Partie I : L`intégration verticale

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Partie I : L`intégration verticale
Partie I :
L’intégration verticale
Définition :
Deux firmes engagées dans une relation verticale de
long terme fusionnent pour ne plus former qu’une seule entité.
Exemples :
XIXème siècle : industrie sidérurgique.
XXème siècle : télécommunications
- câblo-opérateurs et TV
- rares exemples pour la grande distribution :
Intermarché ( MDD).
Explications théoriques :
- approche par la théorie des coûts de transaction et des
contrats incomplets
- approche par les aspects stratégiques.
Analyse économique de l’intégration
verticale
Effets de l’IV sur l’efficacité productive et sur l’efficacité allocative.
Effets de l’IV sur l’efficacité productive :
exemple de la sidérurgie : production de la fonte et de
l’acier sur le même site.
1 seul site =⇒ baisse des coûts de production
MAIS pourquoi pas deux firmes distinctes sur le même
site?
1ère réponse : à cause des coûts de transaction dans des
marchés incomplets.
=⇒ explication par l’opportunisme des agents.
=⇒ pour éviter les phénomènes de hold-up dus à l’incomplétude des contrats et à la présence d’investissements
spécifiques.
2ème réponse : aspects stratégiques.
Effets de l’IV sur l’efficacité allocative :
- Elimination de la double marginalisation
- Effets stratégiques : comportements de forclusion
I) Approche par les coûts de transaction et les contrats incomplets
Observation de Coase (1937) :
- des transactions sont effectuées sur le marché (coordination par le mécanisme des prix)
- d’autres sont effectuées au sein d’une firme (coordination par un entrepreneur) : sans intervention des prix.
Question 1 : pourquoi certaines transactions sont-elles
soustraites au marché pour être réalisées au sein d’une firme?
⇒ l’utilisation du mécanisme de prix a un coût : ’’coût
de transaction’’, pour
- réunir l’information
- signer un contrat pour chaque transaction réalisée :
négociations coûteuses.
Au contraire, la firme est caractérisée par une relation
d’autorité : pas de négociation, circulation de l’information... L’internalisation de certaines transactions par l’IV
permet d’économiser des coûts de transaction.
Question 2 : Pourquoi toutes les transactions ne sontelles pas internalisées et pourquoi les marchés existent-ils
encore?
⇒ les économies de coûts de transaction sont limitées :
- certaines transactions peuvent être plus coûteuses à
réaliser en interne (exemple : sous-traîtance à une firme
externe spécialisée qui bénéficie de rendements d’échelle)
- rendements décroissants dans l’activité de management
- quand la taille de la firme augmente, pb d’information...
⇒ Analyse des ’’structures de gouvernance’’ optimales
permettant de minimiser les coûts de transaction : Williamson
(1971, 1994).
Structure de gouvernance : cadre conceptuel dans
lequel se situe une transaction (marchés, firmes et modes
intermédiaires - comme le franchisage)
Définition des coûts de transaction (Williamson) :
Les coûts de transaction reposent sur la conjonction de
4 facteurs caractérisant le comportement des agents :
- incertitude
- rationalité limitée des agents
- opportunisme des agents
- spécificité des actifs
Dans ce cadre, il existe des coûts de transaction (ou de
contractualisation):
- coûts ex ante : au moment de la signature du contrat
(1) collecte de l’information complète et recensement
des états de la nature à venir (ex : récolte),
(2) rédaction du contrat prenant en compte toutes les
contingences (ex : jeu d’échecs...).
- coûts ex post : après la signature, pour faire assurer
l’exécution par une tierce partie
(1) marchandage si renégociation pour corriger des divergences ex post
(2) frais de recours en cas de conflit
(3) coûts d’établissement d’engagements sûrs (avocats...)
1) Incertitude + rationalité limitée ⇒ incomplétude
des contrats.
Lorsque surgit une contingence que le contrat ne prévoit
pas, il faut négocier à nouveau : si les agents sont opportunistes et s’il existe des actifs spécifiques, cela engendre
des coûts ex post.
contrats incomplets ⇒ économies ex ante et coûts ex
post.
2) Les formes de l’opportunisme :
Définition (Williamson, 1994) : ’’une recherche d’intérêt personnel qui comporte la notion de tromperie’’
opportunisme ex ante ⇔ sélection adverse
opportunisme ex post ⇔ aléa moral
+ mauvaise foi (mentir même si l’autre sait qu’on ment)
⇒ incertitude comportementale
3) La spécificité des actifs :
avant la transaction, concurrence parfaite (+ ou -) entre
firmes pour être l’une des parties.
exemple entre une firme et un employé : cherche un
vendeur
→ pour la firme : plusieurs candidats
→ pour le candidat : plusieurs employeurs potentiels
ensuite : investissements spécifiques irrécouvrables.
→ pour la firme : formation de l’employé, réseau de
clients de l’employé
→ pour l’employé : connaissance des produits de la
firme, liste de clients
après : relation de monopole bilatéral : plus de concurence parfaite ex post, aucune partie n’a intérêt à une rupture totale, préfèrent renégocier.
Les bénéfices des investissements spécifiques disparaissent en cas de rupture définitive de la relation (ou transaction).
Autres types de spécificité des actifs :
- spécificité de site :
cas de la sidérurgie :
- 1ère étape : le minerai de fer est fondu dans un hautfourneau (fonte)
- 2ème étape : transformation de la fonte en acier
Possibilité (coûteuse ) de refroidissement de la fonte
entre les deux étapes
OU installation de l’aciérie à côté du haut-fourneau :
actifs spécifiques des deux côtés.
- spécificité de l’actif physique :
exemple : machines servant à produire des pièces détachées ( Fischer Body produisait les carrosseries de General Motors).
- spécificité de l’actif humain :
exemple : compétences spécifiques, culture d’entreprise... ’’capital humain’’.
- actifs dédiés :
capacité spéciale qui se transformerait en surcapacité
sans intérêt à la rupture de la transaction.
⇒ Les actifs spécifiques valorisent la continuité de
la relation : ’’quasi-rente’’.
Le hold-up
La quasi rente est le montant qu’une des parties peut
exiger au cours des négociations sans qu’il soit profitable
pour l’autre partie de rompre la relation et de chercher un
autre partenaire :
la firme qui a investi est expropriée d’une partie des
revenus de son investissement.
Exemple : 2 firmes, U en amont (côut c ) D en aval (investissement spécifique I , revenu R(I) croissant concave)
jeu : 1) D choisit I.
2) production et échange (négociation de Nash enmonopole bilatéral).
A l’étape 2, le profit est partagé en deux parts égales
(résultat de Nash) : le prix du bien intermédiaire est donc
w = R(I)+C
2
et les profits sont :
ΠU = R(I)−C
2
R(I)−C
ΠD = 2 − I
A la date 1, D choisit I pour maximiser ses profits anticipés : donc
1 ∗∗
R (I ) = 1
2
le niveau optimal de premier rang serait donné par :
R(I ∗) = 1
On a donc : I ∗∗ ≤ I ∗
Le hold-up est anticipé : les parties modifient ex ante
leurs décisions d’investissement et sous-investissent pour
limiter les risques de hold up.
Les contrats incomplets ne sont pas incitatifs : coût de
non vérifiabilité des contrats.
→ comportement sous-optimal : les parties renoncent
à une partie de l’investissement spécifique, ce qui diminue
la valeur de la transaction et engendre un coût de transaction.
La gouvernance
Recherche ex ante d’une structure de gouvernance optimale.
Définition de la gouvernance :
Deux firmes sont engagées dans une transaction et ont
signé un contrat. Des désaccords peuvent survenir, en cas
d’incomplétude des contrats. Le rôle de la structure de gouvernance est de résoudre les conflits.
4 types de gouvernance :
- gouvernance de marché : conception classique du
contrat . Le désaccord est traîté en litige, devant un juge.
- gouvernance trilatérale : les deux parties s’adressent
à un tiers pour résoudre les conflits par voie d’arbitrage.
- gouvernance bilatérale : autonomie des parties maintenue, pas de recours à un tiers. ex : échange d’otages...
- gouvernance unifiée : gestion ex post du contrat au
sein d’une firme intégrée. Exemple : intégration verticale.
Avantages de la gouvernance unifiée :
→ Maîtrise de l’information : contrôle plus facile
- audit interne plus efficace qu’audit externe.
- les possibilités d’investigation du propriétaire sont
plus importantes que celles d’un juge ou d’un tiers.
→ le contrôle réduit les risques de hold-up.
→ les parties ne sont pas intéressées directement au résultat de la négociation, et sont donc moins revendicatives :
moins d’opportunisme.
Inconvénients :
Mais pas de recours généralisé à l’intégration verticale :
elle a aussi un coût
⇒ séparation entre droits de propriété et contrôle : moins
d’incitations pour les parties à fournir le bon investissement.
exemple : la firme A rachète la firme B. L’ancien propriétaire de B devient salarié de A et est moins incité à
fournir un effort : la cession des doits de propriété réduit
les incitations.
→ nécessité de trouver un système incitatif, même faiblement .
⇒ ∃ aussi des coûts de transaction propres à la firme
intégrée... Ex : coûts de bureaucratie.
EN RESUME :
A cause de la rationalité limitée des agents et de l’incertitud
les contrats sont incomplets :
impossible de tout prévoir : incertitudes sur des éléments à venir...
impossible de tout savoir : niveau d’effort des managers, investissement des firmes...
L’incomplétude des contrats signés par les firmes rend
nécessaires les renégociations ex post, après réalisation de
l’incertitude et choix des investissements et des niveaux
d’effort. Mais l’opportunisme des agents et la présence
d’actifs spécifiques engendre des risques de hold-up :
⇒ risque de hold up anticipé
⇒ réduction des incitations et allocation ex ante inefficace.
L’IV permet de restaurer le niveau optimal d’investissement lorsque les niveaux d’investissements sont inégaux
entre les deux firmes : rétablit le pouvoir de négociation
de la firme qui fait le plus d’investissement.
⇒ IV permet une efficacité allocative ex ante.
Limites : l’approche par les coûts de transaction montre les avantages de l’intégration verticale, mais peu ses inconvénients.
II) Approche par les effets stratégiques
Question : quels effets de l’intégration verticale sur la
concurrence?
Dans le cadre de la chaîne de monopoles :
→ effets sur les coûts : économies de coûts de transaction
→ effets sur la double marginalisation : suppression
→ internalisation des externalités...
Dans un cadre concurrentiel : effets stratégiques
Généralisation de l’étude au cas des oligopoles successifs.
Point central du débat : Forclusion verticale, ou exclusion forcée.
La forclusion
Définition de la forclusion en aval : des firmes en aval
sont exclues de l’offre d’input de la firme amont, intégrée
verticalement, qui refuse de leur vendre l’input. (id. avec
l’amont : firmes exclues de la distribution).
présentation du mécanisme de la forclusion :
sur un marché, offre compétitive d’input, pas de gains
de productivité dus à l’IV.
après l’IV : la division amont de la firme intégrée refuse
de vendre l’input aux rivaux de la division aval.
→ les producteurs d’input restants sont soumis à moins
de concurrence.
→ ils augmentent le prix de l’input.
→ les autres firmes aval doivent réduire leur production.
→ la firme aval intégrée gagne des parts de marché et
son profit augmente, même sans gain de productivité.
Un exemple
M
w
D1
D2
CONSO.
Firme intégrée : (M, D1)
Concurrent aval : D2.
Concurrence à la Cournot en aval.
Equilibre de ’’participation’’ :
la firme intégrée fournit D2.
Programme de la firme intégrée :
Max (P (q1(w) + q2(w)) − c)q1(w) + (w − c)q2(w)
w
s.c. w ≤ w
avec q1(w) et q2(w) les quantités de Cournot en fonction de w,
D2 quitte le marché si w ≥ w
Equilibre de ’’forclusion’’ :
Max (P (q) − c)q.
q
Meilleure stratégie : dépend de la fonction de demande
exemple : P (Q) = 1 − Q
alors la meilleure stratégie est la forclusion.
Impact de l’intégration verticale sur le profit global des
firmes : augmente même si une firme est supprimée
Impact sur les consommateurs : résultant de deux effets
opposés :
→ suppression de la double marginalisation ⇒ prix final baisse
→ monopolisation du marché final par D1 élève le prix
final.
⇒ impact sur le surplus social ambigu.
Choix de la stratégie par la firme intégrée dépend de
la différenciation en aval : par exemple si les distributeurs
sont fortement différenciés, incitation à ne pas forclore; en
revanche si concurrence frontale en aval, incitation à la forclusion.
.
Partie II :
La concentration horizontale
Définition :
Prise de contrôle, absorption, fusion, OPA, OPE...
Exemples :
- secteur bancaire
- assurances
- grande distribution
- autres (stratégiques ) : Coca-Cola-Orangina
Contrôle des concentrations : au niveau français (par
le ministre, après avis du Conseil de la Concurrence), européen (DG concurrence de la Commission), américain (mergers guidelines)...
Les secteurs concernés :
En France, entre 1994 et 1998, les fusions concernaient
essentiellement les secteurs suivants :
Banques, assurances, holdings : 15,4% des transactions ( 43 % des montants...)
Distribution : 10,5 % des opérations, 10,8 % en valeur
Services : 17,5 % des opérations, 10,5 % en valeur
Autres secteurs :
Edition, communication : 9,2 %
Chimie, pharmacie : 7,4 %
Transports : 6,6 %
Machines-outils, équipement électrique : 8,3 %
Agro-alimentaire : 8,1 %.
I) Les motifs des fusions
Les motifs économiques
- réalisation de synergies industrielles : économies d’envergure, économies d’échelle (notion de ’’taille critique’’)
- accroissement du pouvoir de marché et des profits
- implantation sur un marché étranger
Les motifs financiers et fiscaux
- dans des secteurs proches une entreprise mal gérée
peut devenir la cible d’une acquisition.
- dans le cadre des marchés imparfaits : une entreprise
mieux informée sur la valeur réelle d’une entreprise sousévaluée l’acquiert
- fusion d’une entreprise bénéficiaire avec une entreprise déficitaire entraîne une réduction de l’impôt sur les
bénéfices
Les autres motifs
- diversification limite le risque personnel des dirigeants
(mais pas pour actionnaires disposant d’un portefeuille diversifié de titres)
- divers motifs ne conduisant pas forcément à l’accroissement du profit des firmes qui fusionnent.
II) Impact sur le surplus social
Problème pour la politique de la concurrence : arbitrage entre
→ restriction de la production
→ gain d’efficacité productive
Comment déterminer l’effet dominant?
⇒ 1ère solution : défense de la concurrence à tout prix
Exemple : affaire Brown Shoe (USA, 1962) :
’’Economies cannot be used as a defense to illegality’’
Cette fusion, interdite par la Cour Suprême, aurait regroupé deux fabricants de chaussures dont les parts de marché
cumulées étaient < 5%...
⇒Quel objectif assigner à la politique de la concurrence?
→ promouvoir l’efficacité économique : maximisation
du welfare
→ défendre la concurrence en soi (école autrichienne)
→ protéger les concurrents (les firmes. Ex : défense
d’un secteur en soi, comme le petit commerce...)
Le modèle naïf de Williamson
modèle très simple qui pose les problèmes de base :
efficacité productive et allocative.
Une fusion entraîne à la fois une diminution de la production ( du pouvoir de marché) et des économies d’échelle.
p
p2
C
A
CM1=p1
B
CM2=c2
Q2
Q1
q
→ Gains d’efficacité des firmes dus à la fusion :
CM1 = coût moyen avant fusion
CM2 = coût moyen après fusion
→ Gain de pouvoir de marché des firmes :
Q2 < Q1 ⇒ p2 > p1
Variation du surplus social :
∆W = B − A
Une fusion n’est pas nuisible en termes de surplus social ssi :
∆W ≥ 0
Soit :
1
∆P.∆Q
(P2 − P1)(Q2 − Q1) =
≥0
2
2
(formule exacte dans le cas d’une demande linéaire,
approx. sinon).
∆CM 1 Q1 ∆P 2
− ε (
) >0
⇔
CM
2 Q2 P
→ selon ce critère, de nombreuses fusions ne sont pas
dommageables : des gains modestes en efficacité suffisent
à couvrir les pertes de surplus social dues au pouvoir de
marché.
Limites :
→ pas de pouvoir de marché des firmes avant la fusion
(CM1 = p1)
→ gains d’efficacité ne concernent pas forcément les
firmes qui ne participent pas à la fusion.
Réduisent fortement la portée du résultat...
III) Analyse des fusions exogènes en
information complète
1) concurrence à la Cournot avec coût marginal constant :
n firmes , coût marginal constant c
Demande inverse P (q) = 1 − q :
∀i, qi =
1−c
n+1 ,
1−c 2
Πi = ( n+1
)
s firmes fusionnent : n − s + 1 firmes restent sur le
marché
∀i, qi =
1−c
n−s+1 ,
1−c 2
Πi = ( n−s+2
)
→ pour une firme hors de la fusion : ∆Π ≥ 0 ∀n,
∀s < n.
→ pour les firmes participant à la fusion :
∆Π ≥ 0 ⇔ (n + 1)2 ≥ s(n − s + 2)2
⇒ s ≥ s∗
avec s∗ ≥ 45 n.
(1)
⇒une fusion n’est profitable pour les firmes qui y participent que si elle regroupe plus de 80% des firmes présentes
sur le marché : paradoxe de Salant, Switzer et Reynolds.
Dans ce cas, envisager des fusions n’est pas très réaliste : coût à la fusion en le nombre de firmes...
Remarque : la fusion est toujours plus profitable pour
les outsiders que pour les insiders...
Limites de ce résultat :
→ traîtement exogène de la fusion
ne prend pas en compte les décisions des firmes : or
chaque firme gagnerait plus à rester hors de la fusion...
→ pas de distinction entre un outsider et l’entité fusion
effet taille dans la réalité : parts de marché
→ Cournot en biens homogènes
concurrence en prix en produits différenciés : une fusion est toujours profitable (Deneckere et Davidson).
2) Prise en compte des effets de taille
Lorsque deux firmes fusionnent dans un oligopole symétriqu
la part de marché de l’entité fusion est plus grande que la
part de marché d’un outsider après la fusion. Ce n’est pas
l’hypothèse faite dans le modèle précédent.
exemple :
n firmes, chacune produit qi avec un coût
qi2
ci(qi) =
2ki
où ki est le stock de capital de la firme i (par exemple)
Lorsque des firmes ( i et j) fusionnent (→ F ), leurs
stocks de capital s’ajoutent : diminution du coût de production liée à l’effet-taille.
qF2
< ci(qF ) = cj (qF )
cF (qF ) =
2(ki + kj )
La condition (1) est modifiée, et la fusion devient profitable pour un plus petit nombre de firmes : s∗∗ < s∗.
⇒ fusion plus efficace grâce à la baisse des coûts de
l’entité fusion : synergies entre les firmes qui fusionnent
⇒ fusion plus efficace car la production est réallouée
entre les firmes au profit des plus efficaces.
Effets sur le surplus social :
→ à nombre d’entreprises fixé, le surplus social est
maximum pour une répartition symétrique du capital entre
les firmes.
→ dans certains cas, une fusion peut être socialement
bénéfique car elle réduit les asymétries, source d’inefficacité allocative et productive.
3) Impact des fusions sur le surplus social : le modèle
de Farrell et Shapiro
chaque entreprise réagit à une modification de la production totale :
dqi = −λidQ
D’où une compensation partielle des modifications de
la quantité produite, par réaction des autres firmes.
Impact sur les prix
On note :
qi la quantité produite par chaque firme avant la fusion
Q la quantité totale produite avant la fusion
QM la quantité produite par les insiders avant la fusion
I l’ensemble des insiders.
L’entité fusion réduit sa production ssi :
p(Q) + QM p(Q) < cM
q (QM )
Soit, en
sommant pour i ∈ I :
(p(Q) − ciq (qi)) = −QM p(Q)
i∈I
la fusion entraîne une augmentation du prix ssi la marge
bénéficiaire de l’entité fusion, si elle produisait les mêmes
quantités qu’avant la fusion, est plus faible que la somme
des marges bénéficiaires des entreprises participant à la fusion : (p(Q) − ciq (qi)) > p(Q) − cM
q (QM )
i∈I
Exemple : cas de deux firmes
s1+s2
une fusion diminue le prix du bien ssi cM
q < p(1− ε )
avec s1 et s2 les parts de marché des firmes avant la
fusion, et ε l’élasticité de la demande.
→ la diminution du coût doit être très importante pour
qu’on puisse espérer une baisse des prix après la fusion.
⇒Globalement, il faut plutôt s’attendre à ce que les
prix montent après une fusion : fusions le plus souvent néfastes pour les consommateurs.
Effet global sur le surplus social :
I
dW = pdQI − dc +
[p − ciq ]dqi
i∈O
d’où (avec la propriété de statique comparative et les
conditions du premier ordre)
I
dW = (pdQI +QI dp−dc )−QI p (Q)dQ+
p(Q)λiqidqi
i∈O
soit :
dW − dΠ =(
λiqi − QI )p(Q)dQ
I
i∈O
avec dΠI la variation du profit des insiders.
dW − dΠI , l’effet externe de la fusion, est du
Donc
signe de
λisi − sI , s’il résulte une contraction de la
i∈O
quantité produite après la fusion ( dQ < 0).
L’effet externe d’une fusion infinitésimale s’exprime
donc en fonction des parts de marché des firmes avant la
fusion : dans ce modèle, une contraction de la production
par les insiders aura un effet positif sur le surplus social ssi
la part de marché des insiders avant la fusion est inférieure
à la somme des parts de marché pondérées des outsiders.
IV) Endogénéisation des décisions de
fusion
Si l’on endogénéise le processus de fusion, quand les
firmes décident-elles de fusionner?
Problème : certaines configurations a priori profitables sont-elles envisageables? ex : la monopolisation d’un
secteur...
→ un jeu (Kamien et Zang)
n firmes , chacune appartenant à un entrepreneur.
Etape 1 : chaque entrepreneur annonce un prix d’achat
pour chaque autre entreprise et un prix de vente pour son
entreprise ( enchères).
→ si un acquéreur propose un prix plus élevé que le
prix de cession, fusion.
Etape 2 : chaque entrepreneur choisit combien d’unités
il laisse ouvertes
→ plusieurs entreprises appartenant au même propriétaire peuvent être en concurrence.
Etape 3 : concurrence à la Cournot.
⇒ la monopolisation totale de l’industrie ne peut avoir
lieu si n ≥ 5.
V) Contrôle des concentrations
1) Contrôle des fusions-acquisitions par les autorités
boursières :
→ protection des actionnaires lors des prises de contrôle
→ absence de ’’délit d’initié’’...
2) Contrôle des concentrations par les autorités en
charge de la politique de la concurrence :
- arbitrage politique de la concurrence / politique industrielle : doit-on promouvoir la concurrence au sein d’un
pays, ou favoriser le développement de firmes de taille internationale, capables de s’exporter?...
- aux Etats-Unis, le contrôle des concentrations vise à
limiter le pouvoir de marché des entreprises participant à la
fusion : lois antitrusts.
Définition du pouvoir de marché : détenu par une firme
qui peut durablement pratiquer un prix supérieur à son coût
marginal sans diminuer son profit. Pb de mesure concrète...
→ mergers guidelines.
- en Europe, pas de référence directe au pouvoir de
marché, mais à la position dominante et aux abus de position dominante.
→ article 86 du traîté de Rome
→ réglement CEE 4064/89 de décembre 1989
Méthode adoptée par les autorités en charge du contrôle des concentrations :
→ délimitation d’un marché pertinent
→ calcul des parts de marché sur ce marché pertinent,
et calcul des différents indices (HHI, CR4...) : évaluation
de l’impact de la fusion sur la concentration dans le marché
et sur les prix.
→ prise en compte d’autres facteurs : barrières à l’entrée, forclusion, effets stratégiques...
→ décision, éventuellement acceptation sous conditions.
2
Def : HHI= si (∈ [0, 10000] )
Aux Etats-Unis les mergers guidelines définissent les
seuils suivants :
HHI<1000 : secteur peu concentré, toute fusion est
acceptée.
1000<HHI<1800 : fusion contrôlée si ∆HHI > 100.
HHI>1800 : secteur fortement concentré. Fusion contrôlée si ∆HHI > 25.
Dans le cas d’un contrôle, un ’’bilan économique’’ des
conséquences prévisibles de la fusion est dressé.
Pour les entreprises : possibilité d’efficiency defense.
En Europe :
si CA total >5 Mds euros,
et si 2 des entreprises au moins réalisent un CA d’au
moins 250 Millions euros à l’intérieur de l’Union Européenne,
alors la décision est prise par la Commission, sinon les
autorités nationales sont compétentes.
MAIS si plus des 2/3 de l’activité est réalisée au sein
d’un pays de l’Union, les autorités de ce pays peuvent être
compétentes (principe de subsidiarité).
0Werden et Froeb : si le reste de l’industrie est déjà
concentré, la fusion est plus nuisible en termes de surplus
social.