Rapport de mission 2011/ Madagascar

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Rapport de mission 2011/ Madagascar
Rapport de mission 2011/ Madagascar – Antsirabe
Dans le quartier de Mahazina
20 septembre – 20 octobre
I. Présentation générale
a. Préambule
Avant de vous présenter succinctement notre mission, voici un petit préambule. Cet aparté
est fait pour vous avertir vous les prochains missionnaires. Il nous est propre, et en tant que tel
piochez-y ce qui vous est nécessaire et débarrassez-vous du reste. Voici ce que nous avons tiré
de cette expérience et qui peut-être, peut-on espérer, vous servira.
En arrivant à Madagascar, à notre grande surprise et, l’avouerai-je déception, l’association
Zazakely était en pleine passation de pouvoir. Albertine, cette femme dépeinte par tant de
rapport de mission comme forte et généreuse, avait été déchu de ses fonctions. Démission ou
licenciement la question reste ouverte… Cependant me semble-t-il que, essayer ici de se
positionner n’apporte rien à la mission. Sachez-le, point. « Officiellement » nous étions donc
pris en charge par monsieur René. Je dis « officiellement » parce que dans les faits c’est bien
avec Albertine que vous communiquerez, ce fut du moins notre cas.
Pour être honnête, la situation fut bien plus complexe mais ce qu’il nous semble
nécessaire de vous restituer ici est qu’il est possible que – tout comme nous – vous soyez
amené à vous demander « qui fait quoi » ? D’un côté il y a l’image d’une matrone malgache,
forte, dynamique et protectrice – parfois trop. Et à l’opposé, celle d’un homme timoré,
incertain, encore nouveau dans ses fonctions. A qui se fier donc ? Méfiez-vous cependant du
manichéisme ambiant, le nouveau directeur est aussi un homme plein de bonnes volontés.
Par ailleurs, ces conflits de pouvoir nous ont donné le sentiment d’être bien seuls à porter
notre projet. Et si nous savions que suppléer au personnel sur place faisait partie du contrat,
nous nous attendions à plus d’encadrement. Souvenez-vous donc que nous ne sommes pas des
professeurs, nous sommes là pour porter un projet jusqu’au bout quitte à montrer plus
d’initiatives que nous ne l’imaginions à priori.
b. Composition de l’équipe
Nous étions la dernière équipe à partir, et pas encore au complet lors des journées de
formation, sachez donc qu’elles sont nécessaires mais pas indispensables. Dans notre cas, seul
une personne avait pu participer à ces journées d’accompagnement, notre chef de groupe.
Sachez aussi que les documents distribués à l’issue de cette journée peuvent vous être fournis
par la suite, par la guilde. Autrement, n’hésitez pas à vous mettre rapidement en contact et à
les photocopier.
Etant géographiquement éloignés, nous avons tout d’abord correspondu par courriel,
puis une semaine et demie avant notre départ nous nous sommes réunis pour finaliser nos
démarches. Il est très important de se rencontrer, de planifier vos collectes de dons, de réunir
vos informations – qui s’avèreraient peut-être très différentes. Nous venions tous de milieux
très différents, avec tous, des attentes très différentes en ce qui concernaient les résultats de
cette mission (raisons familiales, intégration dans le milieu humanitaire, « voyage-utile » en
opposition au voyage touristique primaire) mais tous avec l’envie de voir un peuple avant de
voir un pays.
LES MEMBRES DE L’ÉQUIPE :
- Romy : chef de groupe et doyenne de l’équipe, âgée de 25 ans, chef de rang dans un
« gastro », habitant à paris
- Prisca, âgée de 24 ans, jeune diplômée en psychologie clinique, habitant en région
parisienne
- Anne-claire surnommée « bop bop », âgée de 22 ans, étudiante en psychologie,
habitant à Amboise
- Quentin, âgé de 18 ans, étudiant en CPGE-Lettres, habitant à Agen.
c. Les partenaires locaux
 L’ASSOCIATION ZAZAKELY
L’association Zazakely – prononcez « Zazakel » – est une association franco-helvétique
possédant des antennes dans trois pays. L’initiative malgache a été entièrement portée par
Albertine et ses collaborateurs. Cependant elle répond directement de l’antenne suisse.
Les locaux sont implantés dans un des quartiers les plus défavorisés d’Antsirabe. Plusieurs
bâtiments sont à disposition de l’association (fruits de dons ou de chantier de réinsertion). Il y
a un premier bâtiment, un peu défraîchi, un second, flambant neuf, ainsi que plusieurs petites
annexes. On compte aussi un terrain de foot qui fait office de « limes » entre le quartier et
l’association. Albertine porte d’ailleurs, depuis peu, un projet de complexe sportif qu’elle
présentait aux autorités malgaches lors de notre séjour.
En bref, l’association Zazakely assure la scolarisation des enfants du quartier pendant
les vacances et dispense un soutien scolaire pendant leurs temps libres durant l’année scolaire.
L’éducation malgache dispense des cours en français mais le niveau des enfants reste très
faible. La plupart d’entre eux ont de bonnes connaissances mais cela n’est que superficiel.
Evitez donc de survolez vos sujets, espérant ainsi en traiter le plus possible. Ne vous fixer que
peu de matières mais approfondissez-les en multipliant votre matériel. L’école concède
beaucoup de temps libres et de vacances aux enfants les laissant dans la rue, livrés à euxmêmes. Dans ces moments là, nombre d’entre eux profite du terrain de jeu de Zazakely,
n’hésitez donc pas à organiser de grands jeux afin que tous participent.
Pour ce qui est de la promotion de la femme, l’association fait travailler une dizaine de
brodeuses au sein d’une coopérative, toutes sont des femmes du quartier au chômage ou en
grande précarité. La promotion de la femme s’avère très difficile, certaines questions restent
tabou, – le préservatif en particulier –, faites donc de la prévention mais n’espérez pas changer
les mœurs. La question du HIV bien que crucial reste difficile à évoquer dans les familles, le
préservatif est synonyme de prostitution et certaines femmes se font battre par leur mari en
évoquant la question. En tant qu’occidentaux, nous avons le droit d’être choqué mais
n’essayons pas d’imposer notre vision du monde, essayons plutôt de les comprendre. Par
ailleurs, nous vous conseillons de vous rendre à l’atelier et de parler avec les brodeuses, elles
sont un peu timides, mais accueillantes. Une fois par semaine, la directrice de la coopérative
leur dispense des cours de français, vous êtes donc invité à y participer. Vous pourrez aussi
passer commande, mais, pour cela, il faudra vous y prendre bien à l’avance si vous voulez du
« sur-mesure ».
Plus généralement, retenez qu’il est très important de discuter avec la population
locale (pousse-pousse, serveur, chauffeur, élèves, professeurs, vendeurs), n’ayez pas peur et
dépassez la barrière de la langue. L’ostracisme n’est pas de mise en de pareille situation.
 LES MEMBRES DE L’ASSOCIATION
Albertine. Décrire Albertine n’est pas une chose mince à faire, de nombreuses discussions
ont éclaté entre nous à son sujet, je me contenterais de vous donner mon avis, l’avis de
Quentin donc, nos avis diffèrent en fonction des tolérances de chacun. Je dirais qu’elle est
dantesque, c’est-à-dire à la fois sombre et sublime. Elle porte en elle une force de vivre et
d’entreprendre folle, comme celle des mères italiennes. Elle a suivi de nombreuses formations
autour du droit de l’enfance en Suisse en parallèle elle travaillait comme fille au pair, elle a
donc bénéficié d’une chance énorme. Elle parle le français, le malgache, l’italien, à la
perfection.
Les autres employés de l’association sont tous dignes de confiance, mais ils n’ont pas
la même omniprésence qu’Albertine.
Honoré. C’est le gardien de l’association. Sa petite-fille est scolarisée en maternelle à
l’association. Monsieur Honoré est votre ange-gardien nocturne, discret mais efficace.
Bobby et Milou. C’est un couple de chiens. Ils gardent vos chambres toute la nuit, vous
protègent contre les attaques nocturnes d’autres chiens, ils sont vaccinés, mais ont des puces.
Raymond, c’est le trésorier de l’association. Il collectera le budget de la semaine –
10 000 ariary par personne –, pour la nourriture et les services rendus par la cuisinière. Il vous
rendra toujours la monnaie si vous êtes en excédant.
Madeleine, c’est la cuisinière. Septuagénaire, elle est la mère de doouze enfants, dont
le dernier est âgé de quatorze ans. Véritable force de la nature bien que frêle, elle marche une
heure et demie tous les matins pour venir vous préparer les repas, on lui tire donc tous notre
chapeau. Elle vous proposera de vous laver votre linge, une tâche extrêmement laborieuse à
son âge mais qui lui permet de gagner un peu plus d’argent. Vous êtes donc avertis, prenez
votre décision en conséquence. Sinon, n’hésitez pas à lui demander des beignets sucrés
« moffballs » ou des « moffogasy », cela améliorera votre quotidien.
Tojo et Danny. Deux élèves, lycéens, ils logent, mangent et étudient, dans leur salle de
cours faute de n plus avoir de toit. Ils sont extrêmement gentils et intelligents, mais très
timides.
Enfin, René. Nouveau directeur, il travaille depuis longtemps dans l’association mais
découvre encore le dur labeur de la direction. Un peu poltron, il pourrait vous paraître
inefficace or il ne l’est pas, il est juste un peu perdu dans la direction des affaires de
l’association. René c’est un ami, il faut collaborer avec lui pour pouvoir vous installer, vous
imposer, prendre vos marques, dites-lui tout. Il aime beaucoup les enfants. Il est très
dépendant d’Albertine, il la sollicite très souvent, c’est pour cela qu’Albertine est très présente
encore à l’association et qu’elle a encore beaucoup d’emprise sur l’association. Ne vous
méprenez pas si René vous demande de payer les chambres, les bonbonnes de gaz, ou autre…
refusez poliment. Il n’est pas prévu de participer aux frais de l’association. Les missionnaires
ne sont pas une charge mais une aide et sachez qu’à l’exception de l’électricité, chaque chose
que vous consommerez vous l’aurez payé. Ne culpabilisez donc pas !
Le père Raymond. Il est le frère de René, il dirige le noviciat des frères franciscains
d’Andraïkiba (lac sacré à 7km d’Antsirabe), Il est d’apparence très gentil, il nous a accueilli
au noviciat, et connaît très bien la guilde puisqu’il a été le référent d’une série de mission
auparavant, comme Albertine aujourd’hui. Les frères franciscains (disciples de Saint-François
d’Assise) et les sœurs clarisses (disciples de Claire d’Assise) sont des personnes que vous
serez amenés à rencontrer, Albertine étant un membre actif de la communauté depuis plus de
25 ans. Ils sont tolérants envers les laïcs.
Les sœurs franciscaines, elles vous accueillent dans tout le pays, dans leurs
dispensaires, dans la plupart des cas cela est gratuit, elles vous offrent le repas et le logis. Si
vous êtes amenés à voyager elles vous seront indispensables. Elles sont d’une grande aide.
 LE LIEU DE MISSION
Dire que Antsirabe est la troisième ville du pays n’a que peu d’intérêt, en somme c’est un
gros village dans lequel il est possible de tout trouver ou presque. Superettes (pour les
« riches »), cybercafé, restaurants, marchés… Sachez que le tourisme sexuel est bien présent à
Madagascar. S’il ne semble pas être encouragé à Antsirabe, il y est tout de même toléré.
Cependant ne dévisagez pas chaque visage « pâle » accompagné d’une jeune malgache, vous
vous épuiserez et jugerez parfois faussement des personnes innocentes. Cela dit on rencontre
également d’autres jeunes, des missionnaires, des centraliens, des professeurs norvégiens
(Antsirabe fut un comptoir norvégien et son microclimat attire encore les scandinaves) en
poste pour de longues durées, ou bien des stagiaires pris en charge par l’alliance française –
très présente sur place. Par ailleurs, certains touristes sont aussi très sympathiques il ne faut
donc pas faire de généralité.
Antsirabe est une ville défraichie comme nombre de lieux non touristiques de Madagascar.
Cependant, les thermes sont absolument indispensables à voir. La ville est aussi réputée pour
son travail de la pierre, et pour sa broderie. Ne vous attendez pas à trouver des pierres
précieuses mais vous pourrez être soufflé par le travail de la corne de zébu – au parc de l’est.
Le lac d’Andraïkiba est également un beau site à visiter, il n’est pas aussi beau que le lac
Tritriva mais il est plus accessible (taxi-brousse). Vous pourrez faire un arrêt au restaurant le
Dera, le seul dans les environs, bon marché, avec un rhum arrangé à tomber. Puis poursuivez
votre chemin jusqu’au lac Tritiva, un lac somptueux, où il est possible de se baigner dans
l’eau turquoise d’un cratère volcanique. Cela dit restez sérieux et ne vous amusez pas à sauter
de 15 m de haut. Sachez que la baignade est « fady » (tabou), comme de nombreuses choses à
Madagascar, mais si vous payez ils oublieront vite le sacrilège. Prévoyez une bonne journée
de marche où alors payez un guide au lac pour qu’il vous trouve un moyen de retour motorisé.
Le plus raisonnable étant de louer un 4x4, la route étant en mauvais état.
Le quartier de Mahazina – lieu même de notre mission – , est un quartier très défavorisé. Il
se situe dans la ville elle-même, à deux coups de pédales du centre-ville, vous traverserez le
quartier avant d’accéder aux locaux de l’association. La plupart des enfants que vous aurez
habite le quartier. Comparé au bâti général du quartier vous aurez l’impression d’être
privilégié dans les locaux de l’association. Mais là encore ne vous attendez pas à du « tout
confort ». Dans l’association même, lors de votre réveil vous aurez face à vous une colline
sacrée parsemée de nombreux caveaux. Appréciez cette vue car elle est absolument
exceptionnelle. Vous serez aussi tenté de grimper sur cette colline et alors vous découvrirez un
autre pan de la brousse. Cette ballade est déconseillée bien que nous l’ayons faite à plusieurs
reprises. Soyez donc prudents car vous serez en brousse et la brousse n’est pas un univers
toujours très accueillant. Les habitants n’ont pas ou peu l’habitude des étrangers (« vazaha »
prononcé « vaza »). La peur de l’étranger et en particulier du blanc est encore bien présente.
 INFORMATIONS PRATIQUES SUR LE PAYS
Le meilleur conseil que nous puissions vous donner ici est de lire avant votre mission et
en détail le guide du routard, le lonely planet… ou tout autre livre touristique sur Madagascar.
Ils vous conseilleront des sorties plutôt sympathiques, des restaurants ou des périples,
touristiques certes, mais cela constituera une base à partir de laquelle vous pourrez vous créer
votre propre aventure. Soyez par ailleurs ouvert à la rencontre car qui mieux qu’un malgache
pour vous faire visiter Madagascar. Encore une fois cela dépend de vos attentes et des raisons
qui ont motivé votre présence sur place – certains pour l’humain, d’autre pour le voyage ou
encore l’aventure. Sachez donc pour quoi vous êtes là et que vos motivations ne sont pas
toujours partagées.
Toutefois, pour être plus pragmatiques et dans la mesure où nous ne serons pas exhaustifs
voici quelques conseils. Ne convertissez rien en euros, pensez en salaire moyen (soit 80 000
Ar) car quoiqu’il arrive tout vous paraitra peu cher. Sachez cependant que surpayer un service
ne fait qu’encourager l’assistanat local et perpétuer l’image condescendante de l’Occidental
fortuné. Inutile alors de s’offusquer en entendant un enfant haranguer « vahaza stylo » ou
quand un pousse-pousse vous facturera 50 000 Ar une course qui en vaut 500. Passez donc
au-dessus de votre « complexe de héros » et du stéréotype qui vous oblige à emmener des
vêtements pour les « pauvres petits africains ».
Si vous êtes malades, ne laissez pas traîner votre cas, prenez rendez-vous au plus tôt
avec le médecin consulaire. Il est là pour vous, en tant que français, et il est fiable. Sur la
question de la santé et de l’alimentation nous nous sommes montrés très prudents et notre
conseil est d’en faire de même. Vous ne passerez qu’un mois sur place, soit pas assez de
temps – me semble-t-il –, pour repérer dans quel marché vous pourrez acheter des aliments –
moins chers certes – mais en toute sécurité. Notre choix, et j’insiste sur le fait que ce soit une
décision personnelle, fut donc de faire confiance à des lieux dits pour « vahaza ».
Enfin, sachez qu’Albertine, quel que soit son statut, a beaucoup d’influence à
Mahazina. C’est pour cela, qu’en cas de coups durs, dire que vous venez de Zazakely vous
assurera une parfaite quiétude.
II. La vie sur place
a. L’arrivée à Madagascar
Notre arrivée à Madagascar a été un moment mémorable. L’impatience de quitter
Paris, les premières lueurs du jour, la vue surplombante du ciel malgache, la chaleur locale…
un vrai dépaysement. Mais, me semble-t-il, c’est une expérience à vivre et non à narrer.
Sachez cependant qu’à votre arrivée vous aurez à remplir un papier où vous indiquerez votre
lieu de résidence à Madagascar, le numéro de votre vol, de passeport… gardez donc
soigneusement ces informations près de vous – à l’aller comme au retour. Une fois sorti de
l’aéroport nous avons été accueillis par Albertine et Elysée, le chauffeur qu’elle nous avait
réservé. Il possède un break un peu vieillot mais encore en état de marche. Evitez toutefois de
faire de trop longues distances en particulier sur des routes sinueuses et en mauvais état. Nous
avons en effet eu la mauvaise surprise de tomber en panne à plusieurs reprises, assurez-vous
en simplement avant. Nous avons ensuite demandé à Albertine de changer notre argent, et là
vous avez le choix entre retirer votre argent et le changer sur place – vous avez le meilleur
taux de change à l’aéroport, ou le retirer à la banque. Puis après quelques détours pour visiter
la ville nous sommes enfin arrivés à Mahazina.
Mahazina signifie « abondance » en malgache, ici cela tient plutôt de l’abondance de
pauvreté comme le dit bien Albertine. Mais c’est aussi une abondance de sourires, de joies et
de générosité. Ne vous leurrez pas, Madagascar n’est pas un Walt Disney et vous vous
apercevrez vite que les enfants y sont comme partout ailleurs, ils testent vos limites et ont
besoin d’un cadre. Il y a de la pauvreté, certains vous dévisagent parce que vous êtes un
vahaza, d’autres vous approchent pour les mêmes raisons et en découlent une jolie rencontre,
ou bien alors ils profitent de votre crédulité… Mais malgré tout cela ils émanent de ces jeunes
malgaches une joie de vivre, une envie d’apprendre et de partager… c’est bien la seule chose
qui vous permettra d’apprécier et de poursuivre votre mission.
Lorsque nous arrivons enfin à Mahazina, au bout d’une allée en terre en mauvais état,
se trouve l’association Zazakely. Les lieux vous ont été dépeints et c’est dans la partie neuve
du bâtiment que nous nous installons. Il fait déjà nuit, sachez en effet que la nuit tombe, à
cette période de l’année, à 18h15 très précisément. Les enfants ne sont plus là mais nous
sommes accueillis par René, les cuisinières, Tojo, les professeurs (Noro,), stagiaires (Mahami)
et d’autres visages inconnus. Le lendemain matin, nous assistons à l’accueil officiel préparé
par toute l’association, chants, danses, présentations…
b. La vie sur place
 LE LOGEMENT
Nous logeons au sein même de l’association. La disposition est la suivante, 2 chambres, une
douche, des WC, une cuisine et une table à manger. Chaque pièce donne sur la salle à manger,
parfois de manière gênante. La première chambre est celle où nous nous installons. Un peu
vétuste, elle est propre et comprend 4 lits dont un lit superposé. Vous y trouverez des draps
mais n’hésitez pas à apporter les votre en plus de vos sacs de couchage et moustiquaires.
L’autre option est de faire comme nous, c’est-à-dire de prendre les couvertures gratuitement
fournie par la compagnie Corsair Fly et de les disposer sur les draps. Sachez par ailleurs, que
le ménage aura été – bien – fait par Madeleine, employée comme monsieur Honoré par
l’association uniquement lorsque celle-ci accueille des missionnaires.
Sur place, nous avions le droit à l’électricité, l’eau chaude mais préparez-vous à vous
laver à « l’africaine » c’est-à-dire avec un sceau d’eau. En effet nous avions de l’eau froide
dans le lavabo, mais pas d’eau chaude. A l’inverse, vous trouverez de l’eau chaude dans la
douche mais pas d’eau froide. Par ailleurs les toilettes, à l’européenne cette fois, ne
fonctionnaient plus lors de notre séjour. C’est donc avec un arrosoir et beaucoup d’eau que
nous devions créer la pression nécessaire pour évacuer ce qui devait l’être. Ce fut gênant mais
aussi une occasion de rire pour chacun d’entre nous. Vous passerez tous par là, soyez en sûr.
Enfin, au quotidien, Madeleine se chargera de vous faire la cuisine, le ménage des pièces
communes, c’est-à-dire toutes sauf la chambre, mais n’hésitez pas à lui faciliter la tâche, je
vous rappelle qu’elle est septuagénaire. En bref, le quotidien et les conditions de vie sont
plutôt agréables.
 CONDITIONS DE VIE
Vous serez nourris, logés, blanchis. La nourriture est composée essentiellement de
légumes et de riz, parfois vous aurez droit à de la viande et des fruits. Pour ces derniers, cela
dépendra évidemment de la période à laquelle vous irez à Madagascar. Nous, nous avons eu
droit à des bananes, des ananas et des mangues. Soyez cependant vigilants avec les fruits car
certains sont déconseillés. Renseignez-vous donc sur place auprès des malgaches et consultez
votre livre sur Madagascar. Pour ce qui est de la lessive, nous lavions nos vêtements à la
main, pensez donc à prendre de la lessive liquide avec vous ou attendez-vous à en acheter sur
place. Par ailleurs, évitez de prendre des vêtements qui vous soient précieux car la terre rouge
de Madagascar est très présente à Mahazina et elle s’infiltre partout. Enfin pour le ménage de
votre chambre, ne comptez que sur vous-même et sur votre organisation interne.
Sur place vous rencontrerez des moustiques. Ils sont présents particulièrement quand
la nuit tombe, nous étions donc vigilants aux alentours de 18h. Chacun remettait une dose
d’anti-moustique sur ses vêtements, sur sa peau et sortait les bougies répulsives. Les
moustiques ne sont pas très gros mais nombreux et porteur du palu. Soyez vigilants quitte à
l’être trop. C’était aussi l’heure où nous sortions nos polaires, et nos pulls car les nuits sont
très froides à Madagascar, d’autant plus qu’elles contrastent avec les journées souvent très
chaudes. En journée, le rituel était totalement différent, on préférait les hauts à manche longue
ou les débardeurs. On se barbouillait alors d’anti-moustique mais les piqûres étaient moins
fréquentes. Attention toutefois si vous allez en brousse, ne lésinez pas sur la dose d’antirépulsif, en particulier sur les bas de pantalons, et les chaussures.
Vous trouverez dans la ville tout ce qu’il vous faut en termes de supermarchés,
cybercafé et autre. Evitez tout de même le cyber le plus proche de Mahazina car s’il est moins
cher, la connexion y est mauvaise. Prévoir un budget de 400 euros pour le mois est un bon
pronostic mais cela dépendra surtout de votre façon de gérer votre argent. Prévoyez plus si
vous voulez faire du tourisme, allez loin ou acheter de nombreux souvenirs…
 LES TRANSPORTS
Vous trouverez de nombreux « posy-posy » à Antsirabe. Le pousse-pousse est un moyen
de locomotion bon marché, méfiez-vous donc des prix parfois exorbitants qu’ils veuillent
vous faire payer. Un conseil, divisez les par quatre et assurez-vous, avant de monter, d’être
d’accord sur le prix. Les pousse-pousse sont de grands marchandeurs mais à l’arrivée on
s’aperçoit qu’ils sont très amicaux. Nous en avons pris quelques-uns avec beaucoup de
culpabilité – je dois l’avouer –, en particulier lorsque l’on voit l’état des routes à Madagascar.
On préférait donc la marche mais le pousse-pousse reste un moyen de transport très pratique
et en prendre participe au développement économique.
En dehors des pousse-pousse, vous avez les taxis-brousse. Imaginez un grand van fait
pour 30 personnes mais remplis d’une cinquantaine de malgache. C’est l’ambiance du taxibrousse, c’est assez drôle et très utile. C’est bien moins cher (300 Ar) que le pousse-pousse
mais aussi bien moins régulier. Il a été pratique pour aller aux lacs Andraïkiba et Tritriva,
n’hésitez donc pas à l’emprunter pour de longues distances.
Vous avez aussi la possibilité de louer une voiture avec chauffeur mais cela revient
beaucoup plus cher, en fonction du véhicule. Quant au train, vous apercevrez certainement
une gare dans le centre-ville mais n’espérez pas monter ou même y croiser un train car elle est
peu usitée et strictement réservée au transport de marchandise. On ne peut même pas y entrer
mais à la place nous avons eu le plaisir de voir de jeunes malgaches faire des acrobaties en
roller, skate et bmx.
III.Les activités mises en place
a. Objectifs de la mission
L’objectif de la mission défini par la guilde est d’enseigner à des enfants de tous âges
et de les aider dans leur travail scolaire. La pédagogie est importante et au premier plan mais
nous ne sommes pas des professeurs, il faut donc savoir acceptez ses limites. Par ailleurs, il ne
faut pas hésiter à apprendre de nouvelles choses aux enfants même si elles ne sont pas dans
leur programme, comme la prévention sur le SIDA. L’autre pan de notre mission est
l’animation, ce qui nous a permis de faire participer les enfants à des jeux en groupe. Ces
temps nous ont semblé importants car les jeunes sont répartis par niveau scolaire toute la
matinée et se connaissent peu parfois au sein d’une même classe. N’hésitez donc pas à
proposer des présentations dans les temps scolaires et à mélanger les niveaux au moment des
jeux. Pour nous, les temps de jeux ont aussi permis d’avoir un rapport autre avec les enfants,
en sortant d’une position de bourreau au profit d’un moment de plaisir avec eux.
En théorie, nous avons atteints les objectifs de notre mission – avec difficultés parfois
–, nous avons fait du soutien scolaire et de l’animation. Quant à nos attentes, nous nous
sommes vite aperçus qu’il fallait y renoncer. Suivre le programme scolaire à la lettre ou les
livres de vacances n’était pas une bonne technique. Cela donnait des pistes de travail mais les
niveaux étaient tellement disparates qu’il fallait sans cesse nous adapter. Nous avons donc
décidé de modifier notre angle de travail et de nous appuyer sur les incollables pour organiser
nos temps scolaires. A partir d’une question sur la conjugaison nous pouvions ouvrir sur la
conjugaison en générale ou d’un verbe en particulier et aborder d’une manière plus large le
français. Si les enfants paraîtront avoir un bon niveau dans ce domaine, cela n’est qu’une
façade. Les bases ne sont pas acquises et pour cela il faudra bien plus qu’une mission
mensuelle. Toutefois, nos attentes ont été atteintes dans la mesure où il y a eu une vrai
rencontre entre ces enfants et nous, et que sur cette courte durée, nous avons pu leur apporter
quelque chose.
b. Les « zazakely »
Les classes vont de la maternelle à la 3 ème. Cependant nous avons surtout eu les CP, CE
et collège. Par ailleurs, il n’y avait qu’une seule classe pour le niveau collège et donc une
différence d’âge et de niveau importante. En somme, les enfants que nous avions, avaient
entre 6 et 18 ans.
Le nombre d’enfant sur chaque classe pouvait varier. En fonction de la matinée ou de
l’après-midi, de la rentrée, nous avions entre 10 et 40 enfants d’âges et de niveaux différents.
La direction nous assurait l’homogénéité des classes mais on s’apercevait que ce n’était pas le
cas. Il y avait plus d’enfants pendant les vacances scolaires et ceux du même âge n’avaient
pas toujours le même niveau.
Le niveau scolaire est globalement bon, surtout en math. Cependant leur niveau en
français est plus faible et il peut y avoir des problèmes de communication avec les enfants,
surtout en CP et CE. Au collège il y a moins de problème pour le français. Ils ont également
un bon niveau (le même qu’en France) et suive le même programme qu’en France. Ils aiment
beaucoup apprendre les langues étrangères (ils ont des bases en anglais, italien et espagnol).
c. Organisation quotidienne
Voici une journée type :
9h
Début des cours
10h-10h30 Récréation
11h30
Pause de midi (Repas)
14h
Reprise des cours
15h-16h30 Animation
Le matin était essentiellement réservé aux cours : français, math, anglais, géographie,
espagnol… En début d’après-midi nous aidions les enfants, s’ils en avaient, à faire leurs
devoirs. Sinon nous faisions cours également. L’après-midi c’était les activités en plein air :
épervier, foot, balle aux prisonniers.... Ou bien en salle : pendu, dessin, danse, chant, films....
LA CLASSE
ANIMATION
Distribution de ballons.
Les chaises musicales.
Activités fresques ou banderoles
d. Le matériel
Il y a déjà pas mal de matériel sur place, crayons de couleur, feutres, stylos, feuilles,
jeux, cahiers, peintures. Mais prévoyez tout de même un peu de matériel comme de la craie ou
si vous voulez faire une activité particulière (coloriage par exemple). Il y a aussi des magasins
qui peuvent vous faire des photocopies en ville. Attention à ne pas distribuer trop de matériel
car les élèves sont censés avoir leur propre matériel donner par l’association : cahier, stylos...
Petite astuce, si vous souhaitez apporter du matériel sur place, n’hésitez pas à
contacter rapidement les libraires, boutiques et autres magasins de votre ville. Ils pourront
peut-être vous fournir du matériel gratuitement, celui dont ils ne se servent plus. Le porte à
porte peut paraître impressionnant mais cela fonctionne et trois librairies m’ont suffi à
apporter 10 kilos de matériel.
IV. Petits conseils entre amis…
Voici une liste de voyage. Tout n’est pas à emporter, ce qui est surligné en bleu n’est pas
forcément nécessaire.
 VÊTEMENTS
- T-Shirt
- T-Shirt longs
- Polaires
- Jean
- Pyjama
- Slips
- Paires chaussettes
- Maillot bain
- Chaussures
- Claquettes (pour la douche)
- Lunettes soleil
- Casquette
×
×
×
×
×
×
×
×
×
×
×
×
2
4
2
1
1
5
15
1
1
1
1
0
×
×
×
×
×
1
10
1
5
0
 PHARMACIE
- Biseptine
- Pansements
- Ciseaux
- Compresses
- Gazes (brûlures)
- Bande
- Bande adhésive
- Liquide Phi
- Thermomètre
- Pince à épiler
- Fil + aiguilles
- Briquet
- Gants latex
- Mouchoirs
- Cotons
- Insectécran peau
- Insectécran vêtements
- Bombe anti-moustiques
- Aspivenin
- Bouteille 250mL
- Alcool 70
- Hydrochlonazone
× 1
× 5
×
×
×
×
×
1
10
20
10
3
× 1
× 1
× 1
× 2
× 2
× 1
× 1
× 1
× 6
× 2
 MÉDICAMENTS (voir médecin évidemment)
- Arestal (constipant)
- Bifix/Nifuroxazide (désinfectant intest)
- Dulcolax (laxatif)
- Charbon intestinal
- Oropivalone (maux gorge)
- Noroxine (infec. unirnaires)
- Spasfon (antispasmodique)
- Pepdine (maux estomac)
- Feldene (anti-inflammatoire)
- Vogalène (vomissements)
- Paracétamol (analgésique/antipyrétique)
- Lariam/Savarine (antipaludéen)
- Amoxiciline/Ibuprofène
- Biafine (brûlures/coup soleil)
- Crème solaire
×
×
×
×
×
×
×
×
1
2
1
1
1
1
2
1
×
×
×
×
1
3
2
2
× 1
× 1
× 1
 BRICOLAGE
- Briquet
- Épingle nourrice
- Épingle linge
- Sacs poubelle 50L
× 2
× 5
× 20
× 10
 RANDONNEE
- Petit sac
- Cape pluie jetable
- Lampe piles
- Lampe dynamo
- Lampe frontale
×
×
×
×
×
1
1
1
1
1
×
×
×
×
×
×
1
1
1
20
10
1
×
×
×
×
1
1
2
2
 PERSO
- Caméscope
- App photo
- MP3
- Piles AA
- Piles AAA
- Montre
- Stylos
- Bloc papier petit
- Calculatrice
- Jeu cartes
- Livre
- Argent (400€)
- Billet avion
× 2
× 3
× 2
- Passeport + visa
× 1
- Carte identité
× 1
- Carnet vaccination (fièvre jaune, typhoïde, hépatite A/B, méningite, DTP, coqueluche,
rage…)
 TROUSSE TOILETTE
- Brosse dents
- Dentifrice
- Rasoir
- Peigne
- Cotons tiges
- Boules Quies
- Déo
- Serviette toilette
- Gel douche
- Shampoing
- Lingettes
- Gel pour les mains
× 1
× 1
× 1
× 30
×
×
×
×
×
× 1
× 2
1
2
1
1
100
× 3
 NOURRITURE
- Confiture
- Nutella
- Infusions / Thé
× 1
× 2
× 90
 SANTÉ
- Micropur Forte DCCNa
- Moustiquaire/tente
- Sac couchage 5°C
- Petite lampe poche
× 2
× 1
× 1
 COURS
- Incollables
- Craies
× 2
 ACTIVITÉS
- Crayons couleur
- Feutres
- Agrafeuse
- Agrafes
- Cutter
- Taille crayons
- Colle
- Compas
×
×
×
×
100
60
1
400
× 5
× 1
× 2
- Règle
- Scotch
- Ciseaux
- Feuilles blanches
- Ballon baudruche
×
×
×
×
×
2
3
10
0
100
 ARGENT, ASSURANCE, VISA
Pour la demande de visa renseignez-vous sur le site de l’ambassade de Madagascar à
Paris. Le visa ne peut pas être fait le jour même il est prêt dans les 10 jours (donc prévoyiez
cela assez tôt.).
Prévoyiez à peu près 400 euros pour le mois. On peut emporter de l’argent liquide qui peut
être échangé à l’aéroport. Ou retirer par carte visa à des distributeurs sur place (mais prévoyez
quand même un peu d’argent liquide au cas où…).
 LEXIQUE
-
Manao ahoana / salàma, salame : bonjour
Tonga soa : bienvenue
Misaotra : merci
Rahampitso : à demain
Inona vao vao : comment ça va ? / quoi de neuf ?
Tsy misy fisàorana : de rien
Veloma : au revoir
Azafady : pardon, excusez-moi
Rahampisto maraina : à demain matin
V. En conclusion…
Il est important, – pour le bon déroulement de votre mission –, de lire au moins une
fois tous les rapports de mission précédents. Toutefois rappelez-vous que selon la période de
votre mission, les conditions de vie dans l’association ainsi que beaucoup de paramètres
pourront changer profondément. Toutefois, sachez prendre du recul face à chacun de ces
rapports, parce que ce qu’on y relate est le fruit d’une expérience personnelle et/ou collective.
Cela rassurera beaucoup d’entre vous, de pouvoir vous appuyer sur ces rapports, car pour la
plupart, cette mission sera la première. Cependant ce ne sont là que quelques pistes, c’est
donc à vous de monter votre projet et votre propre mission.