BIAT 2011 - Tunisie Valeurs
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BIAT 2011 - Tunisie Valeurs
Fiche Valeur - BIAT Cs (+) Un leader confirmé mais valorisation élevée Conserver (+) Cours : 75.400Dt Recommandation boursière La BIAT se présente comme un acteur de taille du secteur bancaire tunisien, Evolution des cours depuis début 2011 Cours (Dt) Volume (MDt) 80 3 70 2 65 son activité ainsi qu’une amélioration de ses fondamentaux financiers. Cependant, vu le contexte économique défavorable qui rend difficile le 60 1 55 maintien de la croissance historique, et le niveau de valorisation élevé (PER 50 45 Département Études & Recherches étant la 1ère banque privée de la place en termes de dépôts et de PNB. La banque a affiché ces dernières années une croissance soutenue de 75 0 2011e autour de 21x), nous recommandons de « conserver le titre avec perspectives positives ». ■ Présentation de la banque : Actionnariat : Fruit de la fusion des succursales locales de la Société Marseillaise de Crédit et Groupe MABROUK: 38.26% Groupe Aziz MILAD: 13.02% Groupe Béchir Tamarziste: Autres actionnaires: Janvier 2012 9.3% 39.42% de la British Bank, la BIAT a été reprise par des investisseurs privés tunisiens en 1976. En 2005, le groupe Mabrouk a commencé à monter progressivement dans le capital pour former un noyau dur dans l’actionnariat de la banque. La BIAT fait aujourd’hui partie des 30 principaux établissements d’Afrique du Nord. Elle est également la première banque privée tunisienne en termes de dépôts (avec une part de marché de 16.5%) et générant le PNB le plus élevé Capitalisation Boursière: 1282MDt +Haut sur l’année 2011: 80.000Dt de la place (304MDt en 2010). ■ Les dépôts : (29 septembre) +Bas sur l’année 2011: Evolution des encours de dépôts TCAM : +12.8% 53.020Dt 5 311 4 809 (10 juin) 6 039 5 602 4 097 3 464 +7.8% +5.5% +10.4% Performance depuis début 2011 (BIAT/Marché): +17.4% +18.3% +6.9%/-7.6% 2006 2007 2008 2009 2010 2011e Les dépôts de la banque ont progressé à une moyenne de 12.8% par an depuis Ratios de Valorisation: (BIAT/Secteur) P/E 2011e : 21.2x/14.2x P/B 2011e : 2.3x/1.4x Yield2011e : 2.7%/2.4% ROE2011e : 12.4%/10.9% 2007, quasiment en ligne avec la concurrence (13.3%). Cette croissance aurait pu être plus forte n’eût été la décélération de 2010 (5.5% à 5 602MDt), résultant de la réduction des dépôts à terme (-10.3% à 1574MDt) afin de faire baisser le coût des ressources. En la situant par rapport au secteur, la structure des dépôts de la banque est parmi les plus favorables. Elle est en effet dominée par les dépôts à vue représentant 46% du total dépôts de la banque (contre 1/3 pour le secteur). Ceci s’explique surtout par le réseau étendu de 148 agences (3ème derrière Attijari Bank et BNA) ainsi que l’image de marque dont jouit la banque auprès des particuliers. Ainsi, la BIAT se place en première position pour cette catégorie de dépôts avec une part de marché de 21.3%. Analyste Chargé de l’étude: Avec une structure aussi avantageuse, la BIAT présente le coût de ressources le Ali M’BAREK plus faible du secteur (2.1% contre 2.9% pour le secteur). 1 Fiche Valeur - BIAT Janvier 2012 Elle est également bien positionnée comparativement à ses principaux challengers. A titre de comparaison, le coût de ressources d’Amen Bank s’établit à Le coût de ressources de la banque est le plus faible du secteur 4%, celui de la BT est de 3%. Sur les 9 premiers mois de 2011, et malgré la conjoncture économique défavorable, la banque est parvenue à faire croître ses encours de dépôts de 5.9% à 5 930MDt, une croissance supérieure à la moyenne des autres banques du secteur (+2.9%). Cette croissance s’est manifestée surtout au 3ème trimestre grâce notamment à la réouverture de 4 agences saccagées en début d’année ainsi Les dépôts à vue constituent la principale ressource de la banque que l’ouverture de 9 nouvelles. A la lumière des indicateurs d’activité, la banque devrait afficher une croissance de 7.8% de ses dépôts sur l’année pleine. Département Études & Recherches Structure des dépôts en 2010 Autres : 3.3% Dépôts à terme; 28.1% Coût des ressources 3.7% 3.7% 3.8% 3.1% 2.9% 2.8% 2.9% 2.7% 2.2% 2.1% BIAT Dépôts à vue; 46.1% Comptes d'épargne; 22.6% secteur ■ Les crédits : 2006 2007 2008 2009 2010 Pour ce qui est des crédits, l’évolution moyenne sur les 4 dernières années a été de 11.5% (contre 13.3% pour la concurrence). Cette croissance a concerné surtout les années 2009 (+17.7%) et 2010 (+12.8%). Evolution des encours de crédits 4 688 TCAM : +11.5% 3 973 3 522 2 567 2 992 2 740 +18% Le secteur immobilier continue à booster la croissance des crédits de la banque +12.8% +6.7% 2006 2007 +17.7% +9.2% 2008 2009 2010 2011e Les crédits immobiliers représentent autour de 18% des engagements grâce à la forte hausse enregistrée sur les 4 dernières années (moyenne annuelle de 29.1%). Au terme des 9 premiers mois de 2011, la croissance des crédits a été de 16.6% (+11% pour le secteur), une croissance atypique dans un contexte économique de crise. Cette croissance a été stimulée par le double effet de la baisse du taux de réserves obligatoires de la Banque Centrale* et la baisse du taux directeur de 100 pb. De plus, la circulaire de la BCT publiée en date du 12 avril 2011 permettant aux Une forte croissance des crédits sur les 9 premiers mois de 2011 banques de rééchelonner les crédits aux clientèles et d’accorder des crédits « Revolving » pour soutenir les entreprises en difficulté, pourrait expliquer en partie le gonflement des crédits sur la période (+11% pour le secteur sur les 9 premiers mois). Ainsi, les nouveaux crédits n’ont pas forcément servi au financement de nouveaux investissements. * Le but de cette politique monétaire étant de fournir plus de liquidité au système bancaire afin de stimuler l’octroi des crédits et favoriser par conséquent la croissance économique. 2 Fiche Valeur - BIAT Janvier 2012 ■ Le Produit Net Bancaire Le produit net bancaire a connu une croissance annuelle moyenne de 9.4% sur les 4 dernières années, contre 11% pour le reste du secteur. Les intérêts continuent à être la principale source de revenus En 2010, il s’est établi à 304MDt, soit une évolution de 15.6% par rapport à 2009. A l’instar du secteur, l’essentiel du PNB de la banque est généré par la marge d’intérêts (55%). La part de cette dernière dans le PNB n’a pas sensiblement changé au fil des années. 57% Structure du PNB de la BIAT 55% Département Études & Recherches 21% Marge d'intérêts 19% Marge sur commissions 22% 2006 26% 2010 Autres revenus Malgré la conjoncture économique difficile, la BIAT a enregistré une croissance Malgré la baisse du TMM, la banque continue à réaliser une croissance appréciable de son PNB de 14.9% de son PNB au terme des 9 premiers mois de 2011 (contre 7.1% pour le secteur), confortant ainsi son leadership en termes de taille de PNB. La croissance du PNB s’est réalisée malgré la baisse sensible du TMM observée depuis le mois de Juin par rapport à la même période de l’année dernière. Cette croissance, boostée par la marge d’intérêts (+21.1% à 139.9MDt) est le fruit de l’évolution relativement forte des crédits sur les 2 dernières années (+33%). Cependant, ce rythme de croissance ne pourrait pas être maintenu sur l’année pleine vu la forte baisse du TMM en fin d’année (une baisse moyenne de 153 points de base par rapport au dernier trimestre 2010). Cette baisse induira : - Une baisse systématique des intérêts reçus. - Une quasi-stabilité des intérêts payés. En effet, les dépôts à vue (qui ne sont pas rémunérés) constituent la majorité des ressources. De plus, la rémunération des comptes d’épargne s’est stabilisée à 2% lorsque le TMM est descendu sous le seuil de 4%. Evolution du TMM La forte baisse du TMM freinera le croissance du PNB sur l’année pleine 5.50% 5.00% 4.50% 4.00% 3.50% 3.00% 2.50% 2010 2011 Gap = 164 pb 2.00% Sur l’année pleine, nous tablons sur un PNB de l’ordre de 334.3MDt, en hausse de 10% par rapport à 2010. 3 Fiche Valeur - BIAT Janvier 2012 ■ La productivité La faible productivité demeure une des faiblesses que traine la banque depuis Coefficient d'exploitation plusieurs années. Le coefficient d’exploitation s’est en effet établi à 56.5% en 2010, contre 59.6% en 65.0% 2006 et 49.2% pour le secteur côté. 60.0% Bien que la banque ait pu améliorer sa productivité, ce coefficient demeure 55.0% 50.0% BIAT parmi les plus élevés du secteur (derrière l’UBCI : 67% et l’UIB : 60.4%). Secteur Ceci est dû principalement à la progression relativement forte des frais de personnel (+11.4% par an sur les 4 dernières années) qui provient surtout des augmentations salariales. 45.0% Résultat avant impôts et provisions (RAIP) 40.0% Département Études & Recherches 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Le RAIP est un indicateur important qui pourrait nous aider à comparer la 2011 rentabilité de la banque par rapport à ses pairs. Cet indicateur est intéressant à analyser dans la mesure où il occulte la problématique des provisions, un poste de charge lié à la qualité de portefeuille. En le rapportant au PNB, la BIAT affiche un ratio RAIP/PNB de 43% parmi les plus Marge sur commissions/charges salariales faibles du secteur (45%) devant l’UIB (40%) et l’UBCI (34%). Banques privées BT RAIP/PNB 125.8% Amen Bank 98.8% UBCI Attijari Bank 84.0% UIB 40% BIAT ATB 72.8% UBCI 71.1% BNA UIB 67.5% ATB 52.7% STB BIAT 34% 43% Attijari Bank 45% 51% 52% 53% BH Banques publiques 62% Amen Bank STB 59.4% BH 53.9% BNA 46.4% 69% BT 72% Ceci s’explique par le poids important des charges opératoires et plus Chiffres à fin 2010 particulièrement les charges de personnel. µ Le problème du poids de la masse salariale se reflète négativement sur le ratio marge sur commissions/charges salariales. Ces charges ne sont couvertes qu’à hauteur de 52.7% par la marge sur commissions. Si on compare ce ratio avec les autres banques, la BIAT se classe à la dernière place parmi ses pairs privés (voir L’établissement de nouveaux processus de mesure et de contrôle des risques semble porter ses fruits tableau ci-contre). ■ Gestion des risques et qualité de portefeuille Créances classées et taux de couverture La banque a réussi à faire baisser son taux de créances classées d’une année à l’autre. Ce dernier s’est établi à 8.2% en 2010 (contre 12% pour le secteur). 2006 Total engagements (MDt) Evolution des créances classées de la banque en MDt 2009 2010 classe 2 14 13 Variation -6.5% classe 3 16 9 -47.1% classe 4 415 414 -0.3% Total 446 436 3 422 2007 3 743 2008 2009 2010 4 076 4 739 5 287 445 436 Créances classées (MDt) 460 496 439 Taux des créances classées 13.4% 13.2% 10.8% 9.4% 8.2% Taux de couverture 59.8% 62.8% 61.3% 70.3% 75.6% Rappelons que depuis 2009, la banque est parvenue à satisfaire l’exigence de la Banque Centrale en termes de couverture de ses créances par les provisions, grâce à une dotation nette sur créances de 40.6MDt. ‐2.2% Le plan d’actions mis en place en 2008 et consolidé en 2010 par l’établissement de nouveaux processus de mesure et de contrôle des risques semble porter ses fruits. 4 Fiche Valeur - BIAT Janvier 2012 Il convient toutefois de signaler que la banque a réalisé en 2010 une cession de créance classée à sa filiale de recouvrement CIAR (Compagnie Internationale Arabe de Recouvrement), détenue à 100% par la BIAT. Une telle pratique n’entraine pas une baisse du risque au niveau du groupe et Le transfert du risque au sein du groupe rend artificielle l’amélioration du taux de créances classées et du taux de couverture affichée par la banque l’amélioration du taux de couverture de 5.3 points de pourcentage perd tout son sens. Un autre point négatif est que les engagements de la banque demeurent relativement concentrés, avec 25% des fonds propres sur un même bénéficiaire (le groupe MABROUK). Ceci est contre la réglementation de la Banque Centrale; la BIAT devra remédier à cela par une plus grande division des risques. Pour ce qui est des engagements de la banque envers l’entourage de l’exPrésident, ils ont été de l’ordre de 350MDt, soit 6.5% du total engagements. La banque a classé 20.1MDt, dont 14.2MDt déjà provisionnés. Sur les 5.9MDt Département Études & Recherches Evolution du ratio de solvabilité restants, la banque a provisionné 2.2MDt au titre de l’exercice 2010. 11.8% 11.6% Ratio de solvabilité (Cooke) 10.4% 9.6% Le ratio de solvabilité de la banque (9.6%) est supérieur aux exigences prudentielles (8%), mais a été en baisse sur les dernières années (surtout en 2009 et 2010). En 2009, la distribution de dividendes de 34MDt (plus que le double qu’en 2008) a affecté les fonds propres de la banque, d’où la baisse de 120 points de base du ratio de solvabilité. 2007 2008 2009 2010 Avec le maintien du même montant distribué en 2010 ainsi qu’une baisse du résultat net* de 20.9% à 47.5MDt, le ratio Cooke a encore perdu 80 points de base en 2010. *La baisse du résultat net s’explique par les provisions de 28.7MDt comptabilisées suite à un redressement fiscal portant sur des investissements exonérés réalisés sur la période 2004-2008. L’administration fiscale a considéré ces investissements non conformes à la loi votée en 2010 qui fixe l’échéance minimale de détention à 2 ans pour bénéficier de cet avantage fiscal. Les commissaires aux comptes considèrent cette rétroactivité comme une aberration fiscale Face à cette baisse continue du ratio Cooke, il serait préférable pour la banque de procéder à une augmentation de capital en numéraire. Pour rappel, la dernière opération du genre remonte à 2006. ■ Prévisions 2011 et perspectives d’avenir Comme mentionné précédemment, nos prévisions tablent sur un PNB autour de 334MDt pour l’année 2011 (+10% par rapport à 2010). Une enveloppe nette de provisions de l’ordre de 46.7MDt (tenant compte d’une éventuelle reprise de 17.2MDt sur risque fiscal), permettra à la banque de consolider ses acquis en matière de couverture des risques. Les charges opératoires devraient pour leur part suivre le même rythme de croissance des années antérieures (+11.5%). Malgré la morosité économique, la banque parviendra à réaliser en 2011 un résultat net en croissance Ainsi, le résultat net estimé de 2011 serait de l’ordre de 67.3MDt, +50.3% par rapport à 2010, une croissance à relativiser dans la mesure où elle succède à un exercice exceptionnellement bas. Au niveau consolidé, nous tablons sur un résultat de 63MDt, en ligne avec celui de 2009. L’écart entre le bénéfice de la banque et celui du groupe est expliqué par les résultats déficitaires attendus de quelques filiales, notamment la STI (détenue à 67.3% par la BIAT), qui opère dans le secteur du tourisme. En 2010, elle a été déficitaire et sa quote-part dans le résultat consolidé a été de –3MDt. 5 Fiche Valeur - BIAT Janvier 2012 Il convient également de noter que la banque a mis en place un nouveau système d’information. Ceci constituera un avantage concurrentiel important pour la BIAT dans la mesure où il l’aidera dans l’amélioration de la qualité et la rapidité de ses services. De plus, il devrait limiter le risque opérationnel et permettre à la banque de renforcer sa force commerciale en reconvertissant une partie de son personnel dans la prospection. Pour 2012, bien que la banque compte poursuivre son programme d’extension du réseau à travers l’ouverture de nouvelles agences, nous jugeons que face à l’environnement politico-économique encore incertain, le manque de liquidité dans le secteur bancaire et surtout le risque d’impayé qui pourrait émerger après une année de crise, il serait difficile pour la BIAT de maintenir ses taux de Département Études & Recherches croissance historiques. ■ Comportement boursier et opinion de Tunisie Valeurs Le titre BIAT a enregistré une hausse de 5.5% sur l’année 2011, contre une baisse de 11.7% pour le secteur et 7.6% pour le marché et traite désormais à un PER2011e de 21.2x contre 14.2x pour le secteur et 16.9x pour le marché. La banque présente de bons fondamentaux financiers et maintient sa position de leader en termes de dépôts et de PNB. Son nouveau système d’information représentera un avantage concurrentiel certain et lui permettra de consolider ses acquis. Mais, il est clair aussi que la BIAT présente des niveaux de valorisation relativement élevés et qu’il serait difficile pour elle de maintenir sa croissance historique, vu le contexte économique actuel. C’est pour cela que nous recommandons de « Conserver le titre avec perspectives positives ». Chiffres individuels En kDt PNB Frais de personnel Charges générales d'exploitation Dotations aux amortissements Résultat net avant impôts et provisions Impôts Dotations aux provisions Résultat net 2007 228 626 90 766 29 627 15 071 95 750 7 532 66 715 21 503 2008 260 538 96 034 28 677 14 492 124 550 14 283 76 522 33 744 2009 262 910 109 226 31 334 14 900 108 470 9 432 38 947 60 091 2010 303 957 120 235 36 206 15 409 130 734 26 809 59 165 44 760 2011e 334 353 134 663 39 827 16 000 142 544 32 443 42 841 67 259 Source : Tunisie Valeurs Analystes: Rym GARGOURI BEN HAMADOU Lilia KAMOUN Ali M’BAREK Mourad MZALI Les informations contenues dans cette publication proviennent de sources que nous jugeons être de confiance Il n’est néanmoins donné aucune garantie quant à l’exactitude de ces informations. Eya LIMAM 6