Evaluation des taux de CO dans les bars à chicha à Paris

Transcription

Evaluation des taux de CO dans les bars à chicha à Paris
Evaluation des taux de CO dans les bars à chicha à
Paris : Variabilité selon la fréquentation et l’aération de
l’espace
S. Dahech1 et G. Beltrando2
[email protected]
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Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Sfax, Laboratoire SYFACTE
Université Denis Diderot (Paris VII), UMR 8586 (PRODIG) du CNRS, (c.c. 7001), 105 rue Tolbiac
75013 Paris
La qualité de l'air que nous respirons dans les différents lieux intérieurs est
reconnue aujourd'hui comme un enjeu de santé publique. Parmi les polluants
dangereux enregistrés dans les lieux fermés, ceux émis par les fumeurs sont
considérables. Le tabagisme, qu’il soit actif ou passif, est reconnu comme un danger
incontestable. Outre les cigarettes, les jeunes fument de plus en plus le narguilé* (la
chicha) en France. Ce fléau est très préoccupant : un jeune de 16 ans sur deux et
sept jeunes de 18 ans sur dix en ont déjà fumé : six étudiants sur dix en consomment
selon le programme européen contre le tabagisme Help (mai 2007). Or, ce type de
tabagisme est relativement dangereux. Selon la source précitée, fumer un chicha
"équivaut à fumer deux paquets de cigarettes (en taux de monoxyde de carbone et
en microparticules de pollution inhalées)". De même, rester une heure à côté d'un
narguilé équivaut à fumer 6 à 8 cigarettes.
L’objectif du présent travail est de quantifier les taux de CO présents dans les bars
à chicha à Paris et d’étudier la variabilité de ces valeurs selon le taux de
fréquentation et l’aération de l’espace.
Une vingtaine de campagnes de mesures des taux de CO dans des bars à chicha
situés dans cinq arrondissements parisiens ont été réalisées durant la première
moitié de l’année 2007. Les taux de CO sont mesurés par des capteurs portables de
type « Testo » préprogrammés pour effectuer un enregistrement toutes les cinq
secondes, durant trois heures successives. Les sites de mesure choisis sont parmi
les plus fréquentés à Paris et se caractérisent par des conditions de ventilation
différentes. La fréquentation des lieux est évaluée à partir du comptage du nombre
de chichas consommées durant la période de mesure. La ventilation est évaluée
quantitativement, les capteurs CO sont couplés à des anémomètres à hélices
sensibles pour enregistrer les vents faibles (à partir de 0.1 m/s). Les mesures sont
réalisées durant les week-ends et au milieu de la semaine de 21h30 à 0h30. Les
sondes (deux par bars) sont placées à la hauteur de l’appareil respiratoire. En outre,
quatre campagnes de mesures des taux de CO ont été organisées avec le même
matériel à Sfax en Tunisie.
Les taux de CO les plus élevés sont relevés dans les bars à chicha parisiens le soir
du samedi (environ 25 ppm/h) dans les caves en sous-sol caractérisées par une
ventilation médiocre. Ces taux dépassent légèrement les valeurs seuils préconisées
par l’OMS. Au contraire, les taux les plus bas sont relevés au milieu de la semaine,
quand les bars sont moins fréquentés et particulièrement quand l’espace est bien
ventilé (quand les fenêtres sont ouvertes en fin de printemps par beau temps). Une
variabilité spatiale des taux de CO est remarquée à l’intérieur d’un même café en
fonction de l’éloignement aux fumeurs. A Sfax, les taux de CO sont largement moins
élevés qu’à Paris au printemps, car le narguilé est fumé dans des espaces plus
ventilés.
*
Une pipe orientale à long tuyau flexible dans laquelle la fumée passe par un vase rempli d'eau.
JIQA 2008
7-8 février 2008