Hector LaVoe€: La voix

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Hector LaVoe : La voix
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Hector LaVoe : La
voix
Héctor Lavoe : le poète
maudit de la rue - Partie I
Chabelita
jeudi 1er juin 2006
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Hector LaVoe : La voix
Cela fait très longtemps que je voulais écrire sur Hector LaVoe qui était un très grand sonero,
pour beaucoup le plus grand : LA VOIX, le CHANTEUR DES CHANTEURS. Mais c'est un des
artistes les plus complexes de la musique latine, dont la vie contient tous les élèments d'une
tragédie, un parcours si terrible que j'ai toujours reculé devant l'écriture de sa biographie,
jusqu'à aujourd'hui...
Cet artiste a connu le plus haut grâce à sa voix qui lui ouvrit une carrière fulgurante et
internationale. Ses ventes de disques furent tout aussi colossales que ses revenus. Ce qui
est exceptionnel dans la salsa.
Et le plus bas car sa vie fut un calvaire. Une succession de calamités peu commune chez un
seul homme. Il perdit sa mère à l'âge de 3 ans ; son frère décéda d'une surdose de drogue ;
lui-même s'accrocha à la drogue pendant 25 ans. La même année -1987- : son immeuble prit
feu et pour sauver sa vie il sauta du second étage ; son fils aîné -Hector Luis- perdit la vie à
18 ans d'un coup de feu accidentel tiré par un ami, cette mort lui brisa l'âme à jamais ; sa
belle-mère fut assassinée et son père décéda. En 1988 il fut diagnostiqué séropositif. Il tenta
de se suicider à Porto Rico le 26 juin 1988 [1]. Il vécut ses dernières années sans argent, ni amis.
Il quitta ce monde à 47 ans le 29 juin 1993.
Pas étonnant que son parcours fasse l'objet de livres, films, documentaires, poèmes, comédies
musicales, chansons,...
Hector Lavoe
Hector Juan Pérez Martinez est né le 30 septembre 1946 dans le quartier Machuelos de Ponce (Sud
de l'île de Porto Rico). Il baigna dans la musique dès sa plus tendre enfance, influencé par la passion
artistique de son père Luis Pérez (chanteur professionnel d'Aguinaldos [2] et de Seis [3]), de son
grand-père, le chanteur de trova [4] Juan Martínez, et d'un oncle connu pour être le meilleur joueur
de Tres [5] de Ponce. Il grandit dans une famille pauvre comptant huit enfants, si pauvre que sa
mère Leslie Martínez succomba de la tuberculose alors qu'Hector n'avait que 3 ans.
Dès son plus jeune âge il avait un don naturel pour le chant. Plus tard il développera ce timbre aigu
et sensuel qu'on lui connaît.
Il forma son phrasé et son ton mélodieux en écoutant la radio qui diffusait la musique de Ramito,
Chuito El de Bayamon (son préféré), Odilio Gonzalez et Daniel Santos. Son atout était une diction
claire alliée à une grande virtuosité dans l'improvisation ce qui lui permettait de modeler les paroles
de ses chansons avec une créativité indiscutable.
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Son père l'a poussé à devenir musicien en lui donnant des cours quotidiens et en l'inscrivant à
l'Ecole Libre de Musique "Juan Morell Campos" de Ponce où il s'est retrouvé aux côtés de Papo
Lucca, futur génie du piano. Hector LaVoe n'aimait pas l'école et cessa d'assister aux cours au point
d'être expulsé pour absences. Sa passion était de chanter. Alors qu'il avait 14 ans, il réunit un
groupe de 10 amis musiciens pour chanter dans les rues de sa ville, réussissant à gagner quelques
dollars.
Trois ans plus tard, il décide de s'envoler vers New York pour "tenter sa chance" (sans terminer ses
études secondaires), poussé par les difficultés économiques de sa famille. Son frère Luis Angel avait
succombé à la drogue dans les rues de New York et son père ne voulait pas que cela se reproduise
avec Hector c'est pourquoi il s'opposa au départ de celui-ci jusqu'à le renier pendant des années.
Hector Lavoe
Le 3 mai 1963, le jeune homme de 17 ans arrive dans la jungle new-yorkaise, sans parler anglais,
plein de rêves et avec l'unique but de chanter dans un orchestre. Il fut accueilli dans la maison de sa
soeur Priscilla, dans le Bronx.
Hector LaVoe
En parcourant les rues du Barrio ce fut la désillusion en voyant les vieux édifices, sales, pauvres et
délabrés. Il dut vite effacer de son esprit les visions préconçues de luxueuses limousines et de
gratte-ciel flambants neufs.
Là il paya le prix de tout émigrant, trimant de longues heures dans des boulots précaires durant le
jour puis cherchant sa chance la nuit tombée dans les soirées dansantes.
Son ami d'enfance Roberto García, leader d'un orchestre, lui donne sa première opportunité
artistique, bien qu'il s'agisse de participations sporadiques. A l'époque sa maigreur lui valait quelques
quolibets : on l'appelait "l'homme qui de face semble être de profil" ("el hombre que cuando está de
frente, parece que está de lado").
Ce n'est qu'en novembre 1964 qu'il entra vraiment dans le monde musical, en rencontrant dans un
club de Brooklyn le pianiste Rusell Cohen, directeur de l'orchestre « New Yorker ». Il lui chanta
quelques lignes a cappella du boléro "Plazos traicioneros" ce qui suffit à lui faire intégrer l'orchestre,
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avec lequel il enregistrera en 1965 son premier disque 45 tours : « Está de bala ».
Dans la « New Yorker », Hector LaVoe figura comme choriste et joueur de maracas aux côtés de
Rafael "Chivirico" Dávila, voix principale du groupe. Cette expérience lui permit de visiter Porto Rico,
en 1966, pour une présentation au Théâtre Cayey et dans le programme de Mirta Silva.
Ensuite, il travailla quelques mois avec l'orchestre de Francisco "Kako" Bastar avec qui il enregistra
en tant que première voix du chœur dans une production du groupe en 1967. Il était fragile et
attachant, charismatique même, ayant hérité de son père un romantisme exagéré, une sensibilité
d'écorché vif.
Arturo Frankis le baptisa LaVoe -la voix- car au moment où il était l'une des grandes promesses
vocales de la salsa, triomphait le fameux Felipe "La Voz" Rodríguez. Arturo Frankis avait l'habitude
de dire : « celui-là oui il a La Voix » ("Ese si tiene La Voz").
La même année il rencontra Johnny Pacheco qui l'écouta, le fit chanter à ses côtés et le présenta
deux semaines plus tard (février 1967) au jeune tromboniste et arrangeur Willie Colon, qui était en
quête d'un vocaliste pour son premier album : "El Malo". Le succès inespéré de ce premier album a
radicalement changé la vie de Lavoe et de Colon, qui eurent alors suffisamment d'argent pour être
tranquille.
José Mangual Jr, Hector LaVoe, Willie Colón durant l'interprétation de "Juana Peña" (1971).
Johnny Pacheco comment avez-vous rencontré Hector ?
(...) C'est à l'époque où j'ai monté le groupe « Pacheco y su Tumbao ». J'avais l'habitude de voir le
gamin maigrichon assis dans la salle à écouter le groupe. Un jour il m'a demandé s'il pouvait chanter
dans l'orchestre. Je n'avais aucune idée de qui il était. Je lui dis "Viens ici, tu es chanteur ?" Il dit
« oui, je peux chanter ». (...) J'ai donc mis Hector sur scène et il a chanté. J'étais sidéré. C'était un
diamant brut. J'adorais la qualité de sa voix, mais à cette époque il était un peu fluet, car il était très
jeune. Mais il avait cette saveur que j'adorais. Dès lors je savais qu'il allait percer.
Puis il prit l'habitude de venir en fin de semaine. C'est à l'époque où j'ai commencé à travailler avec
Willie Colon et Willie n'avait pas de chanteur pour faire son album. (...) J'ai mis Willie et Hector
ensemble et c'était la combinaison parfaite. Le début de quelque chose d'incroyable.
Les qualités d'Hector LaVoe selon Johnny Pacheco
Dés le départ, il avait un esprit très inventif. (...) Ses improvisations n'avaient pas seulement
beaucoup d'humour, elles rimaient et étaient superbes. Ce que j'aimais aussi c'est qu'il était doté
d'un large éventail. Il chantait généralement haut et il pouvait attaquer les notes basses, ce qui est
très important pour un chanteur.
Malheureusement en 1968 Ismael Miranda (selon Jaime Torres Torres [6]) le fait entrer dans l'enfer
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de l'héroïne. Ce que reconnaîtrait Miranda. La drogue perturbera le travail du chanteur : arrivant en
retard ou pas du tout ! Cela lui vaudra le surnom de "Roi de la ponctualité" (Rey De la Puntualidad).
Ismael Miranda arrivera à se sortir de l'abîme de la drogue, mais pas LaVoe.
Le binôme Hector LaVoe et Willie Colon bouleversa les patrons rythmiques du nouveau genre salsa.
Grâce à l'intégration dans leur musique du folklore de Porto Rico avec le fameux "lelolai", la bomba,
la plena, les aguilnados (dans les deux « Asalto Navideño et Aires de Navidad ») ou avec un
perfectionnement du son agressif (par exemple dans les chansons "el juicio" et "lo mato") souligné
par des pochettes aux thèmes délictueux qui vont imprimer durablement dans l'esprit du public leur
image de "mauvais garçon". [7] Hector LaVoe et Willie Colon triomphèrent en racontant leurs
histoires, des textes sociaux qui relataient les vicissitudes de l'émigrant. Entre 1971 et 1973 ils
sortirent 4 disques des classiques parmi les classiques de la salsa.
En 1972 ils sont consacrés les artistes les plus populaires de la salsa, alors que le boom du genre
initié par la Fania n'a pas encore eu lieu.
L'alliance Colon/LaVoe dura 7 ans, produit 10 disques et marqua avec des succès comme
"Ausencia", "Cheche colé", "Juana Peña", "Barrunto", "Abuelita", "La Murga", "Piraña", "Soñando
despierto" et "Todo tiene su final".
Les 10 disques de la collaboration Willie Colon et Hector Lavoe
Disque et Année
Références
El Malo 1967 The Hustle 1968 Guisando 1969 Cosa Nuestra 1969 La Gran Fuga 1970 Asalto Navideño 1971 El Juicio 1972 Lo Mato 1973 Asalto Navideño II 1973 The Good, the Bad and the Ugly 1975
Fania 337 Fania 347 Fania 370 Fania 384 Fania 394 Faina 399 Fania 424 Fania 444 Fania 449 Fania 484
En 1973, Willie Colon souhaite dissoudre son orchestre fatigué par une dure crise personnelle
(divorce, ...) et l'attitude irresponsable de LaVoe. Il se retire temporairement du milieu. Il recommande
à Hector LaVoe de créer son propre orchestre, lui offrant ses musiciens et restant le producteur de
ses disques.
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L'orchestre d'Hector LaVoe
Recommandation suivie par le chanteur qui commence une nouvelle étape dans sa vie avec la sortie
de la production "La Voz" (1974). Où se retrouvent les ex-musiciens de l'orchestre de Willie Colon [8].
Le 1er succès est une composition de Willie Colon et Hector LaVoe "El todopoderoso" (le tout
puissant) qui a marqué par la voix et le style de LaVoe, les arrangements inédits de Willie Colon et le
thème qui n'avait jamais été abordé avant dans la salsa. Le second succès du disque est "Rompe
Saraguey" qui tourne aussi autours de la thématique religieuse, mais la Santeria cette fois.
La Voz
Dans le même temps, Willie Colon et Hector LaVoe intégrent la fameuse Fania All Stars : réunion des
meilleurs musiciens du label. Ce qui leur fera parcourir les meilleures scènes du monde pour des
concerts plus gigantesques les uns que les autres. Ci-dessous leur discographie au sein des Etoiles
de la Fania :
Disque ou DVD
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Chanson d'Hector LaVoe
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Live at Red Garter I et II Live at the Cheetah I et II Tribute to Tito Rodriguez Live at Yankee Stadium Fania All Stars Live Live in Africa Habana Jam Commitment Latin Connection Lo que pide la gente Viva la Charanga Bamboleo
Divers Que Barbaridad Cuando, Cuando ; Vuela la Paloma Mi Gente ; Congo Bongo Saca tu mujer Mi Gente Mi Gente Ublabadú Semilla de Amor El Rey de la puntualidad Me voy pa' Moron ; Isla del Encanto. Siento
A noter qu'Hector LaVoe figure aussi sur bien des enregistrements en tant que choriste. Voir la liste
ci-dessous.
Orchestre - Disque
Références
Hector Rivera Para mi gente Hector Rivera Lo Máximo Sonora Ponceña Conquista Musical Mon Rivera et Willie Colon Se Chavó el Vecindario Ray Barretto Indestructible La Conspiración Cada Loco Con Su Tema Monguito Santamaria Hey Sister Tommy Olivencia Planté Bandera Rafi Val y la Diferente Fuerza Bruta La Conspiración Ismael Miranda Este Es Ismael Rivera El Sonero Mayor La Diferente Kako Sock it to me Latino
Tico 1309 Tico 1324 Inca 1052 Vaya 42 Fania 456 Vaya 29 Fania 361 Inca 1042 Vaya 20 Vaya 4 Fania 480 Tico 1437 Vaya 3 WS 4269
A suivre ICI à partir du 1er juillet 2006.
Post-scriptum :
Sources :
Interview with Johnny Pacheco about Hector Lavoe by Mary Kent ©1997 voir ICI.
livre "Cada cabeza es un mundo : Relatos e historia de Hector LaVoe" de Jaime Torres Torres.
Journaux portoricains (Primera Hora, El Nuevo Dia, Vocero).
"El Libro de la Salsa" de Cesar Miguel Rondon.
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[1] En sautant du 8ème étage d'un palace, il a eu miraculeusement la vie sauve en tombant sur un système de climatisation.
[2] Aguinaldo = forme de chanson paysanne portoricaine structurée en vers avec rimes.
[3] Seis = genre de chanson portoricaine utilisant des dizains assonancés.
[4] Chanson de troubadours, en vers.
[5] Tres = guitare à trois cordes doubles.
[6] Jaime Torres Torres est un journaliste portoricain qui a compilé la biographie de l'artiste dans le livre "Cada cabeza es un
mundo : Relatos e historia de Hector LaVoe". Livre extrêmement cru et difficile, avec des photos indécentes d'un Hector LaVoe
en fin de vie.
[7] Jaime Torres Torres relate qu'en 1971 le binôme a fait 8 jours de concert à Paris où LaVoe chanta le doigt cassé suite à une
bagarre de rue initiée par Willie Colon avec un passant. Ce qui illustre l'état d'esprit des deux musiciens et souligne pour nous le
fait qu'au début des années 70, il y avait bel et bien à Paris un public pour les concerts de salsa, public qui a aujourd'hui
disparu.
[8] La paire de trombones était renforcée par deux trompettes. José Torres (piano), José Mangual Jr (bongo), Milton Cardona
(congas), plus de nouveaux entrants : José Febles (trompette) ; José Rodriguez (trombone), Harry D'aguiar (trombone), Ray
Maldonado (trompette)
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Willie Colon

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