Réforme pénale: un enterrement annoncé dans le budget 2016?
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Réforme pénale: un enterrement annoncé dans le budget 2016?
DÉCRYPTAGE « La réforme pénale continuera à être mise en œuvre », a annoncé au Sénat la garde des Sceaux le 24 novembre 2015. L’ambition de développer les alternatives à l’incarcération et les aménagements de peine pour favoriser la réinsertion et mieux prévenir la récidive paraît intacte. Mais les prévisions chiffrées montrent que plus personne n’y croit. SI LES DÉTENUS CONCERNÉS N’ONT PLUS AUCUN ESPOIR DE RÉHABILITATION, LE PRINCIPAL RISQUE EST DE LES VOIR DEVENIR CE QUE L’ON CRAINT QU’ILS SOIENT. une personne refuse de parler au personnel féminin, le fait que la personne s’isole sur elle-même, qu’elle n’assiste plus à certaines activités [...], c’est tous ces petits éléments d’information qu’il faut rassembler pour voir le tableau d’ensemble », affirme encore un secrétaire FO-pénitentiaire à la prison de Liancourt10. Les « petits éléments » ainsi repérés n’attestent en rien d’une radicalisation violente et la confusion avec une pratique rigoriste de l’islam perdure. Des formations ont pourtant été développées tous azimuts depuis janvier. Un officier qui encadre des surveillants raconte, au sortir d’un stage à l’Ecole nationale de l’administration pénitentiaire, combien celui-ci lui a ouvert des yeux… jusqu’ici bien fermés : « Dès qu’on trouvait des livres en arabe, des trucs liés au Coran, on faisait un signalement. J’ai réalisé qu’il fallait faire le tri pour ne pas noyer les renseignements sous des tonnes d’infos inutiles »11. Tout lecteur de l’arabe ou du Coran était donc signalé, et désormais, il reste à espérer que le filet va se réduire. POUR QUELLES PRISES EN CHARGE ? Confusion encore, sur la mise en œuvre des annonces gouvernementales de janvier. A Fresnes, l’unité tant décriée de regroupement des détenus dits radicalisés « continue à fonctionner selon les principes définis à la fin de l’année 2014, sans mise en œuvre d’un programme de prise en charge spécifique », selon un avis du sénateur Hugues Portelli12. La garde des Sceaux a précisé que deux des cinq unités annoncées en janvier seraient finalement « consacrées à l’évaluation des personnes détenues radicalisées ou en voie de radicalisation, afin de repérer celles qui seraient susceptibles d’intégrer un des programmes de prise en charge ». Un tri serait ainsi effectué entre celles « accessibles à une remise en question », qui pourraient être affectées dans les unités dédiées d’Osny ou de Fleury-Mérogis, tandis que « les plus opposantes à toute prise en charge » pourraient être envoyées au centre pénitentiaire d’Annœullin, dans « une structure autonome sécurisée (ancien quartier maison centrale), permettant d’éviter qu’elles ne tentent de radicaliser d’autres personnes ». La ministre ajoute toutefois que « la gestion des détenus les plus dangereux, pour lesquels tout regroupement présenterait des risques pour la sécurité publique, continuera d’obéir aux principes de dispersion et d’isolement »13. Pour évaluer qui serait plus ou moins accessible à l’intégration dans un programme ou bon pour l’isolement, encore faudrait-il que les personnes désignées (par le Renseignement ?) acceptent de parler, d’exprimer leurs positions. La base de toute évaluation réside dans la relation de confiance et le dialogue instauré. Or, en détention aujourd’hui, la perspective d’un placement dans une unité dédiée, voire la simple participation à un programme, fait craindre aux détenus un étiquetage définitif, avec à la clé un « fichage S » et une ultra surveillance, en détention puis à leur sortie. Comment, dans ces conditions, gagner la confiance de ceux qui pourraient bénéficier de prises en charge qui s’élaborent, enfin14 ? Comment préparer leur sortie dans le cadre d’un aménagement de peine, qui leur sera systématiquement refusé dans le contexte actuel ? Si les détenus concernés n’ont plus aucun espoir de réhabilitation, si la façon dont ils sont étiquetés en fait des personnes n’ayant plus rien à perdre, le principal risque est de les voir devenir ce que l’on craint qu’ils soient. PERMISSIONS DE SORTIR : FAIRE D’UNE EXCEPTION LA LOI Le Gouvernement s’était déjà illustré en octobre pour sa réaction irrationnelle à un fait divers. Un policier avait été grièvement blessé le 5 octobre en Seine-SaintDenis par un condamné en cavale n’étant pas rentré en détention après une permission de sortir. Deux jours après le drame, Manuel Valls déclare : « Il faut revoir la législation sur les permissions. » Et Christiane Taubira annonce une modification permettant « d’imposer systématiquement une escorte pour certains détenus ». Outre que la dite modification existe déjà dans les textes – il s’agit alors d’une autorisation de sortie sous escorte – le Gouvernement renoue avec une habitude issue des années Sarkozy, celle d’« un fait divers, une loi ». Il ignore que dans 99,5 % cas, les permissions accordées se Réforme pénale : un enterrement annoncé dans le budget 2016 ? L par MARIE CRÉTENOT La présentation du budget commence toujours par une déclinaison d’axes stratégiques. L’administration pénitentiaire (AP) y décrit ses priorités. Pour 2016, c’était d’abord – dans une présentation d’octobre 2015 – de « favoriser la réinsertion » par les « alternatives à l’incarcération » et le « développement des aménagements de peine »1. Depuis, la lutte contre la radicalisation est passée au premier plan, sans que cet axe ne soit pour autant abandonné. Cela dit, les documents budgétaires sont aussi des indicateurs de performance, puisque l’administration doit détailler les objectifs qu’elle se fixe. Et lorsqu’on s’y penche, les ambitions prennent une autre coloration. PLUS D’ALTERNATIVES ? UNE HAUSSE DE LA POPULATION DÉTENUE PRÉVUE La seule réponse à la surpopulation carcérale reste, une fois de plus, la construction immobilière. Certes, depuis les attentats de novembre, les alternatives ne font plus partie des éléments de communication, mais elles ont été à l’honneur dans les premiers temps de discussion du budget 2016. De nouveaux « outils de prise en charge » à disposition « des agents de probation »2 ont été mis en avant. Un manuel de mise en œuvre de la contrainte pénale, inspiré des règles sur la probation du Conseil de l’Europe a, en effet, été diffusé à l’ensemble des agents. Laissant augurer des méthodes d’intervention plus qualitatives, où les aspirations et besoins des personnes sont Ø déroulent sans incident, permettant de préparer une réinsertion, de maintenir les liens familiaux et donc de prévenir la récidive. Il ne tient pas compte du fait que les 295 « évasions » pendant une permission en 2013 correspondent en majeure partie à des cas de retard et non-réintégration dans les délais (beaucoup se décidant à regagner la détention au bout de quelques jours). Pour apporter une réponse rapide à la polémique, Manuel Valls et Christiane Taubira restent sourds aux alertes de spécialistes. Telle Véronique Léger, secrétaire nationale de l’Union syndicale des magistrats (USM), qui rappelle qu’avec seulement 0,5 % de ratés, « le système est efficace ». Elle met 10/ www.france3-regions.francetvinfo.fr, 19/11/2015 11/ lexpress.fr, 01/12/2015 12/ Avis fait au nom de la commission des lois pour le PLF 2016-pénitentiaire, 19/11/2015. 13/ Réponse à l’avis du CGLPL sur la prise en charge de la radicalisation islamiste en milieu carcéral, JO, 30/06/2015. 14/ Sur le programme mis en place à Osny et FleuryMérogis, voir Dedans-Dehors n°88, juillet 2015. en garde le Premier ministre contre les « réactions à chaud, dans la colère » et interpelle la garde des Sceaux sur son projet de réforme : « On ne responsabilise pas un détenu en mettant un flic derrière lui quand il va faire ses démarches ou quand il va chercher un boulot. »* * lexpress.fr, 07/10/2015 © Thierry Pasquet / Signatures 6 / DEDANS-DEHORS N°90 / DÉCEMBRE 2015 DÉCEMBRE 2015 / DEDANS-DEHORS N°90 /7 Ö DÉCRYPTAGE BUDGET 2016 : ZONE TROUBLE SUR LES ACTIVITÉS et pris en compte, conforÖ évalués mément aux enseignements de Même décalage concernant les aménagements de peine et la nouvelle procédure de libération sous contrainte (LSC). L’objectif d’« endiguer les sorties sèches » et d’assurer « un meilleur suivi »7 à la libération se voit réduit à peau de chagrin dans les indicateurs de performance. L’AP prévoit 31 % 8 / DEDANS-DEHORS N°90 / DÉCEMBRE 2015 Ø MOINS DE SORTIES SÈCHES ? AUCUNE ÉVOLUTION EN PERSPECTIVE © Michel Le Moine la recherche sur la désistance et le « What Works ? ». La création de « 200 nouveaux emplois » dans les services pénitentiaires d’insertion et de probation a été actée. Ainsi que l’augmentation de leurs crédits de fonctionnement (+ 8,5 %). Des décennies de délaissement du milieu ouvert commencent à se rattraper. La volonté « d’éviter l’incarcération » et de « réduire la surpopulation carcérale » reste affirmée dans les axes stratégiques. Mais sa concrétisation dépend avant tout des pratiques judiciaires3. Et quels que soient les moyens déployés, l’administration pénitentiaire n’y croit pas. Dans ses indicateurs, elle prévoit une augmentation continue de la population en maison d’arrêt : 45 429 personnes en 2016. Puis 46 016 en 2017. Soit 2,7 % de plus qu’en janvier 2015. Il faut dire que l’un des dispositifs phares de la réforme – la contrainte pénale – ne prend pas. 1 067 ont été prononcées en un peu plus d’un an, du 1er octobre 2014 au 1er novembre 20154. Loin des 8 000 à 20 000 envisagées par le Gouvernement5. Cela représente moins de 85 contraintes pénales chaque mois, contre environ 10 200 peines d’emprisonnement (fermes ou mixtes, avec une partie en sursis et mise à l’épreuve) et 2 000 peines de travail d’intérêt général6. Faute d’avoir été érigée en véritable peine de référence pour les délits, la contrainte pénale ne joue pas le rôle de réduction du recours à l’emprisonnement. Les magistrats n’y voient guère de valeur ajoutée par rapport au sursis avec mise à l’épreuve (SME). D’autant que son périmètre est plus limité : jusqu’en 2017, elle est cantonnée aux délits passibles de moins de cinq ans de prison alors que le SME est applicable à tous les délits. Par ailleurs, beaucoup restent arc-boutés sur une conception rétributive de la peine, où il s’agit de frapper fort – punir sévèrement dans l’optique de dissuader. Une approche éloignée de la probation, qui s’inscrit dans une perspective de réhabilitation, avec un accompagnement orienté vers une prévention de la récidive plus efficace. Depuis le 1er janvier 2015, le champ de la formation professionnelle est confié aux régions pour les prisons en gestion publique. de libérations anticipées accompagnées. Comme en 2015. Et ne cible qu’une légère amélioration en 2017 : 33 %. Il s’agit donc de passer de 70 % de sorties sèches en 2012 à 63 % à la fin du mandat. Là encore, la LSC, issue de la réforme, ne produit pas les effets escomptés. En imposant un rendez-vous judiciaire aux deux-tiers de la peine et en instaurant une procédure spécifique d’octroi de mesures d’aménagement8 (pas de projet d’insertion construit exigé, ni de consentement du condamné) pour les peines de moins de cinq ans, elle devait consacrer les sorties encadrées comme « une étape normale et nécessaire de l’exécution »9 de ces condamnations. On en est loin. Depuis l’entrée en vigueur de ce dispositif, en janvier 2015, seuls « 2 800 détenus [en] ont bénéficié ». Ce bénéfice « se traduisant, pour la plupart d’entre eux, par une sortie anticipée de quelques semaines »10. Et la situation ne risque pas de s’améliorer compte tenu du climat sécuritaire et de l’attitude du Gouvernement, qui a pris le pas des précédents pour jeter l’opprobre sur les juges en cas de récidive ou d’incident pendant une mesure d’aménagement. Rien de tel pour annihiler le courage judiciaire. Lorsqu’on examine le nombre moyen de condamnés en aménagement de peine en 2015, on s’aperçoit d’ailleurs qu’il diminue. Il est de 19 660 environ (dont 460 en LSC), contre 20 140 en 2014. La LSC n’étend pas les aménagements de peine. Elle se substitue à la procédure classique. Même le placement sous surveillance électronique est en baisse. Il a diminué de 12 % depuis cet été, passant de 11 075 bénéficiaires en juillet à 9 706 en novembre. C’est pourtant la seule mesure à faire l’objet d’investissements conséquents : 105 millions d’euros y ont été consacrés depuis 2012. Contre 37 pour le placement à l’extérieur, pourtant présenté comme la « moda- L’administration pénitentiaire (AP) avait prévu de passer de dits dévolus à la rémunération des détenus qui travaillent pour une heure et demi en moyenne à trois heures d’activités quo- le compte de l’AP (entretien, cuisine, etc.) –, aucune augmenta- tidiennes par personne détenue en 2015. Sans communiquer tion n’est à l’œuvre. Ils enregistrent même une baisse par rapport son bilan à cet égard, elle vise désormais un objectif de quatre à ce qui était dégagé deux ans auparavant, laissant présager une heures d’activités par jour. Des crédits du « plan de lutte anti- diminution du nombre de postes proposés, d’ores et déjà parti- terrorisme » ont en effet été alloués pour doubler ce poste culièrement bas (8 400 environ pour plus de 66 000 détenus). de dépenses (10,6 millions d’euros contre 5,1 en 2015). Avec Une situation d’autant plus dommageable que se trouvent, parmi quel contenu, quel type d’activités ? Les documents budgé- eux, les seuls postes à pouvoir donner lieu à validation des acquis taires ne le précisent pas. Les seuls éléments qu’ils laissent ou certification professionnelle, contrairement aux travaux géné- transparaitre sont que cela ne concernera pas la formation ralement non qualifiants proposés par les concessionnaires pri- professionnelle. Ni le travail carcéral, prisé par les détenus vés. car il permet d’obtenir quelques revenus. L’AP envisage pour Quelles vont donc être les activités développées ? Des activités 2016 une baisse du taux de travail en prison : 28 % contre sportives ? Culturelles ? Du pur occupationnel ? Selon la Direction 28,5 % en 2015. A titre de comparaison, le taux était de 39,1 % de l’administration pénitentiaire, les crédits obtenus vont au-delà en 2010 et 2011. Même chose concernant la proportion de et devraient financer des interventions sur la citoyenneté et la détenus stagiaires de la formation professionnelle, rémuné- laïcité, des programmes d’insertion ou de prévention des vio- rée ou non. La prévision est à la baisse : 15 % contre 15,5 % en lences. C’est heureux. Mais il est problématique que cet aspect 2015. Sans perspective d’amélioration en 2017. L’AP l’explique ne fasse l’objet d’aucune précision. Dans les documents relatifs par « le contexte économique » et par « l’absence de visibi- au budget pénitentiaire, on a en revanche le nombre de détec- lité »1 vis-à-vis des effets de la décentralisation de la forma- teurs de téléphone portable dont dispose l’AP. Ou encore le nombre tion professionnelle. Depuis le 1er janvier 2015, la compétence de recrutements d’informaticiens ou d’analystes veilleurs des est confiée aux régions pour les prisons en gestion publique. réseaux sociaux, envisagés pour renforcer le renseignement péni- Et, à compter du 1 janvier 2016, elle va s’étendre à la gestion tentiaire. Mais on n’a pratiquement aucune information sur le déléguée dans deux-tiers des établissements, dont les contrats développement des activités, pourtant au cœur de la réflexion de marché sont arrivés à échéance2. L’incertitude est donc sur le temps carcéral et le sens de la peine. er permise. Toutefois, lorsqu’on examine les fonds dévolus à la formation professionnelle en gestion publique, on s’aperçoit qu’ils n’ont pas augmenté depuis des années. Ils restent cantonnés à 2,8 millions d’euros depuis 2013. Et sont même moindres que ce que budgétait le gouvernement précédent (3,4 millions). De même concernant le service général – c’est-à-dire les cré- 1/ PLF 2016, Bleu budgétaire, administration pénitentiaire, octobre 2015 2/ Le transfert aura lieu en 2018 pour les autres, et pas avant 2038 pour les 3 établissements, en service, construits en partenariats publicsprivés (Réau, Lille-Annœullin, Nantes). lité d’aménagement » la plus « adaptée aux personnes désocialisées ou souffrant d’addictions »11. Un profil répandu en détention. Et, de fait, le placement à l’extérieur – qui intègre hébergement et accompagnement socio-professionnel – reste cantonné à un public restreint : 570 personnes environ (633 en 2014). La seule réponse à la surpopulation semble dès lors, pour le Gouvernement, l’achèvement d’un programme de construction. Il s’agit à présent de celui de « 6 500 places », qui devrait porter la capacité du parc à 63 550 places à l’horizon 2019. Et du programme « 3 200 places », dont les livraisons sont attendues entre 2019 et 202412, pour atteindre 66 750 places. Soit plus que le nombre actuel de détenus. Rappelons que depuis 2012, plus de deux milliards d’euros ont été engagés pour la réalisation de ces programmes. Si la réforme était allée plus loin, en consacrant le principe d’un aménagement systématique, et si ces fonds avaient été orientés vers le milieu ouvert et les structures d’accueil, la réduction de la population carcérale tout autant que la prévention de la récidive auraient été mieux assurées. 1/ Présentation stratégique du PLF 2016, administration pénitentiaire, octobre 2015. 2/ Audition de la garde des Sceaux par la Commission des lois de l’Assemblée nationale, Projet de loi de finances 2016, 21 octobre 2015. 3/ Présentation stratégique, op.cit. 4/ Avis n°170 fait au nom de la commission des lois sur le PLF 2016, administration pénitentiaire, Sénat, 19 novembre 2015. 5/ Etude d’impact du projet de loi relatif à l’individualisation des peines, octobre 2013. 6/ SNEPAP-FSU, Loi n°2014-896 du 15 août 2014, premier bilan intermédiaire par les professionnels de l’administration pénitentiaire, octobre 2015. 7/ Présentation stratégique, op.cit. 8/ L’aménagement de peine peut être une mesure de placement à l’extérieur, sous surveillance électronique, semi-liberté ou libération conditionnelle. 9/ Circulaire DAP du 26 décembre 2014, NOR : JUSD1431153C 10/ Avis n°170, op.cit. 11/ PLF 2016, Bleu budgétaire, administration pénitentiaire, octobre 2015 12/ Question écrite n°12220, Journal Officiel, 20 août 2015 DÉCEMBRE 2015 / DEDANS-DEHORS N°90 /9