Usage et mésusage d`alcool : un poisson d`avril

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Usage et mésusage d`alcool : un poisson d`avril
Usage et mésusage d’alcool : un poisson d’avril?
Communiqué de presse
Le 1er avril, il est permis de clamer avec humour bien des vérités dérangeantes.
Ce n’est pas uniquement à l’occasion des fêtes de fin d’année qu’il faut évoquer le problème de
l’alcool : le 1er avril ainsi que toute l’année cela sied !
Les associations scientifiques de médecine générale, la Société Scientifique de Médecine
Générale (SSMG) d’une part et la Wetenschappelijke Vereniging van Vlaamse Huisartsen
(WVVH) d’autre part, pointent l’ampleur du mésusage d’alcool et souhaitent une vaste
concertation réunissant les pouvoirs publiques de tous les échelons, les Centres de Promotion de
la Santé, les différents acteurs en santé, pour définir ensemble une politique durable et
spécifique face à ce problème alcool.
Dans le cadre d’un projet européen (PHEPA), les deux associations sus-nommées organiseront
à la mi-mai et en septembre un forum scientifique réunissant les personnes et institutions
intéressées par cette problématique en Belgique : elles souhaitent que les conclusions de ces
forums contribuent à élaborer cette politique alcool.
La mortalité et la morbidité attribuables à l’alcool s’accroissent à partir d’une consommation
hebdomadaire de plus 14 verres pour une femme et de plus de 21 verres pour un homme : ce
sont là les seuils OMS. La consommation excessive n’est pas synonyme de dépendance mais elle
est responsable de la majorité des problèmes suscités par l’usage de boissons alcoolisées :
problèmes familiaux, problèmes personnels, problèmes médicaux. Parmi les problèmes sociaux
liés au mésusage de l’alcool, on peut citer : les accidents de la route mais aussi les accidents
survenant dans la vie privée, les accidents de travail, la violence familiale (des données provenant
du réseau des médecins vigies belges démontrent qu’un tiers des auteurs de violence
intrafamiliale sont sous l’emprise de la boisson : en état d’alcoolisation aiguë ou atteints
d’alcoolisme chronique), les homicides, la dépression, les suicides. D’autres effets liés à la
consommation excessive d’alcool sont les troubles d’apprentissage, troubles de concentration,
troubles du développement et de la croissance, troubles de la personnalité et troubles sexuels.
Seul ou combiné à l’usage du tabac, l’alcool est cause de nombre de cancers.
La perte de productivité au travail et les prises de risque au travail sous l’effet de l’alcool
mériteraient plus d’attention.
Le coût social global – pour les consommateurs, pour la communauté et pour le monde de
l’entreprise – a été estimé fin 2003 à 6 milliards d’euros en Belgique, soit 2,26% du PIB. Le
coût des soins de santé représente environ 10% de ce coût social global, soit 0,23% du PIB.
Chacun d’entre nous devrait adapter son propre usage à ces connaissances et ces seuils.
Acteurs de soins de santé et autorités se doivent de montrer l’exemple…
Parler d’alcool à un soignant permettrait à un patient d’éviter bien des souffrances.
Médecins généralistes et autres soignants de première ligne gagneraient à plus collaborer. Les
pouvoirs publics – à tous les échelons - doivent contribuer à mettre en place une politique de
prise en charge spécifique et multidisciplinaire de ces problèmes d’alcool
Le mésusage d’alcool doit faire l’objet d’une attention tant spécifique que pérenne !
Médecins généralistes et population sont invités à parler « alcool »
Les médecins hésitent encore à parler « alcool » alors qu’il est actuellement bien démontré qu’il
s’agit là d’une attente des patients. Des protocoles de recherche menés en Belgique
confirment dès à présent les données internationales : à savoir que le repérage, puis
l’intervention brève par le médecin généraliste (dans le cadre de l’exercice quotidien de la
médecine générale) permettent une intervention efficace, en première ligne, en matière de
consommation excessive d’alcool.
Les sociétés scientifiques de médecine générale, et cela à un niveau européen, s’attellent à rédiger
puis diffuser des recommandations et développent des modules de formation visant à faciliter
les changements de comportement en matière d’alcool. Les cercles de médecins généralistes sont
invités à utiliser ces modules. Les pouvoirs publics devraient soutenir ces initiatives.
C’est à tous les niveaux politiques que la concertation alcool s’impose
Tant les communes, provinces, régions, communautés, gouvernement fédéral que les autres
acteurs de prévention et acteurs de soins de santé seront invités par les organisations scientifiques
de médecins généralistes à un vaste débat scientifique où l’accent sera mis sur la contribution de
chacune de ces instances dans une politique de gestion du problème alcool en collaboration
avec les médecins généralistes.
1.
Les risques et problèmes liés à la consommation d’alcool sont accrus dès que la consommation
hebdomadaire dépasse, selon l’OMS, 14 verres chez une femme et 21 verres chez un homme: problèmes
familiaux, problèmes relationnels, personnels, sécurité routière, sécurité au travail, mortalité attribuable
au mésusage d’alcool.
2. Le consommateur excessif se définit par l’existence d’un risque (seuil OMS) ou d’un problème lié à la
consommation d’alcool.
3. La consommation excessive d’alcool est présente chez 1 homme sur 5 et chez 1 femme sur 10; la
consommation excessive d’alcool - plus que la dépendance alcoolique - est responsable de coût sociali ii. Il
existe aussi un usage important et excessif d’alcool chez les jeunes; l’âge moyen du premier verre d’alcool
est inférieur à celui de la première cigarette ou de la prise de drogue et, plus on commence tôt, plus grand
sera le risque d’avoir des problèmes d’alcoolisme par la suite iii; le nombre de buveurs réguliers est, dans
toutes les tranches d’âge, supérieur à celui des autres usagers (de drogue)iv ; l’ivresse mensuelle est notée
chez 1 garçon sur 5 et chez 1 jeune fille sur 10. Chez les plus de 15 ansv , des données provinciales
confirment ces chiffres démontrant par ailleurs qu’un tiers des jeunes (tranche 19 à 22 ans) sont ivres au
moins une fois par mois.
4. L’abus d’alcool et la dépendance d’alcool en Belgique sont estimés à 8 - 9% de la population adultevi. Plus
de 50% des soins en matière d’addiction dans le secteur de la santé mentale sont liés à l’abus d’alcoolvii.
5. Une enquête de santé publique menée en population générale à l’initiative de la Plate-Forme
Psychiatrique Luxembourgeoise révèle en province de Luxembourg une « prévalence sur la vie » de 30%
de troubles d’utilisation d’alcool (abus + dépendance) (1999) ; une enquête selon la même méthodologie
menée à l’initiative de la Plate-Forme Psychiatrique Liégeoise révèle en province de Liège une
« prévalence sur la vie » de troubles d’utilisation d’alcool de 29,4% (1998)viii.
6. Environ 10% de la mortalité évitable est attribuable à l’alcoolix.
7. Il apparaît que 8,5% de tous les accidents et 10% des accidents graves survenant sur la voie publique
sont corrélés à l’usage d’alcoolx.
8. Un tiers des accidents survenant dans la vie privée chez les hommes et 1 sur 8 chez les femmes sont
corrélés à l’usage d’alcool ou de droguesxi.
9. Dépressions et suicides sont également fréquemment corrélés à l’abus d’alcoolxii.
La littérature internationale en estime l’incidence à un cas sur trois.
10. La violence (tant chez les agresseurs que chez les victimes) est attribuable dans les mêmes proportions à
l’alcool.xiii.
11. Les conséquences sociales et familiales de l’abus d’alcool sont, outre les drames familiaux : l’absentéisme,
le chômage, le coût de la mortalité prématurée, les conséquences d’accidents, les frais de justice.
12. En terme de coût social, des données récentes belges nous donnent des chiffres. Le coût social global
s’élève à 6 milliards d’euros soit 2,26 du PIB. Les soins de santé coûtent 0,5 milliards d’euros soit 0,23%
du PIB (xiv). Le coût direct pour le monde du travail est de 2,2 milliards d’euros (essentiellement en perte
de productivité et en surcoût du risque accru de chômage). La route coûte 1,5 milliard d’euros. Les
« bénéfices » des droits d’accises et le « gain » de la consommation salutaire d’alcool pour la santé s’élève
à 1,5 milliard d’euros. Le solde est donc de 4,5 milliards d’euros…
i
Saunders JB, Lee NK.Hazardous alcohol use: its delineation as a subthreshold disorder, and approaches to its
diagnosis and management. Compr Psychiatry. 2000 Mar-Apr;41(2 Suppl 1):95-103. Review.
ii
Lemmens PHHM. Individual risk and population distribution of alcohol consumption. Ch 2 p54-57. In : Holder
HD, Griffith E. Eds. Alcohol and public policy: evidence and issues Oxford university press. 1995. ISBN. 0 19
262635 3.
iii Lambrecht P, Andries C en Engels T. Trends in het genotsmiddelengebruik bij adolescenten van Vlaams
Brabant, VUB, 2002. ISBN 90-77130-02-0.
iv Enquêtes scolaires VAD. Basées sur les données 2001.
v
Engels T, Lambrecht P, Andries C. Trends in genotmiddelengebruik bij adolescenten van Vlaams Brabant.
Studie in opdracht van de Dienst Welzijn en gezondheid van de provincie Vlaams Brabant. 2002.
D/2002/8495/02.
vi Aertgeerts B, Buntinx F, Ansoms S, Fevery J. Screening properties of questionnaires and laboratory tests for
the detection of alcohol abuse or dependence in a general practice population. Br J Gen Pract. 2001
Mar;51(464):172-3. UI: 21151723
vii E Vandenbussche, T Jacobs. Hulpverlening middelengebruik Vlaams Brabant. Drugs, Cijfers en beleid.
Studiedag Vlaams Brabant, 14/12/01
viii Reggers, J, Ansseau , M § Pull, C, 2000, Lifetime Prevalence of DSM-IV Psychiatrics Disorders in Belgium,
Results from de Liège Study.
ix Gezondheidsindicatoren Vlaamse Gemeenschap. Zie oa. Vermijdbare sterfte door preventie en door medische
interventies. Bron MVG, dep. Welzijn, Volksgezondheid en Cultuur, adm. Gezondheidszorg 1993-2000. Zie
o.a http://aps.vlaanderen.be/statistiek/cijfers/gezondheid/algemeen
x
Data BIVV 1998. Dossier2. Alcohol en illegale drugs aangepaste nota 29/1/02 (Zie o.a. http://www.bivv.be/)
xi Devroey D, Van Casteren V, Walkiers D. Ongevallen in de privé-feer waarbij de huisartsen geraadpleegd
wordt. Registratie door huisartsenpeilpraktjken 1995-1996. Data peilpraktijken netwerk huisartsen.
WVVH/SSMG/WIV. IPH/EPI reports N°2001-004. Brssel 2001. D/2001/ 2505/7.
(voir également http://www.wvc.vlaanderen.be/gezondheidsindicatoren/)
xii Gezondheidsconferentie December 2002. http://www.gezondheidsconferentie.be/Epidemiologie
xiii Data peilpraktijken netwerk huisartsen WVVH/SSMG/WIV 2002 (persoonlijke mededeling).
xiv Pacolet et Al. 2003. Sociale kosten-batenanalyse van alcoholgebruik en misbruik in België. HIVA.