La femme fatale
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La femme fatale
18 Critiques . Bayonetta Les boss sont énormes et occupent parfois un chapitre entier à eux seuls. U La femme fatale ne ambiance gothique, des combats racés aux flingues et à l’épée, le tout dirigé par un certain Hideki Kamiya, le papa de Devil May Cry… On pourrait facilement prendre Bayonetta pour la petite sœur cachée de Dante ! P ourtant, derrière les lunettes et le rimmel, notre héroïne dévoile une sacrée personnalité. Car la brunette n’a rien d’une enfant de chœur, c’est le moins que l’on puisse dire, dans la mesure où elle passe son temps à casser de l’ange, et ce par escadrons entiers. Sa condition de sorcière lui vaut en effet d’être pourchassée par ces envoyés des cieux, dont les dorures et l’allure luminescente cachent un visage peu ragoûtant. Toujours est-il que le fait d’incarner une « méchante » et de charcuter les émissaires du bien (accompagnés de chants célestes fort solennels à chaque apparition) a quelque chose de délicieusement déroutant. L’intrigue se veut par contre nettement plus convenue, puisque l’on a droit au sempiternel syndrome de l’amnésie secondé par le cortège de mystérieux flash-backs que cela suppose. Et devinez quoi, ce pitch éculé induit également que Bayonetta a oublié une bonne partie de ses aptitudes… Elle a tout de même de beaux restes, ce que l’on constate dès le premier chérubin belliqueux venu. Si le gameplay reprend les fondamentaux du beat’em all, c’est-à-dire une pléthore de combos à réaliser en pianotant subtilement sur les boutons, l’esquive s’inspire d’une autre production du sieur Kamiya, Viewtiful Joe. Le timing est par conséquent de rigueur, Bayonetta passant en « mode envoûtement » en cas de réussite. Entre les coups classiques, de sabres et les tirs avec ses pistolets, Bayonetta offre une énorme quantité de combos différents. Les combats sont de véritables chorégraphies. Viewtiful Bayonetta ! Quelle est donc cette diablerie ? Tout simplement un talent réservé à sa caste qui permet de contrôler le temps et par conséquent de fracasser copieusement ses adversaires rendus quasiment immobiles l’espace de quelques instants. C’est aussi le moyen de remplir une jauge de magie servant à se fendre d’attaques sadiques, sortes de fatalités dégoulinantes d’hémoglobine que ne renierait pas un certain MadWorld (un clin d’œil parmi d’autres). Pas besoin de s’appesantir davantage sur ces détails sanguinolents, les ennemis en prennent méchamment pour leur grade. Avec son quatuor de pistolets, dont deux en guise de talons aiguilles, Bayonetta fait ainsi des ravages. Mention spéciale aux rafales de plomb délivrées la tête en bas. Son arsenal ne s’arrête d’ailleurs pas aux armes à feu, celui-ci s’étoffant d’un sabre, d’un fouet, de griffes et de bien d’autres joyeusetés au fil de l’aventure, tous assortis d’un gameplay spécifique. Idem pour la panoplie de techniques virevoltantes qui viennent encore mettre une once de piment au sein de ces joutes rougeoyantes. Alors évidemment, ce spectacle peut rappeler les prestations de Dante, voire de Kratos parfois. En effet, Bayonetta croise d’immenses boss, si énormes qu’ils occupent à eux seuls un chapitre ! Des duels d’anthologie qui se terminent littéralement en « apothéose », via un Quick Time Event et l’invocation d’un démon chargé d’achever la pauvre victime. Jubilatoire, bien que décidément, il s’échappe de ce festin un léger fumet de réchauffé… Ma sorcière bien roulée… À moins qu’il ne s’agisse de l’élévation de la température provoquée par les poses lascives de Bayonetta ? Difficile de rester insensible à ses charmes, entre son joli minois, son interminable chevelure, ses courbes vertigineuses… Au-delà de ces considérations lubriques, c’est surtout l’élégance de ses mouvements qui transforme les combats en de véritables chorégraphies. Un esthétisme singulier que soulignent avec une pointe de folie les chansonnettes sucrées interprétées par MiChi. Et gare à ne pas négliger son style, car le panache avec lequel on estourbit les adversaires entre en compte dans l’évaluation de chaque section, ou plutôt « verset » selon la terminologie en vigueur ici. La récompense en vaut la chandelle, étant donné le coût des diverses améliorations, tenues et autres sucettes. Oui, vous avez bien lu : des sucettes ! Comme toute sorcière qui se respecte, Bayonetta sait se concocter des potions, tellement plus sexy sous cette forme, n’est-ce pas ? Voilà qui témoigne de l’humour assez particulier cultivé par cette œuvre, à l’instar de ses personnages « clichés ». Diantre ! Avec tout ça, on omettrait presque d’évoquer le périple de notre séduisante héroïne. Ceci ne doit rien au hasard, tant il faut avouer que cette quête d’un passé évanoui sert avant tout de prétexte aux somptueux pugilats orchestrés par Bayonetta. Un théâtre pluridimensionnel résolument inspiré, au final grandiose, malgré quelques errances dans la plate-forme, le shoot et la course de motos peu convaincante. Je vous l’annonçais d’emblée, notre femme fatale a un caractère bien trempé, qui s’exprime à travers son gameplay tranchant. Si les deux premiers niveaux de difficulté, affublés d’une assistance, laissent la porte ouverte au matraquage à outrance, un sérieux doigté est requis pour venir à bout des niveaux supérieurs. Et l’on aura tout intérêt à nouer une relation très intime avec Bayonetta, au regard de la coquette somme d’éléments à débloquer dans ce pur jeu d’auteur. Yann • Genre : Action-aventure • 1 joueur • Développeur : Platinum Games • Éditeur : SEGA • Sortie : 29 octobre 2009 5 janvier 2010 8 janvier 2010