CharPoit n°10 (A4) juillet 2008.pub
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CharPoit n°10 (A4) juillet 2008.pub
Un vieux métier : cordier. C’est l’apprenti qui, souvent, actionnait la roue ne réclamant aucun effort de mouvement. Notre cordier tendait l’amorce du fil en formation de sa main droite, en contrôlant la grosseur et, de la main gauche, l’approvisionnait en filasse. Il reculait à mesure que le fil s’allongeait. Un bon cordier ne se fiait qu’à son doigté. C’est alors qu’il bobinait le fil caret sur un touret en attendant de l’utiliser pour la dernière étape : le Câblage. A l’instant du câblage, l’apprenti calait la machine à cordage appelée aussi « toronneuse » entre les éparts du châssis. Cette machine était composée d’une boîte en fer garnie de quatre crochets pivotants sur le devant, d’une manivelle d’entraînement à l’arrière et un engrenage de transmission à l’intérieur. A ce stade, il fallait un adulte pour tourner la manivelle. On poussait le chariot à distance du châssis pour la bonne longueur du câble en calculant que, pour obtenir 10 mètres de cordage, ce dernier devait être placé à 15 mètres ! Ce chariot, appelé aussi traîne, ne possède que deux rouelles à l’avant de sorte que sa queue le freine en raclant la terre. Il est surmonté d’un madrier vertical avec une manivelle et d’un émerillon verrouillé d’une bague en cuivre. Le chariot était lesté pour maintenir la tension du fil à toronner puis câbler. Selon la corde souhaitée 12 à 20 portées étaient ourdies entre l’émerillon et les crochets. Il disposait un râteau aux dents relevées pour garder les fils parfaitement écartés. Le cordier se tenait derrière le chariot fixant les portées et l’apprenti tournait la manivelle. Tout le savoir faire du maître cordier se révélait à cet instant. Les fils se vrillaient en quatre torons, l’aide moulinait et le cordier déposait son moule en buis entre les torons soumis à la torsion. Moule en forme de toupie gravé de quatre rainures d’où son nom : Toupin. Alors, notre homme guettait l’instant idéal annonçant la rupture des fils. Il empoignait fermement les oreilles de son toupin et libérait l’émerillon quand son œil lui disait que les brins étaient assez tordus. Un dernier coup de manivelle pour le tors et la corde était pratiquement finie. Mais notre cordier est un maître du travail bien fait. Il se penchait sur le fignolage, celui qui flattait son orgueil. Il polissait ses cordages en les frottant à la pierre, les ébarbait en les engluant à l’aide d’un chiffon imprégné de colle puis les lissait à la ficelle de crin. Dur métier que celui de cordier mais, beau métier !!! Le métier de cordier, de nos jours industrialisé, est un métier fort ancien (1667 ?) qui perdurera jusqu’à la moitié du XVIII° siècle. Le métier de cordier était une profession autrefois très répandue. Dans beaucoup de villages il y avait un cordier. Le Ruffécois, gros producteur de chanvre et de lin, n’échappait pas à la règle .L’artisan cordier travaille pour de nombreux corps de métiers : du maçon pour attacher ses échafaudages aux agriculteurs pour lier les bottes paille et, bien sûr, un client très important la Marine. Pour s’installer cordier, il faut un vaste espace, la corderie exigeant une aire de travail très longue. De la longueur du fil de caret à celle des cordes que l’on veut produire, cela peut varier de 150 à 300 mètres. Les ateliers (où l’on stocke les matières premières et les outils) sont souvent installés en plein air. Notre cordier achète son chanvre (en général roui et broyé) aux paysans de la région. Souvent, il l’associe à celui acheté en Italie (plus raffiné pour le tissage des toiles de ménage) et de Russie (plus grossier pour la fabrication des cordages à bestiaux ou les cordages de marine). Le cordier réalise trois opérations successives : le peignage des fibres, le filage et le câblage. Le peignage s’effectuait sur un séran, sorte de cadre monté sur pieds dont les dents hérissées mesuraient dix centimètres. Le peignage était une manipulation facile, mais fort désagréable car le chanvre roui était imprégné de vase et dégageait une épaisse poussière au moment du sérançage. Aussi le cordier peignait il sa filasse dans un endroit balayé par les courants d’air. La deuxième étape, le filage était très pénible mais beaucoup plus délicate. Notre cordier travaillait continuellement courbé, des journées entières à piétiner, toujours très attentif afin d’obtenir une parfaite régularité du fil. Ce tour de main ne s’acquérait qu’au bout de trois années d’apprentissage Le cordier se ceignait le ventre d’un peignon (poignée de filasse) qu’il posait dans son tablier aux pans relevés. Il se dirigeait vers la machine à filer. Celle-ci comportait un tableau de bois muni en son centre d’une molette de buis et d’un croc solidaires ; une cordelette de coton reliait cette molette à la grande roue actionnée à l’aide d’une manivelle rotatrice. Le cordier attachait alors un écheveau de son peignon au croc et actionnait la manivelle plus ou moins vite selon qu’il désirait un fil gros ou très fin. Liliane VIOLLET Les articles publiés, n’engagent que leurs auteurs. Le CGCP ne saurait être tenu responsable des éventuelles erreurs pouvant être relevées dans le contenu de ce bulletin. La diffusion étant gratuite et réservée aux membres de l’Association, les adhérents s’interdisent toute reproduction ou diffusion externe à l’Association. 8 Cybergroupe Généalogique de Charente Poitevine Bulletin de Liaison interne à l’Association N° 10 – 3° Trimestre 2008 Sommaire : Pages 2 & 3 : Le Glouch 2008. Pages 4 à 7 : Création de la Marine Royale sous Louis XIV. Page 8 : Un vieux métier : cordier. Comité de rédaction : Bernard Dion Jacques Baudifier Jany Bouleau Hubert Duclusaud Michel Lamy Jean-Pierre Seguin Liliane Viollet Chers amis, Voici la dixième édition (déjà !) de notre bulletin. Vous savez, que chaque numéro du CharPoit a pour but de vous informer sur la vie de votre association et de vous proposer un sujet historique, généalogique, ou d'intérêt général. Pour cette édition, il nous a paru intéressant de vous rappeler les conditions de la naissance (ou la renaissance) de la Marine royale au XVIII° siècle. Ainsi que le montrera l’article proposé par Jacques BAUDIFIER, parlant du port de Rochefort et de la construction navale, la marine avait besoin de beaucoup de bois (bois d’œuvre et charbon). Les textes et arrêtés relatifs à l’exploitation des forêts furent nombreux pendant tout le XVIII° siècle et, plus encore, pendant la période révolutionnaire. Souvenons nous que tous nos ancêtres Picto-Charentais ont contribué d'une manière ou d'une autre à cette économie locale. Le prochain numéro du Charpoit vous proposera un article de Jany BOULEAU dans lequel vous découvrirez les conditions d’exploitation des bois dans la forêt de la Boixe, les problèmes posés aux bûcherons, aux rouliers, aux maires et… aux divers contrevenants. Vous trouverez dans le compte-rendu du GLOUCH, notre Rencontre annuelle du 5 juillet 2008, durant laquelle, plus de 120 membres du CGCP se sont réunis, à La Canopée de Ruffec, les faits et chiffres marquants de notre association depuis un an. Notre place de leader dans les groupes de généalogie se réaffirme et ce, malgré la mise en ligne des Archives Départementales de la Vienne et des Deux-Sèvres au cours des deux dernières années. Nos adhérents ont doublé en quatre ans et nos échanges sur le Forum sont toujours plus fournis et plus conviviaux. Tout cela n'a été rendu possible que grâce à vous tous, à votre opiniâtreté, à votre fidélité … C'est donc, avec un immense plaisir que nous vous invitons à la découverte de ce dixième numéro de notre bulletin interne. Toujours plus intense, plus diversifié, plus proche de nos ancêtres et de vous. Qu'il soit à votre attention, le moyen supplémentaire pour apprécier encore plus … votre C.G.C.P., et le témoignage de nos sincères remerciements. Jean Pierre Seguin. Président du C.G.C.P. LE GLOUCH 2008 Une mention spéciale à la Commission Informatique qui a su développer de nombreuses améliorations; à la Commission Développements qui nous a permis de multiplier par quatre le nombre d’actes, photos et fichiers mis à disposition sur le site; à la Commission Adhérents qui a considérablement perfectionné l’accueil des nouveaux membres; à la Commission Recettes qui a su remettre à jour des recettes de cuisine de nos ancêtres et enfin à la Commission du Règlement Intérieur qui va rendre son travail au quatrième trimestre 2008. Le 5 juillet 2008, 125 participants se sont retrouvés à Ruffec pour participer au traditionnel Glouch. Le site de "La Canopée" est exceptionnel pour ce genre de rencontres. Techniquement parlant, tout était parfait ! Un personnel aux petits soins et un Maire, qui nous a fait l'honneur de sa présence pour lever un toast au CGCP. Malheureusement sitôt son discours terminé, il dût nous quitter, appelé par d'autres occupations. En quatre ans, le CGCP a donc doublé. Si, échéance de 2012, le CGCP devait à nouveau doubler, ses structures lui permettent d’être prêt, dès aujourd’hui. La journée commença par un message de notre Président, Jean-Pierre SEGUIN, retenu dans sa famille pour le baptême du petit-fils né cet hiver dans des conditions difficiles qui –un temps- ont laissé sa Maman aux emprises d’une grave maladie. En son absence, la présentation de la vie du CGCP en 20072208 a été prise en charge par les Vice-Présidents. Les conditions sont donc optimales pour maintenir notre place de Cybergroupe leader dans les années à venir. Comme tous les ans, ce diaporama permet à tous de prendre conscience de ce développement formidable qu'enregistre notre association depuis sa création. La mise en ligne des archives des départements de la Vienne et des Deux-Sèvres n’ont en rien altéré l’afflux de nouveaux adhérents qui ont doublé au cours des quatre dernières années. - Les messages sur le Forum (demandes d’actes non comprises) se multiplient. - Les actes en ligne sont maintenant plus de 1.150.000 concernant plus de 600.000 individus. - Plus de 560.000 mariages et unions sont disponibles. - En moins de 4 mois, 50.000 photos ont été mises à disposition des membres du CGCP. - Chaque semaine ce sont de nouveaux actes qui enrichissent la base. - Au premier semestre 2008, 24.000 actes ont été demandés. Au cours de l’année entière, ce seront plus de 60.000 messages échangés (messages et réponses aux demandes). - Un très gros travail de remise à niveau de notre base s’est accompli en quelques mois : suppression des doubles références, mise aux normes des noms de lieux et des patronymes. - Les bénévoles du CGCP se consacrent aux dépouillements (58 d’entre eux) et 3 au prises de photos des registres. - Notre photothèque compte 43.000 photos en Charente, 211.300 pour les Deux-Sèvres et 45.000 pour la Vienne. Michel LAMY, Hubert DUCLUSAUD, Bernard DION. A l’initiative du Président et, à l’unanimité du Conseil d’Administration , Gilbert BERGEON a été nommé Président d’Honneur du CGCP. A cet hommage était bien sûr associée Renée, son épouse. Le Conseil d’Administration a été réorganisé autour du Président et de trois Vice-Présidents assumant la convergence des forces vives : la Communication, les Bases de Données et l’Informatique. De nouvelles Commissions ont été structurées afin d’assurer une meilleure efficacité de nos activités. Renée et Gilbert BERGEON. 2 Liste des 49 vaisseaux construits a Rochefort pour la Royale entre 1661 et 1715. Nom Date de construction et architecte Notes L’Actif 1672-1675 Chaillé Pierre Devenu l’Etoile en 1675 vendu en 1394 à un marchand de Marseille. L’Aimable 1689-1690 Masson Brûlé accidentellement en 17150. L’Alsace 1669-1671 François Pomet Devenu le Fier en 1671, puis le Ferme en 1678. L’Ambitieux 1691 Honoré Mallet Coulé à sa première campagne en 1692 à la Hougue. L’Ambitieux 1692 Guichard En service jusqu’en 1713. L’Amphitrite 1705 Masson Vendu en 1713. La Badine 1688-1889 Masson Frégate reclassée Vaisseau en 1692, en 1704 naufragée en route pour Carthagène. Le Bâyonnais Acheté en 1666 Rochefort Acheté à Rochefort, devenu l’Adroit en 1676, coulé en 1672 faisant partie de l’escadre de Perse. Le Bourbon 1665-1666 Laure Devenu en 1671 l’Occitan, en ponton en 1684. Le Bourbon 1682-1684 Honoré Mallet Coulé en 1692 à la Hougue. Le Brave 1668-1670 Saboulin Joseph Devenu en 1671 le Prince, naufrage aux îles Aves. La Charente 1666-1667 Laure Devenu en 1671 le Belliqueux, naufrage aux îles Aves en 1678. Le Courageux 1678 François Pomet L’Éclair 1672-1673 Guichard Brûlot, devenu en 1675 le Soleil d’Afrique puis le Lion en 1678 devient vaisseau. L’Émerillon 1670-1672 Brun J.P. ou Guichard Devenu en 1671 le Fortuné, vendu en 1688. L’Excellent 1678 Honoré Mallet Construit avec les débris de l’Emerillon, sabordé à Toulon en 1707 sera relevé mais irrécupérable. Le Faucon 1670-1672 François Pomet Devenu en 1671 l’Orgueilleux, dépecé en 1688. Le Ferme 1699 Mallet et Masson Pris par l’ennemi à Vigo en 1702. Le Fier 1694 Honoré Mallet Sabordé à Toulon en 1707, vendu en 1713. Le Fort 1669-1670 Guichard Devenu en 1671 le Foudroyant dépecé en 1690. Le Fort 1693 Masson Coulé a Vigo en 1702. Le Fulminant 1691 Honoré Mallet Retiré du service en 1718. La Gaillarde 1688-1689 Masson Frégate reclassée Vaisseau, vendu en 1712. Le Grand 1679-1680 Honoré Mallet Retiré du service fin 1715. Le Hasardeux 1673 Honoré Mallet Naufragé au large de Saint-Domingue en 1694. Le Henri 1668-1671 Brun Devenu en 1671 le Souverain et l’Admirable en 1678. L’Intrépide 1690 Honoré Mallet Sabordé à Toulon en 1707, relevé. Les Jeux 1670 Guichard Pris par les Anglais en 1689. Le Magnifique 1693 Honoré Mallet Dépecé fin 1715 début 1716. Le Navarre 1665-1667 Brun Devenu en 1671 le Constant. L’Opiniâtre 1690-1691 Honoré Mallet En service jusqu’en 1696. Le Poli 1690-1691 Masson Affecté à la compagnie du Sénégal. La Princesse 1666-1667 Brun Devenu en 1671 le Triomphant , le Constant en 1678. Le Rochefort 1668-1670 François Pomet Devenu en 1671 le Sage naufragé en 1692. Le Rubis 1664-1665 Laure en Charente Pris par les Anglais en 1666. Le Saint-Esprit 1671-1672 François Pomet Devenu l’Intrépide en 1671, s’échoue dans la Charente; coulé en 1677 lors de l’attaque de Tabago, renfloué par les Hollandais, racheté par la France en 1678, en ponton en 1686. Le St Esprit 1690-1691 Guichard Mis en ponton en 1715. Le St Michel 1671-1672 François Pomet Devenu en 1671 l’Apollon puis en 1678 le Hardi. Le Soleil d’Afrique 1681 Honoré Mallet Mis en vente en 1698. La Thétis 1697 Honoré Mallet Pris par les Anglais en 1705. Le Tigre 166-1667 Guichard Dépecé en 1689. Le Vermandois 1670-1672 François Pomet Devenu en 1671 le Superbe, accidenté dans la Charente en 1674, dépecé en 1687. 1673 François Pomet Dépecé en 1673 sans avoir vu la mer. Le Victorieux Le Victorieux 1672-1674 Honoré Mallet Quitte le service en 1718. Le Vigilant 1671-1674 Guichard Devenu en 1678 Le Mignon, armé en Flûte en 1692. sous le nom de la Cloche Le Courtisan 1686-1687 Honoré Mallet Jacques BAUDIFIER d’après le livre « La Royale » de Daniel DESSERT (éditions Fayard) 7 Pour la construction et l’entretien des vaisseaux: : menuisier, ébéniste, scieur, sculpteur, poulier, maître de hache, charpentier, scieur de long, peintre, armurier, cordier, calfateur, forgeron, muletier, charretier, palefrenier, charron, manœuvre, plombier, régatier, fontainier, cirier, verrier, coutelier, maçon, marqueur (il marquait le bois au nom du Roi), tonnelier, tanneur, corroyeur, sellier, distillateur, matelot, gabier, voilier, arquebusier, canonnier, cadre, garde, soldat, officier… L’ outilleur devait fabriquer : masse, marteau, ciseau à froid, repoussoir, cuiller etc. Le fondeur réalisait canons, cloches, chaînes, encres, chandeliers, bougeoirs, candélabres clous…. La Royale ne paie pas bien ses équipages. Une fois son service accompli, le matelot recruté à Brest peut être débarqué à Toulon, il doit alors se débrouiller pour rentrer chez lui… Aussi, malgré les risques, beaucoup désertent. A la Tremblade sur 2076 matelots, 1000 désertent. Le problème du personnel sera récurrent. Il n’en est pas de même pour les capitaines. Beaucoup sont huguenots et viennent de l’Aunis et la Saintonge. (50 d’Aunis et Saintonge, 21 du Poitou, 6 de l’Angoumois) . Il faudra dix années à Colbert pour former « la Marine Royale». A la veille de la guerre de Hollande, la flotte compte 120 vaisseaux de ligne, 30 frégates, 20 brûlots et 24 flûtes. Une partie venait de l’ancienne flotte (20) une partie de bateaux achetés (20) ou saisis a l’ennemi (60). C’est le maintien en état de cette flotte qui est une réussite. La matinée fut ensuite consacrée aux visites : - du riche Musée Rural de Villefagan avec les commentaires de son « âme », notre ami Pascal BAUDOUIN, membre du CGCP. - du site archéologique d’Embourie, - de l’église Notre-Dame de Courcôme. Notre-Dame de Courcôme. Les visites nous ayant fait prendre du retard, nous avons déjeuné très tard mais la nourriture fut très appréciée. La conférence d’Alain BARRAULT dût malheureusement être quelque peu raccourcie. Une heure et demie pour traiter d’un sujet aussi vaste que les Archives Militaires ! Il eut cependant à cœur de fournir à chacun les moyens précis de se retrouver dans le maquis des Archives Militaires entre Vincennes, Pau, Toulon etc. Son intervention fera l’objet d’un ‘tiré à part’ du CHARPOIT. Des métiers liés à la construction des navires. Car s’il faut construire le vaisseau, ordre du Roi, il faut aussi lui trouver un équipage, nourrir les hommes, les habiller, les payer, les soigner, fournir les vivres pour les départs en mer, des tas de matériaux; chanvre, lin, cuivre, cuir, bois (4000 troncs pour un vaisseau de 74 canons), agrès, savon, plomb, draps, toiles, cotonnades, cierges, bougies, fer…. Il faut fortifier la ville, construire les infrastructures, hangars, parc à chaîne, à munition, à bois, à artillerie, corderie, hangars à goudron, poudrière, étuves, fonderie, une école de marine. -oOo- Un charpentier Pour le quotidien du personnel : Trésorier, chirurgien, médecin, infirmier, apothicaire notaire, huissier, avocat, notaire, chapelier, gantier, barbier, teinturier, portefaix, limonadier, égorgeur, charcutier, boucher, boulanger, meunier, saleur, pêcheur, poissonnier, confiseur, volailler, hostellerie (avec le personnel), parfumeur, fourbisseur, tisseur, tailleur, fripier, perruquier, dentellier, brodeur, bottier, sapotier savetier, cordonnier, logeur, potier. Le Glouch 2008 aura été à l’image du CGCP = convivialité, amitié, respect, culture ! C’est-à-dire, tout ce qui circule dans nos gênes !!! Que tous ceux qui ont contribué à la réussite de cette journée soient ici remerciés (anonymes et connus !). Allez voir sur le site, les photos réalisées par plusieurs de nos amis présents au Glouch. Vous y verrez le sourire sur les lèvres, celui qui scelle une bonne réussite … ! Vive la convivialité, vive l'amitié, vive la générosité ! Vive le Glouch ! Et vive le CGCP !!! La nourriture à terre et embarquée: Biscuits, vins, alcool, salaisons, bestiaux, farines, eau douce, fromages, haricots secs, lentilles, poulets, canards, poissons, vinaigre, huile, savons etc. La Corderie royale de Rochefort (en 2008) Tout le personnel doit loger dans le port. Les ouvriers travaillent 12 heures par jour et sont enfermés dans l’«arsenal» muni d‘une enceinte. Ils sont fouillés à la sortie, ne doivent pas emporter de copeaux de bois (il n’est permis qu’une petite quantité et la tentation est grande). Il faut des bâtiments administratifs et des ateliers; un hôpital. Et aussi : fontaine, magasins, consigne, salle d’armes, prévôté, prison. Dans les alentours des moulins à huile, à farine, des tanneries, des savonneries, des forges, des manufactures de drap, de coton. Puis viennent aussi de nombreux petits commerces pas spécialement recherchés car l’on boit et fait la fête pour oublier la dureté du travail. Les femmes de mauvaise vie, les voleurs et même les assassins sont aussi présents... Les administrateurs du port de Rochefort 1666 à 1674 Charles Colbert De Terron 1674 à 1683 Honoré Lucas De Demuyn 1683 à 1688 Pierre Arnoul 1688 à 1710 Michel Begon 1710 à 1739 François de Beauharnais Les ferrures des affûts de canon. 6 Bernard Dion Vice-président Communication Musée rural de Villefagnan. A la suite de l’apéritif en présence du maire de Ruffec, Bernard CHARBONNEAU, était servi un déjeuner exclusivement ‘charentais’ avec un menu rédigé en patois. Qui a réussi à traduire jusqu’au moindre terme ? Le concours qui devait avoir lieu sur place, va se prolonger sur le forum… C’est au cours de ce repas, que Renée BERGEON (qui avait assuré une fois de plus toute la décoration florale des tables) a tenu à remercier le CGCP de la nomination de Gilbert BERGEON au titre de Président d’Honneur du CGCP. Ce fut un moment très émouvant dont vous pourrez vous rendre compte en consultant sur le site toutes les photos du Glouch 2008. 3 Création de la Marine royale par Louis XIV. Le besoin d’une marine militaire se fait sentir au XVIIème siècle en France, car d’autres nations, comme l’Angleterre, l’Espagne et les Pays-Bas, s’enrichissent grâce à leur marine marchande protégée par des bateaux armés. Aussi Louis XIV décide-t’il en 1661 de créer sa marine militaire, la « Royale ». La jeunesse du souverain (23 ans), son inexpérience et surtout sa méconnaissance du milieu particulier qu’est la mer, (Fouquet, le spécialiste, ayant été écarté et ses bateaux saisis), le conduisent à prendre des décisions pas toujours judicieuses. Le Roi finit par désigner Colbert. Rapidement celui-ci maîtrise les questions maritimes. Il faut construire, entretenir et armer la flotte, équiper en infrastructures les ports, édifier des arsenaux. Tout cela représente un formidable défi économique. Colbert visite les ports du royaume et choisit ceux qui vont accueillir les vaisseaux du Roi. Il envoie des espions à l’étranger pour se faire une opinion sur les marines des autres pays. Il fait aussi établir un état des besoins de la marine et un état des ressources du royaume pour le bois, le fer et les ateliers. Sur le ponant, Dunkerque (acheté à l’Angleterre), Le Havre (port de guerre depuis François 1° , les marins y sont nombreux et il y a du bois dans l’arrière pays), Brest (au fond d’une vaste baie, bien abritée et la forêt de Cranon), Rochefort, voulu par Colbert et, plus-tard, Port Louis (Lorient) et, enfin, Bayonne qui ne servira qu’à la construction de petites unités. Sur le levant, Marseille, port des galères et Toulon pour sa rade et ses ateliers de construction. Rochefort : Colbert veut en faire un port exemplaire qui concurrencera La Rochelle, «la rebelle protestante». Des travaux d’aménagement avec un arsenal «futuriste», des travaux de drainage, pour faciliter la navigation si périlleuse sur la Charente, sont entrepris. Le choix de Rochefort, qui communique avec la Saintonge, l’Angoumois, le Poitou et le Périgord a pourtant de nombreux inconvénients : trop loin dans les terres, fleuve sinueux à l’embouchure, encombrée de rochers, de banc de sable, d’îles. De plus, le bateau doit être allégé car le tirant d’eau du fleuve est faible. De nombreux accidents sont signalés : En 1665 « le Brézé» est drossé sur les rochers en baie de Charente. En 1674 «l’Eléphant» sombre dans le chenal ; «l’Excellent», de Tourville donne sur les rochers de Soubise dans le chenal; « Le Superbe», tiré a la cordelle, s’ouvre sur les rochers de Martrou. Le « Vermandois » s’accidente dans la Charente En 1676, « L’Intrépide » s’échoue, et en 1691 «Le Fougueux» donne sur le rocher du Vergeroux et sombre. A partir de cette date seules les unités des 4° et 5° rangs viendront à Rochefort. Chaque port est dirigé par un intendant qui doit faire construire des entrepôts, des ateliers spécialisés, des formes de radoub, des cales de construction (5 à 6 au moins), des môles, une corderie, une voilerie, un parc spacieux pour entreposer le bois bien empilé et encore des machines, grues , machines à mâter. Il faut aussi organiser une meilleure défense par des fortifications nouvelles, souvent réalisées par Vauban. Mais Colbert veut aussi des ateliers et des magasins propres à chaque vaisseau sur les quais. Le port de guerre doit offrir aux vaisseaux un lieu de construction, de protection, de réparation, mais aussi une plate forme à partir de laquelle il pourra porter des coups a l’ennemi. Le radoub de Rochefort. Le maître charpentier est tout puissant car il est seul capable d’élever un vaisseau avec beaucoup d’aléas; la construction n’est pas empirique, mais plutôt artistique. A la fin, Colbert aura presque réussi à imposer des constructions d’après des gabarits. Au début, les maîtres charpentier ne sont qu’une poignée ; Rodolphe et Pomet à Toulon ; Hubac à Brest et Laure en Charente et quelques étrangers. Les meilleurs sont capables d’entreprendre la construction de tous les types de navire; de la flûte au lourd vaisseau de premier rang, comme une frégate ou un vaisseau de 4° ou 5° rang, mais aussi les bâtiments de logistique. Ils doivent aussi former car le personnel qualifié est rare. Les constructions prennent du retard du fait de l’éloignement progressif des coupes de bois, la lenteur des transports, les nombreux péages, et aussi de la rivalité entre le ponant et le levant ; les uns voulant mettre des chevilles en bois (clef de la solidité des ouvrages) et d’autres en fer alors que Colbert voulait uniformiser les constructions. Il tranchera : sous l’eau en bois, au dessus en fer. Un autre problème se présente, Il faut en temps normal 22 000 hommes d’équipage, mais si en 1672 l’escadre du duc D’Estrées mobilise bien les 22 000 hommes (2/3 de marins), en 1690 celle de Tourville nécessite 26 000 hommes et l’armada de 1693 composée de 93 vaisseaux, 38 frégates et corvettes, galiotes à bombes, 30 brûlots, 3 navires hôpitaux, et 31 transports divers, soit 45 000 hommes. La plus grande partie des équipages, est formée de non spécialistes. Colbert avait « inscrit » tous les pêcheur, même les bateliers et, comme ce n’était pas suffisant, l’on a eu recours a « la presse », enrôlement forcé . Après un recrutement général des gens de mer est institué un système de classe, service par roulement, en général 1 an sur 3 au service du roi, avec la peine de mort pour les déserteurs (car il était plus attrayant et plus rémunérateur de servir sur les bateaux de commerce ou sur ceux des corsaires). Pour un vaisseau de 100 canons, 3500 m3 de bois de chêne sont nécessaires; pour les mâts 300 m3. Les autres essences pour l’achèvement : l’orme et le châtaignier pour les affûts de canons, le buis pour les poulies, le sapin pour les menuiseries intérieures, le peuplier et le tilleul pour les sculptures. Environ 500 quintaux de chanvre, deux jeux de voiles complets soit 2 500 aunes de toile de Noyal, 250 cannes de cotonnine double, 600 cannes de cotonnine simple, de l’étoupe, de la poix, du goudron, environ 5 ancres, les canons de bronze et de fer, les différents boulets, les armes individuelles . Le bois est chargé à bord d’un navire qui le livre au port de construction. La Charente sera utilisée pour transporter le bois par gabarres. L’arrière pays est utilisé aussi pour la fabrication des pièces finies : les clous et les chevilles de fer par les forgerons; les canons, les boulets de toutes sortes les ancres par les fondeurs; mais aussi les armes a mains, à feu pour la troupe et blanches pour l’équipage. Angoulême fabriquera des manteaux en feutre pour la marine. De nombreux ateliers de tissage travaillent à la confection des voiles. Il faut travailler le chanvre, apprendre a faire du goudron (un Suédois, Elias Aal fera le tour de France pour expliquer la façon de le faire : distillation par le feu des bois résineux; il commencera par les Landes, puis Vidauban dans le Var). Il faut préparer le brai et l’étoupe pour calfater les navires. Le Périgord et L’Angoumois fournissent les produits métallurgiques. Il faut réunir tous les corps de métiers pour construire un navire. Des manœuvres, des ouvriers du bois, scieurs, scieurs de long, sculpteurs, menuisiers et bien d’autres. Pour le fer, des forgerons, des fondeurs. Pour les petites pièces, mais aussi dans d’autres corporations : peintres, calfateurs, rouliers, cordeliers etc. Mais avant cela, dans l’arrière pays il aura fallu marquer le bois qui sera utilisé en fonction de sa forme finale, l’acheter, l’abattre, l’équarrir, le couper, le scier en long, le débiter, le sortir et le transporter (rouliers, voituriers) jusqu’à la rivière ou par flottaison. Il sera apporté au plus près du chantier (parfois, le bois est chargé à bord d’un navire qui le livre au port de construction). La porte de l’Arsenal de Rochefort. Le tableau arrière de la frégate. Le port de Rochefort au XVIII° siècle (Horace VERNET). 4 5