modèle de bulletin ZOOM 33

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modèle de bulletin ZOOM 33
Groupement ZOOM 33
c/o Jean-Jacques MILAN 29, rue Montaigne
33170 GRADIGNAN
Tél : 05.56.89.26.77 - E-mail : [email protected]
ZOOM 33 rassemble des photographes indépendants et trois associations
qui coordonnent leurs efforts pour participer à un maximum de manifestations photographiques.
Bulletin n° 131 - 24 avril 2004
La vérité n'est pas du côté du plus grand nombre,
parce qu'on ne veut pas qu'elle y soit. Le jour où le
plus grand nombre sera à même, par sa culture et
ses connaissances, de choisir lui-même sa vérité, il y
a peu de chances pour qu'il se trompe.
Boris Vian
EDITORIAL
On l'aimait ou on le détestait, il ne laissait personne indifférent. Il était l'un des très rares photographes
dont on reconnaît les œuvres au premier coup d'œil.
Helmut NEWTON nous a quittés voici déjà deux mois.
Son œuvre aurait pu être léguée à la France mais …
Amitiés à tous.
Jean-Jacques
ADMISSIONS EN NOIR ET BLANC
Ydes (15) :
thème : la nature morte
Toutes les photos ont été exposées.
z Jean-Baptiste CHAINE
Rencontre
1er prix : un vase
z Alain VERNA
Chêne d'Amérique n° 7
2e prix : 30 €
Jean-Baptiste CHAINE - Rencontre
ADMISSIONS EN COULEUR PAPIER
Ydes (15) :
thème : la nature morte
Toutes les photos ont été exposées.
z Jean-Baptiste CHAINE
Rencontre
Affligeant : comment la France a perdu
le fonds Helmut NEWTON
Pendant des années, le photographe a cherché un point
de chute en France pour ses archives, en vain. Juste
avant sa mort, le 23 janvier, il a tenté de donner à l'État
cinquante de ses images, mais les discussions sur leur
exposition ont tourné au fiasco. C'est finalement Berlin
qui a hérité du cadeau. L'affaire est navrante. Elle a eu
lieu quelques mois avant qu'Helmut Newton, roi de la
mode, du portrait et du porno chic, un des photographes
les plus célèbres au monde, ne meure, le 23 janvier à
Hollywood, à l'âge de 83 ans.
Newton, qui a réalisé la majorité de son œuvre
pour le Vogue français, a voulu donner une cinquantaine
de ses images à la France. Joli cadeau. Surtout quand on
sait que certaines de ses icônes atteignent 400 000 dollars pièce. Les négociations ont fini en fiasco.
Pis que cela. Cette affaire, révélée par Pierre
Assouline dans Le Monde du 8 février, n'est que la cerise
empoisonnée sur le gâteau d'incompréhension qui, depuis vingt ans, brouille les relations entre l'État français
et Newton. Ce dernier, dès les années 1980, dit-on au
ministère de la culture, a cherché un "point de chute"
dans une institution française pour ses archives - négatifs, tirages de collection, contacts, carnets, livres... De
guerre lasse, il est allé voir ailleurs : une Fondation
Newton ouvrira ses portes à Berlin, sa ville natale, qu'il
avait fuie en 1938 parce qu'il était juif. Elle ouvrira le 4
juin dans "un palais" néoclassique offert par la ville.
Newton était "tombé amoureux" de Paris, où il
a vécu une bonne vingtaine d'années, avant de s'établir à
Monaco, en 1981, afin de "s'éloigner de l'omniprésent
percepteur". Surtout, dans son œuvre, "c'est la Parisienne
qu'il photographie, pas la Berlinoise !", s'exclame José
Alvarez, directeur des Éditions du Regard et intime de
Newton.
Marie-Claude Beaud, qui était directrice du
Musée des arts décoratifs en 1997, se souvient : "Newton
était prêt à nous donner tout son travail de mode. Je l'ai
rencontré à Monaco, puis à Paris. On a échoué. Une
donation est difficile quand le photographe veut encore
s'occuper de la diffusion de ses images. On a manqué de
souplesse." Elle ajoute : "Helmut a vu d'autres personnes
et partout ça a échoué." Le photographe a contacté le
Centre Pompidou notamment, "mais Helmut détestait la
façon dont la photographie y était traitée", dit José Alvarez. Ce dernier ajoute : "Helmut a même téléphoné à
Bernadette Chirac pour lui demander de l'aider."
Peu avant que Newton signe avec Berlin, au
printemps 2003, José Alvarez se voit confier par le photographe une mission de la dernière chance. L'éditeur
contacte le ministre de la culture et de la communication,
Jean-Jacques Aillagon. Ce dernier écrit à deux reprises
au photographe pour dire son intérêt. Jean-Noël Jeanneney, président de la Bibliothèque nationale de France, est
aussi contacté dans le but, dit ce dernier, de recevoir
"l'ensemble des archives". Mais, dit José Alvarez, "les
choses ont traîné et Helmut a signé à Berlin."
Qu'à cela ne tienne, les contacts se poursuivent, cette fois pour une donation. Helmut Newton et sa
femme, June, rencontrent à trois reprises des représentants du ministère de la culture - le 2 mai et le 30 septembre à Paris, puis le 30 octobre à Monaco.
"MANQUE DE RESPECT"
"Nous avons évoqué une donation d'une cinquantaine de tirages concernant son travail de mode à
Paris, de format 50x60 cm, pouvant être complétés par
des grands formats, qui devaient donner lieu à une exposition durant la période inaugurale du nouveau Jeu de
Paume", dit Martin Bethenod, délégué aux arts plastiques au ministère de la culture. Il est fan de Newton. Est
présent, le 30 septembre, Régis Durand, directeur du
nouveau Jeu de Paume, place de la Concorde, que le
ministère a décidé de consacrer à la photographie et qui
ouvrira le 23 juin.
Survient le clash. June Newton s'en est expliquée auprès de Pepita Dupont, journaliste à Paris Match :
"Je n'avais plus de nouvelles. Helmut était trop fier pour
appeler. C'est moi qui l'ai fait. A chaque fois, Régis Durand était très difficile à joindre. Finalement, je l'ai eu et
il m'a répondu : "C'est un malentendu, il n'est plus question de rétrospective mais on exposera votre don quand
on l'aura reçu dans une petite salle." J'ai été profondément blessée par ce manque de respect pour mon mari."
Pour Martin Bethenod, il s'agit d'un "malentendu regrettable. Il n'a jamais été question de grande
exposition mais d'exposer la donation. En six mois, nous
avons fait plus que d'autres en dix ans." Régis Durand se
dit "consterné par cette affaire. C'est un ratage, on n'a pas
su le convaincre. Mais comment aurais-je pu proposer
une exposition d'ouverture alors que j'avais déjà mon
programme quand je l'ai rencontré ?". Parole contre parole. Sans doute l'État n'a-t-il pas été d'une totale clarté
en évoquant "une exposition dans la période inaugurale".
Il est d'autant plus dommage de n'avoir pas su accepter
ce cadeau que, selon le marchand zurichois de Newton,
Andréa Caratsch, pour obtenir un grand Newton en
vente, il faut compter de "100 000 à 500 000 dollars".
Or, apprend-on par le ministère de la culture, une seule
photographie de Newton figure dans les collections de
l'État. Pourtant, des images en tout genre ont été achetées
à tour de bras, au nom de l'État, depuis vingt ans.
PROJETS D'HOMMAGES
Cette affaire révèle la façon dont Helmut
Newton et au-delà, la production d'images liée à la mode
sont considérés dans le monde de l'art. "Les musées français et le monde de l'art contemporain me méprisent",
avait confié au Monde, amusé, le photographe. June
Newton le répète sans cesse à José Alvarez. MarieClaude Beaud pense savoir pourquoi : "Newton condense ce que le monde de l'art méprise : un rigolo et pas un
cérébral, qui gagne beaucoup d'argent dans la mode en
photographiant des filles dans des poses sexy. Pour moi,
il est simplement un artiste hors norme."
Même constat pour Françoise Marquet, qui a
organisé la première grande exposition Newton dans un
musée, au Musée d'art moderne de la Ville de Paris, en
1984. "Les gens faisaient la tête quand ils voyaient des
photos dans un musée. Newton était jalousé à cause de
sa réussite, de sa façon de jouer au dandy." Les choses
ont changé, note Didier Grumbach, président de la Fédération française de la couture, qui voit "se multiplier les
passerelles entre l'art et la mode". Mais les musées français sont à la traîne.
Pour voir des Newton en France, il faut aller à
la Maison européenne de la photographie (MEP), qui
dépend de la Ville de Paris. Jean-Luc Monterosso, directeur de la MEP, conserve 75 œuvres de Newton, notamment cinq "Big Nudes" - dont trois donnés - et le
fameux diptyque "Sie kommen, Naked & Dressed"
(1981). Ces acquisitions, à des prix "très avantageux", dit
Monterosso, balaient deux poncifs à propos de Newton :
il était cher et capricieux. "Notre collection est le résultat
d'une relation privilégiée, d'une amitié de vingt ans",
explique Jean-Luc Monterosso.
Cette remarque renvoie aux dernières lignes
écrites par Newton dans son autobiographie (Autoportrait, éd. Robert Laffont), dans laquelle il évoque en ces
termes le maire de Berlin, Klaus Wowereit : "Il me porte
dans son cœur." Dans l'affaire de la donation en France,
"Helmut ne s'est pas senti aimé et s'est dit trompé", accuse José Alvarez.
Le ministre de la culture, Jean-Jacques Aillagon, a dit dans Le Monde du 31 janvier qu'il souhaitait
rendre "hommage" à Newton pour l'ouverture du Jeu de
Paume. Beaucoup d'observateurs pensent que ce serait
désormais "le sommet du ridicule". Et il n'est pas sûr que
June Newton apprécie. Le groupe de presse américain
Conde Nast (Vogue) envisage, pour sa part, un hommage
à Newton le 5 juillet à Paris, pendant les défilés de
mode. Il aurait lieu au Théâtre du Palais-Royal. Juste en
face du ministère de la culture.
Michel Guerrin
Article paru dans LE MONDE du 21.03.04

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