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EXPERT INFO Informations pratiques destinées aux PME | édition 1 | 2015 Votre Expert Dividende ou salaire? En tant qu’entreprise membre d’EXPERTsuisse, nous nous engageons à respecter les plus hauts principes régissant la profession et la qualité, ainsi qu’à assurer notre formation continue. Avec EXPERT INFO, nous approfondissons pour vous d’importants sujets d’actualité. Quand l’AVS requalifie un dividende en salaire Le Tribunal fédéral clarifie la situation Systématiques depuis quelque temps, les requalifications de dividendes en salaires par les caisses de compensation n’ont pas trouvé grâce aux yeux du Tribunal fédéral lors d’une affaire retentissante. Selon son arrêt, ces requalifications devront rester l’exception. Fin d’une pratique illégale Sommaire Dividende ou salaire? Page 1 Quand l’AVS requalifie un dividende en salaire De la question de la succession dans les PME 2 Les embûches de la vente Corrections fiscales désagréables 3 Resserrement de la pratique relative aux prestations appréciables en argent Impôt sur le chiffre d’affaires et douane 3 Véhicules de fonction des frontaliers Droit du travail Sécurité et protection de la santé au travail 4 La deuxième réforme de l’imposition des entreprises (RIE II) avait, comme on le sait, instauré un privilège en matière de dividendes afin d’éliminer la double imposition économique. Dès juin 2008, un arrêt du Tribunal fédéral (ATF 134 V 297=9c_107/2008) avait défini les conditions d’une éventuelle requalification. En dépit des directives claires édictées par l’Office fédéral des affaires sociales (OFAS) suite à cet arrêt, les caisses de compensation ont suivi une autre voie. Au lieu de simplement intervenir lorsqu’un salaire jugé trop bas dans le contexte concret avait été remplacé par un dividende manifestement excessif, elles se bornaient à constater que si un dividende à leur sens trop élevé avait été versé, c’est que le salaire était de toute évidence trop bas. Dans l’arrêt rendu le 8 avril 2015 (9C_837/2014), le Tribunal fédéral a clairement rejeté cette pratique contraire à la loi. Lorsque le salaire correspondant à une prestation de travail concrète paraît raisonnable et est accepté comme tel par le fisc, il n’y a pas lieu de requalifier un dividende jugé excessif. Pas question de faire cavalier seul Ce nouvel arrêt est réjouissant aussi sur le principe en ce sens qu’il affirme clairement à l’intention des caisses de compensation que l’on ne saurait, par des arguments arbitraires, étendre à l’envi la notion de substrat des cotisations. «En bref» 1. Un salaire jugé trop bas pour un dividende manifestement excessif peut conduire à une requalification du dividende aux yeux de l’AVS. 2. Mais: il n’est pas correct, en présence de dividendes très élevés, de partir a priori d’un salaire trop bas. Le Tribunal fédéral clarifie la situation. De la question de la succession dans les PME Les embûches de la vente Bon nombre de PME suisses sont à la veille d’un changement de génération. Outre l’aspect émotionnel, le règlement de la succession soulève des questions multiples. préalable à des distributions de dividendes, à des réductions défiscalisées de la valeur nominative ou à des remboursements des réserves issues du capital. Le préalable essentiel à une passation réussie est la volonté du cédant d’abandonner à autrui «l’œuvre de toute sa vie». Il ne faut pas rater le moment propice au démarrage du projet. Face à une solution précipitée, le cédant a tendance à se retrouver dans une position de faiblesse, ce qui, en définitive, aura une incidence sur le prix de vente. Une fois sa décision prise, il sera bien inspiré d’établir un calendrier pour contrôler les étapes de l’opération. La forme juridique de l’entreprise joue également un rôle déterminant sur le plan fiscal. La vente d’actions en propriété privée est assimilée en général à un bénéfice en capital exonéré d’impôt. Dans les sociétés de personnes, par contre, la réalisation des réserves la tentes est imposable. Mais pour préserver son caractère de prévoyance retraite, elle fait l’objet d’un traitement privilégié à partir de 55 ans révolus. Préparation de l’entreprise à la cession Les charges héritées du passé, des structures de coûts opaques et un bilan pesant sont autant d’obstacles sur cette voie, qu’il convient de lever avant toute chose. Considérer l’entreprise comme sa prévoyance retraite est tout à fait légitime. Encore faut-il songer que, dans une société de capitaux, des fonds propres élevés font monter le prix. Pour le réduire, on peut procéder au «En bref» 1. Le règlement d’une succession, sujet éminemment émotionnel 2.D’où l’importance de s’y attaquer rapidement 3.Le successeur peut-il soutenir financièrement la reprise? 4.Les collaborateurs, les clients et les fournisseurs restent-ils à bord? 5.Quelle est la valeur de l’entreprise? Un changement préalable de forme juridique est lié à des délais pour être reconnu par le fisc. Suivant la situation, il est recommandé d’en clarifier les incidences fiscales par écrit dans un ruling (préavis contraignant) négocié avec l’administration des contributions. Exigences de diligence raisonnable Une vérification systématique des atouts et des faiblesses ainsi que de la valeur de l’entreprise s’impose de façon impérative. Pour estimer la valeur de l’entreprise, on recourt à diverses méthodes qui peuvent mener à des résultats variables. Il convient d’analyser les résultats des modélisations, qui forment un cadre provisoire pour l’esti mation du prix de vente. Il faut savoir aussi – et cela vaut pour de nombreuses PME – que le propriétaire lui-même a une valeur non négligeable, bien que non mesurable, sous la forme de sa prestation de travail et que les relations établies avec les fournisseurs et les clients ne sont pas interchangeables à l’envi. En outre, une grande partie des acquéreurs potentiels sont sans doute tributaires de bailleurs de fonds externes. Les dettes et les intérêts débiteurs qui en résultent devront être refinancés par de futurs flux de trésorerie. D’où l’importance de présenter des «business plans» fiables et crédibles pour obtenir les prêts nécessaires. Transfert de connaissances La mise au courant du nouveau propriétaire prendra du temps, tout comme l’acquisition des compétences requises. Il faut aussi régler le statut et la durée de maintien en fonction du cédant. Une solution envisageable consiste en un transfert de propriété et de direction échelonné dans le temps. Dans une société de capitaux, par exemple, le cédant peut continuer à siéger au sein du comité de surveillance, ce qui envoie un signal fort à l’extérieur de l’entreprise. La discrétion est de mise durant les négociations. Les rumeurs et autres colportages de demi-vérités sont facteurs d’incertitude. Le moment d’annoncer la vente viendra toutefois tôt ou tard, et il faudra en informer en interne comme en externe, le risque étant que des fournisseurs, des collaborateurs ou des clients fassent défection en raison de l’abandon d’une relation de longue date. C’est en définitive un risque pour l’acquéreur, qui a investi dans la base de clientèle du cédant et compte largement sur les chiffres d’affaires ainsi générés. Suivant la tournure que prendront les négociations, le cédant devra peut-être se demander si la vente est vraiment une option raisonnable. Si une liquidation aboutit au même résultat sur le plan pécuniaire, il pourra s’épargner une perte de temps et d’argent pour la succession de l’entreprise. Posséder leur propre société est pour de nombreux chefs d’entreprise suisses l’œuvre de toute une vie, et il leur tient à cœur de bien régler leur succession. Il est donc indispensable de la planifier à temps, de vaincre les résistances, de préparer l’entreprise au changement, de créer un climat de confiance mutuelle et de solliciter le conseil de spécialistes externes, sans oublier que toute succession est unique et qu’il n’existe pas, en l’espèce, de solution toute faite. EXPERT INFO, édition 1 | 2015, avec le soutien d’EXPERTsuisse S 2/4 Corrections fiscalesdésagréables Resserrement de la pratique relative aux prestations appréciables en argent Interprétation «classique» Les libéralités fondées exclusivement sur des liens de participation, qui sont accordées par une société aux dé tenteurs de parts ou à des personnes proches, son désignées par le terme de prestations appréciables en argent. Lorsqu’elles sont mises au jour, elles donnent lieu à des rectifications d’impôt, lesquelles ont été interprétées pendant des années comme le moyen d’aboutir à une double imposition économique, à savoir taxer la valeur ajoutée comme bénéfice pour l’entreprise et comme revenu pour le détenteur de parts. Impôt anticipé et amendes Récemment, les pratiques de l’Administration se sont toutefois nettement resserrées, de sorte que, souvent, c’est bien davantage que la valeur ajoutée qui doit être taxé en faveur de l’Etat: de plus en plus, les autorités cantonales, au terme d’une vérification des comptes, ouvrent une procédure en rappel d’impôt et de mise à l’amende contre la société, mais aussi contre les détenteurs de parts. L’amende habituelle est égale à 100 % de l’impôt «amputé». Même une amende relativement clémente d’un tiers laisse des traces. C’est encore pire lorsque l’Administration fédérale des contributions (AFC) s’en mêle pour réclamer 35 % d’impôt anticipé, rejetant tout droit à remboursement et imposant un intérêt de retard de 5 % qui, depuis longtemps, ne fait pas que compenser la perte d’intérêts du créancier, à savoir l’AFC. Vous avez dit pire? Il y a encore «mieux» dans le pire, à savoir quand l’AFC lance une procédure de droit pénal administratif pour soustraction de l’impôt anticipé, qui frappe en premier lieu les organes de la société. L’entreprise ne pourrait être sanctionnée que si l’amende est inférieure à CHF 5000. Or, en pratique, on observe des sanctions même pour des prestations appréciables en argent d’«à peine» CHF 40 000, c.-à-d. pour des cas qui devraient faire jouer la clause bagatelle. Ces normes pénales datent des années 1970. Comme elles n’ont été appliquées longtemps qu’à des cas extrêmes, la jurisprudence est maigre. Cette époque semble révolue. Cela dit, la pratique rigide des taxes de plus de 100 % devrait un jour appeler le législateur à inter venir. Impôt sur le chiffre d’affaires et douane Véhicules de fonction des frontaliers Exposé de la situation Les véhicules des entreprises suisses sont actuellement dans la ligne de mire des autorités douanières et fiscales européennes, dès lors que ces véhicules sont utilisés par des frontaliers sur des trajets transfrontaliers. L’élément déclencheur est la législation douanière de l’UE, qui a encore été renforcée le 1er mai 2015. à disposition de la voiture pour ce tra jet. national) peuvent eux aussi échapper aux mailles des enquêteurs de l’UE. Outre la TVA et le dédouanement, d’aut res questions se posent en rapport avec l’immatriculation du véhicule, les déductions fiscales directes, la couverture d’assurance et le droit du travail, qui touchent aussi bien au droit européen qu’au droit suisse. Reste le problème du grand nombre de véhicules de fonction qui ont éventuellement facilité à leur usager l’obtention d’un emploi en Suisse et auquel il n’est pas question ou pas possible de renoncer du jour au lendemain. En l’espèce, il convient de procéder à une analyse du rapport coût-bénéfice de l’opération en faisant preuve de doigté. Il est souvent possible d’exploiter des synergies lors de l’enregistrement au titre de la TVA. Et si, de surcroît, un déclarant «futé» a la possibilité d’accepter un véhicule UE en réimportation au tarif zéro des droits de douane, permettant du même coup, grâce à l’enregistrement, de neutraliser la taxe à l’importation en la transformant en déduction de l’impôt préalable, voilà éloigné le spectre des tracasseries douanières. Critères de qualification Que faire? Vu cette adaptation du code des douanes, la discussion porte principalement sur la question de savoir s’il faut exclure l’usage privé des véhicules de fonction ou le limiter au trajet entre le domicile et le lieu de travail pour éviter leur dédouanement. Il faut avant tout déterminer s’il s’agit d’un véhicule en leasing et, le cas échéant, impliquer la société de leasing dans la recherche de solutions. Dans le cas de véhicules de pool sans affectation, il est souvent possible d’éviter à la fois leur imposition et leur dédouanement en excluant leur usage privé. Les véhicules de chantier (identifiables au carnet ATA, document douanier inter- C’est oublier qu’en Allemagne, par exemple, la TVA est prélevée dès la mise EXPERT INFO, édition 1 | 2015, avec le soutien d’EXPERTsuisse S 3/4 Droit du travail Sécurité et protection de la santé au travail Forte des expériences rassemblées durant la mise en œuvre de la directive n° 6508, la Commission fédérale de coordination pour la sécurité au travail (CFST) a révisé ce document à la date du 1er février 2007. Son application depuis lors est ainsi plus proche de la pratique. La CFST met à disposition des informations détaillées ainsi que des outils de travail sous www.ekas.ch. Pour les entreprises employant jusqu’à 50 collaborateurs et qui ne sont pas exposées à des dangers particuliers (une grande partie du secteur des services en fait également partie), ces risques peuvent être recensés sous forme de check-lists et les mesures nécessaires mises en œuvre. L’objectif de toutes ces mesures demeure la protection optimale des collaborateurs. Outre l’organisation des cas d’urgence et des premiers secours, il faut surtout essayer de prévenir les pertes d’heures de travail dues aux accidents et aux maladies. La diversité des thèmes impliqués montre que les questions de sécurité au travail et de protection de la santé sont des tâches de gestion qui relèvent au premier chef de la responsabilité de l’employeur. L’information, l’instruction et la formation du personnel sont les conséquences logiques de ce constat, qui doivent aussi renforcer la responsabilité d’exécution incombant aux employés. Les contrôles du système menés par les inspecteurs du travail à la demande de la CFST se fondent habituellement sur une liste de critères de contrôle établie au préalable. Selon la loi sur la participation, l’inspecteur du travail implique également les employés durant sa visite de l’entreprise et procède à des contrôles par sondage de certains postes de travail. Le contrôle des temps de travail et de repos revêt une importance particulière. Il faut prendre en considération les aspects de la protection de la santé, réglementation des temps de pause incluse, puisque l’obligation d’enregistrer le temps de travail s’applique également aux pauses. Les documents doivent pouvoir être présentés pendant 5 ans. Le Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche entend mettre en vigueur, cette année encore, une nouvelle ordonnance concernant l’enregistrement du temps de travail, en complément de la loi sur le travail. Il faut espérer que ces mesures ne favoriseront pas l’émergence de mouvements syndicaux dans le secteur des services et que la flexibilité du travail, pierre angulaire du modèle de réussite suisse, pourra être préservée dans l’intérêt des employeurs et des employés. La sécurité et la protection de la santé au travail sont importantes. Il faut cibler les aspects vraiment essentiels et les appliquer de manière à ne pas restreindre inutilement la liberté et la responsabilité entrepreneuriales et à ne pas compromettre le bon fonctionnement du marché du travail en Suisse. Nous sommes membre d’EXPERTsuisse. Engagés et responsables. L’Association des experts en audit, fiscalité et conseil fiduciaire a pour mission de former, de soutenir et de représenter ses experts titulaires d’un diplôme fédéral. Depuis plus de 90 ans, EXPERTsuisse assume sa responsabilité à l’égard de l’économie, de la société et de la politique. www.expertsuisse.ch Les informations contenues dans cette INFO ont fait l’objet de recherches minutieuses. Pour autant, nous ne pouvons garantir leur exactitude, leur exhaustivité et leur actualité, sans compter que ces articles ne sauraient remplacer une activité de conseil détaillée au cas par cas. Nous ne répondons ni de leur contenu, ni de leur usage. EXPERT INFO, édition 1 | 2015, avec le soutien d’EXPERTsuisse S 4/4