La température monte ! Hyperthermie et fièvre, comment les approcher

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La température monte ! Hyperthermie et fièvre, comment les approcher
Dre Valérie Sauvé
DMV, Dipl. ACVECC
La température monte !
Hyperthermie et fièvre,
comment les approcher ?
L’hyperthermie et la fièvre sont des conditions rencontrées
fréquemment en clinique vétérinaire, mais qui nécessitent
une approche diagnostique et thérapeutique bien
différente. L’hyperthermie est définie par une température
rectale d’un chat ou d’un chien non stressé au-dessus
de 39.2oC (102.5oF). Le public en général associe une
température corporelle élevée à une infection, mais cela
n’est souvent pas le cas.
L’hyperthermie (afébrile) est le résultat d’un débalancement
entre la production et la dissipation de la chaleur. Tandis
qu’une vraie fièvre est le résultat du réglage à la hausse
de la température corporelle par l’hypothalamus. Une
vraie fièvre est la réponse naturelle à une infection, de
l’inflammation ou une autre insulte et fait partie de l’acute
phase response. La fièvre peut être bénéfique à l’animal,
en diminuant la réplication bactérienne ou virale et en
augmentant la fonction des leucocytes. La fièvre ne
nécessite pas de traitement direct visant à faire diminuer
la température du corps, à moins que celle-ci approche
41,6oC (107oF).
La fièvre
La fièvre est causée par la présence de pyrogènes exogènes
qui déclenchent l’acute phase response et la production
de pyrogènes endogènes. Ce sont ces pyrogènes
endogènes (principalement interleukin 1, interleukin
6 et tumor necrosis factor) qui agiront sur le centre de
thermorégulation de l’hypothalamus causant une
régulation à la hausse de la température corporelle. Les
pyrogènes exogènes peuvent inclure des agents infectieux
et leurs produits, la formation de complexes immunitaires,
l’inflammation tissulaire et des produits pharmaceutiques.
Certaines cellules néoplasiques sont également capables
de produire des cytokines qui causeront une fièvre, d’où
le diagnostique différentiel classique pour une fièvre :
Fig. 1
FOCUS | Édition du 2 décembre 2015
infection, inflammation et néoplasie. Il est donc considéré
contreproductif de tenter de faire baisser la température
d’un animal avec de la fièvre par des méthodes externes de
refroidissement, à moins que la fièvre approche 41.6oC (107oF).
Une fièvre va augmenter les besoins en eau et caloriques de
l’animal, la production de cette chaleur additionnelle a des
coûts métaboliques significatifs. Si des mesures externes
sont prises pour faire diminuer la température du corps d’un
animal avec de la fièvre, l’hypothalamus continuera de diriger
le corps à produire de la chaleur, causant une augmentation
encore plus importante de la consommation d’oxygène, du
taux métabolique et des besoins caloriques et d’eau. Tout ceci
est donc ultimement néfaste pour l’organisme. L’utilisation
d’anti-inflammatoires non stéroïdiens peut être efficace à faire
diminuer la température, mais ils ne devraient pas être utilisés
chez un animal déshydraté, avec une mauvaise perfusion, ou
avec des désordres gastro-intestinaux ou rénaux. Identifier et
traiter la cause sous-jacente de la fièvre est donc prioritaire
à simplement faire diminuer la température. L’utilisation
de corticostéroïdes devrait être réservée au traitement de
maladies à médiation-immunitaire ou de certains cancers.
L’hyperthermie
être refroidis rapidement afin de prévenir ou de diminuer la
sévérité du coup de chaleur. Il existe plusieurs méthodes pour
refroidir un animal souffrant d’hyperthermie. La meilleure est
de mouiller le poil jusqu’à la peau avec de l’eau froide (non
glacée) puis de placer un ventilateur devant l’animal. Les
fluides intraveineux à température pièce seront administrés,
et une sédation intraveineuse devrait être considérée en
présence d’obstruction des voies respiratoires supérieures.
Si des convulsions ou des tremblements musculaires sont en
cause, ces conditions devront aussi être traitées agressivement.
Ne pas appliquer d’eau glacée, ou plonger l’animal dans un
bain de glace, puisque ceci causera une vasoconstriction au
niveau de la peau et diminuera la dissipation de la chaleur.
Le refroidissement devrait être poursuivi jusqu’à obtention
d’une température rectale de 39.4oC, afin de prévenir une
hypothermie subséquente. Des soins de support et monitoring
pour complications seront ensuite recommandés.
Fig. 5
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L’hyperthermie causée par une dissipation inadéquate de
la chaleur ne répondra pas aux antipyrétiques. Les chiens
de grandes tailles, obèses, malades ou brachycéphales
sont particulièrement à risque. L’exercice intense peut aussi
produire de l’hyperthermie marquée. Ces animaux doivent
Dre Valérie Sauvé
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Fig. 4
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