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Conseil international pour l'exploration
de la Mer
Co~ite
C,H. 1961
des coquillages
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.c;VOLUTION DE LA PRODUCTION 3T DE LA TECH1'ifIQUE OSTREICOLES
E]\T BRETAGNE
(par 1. r';arteil)
Depuis 1945, la culture de l'hultre a ete eonsiderablement developpee en Bretagne. Cette expansion slest manifestee de diverses ma~ieres;
nous en indiquerons iei quelques aspeets.
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1 - Les centres ostreicoles de la Hanche
Bien que les premiers essais dIelevage aient ete realises par
de BON et COSTES sur la cote nord de la Bretagne (St Brieuc et St Servanh
elest en Morbihan sur la eote sud que l'ostrEiculture se developpa au sieeIe dernier et pendant la premiere moitie du 20eme siecle.
Toutefois, depuis 1945-1950, l'elevage de l'huitre plate,
Ostrea edulis L., a conquis, a nouveau, les centres riverains de la Naneh6
Cancale, St Il"rieuc, Paimpol, lIlorlaix et Brest (fig. 1). Cette conquete
est nettement mise en evidenee par l'augmentation des surfaees affeetees
a eette industrie dans la derniere deeade (fig. 2). En quelques annees,
plus de 2.000 hectares ont ete eoneedes pour l'elevage et l'affinage de
Ilhultre plate sur la cote nord de Bretagne, entralnant la construction
d'etablissements dotes de moyens modernes dlexploitation, de stockage et
de manutention.
En dehors des causes d'ordre soeial ou eeonomique qui ont
favorise eette expansion, des conditions biologiques et techniques l'ont
rendue possible. Ce sont notamment:
- la disparition vers 1933 des herbiers de zosteres (Z.marina)
liberant de vastes surfaees propiees a l'elevage des hUltres en baie de
Morlaix et ailleurs ;
- 1 I apti tude naturelle des sols a I' ensemeneeülent des mollusques (Paimpol, Cancale) supprimant les travaux de preparation les plus
onereux tout en permettant une croissance tres satisfaisante des coquillages ;
l'appauvrissement ou la ruine des gisements natureIs
d'Ostrea edulis laissant disponibles pour la culture de grandes superficies reservees jusque la a la peche (Brest, St Brieue)
- l'augmentation de la production de naissain en Horbihan ;
- les progres de la motorisation (bateaux, camions) faeilitant
la culture de eoncessions etendues et les transferts d'huitres, de materiel ou de personnel d'une region a l'autre de la Bret~Bne et permettant
ades ostreiculteurs du Horbihan d'exploiter simultanement des parcs en'
plusieurs secteurs de la peninsule.
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Ce sont aussi les conditions hydrologiques qui ont d(termine le
caractere particulier de l'industrie ostreicole sur les rives de la ManA
che : peu favorables a une production reguliere de naissain, elles permettent en revanche une excellente croissance des huitres d'elevage (Paimpol,
Brest) ainsi que l' affinage avant expedition a la consommation (I1or1aix).
2 - L'ostreiculture sur.la cote atlantigue
En Bretagne meridionale, les centres ostreicoles les plus importants demeurent ceux de 11'1 region d'Auray (Morbihan), pour 11'1 production
et l'elevage, et du Belon pour l'affinage.
L' ex:'ansion de l' ostreicul ture sur la cote nord, loin de nuire a
l'industrie du secteur atlantique, en a, au contraire, favorise le developpement. De 500 hectares en 1920, la superficie des parcs exploites en
Morbihan est passee a 1.200 en 1948 et a 2.400 en 1961, dont 400 environ
affectes a l'elevage de la gryphee (fig.2). Dans le seul quartier d'Auray
exclusivellient consacre a l'huitre plate, la surface concedee qui etait de
430 hectares en 1948 approche de 1.300 ha en 1961.
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Lo Horbihc':1n, la reg~on d 'Auray tres specialomont, demoure le premier centro do production d'Ostrea edulis : il approvisionne, a lui seul,
la quasi totalite des parcs dielevage ou d'affinage fran9ais. La tuile
chaulee est toujours Jj collecteur le plus utilise pour le captage des
larves, les essais entrepris avec d'autres materiaux n'ayant pas donne,
jusqu'ici, de rdsultats satisfaisants au double point de vue du rendement
et de la rentabilite. On evaluait a 12 IGillions le nombre de collecteurs
imnlerges en 1948 ; ce nombre est largement superieur a 20 millions en
1961. Parallelement, 11'1 production de naissains - jeunes huitres agees do
6 a 9 mois - a considerablement augn:ente : estimee a 285 millions on 1951,
elle adepasse un milliard en 1959-1960. Une partie de la recolte est
semee sur les parcs du Morbihan, l'autre sur les terrains riverains de la
JVlanche (Morlaix et Brest notamment).
Pour obtenir ces resultats, il a fallu :
- etendre le captage ades secteurs jusqu'ici d61aisses (St Philibert, Plouharnel)
- 6tudier de fa90n precise les divers aspects de la reproduction
d '0. edulis en llorbihan (riiarteil 1960)
- assurer la presence d'un nombre suffisant de sujets reproducteurs en reconstituant ou en developpant les tisements naturels d'huitre~
plates.
3 - Les gisement_:3 naturels d 'Ostrea edulis
La plupart des bancs naturels d'huitres plates des cotes bretonnes etaient jusqu'en 1945 tres appauvris ou ruines. Un effort serieux a
ete fait depuis lors pour les remettre en etat. Une technique simple mais
efficace, eonsistant a nettoyer la surface des banes et y deposer un semis d'huitres assez dense, a permis, partout ou. elle a ete mise en oeuvre,
de reconstituer les gisements disparus ou d'ameliorer le rendement de ceux
qui periclitaient. Actuellement, les bancs ainsi reconstitues sont souvent
plus prosperes qu'ils ne l'etaient a la fin du 1geme siecle.
Dans les eentres de captage du fliorbihan, les gisements beneficient
d'une protection particuliere : consid~r8s comrne des reserves de sujets
reproducteurs, ils sont confies a la gestion des ostreieulteurs. Ailleurs,
la peche reste autorisee mais on s'efforce de illaintenir le stock dans un
etat satisfaisant ; les pecheurs, eux-me~1es, participent, en rJ[orbihan et
en rade de Prest, a la mise en valeur des bancs naturels suivant les indications donnees par les biologistes. 11 s'agit la d'une tentative interessante meme si de multiples ir:;perfections subsistent.
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- 3 L'exploitation des gisements d'huitres plates en Bretagne fournit
annuellement un millier de tonnes environ de mollusques qui vont approvisiormer les concessions d' elevage •
4 - Les parcs en eau profonde
Jusqu'en 1949, l'elevage des huitres en Prance a touj.ours ete
pratique dans la zone intercotidale. Depuis cette date, il a ete etendu
a la zone inferieure, entre la laisse des plus basses mers et la Gote
- 5 environ.
Les concessions dites "en eau profonde" couvrent actuellement pres
de 1.500 hectares sur le littoral breton. Elles sont etablies pour la plu-,
part a l'emplaceLlent d'anciens gisements natureIs d'Ostrea edulis. La
buperficie de chaque parcelle est, sauf exception, superieure a 100 ha
et peut atteindre 200 ha. L'exploitation en est faite par des particuliers ou des societes cooperatives d'ostreiculteurs ou de pecheurs.
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Ces parcs existent en riviere d'Auray et en baie de Quiberon sur
la cote sud, en rade de Brest, pres de 1annion et en baie de St Brieuc
sur la cote nord. On y cultive toutes les categories d'huitres plates,
du naissain jusqu'a l'huitre de consommation, a l'aide d'engins adaptes
a ce mode de travail.
Dans plusieurs cas, le semis d'huitres d'EHevage sur les banes
disparus a eu pour effet de permettre la fixation des larves sur les coquilles ou les mollusques garnissant le fond. Ce phenomene, dont les bienfaits sur le plan de la rentabilite :de l'exploitation sont contestes en
raison de l'augmentation des frais de main-d'oeuvre qU'il provoque, confirme du moins, sur le plan biologique, qu'il est possible, par un apport
de coquillages, de reconstituer les gisements disparus.
5 - La culture de l'huitre portugaise
Interdit depuis 0!h2sis 1923 au nord de la Vilaine, l'elevage de
la gryphee (Crassostrea ane;ulata) est autorise depuis 1948 dans les estuaires des rivieres de Penerf et d'Etel, sur la cote meridionale de la
Bretagne, L,ais demeure prohibe dans la region d'Auray ou llon pratique
le captage de l'huitre plate.
1'introduction de l'huitre portugaise a permis a cette espece de
s 'ikplanter au nord de la Loire consideree jusqu' ici COlnlJe la limite
septentrionale de son domaine geographique. Des banes natureIs se sont
forn;8s en Vilaine et sur les rives proches de cet estuaire ou les condi.,.
tions hydro1:ogiques sont favorables (I"larteil 1 960) •
1e depot des huitres portugaises a ete autorise depuis ~eu dans
certains secteurs de la cote nord (Cancale, St Brieuc, Paimpol) ou les
conditions, deja peu favorables a la reproduction d'Ostrea edulis paraissent l'etre aussi pour Crassostrea angulata.
En resune, le developpement de l'ostreiculture en Bretagne a ete
remarquable au cours des dernieres annees. 11 ne pourra se poursuivre
qU'en apportant une solution a differents problemes dont les plus importants paraissent etre les suivants :
- assurer des recoltes de naissains suffisantes et aussi regulieres que possible
- rechercher et mettre en oeuvre les liloyens de lutte contre les
predateurs, les parasites et les maladies ;
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- 4 - eontroler l'extension des herbiers de zosteres dont 1e retour,
en modifiant le terrain, peut rendre un grand nombre de pares impropres
a. la eul ture (IVIorlaix, Brest) ;
- prospeeter enfin de nouvea~~ seeteurs afin d'etendre si possible
l'elevage de l'huitre plate au-dela. de la zone intereotidale et de l'emplacement des aneiens banes natureIs ou il a ete jusqu'iei pratique.
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Fig.2 - Surfaces affectees a 110streiculture
en 1949 et en 1961.

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