I L`âge d`or de la littérature

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I L`âge d`or de la littérature
I L’âge d’or de la littérature (1800-1880)
a) Pouchkine Alexander Sergeevich (1799-1837)
Poète, dramaturge et romancier, Pouchkine est le créateur de la langue
littéraire russe, il lui a donné son importance et sa beauté et en a fait
une grande littérature nationale et mondiale.
Né à Moscou, descendant d’une ancienne famille aristocratique,
Pouchkine a été élevé par des gouverneurs français, leur
enseignement lui a donné l’amour de la lecture et une bonne
connaissance de la langue française.
Encore enfant, Pouchkine a étudié, non seulement la poésie russe
de Lomonosov mais aussi les comédies de La Fontaine, de
Molière et de Beaumarchais ainsi que les œuvres de Voltaire et
d’autres philosophes du XVIIIème siècle.
En 1811. Il entre à Tsarskoïé Sélo, lycée qui prépare les jeunes aristocrates au service de la patrie. Ses
lectures lui vaudront le surnom de « Français », son talent poétique s’épanouit et est reconnu par ses
compagnons. En 1816 après avoir quitté le lycée, il entre au ministère des Affaires étrangères.
Pouchkine se lance alors dans la vie littéraire. Avant la fin de ses études, il compose en 1816 Rouslan et
Liudmila, qu’il finit en mars 1820, son sujet, tiré d’un roman médiéval est adapté par le folklore russe et
représente le passé légendaire de la Russie de Kiev.
Il est admis en qualité de benjamin dans le cercle d’Arzamas qui réunit divers auteurs autour de
l’historien Karamzine, premier réformateur de la prose russe.
En 1820 pour avoir condamné le servage dans: Ode à la liberté et dans son poème Le Village, Pouchkine
a été contraint par le pouvoir de partir dans les provinces du Sud de la Russie; c’est là qu’il écrit en 1821
plusieurs poèmes parmi lesquels Le prisonnier Caucasien. En 1823, il commence son œuvre capitale
Evgenij Onegin qui est le « Miroir de la société russe du XIXème siècle ». C’est un roman en vers qu’il a
écrit en plusieurs années. Pour Pouchkine Evgenij Oniéguine est un roman révolutionnaire qui montre
certains aspects de sa vie, de ses idées libérales et de ses goûts personnels. C’est le premier grand
roman russe de Pouchkine qui dessine « un tableau fidèle de la vie russe de son époque ».
L’œuvre de Pouchkine balaie des genres différents :
- des études historiques, tels Boris Godounov, l’Histoire Pougatchev (1833), l’Histoire de Pierre.
- Des petites tragédies, des contes de fées: Le Pope et son ouvrier Balda, Le Tsar Saltane, Le
Pêcheur et le petit poisson,
- des poèmes : l’Élégie, les Diables, le Pardon et une multitude d’autres écrits.
Dans sa création, il privilégie le patriotisme et quelquefois la satire mais sa vie quotidienne, sa famille et
ses amours sont aussi pour lui source d’inspiration. Son Imagination et sa sensibilité donnent naissance
aux thèmes de ses chefs d’œuvre.
Parfois les œuvres poétiques sont difficiles à traduire, une simple traduction peut avoir de nombreuses
formes, mais elle doit toujours garder le sens du rythme et la pensée du poète.
Je propose comme exemple deux traductions dans le but de vous aider à mieux percevoir le sens et la
poésie Pouchkine :
La traduction et la poésie Pouchkine « Je vous aime », conférence littérature ECP 2005, les Grands poètes russes du XIX
siècle
ème
JE VOUS AIMAIS
Je vous aimais : cet amour, dans mon âme,
Il se peut bien qu’il brûle encore un peu ;
Mais plus jamais ne redoutez sa flamme ;
Vous attrister n’est pas ce que je veux.
Je vous aimais sans espoir et sans plainte,
Timidement, jalousement parfois ;
Je vous aimais d’un tel amour sans feinte,
Que puisse un autre aimer si bien que moi.
1829
Je vous aimais… et mon amour peut-être
Au fond du cœur n’est pas encore éteint.
Mais je saurai n’en rien laisser paraître.
Je ne veux plus vous faire de chagrin.
Je vous aimais d’un feu timide et tendre…
Souvent jaloux, mais si sincèrement,
Je vous aimais sans jamais rien attendre…
Ah! Puisse un autre vous aimer autant
Pouchkine décède en 1837 à la suite d’un duel pour défendre l’honneur de sa femme bafouée par le
baron français d’Anthès.
Les derniers descendants en ligne directe du poète ont créé en 1999, pour honorer sa mémoire « la
fondation Internationale Pouchkine ». Elle a pour but de faire connaître son œuvre à un large public.
(http://www.pouchkine.org/index.html)
b) Dostoïevski Fiodor Mikhaïlovitch (1821-1881)
Dostoïevski est l’un des plus célèbres romanciers russes, il est né en
1821 à Moscou dans une famille peu fortunée. Devenu écrivain, il vit
de son talent. Renfermé sur lui- même, il crée ses œuvres avec
énergie. Il ne mentionne pas souvent son enfance, pourtant il aimait
pieusement sa mère et le Christ pour lequel il a un amour profond.
En 1837 Dostoïevski part pour Saint-Pétersbourg afin d’entrer dans
une école d’ingénieur. Il passera la plus grande partie de sa vie dans
cette ville. En août 1842 il termine ses études et se passionne pour la
littérature et l’écriture. Il choisit comme thèmes la misère humaine
et le besoin de réformes sociales. La première période de sa vie
d’écrivain est consacrée à forger sa plume. Cette phase dure environ
7 ans.
En janvier 1844 Dostoïevski commence à travailler sur le roman Les pauvres gens qu’il finit en 1845,
publié l’année suivante ; ce livre l’a rendu célèbre. Il écrit ensuite sa deuxième œuvre Le double qui pour
ses contemporains, n’a pas la même valeur littéraire. Durant cette période, il commence à entretenir
une relation amicale avec le critique Belinski, et d’autres écrivains comme Nekrassov, Tourgueniev,
Odoievski et Guertzen. A cette époque son écriture est féconde, mais sa vision libertine peu appréciée
du pouvoir lui vaut quatre ans au bagne d'Omsk et six ans de service militaire en Asie centrale. Dans une
lettre à son frère il écrit :
( version russe) … между разбойниками я, в четыре года, отличил наконец людей. Что за чудный
народ. Вообще время для меня не потеряно. Если я узнал не Россию, так народ русский хорошо, и
так хорошо, как, может быть, не многие знают его ».
(Traduction) « La vie est partout ... À mes côtés il y aura des hommes : être homme parmi les
hommes... voilà où est la vie... Je garderai purs mon esprit et mon cœur. Je renaîtrai meilleur. »
De retour à Saint-Pétersbourg en 1860, il reprend sa carrière qu'il poursuivra jusqu'à sa mort. Ici
commence la deuxième partie de sa vie d’homme de lettres. Il écrit La Maison des morts (1862), Le
Sous-sol (1864) et Crime et Châtiment (1866).
Ses grands romans sont créés après 1859. Il produit L'Idiot achevé à Florence (1868). C’est un roman
plein de symboles. Son héros principal, le prince Mychkine est l’emblème de la bonté et de la morale
chrétienne, du désintéressement et de l’honnêteté. C’est lui qui est considéré comme « l’idiot » dans le
monde de l’argent et de l’hypocrisie. Tous les personnages du roman s’améliorent à son contact.
Dans « Les Démons » (1872) il décrit une société, vaincue par des révolutionnaires fanatiques qui n’ont
pour idéal que le plaisir et la destruction. Presque cent ans après sa parution, ce roman a été interdit par
un régime stalinien, dépourvu de toutes valeurs morales, différent de celui critiqué dans l’œuvre de
Dostoïevski. Selon lui, à toute époque, les différents peuples, quelque soient leur appartenance
religieuse, sont à la recherche d’un Dieu. Malgré un contenu très politique, ce roman contient de
nombreuses connotations religieuses.
En 1875 parait Adolescent chef d’œuvre du roman psychologique. Le deuxième après Les Démons. Il
commence à travailler ce sujet à la fin des années 1860 pour réaliser une série romantique surnommée :
« Athéisme ». L’Adolescent est l’histoire d’un jeune homme ambitieux, fruit adultérin d’un propriétaire
terrien qui arrive à Saint- Petersbourg. L’auteur décrit le malheur créé par une mésentente entre le père
et le fils. Ce dernier est à la recherche de sa propre existence, du bonheur et de l’amour. Il considère la
foi comme indispensable pour trouver son chemin spirituel.
Le roman Les Frères Karamazov (1880) est très important parce qu’il décrit de fausses notions
spirituelles émises non seulement par l’église mais également par toutes les opinions publiques.
Dostoïevski aborde ici la thématique du choix : Dimitri, un des frères, doit choisir entre vivre pleinement
sa vie en Amérique, ou bien rester au pays et se donner corps et âme à son prochain.
L’œuvre de Dostoïevski est imprégnée par sa vie de chrétien, son humanisme inséparable de sa
prédilection pour le peuple russe, son âme tourmentée où l’image du Christ est figée dans une
perfection à jamais inégalée.
La mort de Dostoïevski le 28 janvier 1881 a bouleversé toute la société russe, des millions de personnes
se sont regroupées pour commémorer la mémoire d’un auteur adulé par tout un peuple.
c) Tolstoï Lev (Léon) Nikolaïevitch (1828-1910)
Le comte Lev Nikolaïvitch Tolstoï est un romancier et nouvelliste né en
1828 près de Toula dans le comté d’Iasnaïa Poliana, domaine de la
famille. Il a été éduqué par un précepteur Français.
En 1844, il entre à Kazan à la section de la seule faculté de philologie
arabe et turque de Russie. En 1847, il change de faculté pour entrer à la
faculté de droit mais n’étant pas satisfait de l’enseignement, il retourne
à Iasnaïa Poliana.
En 1851 il part dans le Caucase où il participe à plusieurs opérations
militaires. Au moment de la guerre de Crimée, il s’engage pour
participer à la défense de Sébastopol assiégé. En 1855, il part pour
Saint-Pétersbourg. En 1856, il fait un premier voyage en Europe
occidentale.
En 1859 Tolstoï s’intéresse à l’éducation et ouvre une école pour les enfants des paysans. Il aide à la
création de plus de 20 écoles. C’est pour cette raison, qu’en 1860, il fait un deuxième voyage en Europe
pour y puiser une méthode d’instruction basée sur «la Liberté de l’étudiant » il refuse la dureté
pédagogique exercée à l’époque. Ses conclusions donnent naissance à la publication de l’alphabet et de
l’alphabet neuf , tous deux destinés aux classes primaires. Ses nouvelles l’Enfance suivi de l’Adolescence
et La Jeunesse sont publiées dans le journal le «Contemporain», c’est après ces publications que Tolstoï
a obtenu une véritable reconnaissance littéraire.
Ses trois plus grands romans ont été créés entre 1863 et 1877 après son mariage avec Sophie Bers.
À partir de l’automne 1863, il travaille sur un projet littéraire qu’il nomme «L’année 1805 », qui a pour
thème les guerres contre Napoléon et la victoire finale. Pour ce faire, il se sert d’archives, étudie des
manuscrits francs-maçons et fait un voyage sur le champ de bataille de Borodino. C’est ce projet qui va
devenir le célèbre roman Guerre et Paix. Ce roman épique, fait une fine analyse psychique, un résumé
historique et la description de la vie privée de ses contemporains, il dénonce également le pouvoir de
l’argent. C’est une réponse intellectuelle de son époque aux problèmes de la société russe. Tolstoï luimême caractérise son projet comme une esquisse sur l’histoire du peuple Russe. Il a du mal à définir la
nature de cette œuvre, qui à son avis « n’est ni un roman, ni un essai, ni un poème, ni une histoire…» Il
termine ce roman en 1869.
Le deuxième roman important (1873-77) est Anna Karénine dans lequel Tolstoï revient également sur la
vie privée contemporaine mais sur une autre facette, plus sentimentale et plus familiale que celle
décrite dans Guerre et paix. Il y évoque sa conception de l’émancipation de la femme. Il crée sa
composition sur l’opposition entre deux sujets, d’une part, le drame d’Anna Karénine qui par son
adultère brise sa vie et la vie de sa famille pour l’amour de Vronski et d’autre part , la vie d’un jeune
gentilhomme campagnard Lévine, heureux en amour, dont les idées libérales sont proches de celle de
Tolstoï qui se pose des questions sur la vie, la mort et sur les relations avec Dieu.
Dans son dernier roman, Résurrection (1889-99) Tolstoï tire la conclusion de ses recherches concernant
la politique, la religion, et la place de l’homme dans le monde. Son personnage principal, Nekhlioudov
est émotionnellement proche de lui dont la moralité, l’amour de Dieu et des hommes, la conscience,
l’amènent à faire de bonnes actions. Il dénonce l’hypocrisie et la cruauté d’un système judiciaire qui a
pour mission de défendre les avantages économiques et sociaux d’une classe privilégiée et corrompue.
Dans Résurrection, outre la qualité poétique on découvre aussi le réalisme de Tolstoï.
Au début des années 1901 Lev Tolstoï, en conflit avec la religion, est excommunié par le saint synode
orthodoxe.
Tolstoï qui a perdu tout intérêt pour la vie, pense au suicide, mais il se passionne pour les travaux des
champs et travaille avec les paysans de son domaine, il est devenu végétarien, il lègue tous ses biens à
sa famille et refuse ses droits d’auteur. De son point de vue, la possession de richesses n’est pas
compatible avec ses idées. Cet état d’esprit le fait entrer en conflit avec sa famille. Ce double conflit le
tourmente. Il quitte en cachette Iasnaïa Poliana une nuit de l’automne 1910, à l’âge de 82 ans,
accompagné de l’une de ses filles et de son médecin. Dix jours après, il meurt d’une pneumonie dans la
gare d’Astapovo. Son œuvre et son immense popularité mondiale ont fait de lui un génie de la
littérature Russe.
d) Tourgenev Ivan Sergéevitche (1818 - 1883)
Tourgenev est l’auteur de romans réalistes, de nouvelles et de
drames. Né dans la province d’Orel, en Russie, il est devenu
célèbre dès l’âge de 22 ans.
Il a commencé son parcours par la création d’œuvres poétiques,
influencé par des poètes tels que Pouchkine, Lermontov, Byron et
Goethe. Il développe un don naturel pour l’écriture. Son œuvre
débute en 1837 et s’achève en 1882 par Les Poèmes dans la
prose. Les deux premiers poèmes sont publiés dans la revue «
Contemporain » en 1838.
L’éducation des enfants de la famille Tourgenev a été faite par
des gouverneurs français et allemands. Par la suite, afin de
parfaire l’éducation de leurs enfants, les Tourgenev vont acheter une maison à Moscou où ils
s’installent. Le père, aristocrate et joueur, n’éprouvait aucun sentiment pour sa femme, grande
propriétaire terrienne, qui elle-même avait un mépris profond pour tous les russes et tout ce qui avait
trait à la culture russe. Les membres de la famille s’exprimaient entre eux exclusivement en français.
A l’époque de Tourgueniev, en Russie le servage était encore en vigueur. Durant les années 1840, la
censure punissait sévèrement tout mouvement qui dénonçait l’esclavage. Toutefois, la jeunesse
littéraire, dont faisait partie Tourgenev, désapprouve le servage, il aborde donc le sujet avec précaution
dans un écrit intitulé Mémoire d’un chasseur, (livre qui réunit différents récits) il y démontre entre autre
son amour profond pour les gens simples. Ce livre joue un rôle considérable dans l’opinion de
l’intelligentsia russe et bouleverse le futur empereur, qui, devenu empereur à son tour en 1855, sous le
nom d’Alexandre II fait abolir le servage.
Tourguenev, voyage souvent entre l’Europe et la Russie. Il tombe amoureux d’une femme mariée,
Pauline Viardot chanteuse, compositrice et pianiste, elle lui inspire les personnages de ses romans, qui
comme lui, se montrent toujours timides et hésitants. Ses récits se terminent en général tragiquement.
En dehors de ses nombreux voyages, Il passe 38 ans de sa vie auprès de Pauline et de son mari qu’il
apprécie et de qui il est apprécié. Monsieur Viardot est un critique d’art célèbre. C’est lui qui traduit en
Français l’œuvre de Tourguenev.
Aucun autre écrivain Russe n’a idéalisé la femme autant que lui.
Ses principaux romans sont écrits durant les années 1860 ; avec son roman Roudine (1856) commence la
période glorieuse de ses grandes œuvres telles : Nid de gentilhomme (1859), A la veille (1860), Pères et
fils (1862).
C’est l’époque à laquelle débute un grand changement dans la vie sociale de la Russie. Tourgenev est
l’un des premiers à décrire cette transformation, dénonçant une génération inactive et sans volonté et
en décrivant une nouvelle, talentueuse et tournée vers l’action.
Il décède à Paris le 4 Septembre 1883 et selon ses dernières volontés, il est inhumé dans le cimetière de
Volkoff, à Saint-Pétersbourg, en Russie.
Le site russe en langue française : http://www.turgenev.org.ru/fr/biographie.htm donne des
informations supplémentaires.