Revue des revues, année 2008 - Société scientifique historique et

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Revue des revues, année 2008 - Société scientifique historique et
Revue des revues
Travaux d’archéologie limousine, tome 28, 2008.
Aux racines des limites communales associées au réseau viaire, l’exemple
du Limousin, Jean-Michel Desbordes, pages 33-48.
Jean-Michel Desbordes étudie les limites des communes qui se trouvent souvent sur des tracés d’interfluves ou aux passages des rivières.
Ces limites, naguère paroissiales, sont celles d’anciens chemins qui se rassemblent au passage des ponts. La limite de trois finages s’appelait au temps des Romains trifinum. Les exemples donnés concernent en partie la Corrèze.
Celui de Spontour est très intéressant bien qu’il s’agisse, non d’un pont qui n’a
jamais existé, mais d’un port de traversée avec des bacs jusqu’au XIXe siècle.
Espontours est le lieu du port, les pontours, ou pontons étant les quais.
Rappelons à cette occasion que les ports en question n’ont jamais eu de rapport avec les gués. Ils sont situés en eau profonde et calme, alors que les gués
qu’on passe en été à pied ou avec des chevaux sont en zone d’eau de faible profondeur.
M. Desbordes, cite également le gué Vinatier sur l’Auvézère à la limite des
communes d’Arnac, de Pompadour, de Beyssenac et de Saint-Julien le Vendonnais sur la via Lemovicana.
Les arpenteurs gallo-romains ont dû se servir des axes routiers pour délimiter
les finages et, comme les anciens chemins gaulois existaient lors de la conquête,
ils ont dû être utilisés pour limiter les futures paroisses, du moins en partie.
Les cheminements suivaient, au temps des Celtes, les interfluves ou lignes de
partage des eaux. Ils se réunissaient pour franchir les ponts si rares à l’époque
mais s’écartaient au voisinage des bacs, beaucoup plus nombreux.
Les tabliers des ponts romains étaient-ils en bois ?, François Massicot, pages 49-60.
L’observation des restes archéologiques de ponts romains suggère souvent
l’existence de ponts à piles maçonnées en grand appareil et à tablier de bois. L’auteur étudie les ponts de Rancon et d’Argenton-sur-Creuse qui n’ont pas de trace de
voûte.
Au Moyen Âge et surtout au XVe siècle après les destructions de la guerre, les
villes ont souvent refait leurs ponts en pierre sur les anciennes piles romaines. Les
voûtes étaient alors bâties en arcs brisés.
L’auteur en conclut que beaucoup de ponts médiévaux doivent avoir des fondations bien plus anciennes. Mais, que certains d’entre eux ont dû conserver longtemps un tablier de bois.
Il serait intéressant de reprendre, à la lumière de ces travaux, l’étude du « Pont
gaulois » qui a donné son nom à Brive, et celle du pont médiéval qui devait être
plus proche du prieuré du Bouyx.
Le prieuré de Saint-Pantaléon-de-Lapleau, Patrick Bouvart et Angélique
Marty.
Le prieuré de Saint-Pantaléon-de-Lapleau fait l’objet d’une étude à la fois archéologique et historique, menée par Patrick Bouvart et Angélique Marty.
Situé à proximité d’un port sur la Luzège dans un site rocheux escarpé, ce
prieuré a appartenu à la Chaise Dieu. Pierre Roger, le futur Clément VI et son neveu Pierre Roger II, le futur Grégoire XI, y furent prieurs en 1322 et 1342.
Arrière vassal de Ventadour, le prieur rend hommage au seigneur de Roussilhe
(La Mazière basse) Probablement occupé par des routiers, le site est repris en
1390. Le château ou maison prieurale est démoli.
Quant à l’église, incendiée en 1462, et reconstruite vers 1495, elle présente un
chœur à trois baies encadré d’une absidiole nord communiquant avec lui par un
passage et sans doute d’une absidiole sud ayant servi de sacristie. La nef est de
même superficie que le chœur. Elle s’ouvrait à l’ouest par un clocher porche.
En 1836, le maire précise qu’il ne reste que les quatre murs de l’église et demande le transfert dans un lieu plus accessible. Elle est cependant restaurée en
1851-1852, mais l’église réclamée par le maire est construite en 1883. Victime
d’un incendie accidentel en 1920, l’église de Saint-Pantaléon fait l’objet d’un projet de valorisation du site.
La famille Dumas et son château, dans la paroisse de Ségur.
Signalons également la remarquable étude par Gontran du Mas des Bourboux,
docteur en histoire, sur la famille Dumas et son château dans la paroisse de Ségurle-Château.
Les Dumas qui possédèrent aussi Payzac furent à l’origine une famille Prévôt.
L’auteur étudie leur généalogie, puis les vicissitudes de leur fief de l’Ancien Régime au XIXe siècle. Et enfin, les vestiges de leur château détruit par les Dumas de la
Vareille au XIXe siècle. (Rappelons qu’il n’y a pas de lien de parenté entre ces
Dumas de la Vareille et ceux de Payzac).
Souhaitons que beaucoup de ces menus fiefs limousins trouvent leur historien,
sur la lancée des études médiévales autour des châteaux, dont Christian Rémy a
été un peu l’initiateur.
Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin,
tome 136, 2008.
Hugues Duroy de Chaumareys, Nicole Raymond.
Mme Nicole Raymond consacre une étude à Hugues Duroy de Chaumareys, le
tristement célèbre commandant de la Méduse, à partir des archives de M. Paul
Bongart Bourdeys. Hugues Duroy était né à Vars (Corrèze) en 1763. Il hérite de sa
cousine Marguerite de Verthamon, le fief de Bussière-Boffy avec le château de
Lachenaud. Il possédait aussi avant la Révolution le château de la Vidalie à SaintCyprien (Corrèze).
Cette étude est une synthèse des lettres de Sophie Duroy de Chaumareys sa
fille. Sans essayer de réhabiliter la mémoire de ce malheureux marin, Mme
Raynaud précise de nombreux points de sa biographie, souvent mise à mal par les
auteurs d’études sur l’histoire de la Marine ou de la Restauration.
M. Paul Bongart Bourguet est le petit-fils de Berthe Duroy de Chaumareys
elle-même arrière-petite-fille d’Hugues de Chaumareys.
L’inventaire des joyaux d’église dans le diocèse de Limoges fait en 1552,
Alain Brissaud
Alain Brissaud étudie l’inventaire des joyaux d’église dans le diocèse de
Limoges fait en 1552 à la demande du roi Henri II afin de lever une taxe sur les
églises catholiques destinée à financer la guerre contre Charles Quint.
En Bas-Limousin sont concernés l’archiprêtré de Vigeois (40 clochers), de
Brive, (31 clochers), de Gimel (33 clochers), de Brivezac (22 clochers), de
Lubersac (45 clochers) et de Saint-Exupéry (36 clochers).
Bien entendu, l’évêché de Tulle n’est pas concerné.
20 livres tournois représentaient alors le coût d’un fantassin en campagne pendant un trimestre. Des églises sont taxées à 30 sous pour les plus petites, et à 80
livres pour les plus grandes. On peut noter les taxes de Notre-Dame d’Uzerche (76
livres), de l’abbaye de Vigeois (40 livres comme Saint Martin de Brive). l’église
d’Ussel est taxée à 70 livres, Coussac Bonneval à 55 livres (archiprêtré de
Lubersac mais en Haute-Vienne), Aubazine à 80 livres.
La plupart des églises déclarent n’avoir ni joyaux, ni cire, ni aucune rente. Seules les abbayes et quelques bourgs sont plus fortunés avec 200 livres de joyaux
pour Uzerche, 85 livres pour la Collégiale de Brive, 180 livres pour Aubazine, 80
livres pour Beaulieu, 100 livres pour Lubersac, 120 livres pour le Port Dieu, et 80
livres pour Bonnaigue.
Le bas-Limousin fait triste figure à côté de Limoges où l’abbaye de Saint
Martial déclare pour 2 500 livres de joyaux, et Saint Michel des lions 400 livres.
On peut considérer que les pillages d’églises soi-disant perpétrés par les protestants, vingt ans après cet inventaire n’ont pas dû rapporter grand chose. Bien
entendu aussi, on n’estimait pas la valeur des châsses de la même manière qu’à
notre époque !
Glossaire pâtissier, M. Bonnaud.
M. Bonnaud nous met l’eau à la bouche avec un glossaire pâtissier, qui va du
biscuit (avec la recette de la Feuille hebdomadaire de Limoges de 1780) jusqu’au
Verichlei, pâtisserie en forme de lunettes signalée par Dom Duclou à SaintLéonard au XVIIIe siècle. Qui sait fabriquer encore le bouligou, la canole, la cornue des Rameaux, le craquelin, le tortillon ou le turban ?
Espérons que les lecteurs de la Corrèze sauront compléter cette liste, plus limougeaude que bas-limousine, mais bien appétissante tout de même.
Bilan scientifique de la DRAC, 2007
Dans le bilan des opérations autorisées en Corrèze il faut signaler la poursuite
des travaux de réfection du Canal des moines à Au(o)bazine, ainsi que les ruines
du couvent de femmes du Coyroux.
M. Pigeyre, dont nous publions un article sur les croix de la Xaintrie, poursuit
son étude du souterrain de la Borde à Saint-Cirgues-la-Loutre. Il a découvert que
les parois enduites de goudron végétal l’avaient peut-être été pour éviter les suintements. Par ailleurs, il a constaté que le souterrain a dû être abandonné, parce que
les chenaux de drainage de l’eau pluviale s’étaient bouchés entraînant une humidité permanente.
Mais le chantier le plus spectaculaire pour les non initiés est celui de la nécropole carolingienne de Saint-Cyr-la-Roche, place des Ormeaux.
Jacques Roger, Claire Gravelat et Patrice Conte ont pu bénéficier d’un laps de
temps inhabituel pour une fouille de ce type, grâce à l’extrême gentillesse des propriétaires du terrain M. et Mme Latry.
Un aperçu d’une partie de la nécropole
Tombes de la nécropole de Saint-Cyr-la-Roche
À la suite de la découverte fortuite d’une tombe creusée dans le grès à l’intérieur d’une grange, des fouilles ont été pratiquées tout autour, sous la maison et
dans le jardin, jusqu’à la découverte en 2007 d’une trentaine de tombes. En 2008,
ces travaux se sont poursuivis amenant la découverte de nouvelles fosses. Il est
peu de propriétaires qui auraient autorisé un bouleversement total d’une telle
ampleur. Il est vrai que la rénovation de la maison d’habitation dont une partie est
datée du XVIe siècle était alors envisagée.
Il semble que cette nécropole soit d’origine carolingienne et n’ait eu qu’une
durée relativement brève. Puis elle aurait été remblayée et un bâtiment assez vaste
(14m x 6m), muni d’une porte en arc brisé et pourvu d’un système défensif y
aurait été bâti. Enfin, après la guerre de Cent Ans, une maison avec des fenêtres à
meneaux aurait remplacé cet édifice. Elle existe encore, agrandie au XXe siècle.
Nous profitons de cette occasion et de la grande amabilité de M. et Mme Latry,
les propriétaires, ainsi que celle des responsables de la fouille, Jacques Roger et
Claire Gravelat pour rappeler à nos lecteurs quelques éléments de l’histoire de
Saint-Cyr-la-Roche.
M. et Mme Latry et Jacques Roger, responsable de la fouille
LA NÉCROPOLE DE SAINT-CYR-LA-ROCHE, ÉLÉMENTS D’HISTOIRE MÉDIÉVALE.
La nécropole découverte à Saint-Cyr-la-Roche est sans doute trop ancienne
pour que des textes écrits y fassent allusion, surtout si elle remonte aux temps carolingiens. À cette époque, la région fait partie du diocèse de Limoges sur le plan
religieux et du comté de Limoges sur le plan administratif.
La paroisse de Saint-Cyr, si tant est qu’elle existe alors, se trouve dans la vicairie d’Yssandon, dont fait partie Objat, ou bien dans celle de Lubersac, d’où sera
détachée au Xe siècle la vicairie de Juillac.
Il est difficile également de savoir de quelle époque date la création de cette
petite paroisse dans le vignoble, entourée de paroisses tout aussi petites.
Le patronage de Saint-Cyr (et de sa mère Sainte Julitte) était, sans que l’on sache pourquoi, relativement répandue en Limousin et dans le proche Périgord.
La cure est à la nomination de l’évêque, mais la dîme appartient au comte ou
plus tard vicomte de Limoges, ce qui amène à penser à l’existence d’un domaine
rural, alleu des seigneurs de Limoges.
Saint-Cyr dans la châtellenie d’Ayen
La première mention de Saint-Cyr ne remonte qu’au XIe siècle et au don par le
vicomte Adhémar et par son vassal Foulchier d’Ayen du mas de la Ribière dans la
paroisse de Saint-Cyr à l’abbaye d’Uzerche.
À cette époque, les vicomtes ont remplacé les vicaires et la vicomté de
Limoges est divisée en châtellenies.
Saint-Cyr fait partie de la châtellenie d’Ayen.
Présence d’Uzerche et de Saint Martial
La mention de l’abbaye d’Uzerche rappelle que toutes les petites paroisses de
cette région, à vocation essentiellement viticole, ont attiré très tôt l’intérêt des abbayes limousines qui s’y sont fait accorder des terres ou des rentes.
La présence des ordres religieux du Haut-Limousin est forte : le chapître cathédral est à Vignols, les chanoines de Saint-Léonard-de-Noblat à la chapelle
Salamard de Saint-Solve, Solignac à Montgibaud (Lubersac), Saint-Augustin de
Limoges à Lascoux, l’abbaye de la Règle à Vars, celle d’Uzerche à Saint-Solve et
à Saint-Cyr, celle du Port Dieu à Saint-Robert.
Mais l’abbaye de Saint Martial est particulièrement bien représentée avec la
prévôté d’Arnac, le prieuré de Rosiers de Juillac et celui de Benayes. Au XVIIIe
siècle, c’est le trésorier du chapitre de Saint Martial qui, outre l’entretien de l’église de Rosiers de Juillac, prieuré de l’abbaye, est chargé de l’entretien du presbytère de Saint-Cyr-la-Roche.
Ces abbayes n’ont pas toujours conservé leurs possessions. Ainsi, le mas de la
Ribière donné au XIe siècle à Uzerche appartient, sous le nom de Reclos de la
Rivière en 1542 à Geoffroy de Pompadour. Situé sur le chemin de Saint-Cyr à
Saint-Bonnet-la-Rivière, il confronte le reclos du seigneur et son propriétaire l’arrente à Antoine Leys, prêtre, moyennant 60 livres d’entrage et 10 sous de rente.
Quant à Saint Martial, à part la brève mention concernant le presbytère, il n’en
est plus question autrement.
La seigneurie de Saint-Cyr
Sur le plan féodal, après avoir fait incontestablement partie des biens des vicomtes de Limoges, Saint-Cyr-la-Roche est dans la châtellerie d’Ayen, ce qui explique le don de Foulchier d’Ayen , en présence de Guy d’Ayen, son frère.
Cependant, la seigneurie, ou plus tard baronnie (!) de Saint-Cyr, semble être à
part et avoir formé, avec des parts d’autres villages des paroisses alentour, un fief
indépendant, appelé le fief de La Chèze.
Parmi les chevaliers d’Ayen, on peut relever à Saint-Cyr la présence de la famille de la Marche représentée par Gérard de la Marche témoin en 1076 du don de
l’église d’Ayen à Solignac, de Robert de la Marche, possesseur des rentes des
Clozaux à Saint-Cyr en 1361, et de Guillaume de la Marche, dont la fille Constance, épouse Ramnulphe Hélie de Pompadour, vivant en 1399.
Les Hélie de Pompadour
C’est précisément Ramnulphe Hélie de Pompadour à qui les vicomtes de
Limoges cèdent, en 1364, la justice de Saint-Cyr-la-Roche avec celle d’Arnac
pour services rendus. Ramnulphe Hélie II était alors seigneur de Pompadour et de
Cromières (Cussac). Fils de Geoffroy IV et de Philippie de la Garde, il avait
épousé, en 1355, Galienne de Chanac et, en 1364, Constance de la Marche. Mais
en 1364, le vicomte de Limoges, Charles de Blois, est tué à Auray et sa veuve,
Jeanne de Penthièvre, ne renouvelle la donation qui n’a pu être exécutée, qu’en
1367.
Ce don semble remis en question, puisqu’en 1408, Jean de Blois dit Jean de
Laigle engage la justice de Saint-Cyr au seigneur de Pompadour contre la somme
de 500 écus et 25 livres.
Golfier de Pompadour et Isabeau de Comborn, héritiers de Ramnulphe Hélie
ne semblent pas jouir de cette justice « à cause des pestes, guerres, divisions et
autres calamités » et c’est seulement en 1481 qu’à la suite d’un procès au Parlement de Bordeaux, Jean de Pompadour réussit à en obtenir la jouissance « malgré
la prescription, que les usurpateurs et injustes détenteurs veulent alléguer ».
De quoi se compose cette seigneurie de Saint-Cyr ? De peu de choses, il est
vrai, sinon de la justice de la paroisse et de celle de Coubjours. Mais, outre la justice, les Hélie alias Pompadour, ont patiemment acquis dès 1290 et tout au cours
du XIVe siècle, des terres et des rentes.
Ainsi, en 1290, Ramnulphe Hélie I a acquis des rentes en blé et argent et un
moulin près de l’écluse de Salamart, en 1312, Étienne del Treil (ou pressoir : nom
évocateur) lui vend ses terres et vignes pour 105 sous, arrondissant ainsi le domaine des Hélie, qui confronte le chemin du Puy Philip à Castelnovel. En 1326, c’est
Guichard de Comborn qui cède à Geoffroy Hélie, en considération de services
rendus, des dîmes dans la châtellenie d’Ayen. En 1344, c’est au tour du chanoine
de Limoges, Ramnulphe Hélie, d’acquérir les rentes en vin de Pierre Dupuy de
Saint-Cyr.
Ainsi, les Hélie de Pompadour se sont-ils constitués un beau domaine viticole.
Ils sont également possesseurs de la justice et des dîmes inféodées de la paroisse.
Les fermiers du seigneur
La famille Pascarel devient rapidement la famille des fermiers de Saint-Cyr depuis qu’Héliot Pascarel a reconnu en 1473 à Jean de Pompadour, une maison dans
Saint-Cyr avec un jardin confrontant le chemin de Saint-Cyr au Burg, le verger et
le jardin du seigneur, pour la rente assez forte de sept sous et six deniers, deux
poules et deux journaux.
Au XVIe siècle, les Pascarel arrentent de Geoffroy de Pompadour et Suzanne
des Cars, le moulin de Chavagnac près de Segonzac, moulin à vrai dire tombé en
ruine en 1555.
En 1571, Louis de Pompadour baille à Jean Pascarel un « solard, plaçage de
maison, murailles ruinées et jardin avec tous les matériaux de bois et de pierre,
dans le bourg de Saint-Cyr, confrontant ses maisons et jardins, l’église, un grand
rocher du côté d’Objat et la vigne du curé. » Malgré l’état de ruine, Jean Pascarel
donne 150 livres d’entrage.
Au XVIIe siècle, les Pascarel sont juges de Saint-Cyr. Leur maison confronte
en 1611 la grange du seigneur que Philibert de Pompadour a arrentée au vigneron
Annet Joudy.
En 1656, Jean de Pompadour vend à Jean Pascarel, lieutenant du juge, une
maison avec dépendances près de l’église pour 3300 livres, à la rente d’une eymine de froment, deux coupes de seigle, un eyminal d’avoine, une livre de lin peigné et les fameux sept sous et huit deniers de 1473. Ainsi, de simples tenanciers,
les Pascarel sont devenus propriétaires d’une maison noble puisque dans le jardin,
se trouve une fuye (colombier) pour laquelle ils doivent donner cinq paires de pigeonneaux par an et une coupe de froment.
Les Pascarel possèdent aussi le moulin de Nauvialle sur le ruisseau allant de
Saint-Bonnet à Saint-Cyr, en indivis avec le famille Prodel. Ils se titrent sieurs de
la Place et s’éteignent à Saint-Cyr dans le mariage de Jeanne Pascarel avec Claude
La Roze.
Leurs papiers de famille déposés aux Archives départementales font mention
de leur rôle de fermiers de Pompadour et aussi des vignes et des nombreuses caves
ou celliers, dont ils ont la charge. À partir de 1650, les Prodel les remplacent comme juges de Saint-Cyr et s’occupent avec eux des rentes à verser aux Pompadour.
Ils sont bourgeois de Saint-Cyr et, à ce titre, doivent habiter une belle maison du
bourg (fig. 1).
F
C
A
G
B
E
D
Cadastre de la commune de Saint-Cyr-la-Roche, section B, le bourg, 1839.
On ne peut que constater l’étrangeté de ce bourg dont les maisons tracent
une sorte de demi-cercle autour d’un vaste espace vide.
A - Terres et bâtiments appartenant au haras de
Pompadour
B - Ancien cimetière
C - Maison Prodel
D - Maison Pascal-La Rose ou château
E - Église
F - Chapelle
G - Place des Ormeaux avec Talus
Les maisons postérieures à 1839 et les nouveaux
chemins sont portés en tiretés
Puy Faly
L’Echelancie
Segonzac
Le Grand Cluzel
St-Cyr-la-Roche
Puy la Vaysse
Objat
Vars
St Robert
La Chèze
Ayen
St Cyprien
Les Bories
Chez Guillen
St Aulaire
Louignac
Le fief de La Chèze
Perpezac-le-Blanc
La Nadalie
St Laurent
Le Theil
Yssandon
Les Chabannes
La Valette
La Prodélie
La Nouaille
Lage
Polverel
Le fief de La Chèze
Cependant, l’existence d’un fief englobant une bonne partie de Saint-Cyr et de
nombreux villages alentour, appelé le fief de La Chèze, qui n’appartient pas aux
Pompadour, mais leur rend hommage, est un autre élément intéressant.
Son nom tout d’abord : la Chèze ou la Chasa (casa) désigne une maison, mais
souvent aussi un lieu disparu et parfois une chapelle.
Il existe un hameau de ce nom dans la paroisse d’Ayen, mais le centre réel de
ce fief se trouve à Saint-Robert, où son détenteur a une maison noble et le
domaine du Puy la Vaysse à Ségonzac.
Il semble avoir appartenu aux sieurs de Fiales (ou Fialeix de la branche cadette
des Pérusse des Cars) qui l’ont vendu avant 1672 aux Rousseau.
Les Rousseau sont avocats et juges des appeaux d’Ayen au début du XVIIe
siècle : feu M° Bertrand Rousseau en 1583, puis François Rousseau marié à
Valérie Dalmays en 1621 et Bernard Rousseau dont est veuve Catherine de
Beaumont en 1672.
C’est elle qui rend hommage, le 31 mai 1672, à Jean de Pompadour pour sa
maison noble dépendant du fief de La Chèze. Elle semble partager ce fief avec
François Rousseau, écuyer, dont le procureur est Frédéric de Beauroire.
En 1717, le même hommage est rendu par Jean de Beauroire écuyer pour sa
maison noble dans le bourg et le fief de La Chèze. Il faut savoir qu’en 1692,
Charles des Cars, sieur de Fialeix avait épousé Catherine de Beauroire, expliquant
peut-être cette présence des Beauroire à La Chèse. Le château du Puy La Vaysse,
vieux château ruiné d’époque Louis XIII, a dû être bâti par les des Cars de Fialeix.
Ainsi, par exemple, Jacques des Cars, troisième fils de Léonard, sieur de Saint
Bonnet et de Catherine de Jourgnac. Il épouse en 1602 Françoise de Champagnac
et fonde la branche des Cars de Fialeix (Sainte-Trie près de Dalon)
Les Beauroire remplacent ce repaire par un château plus vaste, sans doute vers
1760, puis ils émigrent et le château est vendu comme bien national le 29
thermidor An IV à Pierre François Lachèze, consul à Gênes. Gêné par les frais de
son divorce d’avec Rose Dupré de la Geneste, il le revend à son frère Pierre-Rémy
en 1807. Ce dernier est l’époux d’une demoiselle Rousseau, fille d’un notaire de
Paris (simple coïncidence ?). Leur fille Adèle, épouse Auvard, est en 1840 seule
propriétaire du Puy La Vaysse, rebaptisé Puyval par son fils Alfred.
Outre cette maison noble de Saint-Robert et Puy La Vaysse, le fief de la Chèze
se compose d’une bonne partie d’Yssandon et de Saint-Cyr, mais tous ces villages
sont fort dispersés et il est difficile de comprendre comment il s’est constitué.
Peut-être est-il échu aux Cars Peyrusse, lors d’un mariage avec les Hélie de
Pompadour au XVe siècle ? Les possesseurs de La Chèze ont à Saint-Cyr,
l’Eychalancie et le Grand Cluzel. Ont-ils également une maison dans le bourg ?
serait-ce cette maison qui aurait donné son nom au fief ?
Conclusion
Il est impossible, nous l’avons dit, d’identifier cette nécropole par les textes, ne
serait-ce que par les noms des parcelles.
En revanche, un édifice plus tardif d’une taille assez imposante (14m x 6m)
avec une porte en arc brisé, remontant sans doute au XIIIe siècle et peut-être pourvu d’un système défensif, est plus susceptible d’être retrouvé dans des actes des
fonds de la seigneurie de Pompadour ou de celle des Cars.
Il n’est pas habituel de s’installer sur un ancien cimetière, la terre des morts
étant considérée comme sacrée. Au XIIIe siècle, on y bâtissait seulement des édifices cultuels ou des loges de reclus.
Sa propriété même, fait l’objet de conflit entre l’Église et le seigneur qui détient les dîmes et le droit de patronat.
Ce bâtiment, cultuel ou non est en ruine au XVe siècle et sera remplacé par une
maison, dont les fenêtres dénoncent une certaine aisance.
La maison Latry : fenêtres à
meneaux XVe XVIe siècles.
Alors ? est-ce un bâtiment qui aurait appartenu à Uzerche ou à Saint-Martial ?
ou au fief de la Chèze ?
Est-ce une grange assortie d’une cave du seigneur de Pompadour ?
Sur l’ancien cadastre, ces parcelles appartiennent au Haras de Pompadour
c’est-à-dire au domaine ex-seigneurial et jouxtent une très grande parcelle de vigne appelée la Vigne Grande. Cependant les fenêtres de cette maison ne sont pas
celles d’une grange.