès d’un échantillon d’employeurs et professionnels sur 3 départements, HauteGaronne, Gers et Tarn, choisis parce qu’ils représentaient chacun une situation démographique et socio-économique différente. Enfin le diagnostic a été partagé et discuté avec un groupe de travail réunissant les différents acteurs (gestionnaires, financeurs, représentants des employeurs). Ce rapport présente les principaux résultats de l’étude. Il est organisé en 3 parties : une première partie traite de l’évolution des besoins des employeurs et son impact sur les recrutements, une deuxième partie décrit les caractéristiques de l’insertion professionnelle des diplômés des 3 dernières années selon le diplôme et une troisième partie analyse l’organisation du travail au sein des établissements d’accueil des jeunes enfants et l’évolution des compétences attendues. Enfin, la conclusion reprend les principaux éléments du diagnostic et formule les préconisations qui en découlent. Le rapport est complété de 2 annexes : une première annexe est le rapport d’exploitation de l’enquête d’insertion auprès des diplômés des 3 dernières années, la seconde annexe présente les principales caractéristiques de chacun des diplômes étudiés (métiers visés, organismes de formation, effectif, contenus et modalités de formation…) sous la forme d’une fiche par diplôme. GESTE 4 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance Quelques définitions EAJE : Etablissement d’Accueil de Jeunes Enfants, qui regroupe les structures suivantes : Crèche collective : accueil collectif régulier Halte garderie : accueil collectif occasionnel Crèche collective multi-accueil : accueil collectif régulier et occasionnel et/ou familial Crèche parentale : accueil collectif géré par une association de parents Jardin d’enfants : accueil collectif d’enfants de plus de 2 ans uniquement Micro-crèche : accueil collectif limité à 10 places Crèche familiale : accueil au domicile des assistants maternels (hors périmètre de l’étude) RAM : Relais Assistants Maternels Lieu d’information et d’échanges au service des parents et des assistants maternels MAM : Maison d’Assistants Maternels Structure dans laquelle se regroupent de 2 à 4 assistants maternels pour la garde des enfants dont ils/elles ont la charge. Les assistants maternels restent employés par les parents (hors périmètre de l’étude). Plus de 60% des EAJE sont gérés par une collectivité territoriale (essentiellement la commune ou l’intercommunalité, directement ou par l’intermédiaire du CCAS, marginalement par le conseil général). Un tiers des EAJE environ est géré par une association et les 10% restant relèvent d’autres organismes (mutuelles, organismes privés lucratifs..). La création d’un EAJE est préalablement soumise à autorisation du président du conseil général pour les structures de droit privé et avis pour celles créées par les collectivités publiques. Les RAM sont le plus souvent gérés par la commune ou intercommunalité. Normes de qualifications requises pour l’encadrement des enfants dans les EAJE Ces normes ont été revues par le décret du 20 février 2007 puis par le décret du 7 juin 2010. Direction de 41 à 60 places : Médecin, Puériculteur(trice) avec 3 ans d’expérience, Educateur(trice) de Jeunes Enfants avec 3 ans d’expérience + une certification de niveau II du domaine de l’encadrement / direction, Educateur(trice) de Jeunes Enfants avec 5 ans d’expérience à un poste de direction ou adjoint d’un EAJE. Direction de 40 places et moins : Educateur(trice) de Jeunes Enfants avec 3 ans d’expérience. Personnel chargé de l’encadrement des enfants : 40% de diplômés : Puériculteur(trice), Educateur(trice) de Jeunes Enfants, Auxiliaire de puériculture, Infirmier(ère), Psychomotricien(ne). Cas particulier des micro-crèches Dispensées de désigner une direction. Le personnel chargé de l’encadrement des enfants doit être détenteur d’une certification de niveau V au moins et attester de compétences dans le champ de l’accueil des enfants avec 2 années d’expérience professionnelle, ou bien 3 années d’expérience en tant qu’assistants maternels. GESTE 5 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance 1 - UN DEVELOPPEMENT CONTINU DES ETABLISSEMENTS D’ACCUEIL DE JEUNES ENFANTS ET DE NOUVEAUX BESOINS DE RECRUTEMENT Résumé : La croissance des besoins en mode de garde de jeunes enfants se poursuit et la réponse à ces besoins est majoritairement assurée par les communes et communautés de communes. Les gestionnaires privilégient la construction de structures multi-accueil, les mieux à même d’optimiser le taux d’occupation des places, et de petite taille (inférieure à 40 places). Ce développement s’accompagne d’une augmentation des besoins de recrutement avec des situations différentes selon les diplômes : une pénurie d’AP sur le marché du travail, des besoins croissants d’EJE, un déficit d’attractivité du secteur des EAJE pour les Puer et une profusion de diplômés CAP PE. Quel que soit le territoire, les diagnostics territoriaux1 identifient des besoins de places de garde d’enfants. La région Midi Pyrénées se caractérise par une forte attractivité et des flux migratoires positifs particulièrement vers Toulouse et son agglomération qui voient des couples jeunes s’installer. Ainsi, le nombre d’enfants de moins de 3 ans y est en constante augmentation (+37% d’enfants âgés de 0 à 4 ans entre 1999 et 2009 d’après le recensement Insee) et cette tendance se répercute sur les besoins en mode de garde. 1.1 - Une préférence des gestionnaires pour des structures multi-accueil de petite taille Le département de la Haute-Garonne concentre plus de la moitié des EAJE (56% d’après le diagnostic territorial), le nombre moyen annuel de places créées est de 400 environ soit entre 10 et 15 nouvelles structures par an. La commune de Toulouse poursuit le plan 2008-2014 qui prévoyait la création de 1000 places d’accueil d’enfants de moins de 3 ans. 765 ont été créées à ce jour, 200 restent donc à créer. Mais cette tendance ne concerne pas que les centres urbains et, que ce soit un département mixte urbain/rural (Tarn) ou un département rural (Gers), l’offre d’accueil de jeunes enfants s’y développe également comme le montre l’augmentation du nombre de contrats enfance jeunesse signés 2 sur ces territoires (15 contrats enfance jeunesse signés fin 2012 dans le Gers par exemple, ce qui porte à 44 le nombre de contrats en cours sur ce département). Diagnostics réalisés par STRATER en 2009. Le contrat enfance jeunesse est un contrat d’objectifs et de cofinancement passé entre une Caf et un partenaire (collectivité territoriale, regroupement de communes, entreprise non éligible au crédit d'impôt famille ou administration de l’Etat). Les 2 objectifs principaux sont de favoriser le développement et optimiser l’offre d’accueil et contribuer à l’épanouissement des enfants et des jeunes et à leur intégration dans la société. 1 2 GESTE 6 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance Les projets sont essentiellement des structures multi-accueil comme l’y incite fortement la mise en place de la Prestation de Service Unique (la PSU, avec une prise en charge de la CAF du prix de garde basée sur un tarif horaire et non plus journalier) et afin de répondre au plus près aux besoins des familles. Les professionnels sont néanmoins parfois réticents à cette nouvelle modalité de fonctionnement. En effet, le système de facturation à l’heure incite à « remplir » la totalité des heures d’ouverture de la structure, et donc à ce que des enfants puissent se succéder sur une même place, sans considération pour leur bien-être. Des professionnels notent également un changement de comportement des parents « qui consomment ce qu’ils payent » et laissent leur enfant le nombre d’heures prévu quoiqu’il arrive alors que, lorsque la facturation était à la journée, ils venaient chercher leur enfant dés qu’ils le pouvaient. Malgré ces réticences, les gestionnaires privilégient le multi-accueil qui, en autorisant dans une même structure l’accueil régulier et l’accueil temporaire des enfants, permet de mixer les publics et d’optimiser le taux de remplissage. La taille visée se situe entre 20 et 40 places, le plus souvent perçue comme la « bonne » taille qui permet d’atteindre le seuil de rentabilité tout en garantissant un encadrement des enfants de qualité. Les haltes-garderies subsistent mais sont petit à petit remplacées par le multiaccueil. Les structures d’accueil des 2-4 ans restent marginales. Des jardins d’enfants existent mais les jardins d’éveil n’ont pas trouvé leur place. Conçus pour accueillir les 2-3 ans et notamment compenser l’arrêt de la scolarisation des enfants de moins de 3 ans à l’école maternelle, ce projet a été perçu comme un transfert de charge de l’Etat vers les collectivités et mal accueilli. Le Conseil Général de Haute Garonne précise, par exemple, qu’il n’a toujours pas agréé le 1er jardin d’éveil créé sur le département. Ainsi, aujourd’hui, les places supprimées dans les écoles pour les 2-3 ans ces dernières années n’ont pas été compensées par des créations de places en structure d’accueil de jeunes enfants. Et, même si un retour de 2-3 ans à l’école maternelle est envisagé, il n’y aura pas, a priori, d’augmentation de leurs effectifs dans les écoles du département car ce dernier est déjà au-dessus de la norme (30% des enfants de 2 à moins de 3 ans scolarisés dans les zones prioritaires). Par contre, la forme de l’accueil des moins de 3 ans est en réflexion. Le concept de classes passerelles, structure hybride animée par un enseignant payé par l’Etat et un AP / EJE payé par la collectivité, serait à l’étude. L’objectif de ce type de structure est d’accompagner la scolarisation des plus petits pour lesquels l’encadrement actuel à l’école est perçu comme insuffisant. Les crèches familiales ne se développent pas car ce type de structure se révèle peu intéressant financièrement pour les assistants maternels par rapport au particulier employeur. Les communes rencontrent des difficultés de recrutement sur ces postes. GESTE 7 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance 1.2 - Un développement majoritairement à l’initiative des communes et intercommunalités Le développement des structures est essentiellement le fait des communes et intercommunalités. Elles ont intégré cette prestation dans leurs obligations de service à rendre aux habitants. La question de la bonne localisation des structures d’accueil, entre le lieu d’habitation et le lieu de travail, se pose dans les zones urbaines et péri-urbaines. En effet, selon le lieu, la prise en charge financière ne se fera pas par la même collectivité : si les parents inscrivent leur enfant dans une structure sur la commune de leur lieu de travail, la prise en charge financière de la garde est assurée par cette commune et non par leur commune d’habitation. A priori, la commune d’habitation doit pourvoir aux besoins de ses habitants et donc prendre en charge ce service mais cette solution allonge les temps de garde puisque s’y ajoute le temps de transport des parents. Il pourrait être plus rationnel que la garde des enfants soit assurée à proximité du lieu de travail. Les crèches privées lucratives se développent doucement (une dizaine environ sur le département de la Haute-Garonne) mais les crèches d’entreprises (structure privée qui propose des places aux entreprises pour leurs salariés) ne parviennent pas toujours à remplir leurs places (les entreprises ne financent pas ou plus de places pour leurs salariés). Les crèches associatives représentent un tiers des crèches sur le département de la Haute-Garonne, ce qui est supérieur à la moyenne nationale mais d’après le conseil général, chargé de la délivrance des autorisations d’ouverture des EAJE, il ne serait pas un secteur en développement actuellement. En effet, l’intégration dans la Convention Collective Nationale de la branche Alisfa3 aurait majoré les coûts de revient d’environ 20%. Les collectivités ont pris en charge une partie de cette majoration mais elles ont de fortes contraintes financières également. Certaines crèches associatives sont « municipalisées » ou plus rarement « privatisées » par une délégation de service. 1.3 - De nouvelles structures en développement : des micro-crèches aux relais parents-enfants Les dernières années se caractérisent par des demandes d’ouverture de structures innovantes, micro-crèches (jusqu’à 10 places) et Maison d’Assistants Maternels, qui ne sont pas sans poser de nombreuses questions. Le décret concernant les micro-crèches instaure des conditions d’agrément très souples (pas 3 Acteurs du Lien Social et Familial GESTE 8 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance d’obligation de personnel détenant un des diplômes reconnus pour les EAJE classiques mais seulement un diplôme de niveau V et une expérience professionnelle auprès d’enfants, pas de poste de direction) qui complexifient la décision d’agrément que doit rendre le Conseil Général. Les Maisons d’Assistants Maternels, qui ne rentrent pas dans le périmètre de la présente étude, présentent les mêmes difficultés avec de nombreux vides laissés par la réglementation. La question se pose sur la frontière entre un EAJE, soumis à une réglementation contraignante et notamment l’obligation d’avoir 40% du personnel détenant un des 4 diplômes répertoriés (AP, EJE, IDE, Puer), et ces structures non soumises à des obligations de diplômes : exemple d’une MAM de 16 enfants encadrés par 4 assistants maternels et qui fonctionne comme un EAJE ou de 2 micro-crèches installées côte à côte et qui accueillent finalement autant d’enfants qu’un EAJE classique. Néanmoins, ces structures répondent à un besoin en milieu rural qui offre des perspectives de développement sur ces territoires. Enfin, un nouveau type de structures apparait depuis plusieurs années. Il ne s’agit pas d’établissement d’accueil et de garde à proprement parler mais de structures que l’on peut qualifier « de lien », « de relais » entre les professionnels, parents, enfants. Les Relais Assistants Maternels en sont le premier exemple. Ils assurent un lien entre les professionnels de l’accueil à domicile, les enfants et les parents, ils sont un lieu d’information et d’orientation, et doivent contribuer à la professionnalisation de l’accueil individuel. Déjà bien développés en région Midi Pyrénées, des zones encore non couvertes subsistent. Les RAM sont majoritairement animés par des EJE et leur développement offre donc de nouvelles perspectives d’emploi à ces professionnels. Les lieux d’accueil enfants parents, plus récents, ont pour vocation l’accueil des enfants accompagnés d’un « adulte tutélaire ». Ce sont des lieux d’écoute et d’accompagnement de la fonction parentale autour d’animations et d’échanges. Ils sont animés pour un tiers d’entre eux environ par des professionnels de la petite enfance (Puériculteur(trice), Auxiliaire de puériculture, Educateur(trice) de jeunes enfants), pour 20% environ par des psychanalystes/psychologues et pour la moitié par des travailleurs sociaux ou professionnels de l’animation4. En termes d’évolution, on note également le regroupement ou la mise en réseau de plusieurs structures (multi-accueil, halte garderie, RAM…) avec la constitution de Pôles Petite Enfance qui peuvent être animés par des professionnels de la Petite Enfance. L’objectif de ces regroupements est notamment de décloisonner les services petite enfance afin d’en assurer une meilleure coordination et d’améliorer le service rendu aux familles. Dans tous les cas, comme nous le verrons plus loin, ces évolutions demandent de nouvelles compétences aux responsables de structure sur le travail en partenariat, l’élaboration et la conduite de projet. 4 Lieux d’accueil Enfants Parents et socialisation – Dossier étude n°133 – Octobre 2010 - CNAF GESTE 9 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance 1.4 – Les difficultés de recrutement des professionnels dans les Etablissements d’Accueil de Jeunes Enfants Les recrutements dépendent fortement de la politique du gestionnaire Le diagnostic approfondi réalisé sur 3 départements met en évidence la forte dépendance des profils recrutés dans les EAJE à la politique du gestionnaire. En effet, si le conseil général agrée les EAJE et veille au respect de la réglementation notamment en termes de taux de diplômés, des communes et intercommunalités émettent des exigences supérieures. De même, des préférences se distinguent au niveau des profils des postes de direction. A côté du personnel dit « diplômé » (AP, EJE, Puer), les EAJE emploient essentiellement des personnes détenant un CAP PE. Les autres diplômes (BEP CSS, BEPA Services…) sont marginaux. Ainsi, la Commune de Toulouse emploie environ 2/3 de personnel diplômé dans les EAJE en justifiant cette exigence par l’importance des écarts entre le tableau des effectifs et la réalité à un instant T dans une structure compte tenu du taux d’absentéisme élevé de ces personnels (essentiellement due au caractère féminin de la profession et aux nombreux congés maternité et enfants malades). Le CCAS de Toulouse de son côté, qui gère des structures de 60 places essentiellement, ne recrute quasiment que du personnel diplômé. Il ne recrute pas de CAP Petite Enfance ou alors sur des postes de remplacement en l’absence de candidature AP. Dans les départements du Tarn et du Gers, la répartition recherchée est plutôt de 50/50 et les difficultés de recrutement conduisent le plus souvent au minimum réglementaire de 40% de diplômés. Les structures associatives et privées lucratives rencontrées recherchent plutôt un équilibre CAP Petite Enfance / Auxiliaire de puériculture dans les équipes avec une répartition proche de 50/50. Les postes de direction des EAJE étaient historiquement assurés par du personnel du secteur sanitaire. Aujourd’hui les postes d’adjoint et de direction pour les structures de moins de 40 places sont ouverts aux EJE. Néanmoins, le CCAS de Toulouse s’inscrit toujours dans la configuration sanitaire en ne recrutant que des Puer aux postes de directeur(trice) et adjoint(e). A titre d’exemple, 2 Puer ont été recruté(e)s dernièrement pour assurer la direction et la direction adjointe d’une crèche multi-accueil de 60 places ouvertes en septembre 2011. Le profil EJE à la direction se développe pourtant au fil des années et les gestionnaires sont dans l’ensemble positifs par rapport à cette évolution. Au-delà de l’impact sur les coûts de fonctionnement des structures, un(e) EJE étant à un niveau de rémunération inférieur à celui des Puer, les profils EJE ont des compétences de management d’équipes et surtout de gestion de projet qui font le plus souvent défaut au personnel de formation sanitaire. La capacité des EJE à travailler sur des projets de territoire est plus particulièrement soulignée dans les GESTE 10 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance zones rurales qui développent des Pôles Petite Enfance intercommunaux impliquant un travail partenarial important. Néanmoins, le recrutement d’EJE aux postes de direction est freiné par plusieurs éléments : - Si les EJE peuvent prendre la direction des structures de moins de 40 places, la réglementation impose pour les structures de plus de 20 places, la présence d’un personnel paramédical (IDE ou Puer) au moins 4h par semaine par tranche de 10 places, soit 8h pour 20 places. Or, il est difficile pour l’IDE ou le/la Puer de s’intégrer à l’équipe en étant si peu présent. De plus, ce type de poste à temps très partiel est peu attractif. Soit il est pris comme activité complémentaire par des professionnels sous statut d’indépendant ou bien, plus rarement, un professionnel intervient sur plusieurs structures, au niveau par exemple d’une Communauté de Communes. Mais les déplacements rendent cette organisation complexe. - Les IDE sont aujourd’hui en catégorie A dans la Fonction Publique Hospitalière et le seront probablement rapidement dans la Fonction Publique Territoriale. Or les EJE sont en catégorie B et il semble difficile de mettre un directeur(trice) B qui encadre un adjoint(e) A. A titre d’exemple, une commune prévoit le doublement de la capacité de 2 crèches communales qui passerait à 40 places. La direction de chacune de ces crèches est assurée actuellement par une EJE, qui a fait ses preuves au poste de direction. Le passage à 40 places implique la présence d’un(e) IDE. Mais comment l’IDE, devenu(e) cadre A, acceptera-t-il(elle) d’être encadré(e) par une EJE ? En même temps, il paraît difficile de « rétrograder » l’EJE à un poste d’adjointe alors qu’elle est aujourd’hui directrice. Plus largement, il est difficile de trouver aujourd’hui des Puer ou IDE qui acceptent de travailler sous la responsabilité hiérarchique d’un(e) EJE. Une organisation fréquente est un(e) directeur(trice) Puer et un(e) adjoint(e). L’inverse est plutôt rare de même que les co-directions EJE-IDE qui se rencontrent mais restent peu répandues. Dans les plus petites structures, un AP fait souvent office d’adjoint de direction EJE. Globalement, on note un fort développement des directions EJE dans les structures jusqu’à 40 places et, au-dessus de 40 places, des directions Puer avec des adjoints Puer/IDE ou EJE. Des difficultés de recrutement importantes Auxiliaire de puériculture : un manque de diplômés Les plus grosses difficultés de recrutement concernent les AP. L’essentiel des interlocuteurs souligne cette difficulté même si sur certains territoires les postes fixes parviennent à être pourvus et si la difficulté se concentre alors sur les postes de remplacement. Cette pénurie de professionnels est très marquée sur l’agglomération de Toulouse, plus atténuée dans le Gers et le Tarn. Plusieurs explications sont avancées : GESTE 11 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance - Une insuffisance du nombre annuel de diplômés - Un manque d’attractivité des EAJE et plus particulièrement des EAJE communaux : La nécessité de passer le concours de la FPT après 3 ans de poste pour les EAJE communaux contrairement à l’entrée dans la FPH La faible rémunération dans la FPT La concurrence du CHU de Toulouse qui se révèle plus attractif et ne rencontre pas de difficultés dans le recrutement des AP L’hôpital est un recruteur important et beaucoup d’AP privilégient le secteur hospitalier à leur sortie de formation, même si les places y sont finalement plus rares. Le CHU, par exemple, embauche les AP directement à leur sortie de formation, les jeunes diplômés qui postulent sont le plus souvent connus des services par les stages. Comme les puériculteurs, quelques-uns viennent ensuite travailler dans des EAJE après 2-3 ans d’exercice pour des horaires et conditions de travail notamment plus confortables. Mais ils sont peu nombreux à changer de secteur d’activité voire même d’établissement. Le service de néonatalogie du CHU souligne par exemple l’absence de turn-over dans ses équipes. La pénurie de professionnels AP a des conséquences sur la qualité des recrutements. La commune de Toulouse a eu dernièrement des jurys avec 3 candidats pour un poste voire 1 candidat pour 1 poste. Le recrutement se fait alors par défaut ce qui ne garantit plus sa qualité. De même, pour l’ouverture en septembre 2011 d’une crèche multi-accueil, la directrice dit ne pas avoir pu recruter sur un projet mais un peu par défaut en raison de la pénurie de candidatures. De plus, les recrutés sont pour l’essentiel des jeunes diplômés et l’équipe constituée particulièrement jeune. Le déséquilibre EJE/AP est tel que des EJE sont embauchés sur des postes d’AP. Ils y restent le temps d’accéder à un poste d’EJE. Une EJE rencontrée dit néanmoins avoir été satisfaite de cette expérience, ne se sentant pas capable d’assurer immédiatement la responsabilité qu’on attend d’un(e) EJE. Puériculteur(trice) : un déficit d’attractivité des Etablissements d’Accueil de Jeunes Enfants Les interlocuteurs rencontrés ne signalent pas de pénurie de Puer mais plutôt des difficultés liées à un manque d’attractivité des EAJE. Dans le Tarn, par exemple, ces difficultés se traduisent par le recrutement d’IDE à la place des Puer. Comme évoqué ci-dessus, et de manière encore plus marquée pour les Puer, le 1 er projet à la sortie de l’école est le plus souvent le secteur hospitalier, d’autant plus que les postes de direction ne sont accessibles aux Puer qu’après 3 ans d’expérience et que ces professionnels postulent peu sur les postes d’adjoint. Le turn-over est ensuite relativement faible et seuls quelques-uns s’orientent vers les EAJE. GESTE 12 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance A noter que les recrutements sont facilités actuellement par les sorties échelonnées des écoles de formation : les IDE terminent en janvier et les Puer en juillet ce qui permet d’alimenter les besoins de recrutement tout au long de l’année. Si les Puer sortent également en janvier, suite à la réforme LMD à venir, des problèmes pourront survenir. Educateur(trice) de jeunes enfants : des besoins croissants Les recrutements d’EJE ne présentent pas de réelles difficultés actuellement sur le département de la Haute-Garonne ni sur le Tarn excepté pour les postes de remplacement. Par contre, ces professionnels sont rares sur le département du Gers. Deux éléments sont avancés pour expliquer cette situation : - Les organismes de formation se situent sur Toulouse et les jeunes qui vont s’y former ne reviennent pas dans le Gers. - Les postes proposés sont pour beaucoup des postes à temps partiels et les distances importantes entre 2 structures en milieu rural constituent un obstacle au cumul de temps partiels pour parvenir à un temps plein. Les besoins d’EJE sur la région sont croissants. Ils sont de plus en plus souvent préférés aux Puer pour occuper les postes de direction des petites structures et les projets de création d’EAJE portent essentiellement sur des structures de moins de 40 places. De plus, compte tenu de la dominante sanitaire qui subsiste aux postes de direction et adjoint sur le département de la HauteGaronne, ce dernier présente un potentiel de recrutement encore important pour les EJE. Enfin, les RAM ne couvrent pas encore l’ensemble du territoire, un potentiel de créations existe et l’animation de ces structures est souvent assurée par des EJE (plus de 60% des postes d’animateur de RAM sont occupés par des EJE). De nombreux diplômés CAP Petite Enfance sur le marché du travail Quels que soient le type de structure et sa localisation géographique, les employeurs disent recevoir un nombre élevé de candidatures de personnes détenant un CAP Petite Enfance. Comme expliqué plus haut, les politiques de recrutement diffèrent et des structures embauchent des CAP PE, qui peuvent représenter jusqu’à la moitié de l’équipe. D’autres n’en emploient que marginalement sur des postes de remplacement ou à un poste d’entretien ce qui donne la capacité à cette personne d’intervenir en renfort des équipes auprès des enfants si besoin. Face au nombre très élevé de candidatures, les employeurs constatent des situations en termes d’acquis, d’expériences antérieures, de capacité d’apprentissage très variables. Ils opèrent une sélection importante et tandis qu’ils éliminent des candidatures qu’ils jugent totalement inappropriées au travail auprès de jeunes enfants, ils soulignent aussi l’existence de personnes particulièrement motivées pour lesquelles ce diplôme, par sa facilité d’accès, constitue une bonne porte d’entrée dans le secteur à compléter ensuite par de la formation voire un cursus diplômant plus ambitieux. GESTE 13 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance 2 – L’INSERTION PROFESSIONNELLE DES DIPLOMES DES 3 DERNIERES ANNEES Résumé : L’insertion professionnelle des jeunes diplômés des métiers de la petite enfance est rapide et durable. Elle se fait majoritairement dans les EAJE pour les AP et EJE tandis que le 1er secteur d’insertion des Puer est le secteur hospitalier. L’insertion des CAP PE est plus lente et beaucoup plus dispersée (école maternelle, service à la personne mais aussi des secteurs tout autre). Les résultats qui suivent sont issus de l’enquête réalisée auprès des jeunes diplômés CAP PE, AP, Puer et EJE des 3 dernières années (cf. annexe 1). Attention, l’effectif de répondants détenant un CAP PE est faible (41 personnes), ces résultats sont donc donnés à titre indicatif seulement et demanderaient à être confirmés sur un échantillon plus important. En conséquence, les résultats d’ensemble inclus bien les CAP PE mais le détail par diplôme n’apparaît pas toujours pour ces derniers pour lesquels nous ne pouvons que retenir des tendances. 2.1 - Une insertion professionnelle rapide et durable 86% des diplômés des 3 dernières années sont en emploi aujourd’hui, moins de 10% d’entre eux sont au chômage. Le taux d’emploi est très élevé et prouve la persistance de besoins élevés dans le secteur de la petite enfance, même avec une croissance ralentie, en raison, d’une part, des créations de poste et, d’autre part, des nombreux départs à la retraite. GESTE 14 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance Plus de la moitié des jeunes diplômés sont en emploi dit durable (CDI ou CDD de plus de 12 mois), et près de 30% en emploi plus précaire. 77% d’entre eux ont un contrat à temps plein. Quelle que soit leur situation aujourd’hui, 95% des diplômés des 3 dernières années ont occupé au moins un emploi depuis l’obtention de leur diplôme et la durée de recherche du premier emploi a été de 1,3 mois en moyenne. La recherche du premier emploi est estimée comme ayant été très facile pour 50% des jeunes diplômés et assez facile pour 38% d’entre eux. GESTE 15 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance 2.2 - Mais de fortes inégalités entre les diplômes L’accès à l’emploi est quasi-immédiat pour les diplômes paramédicaux, avec pour les Puer un taux de chômage de 0% et de 4% pour les AP, il est plus instable pour les EJE, qui se caractérisent par un taux plus élevé d’emplois précaires, tandis que les CAP PE semblent connaître des difficultés d’insertion professionnelle. En raison de la faiblesse des effectifs, les CAP PE n’apparaissent pas sur le graphique qui suit mais, sur l’échantillon interrogé, 30% environ sont aujourd’hui au chômage, 30% en emploi durable et le dernier tiers en emploi précaire. Les diplômés CAP PE n’apparaissent pas dans ce graphique en raison des trop faibles effectifs. De même, lorsqu’on demande aux jeunes diplômés, quelle que soit leur situation aujourd’hui, s’ils ont déjà trouvé au moins un emploi depuis leur sortie de formation, près d’un tiers des diplômés CAP PE n’ont trouvé aucun emploi depuis l’obtention de leur diplôme contre 0% à 3% pour les autres diplômes. GESTE 16 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance Enfin, moins de la moitié des CAP PE en emploi aujourd’hui ont un contrat à temps plein contre 70% des EJE, 86% et 87% des AP et Puer respectivement. S’ils trouvent rapidement un premier emploi, les EJE démarrent plus souvent en CDD court (37% contre 24% et 22% respectivement pour les Puer et AP) et à temps partiel (30% d’entre eux contre 13% et 14% respectivement pour les Puer et AP). Ils ont également occupé un plus grand nombre d’emplois depuis l’obtention de leur diplôme (60% ont occupé 2 emplois ou plus contre 33% et 49% respectivement pour les Puer et AP). 2.3 - Un secteur d’insertion dominant : les Etablissements d’Accueil de Jeunes Enfants Près de 60% des diplômés des 3 dernières années travaillent aujourd’hui dans une structure d’accueil de la petite enfance avec des situations différentes selon le diplôme. GESTE 17 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance Les Puer travaillent essentiellement dans le secteur sanitaire. Seuls 13% d’entre eux intègrent un EAJE ce qui s’explique par la nature de leur poste dans ce secteur : ils occupent des postes de direction ou d’adjoint de direction, rarement des postes d’encadrement auprès des enfants, et les postes de direction ne leur sont ouverts qu’après 3 années d’expérience professionnelle. Les EJE ne travaillent pas ou peu dans le secteur sanitaire (quelques postes existent néanmoins dans les hôpitaux). Enfin, sur notre échantillon, seuls 15% environ des CAP PE travaillent dans un EAJE ce qui est finalement une proportion faible. Mais compte tenu du nombre très élevé de diplômés annuel (près de 1200), ils sont quand même fortement présents dans les équipes des EAJE. Les autres secteurs d’insertion des jeunes diplômés CAP PE sont l’école maternelle, les services à la personne (garde d’enfants) mais aussi des secteurs totalement autres. On notera que 40% d’entre eux travaillent pour un employeur privé contre 11% à 12% pour les 3 autres diplômes. L’insertion professionnelle dans les EAJE se fait principalement dans les crèches collectives multi-accueil. Part des diplômés des 3 dernières années exerçant aujourd’hui dans les différents types d’EAJE Crèche collective en 38% multi-accueil Crèche collective en 6% accueil régulier Crèche d'entreprise 5% Crèche familiale 3% Crèche parentale 3% Micro-crèche 2% Halte garderie 1% Jardin d'enfants 1% GESTE 18 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance Les micro-crèches représenteraient 2% des emplois occupés, chiffre probablement sous-estimé, les micro-crèches employant une part élevée de CAP Petite Enfance, sous représentés dans notre échantillon. 2.4 - Les postes occupés par les jeunes diplômés Les effectifs de notre échantillon de jeunes diplômés CAP PE sont trop faibles pour quantifier les postes occupés, d’autant plus qu’ils sont très divers, seuls les spécificités mises en évidence au niveau du domaine d’insertion sont donc reportées. Puériculteur(trice) Auxiliaire de Educateur(trice) CAP Petite puériculture de jeunes enfants Enfance 82% Puer 92% AP 74% EJE 20% environ 9% Direction EAJE 2% adjoint direction 3% direction EAJE travaillent dans 4% Adjoint de EAJE 9% adjoint un autre direction EAJE 1% EJE direction secteur 5% autres fonctions 3% autres fonctions 7% AP 15% environ en sanitaires et sociales Enfance 4% Animation RAM EAJE 2% autres fonctions 3% autres fonctions et secteurs enfance Les autres fonctions du secteur occupées par les CAP PE sont Agent territorial Spécialisé des Ecoles Maternelles, Animateur centre de loisirs, Assistant maternel, agent social… Ces chiffres confirment la présence d’EJE à des postes d’AP que les employeurs expliquent par la pénurie de diplômés AP sur le marché du travail. Ainsi, 7% des jeunes diplômés EJE occuperaient aujourd’hui un poste d’AP. Inversement, 1% des AP occuperaient un poste d’EJE. GESTE 19 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance 3 – L’ORGANISATION DU TRAVAIL ET L’EVOLUTION DES COMPETENCES ATTENDUES PAR LES EMPLOYEURS Résumé : Les compétences attendues des professionnels dans les EAJE s’élargissent fortement. Les postes de direction exigent des compétences en gestion, management, conduite de projet et animation de partenariats. Les professionnels encadrant les enfants doivent assurer une prise en charge globale des enfants dans ses aspects sanitaires, éducatifs et sociaux. Il est également attendu d’eux un accompagnement des parents. En réponse à ces nouveaux besoins de compétences, les employeurs identifient les atouts et faiblesses de chacun des 4 diplômes étudiés. 3.1 – La direction des Etablissements d’Accueil de Jeunes Enfants Le développement des postes de direction assurés par un(e) Educateur(trice) de Jeunes Enfants Différentes organisations de directions d’EAJE coexistent aujourd’hui : - une direction Puer, ou bien IDE en l’absence de Puer sur le marché du travail, avec une direction adjointe EJE une direction adjointe Puer ou IDE - une direction EJE dans les structures jusqu’à 40 places avec parfois une codirection qui peut être assurée par un(e) autre EJE voire un(e) AP dans certains cas. Un cas a été rencontré d’une direction EJE assistée d’une responsable administrative non professionnelle de la petite enfance. L’EJE se concentre alors sur la responsabilité pédagogique de la structure. La présence des EJE se développe depuis le décret de 2007. Lorsque la structure créée compte 40 places ou moins, c’est un profil EJE qui est le plus souvent recherché au poste de direction. Les employeurs avancent comme explication des compétences en animation, gestion de projet et relations partenariales que détiennent les EJE alors qu’elles restent peu développées chez les professionnels paramédicaux. Les compétences en management d’équipe des EJE sont également citées. Il faut rappeler par ailleurs que le coût salarial d’un(e) EJE (diplôme de niveau III) est inférieur au coût salarial d’un(e) Puer ou IDE (diplômes de niveau II). GESTE 20 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance Si le profil de recrutement EJE semble le plus recherché pour les petites structures, on a vu plus haut dans les politiques des gestionnaires, l’existence de freins à ce développement (préférence « historique » pour des profils sanitaires, manque d’attractivité des postes paramédicaux à temps partiels obligatoires dans les structures dirigées par un(e) EJE, problématique liée aux relations hiérarchiques entre les EJE de catégorie B et le personnel paramédical de catégorie A). La lourdeur des tâches administratives perçue par les directeurs, l’importance du management d’équipes et des relations partenariales pour les gestionnaires Les tâches des directeurs d’EAJE varient en fonction de la taille de la structure et de la répartition avec l’organisme gestionnaire. Néanmoins, on retrouve les grands domaines d’activité ci-dessous : - Accueil des parents et des enfants - Gestion administrative de la structure (pointage de la présence des enfants, réception des factures, préparation des éléments pour le comptable…) - Gestion du personnel (contrats de travail, remplacements, planning et gestion des congés…) - Management des équipes - Montage des projets - Relations institutionnelles Les directrices rencontrées disent être happées par les tâches administratives de plus en plus lourdes et chronophages au détriment de l’accueil des parents et de la présence auprès des enfants. Néanmoins, elles interviennent encore souvent en soutien des équipes dans les activités quotidiennes auprès des enfants, entre un mi-temps et un tiers-temps dans les plus petites structures. Dans les plus grandes structures (60 places), le plus souvent, le(a) directeur(trice) n’intervient plus sur les tâches de soins et d’animation directement auprès des enfants. Le management des équipes constitue une activité centrale des postes de direction même si les responsables ne le citent pas d’emblée. Les compétences dans ce domaine font défaut aux professionnels selon les dires des gestionnaires mais aussi des directrices elles-mêmes. Leur formation ne prépare pas au management. Les formations sanitaires sont plus éloignées encore de cette problématique, la formation EJE, suite à sa réforme, préparant mieux aujourd’hui à l’encadrement et à la responsabilité d’équipe. Mais, dans tous les cas, les directrices font appel à des formations complémentaires en cours d’emploi. La gestion de projet et les relations partenariales sont en développement. Les structures vivent de moins en moins « en autarcie » et doivent travailler en coopération/coordination avec les autres acteurs du territoire : relation avec les partenaires financeurs, regroupement de crèche collective/halte-garderie/crèche familiale au sein d’un Pôle Petite Enfance par exemple, recherche de passerelles GESTE 21 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance avec l’école maternelle… Ce sont sur ces compétences principalement que les profils EJE font la différence d’après des gestionnaires. Les formations sanitaires ne préparent pas au montage de projets et les postulants aux postes de direction sont le plus souvent issus du secteur hospitalier avec une expérience centrée sur les pathologies. Les parcours au sein des PMI ne préparent pas non plus à cette animation de territoire, même si les Puer sont amenés à travailler en concertation avec les acteurs du secteur social. Plus largement, les EJE sont perçus comme mieux formés sur la culture générale, l’animation, l’ouverture sociale, le soutien à la parentalité avec une bonne aptitude aux postes de direction. A contrario, il est fait le reproche aux Puer de ne pas avoir d’expérience pédagogique et d’animation auprès des enfants. De leur côté, les Puer ont une formation aux pathologies que les EJE n’ont pas. Or le paramètre médical reste fort pendant la 1ère année de vie de l’enfant et, si la compétence médicale n’est plus fondamentale aujourd’hui, elle reste nécessaire. Nous synthétisons ci-dessous les attendues respectifs en termes de compétences d’un binôme EJE et Puer/IDE à la direction d’une structure : EJE Puer/IDE - Management - Observation - Etre force de proposition - Orientation des enfants - Sens de l’organisation - Dynamique par rapport - Lien avec le médecin et les partenaires au pédagogique - Accompagnement des familles projet médico-sociaux - Suivi de la pharmacie - Suivi des enfants Les profils EJE et Puer/IDE sont perçus comme très complémentaires. La nécessité d’intégrer l’optimisation de l’équipement dans les contraintes de gestion Enfin, l’absence de compétences en gestion d’équipement est soulignée aussi bien pour les EJE que pour les Puer. La vocation des EAJE est de rendre un service aux parents et, face à la forte demande sociale, ce service doit être le plus large possible : optimiser le taux d’occupation des places sous contrainte de qualité de l’accueil, coller au plus prés au rythme des parents. Dans sa mission de service public, le responsable de la structure d’accueil ne doit pas gérer uniquement l’accueil des enfants inscrits mais aussi l’accueil des enfants en attente d’une place à l’extérieur de la crèche. Ce souci d’optimisation d’un équipement public a conduit notamment à la mise en place de la PSU à laquelle se trouvent confrontées des directrices peu préparées à cet aspect de la gestion. Elles perçoivent l’optimisation du taux d’occupation des places et la garantie d’une qualité de l’accueil comme antinomique. Des directrices disent se trouver en difficulté face à cette exigence du gestionnaire : « comment mettre en adéquation les souhaits institutionnels et le respect de l’enfant et de sa famille dans son accompagnement ? », « comment concilier ces 2 attentes ? ». GESTE 22 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance Les responsables des structures doivent aujourd’hui être capables d’intégrer la notion de service public et d’optimisation de l’utilisation de l’équipement dans leurs contraintes de gestion, sans les opposer à la qualité de l’accueil. 3.2 – Les professionnels chargés de l’encadrement des enfants Les EAJE sont classiquement organisés en section, en fonction de l’âge des enfants : les Bébés (2 mois-1 an), les Moyens (1-2 ans), les Grands (2-3 ans). Des équipes par section sont chargées de l’encadrement des enfants. Chaque enfant a, le plus souvent, un ou deux professionnels référents. Selon les organisations, le personnel suit les enfants d’une année sur l’autre ou se divise avec une partie qui suit et une partie qui reste sur une même section plusieurs années. Les équipes sont composées de : - AP chargés de l’encadrement au quotidien et référents des enfants - 1 ou 2 EJE, selon la taille de la structure. Selon les organisations, les EJE sont soit dans une section attitrée soit ils partagent leur temps entre plusieurs sections. Le plus souvent, ils ne sont pas référents d’enfants afin de ne pas être pris par le soin au quotidien et rester disponibles pour l’animation éducative. - Des diplômés CAP PE le plus souvent en tant que personnel chargé de l’encadrement des enfants. Ils sont intégrés dans les équipes d’AP et peuvent être référents d’enfants. Dans certaines structures, les CAP PE n’interviennent qu’en soutien des équipes (sur les temps fort tels que les repas ou en remplacement) et sont chargés prioritairement de l’hygiène des locaux. Les EAJE se caractérisent par une faible hiérarchie : la direction, secondée parfois par une direction adjointe, puis le personnel d’encadrement des enfants. Au sein des équipes, et quel que soit le diplôme détenu (EJE, AP, CAP PE), le personnel effectue au quotidien les mêmes tâches qui sont principalement : - L’accueil des enfants et des parents - Les soins à l’enfant : change, repas, sommeil - La gestion du groupe et l’animation d’activités. Les EJE aux postes de direction dans les plus petites structures prennent souvent part de la même manière à ces différentes tâches. Mais des compétences attendues différentes Le profil EJE est complémentaire des 2 autres profils et offre une perception différente de l’activité. L’EJE est dans l’éducatif et, si il(elle) réalise GESTE 23 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance les mêmes activités, il(elle) les réalise avec des méthodes éducatives. Les EJE accompagnent les autres professionnels sur leurs projets, ils apportent de la méthodologie, ils favorisent le travail en équipe. L’AP a un rôle d’observation des enfants dans le cadre de la prévention, du maintien de l’hygiène corporelle. Il(elle) a plus l’œil focalisé sur les soins, la sécurité. Par rapport aux personnes titulaires d’un CAP PE, les attentes des responsables vis-à-vis des AP sont plus fortes. Ils vont plus loin sur la prévention, dans le rapport avec la famille. Ils informent et conseillent les parents même s’ils sont insuffisamment préparés au soutien à la parentalité. Les AP sont également amenés à occuper des tâches déléguées par la direction telles que l’ouverture et la fermeture de l’établissement, l’encadrement des stagiaires. Les personnes titulaires d’un CAP PE réalisent les soins au quotidien auprès de l’enfant mais sont moins attendues dans la relation avec les parents. Il leur est demandé une forte polyvalence qui va de l’accueil des enfants à l’entretien des locaux. La personne diplômés d’un CAP est dans le « faire » et moins dans la réflexion. Les titulaires d’un CAP PE n’ont pas de réelles compétences en psychologie, dans la relation à l’enfant, la communication. Si les tâches ne sont pas strictement séparées, la personne titulaire d’un CAP PE va être de fait plus souvent en charge de tâches comme la vaisselle, la préparation des goûter… Les employeurs soulignent des compétences très inégales entre les personnes diplômées d’un CAP PE. Certaines ont des acquis proches d’un(e) jeune diplômé(e) AP tandis que d’autres se présentent sans pratiquement aucune notion ni motivation pour le métier. Le graphique ci-après schématise une organisation type dans un EAJE et les compétences attendues des différents professionnels en distinguant les EAJE de plus ou moins 40 places : GESTE 24 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance : Domaine d’activités attendu selon le poste GESTE 25 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance Des tensions parfois dans les équipes Même si les compétences attendues sont différentes, la similarité des tâches réalisées au quotidien peut créer des tensions. Les EJE n’ont pas, le plus souvent, de relation hiérarchique avec les équipes d’AP et CAP PE, même si certaines organisations leur donnent un rôle de direction d’équipe plus ou moins marqué. Mais ils sont un relais pour la direction, ils travaillent notamment avec elle à l’élaboration du projet pédagogique et sont les garants de sa mise en œuvre. Tout en étant intégré(e) aux équipes, l’EJE fait l’interface avec la direction. Cette situation, ajoutée au fait que la majorité des structures ne compte le plus souvent qu’un(e) seul(e) EJE, crée parfois un fort sentiment d’isolement et complexifie leur mission. Des AP, de leur côté, peuvent être réticents à la création d’un poste EJE par rapport à un poste d’AP, par crainte que l’EJE ne refuse d’assurer les soins quotidiens aux enfants ce qui alourdirait leur propre charge de travail. Les AP se trouvent en tension avec les personnes titulaires d’un CAP PE. Le fait que ces derniers exercent les mêmes tâches crée un sentiment de dévalorisation de leur diplôme. Une directrice souligne le travail de management important à faire pour rassurer sans cesse les AP afin qu’ils n’aient pas l’impression que leur diplôme soit dénigré. 3.3 - Le positionnement relatif des 4 diplômés étudiés La perception des employeurs Les entretiens avec les employeurs ont mis en évidence des compétences dominantes selon le diplôme détenu. Le tableau ci-dessous reporte les domaines de compétences dominants à l’issue de la formation tels qu’ils sont perçus par les employeurs. Domaines de Puer EJE AP CAP PE Paramédical Educatif Délégation du Hygiène en compétences - Pathologie - Educatif dominants tels - Santé publique - Projet qu’ils sont perçus par les employeurs - Prévention - Méthodologie, écrits - rôle de Puer - Soins de base pédagogique du jeune enfant Connaissance (hygiène, du repas, développement psychomoteur de l’enfant - Travail social - entretien - Hygiène de l’environnement de l’enfant - Aide en école sommeil) maternelle mais Soins pas des techniques en spécialistes de la hospitalier petite enfance Conditions Accès aux postes Accès aux postes Encadrés par une Encadrés par une d’exercice de direction de direction et Puer/IDE ou cadre Puer/IDE ou cadre et adjoint adjoint médico-social médico-social GESTE 26 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance Des écarts importants existent entre ces domaines de compétences développés en formation et les besoins en compétences dans les fonctions respectives des professionnels au sein des EAJE. Ainsi, les employeurs identifient les principaux atouts et manques respectifs des différentes formations : Puer Atouts - Connaissance des pathologies indispensable la 1ère année de l’enfant - Prévention et santé publique EJE - Educatif - Animation d’un AP - Soins de base du jeune enfant CAP PE - Hygiène de l’environnement de l’enfant projet interne et externe - Mieux préparés à l’encadrement et management d’équipe Manques - - Gestion d’une structure - - Management - - Animation auprès des jeunes enfants - Connaissance - Besoins des pathologies psychopédagogiques - Gestion d’une de l’enfant structure - Management - Connaissances de la petite enfance - Accompagnement des familles - Animations et gestion d’un insuffisant groupe d’enfants (gestion des conflits…) - Accompagnem ent des familles Les employeurs partagent l’idée d’une forte complémentarité entre ces différents professionnels au sein des EAJE. Néanmoins, la formation de Puer est la formation qui semble la plus éloignée aujourd’hui des besoins en compétences dans ces structures. L’évolution de l’accueil du jeune enfant, passée d’une vocation hygiéniste à une vocation éducative voire, plus récemment, d’accompagnement parental, implique une évolution des compétences. Les compétences éducatives se sont développées au sein des EAJE depuis la création du diplôme EJE en 1973 jusqu’à l’ouverture des postes de direction à ces professionnels en 2007. Les enfants accueillis sont aujourd’hui en bonne santé et l’aspect sanitaire de l’accueil n’est plus central même s’il reste important dans le développement de l’enfant, particulièrement la 1 ère année. Les Puer sont attendus sur les aspects de prévention et non plus sur le soin. La valeur ajoutée de leur formation n’est plus déterminante dans le recrutement d’un responsable de structure et l’accès à un poste de direction implique pour les Puer l’acquisition de compétences non développées en formation : la gestion des ressources humaines, la gestion d’une structure, et plus particulièrement d’un équipement public dans le cas des structures gérées par les collectivités, ainsi que, plus récemment, la gestion de projet et le développement des partenariats. A contrario, les compétences éducatives des EJE sont mises en avant et, même si les compétences de gestion de structure leur font aussi défaut, les GESTE 27 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance employeurs les disent mieux préparés au management d’équipe, notamment depuis la réforme de leur diplôme, et surtout plus aptes au montage de projets partenariaux. De même, les EJE sont perçus comme mieux préparés à l’accompagnement des familles, accompagnement centré sur la parentalité et non plus sur l’éducation sanitaire. Le diplôme AP, autre diplôme sanitaire, est perçu comme préparant bien à la fonction d’encadrement des enfants au sein des EAJE parce que ces professionnels ont en charge les soins quotidiens aux enfants (change, repas, sommeil). Mais, même si la compétence éducative dans l’équipe est assurée par l’EJE, la fonction d’encadrement des enfants dépasse aujourd’hui le seul soin sanitaire et demande aussi des compétences d’animation de groupe d’enfants et d’accompagnement des parents, compétences peu abordées en formation. A contrario, cette fonction d’encadrement ne fait pas appel aux compétences de soins techniques hospitaliers acquises en formation. D’ailleurs, le passage du secteur de la petite enfance au secteur hospitalier après plusieurs années d’expérience dans le premier est considéré comme difficile, le risque de perte de compétences de soins hospitaliers étant élevé en l’absence de pratique. Enfin, le CAP PE est dit beaucoup plus aléatoire en termes d’acquis que les autres diplômes. Pourtant le contenu de la formation répond à un besoin dans les EAJE, même s’il est insuffisamment centré sur la petite enfance. L’obtention du diplôme ne garantit pas la maîtrise de ces contenus. Lorsque le(a) jeune diplômé(e) se révèle compétent(e) et motivé(e), il constitue alors un premier diplôme d’entrée dans le secteur de la petite enfance. Il permet de postuler à un poste dans les EAJE et, parce qu’il est bien souvent un premier diplôme pour des jeunes suite à plusieurs échecs scolaires ou pour des personnes en reconversion professionnelle, il ouvre l’accès à un parcours de formation, en particulier vers le diplôme d’AP. L’appréciation de la formation par les jeunes diplômés Les jeunes diplômés sont très positifs par rapport à la formation suivie même s’ils disent devoir faire face à des situations ou des tâches auxquelles la formation ne les a pas préparés. Ils sont 86% à estimer que les activités exercées sont en lien avec leur diplôme. Les activités exercées dans le cadre de votre emploi sont-elles en lien avec votre diplôme ? 100% 86,2% 80% 60% 40% 11,7% 20% 2,1% 0% Oui, toutes GESTE En partie seulement Non, pas du tout 28 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance De même, 75% d’entre eux estiment assurer des responsabilités en lien avec leur diplôme. Seuls les jeunes diplômés CAP PE, sur notre échantillon, sont moins unanimes : près de 20% d’entre eux estiment que les activités qu’ils exercent ne sont pas du tout en lien avec leur diplôme. Cette proportion correspond à la part de ces jeunes diplômés qui travaillent aujourd’hui dans un tout autre secteur. Les parties de la formation les plus utiles aux jeunes diplômés dans leur travail sont les stages et les enseignements relatifs aux pratiques professionnelles. Quelles parties de votre formation sont les plus utiles pour votre travail ? Les stages 84% Les enseignements relatifs aux pratiques professionnelles 78% Les enseignements relatifs aux projets, à la communication 45% Les enseignements relatifs aux populations prises en charge 32% Les enseignements disciplinaires (droit, socio ) 9% Les enseignements relatifs aux politiques sociales et aux … 5% 0% 20% 40% 60% 80% 100% Sans surprise, les jeunes professionnels se réfèrent avant tout aux enseignements pratiques lors de leur première prise de poste. Les EJE se distinguent par l’importance accordée aux enseignements relatifs aux projets et à la communication qu’ils citent à 80% comme une des parties de la formation la plus utile dans leur travail contre 36% des AP et 9% des puer. Ce résultat corrobore les dires des employeurs qui apprécient ce profil de professionnel notamment pour leur capacité à monter des projets partenariaux. Les jeunes diplômés doivent faire face à des situations ou tâches auxquelles la formation ne les a pas préparés. Rencontrez-vous des situations problématiques auxquelles votre formation ne vous a pas préparé ? 73% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% 47% 49% 48% 47% 39% 41% 24% 4% 9% 2% Auxiliaire de Puériculture Educateur de Jeunes Enfants Oui, très souvent GESTE 2% Oui, parfois 2% 2% Puériculture Non, rarement 9% 3% Total Non, jamais 29 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance Devez-vous effectuer des tâches auxquelles votre formation ne vous a pas préparé ? 60% 54% 50% 43% 42% 43% 37% 40% 30% 24% 36% 40% 24% 20% 20% 14% 9% 10% 4% 0% 6% 4% 0% Auxiliaire de Puériculture Educateur de Jeunes Enfants Oui, très souvent Oui, parfois Puériculture Non, rarement Total Non, jamais On constate que, plus le niveau de diplôme est élevé, plus les jeunes diplômés disent rencontrer des situations ou tâches auxquelles ils ne sont pas préparés. Ce résultat n’est pas spécifique à ces 4 diplômes et s’explique par 2 phénomènes essentiellement : - Plus le niveau de diplôme est élevé et plus la prise de responsabilité dans l’exercice professionnel est forte avec la survenue de situations imprévisibles que le professionnel doit lui-même gérer. - La perception et l’analyse des situations diffèrent en fonction du niveau de diplôme : les niveaux V sont plus dans l’exécution tandis que l’analyse problématisée se développe avec l’élévation du niveau de diplôme. GESTE 30 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance CONCLUSIONS ET PRECONISATIONS Les conclusions de ce diagnostic emploi-formation sont principalement : - Une poursuite de la croissance des besoins en professionnels dans un contexte de pénurie de diplômés, pénurie particulièrement marquée pour les AP - Une probable reconfiguration du profil des personnels avec une montée en puissance des EJE - Des compétences insuffisamment développées en formation diplômante et un besoin de nouvelles compétences pour répondre aux attentes des gestionnaires (intégrer la contrainte économique dans la gestion de la structure, animer un projet) et assurer une prise en charge plus globale de l’enfant par l’accompagnement des parents. Le bien-être de l’enfant intègre, outre sa bonne santé, son épanouissement, son apprentissage, sa socialisation, son éducation. Les préconisations qui en découlent s’intègrent dans les 4 axes stratégiques du schéma des formations sanitaires et sociales 2012-2016. Axe 1 : Affiner la réponse aux besoins d’emploi et de compétences des territoires dans le secteur social, médico-social et de santé Le diagnostic montre une poursuite de la croissance des besoins en professionnels dans le secteur de la Petite Enfance mais cette croissance pourrait se ralentir suite aux restrictions budgétaires et aux progrès déjà réalisés dans la couverture des besoins. Les employeurs connaissent actuellement des difficultés importantes de recrutement de personnel AP en raison d’une pénurie de jeunes diplômés sur le marché du travail. Ces difficultés sont particulièrement criantes sur l’agglomération de Toulouse avec un risque, selon les employeurs, d’une perte dans la qualité des recrutements. Les postes de direction évoluent et la pluridisciplinarité de la fonction s’accentue. Des compétences plus pointues en gestion et montage de projets sont notamment demandées par les employeurs et financeurs. Afin de mieux répondre à la demande sociale, l’articulation des différents modes et structures d’accueil (individuel, collectif, familial) est nécessaire. Il s’agit de décloisonner les activités, d’assurer une meilleure circulation de l’information et de favoriser les échanges entre les professionnels. Les Relais Assistants Maternels, les Pôles Petite Enfance traduisent cette volonté et font émerger des besoins d’animation. Plus largement, des compétences dans la construction de partenariats, dans le GESTE 31 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance montage de projets territoriaux sont de plus en plus recherchées, et plus encore en zone rurale. Les exigences de gestion au niveau des structures se renforcent. Dans le secteur associatif, il est de plus en plus souvent demandé au responsable de construire un budget prévisionnel. Dans le secteur public, il lui est demandé d’optimiser l’occupation des places afin de répondre aux besoins du plus grand nombre. Les responsables de structure n’intègrent pas, dans leur contrainte de gestion, les impératifs de service public qui sont de gérer l’accueil des enfants inscrits mais aussi des enfants en attente d’une place. L’optimisation du taux d’occupation des places est perçue comme ne pouvant se faire qu’au détriment de la qualité de l’accueil. Or, il ne leur est plus uniquement demandé d’assurer la qualité de l’accueil mais de concilier cette qualité avec l’ouverture au plus grand nombre. Enfin, il est attendu de l’ensemble des professionnels, direction et encadrement, des compétences dans l’accompagnement des parents, dans le soutien à la parentalité. En particulier, pour une meilleure prise en charge de l’enfant, les professionnels doivent être capables d’accompagner voire d’orienter la famille lorsque celle-ci cumule des problématiques socio-professionnelles par exemple (chômage, parent isolé…). Les profils EJE répondent à l’évolution des besoins des EAJE et le recrutement de ces profils sera privilégié à l’avenir. Plusieurs facteurs contribuent à une probable croissance des recrutements d’EJE : - Une augmentation des postes de direction occupés par ces professionnels au détriment des Puer pour 3 raisons principales : Les structures créées sont essentiellement des structures de 40 places ou moins Les EJE ont des compétences en animation et montage de projets partenariaux auxquelles font de plus en plus appel les fonctions de direction - Un moindre coût salarial La poursuite du développement des Relais Assistants Maternels majoritairement animés par des EJE Inversement, le profil des Puer répond moins aujourd’hui aux besoins des EAJE parce que l’aspect sanitaire de l’accueil n’est plus central. Pour les Puer euxmêmes l’activité en secteur hospitalier est plus attractive et mieux rémunérée qu’en EAJE. La mise en avant des compétences des EJE pour répondre aux besoins des EAJE ne doit pas faire oublier l’importance du suivi médical du jeune enfant. La réglementation prévoit l’intervention dans la structure de personnel paramédical 8 heures par semaine par tranche de 20 places. La réponse à cette obligation pose aujourd’hui 2 difficultés majeures : GESTE 32 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance - Le manque d’attractivité de ces postes à temps très partiel et donc la difficulté à trouver des candidats. Des solutions possibles sont l’intervention d’un professionnel exerçant en libéral ou bien la mutualisation d’un professionnel sur plusieurs structures - La position de supérieur hiérarchique d’une direction EJE (catégorie B) sur un professionnel Puer ou IDE de catégorie A (suite au passage du diplôme au niveau II). Préconisations Augmenter le nombre de diplômés Auxiliaire de Puériculture Face aux difficultés de recrutement actuelles et à des besoins encore croissants, il parait nécessaire d’augmenter le nombre de diplômés annuel sur la région. Néanmoins cette augmentation doit se faire en tenant compte du taux de diplômés actuel dans les structures. La réglementation impose aujourd’hui 50% de diplômés parmi le personnel des EAJE. Or, des gestionnaires font le choix de privilégier le recrutement de diplômés et la répartition des personnels dans ces structures se situe alors au-dessus de ce taux. En raison de contraintes budgétaires importantes, des gestionnaires pourraient être amenés à baisser leurs exigences et à recruter proportionnellement moins de professionnels titulaires d’un DE AP. En particulier, les EAJE sur le département de la Haute-Garonne et l’agglomération de Toulouse se caractérisent par un taux élevé de diplômés dans les équipes qui peut aller jusqu’à 100%. Et ce département est aussi le recruteur le plus important en volume de la région. Sans remettre en cause la politique des gestionnaires, qui invoquent l’absentéisme élevé dans les équipes et le caractère aléatoire des acquis des détenteurs d’un CAP PE pour justifier ces exigences, on ne peut éluder la question économique de l’analyse. Et la réglementation donne une marge de manœuvre au gestionnaire qui peut réduire les recrutements de diplômés au profit de non diplômés. Les besoins en AP en seront réduits d’autant. De même, l’insertion professionnelle des nouveaux bacheliers Accompagnement Services et Soins à la Personne (1ère promotion de diplômés en 2014) doit être suivie de prés. Le référentiel est relativement proche de celui de la formation AP et ces jeunes diplômés peuvent venir concurrencer les diplômés AP sur le terrain, quitte à ce que l’employeur prévoit quelques formations complémentaires ciblées pour combler les compétences manquantes. Par ailleurs, l’accroissement des places de garde de jeunes enfants se fait aussi sur des structures innovantes telles que les micro-crèches, qui n’ont pas d’exigences en termes de recrutement d’AP, ou les MAM, qui sont des regroupements d’assistants maternels. Augmenter le nombre de diplômés signifie augmenter l’accès à la GESTE 33 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance qualification. Les différentes voies d’accès à la qualification doivent être exploitées. Il s’agit bien sûr des différentes voies de formation (en cursus complet ou partiel par les passerelles, en apprentissage) mais aussi de la voie de la validation des acquis de l’expérience qui a un potentiel de développement important (cf plus loin). Anticiper la croissance des besoins en Educateurs de Jeunes Enfants La présente étude met en évidence une préférence pour les profils EJE dans les stratégies de recrutement des employeurs et parallèlement une moindre attractivité de ce secteur pour les personnels paramédicaux. Si le nombre annuel de diplômés répond aux besoins aujourd’hui, il sera rapidement insuffisant. Mais, afin d’anticiper au mieux les futurs besoins, il est nécessaire de les quantifier en menant une étude prospective qui intègre, outre les projets de création de structure, les besoins de remplacement dus aux nombreux départs à la retraite attendus. Veiller à la territorialisation de la carte des formations Les organismes de formation AP et EJE se concentrent sur Toulouse et les jeunes diplômés, même venant d’autres territoires de la région, restent ensuite majoritairement sur l’agglomération tandis que les structures plus excentrées ne parviennent pas à recruter. A la forte attractivité de l’agglomération de Toulouse pour les jeunes diplômés, s’ajoute pour les AP, la faible mobilité des candidats et donc probablement un potentiel de candidats sur la région non exploité. Il s’agit donc de décentraliser ou déconcentrer la formation par la création de places « permanentes » ou la mise en place de promotions « fluctuantes » en fonction des besoins. Axe 2 : Poursuivre la promotion de la formation tout au long de la vie Le schéma des formations sanitaires et sociales souligne que l’intégration de la formation comme moyen de sécurisation des parcours professionnels vise à anticiper les risques de rupture, mais aussi à répondre aux besoins de professionnalisation du personnel confronté à des évolutions en termes de compétences attendues. La présente étude met en évidence un besoin de professionnalisation important dans le secteur des EAJE dû à 2 éléments : - une évolution des compétences attendues - une part élevée de personnel non diplômé dans les équipes GESTE 34 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance Une évolution des compétences attendues Quelle que soit la formation initiale suivie, l’évolution des EAJE exige de nouvelles compétences qui font souvent défaut aux professionnels. Des formations complémentaires, dont certaines existent déjà, sont nécessaires. Les postes de direction sont les plus impactés avec des besoins de formation notamment dans les domaines suivant : - La gestion des ressources humaines et le management - L’animation et le montage de projets partenariaux - La gestion d’équipement et plus particulièrement la gestion d’équipement public qui doit intégrer la contrainte d’un service rendu au plus grand nombre. La difficulté dépasse les seules techniques de gestion et porte sur la conception de l’accueil dans laquelle les professionnels opposent qualité et quantité. Or, il s’agit de trouver aujourd’hui des solutions qui concilient la qualité de l’accueil collectif et l’accès du plus grand nombre à ce mode de garde. A côté des formations complémentaires et, pour répondre aux exigences croissantes des postes de direction, des employeurs évoquent l’intérêt d’une formation diplômante spécifique tel que le CAFERUIS (Certificat d’Aptitude aux Fonctions d’Encadrement et de Responsable en Unité d’Intervention Sociale, diplôme de niveau II, bac + 4, du secteur social). Un organisme de formation en Midi-Pyrénées travaille actuellement à un projet de licence professionnelle « Directeur de structure petite enfance » en partenariat avec l’université. Les compétences attendues évoluent également pour les équipes encadrant les enfants. En effet, la nécessité de concilier qualité de l’accueil des enfants et ouverture au plus grand nombre impacte l’ensemble des professionnels de la structure et pas uniquement les postes de direction. Elle vient après le passage de l’accueil régulier au multi-accueil que les professionnels associaient déjà à une perte de qualité. La formation initiale est centrée sur l’encadrement du jeune enfant mais peut-être pas suffisamment sur l’encadrement au travers des différentes modalités de prise en charge possible (accueil individuel, accueil régulier, accueil irrégulier). Enfin, l’accueil des enfants dans la structure se fait aujourd’hui avec les parents en décloisonnant les deux lieux de vie de l’enfant. Les professionnels partagent alors inévitablement les difficultés sociales, professionnelles voire de santé des parents et peuvent également rencontrer des difficultés face à la diversité des cultures. La formation initiale prépare peu ou pas suffisamment à cet accompagnement à la parentalité et au multiculturalisme. Une part élevée de personnel non diplômé dans les équipes Le personnel non diplômé, au sens de la réglementation des EAJE, représente jusqu’à 50% des équipes. Ces personnes sont le plus souvent titulaires d’un CAP PE. Si le seul diplôme est perçu par les employeurs comme insuffisant pour GESTE 35 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance l’encadrement des enfants, ces agents se sont formés par la pratique et ont pu accéder à des formations complémentaires. Ils réalisent le plus souvent les mêmes tâches que les AP et ont acquis une expérience importante du métier. Ils représentent un potentiel de qualification qui doit être exploité. Préconisations Encourager la professionnalisation du secteur Afin de répondre aux besoins en compétences des EAJE et sécuriser les parcours professionnels des salariés, la professionnalisation du secteur doit être encouragée par : – une mobilisation des branches et des OPCA afin d’apporter les nouvelles compétences attendues aux personnels des postes de direction et encadrant les enfants par la formation continue. – Un accès plus large des personnes non diplômées à la qualification par la validation des acquis de l’expérience. Le parcours de VAE relève de l’initiative individuelle mais il peut être encouragé et accompagné par l’employeur. Il s’agit d’accompagner les personnes titulaires d’un CAP PE vers le DE AP. L’accès au DE AP sécurise le parcours professionnel des salariés tout en répondant aux besoins d’emploi, non pourvus, du secteur. A nouveau, la question économique ne doit pas être éludée. Engager une démarche de professionnalisation du secteur comporte un risque d’effet pervers à l’image de ce qu’a connu le secteur de l’aide à domicile. La professionnalisation des intervenants à domicile, avec un fort développement de l’acquisition du DEAVS par la VAE, a entraîné une augmentation des coûts salariaux que, dans un contexte de difficultés financières, les structures n’ont pu suivre. Des structures ont dû licencier des personnes diplômées, recrutant plutôt aujourd’hui des personnes dotées d’une bonne expérience professionnelle, expérience qui sera complétée par des formations spécifiques en cours d’emploi en fonction des besoins. La professionnalisation n’est, bien sûr, pas remise en cause mais il faut une forte implication des gestionnaires et employeurs afin que la solvabilité du secteur reste assurée. Axe 3 : Développer une offre de formation performante Le schéma des formations sanitaires et sociales 2012-2016 rappelle qu’une offre de formation performante constitue un véritable enjeu dans la mesure où elle forme les professionnels de demain. GESTE 36 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance Le système de formation actuelle soulève plusieurs questions : - Une disparité importante, constatée par les employeurs, dans les acquis à l’issue du CAP PE - Des freins au développement de l’offre de formation AP : saturation des terrains de stage, territorialisation et viabilité financière d’une formation isolée - Une voie d’accès à la certification insuffisamment exploitée : l’apprentissage Une disparité importante dans les acquis des diplômés d’un CAP Petite Enfance Un frein au recrutement de personnes titulaires d’un CAP PE est la forte disparité dans les acquis et les capacités d’apprentissage de ces jeunes diplômés. La détention du diplôme ne garantit pas l’acquis des contenus de formation. Les employeurs expliquent que le niveau de compétences et les capacités d’apprentissage varient fortement d’un jeune diplômé CAP PE à l’autre. Cette situation s’explique en partie par les spécificités de ce diplôme : un grand nombre de diplômés (1185 diplômés CAP PE en 2012 contre 130 par exemple pour les AP) avec une proportion élevée de candidatures individuelles sans formation préalable ou en ayant suivi une formation assurée par un organisme privé, parfois par correspondance (70% environ des diplômés 2012 se sont présentés à l’examen en candidat individuel, la formation initiale scolaire est quasi-inexistante (1 section en Midi Pyrénées), le dernier tiers étant formé par les GRETA). Si l’Education Nationale garantit le contenu et la validation de la certification, elle n’a aucun contrôle sur les contenus et modalités de formation dans les organismes privés ni sur le nombre de candidats qui se présente. Ainsi, les employeurs constatent une abondance de diplômés CAP PE sur le marché du travail et des acquis très inégaux d’un diplômé à l’autre. Or, le contenu du référentiel de formation répond à un besoin d’emploi dans les EAJE. Le diplôme gagnerait à être plus sélectif en garantissant un niveau de compétences par une homogénéisation des exigences de la formation assurée par les multiples organismes. Des freins au développement de l’offre de formation d’Auxiliaire de Puériculture La territorialisation de la formation comporte des contraintes. L’ouverture d’une section de formation permanente sur un territoire implique de remplir les places chaque année alors que le vivier de recrutement est d’autant plus limité que l’on s’éloigne des grands centres ville. De plus, le coût de l’ouverture d’une formation seule est particulièrement élevé et sa viabilité économique implique le plus souvent un regroupement avec d’autres filières. Ainsi, il semble plus pertinent de déconcentrer les formations par l’ouverture de promotions alternativement sur différents territoires. L’augmentation du nombre de diplômés AP est également freinée par la saturation actuelle des terrains de stage. En particulier, les terrains en maternité et pédiatrie ne pourraient pas actuellement accueillir d’élèves supplémentaires. La GESTE 37 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance difficulté est telle que des personnes en parcours de VAE d’AP seraient bloquées dans leur validation par l’impossibilité d’accéder aux stages hospitaliers. Des voies de formation encore inexploitées L’apprentissage est encore quasi-inexistant dans le secteur sanitaire et social. Une formation en apprentissage pour le CAP PE est actuellement expérimentée dans les MFR (32 places réparties sur 4 sites). La demande des employeurs est forte mais seul le secteur public s’est manifesté pour l’instant. Les premiers résultats en termes de réussite au diplôme et d’insertion professionnelle sont plutôt positifs. Cette modalité de formation facilite l’intégration et la fidélisation des jeunes diplômés dans les structures, notamment dans les zones qui souffrent d’un déficit d’attractivité. Préconisations Réduire le nombre de diplômés CAP Petite Enfance et homogénéiser les cursus de formations proposés Le CAP PE répond à un besoin dans les EAJE et constitue une porte d’entrée dans le secteur de la petite enfance. Il est aussi un premier palier dans un parcours de formation pour des personnes qui n’ont le plus souvent aucune autre qualification. La qualité du CAP PE mériterait d’être renforcée afin qu’il gagne en reconnaissance. Cela implique un contrôle, une homogénéisation des cursus de formation et une plus grande sélectivité à la certification. Articuler la formation Auxiliaire de Puériculture avec le système de formation de l’Education Nationale L’ouverture de formation temporaire en différents points du territoire nécessite des locaux adéquats et des équipes enseignantes. Une réflexion pourrait être menée sur l’exploitation des lycées professionnels qui maillent déjà le territoire. En particulier, des lycées développent des « pôles » santé social afin d’assurer le « cylindrage » des formations. La création du Bac professionnel Accompagnement Soins et Services à la Personne (Bac ASSP) accélère ce mouvement. L’objectif des lycées est de construire une dynamique autour d’un domaine spécifique et de proposer aux élèves un parcours de formation le plus complet possible. Une formation AP peut s’inscrire dans ce parcours. Travailler avec les employeurs sur les possibilités de développement de l’apprentissage En s’appuyant sur l’alternance, la formation en apprentissage assure une meilleure adéquation entre l’emploi et la formation. Des collectivités se disent intéressées par cette modalité de formation pour des AP mais, compte tenu de l’implication nécessaire des employeurs, une étude préalable mériterait d’être menée. GESTE 38 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance Elaborer une carte des formations concertée Les points précédents militent pour l’élaboration d’une carte des formations sanitaires et sociales concertées. Pour répondre au mieux aux besoins des employeurs d’une part et aux besoins des élèves et stagiaires d’autre part, un décloisonnement des offreurs de formation est indispensable. La territorialisation de la formation et son « cylindrage », garants de la construction de parcours de formation cohérents pour les élèves et stagiaires, impliquent une bonne articulation des formations. La présente étude se concentre sur 4 diplômes, le DE EJE, le DE Puer, le DE AP et le CAP PE. Leur cartographie relève de la compétence de 2 institutions, la Région et le Rectorat, qui doivent donc se concerter. Mais la cartographie dépasse ces 4 diplômes. On a vu que les filières en amont telles que le Bac ASSP devaient être intégrées à la réflexion, le Ministère de l’Agriculture propose également des diplômes du secteur (Bac Service aux territoires et aux personnes…) et la DRAAF 5 élabore sa propre carte des formations. C’est donc une concertation de l’ensemble des offreurs de formation du secteur sanitaire et social du territoire qui est nécessaire. L’articulation dépasse la cartographie de l’offre et doit se faire également au niveau des contenus et niveaux de diplôme comme expliqué ci-dessous. Mener une réflexion sur la pertinence des diplômes du secteur de la petite enfance Le présent diagnostic sur le secteur de la petite enfance amène une réflexion plus profonde sur la pertinence des diplômes existant dans le secteur de la petite enfance face à l’évolution des besoins. Le niveau des diplômes Il s’agit tout d’abord du niveau actuel des diplômes. Le CAP PE et le DE AP sont 2 diplômes enregistrés au même niveau, le niveau V. Or, en réalité, le DE AP est beaucoup plus exigeant que le CAP PE. Une expérience récente en fait à nouveau la démonstration : la Région, en association avec un Greta, a mis en place une préparation au concours d’entrée en formation AP à destination des personnes titulaires du CAP PE afin de les accompagner dans ce parcours. Aucun de ces candidats n’a été reçu au concours. Cette situation amène certains à poser la question du niveau respectif de ces diplômes, sont-ils réellement d’un même niveau V ou bien le diplôme AP doit-il être considéré comme un niveau IV ? Les formations paramédicales L’histoire des structures d’accueil, à vocation sanitaire à l’origine, explique le choix des qualifications admises aux postes de direction : puéricuteur(trice), infirmier(ère), médecin. Compte tenu des évolutions, ces postes se sont ouverts 5 Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt GESTE 39 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance aujourd’hui aux profils éducatifs, qui semble-t-il, empiètent de plus en plus sur les profils paramédicaux tandis que ces derniers, de leur côté, se détournent de ce secteur. Les postes de direction se complexifient et les nouveaux besoins de compétences se concentrent sur les différents aspects de gestion (équipement, projet, ressources humaines). Des employeurs suggèrent d’envisager des formations spécifiques pour répondre aux exigences croissantes de ces postes. On peut alors se poser la question de la pertinence de l’unique critère médical ou paramédical dans l’accès aux postes de direction des EAJE. La question se pose plus fortement pour les AP compte tenu des difficultés actuelles à pourvoir les postes dans les EAJE : - Le besoin de professionnels encadrant les enfants augmente - le volume de formation AP est freiné par la saturation des stages en milieu hospitalier - les AP ne font pas appel à leurs compétences techniques de soins dans les EAJE - La certification par la VAE est freinée par la difficulté des candidats à accéder à des stages en milieu hospitalier sachant qu’effectivement ils ne peuvent valider les modules correspondant en raison de leur manque d’expérience dans ce secteur mais que, par la suite, ils ne feront jamais appel à ces compétences hospitalières en EAJE. Ainsi, l’accès au diplôme est freiné par les impératifs de formation en milieu hospitalier, acquis peu exploités ensuite dans l’exercice en EAJE. La pertinence d’un nouveau diplôme Compte tenu des éléments précédents, un diplôme spécifique à l’encadrement des jeunes enfants ne répondrait-il pas mieux aux besoins ? Un employeur évoque la création d’un diplôme permettant de seconder l’EJE au même titre que l’AP seconde le/la Puer. Parallèlement, le diplôme AP pourrait se recentrer sur le paramédical avec un tronc commun au diplôme d’aide-soignant, ce qu’il a déjà en partie suite à la mise en place de passerelles importantes entre 2 diplômes. Le rapport Attali évoquait également, en 2010, la création d’une nouvelle profession « accueillant éducatif »6. L’étude montre que l’activité d’encadrement des enfants fait appel à des compétences de soins, des compétences éducatives et des compétences de soutien à la parentalité. Ces compétences sont assurées aujourd’hui par différents profils de professionnel mais, idéalement, un diplôme d’encadrement des jeunes enfants ne devrait-il pas être transversal au sanitaire et au social ? 6 Une ambition pour 10 ans – Rapport de la Commission pour la libération de la croissance – Attali, octobre 2010 GESTE 40 Conseil Régional Midi Pyrénées –Diagnostic sur la relation emploi-formation dans le secteur de la petite enfance Axe 4 : Piloter le dispositif sur la base d’une observation partagée des métiers L’étude met en évidence une certaine méconnaissance des diplômes de la part des certificateurs respectifs. La Région, de même que l’Education Nationale, soulignent le manque de données globales concernant l’offre de formation du secteur, le nombre de diplômés par diplôme et zone géographique, l’insertion professionnelle des jeunes diplômés. La réalisation d’une enquête d’insertion auprès des jeunes diplômés CAP PE s’est révélée difficile en raison de l’absence de centralisation des informations sur les anciens élèves. Les évolutions identifiées au niveau qualitatif, développement des profils EJE au détriment des profils Puer, part des non diplômés en poste dans les structures et dans les recrutements, part des détenteurs d’un CAP Petite Enfance, recrutement des nouveaux bacheliers ASSP,…doivent être mesurées et suivies au niveau quantitatif. De même, afin de quantifier au mieux les besoins de formation pour les prochaines années, une étude prospective sur les besoins de recrutement, incluant les besoins de remplacement dus aux départs à la retraite et les créations de poste liées au développement des EAJE, mériterait d’être menée. GESTE 41