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Cabinet de conseil spécialiste des enjeux stratégiques de développement, organisationnels et réglementaires
Lettre n° 76
Janvier 2014
Le spectre de la crise Tequila
Le parallèle est grand entre les évènements intervenus sur les marchés financiers en ce mois de janvier 2014 et la
désormais fameuse crise Mexicaine de décembre 1994. De façon paradoxale, le pragmatisme de Monsieur Draghi
pourrait permettre à l’Europe de jouer un rôle stabilisateur essentiel pour ramener le calme dans des marchés très
déstabilisés et menacés par l’effet « Tequilla ».
Pour Richard W Fisher, président de la Reserve Federal de Dallas,
l’entreprise à laquelle s’attaque aujourd’hui le Federal Open
Market Comity américain est bien décrite par le dessin d’un
humoriste paru dans le New-York Time du 6 janvier dernier : «nous
allons avoir besoin de plus grosses aiguilles ou de plus petits
chameaux .»
Lorsque les premières rumeurs de changement de politique
monétaire outre-Atlantique ont émergé dès juin 2013, l’effet sur
les marchés émergeants a été immédiat, comme l’illustre le
graphique ci-dessous retraçant l’évolution des taux de changes
contre euro d’une sélection de monnaies de ces Pays : Brésil,
Russie, Inde, Afrique du Sud, Turquie et Mexique. Certes des
raisons domestiques ont aussi contribué dans chacun de ces pays à
entretenir la faiblesse de leur monnaie. Les perspectives d’une
disparition de liquidités abondantes et de taux d’intérêt nuls
semblent cependant avoir mis fin à l’engouement que ces marchés
ont suscité depuis 2009 auprès des investisseurs internationaux.
Beaucoup d’économistes ont même commencé à évoquer une
répétition de la crise Tequila par laquelle le resserrement des taux
d’intérêt de la FED en 1994 avait entrainé la crise mexicaine qui
s’était rapidement propagée à l’ensemble des marchés émergents.
En parlant de chameaux, Richard Fisher estime aujourd’hui que loin
d’être petit, le chameau du Quantitative Easing a grossi bien
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au-delà de ce qui était nécessaire. Monsieur Fisher estime en effet
que la première vague de 2 trilliards mise en œuvre jusqu’en mai
2009 était largement suffisante pour stimuler le marché
immobilier et les bourses, et créer l’effet richesse nécessaire à la
reprise.
Le bilan de la FED est aujourd’hui supérieur à 4 trilliards. S’il
s’avérait nécessaire de procéder à un retrait de liquidité plus
rapide que prévu, il est plus que vraisemblable que la FED doive
revendre son portefeuille de prêt à perte : « 75% des actifs
détenus par la banque centrale ont une maturité supérieure à 5
ans ». En première approximation, le taux moyen auquel le stock
de nouveau papier s’est accumulé est aujourd’hui inférieur au taux
de marché.
L’autre solution envisagée sera de procéder à des opérations dites
de « reverse repo », opérations qui ne sont ni bien connues ni bien
maitrisées compte tenu de l’échelle à laquelle la banque centrale
américaine devra les réaliser. Ces opérations devront se faire à des
taux objectivement attractifs pour le système bancaire, ce qui ne
manquera pas de poser la question des profits potentiellement
réalisés par les banques avec de l’argent public.
Ce n’est heureusement pas une question qui va se poser en
Europe. Malgré les critiques et malgré les résistances locales à se
laisser entrainer sur une pente fédéraliste contraire aux
constitutions nationales, la Banque Centrale Européenne n’a
finalement pas eu à mobiliser les ressources votées avec tant de
difficulté, en particulier par la cour constitutionnelle d’Allemagne
et contestée aujourd’hui par celle-ci. En effet, le tour de force de
Monsieur Draghi aura été de « jouer » à plein les capacités
d’anticipation des marchés financiers et d’avoir ainsi pu ramener le
bilan de la BCE là où il était déjà en décembre 2008. Les chameaux
Européens sont ainsi deux fois plus petits qu’outre-Atlantique et la
taille des aiguilles y est plus importante dans la mesure où la
maturité des opérations en question n’excède pas le février 2015.
La normalisation de la situation monétaire va s’avérer donc
beaucoup plus aisée en Europe et pourrait jouer un effet très
modérateur sur la nervosité du marché du dollar.
Contact : Olivier Dyer
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