Christian Ruppert, l`homme qui fait aimer la pub
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Christian Ruppert, l`homme qui fait aimer la pub
/ Région / Economie STRASBOURG Energie renouvelable 15 juin. Le groupe Caisse des Dépôts (CDC) fait du développement durable une priorité et investit dans différentes filières d’énergies renouvelables. Ainsi la direction régionale de la CDC organise-t-elle une réunion d’information sur « Les actions de la Caisse en matière d’énergies renouvelables » (de 14 h à 17 h dans l’amphithéâtre De Dietrich de l’INSA, 24 bd de la Victoire à Strasbourg). Deux tables rondes consacrées à la petite hydraulique et au biogaz seront animées par des représentants d’entreprises privées et d’organismes publics. Cette manifestation est réservée aux acteurs publics et aux professionnels. Inscription préalable obligatoire: [email protected] TGV Rhin-Rhône et tourisme ◗ Jeudi 16 juin. La CCI de Strasbourg et du BasRhin organise une rencontre avec la SNCF destinée aux professionnels de l’hôtellerie et de la restauration sur le thème : « Le TGV Rhin Rhône arrive en Alsace: une nouvelle clientèle touristique à séduire » (à 15h à la CCI, 10 place Gutenberg — Strasbourg). Cette réunion sera animée par André Reboul, chef de projet TGV Rhin Rhône à la SNCF. Des informations précises sur l’ouverture de la ligne, les moyens de promotion et les stratégies touristiques seront communiquées lors de cette réunion. Inscription obligatoire www.strasbourg.cci.fr, rubrique « agenda » en page d’accueil ou [email protected] ou 03 88 75 25 66 Diversité: colloque de GDF Suez ◗ Mardi 28 juin. Sous le titre «Avec d’autres, GDF Suez s’engage», la direction déléguée Grand Est du groupe d’énergie organise un colloque d’une journée sur la diversité et l’intégration des publics fragiles dans l’entreprise (de 8h30 à 16h30 à l’ENA, 1 rue Sainte-Marguerite à Strasbourg). Accès libre sur inscirption avant le 15 juin. Contact: [email protected] 8 Christian Ruppert, l’homme qui fait aimer la pub Économie ◗ Mercredi RTE 08 Développement / Soixante entrepreneurs qui font l’Alsace L’agenda La recherche en chimie, une chance pour les entreprises ? ◗ Mercredi 15 juin. Le Conseil économique, social et environnemental régional d’Alsace invite à un débat dans le cadre de son cycle de conférences publiques Césagora sur le thème « La recherche et l’enseignement de la chimie en Alsace : une chance pour les entreprises ? » (de 17h à 19h à la Faculté de chimie, amphi Fischer, 1 rue Blaise-Pascal à Strasbourg). Ce débat s’inscrit dans le cadre de l’année internationale de la chimie et sera l’occasion de s’interroger sur les grands défis contemporains adressés à cette discipline. Accès libre Samedi 11 juin 2011 Christian Ruppert, une des figures de la création publicitaire alsacienne, aime toujours aussi passionnément son métier trente-sept ans après avoir créé Grafiti, la société qu’il dirige encore aujourd’hui. Observateur des mutations de la communication, il ne les craint pas mais redoute davantage la perte des centres de décision en Alsace, qui rend le marché plus difficile. Vingt-deuxième volet de notre série. Alors qu’il a fêté le 4 avril dernier soixante ans d’existence, dont quarante voués à l’exploration de la planète pub depuis son entrée à l’IUT, Christian Ruppert a éprouvé le besoin de faire un petit retour sur lui-même. Et lui qui n’est pas obsédé par les chiffres a tout de même saisi sa calculette et stimulé sa mémoire. Il apparaît ainsi que le créateur et patron de Grafiti Prospective a créé au cours de son existence une centaine d’emplois directs dans les entreprises qu’il a fondées et dirigées, parfois cédées, dans des domaines aussi éclectiques que la publicité, les services informatiques ou la production de spectacles. renchérir, globalement, le coût des prestations puisque les compétiteurs non retenus ne sont pas indemnisés, les vainqueurs ne détenant aucun droit de propriété intellectuelle, à la différence des pratiques allemandes. Gestionnaire quand même, le créatif a calculé que les compétitions perdues lui ont fait perdre 1 800 heures, soit 1,2 poste de collaborateur en 2009. Le coût en est forcément répercuté sur la clientèle. Mais la commande publique reste une référence recherchée et une compétition stimulante. Grafiti Prospective est ainsi fière d’avoir été sélectionnée comme prestataire du pôle Énergievie. Sur le marché privé, Grafiti ne craint pas la concurrence des agences parisiennes ou internationales. Elle souffre en revanche de la l’affaiblissement progressif, et inquiétant, des centres de décision alsaciens avec qui elle pouvait traiter autrefois. Christian Ruppert l’admet sans difficulté: la communication publicitaire n’est pas, et n’a jamais été une science exacte: « Hechter disait que le marketing est la science du bon sens ». Pour son compte, le patron de Grafiti a forgé sa propre signature: « pertinence et impertinence »: «Nous devons d’abord comprendre le marché, faire un gros effort d’écoute. Et puis nous devons être créatifs en étant attentifs au sens », explique Ruppert, plutôt moins obscur que la plupart de ses confrères : « Mon métier, c’est une passion, c’est la vie. Je ne fais pas ça pour devenir riche », dit le chef d’entreprise. ■ Du cabaret satirique au patronat Peu d’hommes d’affaires alsaciens peuvent se targuer d’être à l’origine d’un spectacle de cabaret aussi couru que la revue annuelle des Scouts qui draine 40 000 aficionados par an. C’est l’œuvre, beaucoup de Strasbourgeois le savent, d’Acte 5, filiale événementielle qui a longtemps cohabité avec l’agence de publicité. Avec grosses rigolades et pas mal de migraines pour fruits de cette cohabitation féconde. Christian Ruppert est un vrai Strasbourgeois, un Steckelburjer comme il le précise d’entrée. Son grand-père venu de Kassel a franchi le Rhin avec l’armée prussienne et s’est trouvé, comme d’autres, attrapé dans les filets d’une Alsacienne. Cette double filiation française et allemande réjouit beaucoup Christian Ruppert, flatte chez lui un ressort intime. « Je ne sais pas si ce sont de bons gènes, mais il ne faut pas les nier, en tout cas. être une terre de passage, c’est formidable pour l’Alsace. Je fais toujours campagne pour la promotion de l’allemand et de l’alsacien. L’allemand est aussi un accès à l’emploi et c’est la langue la plus parlée en Europe. C’est une culture et une bonne partie de nos racines ». Et, hasard des lieux, de l’existence et du sens, sa fenêtre à l’arrière du 4 rue Pierre-Bucher offre une vue directe sur le Musée TomiUngerer par-dessus le chahut des toitures du quartier de l’avenue de la Marseillaise où Grafiti Prospective a élu domicile depuis un quart de siècle. Vrai Strasbourgeois, Christian Ruppert promène sa silhouette hors mode de Grand Duduche, chevelure au vent — un peu blanchie quand même — et l’œil malicieux derrière un binocle à fine monture. Dans le village de la com’ alsacienne, le bonhomme est devenu une figure, presque un notable pour avoir fondé avec ses pairs l’Union des conseils en communication Les patrons n’ont pas le monopole des problèmes Christian Ruppert, un enfant de Mai 68 devenu patron d’entreprise. d’Alsace, l’UCCA adhérente du MEDEF. Une organisation patronale à laquelle le boss de Grafiti a beaucoup donné, on y reviendra. Bon mari selon toute apparence, bon père de deux enfants dont l’une travaille à ses côtés, aux études qualitatives, et trois fois grandpère. Tous ces traits de l’homme assis ne l’empêchent pas de sillonner son petit monde à grandes enjambées impatientes. Il ne faut pas pousser beaucoup ce jeune homme un peu moqueur pour qu’il plonge dans ses souvenirs. « À 22 ans, j’ai créé mon entreprise avec toute la fougue de la jeunesse ! J’étais un enfant de Mai 68 quand même… Pendant six mois on touchait un quart de SMIC, il nous a fallu deux ans pour avoir un vrai salaire » Il est assurément un enfant de cette époque, un des rares à avoir su en conserver la fraîcheur, sinon la candeur. Mais il a les pieds sur terre depuis très longtemps. Au moins depuis qu’il a créé Grafiti, « sans argent, sans héritage, sans réseau, sans rien », associé avec Louis Bolufer. Les aléas de la commande publique Sans grand bagage patrimonial mais pas sans culot, sans doute, puisqu’il est allé, au bout du compte, aux limites de ce qu’il voulait, Y compris en assumant ses erreurs de management qu’il admet avec le sourire sans les renier une seule seconde : « J’ai lancé beaucoup d’affaires ou de projets en m’associant à cinquantecinquante. C’est la plus mauvaise philosophie de gestion, mais j’y tiens beaucoup ». Les problèmes d’associés l’ont pas mal tracassé durant sa vie de chef d’entreprise. mais il sait qu’il devra préparer sa succession. Sans exclure d’associer le personnel, cette fois. Depuis ses débuts avec Jean Collette, une référence à laquelle il rend hommage, comme à Anstett ou à Reymann, Christian Ruppert a (Photo DNA - Cédric Joubert) toujours voulu pousser haut la création. Selon ses dires, la créativité est le «principe de précaution» de l’agence de publicité, sa clé de survie: «Dans un monde communicationnel encombré il faut, pour émerger, privilégier la force de la création car c’est elle, et elle seule, qui permet l’impact d’un message». Mais il est aussi dirigeant: « Bien manager les hommes, bien gérer l’entreprise, c’est la clé du succès. Là, parfois, j’aimerais arrêter… Je suis sans doute moins performant dans ce domaine qu’il y a quelques années. Mais la création, c’est une passion, on ne l’arrête pas. Je participe toujours à ce travail et, pour l’instant, je me sens encore très utile. Ce sont mes clients qui vont me dire si je suis moins performant ». Des clients, Grafiti Prospective en compte en permanence une trentaine, son activité se partageant entre la commande publique (35%) et la clientèle privée (65%) pour une marge brute (le chiffre d’affaires) d’un million d’euros et 15 collaborateurs permanents. Christian Ruppert, comme ses confrères, est sévère avec les règles des collectivités qui ont pour effet de La collectivité Grafiti, elle, s’est enrichie. « Depuis 1974, nous n’avons connu que quatre exercices déficitaires, les crises de 2000, 2003, 1993 et 2009. Nous avons 400 000 euros de fonds propres, c’est essentiel pour l’entreprise ». Il est patronal, comment pourrait-il en être autrement ? Mais d’un modèle un peu décalé, avec cette phrase assez drôle : « Les patrons n’ont pas le monopole des problèmes, quand même ». Certes non, mais le saventils ? En imaginant avec quelques jeunes turcs du Medef l’opération « Les boss invitent les profs », une offensive de charme auprès d’un corps enseignant soupçonné d’être trop imperméable aux réalités de l’entreprise, Christian Ruppert a fabriqué un drôle de mécanisme. Destiné à convaincre les profs des vertus du libéralisme économique, l’argumentaire didactique a permis à beaucoup de dirigeants d’entreprise de découvrir les grandeurs et les servitudes de l’enseignement, un monde moins simple qu’ils ne l’imaginaient… Et finalement, cette opération s’est révélée profonde, durable et porteuse de sens sur le long terme. Et tout cela gratuitement : un rêve de publicitaire ? Antoine Latham ◗ Précédente parution dans cette série créée à l’occasion des soixante ans de l’Adira : Pierre Schmidt le 21 mai.