Conséquences de la migration pour les pays d`origine

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Conséquences de la migration pour les pays d`origine
Conséquences de la migration pour les pays d’origine
Rajah est Tamoul et vit au Sri Lanka. La guerre qui sévit dans sa région d’origine oblige
Rajah, ses parents et ses trois frères et sœurs à quitter Jaffna en 1995. Ils s’établissent dans
le sud du pays, d'abord chez son oncle à Vavuniya, puis dans un appartement au sud de
Colombo. Rajah s’inscrit à l'Université de Colombo et y étudie la médecine. Un jour, son ami
Navasingam lui parle de son cousin, qui a quitté le Sri Lanka deux ans auparavant et étudie
maintenant à l’Université de Zurich.
« Devrait-il lui aussi tenter sa chance en
Suisse ? »
Cette pensée ne le quitte plus. Rajah confie ses projets de départ à son professeur. Ce
dernier se montre peu compréhensif à son égard et lui dit simplement :
« Dommage que tu envisages de quitter le pays
et que tu n’aies pas envie d’y exercer ton
métier. »
Peux-tu imaginer ce que traduisent les paroles
du professeur ?
La migration n’a pas que des conséquences pour les personnes directement concernées.
Les migrants emportent avec eux leur savoir et leur expérience, privant ainsi leur pays
d'origine de ressources importantes. Les coûts occasionnés par la formation dans des écoles
ou des universités alourdissent considérablement le budget d’un Etat. Les personnes bien
instruites, en particulier, représentent une charge importante pour leur pays. Prenons un
exemple : Mahmut K. est étudiant à la faculté de médecine de l’Université d'Ankara
(Turquie). Les coûts inhérents à la formation d’un médecin s’élèvent pour l’Etat turc à
plusieurs milliers de francs. Si Mahmut K. achève ses études en Turquie et qu’il y travaille en
qualité de médecin, l’Etat profite des fonds qu’il a investis pour lui permettre de se former.
Par contre, si Mahmut quitte son pays après avoir obtenu son diplôme, les investissements
de l’Etat seront à fonds perdu.
Ce phénomène porte le nom de « fuite des cerveaux » (de l’anglais « braindrain », le mot
« brain » signifiant « cerveau » et le mot « drain » « fuite »). La perte entraînée à l’échelle
mondiale par cette fuite des cerveaux est énorme et concerne tout particulièrement les pays
les plus pauvres de la planète. En effet, ce sont précisément ces derniers qui, souvent, ne
sont pas à même d'offrir suffisamment d’emplois ou des postes de travail suffisamment
attrayants. Ces pays sont fréquemment pris dans une sorte de cercle vicieux : Du fait de
l’immigration, le potentiel d’idées et d’innovations – au même titre que les capitaux –
nécessaire à la mise en œuvre du processus de développement qui fait cruellement défaut,
disparaît, entraînant à son tour une détérioration de la situation dans le domaine de la
formation et sur le marché du travail, laquelle favorise l'immigration... Ce processus, qui
contribue à entraîner les pays dans une situation sans issue, s’appelle également « spirale
de la pauvreté ».
Web des jeunes : Office fédéral des migrations :: http://www.jugendweb.asyl.admin.ch
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Toutefois, la fuite des cerveaux n’a pas uniquement des conséquences négatives pour les
pays d'origine, même si des études font apparaître que ces dernières prédominent
généralement.
A ton avis, quelles conséquences positives la
migration pourrait-elle avoir pour les pays
d’origine des migrants ?
On constate de plus en plus que les étrangers travaillant en Suisse envoient des sommes
d’argent élevées à leur famille restée au pays. Cette entrée d’argent permet de
contrebalancer en partie la perte occasionnée par leur départ. Il s’avère néanmoins que les
étrangers vivant dans notre pays sans leur famille ne sont pas majoritairement issus des
couches instruites de la population. Leur pays d'origine ne souffre donc pas, à proprement
parler, d’une fuite des cerveaux. Par ailleurs, comme nous l’avons dit précédemment, les
sommes envoyées par les migrants profitent souvent à des particuliers, en particulier aux
membres de leurs familles, dans la mesure où elles leur donnent la possibilité d’améliorer
leurs conditions de vie. En d’autres termes, cet argent ne vient pas compenser les
investissements perdus dont l’Etat aurait réellement besoin pour financer son
développement.
Néanmoins, l'importance économique des sommes d'argent envoyées par les émigrants du
pays d'accueil aux pays d'origine s'est fortement accentuée ces dernières années. Tel est le
cas de nombreux pays d'Amérique centrale ou d'Amérique du Sud. Selon la Banque de
développement interaméricaine, les émigrants auraient fait parvenir quelque 55 milliards de
dollars US à leurs familles en Amérique latine. Le Mexique s'est révélé être le plus grand
bénéficiaire (20 milliards de dollars US), suivi de l'Amérique centrale et de la République
dominicaine qui, ensemble, ont reçu 12 milliards de dollars.
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