La Spiritualité du REAA JCT

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La Spiritualité du REAA JCT
M O N O G R A P H I E S
LA SPIRITUALITÉ DU R∴E∴A∴A∴
Les origines, au XVIIIe siècle, du Rite Écossais Ancien et Accepté
ne peuvent être dissociées de l'Histoire de la France...
Genèse et historique de la Spiritualité du Rite Écossais Ancien et Accepté
Les origines, au XVIIIe siècle, du Rite Écossais Ancien et Accepté ne peuvent être dissociées
de l'Histoire de la France et de l'Occident. Pour les Francs-Maçons de cette époque, comme
pour la plupart de leurs contemporains, la spiritualité était essentiellement religieuse. On
était théiste, déiste, panthéiste, rarement athée ou agnostique. Le "Grand Architecte de
l'Univers" représentait alors le "Dieu" des religions ou, pour les philosophes, le "Dieu"
d'une "religion naturelle" susceptible d'unir sans exclusive tous les humains.
L'apparition des Hauts Grades dès la première moitié du XVIIIe siècle introduisit dans les
rituels maçonniques de nouvelles sources de spiritualités en marge des religions
officielles : mystique, hermétisme, gnosticisme, kabbalisme, Rose-Croix, templarisme, sans
que soit contestée l'existence d'un "Grand Architecte de l'Univers". Ainsi, en puisant sa
substance dans la Bible et dans ce qui survivait de l'ésotérisme des Anciennes Traditions,
s'élabora progressivement la spiritualité du Rite Écossais Ancien et Accepté.
Au cours du XIXe siècle, la pensée philosophique affirma une nette distinction entre les
domaines du savoir et de la foi. Reléguée par les théories déterministes et évolutionnistes,
l'intervention divine ne devenait plus nécessaire pour expliquer l'origine du monde et des
créatures ou pour en supputer une finalité : la face voilée de l'Univers, le "sacré", la
dimension spirituelle de l'Homme, les absolus moraux s'inclinèrent devant la seule réalité
du monde extérieur. Plongé dans un Univers sans cause, sans âme et sans intention,
l'Homme, se retrouvant seul face à lui-même, se réfugia alors dans le rationalisme,
l'agnosticisme et le matérialisme. Cette évolution des esprits provoqua par réaction une
radicalisation des Églises et des conservatismes.
Les débats philosophico-religieux qui agitèrent la seconde moitié du XIXe siècle
atteignirent la sphère maçonnique et suscitèrent dans les loges la "querelle du Grand
Architecte de l'Univers", particulièrement vive dans les pays catholiques. Dans l'espoir
d'apaiser les esprits, le Suprême Conseil de France provoqua la réunion d'un Convent
Universel qui se tint à Lausanne du 6 au 22 septembre 1875. Les Délégués des onze
Suprêmes Conseils participants décidèrent de ne plus assimiler le "Grand Architecte de
l'Univers" au "Dieu" des religions, mais d'en proposer des formulations à visées
universalistes :
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- Créateur Supérieur
- Principe Créateur
- Force Supérieure.
Hélas, cette intention louable fut aussitôt le germe de nouvelles polémiques : certains
Suprêmes Conseils, notamment anglo-saxons, non concernés par les condamnations
pontificales et moins préoccupés de laïcité, refusèrent de ratifier le Convent de Lausanne
qu'ils avaient approuvé unanimement sur place. Peu à peu des divergences apparurent
entre les Suprêmes Conseils selon la conception du Grand Architecte de l'Univers qu'ils
adoptèrent ; elles perdurent encore de nos jours.
Le Suprême Conseil de France, pour sa part, s'inscrit toujours dans la perspective
spiritualiste et universaliste de Lausanne. En n'identifiant pas le "Grand Architecte de
l'Univers" au "Dieu" des religions, il se place sur un plan spirituel ouvert et tolérant,
l'Esprit n'étant pas limité au seul contexte des Religions du Livre. Cette conception n'est
donc pas en opposition avec le choix plus restrictif des Suprêmes Conseils théistes
puisqu'elle l'inclut. L'interprétation "a-religieuse" du "Grand Architecte de l'Univers",
considéré par le Suprême Conseil de France comme un Principe impossible à définir
comme à nier, prévient toutes vaines spéculations à son propos. Chacun des membres de
sa Juridiction conserve une totale liberté de conscience relativement à sa conception
personnelle du "Grand Architecte de l'Univers'', clé de voûte du Rite. Ainsi, le Suprême
Conseil de France peut recevoir tout homme quelles que soient ses opinions, pourvu qu'il
soit libre et de bonnes moeurs.
Fidèle à la Règle immémoriale de l'Ordre maçonnique, le Suprême Conseil de France exige
que la Bible, Volume de la Loi Sacrée et symbole de spiritualité, soit présente et ouverte
lors des Travaux de tous ses Ateliers. Ayant conservé dans toute leur pureté les symboles,
légendes et formes rituelles du Rite Écossais Ancien et Accepté, il en a préservé le caractère
initiatique : il offre ainsi à ses membres une réelle possibilité d'éveil spirituel.
Spécificité de la Spiritualité du Rite Écossais Ancien et Accepté
Le Rite Écossais Ancien et Accepté pratiqué par notre Juridiction postule l'existence d'un
Principe créateur, fondement spirituel de l'Univers. N'ayant aucun parti pris religieux ou
philosophique, il reste étranger à leurs controverses : sa neutralité et son universalité font
qu'il les transcende toutes. Laissant à ses membres la libre détermination et la pratique
privée de leurs convictions dont il n'a pas à se préoccuper, le Suprême Conseil de France
les engage à donner toute la mesure de leur liberté de conscience et à garder confiance en
la perfectibilité de l'Homme. Il propose à ses adeptes une voie initiatique traditionnelle en
trente-trois degrés leur permettant d'édifier leur vie intérieure vers toujours plus de
spiritualité dans le cadre de la pratique du Rite. Cette voie les invite à devenir des agents
coopérant au Principe créateur à l'oeuvre dans le monde, à ressentir l'unité de la Vie, à
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devenir solidaires de toute existence. Prenant en compte les inter-relations "Équerre et
Compas'', "Terre et Ciel", corporel et spirituel en l'Homme, notre Rire Écossais Ancien et
Accepté engage ses adeptes à tourner leur regard vers la Lumière et à agir concrètement
dans le monde, l'éveil spirituel qu'il induit devant se concrétiser dans l'ici et maintenant de
leur vécu quotidien comme dans leur engagement personnel et responsable dans la Cité.
En adhérant à la devise ORDO AB CHAO, le Maçon de Rite Écossais Ancien et Accepté
reconnaît l'existence d'un Principe d'Ordre à l'oeuvre dans l'Univers.
La devise DEUS MEUMQUE JUS lui signale sa double nature :
- divine, relevant de l'Être universel dont il procède
- humaine, soumettant ses actes à la seule détermination de sa conscience d'homme
libre.
Par l'invocation "À la Gloire du Grand Architecte de l'Univers", il ne s'oblige pas à honorer
une entité divine personnalisée mais à témoigner de l'admiration révérencieuse que lui
inspire le Mystère de la Création à l'oeuvre dans le monde. En lui dédiant ses Travaux, il
manifeste son intention de se consacrer, avec et par le Rite, à la réalisation des idéaux qui
lui sont inspirés par l'Esprit.
Une spiritualité ouverte sur le XXle siècle
Au cours du XXe siècle, la plupart des idéologies philosophiques, religieuses, politiques et
économiques ont montré leur inadéquation, leurs limites ou leur faillite. Un renouveau de
la pensée spirituelle et de l'éthique s'avère nécessaire pour redresser la situation dans
laquelle l'Humanité est engagée. Face à une mondialisation essentiellement matérialiste
qui déstabilise ou déracine les individus, appauvrit ou ruine certains pays, pervertit ou
exacerbe les relations internationales, le Rite Écossais Ancien et Accepté pratiqué dans
notre Juridiction, tolérant, spiritualiste et humaniste, universaliste et unifiant, peut offrir à
nos contemporains en recherche de sens et de perspectives existentielles, une voie de
réalisation personnelle et collective.
De toutes parts l'Humanité appelle de ses voeux une renaissance spirituelle. Notre Rite,
par les valeurs qu'il incarne, s'inscrit dans une telle perspective.
Source : plaquette éditée en 2004 par le Suprême Conseil de France lors de la célébration
de son Deuxième Centenaire.
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