Odile Decq présente sa future école d`architecture à Lyon

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Odile Decq présente sa future école d`architecture à Lyon
Odile Decq présente sa future école d'architecture à Lyon
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Odile Decq présente sa future école
d'architecture à Lyon
Le Monde | 21.02.2014 à 11h13 • Mis à jour le 21.02.2014 à 11h24 |
Par Jean-Jacques Larrochelle (/journaliste/jean-jacques-larrochelle/)
On n'avait pas vu cela depuis la fondation à Paris , en 1865, de l'Ecole spéciale
d'architecture (ESA), la plus ancienne de France . Voulue par Eugène Violletle-Duc , cette « école libre » avait contesté en son temps le monopole des
Beaux-Arts sur l'enseignement de cette discipline. Près de 150 ans plus tard, et
pour des raisons voisines, l'architecte française Odile Decq (http://www.odiledecq.com/)
a décidé de créer à Lyon l'Institut pour l'innovation et les stratégies créatives en
architecture. Son nom de baptême : Confluence qui est, outre le concept qui
fonde son enseignement et sa pédagogie, le nom du quartier qui doit l'accueillir
dès la rentrée d'octobre. L'école occupera 2200 mètres carrés dans une partie
réhabilitée de l'ancien marché-gare du quartier.
Auteur renommée de nombreuses réalisations en France et à l'étranger (FRAC
Bretagne , Opéra restaurant de Paris, Musée d'art contemporain de Rome),
Odile Decq a été directrice de l'ESA de 2007 à 2012, après y avoir enseigné.
http://www.lemonde.fr/culture/article/2014/02/21/odile-decq-presente-sa-future-ecole-d-architecture-a-lyon_4369743_3246.html
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Elle n'a pu y mener , dit-elle, « un vrai travail de transformations » dont une plus
grande ouverture à l'international et la création de bourses. « Un petit groupe a
pris le pouvoir au sein du conseil d'administration de l'établissement », explique
l'architecte. Bien que cette idée l'animait déjà depuis 2006, elle a alors décidé
de créer sa propre école avant même la fin de son contrat en 2013.
Pourquoi avoir choisi Lyon ? « Parce que Paris dispose déjà de sept écoles et
que je viens de terminer à Confluence le siège de GL Events [une société
spécialisée dans l'événementiel], répond Odile Decq. J'ai découvert dans la ville
un terreau industriel très complet, notamment dans le domaine des
nanotechnologies, de la biomédecine et des neurosciences. Ici, à l'inverse de
Paris, tout est condensé. » Des conditions qui, selon elle, devraient favoriser
l'éclosion d'un projet pédagogique « transdisciplinaire, connecté à d'autres
univers », et qui permettra aux étudiants « d'établir des contacts avec le monde
de l'entreprise et de développer leur fibre entrepreneuriale. »
DES COURS « À LA CARTE »
Dans cette aventure, Odile Decq s'est associée à quatre architectes qui tous
sont ou ont été enseignants : Philippe Barrière, Matteo Cainer, Sony
Devabhaktuni et Jean-Christophe Quinton. A ce groupe s'ajouteront d'autres
intervenants pouvant être issus de disciplines différentes, artistes ou
sociologues, par exemple. Elle finit aujourd'hui de composer un « advisory
board » (un comité consultatif) international dont les femmes, souligne-t-elle,
constituent une part importante. L'établissement, constitué en Société anonyme
simplifiée (SAS), est financé pour l'essentiel par Odile Decq elle-même. Elle
promet une gouvernance très collégiale s'appuyant sur un conseil pédagogique
de la vie étudiante, « pour faire remonter l'info ».
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A Confluence, où l'anglais sera essentiellement de mise, les cours se
dérouleront « à la carte » et les enseignants « feront ce qu'ils veulent, insiste
l'architecte. L'important est que les étudiants progressent. » La plupart des
cours magistraux se feront « online », dans un « cloud ». Un système
d'évaluation, sans notes, sera mis en place afin, dit-elle, de pouvoir réajuster le
parcours de chaque élève. « Notre ambition est d'être différent, alternatif, à la
fois sur le contenu et sur la pédagogie. Je veux bousculer le système. »
L'établissement, dont les inscriptions s'ouvriront sur chacune des cinq années
d'études d'architecture, délivrera un diplôme d'école.
Confluence, puisque c'est non nom, acceptera tous les étudiants, pas forcément
issus du monde de l'architecture, y-compris les non bacheliers. « Nous
recruterons des gens motivés, et même dans l'échec, affirme Odile Decq. Mais,
surtout, des personnes intéressantes. » Pour souligner combien elle n'est pas
isolée dans son initiative, elle évoque d'autres projets similaires à l'étranger,
portés par les architectes Nigel Coates et Will Alsop à Londres ou par Toyo Ito,
le Pritzker Prize 2013, à Tokyo. La dernière école d'architecture privée à avoir
été créée est la SCI-Arch (Southern California Institute of Architecture) de Los
Angeles, en 1972.
QUELLE PORTÉE POUR LE DIPLÔME DE CONFLUENCE ?
Malgré cette déferlante de légitimes intentions, des interrogations demeurent
quant à la validité du projet. Quelle sera, notamment, la portée de son diplôme
d'école, délivré sous tutelle du ministère de l'enseignement supérieur , sur le
marché du travail ? « Nos diplômés ne pourront pas, au sein de l'école, accéder
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à un cycle d'habilitation pour la maîtrise d'œuvre [HMO] leur permettant de
s'inscrire auprès d'un Conseil de l'ordre des architectes », reconnaît Odile Decq.
Elle doit rencontrer à ce sujet la présidente du conseil national, Catherine
Jacquot, et espère que ses futurs étudiants pourraient obtenir la licence
d'exercice (HMONP) au bout de trois ans à l'issue d'une procédure de Validation
des Acquis de l'Expérience (VAE). Et puis, rappelle-t-elle, « les études
d'architecture ne mènent pas forcément au métier d'architecte. » La pensée par
le design (le « design thinking ») qu'elle défend pourrait être utile, elle en est
sûre, au monde de l'entreprise, comme le sont, parfois, les formation en
sciences humaines.
Tout cela a aussi un prix – plutôt élevé –, mais dans la moyenne de ce
qu'exigent les écoles privées d'architecture à vocation internationale : 12 000
euros par an pour un premier cycle de trois ans et 14 000 euros par an pour un
second cycle de deux ans. L'architecte française plaide pour « un système de
bourse qui ouvrira l'école au plus grand nombre » et pour que les étudiants de
second cycle puissent assurer un rôle d'assistant dans le premier cycle « afin de
les aider à payer leurs frais de scolarité ».
Les inscriptions à l'école Confluence doivent débuter sous peu, jusqu'à la mimai ; les travaux de mise en œuvre du projet dureront environ six mois. Sachant
qu'un minimum de 60 inscriptions, sur un objectif final de 150, est requis pour
que le projet puisse commencer à s'équilibrer , Odile Decq va devoir s'essayer
dans les semaines qui viennent au marketing direct : l'établissement ne pouvant
exister qu'à la condition d'être pleinement habité. Une histoire d'architecture,
finalement.
(/journaliste/jean-jacques-larrochelle/) Jean-Jacques
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Larrochelle (/journaliste/jean-jacques-larrochelle/)
Journaliste au "Monde"
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