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XVe rencontre du Réseau thématique international
de recherche et de formation à la recherche
« Traduction comme moyen de communication interculturelle.
Questions de socio-pragmatique du discours interculturel »
La retraduction : Les belles revisitées
de la littérature européenne au XXe siècle
Campus de Mulhouse, 2-5 décembre 2009
Colloque organisé par l’Institut de recherche en langues et littératures européennes
(ILLE, EA 3437), en collaboration avec le Centre d’Études en Civilisations, Langues et
Lettres Étrangères (CECILLE, EA 4074), les Universités de Cracovie et de Wroclaw et
le Réseau universitaire « Les Lettres Européennes » (LLE)
www.ille.uha.fr
Objet scientifique
La retraduction littéraire et l’Europe
Le lien entre l’Europe, ses littératures, ses cultures, ses
langues se fait toujours au pluriel, ce qui implique le
passage obligatoire par la traduction. L’histoire des
littératures européennes se fait, quant à elle, en un rapport
constant avec le passé : impossible de ne pas prendre une
position par rapport à un héritage plurimillénaire. Que l’on
décide de poursuivre dans la tradition ou bien de s’y
opposer, la culture commune et d’échange est une donnée
constante que le critique, l’écrivain et le traducteur
européen ne peuvent pas ignorer.
D’où la nécessité de réfléchir sur la retraduction
littéraire dans une perspective européenne : quelles sont
les motivations qui poussent à retraduire dans cette
Europe babélique alors qu’on est bien loin d’avoir tout
traduit ? Est-ce que l’histoire de la retraduction en
Europe peut nous révéler quelque donnée de l’histoire des idées et des littératures
européennes de ce XXe siècle ? Y a-t-il un lien entre la retraduction littéraire et les
événements historiques, les secousses idéologiques, les positions philosophiques qui ont
animé notre continent pendant le siècle dernier ? Est-ce que le XXe siècle européen a
décidé de retraduire des œuvres issues d’un passé lointain, ou bien s’est-il penché
surtout sur le passé récent ?
Si ces rencontres se proposent d’étudier le phénomène de la retraduction littéraire au
XXe siècle, il ne faut pas oublier que la pratique est déjà acquise et répandue en Europe :
Charles Sorel écrivait déjà, en 1664, qu’« il ne faut point douter […] que les livres qui ont été
traduits depuis peu ne le puissent être encore un jour par d’autres traducteurs : c’est le
privilège de la traduction de pouvoir être réitérée dans tous les siècles, pour refaire les livres
selon la mode qui court » (Bibliothèque française, Paris, 1664, p. 216). La retraduction est
donc fortement liée à la création et récréation de la bibliothèque idéale que chaque lecteur et
chaque critique construit pour soi- même et pour sa postérité.
Théorie et pratique de la retraduction
« C’est seulement aux retraductions qu’il incombe d’atteindre – de temps en temps –
l’inaccompli », écrivait Antoine Berman en 1990. La retraduction est un phénomène de plus
en plus fréquent dans notre époque, au point qu’on a parlé du XXIe siècle comme de l’âge de
la retraduction. Et pourtant il s’agit d’un phénomène qui n’a pas encore reçu beaucoup
d’attention de la part des traductologues, comme le soulignent Yves Gambier en 1994 et
encore Annie Brisset en 2004.
Pourquoi retraduit-on ? Les raisons peuvent être multiples : la nécessité d’actualiser
le texte ; la volonté de donner une traduction meilleure que les traductions existantes, voire
d’imposer une nouvelle voix canonique à un classique, ou encore de donner une nouvelle
perspective au texte – et ainsi les différentes traductions deviennent les déclinaisons d’un
même texte-source. Dès lors, la littérature se manifeste comme le terrain privilégié de la
retraduction. C’est en effet dans la littérature que cette sorte d’insatisfaction herméneutique se
produit plus fréquemment, résultat de l’interprétation toujours sélective de chaque traduction.
Une question volontiers soulevée est celle de l’âge des traductions, qui vieilliraient
plus rapidement que les textes qu’elles démultiplient. Intervient alors le statut ancillaire de la
traduction, dans des cultures qui se construisent autour d’une conception sacrale de l’auteur
(auquel, faut- il le dire, le traducteur n’est presque jamais assimilé) ? Les retraductions
intralinguistiques restent en effet rares, alors que notre perception de la langue du passé est
imparfaite (cf. Gianfranco Contini à propos de la connaissance illusoire des vers de Dante).
Par ailleurs, comment le statut de retraduction se reflète-t-il dans la manière de
traduire ? La retraduction s’articule-t-elle sur les traductions antérieures ? Les retraductions
sont-elles, par nature, plus « dépaysantes » (cf. Paul Bensimon) parce que le procès de
« naturalisation » a été accompli par la première traduction ?
Quelques cas de retraduction au XXe siècle
Les intervenants au présent colloque pourront présenter des études focalisées sur des cas
littéraires particuliers de retraduction en Europe au XXe siècle. La retraduction a une
histoire longue et une tradition enracinée en Europe : il suffit de penser à la retraduction de la
poésie à la recherche d’une adhérence à la fois métrique et sémantique ; à l’auto-retraduction
des écrivains tel quel Milan Kundera ; aux milles retraductions d’Alice in Wonderland ; à la
retraduction d’ouvrages traduits par des grands auteurs à la moitié du XXe siècle et qui
semblaient ne plus « autoriser » d’autres retraductions ; ou encore à ce cas particulier de
retraduction qui est la traduction des traductions – pratique dénoncée mais toujours actuelle
pour les langues semi-périphériques et périphériques (Witold Gombrowicz traduit en anglais à
partir de la traduction française, Ryszard Kapuscinski traduit en français à partir de la
traduction anglaise, les trente nouvelles de Fictions européennes (2008) traduites en anglais à
partir de la version française, etc.). Autrement dit, comment les plusieurs langues européennes
dialoguent entre elles ?
La retraduction face au lecteur
Javier Marías écrit (1997) que les textes originaux sont comme des partitions musicales dont
les traductions sont comme autant d’exécutions ou d’adaptations. Les lecteurs des traductions
accèdent donc au privilège d’assister à de nouvelles exécutions, tandis que ceux de l’original
doivent déchiffrer, parfois difficilement, l’ancienne partition : un paradoxe qui rappelle la
démarche vers la « langue pure » évoquée par Walter Benjamin.
Quel est donc le rôle et la position de ces jouers-médiateurs que sont les éditeurs
et les traducteurs pour la revisitation des anciennes traductions en Europe ? La
retraduction peut être encouragée et soutenue par le monde de l’édition : quels sont les
impératifs « éditoriaux » ou « commerciaux » qui poussent (ou freinent) un éditeur à faire
retraduire des œuvres existantes dans la langue d’arrivée?
Bibliographie
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? ZARO VERA Juan Jesus, RUIZ NOGUERA Francisco, Retraducir : una nueva mirada. La
retraduccion de textos literarios y audiovisuales, Malaga : Miguel Gomez, 2007.
Organisation : L’organisation est assurée par le bureau de l’ILLE EA 3437
Comité scientifique : Jerzy Brzozowski (Université Jagellonne de Cracovie) ; Maryla
Laurent (Université de Lille 3) ; Enrico Monti (ILLE/Université de Bologne) ; Peter Schnyder
(Université de Haute-Alsace) ; Elzbieta Skibinska (Université de Wroclaw).
Coordination : Peter Schnyder et Enrico Monti
Assistance scientifique : Tania Collani
Accueil : Équipe Master Erasmus Mundus
Renseignements : Enrico Monti ([email protected])
Adresse postale :
ILLE - FLSH, 10, rue des Frères Lumières, F - 68093 MULHOUSE Cedex, Tél. : +33 (0)
3.89.33.63.91 – Fax : (0) 3.89.33.63.99.
Langue du colloque : français
Frais d’inscription : 20.— euros / jour ; 50.— euros pour le colloque entier ; entrée gratuite
pour les étudiants, les membres de l’ILLE et les conférenciers.
Site Internet : www.ille.uha.fr