N°104 - Novembre 2008 - CICB - Club International des chasseurs

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N°104 - Novembre 2008 - CICB - Club International des chasseurs
N°104 - Novembre 2008
Éditorial : La nostalgie du plomb…
Après une saison de pédagogie (2005-2006), et deux saisons, plus celle en cours, d’application stricte de
l’arrêté interdisant l’emploi de la grenaille de plomb dans les zones humides, la vente des cartouches alternatives n’a pas décollé : les armuriers qui s’étaient largement pourvus, vendent désormais sur leur stock trop important. C’est du moins ce que m’a affirmé, et il n’y a pas de raison de ne pas le croire, l’un des principaux importateurs de cartouches. Si les sauvaginiers n’achètent pas de cartouches en acier, ce n’est pas qu’ils ne tirent
plus, mais qu’ils utilisent autre chose. Devinez quoi ? Il est clair qu’il est difficile, voire impossible pour les gardes nationaux, de prendre les chasseurs en flagrant délit d’utilisation de cartouches anciennes. Il y a moins de
1 000 gardes nationaux pour 150 000 sauvaginiers. Deux gardes devraient vérifier 300 chasseurs ! Mission impossible. Toutefois les chasseurs, heureux de leur roublardise, ce qui est bien dans l’esprit français, oublient un
petit détail. C’est que le moyen de régler ce problème, serait d’interdire les cartouches à plomb, partout et pour
toujours ! Plusieurs pays d’Europe l’ont fait, et cela figure dans tous les programmes des associations de protection de la nature. Or l’interdiction totale du plomb, ce serait entre 2 et 300 000 chasseurs de moins (c’est ce
qui intéresse les protecteurs). L’opinion publique qui ne supporte plus le déversement de métaux lourds dans la
nature, ne pourrait qu’applaudir à une telle mesure. Les sauvaginiers seraient les premiers punis, puisque tout
chasseur pris avec des cartouches à plomb, sur lui ou dans son installation de chasse, serait verbalisé. Cet aspect des choses mérite d’être souligné et répété aux chasseurs qui n’ont jamais imaginé cette grave menace.
Après ce carton rouge donné aux chasseurs de sauvagine, un autre peut être décerné à la société Mary Arm
(non pour la qualité de ces cartouches), mais pour sa publicité très « limite ». Déjà épinglé par Grande Faune
(la revue des chasseurs de grand gibier) pour sa publicité sur les chevrotines, avec des silhouettes de cerf et de
sanglier, plusieurs de nos
adhérents ont été « joués » en
achetant des cartouches « Super
Migration » montrant certes des
pigeons, mais aussi canards et
sarcelles (en vol et sur l’eau),
vanneaux et bécassines, alors
qu’il s’agit de cartouches à plomb,
donc inutilisables dans les zones
où l’on trouve ces derniers gibiers !
Plus choquant encore, les cartouches « steel nickel » en billes
d’acier nickelé. D’abord il faut
savoir que le nickel est un métal lourd
(moins dense que le plomb, mais
lourd quand même) et qu’il est, comme
le plomb, mais de façon
différente, violemment toxique. Citons
une encyclopédie : « L'exposition
chronique au nickel est un facteur de
risque du cancer du poumon,
inscrit à ce titre dans les tableaux de
maladies professionnelles. Le
nickel est le plus allergisant de tous les
métaux. Plus de 12 % de la
population y est allergique. Pour cette
raison, le nickel a été exclu de
l'alliage utilisé pour les nouvelles
pièces de monnaie européennes. » Son usage se justifiait dans
les cartouches à plomb à cause
de l’extrême ductilité du plomb, mais
ce n’est pas le cas de l’acier. Là encore la publicité est très tendancieuse : il s’agit, soi-disant, de supprimer
l’action abrasive de l’acier sur les canons et d’empêcher l’oxydation des grains qui altère la chair du gibier
congelé. La première remarque fait allusion à un défaut de l’acier pallié depuis longtemps par une jupe plastique, la seconde est une contre-vérité flagrante, puisqu’une thèse de doctorat vétérinaire, consacrée à cette rumeur, thèse soutenue par Alice de Besombes en 2006, a prouvé que l’acier n’avait aucune incidence sur la
qualité de la viande de gibier, congelée ou non. Cette publicité est une contre-propagande partisane pour les
cartouches acier, qu’il faut au contraire promouvoir, comme expliqué ci-dessus. Pour ma part, je n’achèterai pas
de cartouches chez un fabricant qui ment aux chasseurs ou/et qui les prend pour des imbéciles ! Et je regrette
que la presse cynégétique toute entière, abreuvée des publicités de ce fabricant, garde un silence pudique sur
l’intérêt et la qualité de ce genre de cartouches.
En revanche, il faut décerner nos félicitations à beaucoup d’encartoucheurs qui ont considérablement amélioré
les cartouches alternatives et produit, dans presque tous les calibres, des munitions d’acier à des prix raisonnables ou de substitution (bismuth + liant ; ferro-tungstène ; tungstène matrix, zinc + étain…). À noter qu’il y a sur
le marché une cartouche en 12 de grenaille 6 _, avec disperseur, idéale pour ne pas abîmer les bécots ! Alors, il
ne faut pas hésiter. Quel bonheur de chasser dans la légalité, plutôt que d’avoir la nostalgie du plomb !
Patrice Février
Président du CICB
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Au sommaire du Chasseur de Bécassines
N° 104 – Novembre 2008
Éditorial : La nostalgie du plomb… (Patrice Février)
• Migration, météo, observation…
• Trophée John Nash
• Une bécassine brun pastel
• Cartes de vœux CICB
• Bécassines aux enchères
• Histoire de Lady
Des nouvelles :
- OMPO prix international de l’AEWA
- Field-trial au Maroc
- Suivi des bécassines en Gironde
- Aménagez-vous votre marais
- FDC 33, la Fondation et les milieux
- P. Lagrange directeur de l’Université des eaux-de-vie
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