Que les gros salaires lèvent le doigt

Transcription

Que les gros salaires lèvent le doigt
LaLibre.be - Bienvenue sur la Libre Belgique
Page 1 of 1
SUISSE
Que les gros salaires l èvent le doigt
AFP
Mis en ligne le 19/04/2005
-----------
Les salaires des grands patrons suisses, qui sont les mieux payés d’
Europe, sont de plus en plus vilipendés en Suisse, où les montants révélés
par les rapports annuels provoquent des sursauts d’
indignation. «J’
ai peur quand j’
entends des patrons d’
entreprise m’
expliquer qu’
ils ne
dorment que quatre heures par nuit et sont toujours joignables », écrit mardi l’
éditorialiste du journal suisse-allemand Blick.
Dans un grand dossier intitulé «Haro sur les patrons », le quotidien populaire souligne que les chefs d’
entreprise suisses gagnent bien mieux
leur vie que leurs collègues européens. Oswald Grübel, directeur général de la banque Credit Suisse, gagne ainsi en un mois autant que le
patron de Lufthansa en une année.
Dans le hit-parade des 33 plus gros salaires de patrons européens, la Suisse rafle les 3 premières places, avec Oswald Grübel (23 M FS ou 15 M
euros, par an), Marcel Ospel (banque UBS, 21,3 M FS) et Daniel Vasella, PDG du groupe pharmaceutique Novartis (20,8 M FS).
La 5ème place revient aussi à un Suisse, en l’
occurrence le banquier Josef Ackermann, qui dirige la Deutsche Bank. Les 6ème et 7ème places
sont à nouveau occupées par des patrons d’
entreprises suisses, les Autrichiens Franz Humer (Roche), avec 16,5 M FS, et Peter Brabeck
(Nestlé), avec 16,4 M FS. Dans un livre paru la semaine dernière et intitulé «des patrons avides » et sous-titré «pourquoi aucun dirigeant ne
vaut 20 millions FS », le rédacteur en chef du magazine économique suisse Cash, Dirk Schütz, dénonce cette course à l’
argent.
Le journaliste balaye tous les arguments avancés traditionnellement pour défendre ces hauts salaires, comme celui selon lequel puisque les
sportifs de haut niveau gagnent beaucoup, alors pourquoi pas les patrons. Ou alors, si le marché paye autant, c’
est que le dirigeant le mérite.
Ces arguments sont démentis par des salaires beaucoup moins élevés affichés par des grands patrons suisses aux exigences plus modestes:
ainsi le chef de la Migros, le plus gros distributeur de détail en Suisse, n’
a encaissé que 650.000 FS de salaire l’
an dernier.
Pour Peter Odermatt, directeur de la filiale suisse de MRI Worldwide, un chasseur de têtes spécialisé dans les cadres dirigeants, le cumul des
mandats observé chez certains grands patrons suisses, qui siègent dans plusieurs conseils d’
administration, ne sert qu’
à «satisfaire leur ego ».
Selon lui, il s’
agit de «purs mandats de prestige », car ils ne peuvent matériellement pas remplir correctement leurs missions d’
administrateurs.
Ainsi Peter Brabeck, le patron de Nestlé fustigé la semaine dernière par l’
assemblée générale des actionnaires pour s’
être ajouté une casquette
de président à celle de directeur général, occupe à lui seul cinq emplois à plein temps, si l’
on additionne tous ses mandats d’
administrateurs, a
ironisé le magazine économique Bilan.
Selon M. Odermatt, à ce niveau-là, l’
argent ne joue plus aucun rôle, car la plupart de ces grands patrons «sont de toute façon trop rémunérés
». Dans leur cas, a-t-il ajouté, le mot d’
ordre est «plus on en a (NDLR de l’
argent), plus on en manque ».
----------Retour
Cet article provient de http://www.lalibre.be
http://www.lalibre.be/article_print.phtml?art_id=216099
08/01/2007