Refus de soin de la part du patient à domicile
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Refus de soin de la part du patient à domicile
Les entretiens d’HABEO Refus de soin de la part du patient à domicile : Cadre juridique et légal 16 novembre 2011 HABEO Hôpital Paul Brousse 12/14 avenue Paul Vaillant Couturier 94800 Villejuif www.habeo.org L’association HABEO a organisé le 16 novembre 2011 une matinée sur le thème « refus de soin à domicile ». Cette matinée a réuni des professionnels autour de 3 intervenants : • Nathalie Dourneau, directrice nationale du pôle soin de la société DOMIDOM. Nathalie DOURNEAU est depuis 2007 la Directrice Nationale du pôle soins de la société DOMIDOM Soins et dirige plusieurs établissements médico-sociaux (SSIAD). Elle expérimente actuellement un modèle de SSIAD renforcé destiné à des patients poly-pathologiques et fortement dépendants et/ou en phase palliative de leur maladie. En parallèle, elle a participé aux travaux menés par l’ANAP sur l’amélioration du parcours de santé de la personne âgée. • Sylvie Nicolas, directrice d’un service d’éducation et de soins spécialisés à domicile de l’Association des Paralysés de France. Titulaire d’un Master de droit de la santé « droit de la gestion des établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux », Sylvie Nicolas s’intéresse aux droits des patients et, plus particulièrement, aux droits des enfants. Elle participe par ailleurs à l’élaboration de documents de prévention de la maltraitance et anime diverses réunions sur ce thème avec professionnels, usagers, bénévoles... • Josiane Vibert, ancienne directrice d’une maison d’accueil spécialisée. Intervenante auprès de services d’aide à domicile, directrice adjointe d’une maison de retraite, puis directrice d’une Maison d’Accueil Spécialisée durant 13 ans, Josiane Vibert a créé un organisme de formation en 2001 pour aborder des thèmes comme la personne polyhandicapée, la personne autiste, accompagner des personnes handicapées au domicile, le travail en équipe. A la retraite depuis quelques mois, elle est aujourd’hui engagée auprès de l’association HABEO. Ce document présente la retranscription des interventions et des extraits des échanges avec la salle, ce qui explique que le langage parlé soit marqué à certains moments. Caroline Lemoine - HABEO Introduction Tous les professionnels du domi- l’absolu chaque professionnel peut fondamentaux relatifs à ce sujet ; cile ont été, seront ou seront comprendre, sont aussi un droit - Une deuxième intervention fera confrontés actuellement à une qui peut mettre les profession- un point sur le refus provenant situation de refus que cela vienne nels dans des situations extrême- d’une personne extérieur : le tiers d’une personne âgée ou d’une ment délicates : le respect de ce de confiance, la famille ; personne handicapée. droit entraine parfois en effet un - Une troisième intervention pré- Ce refus peut concerner différents dilemme quand il semble empê- sentera différents types de refus points : refus d’une aide maté- cher d’agir pour le bien-être de la entendus au quotidien et diffé- rielle, d’une aide humaine, d’une personne. rentes pistes pour mieux les com- aide sociale. On sait aussi que ce C’est dans ce contexte que les prendre afin d’y répondre. refus, énoncé ici de manière très interventions d’aujourd’hui vont Le but de cette rencontre sera posée, peut être prononcé de ma- avoir lieu : donc de donner du sens à ce refus nière très virulente voire violente, - et que les manifestations du re- concernera le contexte juridique fus, si elles sont un droit que dans et légal, la présentation des textes Une première intervention pour ne pas s’arrêter à un affrontement. 2 Sylvie Nicolas Contexte juridique Je vais vous donner quelques jeu de la relation soignant-soigné sentielle, elle est à la base du soin. repères importants à avoir à est que la délivrance de l’informa- Seule l’urgence ou l’impossibilité l’esprit, car toute notre action est tion se fasse de la manière la plus d’informer la personne peuvent en sous-tendue par le respect de la adaptée et la plus « authentique dispenser. personne mais aussi celui de la » possible : si le patient a face à loi, dont le non-respect peut avoir lui une équipe qui a déjà une idée Dans le cas des mineurs ou des des conséquences importantes. préconçue de ce qui est de son in- majeurs sous tutelle, les droits térêt, il est évident que l’informa- sont exercés par les titulaires de L’encadrement du refus de soin est tion va lui être délivrée de manière l’autorité parentale ou par le tu- devenu une nécessité visible dans biaisée. On peut délivrer une infor- teur. la loi du 4 mars 2002 relative aux mation en faisant pression, voire Seules les personnes sous tutelle droits des malades et à la qualité, en étant menaçant, comme mal- complète voient leurs droits modi- plus communément appelée loi heureusement cela arrive encore « fiés. En cas de curatelle ou de sau- Koucher. si vous refusez le traitement, vous vegarde, les droits sont les mêmes quittez mon service et vous n’y : les personnes sont donc asso- Cette loi a mis au centre de ses remettez pas les pieds ». Ce com- ciées et décident de ce qu’elles préoccupations l’autonomie de la portement est aussi inadmissible veulent pour elles, pour leur santé. personne, du malade, du patient. qu’illégal. Elle légalise le refus de soin à tra- Il faut également que l’information Les vers, en particulier, deux articles soit claire et compréhensible, à la droits restreints, ont cepen- particulièrement importants, l’ar- portée de l’interlocuteur. dant le droit de recevoir eux- ticle 1111.4 et l’article 1111.2 du personnes qui ont des mêmes l’information qui les code de la Santé Publique. Elle Si la personne persiste dans son concerne et de participer aux a également établi le libre choix refus d’accepter les soins, la dé- décisions. Là aussi, l’informa- entre la prestation. Le patient a le marche tion doit être adaptée à leurs droit de choisir entre tel et tel soin, discussion, de dialogue, doit être telle et telle alternative, et coro- tracée dans son dossier médical. laire à cela, il a le droit de refuser Cela ne veut pas dire qu’il faut la prestation proposée. S’il refuse demander à la personne de signer tout traitement, ce refus pouvant des documents : cette signature Une fois les personnes informées, entrainer une mise en danger, le n’a aucune valeur juridique, ce on doit impérativement recueillir médecin doit tout mettre en œuvre n’est pas une décharge mais elle leur consentement libre et éclairé. pour le convaincre. peut servir de preuve de la dé- C’était déjà présent dans le code Ce droit est donc lié au droit à l’in- marche d’accompagnement. de déontologie médicale en 1995 d’accompagnement, de capacités de compréhension. Le consentement où il était indiqué qu’il importait de formation. L’information porte sur le trai- porter la plus grande attention aux tement proposé (1111.2) mais sentiments exprimés par l’intéres- aussi sur conséquences, sur sé et d’en tenir compte dans toute Une personne malade, par rapport leurs risques et les alterna- la mesure du possible. à une équipe de soin, est souvent tives possibles. dans un état d’infériorité. Tout l’en- L’information est absolument es- Le droit à l’information 3 Qui dit consentement dit, en Dans toutes nos structures, il n’y face, a plus de service de soins palliatifs possibilité d’un refus Les situations d’urgence éclairé. puisqu’il est du ressort de toutes Dans les situations d’urgence, de A partir du moment où il y a eu les équipes médicales mais aussi danger vital immédiat, les refus une prescription, s’il y a ensuite médicosociales, et donc du domi- sont extrêmement rares. La plu- refus, le cadre règlementaire cile, d’assurer ces soins palliatifs. part du temps ils sont exprimés de est clair, la prescription doit être retirée. Sinon, l’équipe est manière anticipée. La personne de confiance bloquée entre la prescription Chacun peut d’ailleurs écrire ses directives anticipées, il faut du médecin et le souhait du La personne de confiance prend que ce soit daté, signé et que patient. Pour autant, la préco- le pas sur toute autre personne le document ait moins de 3 ans nisation qui a conduit à cette proche, toute autre personne à la date de la situation où la prescription maintenue, non médicale. Ceci est valable personne ne peut exprimer son voire réexpliquée, pour don- pour les majeurs, mais pas pour les avis. ner le maximum d’éléments de personnes sous tutelle, quoi que le compréhension à la personne. juge des tutelles puisse confirmer, Ce danger immédiat met souvent ou pas, la mission de la personne les équipes de soin en porte-à- On peut également refuser un jour de confiance. faux. D’une façon générale, cette et accepter, une semaine, un mois, Dans les cas où le patient est hors situation oblige tout citoyen à ai- six mois après, ce qui signifie que d’état d’exprimer sa volonté, il faut der la personne en péril et à agir le refus doit être réinterrogé, que cette personne de confiance pour sauvegarder sa sécurité. Si pour savoir si la personne a ou à défaut un de ses proches ait la personne est dans le coma par encore le même avis. Là aussi, il été consulté. exemple, il y a deux obligations, est faut garder des traces dans le dos- secourir, et consulter la personne sier médical et dans le projet de Pour le mineur et le majeur protégé soin de la personne. : la loi du 5 mars 2007 indique avec de confiance. beaucoup de force que le consen- Si la personne est consciente et tement doit être recherché sys- refuse les soins, il y a conflit entre tématiquement si la personne est le respect du refus de la personne Un autre principe fondamental : la apte à exprimer sa volonté, à par- (article 111.4) et personne malade a droit au res- ticiper à la décision. Cependant, (non assistance à personne en pect de sa dignité. bien souvent dans les équipes danger). Le code de déontologie L’article 1110.2 touche aux soins on fait un raccourci : la per- médicale impose à tout médecin palliatifs. Ces soins sont des soins sonne est sous tutelle donc elle d’apporter assistance à une per- actifs qui visent à apaiser la souf- ne décide rien. Cette affirma- sonne en péril. Le refus de la per- france tant physiques que psy- tion est fausse, puisque sous sonne de confiance n’est pas oppo- chiques, à sauvegarder la dignité, tutelle la personne est associée sable à la décision du médecin. à soutenir l’entourage. à tout ce qui la concerne, et on Le respect de la dignité Quand le code pénal ces soins peuvent être proposés à cherche son adhésion. Concernant les témoins de Jehova, la personne, les refus de soin en Il ne faut pas oublier que nous le Conseil d’Etat, il y a une dizaine tant que tels diminuent. Quelqu’un avons également des droits consti- d’années, a donné raison à un qui a mal, qui souffre, n’a qu’une tutionnels concernant l’inviolabilité chirurgien qui avait pratiqué une envie, que ça s’arrête. Cependant, et l’indisponibilité du corps : nul transfusion sanguine alors que la à partir du moment où l’on peut ne peut être contraint de subir une personne avait explicité son refus soulager la souffrance, il peut alors atteinte sur son corps. avant. Le conseil d’Etat s’est voir les choses d’une autre façon. appuyé sur le fait que le 4 devoir du médecin était de sau- cepter, respecter le choix du ver ce patient et qu’on ne pouvait patient, c’est renoncer à sau- pas prendre en compte le motif ver le patient. C’est parfois un religieux, comme pour les maris dilemme, renoncer à être celui ou les pères qui refusent que leur qui sait ce qui est bon pour le épouse / fille soit soignée par un patient. médecin homme. La loi Léonetti Quand j’avais 17 ans, je suis déjà mort Je peux difficilement parler du Je vais finir en évoquant un jeune refus de soin sans parler de la loi homme de 17 ans passés avec le- Léonetti, relative à la fin de vie. quel j’ai travaillé. Il présentait une C’est une loi qui a été votée dans déficience due à une maladie neu- un contexte émotionnel très fort, romusculaire très évoluée. Il pe- la situation de la famille Humbert. sait 30 kilogrammes, avait beau- Cette affaire a engagé un débat coup d’escarres. Il était à bout de important autour de l’euthanasie. vie, à bout de souffle. Le droit français n’est pas allé En toute connaissance de cause, jusqu’à autoriser à pratiquer il avait demandé à ne pas avoir un geste actif, mais il accorde de trachéotomie. Avec l’appui de le droit à laisser mourir : la loi l’équipe de soin, il avait convaincu autorise la suspension ou la ses parents. L’équipe avait relayé non mise en œuvre d’un traite- sa parole auprès de du service de ment. Il faut évaluer le caractère pneumologie. raisonnable et proportionné du traitement, prendre en compte les Le jour où il a été hospitalisé, pour volontés du patient, sauvegarder une détresse respiratoire, l’équipe sa dignité et informer le patient a cependant pratiqué une tra- et ses proches du « double effet chéotomie et une gastrostomie. ». C’est le cas par exemple pour J’ai retrouvé ce jeune homme l’utilisation des morphiniques, qui plusieurs années plus tard, il vi- apaisent la douleur mais peuvent vait dans une résidence pour per- aussi abréger la vie. sonnes en situation de handicap, Les discussions autour de cette loi il était reclus dans sa chambre, il ont suscité beaucoup de zones de vivait allongé, et il disait : tensions : « quand j’avais 17 ans, je suis - par rapport au droit français : déjà mort ». dans la constitution de 1948 il n’y C’est quelque chose qui m’a fait a pas d’existence du droit à mou- beaucoup réfléchir, et m’a sûre- rir ; ment conduite ici aujourd’hui. - par rapport à la religion : tu ne tueras point / tu n’as pas le droit de te suicider. Cet évènement a beaucoup secoué les médecins puisqu’ac- 5 Josiane Vibert Le refus d’un tiers Je vais orienter mon intervention sures de types différents. au niveau des soins à prodiguer, sur les personnes qui sont sous • Les personnes protégées sont de l’accompagnement dans la vie une mesure de protection juri- des citoyens à part entière, quotidienne, de l’hygiène, de l’en- dique, notamment de tutelle, ce avec leur dignité, leur espace vital tretien. Si cela n’est pas assuré, qui est le cas de personnes lourde- de liberté et leur marge d’autono- les membres de la famille peuvent ment dépendantes. mie. être mis en cause pour ne pas être • La protection d’une personne intervenus ou ne pas avoir fait de Dans certaines situations, le patient vulnérable est avant tout une signalement aux services compé- n’est plus en mesure de pouvoir affaire de famille, la loi privilégie tents alors qu’ils avaient connais- agir et de décider seul. Le grand donc le recours aux proches pour sance de la situation. âge, la maladie, les accidents de la exercer les mesures de protection. Droit à l’information et consentelectuelle peuvent mettre un indi- La loi impose au juge un ordre ment aux soins vie, le handicap, la déficience intel- vidu en grande difficulté, dès lors de priorité (personne choisie à qu’il ne paraît plus avoir la capacité l’avance par le majeur, conjoint ou Sous tutelle, la personne majeure physique ou de l’évaluation de ce concubin, partenaire pacsé, pa- doit recevoir directement les infor- qui est bon pour lui. Le législateur, rent, allié ou personne entretenant mations, de façon adaptée à son depuis plus de 40 ans, a permis des liens étroits avec le majeur) état et à son degré de compréhen- grâce à des mesures de protection, A défaut de ces personnes ou en sion et participer à la prise de dé- d’éviter que la vulnérabilité de ces cas de désaccord, un professionnel cision. Le tuteur reçoit également personnes majeures ne soit source nommé « mandataire judiciaire à l’information médicale. La décision d’abus. Cette loi vient d’être réno- la protection des majeurs » sera est alors partagée. vée. Votée le 5 mars 2007, elle est désigné dans une liste tenue par le Si malgré toutes les informations entrée en vigueur le 1er janvier Préfet (anciennement « gérant de adaptées qui lui ont été données 2009. tutelle ») et ce, à plusieurs reprises, et en utilisant divers codes de commu- A travers ce texte, quelques principes forts sont clairement expri- Plusieurs types de mesures de pro- nication, le majeur est dans l’inca- més : tection existent ayant pour objec- pacité d’exprimer sa volonté, ou • Chaque situation de vulnéra- tif de porter assistance, protéger ne semble pas avoir compris ces bilité est particulière et n’appel- ou encore prémunir de son com- informations, le tuteur seul peut lera pas de réponse stéréotypée. portement une personne majeure alors décider des actes et consen- Le type de protection doit donc ne pouvant agir seule que ce soit tir aux soins courants. s’adapter à l’état de la personne. temporairement ou durablement. • Toute restriction à la liber- Je vous propose ici de n’évoquer té d’agir et de décider par soi que la mesure de tutelle, puisque même doit être justifiée et pro- c’est le seul régime de représenta- (code de la santé publique par la portionnelle aux besoins de la tion légal de la personne. loi du 4 mars 2002 relative aux La personne de confiance droits des malades et à la qualité personne Il y a une ligne de partage A noter : Dans l’attente de la mise du système de santé.) entre altération des facultés en place d’une mesure de pro- Chacun peut désigner une per- mentales et difficultés sociales tection, l’entourage proche a un sonne de confiance qui sera et économiques, donc des me- devoir l’interlocuteur d’une équipe • d’assistance notamment 6 soignante en cas d’impossibilité à immédiat. décider. Si la personne majeure est dans le cadre de la prestation de compensation du handicap (PCH). lucide et le demande, la personne Le tuteur (dans les cas où le ma- de confiance (qu’elle aura préala- jeur protégé ne peut pas expriser Au début de l’accompagnement de blement désignée par écrit, l’iden- sa volonté) peut refuser les soins. ce monsieur, l’association interve- tité et les coordonnées de celle-ci Si soin refus de soins entraine des nante est encore peu formée aux devant alors figurer dans le dos- conséquences graves pour la santé interventions auprès de personnes sier du patient) peut l’accompa- du majeur, le médecin peut délivrer handicapées… Les difficultés sont gner dans ses démarches et assis- les soins indispensables et passer nombreuses, ter aux entretiens médicaux afin outre le refus du tuteur. accepte volontiers les interventions de l’aider dans ses décisions. Elle notamment Pierre du matin, mais refuse presque sys- pourra donner un avis, conseiller le Sauf risque vital : c’est le refus du tématiquement les interventions patient, mais en aucun cas parler majeur qui prévaut sur le refus du de fin de journée. Il refuse d’ouvrir ou décider à sa place. tuteur. sa porte ou bien s’il le fait, il peut être très coléreux, crie et terri- Si la personne n’est plus en La loi ne rappelle cette obli- fie les intervenantes qui le per- état d’exprimer sa volonté, la gation de respecter la volonté çoivent comme menaçant. personne de confiance devient du l’usager que pour le seul quasiment incontournable : le médecin. Elle doit être inter- Sa sœur dans un grand souhait de médecin devra solliciter son prétée comme s’appliquant à « bien faire » et ne voulant pas consentement avant toute in- l’ensemble des professionnels. que son frère manque de quoi que tervention ou traitement, sauf ce soit, est très mécontente envers urgence ou impossibilité. Elle Je voudrais évoquer maintenant l’association lorsqu’une interven- ne prend cependant pas le pas sur deux cas de refus de soins dans tion n’a pu avoir lieu. Les interve- le tuteur si celui-ci existe. Notons deux contextes différents, pour nantes sont « les profession- que la personne de confiance peut deux personnes sous tutelle d’un nelles » et doivent réussir à être également le tuteur. membre de leur famille. le convaincre d’accepter l’aide prévue. (Ce qu’elle-même ne par- A noter qu’une personne sous Pierre tutelle ne peut désigner de vient pas toujours à faire…c’est une situation classique). personne de confiance posté- Pierre a 45 ans. Il souffre de rieurement à son jugement de grosses séquelles de traumatisme Les aides à domicile sont tiraillées tutelle. crânien à la suite d’un accident de entre un employeur qui ne com- A noter également qu’un juge travail. Très peu de séquelles mo- prend pas toujours très bien les peut confirmer ou révoquer la per- trices (il est valide) mais quelques réalités de terrain, un tuteur qui sonne de confiance qui aurait été problèmes d’équilibre, d’attention, exige une prestation et un patient désignée antérieurement à la mise de concentration et de mémoire. qui la refuse… Plusieurs d’entre sous tutelle. L’essentiel de ses troubles est elles expriment tant à travers comportemental. Il est sous la tu- le refus de Pierre que l’insis- telle de sa sœur, les parents, âgés, tance de sa sœur la remise en lui ayant passé le relai. Pierre vit cause de leurs qualités profes- Pour le majeur sous tutelle : après seul en appartement, ne peut plus sionnelles. avoir reçu les informations néces- travailler. Il occupe son temps à saires, il peut refuser un acte. regarder la télévision et à faire C’est grâce à une formation sur FLe médecin est tenu de respec- des collages. Il bénéficie de nom- la connaissance du handi- teur ce refus, sauf danger vital breuses heures d’aide à domicile cap que la situation va peu Le refus de soin 7 à peu se débloquer. Lors d’une comme le serait une peau. Y faire des affects parfois ambigus et réunion de synthèse entre pro- intrusion, certains jours, c’est est fréquemment dans la mécon- fessionnels, chacun a pu à la fois pour lui insupportable. Pierre naissance des conséquences d’une exprimer ses craintes, son désar- n’est pas « méchant », contrai- pathologie.Soutenir les équipes roi, son sentiment d’échec et se rement aux propos véhiculés à pour lesquelles le refus de trouver rassuré à travers les divers son encontre, il dit juste son soins peut être vécu comme un témoignages. angoisse et son besoin de pro- échec, une remise en cause de Mais les intervenantes ont pu tection. leurs compétences. les pratiques qui « marchaient Que se passe-t-il quand l’interven- Carine » parfois : apporter un magazine tion ne peut avoir lieu ? pour les collages dont Pierre est En fait, rien de grave. Parfois Pierre Mme B. est la tutrice de sa fille passionné, proposer de boire un peut dormir tout habillé, oublie Carine, jeune polyhandicapée de thé ou un café ensemble, … afin parfois de manger ce qui lui a été 25 qu’il accepte d’ouvrir sa porte. Ces préparé, ou bien il vide le frigo… domicile est assez pluri discipli- propositions étaient des biais Mais jamais de conséquences fâ- naire, bien que Mme B. souhaite pour ne pas dire « je viens cheuses dès lors qu’il a une quan- participer à tous les actes de la vie vous aider pour la soirée », « tité de nourriture « raisonnable » à quotidienne. Aussi son épuise- je viens vous aider à préparer portée de main. La plus difficile à ment s’accentue, sa patience votre repas ». Des petits sub- convaincre de repenser la réparti- s’émousse… Les intervenantes terfuges, un peu de manipu- tion des heures d’intervention sera au domicile sont les témoins lation, peut-être, mais surtout la sœur de Pierre qui vit assez diffi- impuissants de cette situation. beaucoup de gentillesse, des cilement l’idée que celui-ci soit seul actes bienveillants. Pierre avait durant de nombreuses heures. aussi dégager quelles étaient ouvert la porte à plusieurs reprises ans. L’accompagnement au Les temps les plus pénibles sont ceux des repas, parfois donnés avec des petites astuces comme Mais avec du temps, des tâtonne- par les auxiliaires de vie sociale. ça. ments, un interlocuteur en qui elle Carine, du fait de ses importants a confiance, revoir le plan d’aide troubles C’est l’observation des comporte- a été possible en augmentant les nombreuses fausses routes. Des ments de Pierre en fin de journée heures du matin et en supprimant particules qui ont vraiment permis un réa- les heures de fin de journée. alors dans ses voies respiratoires justement des interventions. Vers la fin de l’après midi, Pierre a de causant neurologiques, alimentaires des fait de passent affections pulmo- naires à répétition. nombreux rituels : il ferme ses La démarche • Eviter les jugements arbi- volets, tire les rideaux, ouvre son traires : méchant, violent, agres- L’état de santé de Carine est as- lit. Il se prépare pour la nuit. Nous sif. sez altéré, bien que l’on ne puisse avons alors essayé de donner du • Mais donner du sens aux parler vraiment de risque vital sens à ce qui passait pour des « comportements inhérents à la imminent. Néanmoins le risque manies. » Fermée, sa maison de- pathologie dont souffre la per- d’accident d’obstruction reste im- vient un cocon qu’il souhaite sans sonne accompagnée. portant. doute hermétique, bien isolée de • Rechercher des alternatives L’équipe médicale sait que seule l’extérieur. Il dit bien par ses actes d’accompagnement où chacun y une intervention de gastrostomie son souci de protection et son an- trouvera son compte, sans se sen- et donc de nourriture par voie goisse face aux intrusions. Toucher tir malveillant ou négligent entérale serait la solution pour à sa maison, c’est comme toucher • Comprendre le positionne- améliorer l’état général de Carine à son corps. Sa maison est son en- ment de la famille qui, souvent, et éviter les douleurs liées veloppe, sa carapace protectrice, n’a pas été accompagnée, qui a à l’ingestion des aliments 8 (A noter que les repas peuvent durer parfois 1heure et demie…) . avoir un langage simple et accessible. • Anticiper ou répondre aux La démarche éventuelles questions : la sonde peut-elle tomber ? se boucher ? Bien que le refus de Mme B. soit comment administrer les médi- ferme au sujet de cette inter- caments ? peut-on continuer à vention, l’équipe décide d’entre- manger par la bouche ? Et pour la prendre un travail d’accompagne- douche, comment faire ? ment auprès de cette maman afin • Donner la garantie de notre de la convaincre du bien fondé présence quelle que soit la dé- de cette proposition. Cette dé- cision prise marche nécessite de la cohé- • Nous lui avons fait rencon- rence et une bonne répartition trer une famille qui avait été des interventions. Chacun ve- « résistante » de nombreuses nant avec sa compétence, sa tech- années avant d’envisager une in- nicité et ses arguments. tervention de ce type. Le fait que cette famille puisse dire que si • Entendre les motifs qui jus- c’était à refaire, elle l’aurait fait 5 tifient pour elle de continuer ce ans plus tôt, qu’elle évoque la sim- mode de nourriture (notion de plicité des manipulations, les dou- plaisir, garder son rôle de « bonne leurs diminuées, a été déterminant maman », celle qui nourrit). dans l’acceptation de Mme B. • L’aider à comprendre les risques de continuer l’alimenta- Mais il aura fallu presque 3 années tion exclusivement par voie buc- de négociations, de zones de ten- cale. L’association d’aide à domi- sion, de craintes avant d’apprivoi- cile prend soin de faire signer une ser l’idée d’un changement radical décharge à Mme B. pour ce qui et irréversible de l’alimentation. concerne un éventuel accident obstructif lors d’un repas donné par une auxiliaire de vie. A noter : une décharge n’a aucune valeur juridique. C’est la personne qui fait l’acte qui est responsable aux yeux de la loi. Néanmoins, un tel document permettrait à un juge d’avoir la preuve que les risques étaient bien connus de la personne responsable légale. • Avoir un discours loyal au niveau des risques éventuels autour de l’intervention. • Ne pas « noyer » sous les informations techniques mais 9 Nathalie Dourneau Comprendre les refus Mes équipes m’interpellent réguliè- que la tension n’est pas bonne, rement car elles sont confrontées à Le refus de se conformer aux dit qu’il faut appeler le médecin. des refus de soin. J’ai donc orien- prescriptions Je La personne répond « non, je re- té mon intervention sur les refus prends l’exemple d’un patient dia- fuse qu’on appelle mon médecin, de soins au quotidien qui nous « bétique qui est sous insuline. Nous aujourd’hui c’est son remplaçant, pourrissent » la vie, dirigeants ou savons très bien que si le régime je ne veux pas le voir » ou « non équipes soignantes. alimentaire n’est pas bien suivi, le je refuse, je n’ai pas les moyens traitement ne sera pas bien adap- de payer aujourd’hui ». Qu’est-ce té, car c’est une part importante qu’on fait dans ces cas-là alors que de la prise en charge du diabète. c’est urgent ? C’est très compliqué Le refus de la toilette. Nous ren- Suite à une glycémie extrêmement à gérer. On rencontre de plus en controns régulièrement des per- haute, par exemple, on fait de l’in- plus cette question pécuniaire. sonnes âgées qui ne veulent pas suline, de l’insuline rapide, mais que la toilette soit faite par telle quel intérêt ? car lorsque l’interve- Le refus d’ouvrir la porte ou de personne. per- nant va quitter le domicile la per- répondre à l’interphone. La per- sonne ? C’est peut-être un homme, sonne va s’empiffrer de confiture, sonne ne répond pas du tout ou parfois ça ne plaît pas trop qu’un de Nutella, de bonbons… C’est un alors, elle répond un interphone et homme fasse sa toilette à une petit refus, celui de se confor- dit « non, aujourd’hui je n’ai pas femme ou vice versa. Parfois, c’est mer au régime alimentaire qui envie, revenez demain ». une question de couleur de peau. fait cependant parti du soin. Quelques refus Pourquoi cette médicales. On a fréquemment, je pense que Le refus des aides techniques. vous connaissez cela par cœur, des Le refus de l’hospitalisation. Ce refus est embêtant pour les refus dûs à la couleur de peau.. Ou Un jour mes équipes m’alertent équipes soignantes. L’équipe est alors, une personne ne veut que sur jeune patient paraplégique, face à une situation qui se dégrade, cette intervenante, parce qu’elle qui perd du poids sans qu’on com- face à une personne qui devient de est habituée à elle… On se retrouve prenne pourquoi. Ce patient re- plus en plus dépendante, il faudrait avec une personne âgée qui ouvre fusait catégoriquement d’aller à mettre en place un lit médicalisé, sa porte pour tel intervenant, et l’hôpital. On a essayé de négocier, un lève-malade. qui sinon, ouvre la porte, regarde de comprendre. Il a fallu enquêter J’ai eu le cas de la femme d’un l’intervenant, dit « ah non », puis un moment avant de comprendre patient qui refusait qu’on mette en referme la porte. que ce refus était dû au fait qu’il place ces aides, parce que la cou- consommait de la drogue. S’il al- leur n’irait pas avec son papier peint Le refus de prendre des médi- lait à l’hôpital, il ne pourrait plus et que les roulettes du lève-malade caments. Les infirmières arrivent avoir la drogue qu’il prenait tous allaient abîmer la moquette… Que pour donner les médicaments, et la les jours, apportée par les copains. fait-on, alors que les équipes ont personne dit « j’ai lu l’ordonnance Mais il besoin de ce matériel ? notice, j’ai vu tout ce qu’il y avait, refusant ces examens complémen- Nous je ne veux pas prendre tous ces taires. nos salariés, en mettant en place se mettait en danger en médicaments là ». L’infirmière se sommes censés protéger des aides techniques permettant retrouve embêtée, car la personne Le refus que le médecin traitant de déplacer le patient, de faire les âgée sélectionne les médicaments intervienne. Un soignant arrive transports, mais la famille est là, qu’elle accepte de prendre, et re- au domicile, trouve la personne omniprésente, et refuse. fuse certains autres. Quid du res- qui a fait un malaise, remarque pect de la prescription médicale ? 10 sement chez un conjoint quand de toilette, c’est votre droit, est- l’autre est décède. Il va se laisser ce que demain, on pourra faire une Tous ces refus sont ceux qui sont aller, refuse tout en bloc pour re- douche ? » Souvent, la personne le plus récurrent à domicile. Alors, joindre son conjoint. accepte. Que faire ? S’assurer de la compréhension Comprendre ces refus pourquoi ? du patient. Parfois on a un lan- Il y a beaucoup de refus par méconnaissance. Les gens ne com- Que faire et que dire, comment gage technique, un jargon médi- prennent pas pourquoi on veut leur peut-on agir face à tout ça ? cal. La personne répond « oui, oui faire faire un examen, pourquoi on Avant tout, il est urgent de prendre » mais en fait elle ne comprend ab- peut leur faire prendre tel ou tel du temps. solument pas ce que l’on explique. Il faut aussi que nous soignants, médicament, pourquoi l’équipe a besoin d’un lève-malade ou d’un lit Identifier les raisons du refus. nous adaptions à la compréhen- médicalisé : « vous n’avez qu’à en- Je reviens sur le cas de ce patient sion du patient que l’on a en face voyer deux infirmières, elles porte- handicapé qui refusait l’hospitali- de nous. ront bien mon mari ». sation pour une histoire de drogue. On a quand même réussi à le faire Proposer d’autres alternatives. Un autre facteur est l’angoisse : hospitaliser après de longues dis- Par rapport au lève-malade, ce que l’angoisse d’accepter qu’on vieillit, cussions. je fais en ce moment, et qui ne marche pas trop mal, c’est qu’on qu’on devient de plus en plus dépendant. Informer ou former. Par procède par étapes. Lorsque l’on Le fait de mettre en place des aides exemple dans lequel les patients se rend compte qu’un patient a techniques montre un peu plus diabétiques. Cela se fait sur du besoin d’un lève-malade, on passe l’état de dépendance. À chaque fois long terme évidemment. Il faut d’abord par le verticalisateur. Ce qu’on apporte un matériel supplé- expliquer comment se passe le qui va être moins contraignant mentaire, c’est une façon de dire diabète, quel régime alimentaire pour lui, plus acceptable. On y va que la situation se dégrade. Au- suivre, quitte à donner des menus par étapes, en apportant l’aide jourd’hui un matelas anti escarre, types au départ. technique progressivement au do- demain un lève-malade. C’est diffi- Essayer de lui faire respecter ce ré- micile. cile pour un patient et pour son en- gime et le soutenir : « vous voyez, tourage, et l’entourage a d’ailleurs comme cela, votre glycémie est Encadrer parfois plus de mal à accepter que meilleure, on n’y arrive, cela nous Lorsque l’on peut, il faut faire des le patient lui-même. permet de faire moins d’insuline, réunions d’équipe le plus fréquem- cela vous permet d’avoir moins de ment possible pour parler d’un La cause peut être aussi sim- médicaments. » Cela, ce sont des patient qui pose problème. Toute plement des troubles du juge- choses qui sont sur le longtemps. l’équipe est confrontée à la même l’équipe soignante. situation, chacun va pouvoir ap- ment, des troubles cognitifs. Quelqu’un qui refuse les soins Négocier. C’est essentiel. Dans porter sa contribution pour trouver parce qu’il est atteint de la mala- le cas de refus de la toilette, ce que la solution afin de faire accepter tel die d’Alzheimer et qu’il ne se rend je dis aux soignants c’est que le ou tel acte. pas compte de leur nécessité. Ces patient a le droit de refuser sa troubles font que le refus n’est pas toilette aujourd’hui. Il n’y a pas Faire intervenir un tiers. Quand forcément motivé. péril, il n’y a pas danger. Ce que on a la chance d’avoir un psycho- je leur conseille, c’est de négocier logue dans l’équipe, bien évidem- La dépression est aussi une que le lendemain la toilette soit ment il va être extrêmement sol- cause très fréquente. On voit acceptée, en disant par exemple « licité, aussi bien au niveau souvent des syndromes de glis- aujourd’hui, vous n’avez pas envie du patient que des aidants, 11 que des équipes. Les équipes les choses. Comme tout à l’heure, au bureau. Cela ne sert pas pour doivent aussi accepter les re- dans le cas que nous présentait un juge, comme on le disait tout fus, car pour elles c’est insup- Josiane Vibert, lorsque la famille à l’heure, mais si jamais il y a des portable d’être confrontées à a rencontré une famille qui avait problèmes après, cela peut donner un patient qui refuse tout. Elles vécu une expérience similaire. une bonne image du contexte. Ça sert à quoi de négocier, ça fait Se couvrir au niveau juridique. Informer des conséquences du une semaine, on n’arrive à rien ». Si la personne n’ouvre pas la porte, comportement du patient. L’in- cela veut dire que le soignant ne former lui, informer son entourage. se disent « pourquoi on y va ? » « Le psychologue pouvoir peut pas écrire dans son dossier expliquer, décrypter les com- qu’il est passé. Les soignants me Apaiser les équipes. Souvent portements, des disent « qu’est-ce qui prouve que elles ne supportent pas de ne pas conseils par rapport au cas du je suis bien allé chez Mme Dupont pouvoir soigner comme on leur a patient. Parfois, il est nécessaire puisqu’elle n’a pas ouvert sa porte appris à l’école, de faire intervenir un psycho-gé- ? Je n’ai pas pu consigner mon un riatre, quand il y en a un dans le passage du jour, je suis embêté, Je terminerai par une phrase de secteur. qu’est-ce que je fais ? ». conclusion simple que je dis régu- Dans ces cas-là, on négocie avec le lièrement : Prendre en charge Quand l’équipe est face à un patient pour qu’il ouvre au moins un patient domicile, ce n’est mur, il est important de faire sa porte pour pouvoir noter dans pas lui imposer un traitement, intervenir un tiers qui va dire « le dossier ce refus de soins. Ce ce vous voyez, il faudrait plutôt faire n’est pas toujours évident. Parfois dans ses décisions. comme cela, l’équipe a raison ». Ce on ne peut le noter que le lende- tiers aide vraiment à faire bouger main. Mais on a aussi les dossiers va va donner peut être l’accompagner 12 Echanges avec la salle Témoignage 1 : Protection de la tion des biens, que ce sont personne / protection des biens souvent par contre les mieux Je suis enseignante pour former placés pour la protection de la C’est dans ce type de situations que personne. les professionnels se retrouvent de futurs aides médicaux psychologiques. Avec mes élèves nous Les intervenants face au fameux mur. Ils se disent Témoignage 2 : face au mur je suis là pour soigner, je suis avons rencontré une juge de tu- là pour aider, et la personne telle. Elle leur a raconté une anec- Suite au signalement d’un CCAS, ne veut pas, pourtant je sais dote qui m’a semblé très pertinente je suis allée au domicile d’un mon- quelles sont les conséquences. pour montrer que la loi de 2007 est sieur avec une assistante sociale. hautement adaptable. Il y avait une déchéance visible de Ce sont les situations les plus ter- son état de santé, mais pas d’alté- ribles à accepter pour les profes- La juge a rencontré une personne ration de ses facultés mentales. Il sionnels. Mais dans cette situation, qui était très désocialisée, vivait y avait un réel problème au niveau vous y êtes arrivés, vous avez dans une caravane sur un terrain de la gorge, perte de dents, perte trouvé l’autre alternative lorsque vague, était très en difficulté parce de l’alimentation, pas de médecin l’on est dans l’impuissance. que très alcoolique, dépensant son traitant. Il vivait dans un caba- argent sans compter. Quelqu’un non avec sa compagne. Il accepté Ce qu’il faut, c’est surtout ne pas avait fait un signalement pour que de nous voir, mais refusé d’aller à s’arrêter au refus : il faut l’accom- cette personne bénéficie d’une tu- l’hôpital, de voir un médecin trai- pagner, travailler avec, voir si la telle. tant. Même s’il n’y avait pas d’alté- personne a peur et de quoi, don- Au cours de l’entretien avec ce mon- ration des facultés, nous avons vu ner l’information sur la pénibilité du sieur, la juge des tutelles a compris quelqu’un en pleine déchéance. traitement, accompagner la dou- qu’il avait un attachement affectif leur, voir s’il est dans une phase extraordinaire à sa caravane. Elle Nous avons consulté la cellule du a donc mis ce monsieur sous conseil général responsable des tutelle pour la gestion de son personnes vul- Et puis, il y a des personnes argent et de ses biens, sauf nérables. On nous a répondu qu’à pour qui la seule liberté qui leur pour toutes les décisions qui partir du moment où il n’y avait semble rester est le refus, dire touchent à sa caravane, pour pas d’altération des facultés c’était non. qu’aucun tiers ne puisse atteindre le droit au risque. Nous avons donc Je m’appuie sur quelqu’un qu’il ce qui faisait quasiment parti de essayé de faire différemment, en est très intéressant de lire, Paul son identité. C’est au juge d’appré- faisant intervenir le médecin coor- Ricoeur, qui dit que le refus est la cier la situation, tout est possible. dinateur d’une maison de retraite plupart du temps un besoin de re- qui a fait un travail avec le temps, connaissance de la dimension hu- Remarque de la salle afin que ce monsieur accepte d’être maine dans la situation de maladie. Vous connaissez tous une personne hospitalisé. Ce sont des situations Si on interprète bien cela, on qui bénéficie de deux tuteurs dif- très douloureuses. Jusqu’où peut- avance. férents suivant s’il s’agit de la per- on aller dans ces situations, même Il faut aller trouver la personne qui sonne ou des biens : Liliane Betten- en tenant compte de la liberté et du aura parfois, le mot qu’il faut, au court... Il faut dire aux familles droit au risque ? moment qu’il faut. particulièrement dépressive… qui ne veulent pas accepter Cela ne sera qu’au prix cette charge lourde, la protec- de plusieurs tentatives. 13 Témoignage 4 : l’hygiène dégagent. Ils ne s’approchent pas. Souvent, lorsque l’on s’aperçoit L’autre n’est pas moi, lui c’est qu’il y a des choses à faire, et que la l’enfer, moi je fais bien. C’est personne ne veut pas, les équipes une bonne idée puisque c’est la ne sont pas préparées à ce mienne... Il faut travailler sur Pour les personnes qui ont une genre de choses. Même quand on ces deux idées. Ne plus entrer suspicion d’altération des facultés est très ouvert à la décision indi- chez quelqu’un en disant « ça mentales qui n’est pas encore dia- viduelle, c’est extrêmement diffi- pue » mais en pensant « ça gnostiquée, dont le pronostic vital cile de faire passer ce message. On sent juste pas comme chez moi est mis en jeu, que faut-il faire ? reçoit des personnes qui sont SDF ». Je pense à une personne qui avait et les équipes, malheureusement, Pour cette vieille dame, l’odeur de un diabète mais ne prenait plus son veulent absolument les laver. Elles son pipi de chat, c’est son envi- traitement. On a été au domicile, sont formées à l’hygiène etc. ronnement. On ne peut pas aller on a mis en place un suivi infirmier, Lorsqu’un SDF qui arrive dans l’ins- jusqu’à l’excès, mais on peut tra- mais cela était très compliqué, elle titution, il y a tout un travail à faire vailler pour entendre que cela fait n’ouvrait pas la porte, refusait de avec des équipes pour leur expli- partie de son environnement de- voir son médecin traitant. quer que si c’est une personne qui puis tant d’année qu’on ne peut ne se lavait pas, il va falloir trou- pas l’enlever cela comme cela, que ver des moyens pour maintenir des peut-être on ne pourra jamais…et conditions d’hygiène acceptables que c’est très bien comme ça. C’est un travail de fond qui implique toute l’équipe, du médecin à la secrétaire médicale. Témoignage 3 Nathalie Dourneau Tant que la personne n’est pas pour la collectivité, mais en même sous tutelle, elle a encore la temps ne pas aller à l’affronte- Si l’autre ne veut pas se laver il faut possibilité de dire non. Quand ment, par exemple en coupant les l’entendre. Même si les équipes elle est éclairée des conséquences cheveux de force. sont formées pour maintenir une de son refus, on ne peut rien faire, c’est terrible. Ce n’est pas qu’il y a un certain niveau d’hygiène. Josiane Vibert un vide, c’est la loi qui dit qu’on ne On peut essayer de débloquer les choses en faisant comprendre peut pas forcer quelqu’un à subir Cette histoire me rappelle l’histoire pourquoi quelqu’un ne se lave pas, un traitement antidiabétique. d’un SDF qui est arrivé un jour à pourquoi quelqu’un ne veut pas J’ai eu une patiente atteinte d’un l’hôpital. Le personnel soignant di- changer ses vêtements, pourquoi cancer du sein qui refusait tout sait l’avoir « gratté au couteau », au domicile, une auxiliaire de vie traitement. On a vu grossir la tu- c’était leur expression. Le lende- n’arrive pas changer les draps. meur jusqu’à l’éclatement. Elle a main matin il était mort. souffert jusqu’à son décès (parce J’ai personnellement beaucoup tra- qu’on en est arrivé là). Ce n’est Les SDF, quand ils l’expriment, le vaillé sur l’odeur. Si on met près que deux jours avant qu’elle nous disent bien « moi la crasse que j’ai d’un petit bébé des choses qui ont a demandé de faire quelque chose. sur moi, c’est une peau en plus, l’odeur de sa maman, il va s’apai- Mais c’était trop tard l’équipe était c’est une carapace, et au moins je ser. Pour les personnes qui sont impuissante, on n’a pas pu l’opérer tiens les autres à distance ». déficientes sur le plan psychique, de force. On a juste pu la traiter pour la douleur, bien évidemment. tout ce qui tourne autour de l’odeur Je me rappelle un échange avec n’est à mon avis pas suffisamment une jeune femme à la rue qui disait utilisé. « au moins les hommes ne m’approche pas. Je sais, je pus, mais au moins il dégage ». Mon corps dégage de l’odeur, mais au moins, ils 14 problèmes respiratoires. Nous Parfois quand je parle de la J’ai l’exemple d’une personne l’avons retrouvée à sa sortie. Le toilette, j’utilise le mot « dé- qui avait des directives anti- problème venait du domicile qui capage » : on enlève aux per- cipées. Dans l’établissement, était sonnes leur odeur, et on vient nous avions fait en sorte que ces c’était donc des allers-retours in- y mettre à la place l’odeur du informations soient connues, cessants. Il a fallu nettoyer le do- « bon » savon, l’odeur de l’eau mais à chaque fois qu’elle a été micile, le rendre acceptable pour de Javel de l’établissement, de hospitalisée à l’extérieur, l’in- sa santé. A partir de là, les hos- tous les produits de soin alcoo- formation n’est jamais passée. pitalisations ont été terminées. Le lisés. Elle lien est important entre l’hôpital et Toute une réflexion sur l’odeur pour des problèmes cardio-vascu- amènerait à se dire qu’on peut y laires, des problèmes pulmonaires. aller petit à petit, on peut ima- L’information était transmise par giner de laver le corps par petits les documents au service des ur- morceaux. D’autant qu’il y a des gences, mais à chaque fois il fallait Il ne faut pas se leurrer, dans les générations de personnes qui ne téléphoner et réexpliquer ce qu’elle services connaissaient pas la douche. Même avait décidé. decins n’ont pas le temps de si on imagine que dans 10 ans cela Malgré cela il y avait des soins qui prendre connaissance des in- n’existera plus on peut imaginer étaient pratiqués alors qu’elle ne formations, même s’il leur est d’y aller doucement. voulait pas qu’on aille jusque-là. demandé de le faire, de contac- Cette personne faisait parti de l’as- ter la personne de confiance, On a géré ainsi la situation com- sociation Droit à Mourir dans la Di- de prendre connaissance des plexe de quelqu’un qui ne voulait gnité, la famille était d’accord avec demandes pas enlever ses vêtements, qui ne elle et a fait bloc autour d’elle, pour le drame de nos services d’ur- voulait pas se laver, qui ne voulait qu’elle finisse ses jours comme elle gence. pas changer son lit. Nous lui avons le souhaitait. était souvent hospitalisée insalubre, le domicile. Sylvie Nicolas d’urgence, les anticipées… mé- C’est La question qu’il faut se poser laissé la nuit un vêtement de corps du jour, qui avait son odeur, et on complètement pour cette dame est de savoir Nathalie Dourneau pourquoi, connaissant ses de- mettait le vêtement propre pardessus, ce qui fait en dessous, il y L’ANAP des mandes anticipées, l’établisse- avait l’odeur de quelque chose de travaux sur le parcours de santé ment a décidé de la faire hos- connu, donc de rassurant. car on se rend compte qu’il y a de pitaliser, sachant ce qu’il allait nombreuses ruptures de transfert vraisemblablement se passer. On a peut-être l’habitude de dans les informations entre les dif- C’est changer le lit en entier, d’un férentes structures. Le dossier mé- équipes des établissements de seul coup, mais on peut laisser dical partagé va notamment appor- travailler ces questions. la taie d’oreiller par exemple. ter une amélioration. mène actuellement aux directions et aux La formation est essentielle, car ces Je sais que mes équipes suivent événements font violence. C’est de les patients lorsqu’ils sont hos- la responsabilité du directeur (je ne pitalisés. coordinatrices parle pas du gestionnaire, mais du Dans les institutions, il est diffi- téléphonent, ne serait-ce que manager) de travailler sur l’accom- cile d’entendre que la personne pour dire « on le connaît, si pagnement jusqu’au bout, pour puisse décider pour elle-même, vous avez besoin d’aide, nous éviter les services d’urgence, où même si cela paraît conduire sommes là ». J’ai eu le cas d’une finalement, la personne va mourir vers phy- patiente qui avait été hospitali- dans le couloir, seule. sique ou mentale voire la mort. sée pendant un mois pour des Témoignage 5 : le parcours de santé une détérioration Les 15 Intervention de Martine Chriqui-Reinecke La connaissance des droits a Vous avez aussi largement évoqué pouvoir prétendre informer le co-piloté et coordonné la mis- la connaissance des droits du pa- malade. Je crois qu’on discu- sion ministérielle sur la bien- tient. Je crois qu’il y a beaucoup à terait moins alors du refus de traitance, dont le rapport « faire. La mission bientraitance était soins car la connaissance du promouvoir la bientraitance en une de trois missions. La mission droit éclaire autrement la déci- établissements de santé » est sur les droits du patient s’est pen- sion du malade de dire oui ou paru février 2011. chée sur les changements entre les de dire non. Martine Chriqui-Reinecke relations du malade et de l’équipe J’ai été nommée par Mme Bachelot soignante. Le développement d’In- pour piloter la mission sur la bien- ternet vient changer les règles du traitance dans les établissements jeu, on se retrouve dans des rela- Je suis psychologue clinicienne, de santé. Tout ce que vous avez tions hautement spécialisée sur la fin de vie, j’ai dit entre dans le champ de cette problématiques, où le malade est essentiellement piloté le groupe 2 mission qui s’inscrit sous l’égide de parfois l’expert de sa patholo- sur les soins de confort, hygiène, « 2011, année des patients et de gie et met en difficulté le méde- l’aide aux repas et le groupe 5 sur leurs droits ». Quelqu’un a dit tout cin. l’accompagnement de fin de vie. thérapeutiques La fin de vie Depuis 1999, la loi dit que la liberté à l’heure que la question centrale était « qu’est-ce que le bon soin ? D’autre part, les droits ne sont d’accès aux soins palliatifs doit être ». C’est tout à fait cela. Qu’est-ce pas si bien connus que cela. Je la même partout en France, mais que le bon soin, en détachant vous encourage à aller voir deux elle ne peut pas l’être puisqu’il n’y deux points de vue, celui du pa- sondages faits en mars 2010, le a pas assez de lits sur tout le ter- tient et celui du soignant, pour sondage BVA et le sondage SOFRES ritoire. montrer que le point de vue du sur « les Français connaissent- Les soins palliatifs doivent être patient peut être fort différent ils leurs droits ? ». Non, ils ne les proposés de celui du soignant. connaissent pas. amont, car il ne faut pas qu’ils Le soignant reste très souvent Mais les soignants, connaissent- se fassent au dernier moment. dans du ils des droits des patients ? Ce sont des soins actifs longs qui bien faire qui est tout à fait fon- Quand on a parlé de la personne ne s’opposent pas aux soins cura- dée, mais derrière ce bien faire, de confiance, des directives antici- tifs, mais il peut y avoir des représenta- pées, quel pourcentage des profes- continuité lorsque ceux-ci n’ont tions du sionnels connaissent ces droits ? Le plus lieu d’être. soignant, le soignant qui pense centre hospitalier régional et uni- Ces soins sont mieux accueillis savoir à la place de l’autre ce versitaire de Toulouse a mené une quand on explique que la morphine qui est bon pour lui. enquête auprès de 1 492 soignants bien dosée ne va pas provoquer On s’est rendu compte dans les en posant des questions pour sa- l’inconscience enquêtes faites que beaucoup de voir la connaissance qu’ils avaient respiratoires, mais que le double soignants disaient vouloir le bien des droits des patients. effet, c’est-à-dire qu’on doit soula- une de problématique toute-puissance suffisamment en s’inscrivent dans leur ou de problèmes ger la douleur, même si la dose qui du patient, mais sans se poser la question de savoir ce que la per- Il semblerait que moins d’un est prescrite peut potentiellement sonne pense de ce bien. soignant sur deux connaissait entraîner la mort, est bien inscrit Le bon soin est ce qui répond à un les droits du patient. dans la loi. besoin du patient, à un moment Je crois que le premier com- T de l’évolution de sa maladie, de bat son contexte etc. connaissent ces droits, pour est que les soignants 16 Salle Les gens qui sont en refus de l’expérience, on se rend compte consiste à avoir le souci de ne que l’on ne peut pas tout faire, on pas perdre la face. n’est plus dans cette puissance que Lorsque l’on souhaite convaincre, l’on a lorsque l’on sort de l’école. on peut avoir la crainte de mani- soins viennent finalement nous puler, mais c’est en fait une sorte interpeller, nous, profession- Il faut se réinterroger sur la de partie de théâtre qui s’engage, nels, sur nos pratiques. formation des professionnels pour la meilleure cause possible. de santé mais également sur Il faut trouver le moyen que On voit bien lorsque l’on s’adresse les représentations de chaque l’autre dise oui après avoir dit à des personnes fragiles qu’il est professionnel face au vieillisse- non, sans avoir le sentiment de facile d’être dans la toute-puis- ment. perdre la face. sance, de vouloir le bien, mais c’est le sien, pas forcément celui D’autant qu’une personne vulné- Sylvie Nicolas rable a une susceptibilité bien nor- de l’autre. male, mais avivée, en raison de sa Au lieu de passer autant de temps L’éthique personnelle et pro- position difficile dans la société. Sa sur elles, sur leur situation, il fau- fessionnelle pousser logique de l’honneur est particu- drait peut-être passer du temps à à se poser la question : « qui lièrement sensible, mais elle n’est nous interroger nous-mêmes, sur je suis moi, pour essayer de pas très difficile à « dorloter » il notre accompagnement, la façon convaincre cette personne ?». faut cependant beaucoup d’écoute. que nous avons parfois de nous J’ai parlé tout à l’heure de tra- positionner face aux gens que l’on vail d’accompagnement, mais je doivent dit vulnérables. Témoignage : pense que ce sont des questions demande de mise sous protection à débattre en équipe et que cha- Diégo Pollet, Josiane Vibert cun d’entre nous, nous avons nos propres réponses, nos propres va- Un élément important est interve- Le refus c’est parfois l’arbre qui leurs. La difficulté arrive lorsque nu au début de l’été. cache la forêt. Si l’on s’arrête à ces valeurs se heurtent aux valeurs cela, on ne comprend pas grand- de l’autre. Jusqu’alors, pour protéger une personne dans le cadre judi- chose. Il faut aller chercher derrière ce refus ce qui peut se cacher. ciaire, il suffisait de saisir le Salle procureur et de lui apporter des Cela devient vraiment intéressant, pour les professionnels, c’est une Mais la réalité de nos structures éléments montrant que cette vraie réflexion sur sa pratique. à domicile, c’est le manque de personne avait sans doute des temps, le manque d’argent pour or- altérations de ses facultés in- ganiser des réunions de synthèse, tellectuelles, même si on ne les qui réussissait pas à obtenir un La formation qui est donnée aux empêchent de faire correctement certificat médical de circons- soignants doit être également in- son travail, les budgets qui rétré- tances. terrogée. On apprend à une infir- cissent d’année en année, mais les mière en formation les protocoles contraintes qui augmentent… Nathalie Dourneau contraintes budgétaires Depuis un arrêt de la Cour de Cas- etc. Après son diplôme, quel que sation, qui a étonné tout le monde, soit l’endroit où elle travaille, l’infirdifférence entre ce qu’elle a appris Témoignage : le sens de l’honneur à commencer par les magistrats, la Diégo Pollet, avocat au barreau de Cour de Cassation a affirmé encore Paris plus fort le principe d’autonomie de et ce qu’elle va véritablement pou- Les personnes vulnérables sont voir faire. des personnes comme les autres, En vieillissant, avec l’âge, avec elles ont un sens de l’honneur qui mière découvre qu’il y a une grande la loi de 2007. 17 un tion. C’est un cas qui embarrasse vices, parce que l’on vend quelque retournement de la jurispru- la justice, mais il ne faut pas le dire chose, mais aussi, parce qu’à côté dence, on ne peut plus proté- trop fort... Il n’y a pas de moyen de de cela il y a véritablement un ser- ger quelqu’un par un système coercition légaux. Si une personne vice. de sauvegarde ou de curatelle ne veut pas, on ne sait pas l’obliger Je fais le parallèle avec le chevalier si la personne refuse de se sou- sinon par des moyens détournés. servant (pardon pour le sexisme de mettre à l’examen d’un méde- La seule possibilité, c’est qu’il y ait l’image). Le chevalier servant, c’est cin sur la liste des experts. L’au- un début de drame, et à ce mo- celui qui est juste à côté, en arrière tonomie du sujet est devenue pour ment-là, il y a une voie détournée, de la princesse. La jeune femme l’instant un repère extrêmement mais c’est la pire des solutions. avance, et si elle fait tomber son fort. Lorsqu’il n’y a pas de certificat mé- mouchoir, il va lui ramasser. S’il y a La Cour de Cassation dit au Procu- dical circonstancié, il faut faire une un petit écueil, un petit rocher sur reur qu’un signalement sans certi- demande au Procureur pour une lequel il faut passer, il va soutenir ficat médical circonstancié, ne lui enquête, et non une demande de le coude la princesse et va l’aider. permet pas de saisir le juge des mise sous protection. Pour moi, l’accompagnement, c’est Aujourd’hui, et jusqu’à tutelles pour lui recommander de un peu ça : J’entends ce que cette En forme de conclusion C’est un avantage sur la clarifica- Josiane Vibert : personne veut, je l’accompagne, je tion du paysage juridique, mais là-bas dans la forêt, mais si elle dé- mettre la personne sous protection. la préviens s’il y a un danger, par malheureusement pas sur le ter- Cela peut déranger que l’on mette cide d’y aller, tant pis, je l’accom- rain. Dès lors que la personne ne la notion de service en lien avec les pagne. veut pas aller voir le médecin, on professions ne peut pas la mettre sous protec- Poutant, on est prestataire de ser- d’accompagnement. Ressources Retrouvez des ressources utiles sur le site d’HABEO : www.habeo.org Rubrique documentation / base de données, puis recherche par thème : refus de soin Documents mentionnés lors des interventions : • Arrêt de la Cour de Cassation du 29 juin 2011 • Article 431 du Code Civil : Mise en place d’une mesure de protection • Dossier de presse, année des patients et de leurs droits • Bilan et propositions de réformes de la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé • Guide du tuteur familial • La bientraitance et la qualité de service à l’hôpital • Les français et les droits des patients. 2010 • Les nouvelles attentes du citoyen • Les parcours de personnes âgées sur un territoire Documents complémentaires • « Il va mourir de faim, il va mourir de soif » : Que répondre ? 2007 - SFGG – SFAP • Le refus alimentaire chez la personne âgée en fin de vie. 2007 - SFGG – SFAP • Le refus de soin conscient ou inconscient – Grégoire Moutel • Les droits du patient dans la loi du 4 mars 2002, Guide méthodologique - FHF • Les spécificités du refus de soins en gériatrie – EREMA • Refus de traitement et autonomie de la personne - Comité Consultatif National d’Éthique pour les Sciences de la Vie et de la Santé 18