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l'Indonésie face
au Timor oriental
L’Indonésie, l'une des clés de la stabilité stratégique
en Asie du sud-est,
traverse aujourd’hui une situation de grande fragilité :
une crise financière, économique et sociale, politique,
après 30 ans de pouvoir absolu de Suharto sur le pays,
et des tensions séparatistes dans plusieurs parties de l’archipel.
C’est dans ce contexte que se situe la crise du Timor oriental
occupé par l’Indonésie.
(d'après "le Dessous des Cartes" – nov. 1999)
Superficie
L’Indonésie fait près de 2 millions de kilomètres carrés,
c'est à dire quatre fois la France ou cinq fois l'Allemagne.
Géographie
Plus de 13 000 îles composent cet archipel, posé sur la ceinture volcanique du Pacifique
et formant comme un arc qui s’étend sur 5000 km,
de la péninsule de Malaisie jusqu’au détroit de Torres, au nord de l'Australie.
Un pays immense
C’est un pays avec un immense territoire terrestre et maritime
où il est difficile d’assurer l'unité et le contrôle.
Les deux plus grandes îles sont Sumatra et Kalimantan.
13 000 îles
On trouve aussi les îles Sulawesi, Moluques,
l'Irian Jaya, partie occidentale de la grande île de Nouvelle Guinée,
Java, où est située Jakarta la capitale,
puis les îles de la Sonde, avec notamment Bali
et Timor, dont nous allons évidemment parler.
Un pays riche
L'Indonésie est un pays riche.
On y trouve d'énormes réserves forestières,
du riz à Bali et Java
et aussi des cultures "commerciales” :
hévéa, café, poivre, tabac, à Sumatra, Kalimantan, Java ou Sulawesi.
Ressources minières
Les ressources minières aussi sont considérables :
étain, nickel, manganèse, cuivre, uranium, phosphate et or,
ainsi que de nombreux gisements de pétrole et de gaz naturel.
Industries
Alors, avec un tel capital, le pays a pu développer une grosse industrie de transformation,
avec 13 sites de raffinage pétrolier, sidérurgie, chimie, textile, assemblage automobile.
la Population
Il y a quelques 200 millions d'habitants
qui se concentrent à 70 % sur les îles de Java, Madura et Bali.
Le groupe majoritaire est celui des Javanais, qui représentent 47 % de la population.
Plus de 300 ethnies
Mais il y a également plus de 300 ethnies différentes
comme les Bataks à Sumatra, les Dayaks à Kalimantan, ou les Toradja sur l'île de Sulawesi.
Et à l'exception des Chinois et des Papous,
toutes ces ethnies appartiennent au groupe austronésien.
les Religions
Les Indonésiens sont musulmans sunnites à 88 %,
l'Indonésie est ainsi le premier pays musulman du monde.
Avec quelques exceptions : les habitants de Bali continuent de pratiquer les rites hindouistes.
L'animisme est aussi largement pratiqué.
Et puis il y a 9 % de chrétiens, dans les îles Moluques, mais surtout au Timor Oriental.
Histoire
Parlons de l'histoire, pour essayer de comprendre.
Dès le XVIe siècle, les Hollandais et les Portugais sont en vive rivalité pour le contrôle des épices :
poivre, giroflier, muscade, qui existent abondamment sur les îles indonésiennes.
le Timor oriental portugais
Les Pays-bas resteront la principale puissance souveraine de 1602 à 1949.
Les Portugais, eux, ne conserveront que l'est de l'île de Timor,
où l'on trouve d'ailleurs le bois de santal, précieux et odorant.
Présentation du Timor
Le Timor oriental, donc l'ancienne colonie portugaise,
fait la moitié de l'île de Timor, 15 000 km²,
avec près de 800 000 habitants, en grande majorité catholiques.
la Fin de la colonisation
Quand le colonisateur portugais quitte le Timor oriental en 1975,
juste après la révolution des œillets, le choix qui se présente alors aux habitants du Timor Oriental
est soit l'indépendance, soit le rattachement à l'Indonésie.
Et comme ces habitants sont en majorité catholiques, ils ne veulent pas de ce rattachement
à un pays à 90 % musulman, et de plus dirigé par un pouvoir militaire.
l'Annexion indonésienne...
Le Timor oriental s'oriente donc vers l'indépendance,
l'ONU se porte en principe garante pour l'organisation d'un référendum.
Or le gouvernement indonésien répond en envoyant ses troupes sur la capitale,
Dili, le 7 décembre 1975.
l'Annexion indonésienne...
Dans le sang déjà, le Timor oriental est proclamé vingt-septième province de l'Indonésie.
L'annexion n'est pas reconnue par l'ONU qui réclame le retrait des troupes indonésiennes.
Résistance et guérilla s’organisent autour du FREITILIN,
le Frente Revolutionnario de Este Timor Indépendente.
...légitimée par l’histoire et les ressources
L'Indonésie légitime cette annexion par des prétentions historiques.
Mais les vrais mobiles sont plutôt liés à la richesse :
cuivre et manganèse dans la région de Baucau, pétrole dans la zone de Kelp.
Entre 1975 et 1995, les généraux indonésiens
acquièrent des terrains dans ce Timor oriental,
cela leur fournit des revenus agricoles.
La famille Suharto au pouvoir y a des intérêts économiques aussi.
Djakarta investit
en infrastructures, en électricité, en effort militaire,
pour être sûr de conserver l'île au sein de l'archipel indonésien.
Tout cela ne prédispose pas vraiment
à l'acceptation de l'indépendance,
après le référendum d'août 1999.
Pourquoi un tel comportement, un tel blocage
du pouvoir indonésien ?
D'abord c'est une affaire d'intérêts financiers.
Ensuite, une question de rapport de force
entre pouvoir militaire et pouvoir politique à Djakarta.
C'est aussi une question d'unité nationale :
le pays connaît des tensions en Acjeh, en Irian Jaya, aux Moluques.
Et le Timor alors pourrait servir "d'exemple".
Ce qui est certain,
c'est que ce référendum sur l'indépendance au Timor Oriental
a été mal préparé, par les uns comme par les autres.
Et ceux qui réfléchissent à l'ONU,
auraient pu se souvenir des massacres de Timor en 1976,
ou ceux des catholiques moluquois en 1949,
ou ceux des hindouistes balinais en 1965,
des Chinois d'Indonésie en 1966,
parce qu'ils étaient sympathisants du parti communiste indonésien.
Si l'on veut faire un peu de prospective,
on peut suggérer aux Nations Unis de s'organiser
pour avoir, en propre un système d'observation satellite,
afin d’avoir des temps de réactions beaucoup plus rapides
lorsque les crises se déclenchent,
et que les Nations Unies fassent accepter par les États membres
la création et le financement
d'une Force militaire d'intervention rapide qui lui soit propre.
On peut toujours rêver de tels instruments pour dans 20 ans ?
Et 20 ans, ça ne serait déjà pas mal.