mercredi-9-novembre-2016 - Arnaud Delomel Avocat Rennes

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mercredi-9-novembre-2016 - Arnaud Delomel Avocat Rennes
L’ E S T R É P U B L I C A I N | M E R C R E D I 9 N O V E M B R E 2 0 1 6
REGION
Aujourd’hui
En vue
L
a neige a fait son retour sur le massif
vosgien. La route des Crêtes et ses
routes d’accès seront fermées
à partir de 16 h
Société
Le site de Metz a été démantelé
mardi matin
Demandeurs d’asile : la fin
du campement de Blida ?
AUJOURD’HUI SUR estrepublicain.fr
Christophe en concert
P Revivez notre direct sur l’élection présidentielle
américaine et retrouver notre rubrique spéciale sur
notre site.
P Votre avis nous intéresse : répondez à notre question
du jour.
Plus de 40 ans de carrière pour cet auteur­
chanteur­compositeur inclassable qui remonte
sur scène avec son nouvel album « Les Vestiges
du Chaos ».
Mardi 15 novembre à 20 h à l’Arsenal de Metz.
« J’ai de quoi me défendre… »
Si vous avez manqué
le début
Mis en examen pour
escroquerie, le Lorrain Gérard
Lhéritier dénonce un complot,
qui aurait causé la perte
d’Aristophil. Son point de vue.
E 2003 : Gérard Lhéritier crée Aristo­
phil pour vendre des lettres et manus­
crits. Spécialiste français du timbre de
collection, le Lorrain est apparu plu­
sieurs fois dans les écrans radars de la
justice, mais il n’a jamais été condam­
né.
G
plusieurs semaines, ont été dirigés vers « toutes les régions de
France ».
Photo Gilles WIRTZ
Metz. Hier, vers 8h30, les
premiers cars ont quitté le
campement de Blida installé
près du centre­ville de Metz.
Les services de l’Etat ont
procédé, dès 7 h, à son dé­
mantèlement. Un large cor­
don de sécurité interdisait
l’accès durant toute la durée
des opérations. Au fur et à
mesure, les 600 hommes,
femmes et enfants, princi­
palement originaires de Bal­
kans, étaient orientés vers
les cars ou des trains, pour
découvrir leur prochaine
destination. « Le but est de
placer à l’abri tout le monde
et de mettre fin au campe­
ment. Des places ont été
trouvées, en fonction des ty­
pologies des familles, dans
des centres d’accueil ou
d’hébergements d’urgence
dans toutes les régions de
France », explique Anouch­
ka Chabeau, directrice de la
Direction départementale
de la cohésion sociale, à la
préfecture de Moselle.
Pour certains, départ di­
rection Vigy, Vitry­sur­Orne,
Sarreguemines, Epinal…
Les placements ont été
aiguillés, en fonction de
l’avancée des dossiers : sont
hébergés en Lorraine, les
demandeurs qui ont intro­
duit leur première demande
dans un autre pays euro­
péen et « qui ont vocation à y
être reconduits », prochai­
nement par la police aux
frontières, selon un commu­
niqué de la préfecture.
Un incendie
Globalement, l’opération
s’est déroulée dans le calme,
selon les autorités. Un in­
cendie, rapidement maîtrisé
par les pompiers, s’est toute­
fois produit en milieu de ma­
tinée. Une coutume, pour
certaines communautés, de
mettre le feu à une "habita­
tion" avant de la quitter.
Sept associations, parmi
lesquelles Amli, Medecins
du Monde et la Fondation
Abbé­Pierre étaient sur pla­
ce. En fin de matinée, res­
taient sur l’ancien parking
des TCRM­Blida, où avait
été "déménagé" le camp fin
octobre, des dizaines de ten­
tes, distribuées au fil des se­
maines et des arrivées par
les associations.
Depuis plusieurs mois, le
camp de Blida, déjà déman­
telé en juillet avec le reloge­
ment de 160 personnes, n’a
cessé de croître. La Préfec­
ture avait annoncé le nou­
veau démantèlement avant
la mi­novembre. Lundi, dès
le milieu de l’après­midi, la
rumeur de son imminence,
pourtant démentie par le ca­
nal officiel, s’était répandue.
Mais pourquoi garder le se­
cret ? « Pour les raisons que
vous voyez autour de vous »,
répond Anouchka Chabeau.
Mardi, dès le début de la ma­
tinée, de nouvelles familles
arrivaient pour embarquer
dans la vague de rehéberge­
ment… Car même si les ser­
vices techniques de la Ville
ont commencé à enlever le
matériel sanitaire et à dé­
construire le camp, person­
ne n’est dupe : les deman­
deurs d’asile devraient
continuer d’affluer à Metz.
Lisa LAGRANGE
milliard d’euros : c’est le
préjudice estimé pour les
18.000 clients d‘Aristo­
phil, et les 32.000 contrats
signés auprès des courtiers, qui
vendaient des investissements
en lettres et manuscrits anciens.
1
Photo SAUCOURT
K Les 600 demandeurs d’asile, qui y étaient installés depuis
érard Lhéritier qui refu­
se toutes les interviews a
accepté de se livrer à
L’Est Républicain. Origi­
naire de Meuse, celui
qu’on appelle le Madoff des lettres et
manuscrits est né à Nancy.
Vous êtes mis en examen pour escro­
querie en bande organisée, abus de con­
fiance et pratiques commerciales dou­
teuses. Un peu lourd non ?
Madoff était un escroc qui vendait
du vent. Moi j’ai vendu 136.000 col­
lections. Il y a des œuvres, des tré­
sors, 5.000 collections individuelles.
Ces manuscrits existent, ils sont
dans des chambres fortes. Aucune
des turpitudes qui me sont repro­
chées dans les médias n’a un réel
fondement.
Combien de fois avez­vous rencontré
le juge Charlotte Bilger qui instruit le
dossier Aristophil ?
Trois fois. Elle veut connaître la
vérité et fait bien son travail. L’accu­
sation d’escroquerie ne tient pas. On
a voulu la peau d’Aristophil, je le sais
depuis longtemps, à cause de notre
succès, de l’argent brassé, de notre
influence. La justice et ministère de
E Fin 2012 : la DGCCRF, la répression
des fraudes, commence à s’intéresser à
Aristophil.
E Le 18 novembre 2014, Gérard Lhéri­
tier est mis en examen pour escroque­
rie en bande organisée, blanchiment,
comptes infidèles, pratiques commer­
ciales douteuses… Il a versé une cau­
tion de 2 M€ pour rester en liberté.
E 2017 : devrait être l’année de la
K Gérard Lhéritier : l’empereur déchu des lettres et manuscrits
Photo Alexandre MARCHI
la Culture à l’époque, ont voulu faire
tomber Aristophil. Cela a marché.
Qu’est­ce qui s’est passé depuis le
18 novembre 2014 ?
C’est la date à laquelle on a décidé
de stopper notre élan. C’est l’arrêt de
mort de notre société. Avant cette
date nous n’avons pas un seul client
mécontent. Ensuite on bloque nos
comptes…
Mais vous avez bien connu des diffi­
cultés financières en 2014…
Qui n’en a pas ? Des difficultés
passagères de trésorerie. Rien de
grave. J’étais prêt à injecter 750.000 €
quand le parquet a diligenté la bri­
gade financière et la répression des
fraudes. Jusque­là on rendait les
gens heureux. Pendant quinze ans
on a pu prouver que l’on pouvait
nous faire confiance.
Vous avez conscience, de laisser
18.000 clients pour 32.000 contrats de
ventes de manuscrits, sur le carreau ?
Ce n’est pas moi qui les laisse, je
n’ai rien demandé, eux non plus
d’ailleurs. Il faut s’adresser à ceux
qui ont organisé ce désastre. Quant à
moi j’ai de quoi me défendre… et
prouver ce que je dis.
Vous avez causé la ruine de centaines
d’épargnants qui avaient investi auprès
de courtiers. Certains ont tout perdu,
une vie d’économie. Que comptez­vous
faire pour eux ?
Il faut que les collections soient
libérées et qu’ils puissent les vendre
tranquillement. Je sais qu’ils sont
très ennuyés et embêtés. Mais si les
œuvres sont revendues sur dix ans,
sans déstabiliser le marché, il n’est
pas exclu qu’ils récupèrent leur Arnaud Delomel
Avocat d’ADC 54, spécialiste en droit de la consommation
« Peut­être la plus grande escroquerie
du marché de l’art en France… »
Vous défendez, au travers de
l’ADC 54, plus de 500 clients
d’Aristophil pour 750 dossiers.
Comment qualifiez­vous cette
procédure ?
Rien n’est jugé, mais au ryth­
me où vont les choses, si les
faits s’avèrent exacts et que
des condamnations tombent,
on peut parler de la plus
grande escroquerie du mar­
ché de l’art.
On est bien sur un système
pyramidal, où les nouveaux
investisseurs en manuscrits
paient (cher) les sortants peu
nombreux…
Oui, et en gros, quand les
sortants sont plus nombreux
à vouloir toucher leur chèque
liquidation définitive d’Aristophil, et
du retour des œuvres chez leurs
18.000 propriétaires.
de dividende et que la caisse
ne peut faire face, on décou­
vre la supercherie et la faillite
du système.
Le 5 août 2017, devant le
Tribunal de commerce de
Paris, un acte important de­
vrait se jouer…
C’est le dernier volet du pre­
mier dossier de faillite : la
clôture pour insuffisance
d’actifs d’Aristophil. C’est Me
Leloup­Thomas qui rendra
son rapport. Sans surprise
prévisible.
Cela signifie ?
La liquidation totale et défini­
tive d’Aristophil.
Reste le dossier pénal que vous
suivez de près. Où en est­on ?
Le CD­Rom comporte 2.760
pièces, ce qui ne veut pas dire
le même nombre de pages. Il
y a des pièces de 200 pages.
Une action en justice contre les
courtiers, et contre le notaire
parisien qui a signé les actes de
66 indivisions sur 74, est­il
envisageable ?
Elle est même envisagée.
Quand un notaire commet
une faute, il y a le fonds de
garantie des notaires. Nous
serons à pied d’œuvre dès
janvier et je serai à Nancy,
pour ça, les 1er et 2 décembre.
Que peuvent espérer récupé­
rer les 18.000 clients lésés ?
15 à 20 % de leur mise hélas…
Propos recueillis par
Pascal SALCIARINI
mise.
Le dossier judiciaire laisse entendre
que vous achetiez 10.000 et revendiez
30.000 avec un taux de commissionne­
ment de 12 à 15 %. Vrai ou faux ?
Faux, il suffisait de consulter notre
bilan sur Info greffe. J’achetais 100
et je revendais 200. En 2008, la COB
le gendarme financier de la Bourse,
et la Brigade financière ont épluché
nos statuts, sans rien trouver à redi­
re.
On vous prête une vie de nabab, un
réseau d’influence, mêlant politiques,
people, acteurs. Sans parler de ce
yacht ?
Un yacht ? J’ai toujours eu des ba­
teaux, petits, plus grands, en leasing.
Pour la pêche au thon, une passion.
Rien de plus.
Propos recueillis
par Pascal SALCIARINI
Hier nous on accompagnait, on
défendait les intérêts des clients
d’Aristophil. Demain, en plus,
nous serons acteurs de la revente
des œuvres au plan national, par le biais des commissaires­priseurs, dans le seul intérêt des consommateurs. »
Guy Grandgirard président d’ADC 54
K Le marché des lettres et manuscrits est au cœur du dossier.
Revente Après la démission de Me Monique Legrand, c’est au tour de Patrimoine Écrit de jeter l’éponge. Une
nouvelle qui enthousiasme les associations de défense des clients d’Aristophil, qui sont au moins un millier en Lorraine
Patrimoine Écrit jette l’éponge
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Imprimeries
L’EST RÉPUBLICAIN
Nancy. Patrimoine Ecrit, so­
ciété qui avait été désignée par
Me Monique Legrand, alors administratrice judiciaire d’Aristophil, a jeté l’éponge. « C’est une excellente nouvel­
le. Me Legrand s’était déchar­
gé des indivisions en passant le relais à Patrimoine Ecrit, qui
ne travaillait pas pour rien. Avec une commission de 2,4 %, largement surévaluée et
sur une base de préjudice fri­
sant le milliard d’euros, on était à 20 M€ ! Effrayant ! Aujourd’hui on y voit beau­
coup plus clair », assure Guy Grandgirard, président de l’Association de défense des consommateurs de Lorraine (ADC 54).
Sortir par le haut ?
Concrètement, la démission
de Monique Legrand, puis la nomination de Pascal Hotte son successeur, pragmatique et efficace, devraient permet­
tre aux clients d’Aristophil, de récupérer leurs œuvres et de les revendre. Sans passer par un intermédiaire, autre qu’un commissaire­priseur qu’ils auront eux­mêmes choisi, avec leurs associations de dé­
fense. « À condition que les in­
divisions le permettent, les as­
sociations représentant des clients d’Aristophil pourront, si elles représentent 50 % et plus de l’indivision, donner le feu vert à la vente », explique le président d’ADC 54.
recommandé suivra pour in­
diquer à chaque propriétaire, que les œuvres sont disponi­
bles.
2017, année importante
Limiter la perte
Les clients abusés par Aris­
tophil et son réseau de cour­
tiers, pourraient sinon rentrer dans leur mise initiale, du moins limiter la perte, en ré­
cupérant l’argent de la vente des œuvres. Elles sont aujour­
d’hui stockées dans trois chambres fortes, et viennent de changer de main. La SA Chenue qui gérait les coffres, a
passé la main à la société Aguttes. Elle abritera les 130.000 œuvres : lettres, ma­
nuscrits de romans, corres­
K Guy Grandgirard et l’ADC 54 défendent 750 dossiers : deux tiroirs
complets au siège de l’association nancéienne.
pondances privée ou littéraire d’hommes et femmes publi­
ques… Un trésor vendu par Aristophil et Gérard Lhéritier, en deux catégories de contrat. Les Amadeus : une œuvre, un contrat, un client. Et les Cora­
Photo ER
lys, une œuvre, des contrats et de multiples copropriétaires. Pour les Amadeus, ­ c’est la nouveauté de la rentrée ­ une ordonnance sera rendue très vite à chaque propriétaire par le TGI de Paris. Un courrier « Tout devrait aller vite, pre­
mier trimestre 2017 » lâche rassuré Guy Grandgirard. En avril 2017, une partie des indi­
visions pourraient être dis­
soutes, ouvrant ainsi le droit aux propriétaires de les ven­
dre. Quant à Gérard Lhéritier, il n’en a pas fini avec la justice.
S’il est toujours présumé in­
nocent, il reste mis en examen
pour escroquerie en bande or­
ganisée, avec sa fille, un notai­
re, un expert en livres anciens et quelques autres acteurs proches du dossier pénal, dont le procès pourrait avoir lieu au plus tôt en 2019­2020 et
concernerait 18.000 clients pour 32.000 manuscrits ven­
dus.
P. S.
W
Pour plus d’infos :
[email protected]
et www.adc54.org
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