1754-1825 baron percy

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1754-1825 baron percy
1754-1825
BARON PERCY
Pierre-François Percy, jeune chirurgien du régiment de Berry-Cavalerie,
dont la virtuosité opératoire commençaient à franchir les frontières du
royaume, était couronné deux fois par l’Académie royale de chirurgien, en
1785 et en 1786, pour ses recherches sur les ciseaux et les bistouris utilisés
par les chirurgiens, et félicité par Louis, son maître en chirurgie.
Jeune franc-comtois, fils de l’humble chirurgien d’un petit bourg de
Haute-Saône, et qui n’avait que trente ans.
Sa bonté et sa modestie, associées à une grande indépendance de
caractère, ont fait de lui l’ami des soldats, dont il essayait d’atténuer les
souffrances en veillant aux conditions d’évacuation et d’hospitalisation des
blessés.
C’est à l’armée d’Italie qu’il obtint du Commandement la possibilité de
transformer des caissons d’artillerie en wurst (littéralement: saucisse)pour
transporter rapidement des chirurgiens et leur matériel sur les lieux mêmes
des combats.
Précurseur de génie, attentif à la sauvegarde des blessés, Percy n’a
cessé de déployer son activité bienfaisante de l’armée du Rhin, à Eylau,
Friedland, Dantzig, en Espagne et jusqu’à Waterloo.
Fait Baron d’Empire après Wagram par Napoléon, Percy partage
aujourd’hui avec Dominique Larrey et René Desgenettes l’honneur d’avoir son
nom inscrit sur l’arc de triomphe de l’Etoile pour avoir prodigué, de 1792 à
1815, aux victimes de la guerre, les secours de son dévouement et de son art.
Percy avait pour mission de suivre la troupe, afin d’être prêt – avec ses
chirurgiens – à soigner les blessés léger qui revenaient du champ de bataille ;
quant aux grands blessés, ils étaient ramassés sur le champ de bataille et
Extraits du : Journal des campagnes du Baron Percy – Chirurgien en chef de la Grande Armée – Le Grand livre du Mois
1754-1825
BARON PERCY
menés dans un village proche où Percy avait ouvert des hôpitaux dans des
lieux qui permettaient d’accueillir 50, 100, voir plusieurs centaines de blessés.
Après les interventions d’urgence, le chirurgien laissait quelques
hommes pour s’occuper des derniers blessé ; pour ensuite suivre, avec
d’autres chirurgiens l’armée, les champs de batailles, les villes ou villages où il
se mettait en quête de logements aptes à servir d’hôpitaux.
C’est le baron Percy qui écrit dans son journal, les extraits qui vont
suivre, et qui montre ce qu’enduraient nos soldats de la Grande Armée.
« Pendant la nuit du 28, je m’occupai de notre hôpital de Stokach afin,
que, si on se battait, on pût y placer des blessés. Tandis qu’on manque de
fournitures, charpie, linges à pansements, matériel de chirurgie, paille pour les
blessés…
Le surlendemain 30, je partis avec le chirurgien Willaume pour Ostrach,
où était l’avant-garde, dont les tirailleurs étaient déjà aux prises avec ceux de
l’ennemi. Nous pansâmes quelques blessés. L’un d’eux (un hussard de
Waëtché) avait reçu un coup de sabre qui lui avait coupé la joue en décollant
avec l’os de la pommette et une portion du processus alvéolaire supérieur qui,
le coup commençait à la tempe gauche et se terminait en traversant
obliquement les lèvres, au côté droit du menton ; le lambeau pendait et laissait
un hiatus des plus considérables ; il fallut suturer.
Coup de feu à travers le bassin. Coup de lance d’un uhlan à travers le
ventre d’un chasseur du 1er.
Cet autre jour, un prisonnier autrichien, a eu la jambe fracturée avec
commination (fracture multiple, présentant de nombreux fragments ) des os ;
plus de vingt esquilles ont été retirées, et à cet occasion j’ai fait sentir la
nécessité des grandes incisions – sans anesthésie, sans même de l’alcool afin
Extraits du : Journal des campagnes du Baron Percy – Chirurgien en chef de la Grande Armée – Le Grand livre du Mois
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d’étourdir le blessé – et de la communication largement établie entre l’entrée
et la sortie à y passer librement les doigts qui doivent se rencontrer.
Je communiquai aux généraux Dessolle et Moreau l’inviolabilité des
hôpitaux et leur donnai l’article que j’avais traduit de la gazette allemande
Allgemeine Zeitung. Ils furent frappés de la lecture de cet écrit et n’hésitèrent
pas à en adopter les principes. Le général Moreau forma avec le général en
chef de l’armée autrichienne la même convention qui eut lieu pendant la
campagne de 1743 entre le général Stair, Anglais, et Maurice de Noailles,
Français pour que les hôpitaux fussent inviolables, ainsi que les blessés,
malades et hospitaliers. »
Aussi dur que soit ce récit ; il fait parti de l’histoire. « Cet homme dont
la jambe était sphacélée, froide comme du marbre, sentait le besoin de
l’amputation. J’envoyai chercher un rétracteur pour opérer, en présence de
quatre chirurgiens venant du Val-de-Grâce.
Le blessé placé sur une chaise, j’avertis de faire la compression, rangeai
près de moi les instruments et incisai. L’artère donnait ; je fis comprimer ; elle
donna encore ; je plaçai le rétracteur ; la section de l’os fut difficile ; toujours
beaucoup de sang. Enfin la ligature fut faite ; le blessé tomba en syncope ».
L’histoire rapporte que ce soldat survécu.
Avec le froid et la faim, la vraie misère pour les blessés fut l’hygiène.
« On n’a jamais vu un spectacle de dévastation tel que celui que
présente la pauvre ville de Passenheim : il faut que nos gens, et surtout les
Russes, y aient mangé deux cents bêtes à cornes ; tout est couvert de têtes de
vaches encore tenant à la peau, d’estomacs et de fressures de veau, de bœuf,
etc. Il faudra nettoyer, étendre de la paille afin de rendre ce lieu « habitable ».
Extraits du : Journal des campagnes du Baron Percy – Chirurgien en chef de la Grande Armée – Le Grand livre du Mois
1754-1825
BARON PERCY
« L’évacuation continua. On ne laissa que soixante blessés dans la ville
d’Eylau et cinquante au château de Molwitz, parce la gravité de leurs blessures
ne permettait pas qu’on put les transporter. Ils furent recommandés aux
chirurgiens russes et prussiens. L’armée se retira sur Thorn.
Ce matin, on a retiré vingt cadavres de l’église où il fallut pousser
quelques malades qui s’étaient couchés sur les dépouilles afin de ne plus sentir
le froid du sol.
On enterre en ce moment dans la même fosse vingt-sept officiers. Les
paysans ont ouvert dans la nuit suivante vingt fosses pouvant contenir
chacune soixante corps au moins ; il en faudrait au moins autant encore pour
nettoyer le champ de bataille et la ville.
Quant aux chevaux morts, les chiens, les loups et les corbeaux, qui ne
touchent point aux cadavres humains, les détruiront en partie. Ainsi fut le
quotidien de ces braves soldats. »
Extraits du : Journal des campagnes du Baron Percy – Chirurgien en chef de la Grande Armée – Le Grand livre du Mois

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