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| LES DÉBATS DE L’INSTITUT DE L’ENTREPRISE
SYNTHÈSE
Le travail le dimanche :
avancée économique ou régression sociale ?
Conférence-débat du 12 février 2015
Marc CANAPLE et Dominique MONERO, CCIP
Bernadette DUREAU, Groupe hospitalier St-Joseph
Danièle LINHART, CNRS
Le travail du dimanche :
avancée économique ou
régression sociale ?
Présentation de Marc Canaple et
Dominique Monero :
Le rapport de la Chambre de Commerce et de
l’Industrie de Paris s’appuie sur des échanges, aussi
bien avec de petits commerçants que de grands
groupes comme les Galeries Lafayette. Ce rapport
prône une libéralisation maîtrisée du travail le
dimanche, à savoir :
• un système moins complexe, plus cohérent
• un repos hebdomadaire qui n’interviendrait pas
nécessairement le dimanche
• le principe du volontariat des salariés et des commerçants
• le maintien de la fermeture à 13h dans le secteur
alimentaire
• un accompagnement à travers plus de transports
collectifs le dimanche, des systèmes de garde
d’enfant…
• la généralisation des accords référendaires pour
éviter que des syndicats minoritaires décident à la
place des salariés
• Présentation de Bernadette Dureau :
• Le dimanche est un jour travaillé à l’hôpital mais
particulier :
• il n’y a que des opérations médicales d’urgence,
les autres opérations et les consultations ont lieu
en semaine
• en revanche, le service des urgences est plus sollicité car il y a plus d’accidents le dimanche qu’en
semaine
• au total, il y a moins de personnel et moins d’activité le dimanche
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Tout le personnel médical est susceptible de travailler
le dimanche. En moyenne, chacun travaille un
dimanche sur deux (une fois toutes les 2 semaines ou
bien 4 dimanches de suite puis 4 dimanches de repos).
Pour une infirmière, la prime du dimanche est d’environ
78 euros, soit une hausse de 50% de sa rémunération,
ce qui représente bien entendu un coût pour l’hôpital.
Il n’y a pas de résistance des salariés car cela fait partie
du métier, il y a une hausse de salaire et c’est un jour
avec généralement moins de pression au travail. Au
contraire, l’hôpital a parfois du mal à trouver des
volontaires pour les postes qui consistent à ne jamais
travailler le dimanche.
Le travail le dimanche :
avancée économqiue ou régression sociale ?
Présentation de Danièle Linhart :
La pénibilité est perçue par les salariés quand elle ne
semble pas avoir de sens, quand elle est atypique par
rapport au métier et quand elle ne semble pas légitime. Des conditions de travail difficiles peuvent au
contraire donner un côté héroïque.
La question est jusqu’où la vie privée est colonisée
par la recherche à court terme de gains financiers. On
peut citer l’exemple de Ford qui est allé jusqu’à surveiller chez eux les ouvriers pour vérifier que leur mode de
vie leur permettait d’être en forme au travail.
Travailler le dimanche représente un bouleversement
de la société. Par exemple, les mères monoparentales
vont vouloir gagner plus en travailler le dimanche car
elles en ont besoin, mais qui va garder leurs enfants
pendant ce temps ? Il y a un risque de complication
pour les plus fragilisés dans la société.
DÉBAT AVEC LA SALLE :
Un paradoxe est soulevé : en tant que consommateurs, nous voulons pouvoir consommer à tout moment mais nous apprécions aussi de ne pas travailler
le dimanche.
Travailler le dimanche est-il créateur d’emplois ? La
CCIP estime que 15 000 emplois pourraient être
créés en Ile de France en cas de libéralisation totale
du travail dominical. Mais il y a un risque de déstabilisation des petits commerçants.
La France est le 1er pays pour accueillir des touristes
dans le monde, mais le 8ème du point de vue des
dépenses. A Londres, les magasins sont ouverts
jusqu’à 18h le dimanche. L’accueil quand on arrive à
la gare est très différent de celui à Paris où peu de
commerces sont ouverts. Cela participe à l’animation
des villes.
L’exemple de Sephora montre que les salariés peuvent
être demandeurs de travailler le dimanche ou le soir
car il y a un avantage financier et une ambiance différente.
Les grands magasins ne sont pas demandeurs de travailler tous les dimanches. Cela entraînerait un surcoût important. Ils souhaitent pouvoir ouvrir certains
dimanches, suivant leurs besoins. Ils ont d’ailleurs
souvent trop de volontaires pour travailler le dimanche
parmi leurs salariés !
Prochain petit déjeuner débat : le 19 mars 2015 sur
la mobilisation sociale du patronat, à travers un retour
sur le mouvement des pigeons et les patrons descendus dans la rue en décembre 2014.
Il faut prendre en compte la globalisation, le e-commerce et les habitudes des nouvelles générations.
Interdire le travail le dimanche revient à avantager les
achats sur Internet, souvent dans des pays étrangers,
par rapport aux commerces locaux.
Les débats de l’Institut de l’entreprise — Février 2015
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