très riches Heures du duc de Berry

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très riches Heures du duc de Berry
Les très riches Heures du duc de Berry
Nature de l’œuvre : manuscrit enluminé
Auteur : Les frères de Limbourg (1370-1416)
Date : 1413-1485
Dimensions : 21 x 29 cm
Technique/matière : Enluminure, papier vélin
Localisation : Musée Condé - Chantilly
Histoire des arts
Ce livre de prières a été conçu par l'atelier des frères de
Limbourg, Paul, Jean et Herman, sur une commande de Jean
de Berry (1340-1416). Sa réalisation s'est étendue de 1410 à
1485. Il est utilisé par un laïc pour ses dévotions privées, il
contient les prières et les méditations adaptées aux divers
moments de la journée, mais aussi au jour de la semaine, au
mois, et à la saison.
Le manuscrit des Très Riches Heures comporte 206 feuillets
de 29x21 cm, dans une reliure du XVIIIe siècle. Il présente
65 petites miniatures et 66 miniatures en pleine page, dont les
douze qui illustrent les mois de l'année et les constellations.
Les frères Limbourg ont utilisé une grande gamme de
couleurs, obtenues à partir de minéraux, de plantes mélangés
avec de la gomme arabique afin d'obtenir un liant pour la
peinture. Parmi les couleurs inhabituelles pour l'époque,
citons le vert de flambe, obtenu à partir de fleurs écrasées, et
le bleu, obtenu grâce à des pierres précieuses venues du
Moyen-Orient, des lapis-lazuli, broyées et pilées. Leur éclat
est rehaussé par l'application d'or peint, or bruni ou argent.
Les détails particulièrement fins étaient obtenus à l'aide de
brosses et de pinceaux fins, mais également grâce à un travail
réalisé sous des loupes grossissantes.
Août. Le château d’Etampes, la chasse au faucon
Le mois des fauconniers; les nobles, portant des faucons,
vont à la chasse tandis qu'à l'arrière-plan les paysans
moissonnent et nagent dans la rivière. Derrière eux on voit
le Château d'Etampes.
La surface est douce et lustrée, obtenue par du verre fondu
préparée sur une surface, généralement de métal. Cette
technique est également appliquée à tout objet qui est fait, ou
décoré à partir de ces matériaux.
Pour imprimer avec un morceau de bois, on sciait le bois
dans le sens du fibre. C'est la plus ancienne technique que
l'on connaisse. Le dessin est fait dans du bois de moyenne
dureté, et les parties qui doivent rester blanches lors de
l'impression sont retirées à l'aide de couteaux et de gouges,
laissant ainsi le dessin à imprimer apparaître en relief. Il est
ensuite trempé dans l'encre et pressé contre un morceau de
papier.
les frères Limbourg ont inventé la représentation du paysage
urbain dans l'art médiéval. Les maîtres franco flamands
introduisent une décroissance progressive et continue de
l'ensemble des éléments du paysage.
Cela est particulièrement clair dans l'illustration du mois de
mars des Très Riches Heures : les deux enceintes du château
de Lusignan et les corps de logis se superposent en longues
bandes horizontales à peu près parallèles, sans la distorsion
conventionnelle destinée à rendre compte de la forme du
plan. Une telle distorsion se rencontre encore sur certaines
miniatures du livre, par exemple celle qui illustre le mois
d'août: la ville d'Etampes y est représentée à l'horizon, et on
voit les bâtiments du château et l'enceinte converger vers
deux points de fuite latéraux assez rapprochés.
Mars :le château de Lusignan, la taille et le
labour
Les paysans taillent la vigne et labourent les
champs. L'un d'eux vanne le blé ou des graines.
La diffusion puis la généralisation du parchemin au
cours du Moyen Age conduit à une conception nouvelle
de la mise en page du texte ainsi qu'au développement
d'un nouvel art décoratif : l'enluminure.
Les détails de la construction du château sont
exacts. On peut mettre leur nom sur les tours et les
portails.
Parce qu'elle est en parchemin, la feuille peut recevoir
plusieurs couches de peinture et de feuilles d'or. Le
décor orne alors tous les types de livres médiévaux de
plus en plus variés et nombreux. En voici quelques
exemples :
Au sommet de la tour poitevine, un dragon ailé :
la fée Mélusine qui « vient à travers les airs
retrouver son mari Raymondin ».
Là fut le berceau des Plantagenêt et de La
Rochefoucauld. Le Duc de Berry en fit une de ses
résidences favorites.
On remarquera les deux hautes tours dont le
donjon à échauguette et la chapelle du château.
C'est un type des châteaux de cette époque à la
fois domaine fortifié et résidence seigneuriale.
Le miniaturiste, malgré les couleurs, a traduit la
misère des costumes paysans.
La Bible : l'un des ouvrages les plus volumineux par
son nombre de pages et sa taille.
Les livres d'heures : ce sont des recueils de prières à
l'usage des laïcs, fondées sur les 8 heures canoniques.
Ouvrages de petit format, faciles à transporter, ils sont
richement illustrés par les artistes les plus réputés. Leur
luxe en font les privilèges des princes et des nobles.
Les histoires et chroniques : les nobles aspirent à
rattacher leur lignage à des événements héroïques où
histoires réelle et imaginaire sont merveilleusement
mêlées.
Les textes de l'Antiquité : nombre d'auteurs antiques
ont été copiés et illustrés, cette mode atteindra son
apogée à la Renaissance.
Les bestiaires : ils contiennent des descriptions et des
histoires d'animaux ou de créatures fabuleuses : satyre,
licorne, dragon sont fréquents.
Les romans et la littérature : l'histoire du Roi Arthur,
les Chevaliers de la Table Ronde...on a plaisir à les
entendre à voix haute. Une iconographie riche permet
de suivre l'intrigue pour celui qui ne sait pas lire.
Les livres d'études : peu ornés, au format réduit, ils
abordent la théologie, la grammaire, l'astronomie...et
sont destinés aux étudiants. Leur véritable essor est lié
au développement des universités dès le XII° siècle.
La copie d'un livre de 400 pages demande six mois de
travail à un copiste rapide, l'enlumineur travaille après
si bien qu'un manuscrit s'achève parfois en plusieurs
années. Le livre est donc rare et cher. Il représente un
précieux objet de puissance.
Octobre : le Louvre, les semailles
Aucune autre image ne donne une vision aussi exacte et
aussi complète du Louvre de Charles V. Entre le mur
d'enceinte et la Seine, des promeneurs circulent sur une
terrasse, des marches permettent d'accéder à la berge du
fleuve où accostent les barques.
Au premier plan, les semailles ; des fils où flottent des
bouts d'étoffe sont tendus sur des piquets pour effrayer
les oiseaux et un épouvantail simule un archer prêt à tirer.
Un des paysans sème, l'autre herse pour enfouir le grain.