Rendez vous avec… - Challenge Events

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Rendez vous avec… - Challenge Events
Rendez vous avec…
Pascal Hermer
Par Jean Pierre Ravaioli
Ce qui est formidable lorsqu'on interview un rédacteur d'un site consacré aux sports
mécaniques, c'est qu'il connaît parfaitement son sujet et, qu'une fois lancé vous
n'avez plus à poser de questions. Tout est limpide, clair et… professionnel.
C'est ainsi que Pascal, concepteur-réalisateur-rédacteur-photographe du site internet
Mistral-Mécanique Skyrock, a gentiment répondu à notre sollicitation.
Si tout le paddock connaît son site, peu de pilotes connaissent son histoire. Aussi,
laissons-le "parler" :
"Je suis tombé dans le chaudron des sports mécaniques à l'âge de 16 ans. A cette
époque, je suivais des copains plus âgés que moi sur les circuits comme mécano
ou mascotte ! J'allais voir courir Agostini, Pons, Sheene… Pour moi, la plus grande
course du monde c'était le Bol d'Or, et déjà mon but était d'y participer un jour.
En 1978, à l'âge de 18 ans, j'achète ma première moto de course après avoir travaillé
tout l'été entre ma première et ma terminale. Première course à Dijon-Presnois sur
piste humide. Je termine 6ème sur une centaine de pilotes inscrits. Les trois ou
quatre courses que j'ai pu faire encore cette année-là n'ont pas été couronnées de
succès par faute de moyen : je n'ai jamais changé les pneus qui étaient neufs à la
première course mais bien usés après…
J'abandonne la compétition car sans argent, pas de budget !
En 1983, je travaille comme informaticien à Matra, au circuit Paul Ricard. Je m'engage
en Coupe Yamaha, la catégorie reine des jeunes loups. Une des vedettes s'appelait
Arnaud De Puniet, futur père de Randy
A ma première course, au Mans, après avoir signé un excellent 8ème chrono aux
qualifs sur 140 pilotes, je négocie le premier virage second sur piste humide. Je suis
3ème dans le 2ème tour lorsque je perds la selle ! Je ne connaissais pas ce défaut
d'usine des Yamaha 350 qui me prive d'une belle place.
Si j'étais véloce, le mental n'était pas au top. Et ma grande déception de cette
première course m'a laissé dans l'anonymat des pelotons jusqu'à la course de
Lédenon où je suis déchaîné. Cette épreuve se terminera à l'hôpital, poignet cassé…
En 1984, je continue en catégorie Promo 500cc où je suis régulièrement dans les 15,
sur 70-80, mais rarement mieux que 10.
En 1985, je termine 9ème de la Coupe Ducati, après une bonne saison, dont une 4 ème
place au circuit Paul Ricard. J'ai assez de points pour avoir ma licence Internationale.
Avec le magasin Promoto de Sanary, on monte une écurie éponyme dont le but est d'engager
une moto au Bol d'Or 1986. C'est la nouvelle Suzuki 750 GSRX qui sera la base de notre travail. En 1986, je participe de nouveau à la coupe Ducati, mais
surtout je prépare le Bol d'Or : mécanique, jogging et musculation sont mon quotidien ! Après quelques bonnes courses en coupe Ducati, le grand jour du
Bol d'Or arrive en septembre 1986. La moto est fin prête et moi aussi. Le team Promoto engage deux pilotes d'expérience et c'est le départ de la grande
aventure… Le Bol d'Or, c'est la plus grande course de motos du monde et la pression est énorme ! 96 motos sont engagés et seulement 80 seront qualifiées.
Je suis l'auteur du meilleur temps du team, et la moto est qualifiée avec le 61ème temps. C'est donc moi qui prendrai le départ…
Après une course mouvementée, nous terminons, c'est déjà l'exploit, 34ème à 121 tours de Dominique Sarron sur Honda d'usine et Christian Sarron sur
Yamaha d'usine. Ma future femme, Corinne, et moi sautons de joie dans les stands. C'est le bonheur !
En 1987, après les 24 heures du Mans moto abandonnés dès le début, j'arrête la compétition moto.
Le 4 juillet 1988, en descendant du circuit Paul Ricard en moto, je suis fauché par un chauffard qui double en plein virage…
Après trois semaines de coma, je me réveille paralysé du bras gauche. Je dois aussi réapprendre à marcher et à parler. Ma convalescence durera 2 ans,
au bout duquel, mon employeur Matra, me licencie.
Je change donc de métier, après une formation comptable.
De ce malheur, je ressors malgré tout avec une envie formidable de vivre et un mental tout neuf, bien aidé par Corinne avec qui je marie. Naîtront 2 garçons.
Rendez vous avec…
Pascal Hermer
L'envie de piloter me reprend en 1992 en regardant tourner les karts de location du circuit Paul Ricard. J'essaye et je craque très vite avec l'achat de mon
premier kart. Celui-ci me permettra de faire mes premières courses, car le circuit les organise pour tous les possesseurs de ces karts, tous identiques. Les
bonnes places arrivent vite et surtout je me surprends un excellent mental…
En 1993, la fédération Handisport me contacte et me propose de participer à leur Championnat, ce que j'accepte. Je gagne dès la première course à Marseille,
à Pont de Vivaux, mais je dois en rester là car je suis en pleine formation à Nice et je manque de temps pour cet exercice.
En 1995, les choses sérieuses recommencent. Je domine le championnat et gagne pratiquement toutes les courses. Celles que je ne gagne pas, je suis sur
le podium. C'est la même chose en 1996. Le karting Handisport n'étant reconnu par la fédération de Karting, les titres ne seront jamais officialisés.
C'est cette année-là que je gagne mon premier Grand Prix International de Menton. C'était la Coupe d'Europe Handisport, à cause de la participation de
pilotes italiens, dont Clay Regazzoni, l'ancien pilote F1, ainsi que des allemands, suisses et français. Ayant gagné cette course (à deux reprises), j'étais
donc le premier Champion d'Europe Handisport, mais le titre n'a jamais été officialisé.
En 1997, je me bats (déjà) avec la fédération de Karting pour courir en valide. C'est après ma deuxième victoire à Menton, qu'ils acceptent de me donner
ma licence.
En 1998, je cours en valide en catégorie Promo 2. Une catégorie où les sélections du Championnat de France rassemblent souvent 80 pilotes pour 34
qualifiés. Je réussis à faire partie des 34 heureux à ma première course de ligue. A la deuxième course, je termine 6ème de la finale ! A la troisième, je ne
suis pas finaliste à cause d'un accrochage, mais ça m'est égal car je ne voulais pas faire la finale du Championnat de France…
Mes deux meilleures places dans cette catégorie sont une 3ème à Hyères et une 4ème à Golfe-Juan. Et puis aussi deux fois finaliste au Grand Prix
International de Menton en 1998 et 1999.
Je stoppe la compétition fin 1999.
Je replonge en 2001 en Rotax Max et réussis à terminer 12ème en finale au GP de Menton après avoir été 3ème des essais libres et 9ème des essais
chronos, mais c'est juste une course pour le fun…
Depuis 2002, j'ai connu de nombreuses victoires dans des courses de Karting Loisir. Je cours en loisir pour le plaisir. Dans le Challenge de Philippe
Naniche depuis 2007 où je réalise la pole position à ma première course à Brignoles. Un tête à queue sous la pluie met fin à ma prestation dès la 1ère manche.
En 2008, je termine 12ème avec une victoire de manche. Il y a aussi la bande de passionnés, Martine Boulenger et son fils Renaud ainsi que Christian Vandini,
qui me propose de participer à la mythique Monaco Kart Cup de l'année dernière où nous terminons à une belle 16ème place sur 44 concurrents.
Je terminerai donc par 2009. Excellente année où je suis actuellement en tête du Challenge Pro Kart à la mi-saison. 3 podiums, vainqueur de 9 manches,
j'attends avec impatience ma première victoire…"
* Que penses-tu du Challenge 2009 ?
" Le challenge 2009 est très disputé et les karts semblent bien me convenir. Mais il manque le "frisson" des Rotax 2 temps. Il serait peut-être plus
attrayant avec 5 individuelles et 5 endurances sur 2 circuits différents. Si le boss de Brignoles était moins… ou plus commerçant…"
* Quel pilote redoutes-tu le plus pour cette fin de saison ?
"Pour moi, le pilote à battre est Mathieu Da Silva. Un pilote extrêmement doué, que j'admire pour sa vélocité. Eric Vaney, lui aussi est dangereux car véloce et
constant. Il ne fait pas d'erreur et possède un mental de gagnant. Mais il ne faut pas oublier Clyde, Jérôme, Olivier et Vincent, tous très rapides, ou bien Axel
ou Philippe… quand ils viennent. Pour cette année, je pense que Mathieu sera champion, mais je suis hyper motivé pour aller le chercher et je me battrai
jusqu'au dernier tour !"
* Un mot sur ton futur !
"Mon patron étant à la retraite en 2009, je me reconverti. J'ai passé mon diplôme d'Etat de photographe en 2008 et je prépare un diplôme Universitaire de
journaliste. Mon but est d'être journaliste sportif ou de travailler soit dans un service de communication d'une écurie, soit pour une société d'évènementiel
dans les sports mécaniques, car j'aime organiser aussi…
En karting, je compte bien continuer le Challenge Pro Kart et la Monaco Kart Cup."
Nous quittons donc un personnage étonnant à plus d'un titre. Un peu fantaisiste, anti-conventionnel,
sérieux et désinvolte à la fois. Un homme qui a une formidable histoire. Un pilote qui possède un
exemplaire fair-play, un front égal avec lequel il accueille victoires et défaites et par son talent bien sûr.
Il aime se tirer des bourres terribles avec un adversaire et puis s'asseoir à la même table pour boire une
bonne bière ensemble.
Dans le paddock, comme parmi les pilotes, il est impossible de trouver quelqu'un qui, le connaissant, ne
l'aime point. Son image, auprès de ses collègues, est celle d'un pilote au panache immense, qui ne
s'embarrasse pas de calcul de poids ou de tirage au sort. Il ne connaît qu'une règle : toujours plus vite !