Rapport de mission 2011/ Madagascar
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Rapport de mission 2011/ Madagascar
Rapport de mission 2011/ Madagascar – Antsirabe Dans le quartier de Mahazina 20 septembre – 20 octobre I. Présentation générale a. Préambule Avant de vous présenter succinctement notre mission, voici un petit préambule. Cet aparté est fait pour vous avertir vous les prochains missionnaires. Il nous est propre, et en tant que tel piochez-y ce qui vous est nécessaire et débarrassez-vous du reste. Voici ce que nous avons tiré de cette expérience et qui peut-être, peut-on espérer, vous servira. En arrivant à Madagascar, à notre grande surprise et, l’avouerai-je déception, l’association Zazakely était en pleine passation de pouvoir. Albertine, cette femme dépeinte par tant de rapport de mission comme forte et généreuse, avait été déchu de ses fonctions. Démission ou licenciement la question reste ouverte… Cependant me semble-t-il que, essayer ici de se positionner n’apporte rien à la mission. Sachez-le, point. « Officiellement » nous étions donc pris en charge par monsieur René. Je dis « officiellement » parce que dans les faits c’est bien avec Albertine que vous communiquerez, ce fut du moins notre cas. Pour être honnête, la situation fut bien plus complexe mais ce qu’il nous semble nécessaire de vous restituer ici est qu’il est possible que – tout comme nous – vous soyez amené à vous demander « qui fait quoi » ? D’un côté il y a l’image d’une matrone malgache, forte, dynamique et protectrice – parfois trop. Et à l’opposé, celle d’un homme timoré, incertain, encore nouveau dans ses fonctions. A qui se fier donc ? Méfiez-vous cependant du manichéisme ambiant, le nouveau directeur est aussi un homme plein de bonnes volontés. Par ailleurs, ces conflits de pouvoir nous ont donné le sentiment d’être bien seuls à porter notre projet. Et si nous savions que suppléer au personnel sur place faisait partie du contrat, nous nous attendions à plus d’encadrement. Souvenez-vous donc que nous ne sommes pas des professeurs, nous sommes là pour porter un projet jusqu’au bout quitte à montrer plus d’initiatives que nous ne l’imaginions à priori. b. Composition de l’équipe Nous étions la dernière équipe à partir, et pas encore au complet lors des journées de formation, sachez donc qu’elles sont nécessaires mais pas indispensables. Dans notre cas, seul une personne avait pu participer à ces journées d’accompagnement, notre chef de groupe. Sachez aussi que les documents distribués à l’issue de cette journée peuvent vous être fournis par la suite, par la guilde. Autrement, n’hésitez pas à vous mettre rapidement en contact et à les photocopier. Etant géographiquement éloignés, nous avons tout d’abord correspondu par courriel, puis une semaine et demie avant notre départ nous nous sommes réunis pour finaliser nos démarches. Il est très important de se rencontrer, de planifier vos collectes de dons, de réunir vos informations – qui s’avèreraient peut-être très différentes. Nous venions tous de milieux très différents, avec tous, des attentes très différentes en ce qui concernaient les résultats de cette mission (raisons familiales, intégration dans le milieu humanitaire, « voyage-utile » en opposition au voyage touristique primaire) mais tous avec l’envie de voir un peuple avant de voir un pays. LES MEMBRES DE L’ÉQUIPE : - Romy : chef de groupe et doyenne de l’équipe, âgée de 25 ans, chef de rang dans un « gastro », habitant à paris - Prisca, âgée de 24 ans, jeune diplômée en psychologie clinique, habitant en région parisienne - Anne-claire surnommée « bop bop », âgée de 22 ans, étudiante en psychologie, habitant à Amboise - Quentin, âgé de 18 ans, étudiant en CPGE-Lettres, habitant à Agen. c. Les partenaires locaux L’ASSOCIATION ZAZAKELY L’association Zazakely – prononcez « Zazakel » – est une association franco-helvétique possédant des antennes dans trois pays. L’initiative malgache a été entièrement portée par Albertine et ses collaborateurs. Cependant elle répond directement de l’antenne suisse. Les locaux sont implantés dans un des quartiers les plus défavorisés d’Antsirabe. Plusieurs bâtiments sont à disposition de l’association (fruits de dons ou de chantier de réinsertion). Il y a un premier bâtiment, un peu défraîchi, un second, flambant neuf, ainsi que plusieurs petites annexes. On compte aussi un terrain de foot qui fait office de « limes » entre le quartier et l’association. Albertine porte d’ailleurs, depuis peu, un projet de complexe sportif qu’elle présentait aux autorités malgaches lors de notre séjour. En bref, l’association Zazakely assure la scolarisation des enfants du quartier pendant les vacances et dispense un soutien scolaire pendant leurs temps libres durant l’année scolaire. L’éducation malgache dispense des cours en français mais le niveau des enfants reste très faible. La plupart d’entre eux ont de bonnes connaissances mais cela n’est que superficiel. Evitez donc de survolez vos sujets, espérant ainsi en traiter le plus possible. Ne vous fixer que peu de matières mais approfondissez-les en multipliant votre matériel. L’école concède beaucoup de temps libres et de vacances aux enfants les laissant dans la rue, livrés à euxmêmes. Dans ces moments là, nombre d’entre eux profite du terrain de jeu de Zazakely, n’hésitez donc pas à organiser de grands jeux afin que tous participent. Pour ce qui est de la promotion de la femme, l’association fait travailler une dizaine de brodeuses au sein d’une coopérative, toutes sont des femmes du quartier au chômage ou en grande précarité. La promotion de la femme s’avère très difficile, certaines questions restent tabou, – le préservatif en particulier –, faites donc de la prévention mais n’espérez pas changer les mœurs. La question du HIV bien que crucial reste difficile à évoquer dans les familles, le préservatif est synonyme de prostitution et certaines femmes se font battre par leur mari en évoquant la question. En tant qu’occidentaux, nous avons le droit d’être choqué mais n’essayons pas d’imposer notre vision du monde, essayons plutôt de les comprendre. Par ailleurs, nous vous conseillons de vous rendre à l’atelier et de parler avec les brodeuses, elles sont un peu timides, mais accueillantes. Une fois par semaine, la directrice de la coopérative leur dispense des cours de français, vous êtes donc invité à y participer. Vous pourrez aussi passer commande, mais, pour cela, il faudra vous y prendre bien à l’avance si vous voulez du « sur-mesure ». Plus généralement, retenez qu’il est très important de discuter avec la population locale (pousse-pousse, serveur, chauffeur, élèves, professeurs, vendeurs), n’ayez pas peur et dépassez la barrière de la langue. L’ostracisme n’est pas de mise en de pareille situation. LES MEMBRES DE L’ASSOCIATION Albertine. Décrire Albertine n’est pas une chose mince à faire, de nombreuses discussions ont éclaté entre nous à son sujet, je me contenterais de vous donner mon avis, l’avis de Quentin donc, nos avis diffèrent en fonction des tolérances de chacun. Je dirais qu’elle est dantesque, c’est-à-dire à la fois sombre et sublime. Elle porte en elle une force de vivre et d’entreprendre folle, comme celle des mères italiennes. Elle a suivi de nombreuses formations autour du droit de l’enfance en Suisse en parallèle elle travaillait comme fille au pair, elle a donc bénéficié d’une chance énorme. Elle parle le français, le malgache, l’italien, à la perfection. Les autres employés de l’association sont tous dignes de confiance, mais ils n’ont pas la même omniprésence qu’Albertine. Honoré. C’est le gardien de l’association. Sa petite-fille est scolarisée en maternelle à l’association. Monsieur Honoré est votre ange-gardien nocturne, discret mais efficace. Bobby et Milou. C’est un couple de chiens. Ils gardent vos chambres toute la nuit, vous protègent contre les attaques nocturnes d’autres chiens, ils sont vaccinés, mais ont des puces. Raymond, c’est le trésorier de l’association. Il collectera le budget de la semaine – 10 000 ariary par personne –, pour la nourriture et les services rendus par la cuisinière. Il vous rendra toujours la monnaie si vous êtes en excédant. Madeleine, c’est la cuisinière. Septuagénaire, elle est la mère de doouze enfants, dont le dernier est âgé de quatorze ans. Véritable force de la nature bien que frêle, elle marche une heure et demie tous les matins pour venir vous préparer les repas, on lui tire donc tous notre chapeau. Elle vous proposera de vous laver votre linge, une tâche extrêmement laborieuse à son âge mais qui lui permet de gagner un peu plus d’argent. Vous êtes donc avertis, prenez votre décision en conséquence. Sinon, n’hésitez pas à lui demander des beignets sucrés « moffballs » ou des « moffogasy », cela améliorera votre quotidien. Tojo et Danny. Deux élèves, lycéens, ils logent, mangent et étudient, dans leur salle de cours faute de n plus avoir de toit. Ils sont extrêmement gentils et intelligents, mais très timides. Enfin, René. Nouveau directeur, il travaille depuis longtemps dans l’association mais découvre encore le dur labeur de la direction. Un peu poltron, il pourrait vous paraître inefficace or il ne l’est pas, il est juste un peu perdu dans la direction des affaires de l’association. René c’est un ami, il faut collaborer avec lui pour pouvoir vous installer, vous imposer, prendre vos marques, dites-lui tout. Il aime beaucoup les enfants. Il est très dépendant d’Albertine, il la sollicite très souvent, c’est pour cela qu’Albertine est très présente encore à l’association et qu’elle a encore beaucoup d’emprise sur l’association. Ne vous méprenez pas si René vous demande de payer les chambres, les bonbonnes de gaz, ou autre… refusez poliment. Il n’est pas prévu de participer aux frais de l’association. Les missionnaires ne sont pas une charge mais une aide et sachez qu’à l’exception de l’électricité, chaque chose que vous consommerez vous l’aurez payé. Ne culpabilisez donc pas ! Le père Raymond. Il est le frère de René, il dirige le noviciat des frères franciscains d’Andraïkiba (lac sacré à 7km d’Antsirabe), Il est d’apparence très gentil, il nous a accueilli au noviciat, et connaît très bien la guilde puisqu’il a été le référent d’une série de mission auparavant, comme Albertine aujourd’hui. Les frères franciscains (disciples de Saint-François d’Assise) et les sœurs clarisses (disciples de Claire d’Assise) sont des personnes que vous serez amenés à rencontrer, Albertine étant un membre actif de la communauté depuis plus de 25 ans. Ils sont tolérants envers les laïcs. Les sœurs franciscaines, elles vous accueillent dans tout le pays, dans leurs dispensaires, dans la plupart des cas cela est gratuit, elles vous offrent le repas et le logis. Si vous êtes amenés à voyager elles vous seront indispensables. Elles sont d’une grande aide. LE LIEU DE MISSION Dire que Antsirabe est la troisième ville du pays n’a que peu d’intérêt, en somme c’est un gros village dans lequel il est possible de tout trouver ou presque. Superettes (pour les « riches »), cybercafé, restaurants, marchés… Sachez que le tourisme sexuel est bien présent à Madagascar. S’il ne semble pas être encouragé à Antsirabe, il y est tout de même toléré. Cependant ne dévisagez pas chaque visage « pâle » accompagné d’une jeune malgache, vous vous épuiserez et jugerez parfois faussement des personnes innocentes. Cela dit on rencontre également d’autres jeunes, des missionnaires, des centraliens, des professeurs norvégiens (Antsirabe fut un comptoir norvégien et son microclimat attire encore les scandinaves) en poste pour de longues durées, ou bien des stagiaires pris en charge par l’alliance française – très présente sur place. Par ailleurs, certains touristes sont aussi très sympathiques il ne faut donc pas faire de généralité. Antsirabe est une ville défraichie comme nombre de lieux non touristiques de Madagascar. Cependant, les thermes sont absolument indispensables à voir. La ville est aussi réputée pour son travail de la pierre, et pour sa broderie. Ne vous attendez pas à trouver des pierres précieuses mais vous pourrez être soufflé par le travail de la corne de zébu – au parc de l’est. Le lac d’Andraïkiba est également un beau site à visiter, il n’est pas aussi beau que le lac Tritriva mais il est plus accessible (taxi-brousse). Vous pourrez faire un arrêt au restaurant le Dera, le seul dans les environs, bon marché, avec un rhum arrangé à tomber. Puis poursuivez votre chemin jusqu’au lac Tritiva, un lac somptueux, où il est possible de se baigner dans l’eau turquoise d’un cratère volcanique. Cela dit restez sérieux et ne vous amusez pas à sauter de 15 m de haut. Sachez que la baignade est « fady » (tabou), comme de nombreuses choses à Madagascar, mais si vous payez ils oublieront vite le sacrilège. Prévoyez une bonne journée de marche où alors payez un guide au lac pour qu’il vous trouve un moyen de retour motorisé. Le plus raisonnable étant de louer un 4x4, la route étant en mauvais état. Le quartier de Mahazina – lieu même de notre mission – , est un quartier très défavorisé. Il se situe dans la ville elle-même, à deux coups de pédales du centre-ville, vous traverserez le quartier avant d’accéder aux locaux de l’association. La plupart des enfants que vous aurez habite le quartier. Comparé au bâti général du quartier vous aurez l’impression d’être privilégié dans les locaux de l’association. Mais là encore ne vous attendez pas à du « tout confort ». Dans l’association même, lors de votre réveil vous aurez face à vous une colline sacrée parsemée de nombreux caveaux. Appréciez cette vue car elle est absolument exceptionnelle. Vous serez aussi tenté de grimper sur cette colline et alors vous découvrirez un autre pan de la brousse. Cette ballade est déconseillée bien que nous l’ayons faite à plusieurs reprises. Soyez donc prudents car vous serez en brousse et la brousse n’est pas un univers toujours très accueillant. Les habitants n’ont pas ou peu l’habitude des étrangers (« vazaha » prononcé « vaza »). La peur de l’étranger et en particulier du blanc est encore bien présente. INFORMATIONS PRATIQUES SUR LE PAYS Le meilleur conseil que nous puissions vous donner ici est de lire avant votre mission et en détail le guide du routard, le lonely planet… ou tout autre livre touristique sur Madagascar. Ils vous conseilleront des sorties plutôt sympathiques, des restaurants ou des périples, touristiques certes, mais cela constituera une base à partir de laquelle vous pourrez vous créer votre propre aventure. Soyez par ailleurs ouvert à la rencontre car qui mieux qu’un malgache pour vous faire visiter Madagascar. Encore une fois cela dépend de vos attentes et des raisons qui ont motivé votre présence sur place – certains pour l’humain, d’autre pour le voyage ou encore l’aventure. Sachez donc pour quoi vous êtes là et que vos motivations ne sont pas toujours partagées. Toutefois, pour être plus pragmatiques et dans la mesure où nous ne serons pas exhaustifs voici quelques conseils. Ne convertissez rien en euros, pensez en salaire moyen (soit 80 000 Ar) car quoiqu’il arrive tout vous paraitra peu cher. Sachez cependant que surpayer un service ne fait qu’encourager l’assistanat local et perpétuer l’image condescendante de l’Occidental fortuné. Inutile alors de s’offusquer en entendant un enfant haranguer « vahaza stylo » ou quand un pousse-pousse vous facturera 50 000 Ar une course qui en vaut 500. Passez donc au-dessus de votre « complexe de héros » et du stéréotype qui vous oblige à emmener des vêtements pour les « pauvres petits africains ». Si vous êtes malades, ne laissez pas traîner votre cas, prenez rendez-vous au plus tôt avec le médecin consulaire. Il est là pour vous, en tant que français, et il est fiable. Sur la question de la santé et de l’alimentation nous nous sommes montrés très prudents et notre conseil est d’en faire de même. Vous ne passerez qu’un mois sur place, soit pas assez de temps – me semble-t-il –, pour repérer dans quel marché vous pourrez acheter des aliments – moins chers certes – mais en toute sécurité. Notre choix, et j’insiste sur le fait que ce soit une décision personnelle, fut donc de faire confiance à des lieux dits pour « vahaza ». Enfin, sachez qu’Albertine, quel que soit son statut, a beaucoup d’influence à Mahazina. C’est pour cela, qu’en cas de coups durs, dire que vous venez de Zazakely vous assurera une parfaite quiétude. II. La vie sur place a. L’arrivée à Madagascar Notre arrivée à Madagascar a été un moment mémorable. L’impatience de quitter Paris, les premières lueurs du jour, la vue surplombante du ciel malgache, la chaleur locale… un vrai dépaysement. Mais, me semble-t-il, c’est une expérience à vivre et non à narrer. Sachez cependant qu’à votre arrivée vous aurez à remplir un papier où vous indiquerez votre lieu de résidence à Madagascar, le numéro de votre vol, de passeport… gardez donc soigneusement ces informations près de vous – à l’aller comme au retour. Une fois sorti de l’aéroport nous avons été accueillis par Albertine et Elysée, le chauffeur qu’elle nous avait réservé. Il possède un break un peu vieillot mais encore en état de marche. Evitez toutefois de faire de trop longues distances en particulier sur des routes sinueuses et en mauvais état. Nous avons en effet eu la mauvaise surprise de tomber en panne à plusieurs reprises, assurez-vous en simplement avant. Nous avons ensuite demandé à Albertine de changer notre argent, et là vous avez le choix entre retirer votre argent et le changer sur place – vous avez le meilleur taux de change à l’aéroport, ou le retirer à la banque. Puis après quelques détours pour visiter la ville nous sommes enfin arrivés à Mahazina. Mahazina signifie « abondance » en malgache, ici cela tient plutôt de l’abondance de pauvreté comme le dit bien Albertine. Mais c’est aussi une abondance de sourires, de joies et de générosité. Ne vous leurrez pas, Madagascar n’est pas un Walt Disney et vous vous apercevrez vite que les enfants y sont comme partout ailleurs, ils testent vos limites et ont besoin d’un cadre. Il y a de la pauvreté, certains vous dévisagent parce que vous êtes un vahaza, d’autres vous approchent pour les mêmes raisons et en découlent une jolie rencontre, ou bien alors ils profitent de votre crédulité… Mais malgré tout cela ils émanent de ces jeunes malgaches une joie de vivre, une envie d’apprendre et de partager… c’est bien la seule chose qui vous permettra d’apprécier et de poursuivre votre mission. Lorsque nous arrivons enfin à Mahazina, au bout d’une allée en terre en mauvais état, se trouve l’association Zazakely. Les lieux vous ont été dépeints et c’est dans la partie neuve du bâtiment que nous nous installons. Il fait déjà nuit, sachez en effet que la nuit tombe, à cette période de l’année, à 18h15 très précisément. Les enfants ne sont plus là mais nous sommes accueillis par René, les cuisinières, Tojo, les professeurs (Noro,), stagiaires (Mahami) et d’autres visages inconnus. Le lendemain matin, nous assistons à l’accueil officiel préparé par toute l’association, chants, danses, présentations… b. La vie sur place LE LOGEMENT Nous logeons au sein même de l’association. La disposition est la suivante, 2 chambres, une douche, des WC, une cuisine et une table à manger. Chaque pièce donne sur la salle à manger, parfois de manière gênante. La première chambre est celle où nous nous installons. Un peu vétuste, elle est propre et comprend 4 lits dont un lit superposé. Vous y trouverez des draps mais n’hésitez pas à apporter les votre en plus de vos sacs de couchage et moustiquaires. L’autre option est de faire comme nous, c’est-à-dire de prendre les couvertures gratuitement fournie par la compagnie Corsair Fly et de les disposer sur les draps. Sachez par ailleurs, que le ménage aura été – bien – fait par Madeleine, employée comme monsieur Honoré par l’association uniquement lorsque celle-ci accueille des missionnaires. Sur place, nous avions le droit à l’électricité, l’eau chaude mais préparez-vous à vous laver à « l’africaine » c’est-à-dire avec un sceau d’eau. En effet nous avions de l’eau froide dans le lavabo, mais pas d’eau chaude. A l’inverse, vous trouverez de l’eau chaude dans la douche mais pas d’eau froide. Par ailleurs les toilettes, à l’européenne cette fois, ne fonctionnaient plus lors de notre séjour. C’est donc avec un arrosoir et beaucoup d’eau que nous devions créer la pression nécessaire pour évacuer ce qui devait l’être. Ce fut gênant mais aussi une occasion de rire pour chacun d’entre nous. Vous passerez tous par là, soyez en sûr. Enfin, au quotidien, Madeleine se chargera de vous faire la cuisine, le ménage des pièces communes, c’est-à-dire toutes sauf la chambre, mais n’hésitez pas à lui faciliter la tâche, je vous rappelle qu’elle est septuagénaire. En bref, le quotidien et les conditions de vie sont plutôt agréables. CONDITIONS DE VIE Vous serez nourris, logés, blanchis. La nourriture est composée essentiellement de légumes et de riz, parfois vous aurez droit à de la viande et des fruits. Pour ces derniers, cela dépendra évidemment de la période à laquelle vous irez à Madagascar. Nous, nous avons eu droit à des bananes, des ananas et des mangues. Soyez cependant vigilants avec les fruits car certains sont déconseillés. Renseignez-vous donc sur place auprès des malgaches et consultez votre livre sur Madagascar. Pour ce qui est de la lessive, nous lavions nos vêtements à la main, pensez donc à prendre de la lessive liquide avec vous ou attendez-vous à en acheter sur place. Par ailleurs, évitez de prendre des vêtements qui vous soient précieux car la terre rouge de Madagascar est très présente à Mahazina et elle s’infiltre partout. Enfin pour le ménage de votre chambre, ne comptez que sur vous-même et sur votre organisation interne. Sur place vous rencontrerez des moustiques. Ils sont présents particulièrement quand la nuit tombe, nous étions donc vigilants aux alentours de 18h. Chacun remettait une dose d’anti-moustique sur ses vêtements, sur sa peau et sortait les bougies répulsives. Les moustiques ne sont pas très gros mais nombreux et porteur du palu. Soyez vigilants quitte à l’être trop. C’était aussi l’heure où nous sortions nos polaires, et nos pulls car les nuits sont très froides à Madagascar, d’autant plus qu’elles contrastent avec les journées souvent très chaudes. En journée, le rituel était totalement différent, on préférait les hauts à manche longue ou les débardeurs. On se barbouillait alors d’anti-moustique mais les piqûres étaient moins fréquentes. Attention toutefois si vous allez en brousse, ne lésinez pas sur la dose d’antirépulsif, en particulier sur les bas de pantalons, et les chaussures. Vous trouverez dans la ville tout ce qu’il vous faut en termes de supermarchés, cybercafé et autre. Evitez tout de même le cyber le plus proche de Mahazina car s’il est moins cher, la connexion y est mauvaise. Prévoir un budget de 400 euros pour le mois est un bon pronostic mais cela dépendra surtout de votre façon de gérer votre argent. Prévoyez plus si vous voulez faire du tourisme, allez loin ou acheter de nombreux souvenirs… LES TRANSPORTS Vous trouverez de nombreux « posy-posy » à Antsirabe. Le pousse-pousse est un moyen de locomotion bon marché, méfiez-vous donc des prix parfois exorbitants qu’ils veuillent vous faire payer. Un conseil, divisez les par quatre et assurez-vous, avant de monter, d’être d’accord sur le prix. Les pousse-pousse sont de grands marchandeurs mais à l’arrivée on s’aperçoit qu’ils sont très amicaux. Nous en avons pris quelques-uns avec beaucoup de culpabilité – je dois l’avouer –, en particulier lorsque l’on voit l’état des routes à Madagascar. On préférait donc la marche mais le pousse-pousse reste un moyen de transport très pratique et en prendre participe au développement économique. En dehors des pousse-pousse, vous avez les taxis-brousse. Imaginez un grand van fait pour 30 personnes mais remplis d’une cinquantaine de malgache. C’est l’ambiance du taxibrousse, c’est assez drôle et très utile. C’est bien moins cher (300 Ar) que le pousse-pousse mais aussi bien moins régulier. Il a été pratique pour aller aux lacs Andraïkiba et Tritriva, n’hésitez donc pas à l’emprunter pour de longues distances. Vous avez aussi la possibilité de louer une voiture avec chauffeur mais cela revient beaucoup plus cher, en fonction du véhicule. Quant au train, vous apercevrez certainement une gare dans le centre-ville mais n’espérez pas monter ou même y croiser un train car elle est peu usitée et strictement réservée au transport de marchandise. On ne peut même pas y entrer mais à la place nous avons eu le plaisir de voir de jeunes malgaches faire des acrobaties en roller, skate et bmx. III.Les activités mises en place a. Objectifs de la mission L’objectif de la mission défini par la guilde est d’enseigner à des enfants de tous âges et de les aider dans leur travail scolaire. La pédagogie est importante et au premier plan mais nous ne sommes pas des professeurs, il faut donc savoir acceptez ses limites. Par ailleurs, il ne faut pas hésiter à apprendre de nouvelles choses aux enfants même si elles ne sont pas dans leur programme, comme la prévention sur le SIDA. L’autre pan de notre mission est l’animation, ce qui nous a permis de faire participer les enfants à des jeux en groupe. Ces temps nous ont semblé importants car les jeunes sont répartis par niveau scolaire toute la matinée et se connaissent peu parfois au sein d’une même classe. N’hésitez donc pas à proposer des présentations dans les temps scolaires et à mélanger les niveaux au moment des jeux. Pour nous, les temps de jeux ont aussi permis d’avoir un rapport autre avec les enfants, en sortant d’une position de bourreau au profit d’un moment de plaisir avec eux. En théorie, nous avons atteints les objectifs de notre mission – avec difficultés parfois –, nous avons fait du soutien scolaire et de l’animation. Quant à nos attentes, nous nous sommes vite aperçus qu’il fallait y renoncer. Suivre le programme scolaire à la lettre ou les livres de vacances n’était pas une bonne technique. Cela donnait des pistes de travail mais les niveaux étaient tellement disparates qu’il fallait sans cesse nous adapter. Nous avons donc décidé de modifier notre angle de travail et de nous appuyer sur les incollables pour organiser nos temps scolaires. A partir d’une question sur la conjugaison nous pouvions ouvrir sur la conjugaison en générale ou d’un verbe en particulier et aborder d’une manière plus large le français. Si les enfants paraîtront avoir un bon niveau dans ce domaine, cela n’est qu’une façade. Les bases ne sont pas acquises et pour cela il faudra bien plus qu’une mission mensuelle. Toutefois, nos attentes ont été atteintes dans la mesure où il y a eu une vrai rencontre entre ces enfants et nous, et que sur cette courte durée, nous avons pu leur apporter quelque chose. b. Les « zazakely » Les classes vont de la maternelle à la 3 ème. Cependant nous avons surtout eu les CP, CE et collège. Par ailleurs, il n’y avait qu’une seule classe pour le niveau collège et donc une différence d’âge et de niveau importante. En somme, les enfants que nous avions, avaient entre 6 et 18 ans. Le nombre d’enfant sur chaque classe pouvait varier. En fonction de la matinée ou de l’après-midi, de la rentrée, nous avions entre 10 et 40 enfants d’âges et de niveaux différents. La direction nous assurait l’homogénéité des classes mais on s’apercevait que ce n’était pas le cas. Il y avait plus d’enfants pendant les vacances scolaires et ceux du même âge n’avaient pas toujours le même niveau. Le niveau scolaire est globalement bon, surtout en math. Cependant leur niveau en français est plus faible et il peut y avoir des problèmes de communication avec les enfants, surtout en CP et CE. Au collège il y a moins de problème pour le français. Ils ont également un bon niveau (le même qu’en France) et suive le même programme qu’en France. Ils aiment beaucoup apprendre les langues étrangères (ils ont des bases en anglais, italien et espagnol). c. Organisation quotidienne Voici une journée type : 9h Début des cours 10h-10h30 Récréation 11h30 Pause de midi (Repas) 14h Reprise des cours 15h-16h30 Animation Le matin était essentiellement réservé aux cours : français, math, anglais, géographie, espagnol… En début d’après-midi nous aidions les enfants, s’ils en avaient, à faire leurs devoirs. Sinon nous faisions cours également. L’après-midi c’était les activités en plein air : épervier, foot, balle aux prisonniers.... Ou bien en salle : pendu, dessin, danse, chant, films.... LA CLASSE ANIMATION Distribution de ballons. Les chaises musicales. Activités fresques ou banderoles d. Le matériel Il y a déjà pas mal de matériel sur place, crayons de couleur, feutres, stylos, feuilles, jeux, cahiers, peintures. Mais prévoyez tout de même un peu de matériel comme de la craie ou si vous voulez faire une activité particulière (coloriage par exemple). Il y a aussi des magasins qui peuvent vous faire des photocopies en ville. Attention à ne pas distribuer trop de matériel car les élèves sont censés avoir leur propre matériel donner par l’association : cahier, stylos... Petite astuce, si vous souhaitez apporter du matériel sur place, n’hésitez pas à contacter rapidement les libraires, boutiques et autres magasins de votre ville. Ils pourront peut-être vous fournir du matériel gratuitement, celui dont ils ne se servent plus. Le porte à porte peut paraître impressionnant mais cela fonctionne et trois librairies m’ont suffi à apporter 10 kilos de matériel. IV. Petits conseils entre amis… Voici une liste de voyage. Tout n’est pas à emporter, ce qui est surligné en bleu n’est pas forcément nécessaire. VÊTEMENTS - T-Shirt - T-Shirt longs - Polaires - Jean - Pyjama - Slips - Paires chaussettes - Maillot bain - Chaussures - Claquettes (pour la douche) - Lunettes soleil - Casquette × × × × × × × × × × × × 2 4 2 1 1 5 15 1 1 1 1 0 × × × × × 1 10 1 5 0 PHARMACIE - Biseptine - Pansements - Ciseaux - Compresses - Gazes (brûlures) - Bande - Bande adhésive - Liquide Phi - Thermomètre - Pince à épiler - Fil + aiguilles - Briquet - Gants latex - Mouchoirs - Cotons - Insectécran peau - Insectécran vêtements - Bombe anti-moustiques - Aspivenin - Bouteille 250mL - Alcool 70 - Hydrochlonazone × 1 × 5 × × × × × 1 10 20 10 3 × 1 × 1 × 1 × 2 × 2 × 1 × 1 × 1 × 6 × 2 MÉDICAMENTS (voir médecin évidemment) - Arestal (constipant) - Bifix/Nifuroxazide (désinfectant intest) - Dulcolax (laxatif) - Charbon intestinal - Oropivalone (maux gorge) - Noroxine (infec. unirnaires) - Spasfon (antispasmodique) - Pepdine (maux estomac) - Feldene (anti-inflammatoire) - Vogalène (vomissements) - Paracétamol (analgésique/antipyrétique) - Lariam/Savarine (antipaludéen) - Amoxiciline/Ibuprofène - Biafine (brûlures/coup soleil) - Crème solaire × × × × × × × × 1 2 1 1 1 1 2 1 × × × × 1 3 2 2 × 1 × 1 × 1 BRICOLAGE - Briquet - Épingle nourrice - Épingle linge - Sacs poubelle 50L × 2 × 5 × 20 × 10 RANDONNEE - Petit sac - Cape pluie jetable - Lampe piles - Lampe dynamo - Lampe frontale × × × × × 1 1 1 1 1 × × × × × × 1 1 1 20 10 1 × × × × 1 1 2 2 PERSO - Caméscope - App photo - MP3 - Piles AA - Piles AAA - Montre - Stylos - Bloc papier petit - Calculatrice - Jeu cartes - Livre - Argent (400€) - Billet avion × 2 × 3 × 2 - Passeport + visa × 1 - Carte identité × 1 - Carnet vaccination (fièvre jaune, typhoïde, hépatite A/B, méningite, DTP, coqueluche, rage…) TROUSSE TOILETTE - Brosse dents - Dentifrice - Rasoir - Peigne - Cotons tiges - Boules Quies - Déo - Serviette toilette - Gel douche - Shampoing - Lingettes - Gel pour les mains × 1 × 1 × 1 × 30 × × × × × × 1 × 2 1 2 1 1 100 × 3 NOURRITURE - Confiture - Nutella - Infusions / Thé × 1 × 2 × 90 SANTÉ - Micropur Forte DCCNa - Moustiquaire/tente - Sac couchage 5°C - Petite lampe poche × 2 × 1 × 1 COURS - Incollables - Craies × 2 ACTIVITÉS - Crayons couleur - Feutres - Agrafeuse - Agrafes - Cutter - Taille crayons - Colle - Compas × × × × 100 60 1 400 × 5 × 1 × 2 - Règle - Scotch - Ciseaux - Feuilles blanches - Ballon baudruche × × × × × 2 3 10 0 100 ARGENT, ASSURANCE, VISA Pour la demande de visa renseignez-vous sur le site de l’ambassade de Madagascar à Paris. Le visa ne peut pas être fait le jour même il est prêt dans les 10 jours (donc prévoyiez cela assez tôt.). Prévoyiez à peu près 400 euros pour le mois. On peut emporter de l’argent liquide qui peut être échangé à l’aéroport. Ou retirer par carte visa à des distributeurs sur place (mais prévoyez quand même un peu d’argent liquide au cas où…). LEXIQUE - Manao ahoana / salàma, salame : bonjour Tonga soa : bienvenue Misaotra : merci Rahampitso : à demain Inona vao vao : comment ça va ? / quoi de neuf ? Tsy misy fisàorana : de rien Veloma : au revoir Azafady : pardon, excusez-moi Rahampisto maraina : à demain matin V. En conclusion… Il est important, – pour le bon déroulement de votre mission –, de lire au moins une fois tous les rapports de mission précédents. Toutefois rappelez-vous que selon la période de votre mission, les conditions de vie dans l’association ainsi que beaucoup de paramètres pourront changer profondément. Toutefois, sachez prendre du recul face à chacun de ces rapports, parce que ce qu’on y relate est le fruit d’une expérience personnelle et/ou collective. Cela rassurera beaucoup d’entre vous, de pouvoir vous appuyer sur ces rapports, car pour la plupart, cette mission sera la première. Cependant ce ne sont là que quelques pistes, c’est donc à vous de monter votre projet et votre propre mission.