Bilan de l`étude du poème, menée en cours de
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Bilan de l`étude du poème, menée en cours de
HDA – Art, état et pouvoir Bilan de l’étude du poème Oradour, menée en cours de français Oradour-sur-Glane est une commune de la Haute Vienne (Limousin). Le 10 juin 1944, les Nazis qui recherchaient une cache d’armes et de munitions y massacrèrent 643 personnes dont 500 femmes et enfants. Ceux-ci périrent enfermés dans l’église, à laquelle les SS avaient mis le feu. Les ruines d’Oradour ont été conservées et le village a été reconstruit à proximité. Le nom d’Oradour est devenu un symbole de la barbarie. Jean Tardieu est un poète et dramaturge français du XXème siècle (1903-1995). Son poème Oradour est d’abord publié dans une revue clandestine de Résistance. Il est publié aujourd’hui dans le recueil Jours Pétrifiés (1947). Ce long poème, en heptasyllabes, est composé de sept strophes. Une anaphore traverse le poème (Oradour est répété 18 fois). I – Description d’un massacre - Jean Tardieu décrit les conséquences du massacre. * Il évoque d’abord en creux les activités de ce « village qui vivait » (v. 43) : les travaux des champs (« greniers » v. 8 , « meules » v. 9) ; les fêtes (« rires » v. 7, « vin », « chansons » v. 10 …) ; la messe (« église » v. 5). * Tardieu multiplie les phrases de forme négative pour montrer que tout cela a disparu (strophes 1 et 6) après le passage des Waffen SS. D’une part, il n’y a plus de vie humaine et plus de possibilités d’avenir (« plus d’enfants » au vers 6) ; d’autre part, il n’y a plus de vie végétale (métonymie « plus de feuilles » au vers 3). Le sacré luimême a été perverti, puisque le massacre a eu lieu dans « l’église ». Toutes ces négations traduisent le vide et l’absence. * Après le passage des Waffen SS, Oradour « n’est plus qu’un cri ». Cette métaphore souligne la souffrance et l’horreur endurées par les habitants massacrés. Le village n’est plus qu’un son, qui résonnera à jamais, « une bouche sans personne » (nouvelle métaphore au vers 51). - Le poète utilise également le langage poétique pour nous faire ressentir l’extrême brutalité de cet événement. * Tout d’abord, le thème de la violence est particulièrement présent, avec un champ lexical dans les strophes 2 et 3. * De plus, chacun des vers, court, et certaines allitérations (« chaque fois qu’un cœur éclate », v. 18) peuvent évoquer le bruit des mitraillettes … * Enfin, le poète a choisi un mètre court et il y a peu de marques de ponctuation. Tout cela crée un rythme rapide : en effet, c’est seulement en quelques heures qu’ Oradour-sur-Glane a été rayé de la carte. II – Réactions du poète Le poète exprime ses réactions et sentiments personnels dans ce poème (utilisation du pronom personnel « je »). - En premier lieu, le poète exprime sa « peur » (v. 11), son effroi même. Il attire l’attention du lecteur sur l’horreur de certaines images, en particulier cette « tête épouvantée » (v. 20), dont il ne décrit que le regard, des « yeux larges », qui attendent avec horreur une mort certaine. On peut penser ici aux cadavres des petits enfants retrouvés brûlés dans la sacristie. Ces enfants symbolisent la liberté (allégorie) et l’innocence sacrifiées sans remords par les SS. - En outre, Tardieu dit à cinq reprises avoir « honte » (vers 28,29,32,44,47), honte d’appartenir à l’espèce de ceux qui ont commis ces crimes. Le massacre d’Oradour est une honte pour l’Humanité tout entière. Ce massacre est absurde, et ce n’est pas un crime de guerre mais un assassinat ; d’ailleurs, le poète utilise seulement le terme « assassins » (v. 19) pour désigner les soldats. - Pour finir, le poète appelle les hommes à se venger. Oradour devient « le nom de notre vengeance » (v. 48). Notons l’emploi du déterminant possessif « notre » (v. 48) et « nos » (v. 49), qui désignent les Résistants, et aussi les Hommes, en général. C’est à l’Humanité entière de venger Oradour. Dans ce poème engagé, Tardieu utilise le langage poétique pour dénoncer la barbarie nazie et pour faire passer un message. Il faut se venger mais aussi se souvenir, notre devoir est de ne jamais oublier Oradour, village martyr. C’est pourquoi le mot « Oradour » revient tout au long du poème, comme un refrain obsédant. 1/2 Œuvres en lien Pablo Picasso, Guernica (1937) Pablo Picasso réagit ici au bombardement de la ville de Guernica, qui eut lieu le 26 avril 1937, lors de la guerre d’Espagne. Ce bombardement a souvent été considéré comme un des premiers raids de l'histoire de l'aviation militaire moderne sur une population civile sans défense, Ce tableau est un symbole de la violence de la répression de Franco, et plus généralement il illustre l’horreur de la guerre. Pablo Picasso, Massacre en Corée (1951) Le peintre veut montrer ici que les troupes américaines massacraient la population, lors de la guerre de Corée (19501953). Les enfants et les femmes, porteuses de la vie, sont assassinés par des soldats lourdement armés. Plus généralement, en tant que pacifiste, Picasso dénonce tous les crimes de guerre commis à l’encontre de civils. Edvard Munch, Le Cri (1893) Dans ce tableau expressionniste, le personnage au premier plan est une référence évidente à la mort, une sorte de mélange entre un fantôme dont le corps ondule et flotte dans les airs, un squelette et un cadavre : sa tête est dépourvue de cheveux et ses yeux sont creux. Sa bouche est grande ouverte : il crie. 2/2