Problématique de l`obésité infantile en France
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Problématique de l`obésité infantile en France
Problématique de l’obésité infantile en France Maithé Tauber Hôpital des enfants CHU Toulouse L’obésité pédiatrique en France comme dans les autres pays Européens et d’Amérique du Nord est considérée aujourd’hui comme un enjeu majeur de santé publique. L’augmentation forte (5% par an) et ininterrompue de sa prévalence lors des deux dernières décennies, le niveau atteint (18% d’enfants en surpoids ou obèses en France) et les conséquences délétères pour la santé démontrées à moyen et long terme (augmentation du risque pour les pathologies cardiovasculaires, orthopédiques, cancéreuses, digestives et les difficultés psychosociales) sont des arguments fortement mobilisateurs pour la réflexion et l’organisation du dépistage précoce et de la prise en charge qui est chez l’enfant indissociable de la prévention. La France est « dans la moyenne » en ce qui concerne la prévalence de l’obésité et du surpoids entre les pays du Nord de l’Europe avec une prévalence faible (9-12% en Hollande, 14-15% au Danemark) et ceux du Sud de l’Europe (Grèce, Espagne Italie ou les taux atteignent en moyenne 30% des enfants) . Cette épidémie d’explosion récente et parallèle au développement de la société de consommation, interpelle l’ensemble de la société par les problèmes sociologiques, culturels, économiques, philosophiques, et conceptuels qu’elle soulève. En terme de santé, elle bouleverse les stratégies « établies » de nos politiques de prévention et de soins. Les professionnels de santé directement concernés sont déroutés par la complexité des processus impliqués dans sa genèse, par son expression de plus en plus précoce, par l’accentuation de sa morbidité et de sa sévérité dès la pré-adolescence. Complexité du problème : L’obésité est une maladie plurifactorielle se développant sur un terrain génétique de susceptibilité dans un environnement favorisant. Ainsi on peut en théorie distinguer des facteurs de risque c’est à dire des prédispositions particulières individuelles ou populationnelles et des facteurs de causalité et en particulier une alimentation excessive ou qualitativement déséquilibrée, un excès de sédentarité avec un défaut d’activité physique parfois dans un contexte psychopathologique. La prévalence de l’obésité est plus forte dans les populations de faible niveau économique. Aux Etats Unis, elle est très forte chez les Afroaméricains et les Hispaniques mais le statut socioéconomique apparaît en général comme l’élément majeur. En pratique, il est difficile de séparer susceptibilité et facteurs environnementaux et ceci rend compte en partie du fait que l’obésité est un exemple de maladie ou l’empreinte génétique ou épigénétique apparaît fortement impliquée particulièrement au cours de la vie anténatale et post natale précoce. Dans ce cadre, la connaissance et la reconnaissance précoce de facteurs de risque et des causes peuvent être d’une grande utilité pour les médecins et autres professionnels de l’enfance qui voient les jeunes enfants [Tableau 1]. Malgré l’amélioration des connaissances depuis ces dernières années, l’obésité apparaît comme de plus en plus complexe par sa physiopathologie, la difficulté des prises en charge, son excessive médiatisation, ses aspects sociologiques et ses répercussions sur notre société, les difficultés pratiques de sa prévention et de son dépistage précoce. 1 La complexité du problème rend compte de la difficulté de la prise en charge de l’obésité. En effet changer le comportement si on ne s’occupe pas de l’environnement dans son ensemble est obligatoirement voué à l’échec tant en terme de prise en charge que de prévention. Ainsi dans le cadre d’une réflexion d’une sous commission du PNNS a la DHOS(direction de l’hospitalisation), un groupe multidisciplinaire a proposé la modélisation d’un réseau villehôpital pour la prévention, le dépistage et la prise en charge de l’obésité de l’enfant RéPPOP. Ce groupe avait clairement affiché sa position dès 2002 sur l’indissociabilité chez l’enfant de la prévention, du dépistage et de la prise en charge de l’obésité. Un réseau REPPOP est un réseau de santé qui participe à l’organisation de la prévention, du dépistage et de la prise en charge de l’obésité de l’enfant et de l’adolescence dans un maillage géographique précis incluant au minimum comme partenaires, un établissement hospitalier, les professionnels médicaux et paramédicaux libéraux et les institutions prenant en charge les enfants : PMI, services de santé des élèves, les professionnels des lieux de vie des enfants (crèches, écoles, cantines scolaires, centres de loisirs) et proposent une prise en charge contractualisée sur les modalités et la durée, de proximité, multidisciplinaire, régulière et concertée, de l’enfant et de sa famille. Du fait de ces relations et du maillage géographique mis en place, la réflexion et la participation à la mise en place d’actions de prévention se sont naturellement développées en tenant compte de ces différents aspects. Les réseaux REPPOPs se sont organisés en 2006 en Coordination Nationale pour partager et harmoniser leurs pratiques et évaluer leurs actions et se positionner en tant que partenaire des politiques de prévention de l’obésité de l’enfant. Ainsi il est écrit dans le document PNNS 2 proposé en septembre 2006 que la mise en place de réseaux autour de chaque CHU à l’instar des REPPOPs existants serait favorisée. Néanmoins, aujourd’hui, les réseaux ont beaucoup de difficultés à se mettre en place malgré une forte motivation des acteurs. La prévention -Avant la conception, sont ciblées toutes les jeunes femmes en âge de procréer, qu’elles soient lycéennes, étudiantes, ou déjà professionnelles. Il s’agit de développer auprès d’elles l’information sur le concept de « parentalité », et de leur expliquer quels sont les risques de l’excès pondéral pour l’avenir de l’enfant éventuel, et quels sont les moyens de les prévenir -Pendant la grossesse, il y a lieu de renforcer et accompagner le travail des obstétriciens et des sages femmes. Dès la première consultation, et surtout lors du suivi, il faut savoir dépister et contrôler un surpoids préexistant chez la femme enceinte, un tabagisme ou une précarité économique et un excès de prise de poids, mais aussi l’apparition d’un diabète gestationnel au cours de la grossesse ou d’un RCIU. A partir du 3ème trimestre, il est important que les pédiatres puissent proposer aux futurs parents une formation aux modes de préparation de l’alimentation, l’hygiène et la puériculture de l’enfant à naître par l’information sur l’allaitement maternel ou l’alimentation bien conduite au biberon et de l’intérêt général d’une hygiène de vie familiale et de lutte contre la sédentarité. Nous avons en France toutes les institutions pour rendre ceci possible : et en particulier les pédiatres de maternité, les services de PMI, les établissements de soins, les RéPPOP. -Après la naissance, il y a lieu de prendre en charge d’éventuels facteurs de risques anteou post-natals présents chez le nourrisson ; d’accompagner l’allaitement maternel pour le faciliter en toute circonstance, notamment dans un contexte social difficile, mais également d’aider les mères à bien conduire une alimentation au biberon, préliminaire à une bonne diversification.. -A l’école maternelle il est encore possible et utile de repérer les enfants à risque ou déjà en surcharge pondérale, très tôt lors de la visite des 3-4 ans et de proposer une prise en charge adaptée. Les services de PMI et les services de santé scolaire ont un rôle essentiel, et les enseignants sont aussi en demande d’un rôle éducatif de ce point de vue. Les médecins 2 généralistes et les pédiatres ambulatoires jouent aussi un rôle important dans ce repérage précoce. Le renforcement de la lutte contre la sédentarité et l’information sur la nécessité d’une activité physique sont possibles dès cet âge. Dans cet esprit, nous avons mis en place en Haute Garonne l’action « fourchette et marelle » bien manger-bien bouger en maternelle en 2008-2009, action qui va se poursuivre on l’espère dans d’autres départements Facteurs de risque Génétique: -obésité chez les parents Vie anténatale : -prise de poids excessive -diabète gestationnel -diabète préexistant -obésité maternelle pendant la grossesse -tabagisme Paramètres auxologiques de naissance : -macrosomie (PN > 2DS / âge gestationnel) -petite taille ou petit poids de naissance (PN ou TN < -2DS / âge gestationnel) Développement post-natal précoce : -excès de prise pondérale absolue au cours de premiers mois de vie -qualité de l’alimentation ? excès de protides -pas d’allaitement maternel Niveau socioéconomique et culturel : -faible NSE -populations exposées (migrants) Niveau d’étude des parents : -obésité associée inversement au niveau d’étude de la mère Alimentation : -excès de lipides -excès d’hydrates de carbone -défaut de fibres -excès calorique -grignotages Sédentarité et activité physique : -sédentarité excessive (TV, jeux vidéo, voiture, bus) -défaut d’activité physique (pas de sport en dehors de l‘école) Facteurs psychologiques : - troubles psychologiques chez l’enfant (souvent liées à des problèmes familiaux) Causes + + + + + + + + + + +? + + + + + + + + + + + 3