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Sergueï Prokofiev L'AMOUR DES TROIS ORANGES Opéra en 1 prologue, 4 actes et 10 tableaux Poème de Sergueï Prokofiev, d'après la comédie de Carlo Gozzi Scott Sandmeier direction musicale Niky Wolcz et Andrei Serban mise en scène Étudiants des classes de chant et du cycle de perfectionnement Nouvel Ensemble Instrumental du Conservatoire Salle d'art lyrique mardi 14 -jeudi 16 - samedi 18 - lundi 20 février 1995 à 20 heures Coproduction Conservatoire de Paris, cité de la musique Dans l'entrecroisement des activités permanentes de formations assurées par le Conservatoire et des rencontres temporaires entre artistes et jeunes musiciens proposées par la cité de la musique, Marc-Olivier Dupin et Brigitte Marger ont souhaité intégrer, dès l'ouverture de la cité, une production lyrique. La production de L'Amour des trois oranges reflète l'ambition pédagogique complémentaire des deux établissements, leur désir aussi d'inclure dans leurs échanges, non seulement l'orchestre et la pratique instrumentale, mais le chant, le théâtre et - ce sera le cas en 1995/1996 - la danse et la chorégraphie. Distribution Le Roi Souren Chakhijanian, basse Le Prince Fabrice Dalis, ténor La Princesse Clarisse Maryseult Wieczorek, mezzo-soprano Léandre, premier ministre Matthieu Lécroart, baryton Trouffaldino Thierry Cantero, ténor Pantalon, ami et conseiller du roi Paul-Alexandre Dubois, baryton Le magicien Tchelio, protecteur du roi Florian Westphal, basse Fata Morgana, sorcière protectrice de Léandre Corinne Sertillanges, soprano Linette, Nicolette et Ninette, princesses camouflées en oranges Sophie Rehbinder, mezzo-soprano Anne Guinaud, mezzo-soprano Hélène Le Corre, soprano La cuisinière Bruno Rostand, basse Farfarello, un démon Christophe Duringer, baryton Sméraldine, servante de Fata Morgana Monique Simon, mezzo-soprano Le maître de cérémonie Jean-François Novelli, ténor Distribution des chœurs et des ensembles Les Ridicules - Les Médecins Martial Defontaine Fernand Fedronic Xavier Le Maréchal Vincent Billier Marcin Habela Vincent Pavesi Les Diablotins Vincent Billier Éric Demarteau Marcin Habela Franck Lunion Vincent Pavesi Les Lyriques Carole Chabry Mayuko Karasawa Stéphanie Marco Véronique Solhosse Elsa Vacquin Fabrice Mallet Vincent de Rooster Les Têtes vides Rachid Ben Abdeslam Robert Expert Armand Gavriilides Les Courtisans Les Tragiques Éric Demarteau Franck Lunion Bruno Rostand Les Comiques Jean-Christophe Hurtaud Etienne Lescroart Jean-François Novelli Tous les ensembles (sauf les Ridicules) ainsi que: Frédéric Chevillard Hélène Cukier Diane Fremaux Nora Gubisch Sophie Koch Svetlana Lifar Monique Simon Caroline Allonzo Karine Deshayes Patricia Petibon Synopsis Première partie : Le Roi est au désespoir, car son fils souffre d'une maladie incurable : l'hypocondrie. Seul le rire peut le sauver. Pantalon et Trouffaldino persuadent le roi d'organiser des fêtes. L'ordre en est donné au ministre Léandre, qui ne souhaite qu'une chose : la mort du Prince. Une partie de cartes s'engage entre le magicien Tchelio et la sorcière Fata Morgana. Celle-ci gagne la partie : le destin du Prince lui appartient. Héritière de la couronne, Clarisse, la nièce du Roi, promet à Léandre de l'épouser, si le Prince meurt. Sméraldine propose de les aider et leur promet l'appui de Fata Morgana. On organise alors pour le Prince une série de divertissements. Fata Morgana s'immisce dans la fête et Trouffaldino, furieux, s'en prend à elle. Au cours de leur dispute, une maladresse de Fata Morgana déclenche l'hilarité du Prince. Tous se réjouissent alors de la guérison de ce dernier. Mais la féroce Fata Morgana lui jette un sort : jour et nuit, il marchera à la recherche de trois oranges. Deuxième partie : Poussés par les vents du démon Farfarello, le Prince et Trouffaldino approchent du domaine de la sorcière Créonte. Tchelio les met en garde : les trois oranges sont gardées par une terrible cuisinière... Crâce au ruban magique que lui a remis Tchelio, Trouffaldino parvient à séduire la cuisinière, permettant au Prince de dérober les trois oranges. Le Prince et Trouffaldino transportent à travers le désert les trois oranges, qui grossissent de plus en plus. Le Prince, exténué, s'endort. Assoiffé, Trouffaldino ouvre la première puis la deuxième orange : une princesse surgit à chaque fois (Linette puis Nicolette), mais elles meurent toutes deux rapidement de soif. Affolé, Trouffaldino s'enfuit, laissant le Prince face à la troisième orange, de laquelle surgit la princesse de ses rêves, Ninette. Tandis que le Prince court chercher le Roi et sa Suite, surviennent Sméraldine et Fata Morgana. Ninette est métamorphosée en rat, et Sméraldine prend sa place. De retour, le Prince ne reconnaît plus sa princesse, mais le roi l'oblige malgré cela à tenir sa promesse : il épousera Sméraldine. Au moment de célébrer le mariage du Prince et de Sméraldine, un rat affreux sort du trône. Le Roi ordonne d'abattre l'animal, qui redevient la Princesse Ninette. Tous acclament alors le mariage du Prince et de la Princesse. Scott Sandmeier Chef d'orchestre suisse-américain, Scott Sandmeier a fait ses études musicales à Paris (premier prix du Conservatoire de Paris) et aux États-Unis (Los Angeles, Michigan et Juilliard School de New York). Il est directeur artistique de l'Orchestre de chambre de la Gironde depuis 1991, et directeur des Rencontres musicales internationales d'Aquitaine (festival de musique et académie d'été). Il est régulièrement invité à diriger en France, et se produit avec de nombreux grands solistes français. Pendant la saison 1993/1994, il ajoute à ses activités celle de chef assistant auprès d'Emmanuel Krivine à l'Orchestre national de Lyon. Son goût pour le répertoire lyrique l'amène à collaborer avec l'Orchestre national d'Ile-de-France, l'Opéra de Massy, et l'Opéra de Nancy. Il a déjà été invité par le Conservatoire de Paris en décembre 1993, pour diriger La Chauve-souris de Johann Strauss. * * * Niky Wolcz D'origine roumaine, Niky Wolcz est actuellement professeur d'art dramatique à la Musikhochschule de Francfort (Allemagne). Il travaille depuis 1978 en Suisse et surtout en Allemagne, et réalise de nombreuses mises en scène de théâtre et d'opéra, ainsi que des films pour la télévision. Il a beaucoup travaillé sur l'œuvre de Gozzi, et particulièrement sur l'ouvrage dramatique L'Amour des trois oranges, qu'il a mis en scène à Francfort. Niky Wolcz a déjà cosigné avec Andrei Serban plusieurs mises en scène, notamment au Covent Garden de Londres, et au Staatsoper de Vienne, où ils ont réalisé ensemble Les Contes d'Hoffmann, avec Placido Domingo. * * * Andrei Serban Metteur en scène d'origine roumaine, Andrei Serban habite actuellement à New York, où il dirige le département Théâtre de l'Université de Columbia. Il a réalisé de nombreuses mises en scène de théâtre et d'opéra, tant aux États-Unis qu'en Europe. Directeur du Théâtre national de Bucarest pendant trois ans, il a récemment abandonné ce poste, volontairement, à cause du retour du communisme en Roumanie. Andrei Serban a déjà mis en scène L'Amour des trois oranges à l'Opéra de Genève, invité par Hugues Gall, mais il propose aujourd'hui, au Conservatoire de Paris et à la cité de la musique, un spectacle totalement différent. Il vient juste de signer la mise en scène de Lucia di Lammermoor de Donizetti, à l'Opéra Bastille. * * * Entretien avec Andrei Serban Est-ce la première fois que vous intervenez dans un projet pédagogique de ce type au sein d'un Conservatoire ? Dans un contexte musical, oui, mais en tant que titulaire de la chaire de théâtre à l'Université Columbia de New York, je pratique régulièrement ce type de travail avec les comédiens. Je constate avec étonnement que les jeunes chanteurs du Conservatoire n'ont apparemment jamais reçu de leçons de comédie. Mais ils ont tout de suite compris, en travaillant avec Niky Wolcz, l'enjeu d'un total engagement physique et mental pour nourrir leur chant. Justement, est-ce que le choix de L'Amour des trois oranges de Prokofiev, une œuvre répondant parfaitement à la conception du théâtre intégral voulue par Meyerhold, est judicieux pour des comédiens débutants ? On voulait au départ monter Le Nez de Chostakovitch, ouvrage plus difficile sans doute, mais qui appartient à la même optique théâtrale. L'opéra de Prokofiev se prête encore mieux à un travail préliminaire d'éducation du corps et d'expression théâtrale. C'est une œuvre que vous aviez déjà montée, il y a dix ans, pour l'Opéra de Genève. Est-ce que votre conception a beaucoup évolué depuis ? Elle est complètement différente. Comme est différente ma vision de Lucia di Lammermoor, de la production de Chicago à celle de Paris. Si je reprends un ouvrage, c'est bien pour y trouver des aspects complètement neufs, autrement cela ne présente aucun intérêt Entre mes deux mises en scène de L'Amour des trois oranges, le communisme est mort et avec lui tous les espoirs qu'il avait suscités. Le ridicule de cette utopie est encore plus manifeste quand on jette un regard rétrospectif sur l'euphorie présidant à sa naissance, en sachant tout ce qui s'est passé depuis. En 1921, à l'époque de la création de l'œuvre, tous les artistes soviétiques, y compris Meyerhold et Maïakovski, croyaient avec sincérité, derrière Lénine et Staline, à la victoire prochaine du communisme. L'opéra de Prokofiev reflète ce climat d'optimisme avec beaucoup d'ironie, au regard de l'histoire récente. La vie et l'œuvre de Prokofiev ne sont qu'une suite de malentendus. Accusé d'être un "musicien bolchevique" alors même qu'il prenait ses distances avec sa mère patrie, révolutionnaire en musique pour les uns, musicien classique pour d'autres, puis passant pour un pilier de la culture soviétique, avant de voir jusqu'à l'annonce de sa mort éclipsée par celle du "père des peuples ", Staline. Est-ce le sens de votre mise en scène ? A sa manière ironique, le spectacle est, en effet, le commentaire de ces destinées parallèles. Le plus tragique dans cette histoire, c'est que Prokofiev, déçu de se voir supplanter à Paris par Stravinsky, a choisi de rentrer en Union Soviétique au moment où Staline changeait radicalement de politique. On a dit que toute la musique de Prokofiev était par essence théâtrale. Qu'en pense le metteur en scène ? A l'égal d'un Chostakovitch, Prokofiev est en effet un merveilleux compositeur de théâtre. Il a subi en cela l'influence de deux grands amis metteurs en scène, Meyerhold et Eisenstein, avec qui il était en parfaite symbiose. On ne peut écrire que du théâtre musical quand on est inspiré par cette musique. La mise en scène d'opéra a pris de plus en plus d'importance dans votre carrière. Pour quelles raisons ? Pour des raisons purement économiques d'abord. Seul l'opéra offre encore des conditions de travail intéressantes, notamment aux États-Unis. Et puis, l'opéra offre la possibilité de trouver une liaison entre le jeu et le chant, de développer le jeu à travers le chant. À ce titre, le travail de June Anderson sur Lucia di Lammermoor est exemplaire : elle produit une action physique précise qui conduit à une émotion précise, par le rythme même de la musique. La vibration de cette musique se fait alors sentir dans la présence du chanteur, corps et voix réunis, comme l'expression d'un tout. Ce dernier se révèle aujourd'hui être l'acteur total que le comédien ne peut être, faute de professionnalisme. A de rares exceptions près, les acteurs estiment à trente ans avoir fini leur formation, tant sur le plan physique que vocal. Les chanteurs doivent rester ouverts et disponibles à la nouveauté pour échapper à cette sclérose. Que ce soit à l'Opéra Bastille ou au Conservatoire, votre attitude envers les chanteurs est la même ? Absolument. Je les traite dans les deux cas comme des professionnels. Avec l'avantage de rencontrer ici des chanteurs sans esprit de routine et sans a priori. Un des soucis majeurs du Conservatoire est de préparer au mieux l'insertion professionnelle de ses étudiants. Comment les professionnels eux-mêmes peuvent les y aider ? Certainement pas en se comportant comme l'ont fait les musiciens de l'Opéra Bastille, refusant l'accès d'une générale aux étudiants de chant, accès qui avait été pourtant programmé. En termes de pédagogie, cette attitude est criminelle et impardonnable, allant contre les enjeux mêmes de l'art. Comment ne pas être en proie au doute lorsqu'on enseigne une discipline artistique ? Aux portes de ce grand mystère, on est d'une certaine manière des «imposteurs» affirmant les choses sans aucune certitude personnelle. Il faut prendre garde de ne pas imposer à ses étudiants les leçons de sa propre expérience (comme des pilules à avaler), et donner par un enseignement aussi ouvert que possible l'impulsion qui leur permettra de faire leurs propres découvertes. Il faut constamment lutter contre la tentation d'un enseignement trop directif et fait de certitudes. Je préfère rester un funambule sur le fil des ambiguïtés de l'éducation, que de devenir un de ces professeurs d'école de musique ou de théâtre, dangereux par excès de certitude. Cela ne peut donner que des écoles mortes. Propos recueillis par Marcel Weiss Commentaire d'œuvre Eurydice Jousse étudiante en classe d'histoire de la musique au Conservatoire de Paris «J'ai transmis à Prokofiev le premier numéro de notre revue L'Amour des trois oranges, tout juste avant son départ pour l'Amérique (il me semble que c'était à la fin de 1918). En lui remettant la revue, je l'ai convaincu d'écrire un opéra sur notre texte de L'Amour des trois oranges. Il a répondu : Je le lirai sur le bateau.» (Meyerhold à Soloviev). L'Amour des trois oranges, avant de devenir le titre du troisième opéra de Prokofiev, est d'abord celui de la revue du célèbre metteur en scène russe, Meyerhold, qui parut de 1914 à 1916. Plus précisément, l'histoire de L'Amour des trois oranges, qui trouve son origine dans deux contes du Pentamerone (1635) de Giambattista Basile, est avant tout le sujet d'une pièce du dramaturge vénitien, le comte Carlo Gozzi (1720-1806), davantage connu pour ses Mémoires inutiles publiés par humilité. Écrite dans la tradition de l'ancienne commedia dell'arte, la fable de Gozzi dénonce le style du théâtre contemporain que représentent alors les comédies trop réalistes, selon lui, de Goldoni et celles, plus larmoyantes et ampoulées, de Chiari. L'Amour des trois oranges, reflet des nombreuses querelles littéraires de l'époque, se veut l'affirmation de la supériorité de la commedia dell'arte sur toute autre forme théâtrale : Fata Morgana et le magicien Tchelio, respectivement Chiari et Goldoni, ne peuvent empêcher le mariage entre le Prince, allégorie du public vénitien, et la Princesse Ninette, symbole de la commedia dell'arte La nouveauté de la dramaturgie de Gozzi, qui fit impression sur les premiers romantiques allemands, et plus tard sur Wagner et Puccini (entre autres), ne pouvait qu'attirer Meyerhold, préoccupé en ce début du XXe siècle par le renouveau des formes théâtrales et lyriques. Il décide d'adapter avec V. Soloviev et C. Vogak le canevas de Gozzi, qu'il publie dans le premier numéro de sa revue de recherches esthétiques, intitulée de manière significative, L'Amour des trois oranges. Quelque temps après son arrivée en Amérique, Prokofiev, qui reçoit une commande du directeur de l'opéra de Chicago, Campanini, propose d'écrire un opéra sur le sujet de L'Amour des trois oranges qu'il vient de lire. Prokofiev écrira : «La pièce de Gozzi m'a séduit par son mélange truculent de conte, de comédie, de satire et surtout par ce qu'elle avait de théâtral. Conçu du temps où j'étais encore en Russie, L'Amour des trois oranges répondait à l'orientation de mes recherches nouvelles dans le domaine du théâtre, dirigées contre le naturalisme et la routine des grands épigones du théâtre d'avant la révolution». Prokofiev est surtout attiré par l'originalité formelle de la pièce et par la variété de l'action qui en découle. Celle-ci comporte en effet trois niveaux : celui des personnages du conte, notamment le Roi, le Prince, Trouffaldino et les trois Princesses ; celui du monde surnaturel de Fata Morgana et de Tchelio ; et, enfin, celui des différents groupes incarnant les multiples genres théâtraux, les Ridicules, les Tragiques, les Comiques, les Lyriques et les Têtes vides, qui, à la manière du chœur grec antique, commentent l'action et peuvent même intervenir (Tableau 3 , Acte III). Si le Prologue a conservé la mise en scène du conflit esthétique entre les différents groupes, Prokofiev a éliminé du livret toute allusion de Gozzi au théâtre du XVIIIe siècle, cherchant ainsi à donner à son œuvre un plus grand caractère d'intemporalité. Prokofiev a rédigé lui-même le livret en français, en collaboration avec Vera Janacopoulos, d'après le divertissement de Meyerhold. Il a simplifié l'action en supprimant les intrigues secondaires et a réorganisé en un prologue et quatre actes l'histoire auparavant distribuée en douze scènes avec prologue, épilogue, parade et trois intermèdes. Le premier acte est un acte d'exposition où l'on apprend que le Prince est atteint "d'hypocondrie incurable" ; le deuxième amorce l'action : après sa guérison, le Prince est condamné par Fata Morgana à "subir l'amour pour trois oranges" ; le troisième nous conduit dans le monde souterrain de la sorcière Créonte, puis dans le désert ; le quatrième et dernier acte constitue le dénouement de l'histoire. La diversité des tableaux et la rapidité de l'action (les situations les plus critiques sont dénouées rapidement) ne pouvaient que convenir à Prokofiev, qui, avant de composer les musiques des films de Eisenstein, Alexandre Nevsky et Ivan le Terrible concevait déjà le drame lyrique selon un rythme cinématographique. L'apparente discontinuité de l'action est sourdement structurée par l'emploi de leitmotive ; l'orchestration claire met en valeur une déclamation vocale proche d'un récitatif souple, et les brefs épisodes symphoniques soulignent les différentes séquences de l'histoire. Les scènes contrastées et le côté bouffe du livret ont su inspirer à Prokofiev une musique burlesque et vivement colorée. Seul véritable moment de lyrisme dans la partition, le duo d'amour entre le Prince et Ninette (Tableau 3, Acte III) rompt brutalement avec le sujet intentionnellement absurde. L'Amour des trois oranges fut créé avec un vif succès à Chicago le 30 décembre 1921, sous la direction du compositeur. S'il est aujourd'hui, avec Guerre et Paix, l'un des plus connus de tous les opéras de Prokofiev, c'est sans aucun doute grâce à la brillante Suite d'orchestre qu'il a tirée de son œuvre, selon son habitude. L'Amour des trois oranges, qui fait preuve d'une originalité parfois déroutante, est assurément l'un des opéras les plus cocasses de tout le XXe siècle, et le symbole d'une nouvelle étape dans les recherches de Prokofiev pour renouveler le genre. ** * Réalisation artistique et technique Conception du décor : Patrick Diaz Costumes : Françoise Lanier Lumières : Bruno Bescheron et Ernie Barbarash Chefs de chant Anne-Marie Fontaine Nadia Gedda France Pennetier Olivier Reboul Préparation du chœur et des ensembles Andréa Giorgi Nicole Lemaistre, piano Chargé de production Didier Cormier Régisseur général des orchestres Luc Albessard Régisseur d'orchestre Bernard Renaudin Technicien de plateau Tony Scheveiller Ingénieur du son Catherine de Boisheraud Corinne Hess, assistante Sonorisation Jean Gauthier Régie générale des salles publiques Patrick Diaz Régisseurs de plateau Patrick Buisson Magid Mahdi Denis Monmarché Machinistes Jérôme Kravetz Jérôme Pigeon Thierry Pineau Poursuiteur Jacques Guillemot Habillage Aline Neveu Nathalie Hamon Cécile Chanut Maquillage/coiffure Muriel Truquet Laurence Ninghetto Laurence Collé Nous remercions les assistants-stagiaires d'Andrei Serban, Ernie Barbarash, Vincent Agrech et Sandrine Anglade pour leur aimable participation. Les prochains concerts : cité de la musique vendredi 17 et samedi 18 février 1995 20 heures BBC Singers, BBC Symphony Orchestra David Robertson, Richard Bernas, Pascal Rophé, Robert Ziegler, direction œuvres de Ives, Stravinsky et Stockhausen Renseignements : 44 84 45 45 Réservations : 44 84 44 84 ou 3615 citemusique Conservatoire de Paris mardi 21 février 1995 - 20h30 Théâtre des Champs-Elysées Orchestre du Conservatoire Denis Cohen, direction Renaud Capuçon, violon Antoine Lederlin, violoncelle œuvres de Brahms et Stravinsky Réservations au TCE : 49 52 50 50 Tarif unique : 90 Frs * * * Programme réalisé par le Service Communication du Conservatoire de Paris